FOSSÉ INFRANCHISSABLE ENTRE JEUNES ET POLITIQUES
La révision du fichier électoral qui vient de s’achever montre le faible engouement des nouveaux majeurs pour les élections, notamment locales. Leur vote fait pourtant l’objet de toutes les convoitises

Les chiffres ne sont pas de nature à rassurer les partis politiques traditionnels. Selon la Commission électorale nationale autonome (Cena), seuls 257 000 primo-votants se sont inscrits sur les listes lors des opérations de révision du fichier électoral qui se sont achevées le 14 septembre. À titre de comparaison, ils étaient près de 400 000 à s’être manifestés en 2018, lors du dernier nettoyage dudit fichier.
Entamé le 31 juillet, le processus devait consister à retirer des listes les noms des personnes décédées, condamnées ou privées de leurs droits civiques. Mais il devait surtout permettre l’inscription des nouveaux majeurs, sachant que les prochaines élections – municipales et départementales – auront lieu en janvier prochain. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il « n’y a pas eu de véritable engouement », ainsi que le résume un journaliste sénégalais.
Faut-il en déduire que les jeunes bouderont les prochains scrutins ? « Historiquement, les élections locales ne les intéressent pas », répond Babacar Ndiaye, chercheur pour le think-tank Wathi, qui insiste sur le fait que « c’est au niveau local que commence la politique et qu’il faut suivre les actions du maire de sa localité ».
Les partis, notamment du côté de l’opposition, avaient d’ailleurs appelé les jeunes à se mobiliser. « Nous avons même fait du porte-à-porte pour les convaincre de s’inscrire », assure Bassirou Diomaye Faye, membre du Pastef , la formation politique d’Ousmane Sonko, qui fait désormais figure de principal opposant à Macky Sall. Lui accuse « certains maires du parti au pouvoir d’avoir refusé de délivrer les certificats de résidence qui leur étaient nécessaires pour se faire enregistrer ».
Enjeu crucial
Quelques difficultés ont en effet été signalées dans la région de Dakar. La Cena s’est même fendue d’un communiqué, le 1er septembre, pour rappeler à l’ordre et « au strict respect des règles démocratiques » les autorités administratives et les élus locaux. « Mais cela a contribué à démotiver les jeunes, insiste Bassirou Diomaye Faye. C’est une stratégie du pouvoir pour réduire au maximum le taux d’inscription des primo-votants. » Des accusations que balaie Omar Dieng, vice-président des jeunes cadres républicains de l’Alliance pour la République (APR, au pouvoir). « Dans l’ensemble, tout s’est bien passé. C’est l’opposition qui veut faire croire qu’il y a eu des magouilles avant les élections pour mieux justifier sa prochaine défaite. »