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20 juin 2025
LE MEUTRIER DE GEORGE FLOYD CONDAMNÉ À 22 ANS DE PRISON
Derek Chauvin, un ancien policier de Minneapolis, a été condamné vendredi à 22 ans et six mois de prison pour le meurtre de George Floyd dont il a été reconnu coupable le 20 avril dernier. Le président Joe Biden a réagi en évoquant un verdict "juste"
"Le tribunal vous condamne à la détention pour une période de 270 mois, soit dix ans de plus que la peine" prévue par le barème du Minnesota, a déclaré le juge Peter Cahill, 13 mois jour pour jour après la mort du quadragénaire noir à Minneapolis.
"Ma décision n'est pas basée sur l'émotion ou la sympathie", "ni sur l'opinion publique", a-t-il ajouté. "Je ne cherche pas à envoyer un message."
Le barème des peines dans le Minnesota recommande 12 ans et demi de prison pour un meurtre. Mais le juge Cahill avait retenu, avant l'audience, plusieurs facteurs aggravants. En étouffant George Floyd avec son genou, le 25 mai 2020, Derek Chauvin "a abusé de sa position de confiance et d'autorité" et a agi "avec une grande cruauté", avait-il notamment écrit.
Après la fin de l'audience, le président Joe Biden est sorti de sa réserve et a estimé que ce verdict était "juste".
L'avocat de la famille de George Floyd a également salué l'issue du procès. "Cette condamnation historique fait franchir à la famille Floyd et à notre nation un pas de plus vers la réconciliation en leur permettant de tourner la page et en désignant des responsables", a assuré Ben Crump sur Twitter.
"Qu'aviez-vous en tête ?"
Pour la première fois depuis le drame, le policier de 45 ans, devenu l'incarnation des abus policiers aux États-Unis, a pris publiquement la parole vendredi.
"À cause de questions légales en suspens, je ne suis pas en mesure de faire une déclaration formelle à ce stade mais, brièvement, je tiens à présenter mes condoléances à la famille Floyd", a-t-il dit, sans exprimer ni excuses ni regrets.
Les proches du quadragénaire noir lui avaient pourtant demandé des explications. "Qu'aviez-vous en tête quand vous vous êtes agenouillé sur le cou de mon frère alors que vous saviez qu'il ne représentait aucune menace ?", lui a notamment lancé Terrence Floyd, réclamant une "peine maximale".
À l'inverse, la mère de Derek Chauvin qui, elle aussi parlait pour la première fois, avait demandé la clémence pour son fils. Contrairement à son image publique, il a "bon coeur", a assuré Carolyn Pawlenty.
Le 25 mai 2020 à Minneapolis, Derek Chauvin avait voulu arrêter George Floyd, soupçonné d'avoir utilisé un faux billet de 20 dollars pour acheter des cigarettes. Avec trois collègues, il l'avait plaqué au sol, menotté, avant de s'agenouiller sur son cou.
Le policier avait maintenu sa pression pendant près de dix minutes, indifférent aux râles de George Floyd mais aussi aux supplications de passants affolés, et ce même une fois le pouls du quadragénaire devenu indétectable.
Organisé dès mars, le procès de Derek Chauvin avait été suivi par des millions d'Américains. Pendant des semaines, ils ont revécu la scène sous tous ses angles, entendu les témoins du drame raconter leur traumatisme et assisté à un défilé inédit de policiers, venus dénoncer l'attitude de leur ancien collègue.
De son côté, l'avocat de l'accusé, Eric Nelson, a martelé qu'il s'était contenté de suivre les procédures en vigueur dans la police et que la mort de George Floyd était due à des problèmes de santé combinés à l'ingestion de drogues.
Les jurés n'ont pas été convaincus et ont mis moins de dix heures à le reconnaître coupable.
Leur décision, le 20 avril, a été accueillie par un grand soupir de soulagement dans le pays, qui craignait de s'embraser à nouveau si Derek Chauvin ressortait libre des audiences.
Suites judiciaires
Me Nelson n'a pas changé de ligne de défense. En amont du prononcé de la peine, il a plaidé que son client avait commis "une erreur de bonne foi" et demandé une peine réduite à la durée déjà purgée.
Il a mis en avant le risque que son client, qui a été incarcéré dès l'annonce du verdict dans un établissement de haute sécurité, soit tué en prison.
En parallèle, il a demandé l'annulation du procès, notamment en raison de doutes sur l'impartialité de certains jurés. Vendredi matin, le juge Cahill a rejeté sa requête, estimant qu'il avait "échoué à prouver" ses allégations.
Le dossier judiciaire ne s'arrêtera pas là : les trois collègues de Derek Chauvin seront jugés en mars 2022 pour "complicité de meurtre" par la justice du Minnesota.
En parallèle, les quatre hommes devront aussi affronter un procès devant la justice fédérale qui les a inculpés pour "violation des droits constitutionnels" de George Floyd.
LA NOUVELLE VERSION DU CODE PÉNAL ADOPTÉE PAR LES DÉPUTÉS
L’Assemblée nationale a adopté, vendredi, le projet de loi n°10/2021 modifiant la loi n°65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal, qui prend désormais en charge les infractions liées au financement du terrorisme et la piraterie maritime
L’Assemblée nationale a adopté, vendredi, le projet de loi n°10/2021 modifiant la loi n°65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal, qui prend désormais en charge les infractions liées au financement du terrorisme et la piraterie maritime.
Le garde de Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, déclare que le présent projet de loi voté en procédure d’urgence, introduit "la répression des faits de financement du terrorisme qui n’avaient pas été couverts par la loi n°2018-03 du 23 février 2018 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme."
Il apporte comme autre innovation majeure, ’’la redéfinition de l’infraction d’association de malfaiteurs, la répression des faits de piraterie maritime tels que spécifiés dans la Convention des Nations unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982", a-t-il ajouté.
En outre, cette révision inclut "la fixation d’un régime général de la responsabilité pénale des personnes morales, ainsi que la refonte du régime général de la responsabilité pénale des personnes morales", selon lui.
Abordant l’exposé des motifs, il a expliqué que "malgré la panoplie d’incriminations prises en compte dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et son financement", le droit positif sénégalais "ne couvre pas encore entièrement certaines problématiques que posent les résolutions pertinentes n°1373 (2001) et n°2178 (2014) du Conseil de sécurité de l’ONU."
Il en est de même, a-t-il ajouté, de certains instruments internationaux "ratifiés", tels que la "Convention des Nations unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982, la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme du 09 décembre et la Convention de Nations unies contre la criminalité transnationale organisée du 15 novembre 2000."
Tous ces manquements, a-t-il soutenu, ont valu au Sénégal, membre du Groupe d’action financière, regroupant toutes les structures qui luttent contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, d’être placé dans "une zone grise", car il a été estimé que le pays n’avait pas pris toutes les dispositions nécessaires.
’’D’où la pertinence de la procédure d’urgence" choisie par le gouvernement, pour "éviter d’être classé dans la zone rouge, incompatible à l’investissement et au financement étranger", a-t-il expliqué.
Il souligne à ce propos que "le rôle du gouvernement est de veiller à ce que le Sénégal soit bien noté sur la scène internationale et d’éviter que notre pays soit accusé de complicité de terrorisme international."
Le garde des Sceaux a par ailleurs précisé que l’article 279 du code pénal qui définit le terrorisme et tout ce qui va avec, n’est en aucun cas concerné par le texte soumis, contrairement à ce qui est déclaré par une partie de l’opposition.
Pour les opposants, cette réforme assimile l’exercice du droit de manifester au terrorisme.
’’C’est fait juste pour lutter efficacement contre le terrorisme sous toutes ses formes, y compris certaines infractions commises en bande organisée et toute autre forme d’économie parallèle", a ainsi précisé Maître Malick Sall.
Corrélativement à cette réforme, les députés ont également procédé à l’adoption sans débat de la loi n°11/2021 modifiant la loi n°65-61 du 21 juillet 1965 portant Code de procédure pénale.
Cette nouvelle loi régissant la procédure applicable à la criminalité organisée, annonce la création de l’Organe de gestion et de recouvrement des avoirs criminels (ONRAC), dans le cadre de l’amélioration de la gestion des biens saisis, selon le rapport de la commission des lois de l’Assemblée nationale.
Elle prévoit également la saisie patrimoniale, dès le stade de l’enquête et de l’instruction, afin de garantir l’effectivité des peines de confiscation susceptibles d’être prononcées par les juridictions répressives en phase de jugement le cas échéant, ainsi que l’instauration d’un système d’indemnisation des victimes sur les biens confisqués, lit-on dans le même document.
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
VERS LA RÉPUBLIQUE DU SABRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce sont les dictatures et les dictateurs qui fabriquent et sécrètent des terroristes. Ces derniers pour exister n’ont d’autre choix que d’user de la « terreur » à leur portée : la résistance
Jusqu’à l’intervention du « député sabreur », j’hésitais quant à la qualification future de la République sous laquelle nous allions vivre après l’adoption de ce projet de loi. Et puis, surgit le « sabreur », tout de blanc vêtu comme une ombre portée qui jeta dans l’hémicycle le voile noir de la terreur. Comme le régime du même nom vers lequel on nous mène. Il dit qu’il n’a pas de garde du corps, mais son sabre ; il n’a pas de chauffeur, mais son sabre. L’autre pourtant bien bâti le trouve dehors. Parce que, ajoute-t-il, il ignore si son adversaire est un homme ou une femme. Répété plusieurs fois dans une Assemblée tétanisée sans que le président ne martèle son marteau pour rappeler à l’ordre le sabreur et son adversaire...
Le sabre ! C’est bien la République de sabreurs que nous promettent Sa Majesté et sa Cour. Oui, quand cette loi sera adoptée tard ce vendredi par la chambre enregistreuse, l’industrie du sabre fleurira. Contre le troisième mandat tu ne manifesteras au risque de tomber dans le désormais « terrorism act » à la « Sunu galienne ».
Les enseignants « grèveront » désormais dans leurs salles de classe, avec le risque d’être accusés de terroriser les pauvres potaches. Médecins et infirmiers ne pourront plus décréter des journées sans soins pour réclamer leur dû, encore moins refuser de soigner : ils seront accusés de terrorisme contre les pauvres malades.
Les étudiants devront trouver d’autres modes d’expression que leurs traditionnelles "intifadas" pour bouffer gratis au resto U, parce qu'ils seront accusés de terreur sur les forces de l’ordre, les cuistots et autres serveurs.
Personne ne marchera plus pour s’opposer aux prédateurs fonciers et patrons « licencieurs », destructeurs d’emplois. Ce sera à nos risques et périls de s’affubler de brassards (qu’importe la couleur du reste) pour exprimer nos états d’âme. Parce que justement, la République qu’on nous prépare sera sans âme...
Et puis, nous autres plumitifs, ne serons-nous pas les terroristes en chef qui palabrent et pondent chaque jour des « appels à la raison » et à la citoyenneté ? Demain, ils essaieront de casser nos claviers ou nos micros rebelles !
La République du sabre et « Big Brother » fusionneront dans un régime qui n’aura d’autre nom que celui de la « terreur », bien connu après la mort de Robespierre. Et les dictatures latinos américaines des années 70-80.
« Ensemble d’actes de violence (attentats, prises d’otages, etc.) commis par une organisation pour créer un climat d’insécurité, exercer un chantage sur un gouvernement ou satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays, d’un système ». C’est ainsi le très respectable référentiel Larousse défini le terrorisme. La République qu’ils nous préparent ne ressemble-t-elle pas furieusement à cette définition ? Et, en quoi manifester son opposition, son mécontentement, ou dire ce qu’on souhaite, la vie qu’on veut vivre, celle qu’on ne veut surtout pas, en quoi, nom de Dieu, serions-nous terroristes et subir la terreur de nos gouvernants ?
En octobre, après le mariage du « Soow et du mburu » (mariage du pain et du lait), nous avions dans un éditorial annoncé que « les éléments du troisième mandat étaient en œuvre ». Après les évènements du début mars et la sortie du président avec son fameux « je vous ai compris », j’avais récidivé en déclarant « Non, il n’a pas compris ». Avec la loi scélérate, liberticide en débat, j’ose affirmer, la peur au ventre : au secours, voilà la République du sabre qui s’abattra sur tous les mauvais pensants. Et sous une République de cette nature, le droit à la résistance devient un crime. Mais on le sait : ce sont les dictatures et les dictateurs qui fabriquent et sécrètent des terroristes. Ces derniers pour exister n’ont d’autre choix que d’user de la « terreur » à leur portée : la résistance.
par l'éditorialiste de seneplus, emmanuel desfourneaux
MACKY SALL, L’ARROSEUR ARROSÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Que signifie « intimider » ? Quels actes répréhensibles cachent-ils pour mériter la perpétuité ? Les douze morts de mars 2021 sont loin des préoccupations du chef de l'État
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 25/06/2021
Macky est plein de ressources. Un genou à terre en mars, il ressuscite en mai. Plein d’allant, il n’a peur de rien, à l’opposé de ses ministres. Il redécoupe Dakar quelques mois avant les élections municipales, il s’offre des tournées régionales populaires le sourire aux lèvres, il envoie promener la Cour de Justice communautaire sur le parrainage. Il reprend la main, il redevient le stratège cynique qu’il est depuis son accession au pouvoir. Les douze morts de mars 2021 sont loin de ses préoccupations !
C’est dans ce contexte de reconquête du pouvoir que Macky Sall présente un projet de loi sur le terrorisme. A priori, il n’y a pas de quoi fouetter un chat ! Quoi de plus normal, en ces périodes troubles dans le Sahel, de lutter contre le terrorisme. Une personne sur ma page Facebook me rétorque qu’il s’agirait en l’espèce d’une simple transposition d’une loi internationale. Seulement, à y regarder de plus près, cette loi ne vise aucunement les radicalités religieuses ou les séparatistes casamançais. La loi parrainage en soi n’était pas anti-démocratique, c’est la manière dont on l’utilise qui la fait devenir anti-démocratique. Cette loi en question, peut-être, dans son contenu, n’est pas anti-démocratique, mais la manière dont Macky Sall l’utilisera risque d’abîmer encore plus la démocratie sénégalaise.
À la lecture de l’article 279-1, ce sont bien les leaders de l’opposition qui sont dans le viseur de Macky Sall, en particulier Ousmane Sonko. Dès lors, si le juge reconnaît une instrumentalisation de la population pour troubler gravement à l’ordre public ou au fonctionnement normal des institutions nationales ou internationales, et pour contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque par la terreur, les carottes sont cuites pour vous, c’est la réclusion criminelle à perpétuité. Bref le goulag !
Je souhaiterais vous soumettre mon étonnement sur la rédaction brouillonne de l’article 279-1 au cœur du projet de loi très controversé. Que signifie en droit pénal « intimider » ? Quels actes répréhensibles cachent-ils pour mériter la réclusion à perpétuité ? Je regarde le dictionnaire pour mieux comprendre le sens des mots de cet article. Intimider signifie grosso modo faire peur à quelqu’un. Autrement dit, cette loi s’en prendrait aux activistes et leaders d’opposition qui instrumentaliseraient leurs adeptes. C’est quand même osé d’un point de vue strictement juridique. Tout finirait par tomber sous l’effet de cette loi ! Cela ne donne pas envie de battre le pavé ! Avec la notion d’ordre public en sus, concept attrape-tout en droit, vous n’avez plus qu’à bien vous tenir jusqu’en 2024, voire après. Sinon gare à vous !
Faisons de la fiction politique afin que vous compreniez le caractère anti-démocratique de ce projet de loi : imaginez cette loi en application depuis des lustres. Aurait-elle permis mai 68 et le 23 juin ? Non, assurément non ! Tous les leaders de ces mouvements historiques dans la vie politique sénégalaise croupiraient aujourd’hui en prison avec l’étiquette de terroriste. Ils seraient des traites à leur patrie, des parias ! Et Macky Sall n’aurait jamais pu accéder à la présidence ! Si cette loi était en vigueur le 23 juin 2011, le président sénégalais serait lui-même un terroriste. Voilà la vérité sur cette loi, ni plus ni moins une honte pour les acquis démocratiques acquis lors de révoltes.
En aucun cas, je n’approuve les saccages, mais il y en a eu en mai 68 ; d’ailleurs déjà contre les intérêts français, il y en a eu le 23 juin 2011. Macky Sall, à cette époque, a beaucoup intimidé, pour reprendre cet étrange mot du projet de loi sur le terrorisme. Pour les besoins d’un documentaire, j’ai interrogé des protagonistes de mai 68 et du 23 juin. Ils sont unanimes, on doit beaucoup à ces deux révoltes. Ils nous apprennent aussi que les pouvoirs de Senghor et de Wade qui vacillaient, utilisaient les mêmes ficelles pour discréditer les opposants : les pouvoirs en place les assimilaient à des terroristes.
Sur les ondes de radio Sud FM, j’ai interpellé l’ambassadeur de France. À supposer qu’il s’agisse d’une transposition d’une loi internationale, c’est assez curieux de constater comment ce projet de loi tombe à pic et s’adapte si bien au contexte politique sénégalais d’aujourd’hui ! Non seulement le projet de loi s’en prend aux « intimidations » des opposants, et protège les intérêts de la France qui ont été gravement menacés par les jeunes manifestants.
Si l’institution du conseiller diplomatique français à la présidence sénégalaise a disparu, la France continue pour autant d’envoyer des magistrats du Conseil d’État ou des professeurs de la filière bordelaise en vue de rédiger des lois. Projet de loi d’origine internationale ou pas, la France a été secouée en mars 2021. Elle n’est pas restée inactive dans la bataille de Dakar. Ce pays ne saurait perdre Dakar et Abidjan, cela signifierait la fin de la présence française en Afrique. Alors, il est évident que la France est à la manœuvre et que cette loi terroriste a fait l’objet d’une lecture très attentive de la part des services de l’ambassade française, voire au plus haut sommet de l’État. Ne soyons pas naïfs !
Macky Sall intimide aujourd’hui avec la force légitime qu’il a en sa qualité de président. Autrefois, dans l’opposition, il intimidait aussi, mais sans la force légitime. Macky Sall, avec une lecture « rétroactive » de ce projet de loi, était, en juin 2011, un terroriste ! L’arroseur arrosé, cela finit toujours par revenir !
Renforcer davantage la prise en charge des enfants victimes de violences. C’est là le but du référentiel de détection de violence par les professionnels de santé qui a été lancé jeudi
Renforcer davantage la prise en charge des enfants victimes de violences. C’est là le but du référentiel de détection de violence par les professionnels de santé qui a été lancé hier par la Direction générale de la santé. Ce mécanisme est d’une importance capitale dans la mesure où on compte, pour la seule région de Dakar, 300.000 enfants victimes de violences.
D’après le référentiel de détection de violence, les traumatismes constituent à l’heure actuelle la deuxième cause de mortalité infantile au Sénégal, tout juste après la malnutrition. Il s'agit notamment des dommages physiques et psychologiques causés soit par un acte de violence, soit par un accident. En 2018, les dommages physiques et psychologiques ont été responsables pour 8% des décès des enfants de moins de 5 ans. Mais c’est dans la région de Dakar que la situation est beaucoup plus alarmante. D’autant que 25% des enfants de moins de 15 ans sont victimes de violences physiques graves, soit 300.000 enfants pour la seule région de Dakar. A l'échelle nationale, 3% des filles de 15-17ans interrogées dans le cadre d’une enquête ont indiqué qu’elles ont été victimes de violences sexuelles dans l'année écoulée, soit 16.740 adolescentes. Ces données sont loin de traduire réellement l’ampleur du phénomène, compte tenu des nombreux cas qui ne sont pas identifiés et rapportés. Cette situation constitue un problème sérieux pour la santé actuelle et future des enfants et des familles.
Pour la Directrice Générale de la Santé, Dr Marie Khemess Ngom Ndiaye, 7% de la mortalité infantile est imputable aux traumatismes. «Les cas de violences sont relayés dans les médias ou dénoncés par la communauté, mais ne sont pas suffisamment documentés. Les données disponibles sont collectées de manière parcellaire et ne permettent pas de cerner l’ampleur du phénomène et ses causes profondes. De même, il est noté une insuffisance des services offerts aux victimes et un manque de coordination des activités de prévention», se désole Dr Marie Khemess Ngom Ndiaye. Elle trouve que ces problèmes identifiés dans la gestion de l’information et de la coordination des activités constituent un frein à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation de stratégies efficaces pour lutter contre les traumatismes dus essentiellement aux accidents et aux actes de violence. «La prévention et la lutte contre les traumatismes dus à la violence ne peuvent être entreprises par un seul département ou institution dans un pays. Des actions concertées faisant appel aux différents secteurs qui œuvrent dans le domaine sont nécessaires pour une réussite des efforts», affirme-t-elle.
En attendant Dr Marie Khemess Ngom Ndiaye se réjouit de l’élaboration de ce manuel à l’intention des professionnels de la santé. D’autant qu’il décrit les différentes formes de maltraitance et de l’abus sexuel sur l’enfant et sensibilise les acteurs de la santé sur la détection des victimes et la prise de mesures pour protéger la santé et la sécurité de l’enfant.
L’UNICEF HAUSSE LE TON
Représentante de l’Unicef au Sénégal, Silvia Danailov indique qu’en 2020, près d'un milliard d'enfants âgés de 2 à 17 ans dans le monde étaient victimes de violence physique, sexuelle ou émotionnelle ou de négligence. Au Sénégal, souligne-t-elle, des milliers d’enfants sont victimes de violence chaque année. «Ces chiffres ne sont que la partie visible de l’iceberg, et derrière chacun d’entre eux, se trouve un garçon ou une fille en souffrance. L'expérience de la violence dans l'enfance a un impact sur la santé et le bien-être tout au long de la vie. Elle augmente les risques de maladies, soulève des problèmes de santé mentale, grève les capacités d’apprentissage et d’insertion sociale, et perpétue aussi le cycle de la violence d’une génération à l’autre. Elle entraine aussi un coût majeur pour les sociétés et les Gouvernements. On estime à 7000 milliards de dollars et 8% du PIB mondial le coût généré par la violence à l’encontre des enfants», affirme-t-elle. C’est pourquoi, elle considère que les professionnels de la santé ont un rôle et une contribution majeurs à jouer dans ce domaine. «Aucun enfant ne doit être laissé pour compte. Un enfant victime de maltraitance qui a pu être détecté par un professionnel de santé, et pris en charge, est un enfant qui a une chance supplémentaire de s’en sortir, de vivre et de grandir en bonne santé», dit-elle. Directrice de la Protection sociale et de l’Education surveillée du ministère de la Justice, Abibatou Siby Youm souhaite l’application rigoureuse des lois puisque, dit-elle, c’est-là où le bât blesse. «Les Sénégalais doivent avoir l’habitude aussi de dénoncer les auteurs des actes de violence sur les enfants. Ce document est rassurant, mais si l’information n’est pas portée au niveau des autorités sanitaires et que la loi de l’omerta continue à persister dans notre société, il y aura des enfants qui vont toujours souffrir», affirme-t-elle.
Audition de deux danseurs de Wally Seck
La brigade des mœurs n’a pas pris du temps pour convoquer les danseurs de l’artiste Wally Balago Seck. Ahmet Thiou et Amady Badiane qui sont visés par une plainte de Jamra et de Nitu Dëug pour attentat à la pudeur, outrage public aux bonnes mœurs et actes contre-nature ont été auditionnés hier par les enquêteurs de la brigade des mœurs à la Sûreté urbaine. Pour rappel, les deux danseurs s’étaient livrés, en public, à une danse avec du «bouche-à-bouche» lors du concert de Wally Seck à l’esplanade du Grand Théâtre. D’après Seneweb, les deux ont été placés en garde à vue par la Sûreté urbaine.
La gendarmerie accueille 30 sous-lieutenants
Trente sous-lieutenants ont grossi hier les rangs de la Gendarmerie. La cérémonie de sortie de la 13e promotion de l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale, baptisée promotion Lieutenant Patrick Sagna, a été présidée par le ministre des Forces armées Me Sidiki Kaba en présence du Haut commandant de la gendarmerie, le Général Moussa Fall et le chef d’état-major général des armées. L’Ecole des Officiers de la Gendarmerie nationale a également six ressortissants des pays amis du Sénégal et sous-lieutenants de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (BNSP). Le major de la promotion, le sous-lieutenant Madjimbi Diagne, a indiqué lors de sa prise de parole que le militaire incapable d’obéir n’est pas digne de commander.
Karim Xrum Xaax et Cie interpellés devant l’Assemblée
Les choses commencent à s’emballer avant même que l’Assemblée nationale n’examine les deux projets de loi portant modification du code pénal et du code de procédure pénale. Après la sortie de l’opposition parlementaire pour dénoncer « une loi liberticide qui restreint les libertés de manifester », des activistes se sont rendus dans la soirée devant les grilles de l’Assemblée nationale pour dénoncer ces projets. Karim Xrum Xaax et ses 8 compagnons ont été interpellés par les forces de l’ordre. Des confrères actu221 ont vu leurs matériels confisqués par le commissariat du Plateau. D’après Moustapha Ndiongue, Pdg du site Actu221, le commissaire central a aussi confisqué le papiers du véhicule de ses reporters sans même leur délivrer une attestation. Quoi qu’il en soit, le nouveau haut commandant le général Moussa Fall fera son baptême du feu face au M2d qui promet de manifester ce matin.
La proposition de Seydi Gassama sur les projets de loi
Le directeur exécutif d’Amnesty international pense qu’on ne devait pas arriver à cette polémique sur les deux projets de loi portant modification du code pénale et du code de procédure pénale. La majorité et l’opposition parlementaire ont des lectures différentes du texte. Pour Seydi Gassama, l’Assemblée Nationale vote les lois au nom du peuple et nul n’est censé ignorer les lois. En vertu de ce principe, dit-il, tous les projets de lois et toutes les propositions de lois devraient être accessibles aux citoyens, sur le site internet de l’Assemblée Nationale, pendant une période suffisamment longue avant leur adoption. Selon le défenseur des droits humains, les citoyens ont le droit de prendre connaissance des projets et propositions de lois, d’en débattre et leurs points de vue pris en compte par les députés pendant les débats au moment du vote. Pour Seydi Gassama, notre démocratie doit passer de l’ère de députés de partis à celle de députés du peuple.
Viol de mineure et diffusion de données obscènes
L’école française Jacques Prevert sise à Saly est éclaboussée par une affaire de mœurs opposant deux élèves du lycée. Le nommé P. S. S, âgé de 19 ans et demi est accusé par sa camarade de classe, une fille de 15 ans, de viol. En effet, ce jour, les deux camarades qui ont des relations d’amitié avaient un devoir dans l’après-midi. Ainsi, la jeune fille qui habite loin s’est vue convaincre par son camarade de passer le reste de la journée pour des révisions. La fille a donc accepté cette invitation de réviser ensemble, du fait surtout que le domicile du jeune S. se trouve en face de l’école alors que la sienne est à Mbour. Une fois les deux camarades de classe dans la maison, le jeune homme conduit la victime dans sa chambre et ferme la chambre à clé. Puis il la force à entretenir des rapports sexuels avec lui. Après avoir commis son forfait, P. S. S. qui avait filmé leurs ébats, en plus de la menacer de mort, a aussi menacé de divulguer les images si jamais la jeune fille s’aventurait à en piper mot. Ainsi, quelques jours après, la jeune fille qui a été traumatisée par cette affaire avait complément changé de comportement, évitant les hommes qu’elle croisait dans la rue, de sorte qu’elle a fini par abandonner la voiture qui la transportait à l’école. Ayant gardé le secret pour elle, grande a été sa surprise lorsqu’elle a entendu ses camarades de classe dire avoir regardé la vidéo dans laquelle le sieur S. le forçait à entretenir des rapports sexuels avec elle.
Viol de mineure et diffusion de données obscènes (bis)
La nouvelle se répand très vite et finalement, l’administration de l’école est mise au courant de l’affaire. Dès lors, une plainte est déposée au Commissariat urbain de Saly. Seulement, après audition, il n’y a eu aucune arrestation. Pourtant, renseignent nos sources, le PV n 116 du 22 juin 2021 a été remis au parquet. Joint par téléphone, le président de l’association du lycée français Jacques Prevert, Yanick Merjanopoulos, a confirmé que l’acte s’est déroulé en dehors de l’établissement. Donc la seule chose que leur établissement pouvait faire était de prendre la décision de ne pas inscrire l’élève incriminé (qui est majeur) dans leur école pour la prochaine année scolaire. La maman de la jeune fille, M Sagna, se sent doublement victime. D’abord, c’est sa fille mineure qui est victime de viol et de diffusion d’images obscènes par son bourreau, mais pire, c’est que le dossier est en train d’être étouffé. D’ailleurs, un ministre de la République est en train de faire des pieds et des mains pour étouffer cette affaire en proposant à l’oncle de la fille de l’argent. Pour éviter que cette affaire ne prenne d’autres proportions, le père de P. S. S. qui est une personnalité publique veut envoyer son fils en France avant que l’affaire ne connaisse une autre tournure. Hier, la maman de la gamine est repartie au bureau du procureur du TGI où elle a déposé une autre plainte mais jusque-là, rien n’a été fait car le prévenu semble être protégé
La Sodav a collecté 369, 492 millions en 2020
La Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav) a pu s’en sortir grâce à la subvention de 375 millions de francs CFA que lui a octroyée l’Etat du Sénégal pour l’année 2020, a déclaré, hier, la présidente de son conseil d’administration, Ngoné Ndour. Cette subvention d’exploitation de l’Etat de 375 millions de francs Cfa et ‘’le travail colossal’’ qu’elle a abattu ont permis à la Sodav de se tirer d’affaire, a-t-elle expliqué à l’APS, lors de l’assemblée générale de présentation du rapport annuel de ladite société, au théâtre national Daniel Sorano. Ngoné Ndour indique qu’il a été procédé à un report de trésorerie de presque 300 millions de CFA de manière à ‘’diminuer les charges de fonctionnement. C’est grâce à cela qu’on s’en est sorti, a-t-elle insisté. Le rapport annuel de la Sodav, présenté devant les sociétaires venus nombreux, montre une régression de 58,46% des perceptions en 2020. «Nous avons collecté 369 492 067 millions de francs CFA au titre de l’année 2020, soit une baisse au regard des collectes de 2019 qui s’élèvent à 889 536 490FCFA», a indiqué Aly Bathily, le directeur-gérant de la Sodav. Il précise que la Sodav a procédé à la répartition de 431 270 131 millions de francs CFA pour l’année 2020. Ngoné Ndour a déclaré sa candidature à sa propre succession
Etude sur la fiscalité des collectivités territoriales
Une réflexion sur la fiscalité des collectivités territoriales est engagée par la Direction Générale des Impôts et Domaines (DGID) et le programme USAID Gouvernance locale pour le développement (USAID Gold). Un atelier a été tenu à cet effet pour le partage et le cadrage des termes de référence de l’étude sur la réforme de la législation de la fiscalité des collectivités territoriales. Les acteurs ont partagé hier le contenu et les grandes orientations des termes de référence de l’étude, mais aussi la planification des tâches de mise en œuvre et du processus de suivi de l’étude. Selon le chef du bureau des collectivités territoriales à la DGID, Mamadou Lamine Diallo, la fiscalité locale constitue un jalon essentiel de l’accès au financement pour les investissements urbains et ruraux. Il pense que la fiscalité locale va corriger les inégalités entre les collectivités en redistribuant les revenus du patrimoine et de l’activité économique au sein de la société.
Un professeur de maths décède dans un véhicule
Abdourahmane Guèye, professeur de mathématiques, a perdu la vie de manière mystérieuse hier, à Mbour. Selon nos confrères de Dakaractu, le professeur de mathématiques au Collège 4 (CES) de Mbour traînait une maladie que personne ne soupçonnait. L’enseignant est dépeint comme quelqu’un de taciturne. Hier, M. Guèye avait loué un taxi pour honorer son rendez-vous chez le guérisseur traditionnel, précisément à Nguerigne. À la surprise générale, il piquera un malaise qui lui coûtera la vie. Les passagers ont signalé au chauffeur de taxi les mouvements de l’enseignant qui a rendu l’âme. Le corps sans vie est déposé à l’hôpital de Grand-Mbour pour une autopsie
Les Saint-Cyriens dans le social
Les officiers sénégalais formés à l’école Saint-Cyr (France)font du social à travers l’association la Saint-Cyrienne Sénégal. Cette association dirigée par le Général Babacar Gaye, ancien chef d’état-major général des armées, a réceptionné hier les travaux de réfection du lycée El hadji Ibrahima Diop de Yeumbeul. Cette rénovation a été rendue possible grâce au partenariat entre les éléments français au Sénégal (EFS) et l’association qui regroupe les anciens élèves sénégalais de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr. La rénovation des blocs sanitaires du même lycée en 2019 a été aussi le fruit du même partenariat. L’association la Saint-Cyrienne Sénégal déroule un programme de soutien à l’école sénégalaise. Pour rappel, elle avait rénové les CEM Martin Luther King, David Diop et Hann Maristes.
La Cour d’Appel déboute Me Moussa Diop
Le verdict de la Cour d’appel de Dakar est tombé hier. L’ex-Directeur général de Dakar Dem Dikk, Me Moussa Diop, a enregistré un second revers face au Directeur de Dakar Dem Dikk, Omar Bounkhatab Sylla. Il avait fait bloquer les comptes de Dakar Dem Dikk à la suite d’une décision de justice en première instance pour récupérer une prétendue créance liée à l’indemnité de départ de 120 millions que lui devrait la société de transport public. Mais cette décision a été vite cassée. Cette première défaite ne l’avait pourtant pas empêché d’interjeter appel. Par un jugement rendu hier, la Cour d’Appel de Dakar l’a encore débouté et condamné aux dépens. Autrement dit, Me Moussa Diop devra payer les frais de justice à la société Dakar Dem Dikk.Il faut rappeler que l’ex-directeur général de Dakar Dem Dikk avait déjà, une deuxième fois, mordu la poussière face à son successeur qu’il avait accusé de diffamation. Le tribunal s’était déclaré incompétent pour juger le magistrat qu’est l’actuel directeur général de Dakar Dem Dikk. Mais on est loin de l’épilogue de son bras de fer avec Omar Bounkhatab Sylla. Il fait l’objet d’une plainte pour faux et usage de faux en écritures publiques. Le dossier est sur la table du juge d’instruction. Il lui est reproché d’avoir usé de faux pour s’octroyer des indemnités faramineuses d’un montant de 120 millions de francs CFA. Il est accusé d’avoir lui-même contresigné la résolution qui lui ouvrait droit à ces indemnités indues alors qu’une telle prérogative revenait à deux autres administrateurs.
Par Palmira Telésforo Cruz
DE L'ŒUF NAÎT LE POUSSIN... OU LE SERPENT
plus les symboles sont libérateurs plus ils nous rapprochent de la compréhension de la réalité. On ne peut pas chanter à la pluie si on n’en sent pas les gouttes tomber
«Tous les inventaires fixes nous trahiront.» (Stuart Hall) Les symboles sont importants car ils sont une création collective de l’homme. Ils nous assignent une identité et une forme culturelle. À cause des symboles, il y a des hommes qui jouent les idiots, tuent ou meurent : « Pour Dieu, la patrie et le roi Nos ancêtres se sont battus. Pour Dieu, la patrie et le roi, nous nous battrons aussi » (Marche Oriamendi, Saint-Sébastien, 1837). * Les symboles sont également libérateurs et créateurs d’espoir : « La République du Congo a été proclamée et l’avenir de notre cher pays est désormais entre les mains de son propre peuple. Ensemble mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur. Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir lorsqu’il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. (Patrice Emey Lumumba Discours lors de la cérémonie de proclamation de l’indépendance du Congo, 30 juin 1960. ) Les symboles livrent à la misère ou à la douleur, justifiant poétiquement la spoliation coloniale :
« Prenez le fardeau de l’Homme Blanc/Les guerres cruelles de la paix/Remplissez la bouche de Famine/Et demandez à la maladie de cesser ;/Et quand vous êtes au plus près du but/La fin que vous recherchez pour les autres,/Regardez Paresse, et Bêtise la païenne/Réduire tout votre espoir à néant. »
Rudyard Kipling dans : The White Man’s Burden, publié à l’origine dans McClure’s Magazine, 1899. Et il y a les symboles qui sont investis de modernité pour pardonner les péchés coloniaux et légitimer la poursuite du pillage par des moyens plus modernes et moins coûteux : « C’est la raison pour laquelle il faut cesser de lier les luttes pour la mémoire aux luttes pour l’identité comprise comme différence insurmontable. Là où la colonisation, l’esclavage, le sexisme nous ont trop longtemps divisés, nous devons remplacer la politique de la différence par la politique de l’en-commun. Comment réarticuler les mémoires des souffrances humaines afin qu’elles deviennent toutes des éléments fondamentaux pour rebâtir le monde en commun ? » :Achille Mbembe : « Les relations entre l’Afrique et la France arrivent à la fin d’un cycle «13-06-2021 ; A Coumba Kane, lemonde.fr En définitive le fait est qu’il y a donc des symboles qui sont utilisés pour soumettre les hommes au pouvoir et d’autres qui sont utilisés pour les en libérer. Et comme les frontières ne sont pas étanches et que les symboles ne sont pas statiques, ils nous tiennent en alerte permanente, même à propos de nousmêmes. Pour éviter le contrôle autoritaire du symbole, l’on doit alors en négocier l’efficacité symbolique, l’interroger, l’agiter et même la subvertir surtout si le sacerdoce autoproclamé cherche à imposer au groupe une vision prétendument irréfutable, la sienne et dont le dessein réside dans la poursuite de ses propres et seuls intérêts. Les symboles libérateurs sont ceux qui permettent aux communautés de comprendre de façon aiguë leurs propres réalités et non ceux qui leur exigent la soumission à un pouvoir incontesté. C’est en cela que le sens s’impose dans l’arène de la lutte politique. De tout mouvement culturel, nous devrons tirer des significations pour interpréter nos réalités et prendre des décisions.
En criant liberté
Les cloches sonneront
Depuis les clochers
Les chants déserts
Se remettront à grainer
Des épis hauts
Prêts pour le pain
Pour le pain qui durant des siècles
Ne fut jamais partagé
Parmi tous ceux qui firent leur possible
Pour propulser l’histoire
Vers la liberté
José Antonio Labordeta, Canto a la libertad (Hymne à la liberté)
Il faut donc pousser sans cesse l’histoire vers la liberté, sans jamais y renoncer. C’est la tâche ardue des colonisés. Et nous avons dû trimer dur, simplement pour que l’on nous considère comme des êtres humains ; nous avons dû investir des siècles de parlotes et de confrontations : du rejet du pape catholique et de ses encycliques où Dieu parle et confie aux Européens la tâche de prendre par la main les créatures païennes pour les tirer vers le royaume des cieux, en échange des terres, des matières premières, de main-d’œuvre corvéable à souhait et des marchés pour l’industrie manufacturière. Nous avons même dû essayer de nier la mission civilisatrice qui n’a jamais été remplie nulle part : pour nous, colonisés, il n’y a toujours pas eu ni siècle des lumières, ni renaissance. Ou encore pour résister maintenant à la vision utopique d’un monde merveilleux commun entre ex-colonisés putatifs et ex-colonisateurs putatifs, alors que Orange S.A. qui se déploie en Afrique est une multinationale française de télécommunications basée à Paris, juste pour donner un exemple rapide illustrant le fait que le futur merveilleux est encore bien inégal...
Des siècles de dur labeur pour essayer de rééduquer l’Europe, ses gens ! Cependant, aujourd’hui encore leurs constantes explosions racistes, montrent qu’ils ont la tête aussi dure que le cœur. L’on ne pourrait taire le fait qu’avant même de penser à regarder vers l’Afrique ou de fondre sur l’Amérique, ils s’étaient déjà accusés et s’étaient construits les uns les autres comme des «barbares» ou des «envahisseurs», cela pour justifier les razzias dans les villages lorsqu’ils voulaient voler la nourriture, le bétail, les femmes, les territoires et les routes des autres. Leur « conception du racisme » provient de ces traditions familiales de construction de l’»altérité».
Combien donc cela a-t-il été difficile de passer par la guerre des symboles pour leur démontrer que les Lumières ont jeté les bases du racisme scientifique et philosophique ! Ah, cette blague tant lumineuse: quand quelqu’un dit que Kant était un raciste, Dieu tue immédiatement un Européen blond d’une crise cardiaque. Heureusement, des exemples plus grossiers a l’instar de Gobineau et Chamberlain facilitent la lutte politique, tant il y a toujours de grands imbéciles qui disent de grosses bêtises. Mais, comme il est souvent difficile de désavouer parmi les racistes les plus fins et endurcis tels que Linné, Leclerc, Camper, Blumenbach, Cuvier !
Chacune des propositions européennes d’explication du monde, du darwinisme social aux anthropologies postmodernes, sont devenues des champs de discussion du symbolique où nous ne savons même plus clairement pourquoi nous continuons à nous perdre en conjectures. Sans doute parce que dans notre concession certains jouent en faveur de l’équipe adverse.
Ainsi, lorsque nous nous appuyons sur Cheikh Anta Diop comme sur du roc, il se trouvera toujours l’un ou l’autre intégriste qui claironnera pour le traiter d’ « alchimiste solitaire et presque halluciné ». Nous aurions un Aimé Césaire en face que le médiocre l’interrogera sur le métissage et non sur ce qu’il a écrit. On accusera Fanon de tendances violentes alors qu’il n’y a rien de plus violent que la domination de certains hommes par d’autres !
Sans cesse, nous parcourons le monde en exigeant nos propres référents par la subversion symbolique. Nous nous donnons naissance à nous-mêmes dans nos textes, nous célébrons notre propre philosophie, la récupération de nos langages et langues locales ; nous résistons aux assimilations faciles, nous remettons en question nos hybridations.
C’est pourquoi, de temps à autre, nous nous joignons les mains pour en pousser un plus haut, afin qu’il récolte les mangues les plus mûres de l’arbre. Nous en faisons de lui un symbole de nos luttes politiques, de nos résistances… C’est de cette façon que nous y avons cru et avons renforcé les philosophies locales et, par la même, nous avons été lents et condescendants, par nécessité politique. Puis, convaincus que ces nouvelles propositions féministes, anthropologiques, philosophiques, didactiques sont aussi les nôtres... nous avons omis d’y exercer de la rigueur avant de les applaudir ou de les célébrer. Nous avons ainsi laissé passer entre les mailles du filet les problèmes de structure, d’ontologie, de discours, les problèmes de fond, de forme ou de contenu, les irrégularités entre ce que l’auteur dit et ce qui est écrit, pire encore, le manque d’intégrité entre les propositions libératrices et l’exemplarité éthique que commande la vie de la communauté.
Négligents quant à écouter notre soif de nous-mêmes, notre soif de notre propre source de pensée, nous avons a priori supposé que tout ce qui se disait et se faisait sur le continent devrait être intrinsèquement une fontaine où boire. Et nous le payons cher, car voilà que l’un de nos prêtres intellectuels, ébloui par le reflet des pierres de cristal qu’il remue dans le creux de la main, nous saisit par l’anneau des naseaux, par le bout du nez et nous invite à discuter de la colonisation au Quai Branly, le plus colonial des musées français dont les collections et les taxonomies muséographiques nous ramènent deux siècles en arrière. Les symboles sont importants : bien des personnes sont mortes pour empêcher le troupeau d’aller à une fête dans la tanière du loup. L’image de cet espèce de livraison volontaire au Quai Branly nous a déjà conduits à nous demander si nous devions recommencer à répondre à tout comme avant, avec un « Oui papa » immanent ?
Et comme toute histoire d’horreur peut devenir plus horrifiante, pendant que nous étions occupés à remettre le trésor de la parole entre les mains de notre chaman, Macron lui a proposé de nettoyer le Palais de Montpellier, de polir ces mauvaises relations colonisé-colonisateur, de polir la mémoire jusqu’à ce qu’elle soit vide de souvenirs, d’habiller le mort avec de nouveaux vêtements, de baigner le mendiant et d’attacher les chiens au fond du jardin. Voici que le sacerdote investit le capital symbolique que ses fidèles lui ont confié pour nous faire croire que l’avenir justifie tout, que nous sommes passés de la mission civilisatrice à la mission des relations dans un monde commun, et de surcroit insiste sur le fait que la Françafrique a perdu son sens et sa forme et qu’elle est désormais laissée pour compte, relevée aux oubliettes, et que nous devons nous souvenir sans rancune au nom d’un avenir partagé, que les différences insurmontables entre les deux continents ne le sont plus ?
Mais réitérons-le : plus les symboles sont libérateurs plus ils nous rapprochent de la compréhension de la réalité. On ne peut pas chanter à la pluie si on n’en sent pas les gouttes tomber : et l’on pourrait bien se demander quand donc le capitalisme a-t-il pris fin sans qu’on s’en rende compte... Alors que notre missionnaire clame tout haut que nous vivons un aggiornamiento, une mise a jour, les conséquences d’un long continuum d’exploitation vorace sont toujours vivaces et peignent un avenir sombre sans aucun doute : le franc CFA est bien vivant et pille le taux de change sur nos côtes, la pauvreté est toujours en hausse, la maladie, la faim et le changement climatique menacent la vie sur le continent ; il n’y a pas de vaccins ; la santé, la science, la technologie, l’éducation, sont toujours considérés comme des privilèges qui laissent leur empreinte sur les indicateurs GINI comme nulle part ailleurs sur terre.
Et lui, le chaman, qui a joué au maître de la parole a trouvé du boulot. Il convoque l’Afrique pour parler du destin de l’Afrique en dehors de l’Afrique et le comble chez un hôte qui est le pire interlocuteur possible au pire moment possible de l’Europe. Cette Europe qui a lancé des avis pour solliciter des porteurs pour endosser la terrible crise économique que la pandémie et son assouplissement quantitatif apporteront à l’Atlantique Nord. Mais le boulot c’est le boulot, et notre sacerdoce a répondu avec véhémence que celui qui peut le manipuler n’est pas encore né et que nous devons l’accepter ainsi.
Ce qu’il faut relever ici c’est que manipuler n’est pas la même chose qu’acheter. Ce qui se déroule sous nos yeux c’est qu’ils ont acheté le capital symbolique que nous avions offert à notre chaman en l’écoutant et en conservant ses paroles dans nos cœurs. Et les symboles sont importants, la réalité s’impose, parfois on croit que de l’œuf va éclore un poussin, alors qu’en réalité c’est un serpent qui incube.
Heureusement, que nous autres ne croyons pas aux inventaires fixes. Nous savons comment bousculer l’histoire, et de l’étonnement nous savons migrer vers l’action politique. Nous savons surtout comment détruire les symboles s’ils nous conduisent à l’abattoir de l’oppression. Et ce moment grave ne fera pas exception ! La forfaiture ne passera pas. Plus jamais de 1884-85. Plus jamais une Afrique sans nous.
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DUMANAKO, FUTIKO
À sa sortie de l’hémicycle, le député de l’opposition, Ousmane Sonko, est revenu en détails sur son altercation avec son collègue de la mouvance présidentielle Modou Mbery Sylla
À sa sortie de l’hémicycle, le député de l’opposition, Ousmane Sonko, est revenu en détails sur son altercation avec son collègue de la mouvance présidentielle Modou Mbery Sylla, assurant que ce dernier, qui l’aurait menacé à plusieurs reprises, a cette fois-ci franchi le pas en l’attaquant physiquement. Mais Sonko affirme qu’il ne s’est pas laissé faire et l’a tabassé au point qu’il n’ait pas eu le temps d’assister à la séance plénière. "Duma nako futi nako féké wul sax séance bi..."
GUY MARIUS, ALIOU SANE ET NITT DOFF ARRÊTÉS
Ça chauffe à la place de la Nation (ex-Obélisque), prise d’assaut par des manifestants, exigeant le retrait des projets de loi, portant modification du code pénal et du code de procédure pénale
Ça chauffe à la place de la Nation (ex-Obélisque), prise d’assaut par des manifestants, exigeant le retrait des projets de loi, portant modification du code pénal et du code de procédure pénale.
La Place Soweto abritant l’Assemblée nationale bunkerisée, la place Soweto, les membres du Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D) et des activistes ont décidé de rallier la place de Nation.
Parmi les manifestants, les activistes Guy Marius Sagna, Nitt Doff, et Aliou Sané. Aux dernières nouvelles, ils ont été interpellés, pour participation à une manifestation sans autorisation.
Par Babacar GAYE
POUR UNE RE-NATIONALISATION DE L’ESPACE PUBLIC
Depuis quelques jours le débat sur la présence de «nervis» dans l’espace public revient dans l’actualité, avec acuité.
Depuis quelques jours le débat sur la présence de «nervis» dans l’espace public revient dans l’actualité, avec acuité. A mon humble avis, il est aussi parfois un peu manichéen du fait de l’engagement partisan d’une grande partie de ceux qui l’alimentent, d’où l’urgence de le recentrer pour qu’il soit plus serein et moins clivant. Pour cela, il faut une profonde introspection afin de trouver les bonnes réponses aux vraies questions. Cependant, devons-nous nous conformer aux opinions des autres par conformisme ou nous comporter comme ceux avec qui nous partageons l’espace public politique, sans y défendre les mêmes valeurs? Sommes-nous obligés de nous accommoder des positions ubuesques de ceux avec qui nous sommes en totale opposition et qui sapent les fondements de ce bien que nous avons en partage: la République? Et sans réfléchir, accepter aveuglément ce qui ressemble à du négationnisme ou à de la manipulation des esprits? Non, j’estime qu’il y a mieux à faire. La raison? Elle est toute simple: nous ne devons ni hurler avec les loups encore moins déserter le champ de nos devoirs. Parce que nous ne sommes ni loups affamés, ni agneaux en errance. Nous sommes des êtres résonants, doués d’intelligence, capables de comprendre les phénomènes sociaux complexes et de produire du sens et des idées. Ensuite, ce débat sur l’immixtion d’individus indésirables dans les contradictions du moment, somme toute normales entre acteurs politiques, n’est pas un fait nouveau. La violence s’est toujours manifestée dans la quotidienneté de nos confrontations. Elle n’est pas que physique. Elle émaille nos propos, nos gestes et comportements aussi bien dans la vie courante, de plus en plus dans les médias traditionnels et dans les réseaux sociaux.
Mais il est temps de prendre très au sérieux la privatisation de la violence légitime.
D’autant que la problématique de la sécurité des personnes et des biens prend une tournure inquiétante. De plus en plus, des individus ou des personnes morales privées s’emparent des espaces traditionnellement réservés à la puissance publique, sur invitation d’illuminés sans légitimité attestée, obnubilées que par leurs seules ambitions démesurées. Ce hiatus constitue une réelle menace pour la stabilité de notre pays. Le Sénégal pourrait devenir la cible de forces occultes non contrôlées ou par des apatrides délégataires de projets funestes. Leurs mandants ont les yeux rivés sur nos ressources minières, pétrolière et gazières réelles ou supposées. Sans hurler avec les loups, posons nous, donc, les bonnes questions pour cerner les contours de la crise. Qui sont ces «nervis» dont on a parlé durant les événements du Sweet Beauté Gate, lors de la tournée du Président de la République ou du Tibb Tànk de Bougane?
Sont-ils des héritiers des Comités d’action qui, au sein du même parti, l’UPS, ont incendié, violenté et tué. Naguère des «Tontons Makhoutes», en référence aux «tontons macoutes» de Duvalier, refusaient à l’opposition toute expression plurielle. En réaction à une telle terreur, des «Calots bleus» ont été recrutés et formés parmi les militants du Pds à des fins dissuasives. On connaît les avatars qui se sont ensuivis. Aujourd’hui, ce sont les «Marrons du feu» de l’Apr, les «éléments» de Pastef, de Gëm sa bopp ou ceux du Grand Parti qui font l’actualité. Apparemment, la mort de Ndiaga Diouf n’a servi de leçon aux uns et aux autres. Même des chefs religieux entretiennent des milices privées au vu et su d’un État devenu complice.
Qui ne se souvient pas des événements de Dianké à l’occasion des renouvellements ensanglantés de l’UPS, des traquenards de Maka Kolibantang, de Loro contre Me Wade, de l’attaque du domicile de Idrissa Seck, des attentats contre des personnalités, des embuscades de Ndiognick contre Macky Sall, des jets pierres de Joal sur le cortège du Président Wade, des échauffourées lors de l’interpellation de Sonko, etc. Rappelons-nous des actes de violence perpétrés sur des militants de l’Apr par des gros bras du candidat du PUR lors de la présidentielle de l’année 2019. Il y eut mort d’homme.
Récemment, une vidéo impliquant des hommes de main qui arrachent des foulards rouges hostiles au président Sall et une autre vidéo où l’on voit les éléments de Bougane poursuivre des manifestants qui scandaient «Macky Macky», sont des preuves incontestables que les «nervis» sont au service de pas mal de leaders politiques et de certaines personnalités de la société civile. Historiquement, le recours à ces gros bras pour intimider, repousser ou violenter des adversaires politiques fait partie du décor de nos manifestations politiques. Ce n’est plus acceptable dans notre démocratie. De manière itérative dans les lycées, à l’université et dans les organisations syndicales, des comités de bastonnades ont souvent été constitués pour dissuader les défaillants lors des piquets de grève. C’est ainsi que l’usage de la force privée s’est incrusté dans nos mentalités. Il faut les en extirper par l’éducation, l’instruction civique et la culture de la paix. L’administration doit affirmer sa neutralité et reprendre les cartes en main pour mettre de l’ordre Mieux, notre rapport à la démocratie est tellement biaisé que nous avons perdu le sens de l’altérité, nos facultés à accepter l’autre, ses positions, à tolérer l’expression de la différence et la liberté de critique. L’esprit démocratique qui est profondément dynamique, doit être entretenu par un débat permanent. Certes, il se manifeste parfois sur une lisière très fluctuante. Mais, c’est toujours la diversité qui engendre l’unité.
L’interdépendance étant la somme des libertés et droits de chacun. Malheureusement, les enjeux de pouvoir ont fini par créer un climat de méfiance entre les acteurs. La fracture devenue béante est lourde de conséquences. Cela transparaît dans la manière conflictuelle avec laquelle les acteurs s’emparent du discours et de l’espace politiques. D’ailleurs, dans la plupart des partis politiques et des organisations de type syndical, il est désigné un «Responsable chargé de la Sécurité». C’est celui-ci qui recrute, en cas de besoin, des hommes de main sans qualification particulière ni formation adéquate dans les métiers de gestion de la sécurité des activités privées. Ils les trouvent dans des écuries de lutte, des salles de sport (arts martiaux, body building etc), dans les quartiers chauds ou dans des grottes nichées sur la corniche de Dakar. Pourtant, au regard des dispositions du décret N°2003- 447 du 18 juin 2003, l’exercice de toute activité privée assimilable à une activité de police pour la surveillance, le gardiennage et l’escorte de biens privés et la protection rapprochée des personnalités, est soumis à une autorisation préalable du ministre de l’Intérieur en application de la loi n° 78-40 du 6 juillet 1978.
Aucun politicien ne respecte ce cadre juridique. L’Etat doit appliquer de la réglementation en vigueur avec efficience et de manière non discriminée. Devons-nous continuer à nous accommoder de cette vacuité de la puissance publique, au risque de compromettre durablement la stabilité du pays et la paix civile? Selon moi, la réponse est évidemment non. En attendant de trouver les voies et moyens d’éradiquer l’anarchie qui règne dans ce secteur, acceptons d’en parler sereinement et objectivement et remettons les choses à l’endroit. Il ne faut pas se voiler la face; le recours à la violence est érigé en système de règlement des conflits. Tous les leaders politiques, ceux du pouvoir comme ceux de l’opposition, ont recours aux services de ces colosses. Il ne serait pas juste de les appeler «nervis» quand ils travaillent pour l’Apr et «gardes de corps» quand ils sont avec Bougane ou Talibés s’ils accompagnent Kara.
Une telle indignation sélective est, à mon avis, inacceptable. Cependant, c’est aux tenants du pouvoir de laisser à l’opposition, «le monopole de l’irresponsabilité» en donnant le bon exemple pour sauvegarder l’image d’un État fort qui concentre ses efforts sur la résolution des problèmes qui nous assaillent. Afin de dé-privatiser l’espace public et jouer son rôle régalien de sécurisation des personnes et des biens en dehors de toute considération partisane. Impersonnel, l’Etat doit être à équidistance des partis politiques et se mettre au service exclusif du citoyen. Pour relever ce défi, il est urgent de créer à nouveau les conditions d’un dialogue sincère sur les pré-requis d’une République pour tous et d’une démocratie pluraliste afin de redonner confiance aux acteurs concernés. Il est temps de remodeler la législation qui encadre toutes ces activités totalement illégales dans un contexte de péril multiforme. En France, les péripéties de l’affaire impliquant Alexandre Benalla et Vincent Crase, deux anciens éléments de la garde rapprochée d’ Emmanuel Macron, alors fraîchement élu à l’Elysée, ont failli précipiter le pays dans une crise politique inattendue. L’opinion publique française n’a pas toléré l’implication de collaborateurs civils du chef de l’Etat dans le maintien de l’ordre et l’interpellation d’un manifestant le 1er mai 2018. C’était le début d’une escalade de scandales impliquant un cabinet privé dans la gestion de la sécurité du Président de la République française.
En son temps, les français, dans un esprit républicain, ont dit non avec une rare détermination. Si ce sursaut national a été facile, c’est aussi parce qu’une presse impartiale avait su jouer un rôle de premier plan dans la mobilisation de l’opinion publique et celle des différents corps de l’Etat français pour que le dispositif législatif et réglementaire en vigueur soit appliqué. Une prise en charge efficace de la crise a pu endiguer le mal et tuer ces dérives dans l’œuf. J’estime que notre élite est à la hauteur d’un tel défi.
A mon avis, au Sénégal, tout démocrate républicain devrait encourager l’assainissement d’un tel secteur avec vigueur et sans discrimination.
Pour cela, il faut revoir les textes régissant la profession dans notre pays, d’autant que les hommes politiques ne s’interdisent plus des discours va-t-en-guerre, font dans la surenchère et profèrent des menaces à peine voilées. Naturellement ces postures engendrent toujours un climat de terreur. Pour se prémunir d’éventuels risques supposés, ces irresponsables profitent de la précarité causée par le chômage endémique et l’absence de perspectives pour une jeunesse peu outillée pour l’enrôler. Leur incurie encourage l’émergence de milices privées dont la présence dans l’espace public est une plaie de la démocratie. Ensemble, nous devons refuser cette fatalité que l’histoire récente veut nous imposer. Et c’est aussi ensemble que nous devons désencombrer l’espace public et construire un Etat de droit sur des bases assainies, dans la concorde et la tolérance mutuelle. Quand bien même, je continue d’assumer mon appartenance à la majorité et le soutien de mon parti à l’action du Président Macky Sall, ce serait peine perdue de me vouloir confiner dans une posture partisane ou dans ces clivages politiciens qui divisent mon pays en deux fractions qui se regardent en ennemis. Ces antagonismes mettent le pays en péril. Nous ne devons pas l’accepter.
Au demeurant, ni la violence verbale, ni les quolibets et autres cris d’orfraie encore moins les attaques «ad personam» que l’on constate dans les réseaux sociaux, ne devraient réussir dévier de cette trajectoire. D’avance, rejetons en bloc un tel dessein pour que seule la construction de la convergence des intelligences positives soit le sens de notre engagement au service de la patrie.