KEEMTAAN GI – DICTATURE
Tremblez, messieurs et dames ! Il ne rigole plus ! On nous l’a changé, le gentil monsieur qui s’était présenté si candidement devant ses compatriotes, sollicitant leurs suffrages. Les citoyens, qui s’étaient offusqués en masse que ce jeune homme si sage soit chassé de façon aussi abrupte de l’Assemblée nationale parce qu’il avait exigé des comptes au Prince au sujet de l’argent public dépensé pour le sommet de l’OCI, avaient pris fait et cause pour lui. Le visage qu’il présentait était celui d’un homme sociable au cœur dépourvu de sentiments haine et de vengeance. La suite, on la connait. Il a déjà « tué » deux potentiels candidats. Et c’est quand il a voulu avec sa Justice mettre en prison son plus sérieux adversaire du moment — qui ne serait jamais que le troisième — que le peuple s’est dressé contre lui. Malgré les morts qui se comptaient, il a résisté avant de battre en retraite. Et croyez nous, il ne s’est jamais remis de cette contestation populaire. Il n’aime pas voir rouge. Ça ne se reproduira plus, avait-il dit, l’allure martiale. Et ce n’était pas que paroles. Il ne rigolait pas. Après avoir mesuré sa cote de popularité dans quelques coins miséreux du pays, conscient qu’il demeure dans les cœurs, il veut nous faire marcher à la baguette. Et ça va passer par sa majorité mécanique. Cette loi qu’il va soumettre à ses députés, qui ignorent qu’ils sont eux-mêmes menacés, constitue une grande menace pour les libertés collectives et individuelles. Nous sommes tous de potentiels terroristes. Elle est aux antipodes de ce que le Conseil de sécurité des Nations Unies considère comme acte terroriste. C’est un règlement de comptes qui vise des adversaires qui pourraient tomber facilement sous le coup de cette loi liberticide. Ceux qui parlent d’une dictature n’ont pas tort. Ça nous ramène loin, ces projets de lois, plus précisément aux premières années de notre indépendance. Elles sont liberticides et dangereuses pour notre commune volonté de vivre ensemble. Elles dessinent une vraie dictature. Déjà qu’en mars, alors que le peuple manifestait, ils nous parlaient de terroristes qu’ils étaient les seuls à voir. Dieu nous préserve de leurs manœuvres ! KACCOOR BI
MACKY SALL « NOUS IRONS ENCORE PLUS LOIN DANS LA MODERNISATION DE KEUR MASSAR... »
Après avoir lancé le projet pour la promotion et la gestion intégrée des déchets solides à Keur Massar, le président de la République, M. Macky Sall, s’est adressé à la population du nouveau département. Saluant la mobilisation des populations du 46ème département venues assister au lancement du Promoged, le président Macky Sall a indiqué que, désormais, la solution à la décharge de Mbeubeuss est enfin à portée de main. « Je vous ai vu, entendu et senti... Après la création du département de Keur Massar, j’ai tenu à être parmi vous pour marquer l’importance que j’accorde à votre département en venant lancer ce projet », a dit le président Macky Sall considérant que le Promoged est un instrument stratégique du document Sénégal zéro déchet. Effectuant sa première visite officielle dans ce nouveau département, le président Macky Sall a assuré avoir en tête les nombreux défis liés aux inondations et à l’assainissement qui font toujours des dégâts dans cette localité. Mais, il rassure que ces défis ne sont pas une fatalité. « Nous irons encore plus loin dans la modernisation de Keur Massar », a-t-il promis. A cet effet, le chef de l’État considère que le Promoged innove avec ses équipements et son matériel adapté, mais surtout sur la revalorisation des déchets. Il s’agira de renforcer les citoyens et les récupérateurs dans leurs efforts. Selon le président Sall, il faut également redéfinir le cadre de vie car la décharge de Mbeubeuss, vieille de 53 ans, doit bénéficier d’un long processus de modernisation et de valorisation des déchets qui hantent depuis plusieurs années le sommeil des populations.
OUSMANE SONKO « MACKY SALL CHERCHE A MATER LES OPPOSANTS »
En conférence de presse express, les députés de l’opposition ont voulu alerter les citoyens sur le projet de loi portant modification du Code pénal et du Code de procédure pénale. Ousmane Sonko, président de Pastef, explique le projet. « Au-delà du recrutement de 6.000 éléments pour renforcer les forces de l’ordre et du limogeage du général Jean Baptiste Tine, un officier républicain, il (Ndlr, le président Macky Sall) a nommé ses hommes, il veut encore mettre en place une loi répressive pour mater les opposants, les activistes... Il se cache derrière le mot terrorisme pour faire passer la loi. De surcroît, lui et ses quatre mousquetaires veulent brûler le pays en instaurant cette loi », a dénoncé le leader de Pastef. Revenant sur la loi prétexte de la conférence de presse, il s’est désolé du fait que « malheureusement, cette loi ne définit pas le mot terrorisme. Secundo, il a pris des infractions du code pénal encadrées par le code de procédure pénale qu’il définit désormais comme terrorisme », a encore dénoncé le plus farouche opposant du président de la République à l’heure actuelle.
MODIFICATION DU CODE PENAL ET DU CODE DE PROCEDURE PENALE L’EX DEPUTE, CHEIKHOU OUMAR SY, PARLE D’« UNE DICTATURE QUI SE DESSINE »
Aujourd’hui, vendredi 25 juin, les élus du peuple sont convoqués à l’Assemblée nationale pour modifier en urgence le code pénal et le code de procédure pénale. Un projet qui suscite beaucoup de réactions. L’ancien député Cheikhou Oumar Sy n’a pas attendu une seconde de plus pour alerter sur les dangers de ce nouveau projet de Macky Sall. Lequel, selon lui, pourrait entraîner la mise de beaucoup de manifestants et d’internautes en prison pour délit de terrorisme. « Ce projet de loi que le président de la République Macky Sall veut faire passer en procédure d’urgence est le plus dangereux de l’histoire du Sénégal. C’est un projet de loi liberticide et qui remet en cause nos libertés fondamentales. Tout acte aujourd’hui peut être interprété comme terroriste. Les forces de défense et de sécurité pourront l’utiliser à tout moment et n’importe comment contre les citoyens et citoyennes sénégalais. Le président doit immédiatement retirer ce projet de Loi qui va remettre en cause notre stabilité et notre cohésion sociale. C’est une pure dictature qui se dessine », a-t-il posté sur son mur Facebook. Cheikhou Oumar Sy se demande même « où étaient les députés quand ce projet de loi passait en commission technique à l’Assemblée nationale » ?
CONCOURS GENERAL 2021 NDEYE AWA SARR DE MARIAMA BA SACREE MEILLEURE ELEVE DU SENEGAL…
L’élève Ndèye Awa Sarr, élève en classe de S2 à l’Ecole Mariama Bâ de Gorée, a été sacrée meilleur élève du Concours Général 2021. L’information a été révélée hier par le ministre de l’Education nationale Mamadou Talla qui présentait les résultats de l’Édition 2021 du Concours Général. L’école Mariama Ba a aussi obtenu le prix de l’élève le plus polyvalent du CG en la personne de Mlle Kadiatou Coulibaly, élève en classe de première… Selon Mamadou Tall, l’édition du Concours général 2021 s’est tenue dans les meilleures conditions possibles et les sujets ont été d’un niveau d’exigence conforme aux épreuves habituelles. Cette année-ci, 2.132 (public et privé) candidats, avec 1.063 inscrits en première dont 598 filles et 565 garçons et 1.069 candidats en terminale se sont inscrits. Au terme des délibérations du jury présidé par la doyenne de l’Inspection générale de l’Éducation et de la Formation (IGEF), les résultats ont été communiqués au MEN. Au titre des distinctions, 107 prix ont été décernés, avec 55 prix et 52 accessits en fonction des niveaux des notes, dont 63 distinctions en première et 44 en terminale. Les filles sont en tête du classement avec 54 distinctions dont 26 prix et 28 accessits, les garçons se retrouvent avec 53 distinctions soit 29 prix et 24 accessits. Concernant les lauréats, ils sont au nombre de 96 dont 47 filles et 49 garçons. On peut aussi noter que les élèves des séries scientifiques (51 lauréats), et particulièrement ceux de la série S1 (34 lauréats sur les 51), ont cette année encore remporté la plupart des distinctions, a fait savoir le MEN.
GENDARMERIE 39 SOUS-LIEUTENANTS REÇOIVENT LEURS EPAULETTES
La caserne général Mame Bounama Fall de l’École des officiers de la Gendarmerie Nationale a abrité ce jeudi 24 juin, la cérémonie de remise d’épaulettes de sous sous-lieutenants à la 13ème promotion du cours de l’EOGN baptisée Promotion « lieutenant Patrick Bayandouka Sagna ». Une cérémonie présidée par le ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba, et le nouveau Haut commandant de la gendarmerie et directeur de la justice militaire, le général Moussa Fall. Au total, 39 aspirants de 4 nationalités se sont vu remettre leurs épaulettes. Une fierté, selon le colonel Abdoulaye Diagne, commandant de l’école, qui n’a pas manqué de rappeler aux récipiendaires les principes de base du commandement. Le sous-lieutenant Madjimbi Diagne, major de ladite promotion, est quant à lui revenu en détail sur la structuration de la formation. « Le militaire incapable d’obéir n’est pas digne de commander » a-t-il notamment déclaré. Les valeurs et l’identité du gendarme ont été fortement rappelées aux aspirants qui représentent désormais le modèle de droit et de protection des citoyens. La gendarmerie nationale compte donc à partir d’hier, dans ses rangs, la promotion du lieutenant Patrick Bayandouka Sagna.
LE CONTENU DU PROJET DE MODIFICATION DU CODE PÉNAL
Les députés vont examiner vendredi, en séance plénière, le projet n°10/2021 modifiant la loi n°65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal. Selon l’exposé des motifs, cette réforme vise à définir une nouvelle politique de recouvrement des avoirs criminels
Les députés vont examiner, demain vendredi, en séance plénière, le projet n°10/2021 modifiant la loi n°65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal. Selon l’exposé des motifs, cette réforme vise à définir une nouvelle politique de recouvrement des avoirs criminels. Elle porte également sur le financement du terrorisme, la piraterie maritime, entre autres.
Même si le Sénégal a ratifié la Convention des Nations-Unies contre la corruption (Uncac) et la Convention des Nations-Unies contre la criminalité transnationale organisée (Untoc), il pêche encore dans leur mise en œuvre notamment sur le point relatif à la mise en place d’un dispositif juridique et institutionnel approprié en charge du recouvrement des avoirs. Conscient de cela, le ministère de la Justice en collaboration avec l’ensemble des acteurs impliqués, a initié des réformes dans le Code pénal sénégalais avec entre autres objectifs, la création d’un organe chargé de la gestion des biens saisis ou confisqués et du recouvrement. Selon l’exposé des motifs, il s’agit de l’Office national de recouvrement des avoirs criminels (Onrac) qui, agissant sur mandat de justice, devra superviser les biens saisis ou confisqués, les gérer et s’il y a lieu, procéder à leur aliénation ou leur recouvrement, d’après l’exposé des motifs parcouru par Le Soleil.
Il faut signaler que l’Onrac est un établissement public administratif jouissant de l’autonomie financière et placé sous la tutelle administrative du Ministère chargé de la Justice et la tutelle financière du Ministère chargé des Finances. Sa mise en place permettra au Sénégal de se conformer à ses engagements internationaux, notamment les articles 99 et suivants de la Directive n°02/2015/CM/UEMOA du 02 juillet 2015 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, l’article 31 de la Convention internationale de Mérida sur la Corruption et l’article 16 de la convention de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption. Ces instruments mettent à la charge des Etats Parties, l’obligation de réglementer l’administration et la gestion par les autorités compétentes des moyens et produits des infractions définies par ces conventions.
Le document relève que les stratégies nationales de lutte contre la corruption (2020-2024) et le blanchiment de capitaux ainsi que le financement du terrorisme (2019-2024) de l’Ofnac et de la Centif, s’inscrivent dans cette perspective dans la mesure où elles placent la question du recouvrement au cœur de leurs actions. Ce qui, d’après le texte, nécessite « un certain nombre de mesures en lien avec celles prévues par les instruments internationaux et régionaux pour lever les obstacles pour un mécanisme de recouvrement d’avoir efficace ». Ainsi donc, le projet de création et de mise en place d’un organe de gestion et de recouvrement des avoirs criminels a pour objectif de « mieux prendre des questions de cette nature ». Il vise à donner mission à cet organe la centralisation de la gestion de tout bien saisi lors de procédures pénales afin de garantir l’effectivité des confiscations en tant que peine complémentaire.
Le document précise, dans la foulée, que les biens meubles ou immeubles susceptibles de saisie ou de confiscation ne se gèrent pas tout seul. Leur gestion, au-delà de la centralisation, nécessite une expertise et des moyens suffisants. Et, il s’est trouvé que les juridictions ne sont pas préparées à la gestion ou à l’administration des biens. « C’est pourquoi, il est essentiel que l’organe dans son organisation soit pluridisciplinaire, pour pouvoir prendre en charge tous les aspects en rapport avec tout type de bien et les circonstances particulières de chaque cas d’espèce ».
« L’Onrac exécutera les confiscations au nom du procureur de la République lorsque celles-ci portent sur des biens meubles ou immeubles, même s’ils ne lui ont pas été confiés. Sauf en cas d’affectation, l’organe procède ensuite à la vente de ces biens, et s’il y a lieu, aux formalités de publication et, dans tous les cas, jusqu’à leur vente, aux actes d’administration nécessaires à leur conservation et à leur valorisation », lit-on dans le texte.
Financement du terrorisme
Selon l’exposé des motifs du projet de loi modifiant le Code pénal, tous les pays de l’Uemoa sont régis par la Directive n°02/2015/CM/Uemoa du 02 juillet 2015 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Or, cette directive, dans la définition des infractions de financement, ne couvre pas tous les faits qui peuvent s’y rapporter conformément aux normes du GAFI (40 recommandations et 11 résultats immédiats). C’est pourquoi, lors de l’évaluation mutuelle du dispositif sénégalais de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, intervenue en 2017, ces insuffisances ont été relevées. La loi 2018-03 du 23 février 2018 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme étant une loi uniforme, l’on ne peut y toucher. Il convenait en conséquence de combler les insuffisances relevées en adoptant des dispositions législatives nouvelles au niveau national à travers une modification du Code pénal. Les faits à prendre en compte sont notamment les combattants terroristes étrangers ; le financement de voyages d’un terroriste ou d’un groupe terroriste à des fins de terrorisme ; l’organisation de voyages à des fins de terrorisme ; le financement d’un terroriste ou d’un groupe terroriste à toutes fins; le recel ou la non dénonciation de personne ayant commis un acte de terrorisme ou recherchée de ce fait par la justice ; la non-dénonciation d’un acte terroriste tenté ou consommé.
A noter également qu’avec la fusion de la loi n°2004-09 du 06 février 2004 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et la loi n°2009-16 du 02 mars 2009 relative au financement du terrorisme donnant naissance à la loi n°2018-03 du 23 février 2018 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, la référence à ces lois dans les dispositions contenues dans le Code pénal (articles 8 alinéa 2 et 279-4) ne se justifiait plus. D’où la nécessité des « corrections utiles ». Pour des soucis de cohérence, le délai de prescription fixé à 07 ans pour le blanchiment de capitaux est aussi retenu pour l’infraction de financement du terrorisme.
Piraterie maritime
Le projet de loi qui sera soumis aux députés vise également à réprimer les faits de piraterie maritime tels que spécifiés dans la Convention des Nations sur le droit de la mer du 10 décembre 1982. « Il est urgent d’adapter notre législation interne aux instruments internationaux ratifiés par le Sénégal notamment cette convention ». Si le Code de la Marine marchande en son article 675 prévoit l’infraction de piraterie maritime et y attache une peine, il n’en donne pas pour autant une définition assez explicite. Il convient ainsi de corriger cette imprécision, par l’élaboration d’un cadre juridique spécifiquement consacré à la répression de la piraterie. Il devra compléter la nouvelle loi, adoptée récemment et relative à l’encadrement de l’exercice de l’action de l’État en mer tout en donnant aussi compétence, aux juridictions sénégalaises pour connaître des faits de piraterie maritime conformément au droit international.
Association de malfaiteurs
L’autre objectif visé dans ce présent projet de loi, c’est de modifier l’article 238 du Code pénal qui prévoit l’infraction d’association de malfaiteurs, laquelle ne couvre que l’association ou l’entente établie en vue de préparer ou de commettre des crimes et délits contre les personnes ou les propriétés. « Pour prendre en compte les éléments de définition de la bande organisée prévue dans la Convention des Nations unies contre la criminalité organisée, il est proposé une réécriture qui aura le mérite de couvrir une palette assez large d’infractions », relève l’exposé des motifs.
CE QUI VA CHANGER
Le code pénal et le code de procédure pénale seront simultanément modifiés. C’est une décision du gouvernement qui compte introduire, ce 25 juin 2021, à l’Assemblée nationale un projet de loi qui sera examinée en procédure d’urgence par les députés
Le code pénal et le code de procédure pénale seront simultanément modifiés. C’est une décision du gouvernement qui compte introduire, ce vendredi, 25 juin 2021, à l’Assemblée nationale, un projet de loi qui sera examinée en procédure d’urgence par les députés. Déjà, l’opposition parlementaire crie au scandale. Elle parle de restriction des libertés, synonyme de recul démocratique. Pour les opposants, le pouvoir est dans une logique de confiscation des libertés démocratiques. « Ces modifications visent fondamentalement à assimiler l’exercice du droit de manifester à du terrorisme. Ceci est très grave et inacceptable », a déploré, sur les réseaux sociaux, Mamadou Lamine Diallo.
Son inquiétude, Mamadou Lamine Diallo la partage avec le professeur Ngouda Mboup, à propos du nouvel article 90-16 du Code de procédure pénale devant être voté demain en procédure d’urgence : « La décision d’interception n’est susceptible d’aucun recours. Même si nos communications sont interceptées, la loi ne nous donne plus le droit de former un recours. Il s’agit de l’instauration d’une justice d’exception à travers la surveillance de masse », a réagi le Constitutionnaliste.
Sur l’exposé des motifs de la loi, les initiateurs de la réforme évoquent d’autres motivations. Pour le pouvoir, il s’agit de se conformer avec les textes de l’ONU sur la lutte contre le terrorisme et la cybercriminalité. « Malgré la panoplie d’incriminations prises en compte dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et son financement, le droit positif sénégalais ne couvre toujours pas encore entièrement certaines problématiques majeures que posent les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment des résolutions 1373 (2001) et n°2178 (2014), et certains instruments internationaux ratifiés tels que la Convention des Nations unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982, la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme du 9 décembre 1999 et la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée du 15 novembre 2000 », expose le 1er chapitre de l’exposé des motifs de Loi.
Interrogé sur ce qui va se passer à l’Assemblée nationale, ce vendredi, le président du groupe parlementaire, Benno Bokk Yaakar (Bby) parle de conformité du code pénal avec les normes internationales. « En aucun cas, il ne s’agit de cibler un groupe, d’avoir des velléités pour contrecarrer qui que ce soit. Il s’agit simplement de mettre en place un dispositif, comme c’est demander dans tous les pays du monde. Ce sont surtout, des demandes de l’ONU, qui font que nous sommes obligés dans le cadre de la mise en application de nos lois par rapport à ces conventions internationales de changer le code pénal et conséquemment de changer le code de procédure pénale », a fait savoir Aymérou Gningue qui appelle à une lecture objective de la loi. « Tant qu’on parle français, vous ne verrez pas dans le code qu’on vise un quelconque groupe ou que l’on veuille restreindre la liberté des gens. Il s’agit tout simplement de lutter contre toutes les formes de terrorisme. Aujourd’hui, le terrorisme a des manifestations qui sont très vicieuses. Il y a la cybercriminalité et ce qu’on appelle les associations de malfaiteurs qui font mal à notre économie et celle mondiale. Il s’agit de mutualiser nos forces avec les autres du monde pour que nous arrivions à barrer la route à ce fléau », a déclaré le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakar.
par Tidiane Sow
CARNET DE COVID
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps – On découvrit pendant la pandémie que la globalisation n’était pas seulement économique. Allons-nous continuer à être juste un marché pour tous ceux qui ont quelque chose à vendre ?
#SilenceDuTemps - Souvenez-vous de la sorte de frénésie qui s’empara de notre pays lorsque le premier cas de Covid fût déclaré au Sénégal. On l’avait guetté depuis quelques jours déjà et enfin, j’allais dire, nous le tenions. On voulait, à l’instar des autres nations déjà touchées, nous y frotter nous aussi. L’appréhension était grande certes, mais il flottait un parfum de curiosité, celle d’avoir les mêmes problèmes que les grands du monde. Puis ce qu’on redoutait le plus arriva : notre premier mort de la Covid. Il y eut de la tristesse, mais aussi une grosse peur. La Covid n’avait pas emporté n’importe qui. C’était Pape Diouf, un illustre sénégalais.
Le président nous parla fréquemment en cette période de Covid. La peur s’était installée et tout le monde l’écoutait religieusement : couvre-feux, port de masque obligatoire, limitation de nombre de personnes dans les transports, fermeture des mosquées et autres lieux publics furent édictés sans que personne n’y trouvât à redire. Nos libertés furent drastiquement restreintes et nous, souvent prompts à rechigner pour un rien, nous conformâmes aux directives énoncées. Jamais cohésion nationale ne fut aussi totale. Il fallait se serrer les coudes face à l’ennemi commun ainsi désigné. Le président nous dit nous étions en guerre. Avant lui, un autre président, Macron l’avait également dit. Nous avions donc fini par les croire, au moins pour cette fois, car la réalité funèbre était là pour nous convaincre. On mourrait de la Covid. La peur était là palpable, même si personne n’avait connu la guerre. Cette pandémie supplantait soudain nos jacasseries quotidiennes qui se firent rares. Les rues se vidèrent, les langues se turent, les partis d’opposition enterrèrent la hache de guerre et presque tous - en dehors de quelques irréductibles - se rendirent au palais de la République rencontrer le président pour fumer le calumet de la paix. L’intérêt supérieur de la nation valait bien toutes les connivences.
Cette paix des braves dura pendant toute la première vague.
Durant cette période, le débat politique s’était rétréci. Ni la coalition majoritaire ni l’opposition ne parvinrent à l’animer. Les débats publics étaient accaparés par des faits divers : un petit génie porté « disparu » et une grosse ingénue portée « disparue » elle aussi, pour des raisons différentes, occupèrent le haut du pavé des débats. Pourtant les sujets d’importance ne manquaient pas, que ça soit le manque de lits à l’hôpital, le nombre réduit de respirateurs, l’insuffisance du personnel de santé, l’autosuffisance alimentaire, la sécurité sanitaire, l’employabilité des jeunes pour ne citer que ceux-là. Toute l’actualité nationale se résuma aux stratégies déployées contre la pandémie et qui pour l’essentiel reprenaient celles françaises. Les politiques de "chien crevé qui suit le fil de l’eau"* de nos différents gouvernements nous livrèrent complètement démunis face à l’ampleur du désastre qui s’annonçait. Il y eut bien des mesures d’accompagnement sociales, mais comme toujours, la réalité rattrapa les voeux initiaux. Les attributions de marché de riz, d’huile et autres denrées furent nébuleuses, la logistique peina à suivre. Ce tohu-bohu lézarda le silence des remontrances jusqu’alors tues. Des voix discordantes se firent entendre sur les erreurs de nos choix antérieurs. Il fut établi qu’il nous faudrait faire les choses autrement et différemment. Il y avait d’autres options possibles : Des TER et des stadium c‘était bien, mais des hôpitaux, des écoles et des vaccins c’était mieux. Les « petites personnes », telles que le personnel de santé, le corps enseignant, jusqu’alors remisés au dernier rang, se révélèrent essentielles.
- L’affaire Sonko-Adji Sarr, cygne noir qui jeta le pays au bord du précipice -
La globalisation libérale a accentué inexorablement les fractures partout dans le monde et notre Sénégal n’y a pas échappé. Avant la Covid les demandes sociales les plus pressantes étaient la justice et la lutte contre l’impunité. C’est cette injustice qui a été le terreau de la violence et la haine qui s’immiscent insidieusement dans notre société. Elles sont présentes partout, dans la rue, sur les plateaux télé.
Pendant la Covid, les inégalités se sont creusées. Les élites se sont éloignées davantage du peuple, s’engonçant de plus en plus profond dans leur entre soi. Le peuple « d’en bas », las de subir les couvre-feux et autres restrictions auxquels on le soumettait, laissa monter sa colère. L’affaire Sonko-Adji Sarr fut le « cygne noir » (évènement imprévu à fort impact) qui jeta le pays au bord du précipice. Les ingrédients du cocktail explosif étaient là. L’affaire fut le catalyseur qui mit le feu aux poudres. Le pays vécut des évènements d’une rare violence : des magasins furent pillés et pire, des vies furent perdues. La rue avait pris le pouvoir. Le système religieux vint à la rescousse d’un système politique en plein délitement et le sauva du tourbillon immédiat qui menaçait de l’emporter. Il est temps de changer, de revoir ces systèmes antiques qui ne correspondent plus à la réalité que nous vivons. Il ne s’agit plus de vitupérer des menaces et de jurer qu’on ne les y reprendrait plus, que de telles manifestations n’auraient plus lieu parce que les forces de l’ordre seraient équipées pour faire face, mais, plutôt de dire que les manifestations n’auraient plus lieu parce qu’on mettrait en place des politiques publiques adéquates qui satisferaient le peuple. Les partis politiques pour nombreux qu’ils soient (plus de 300), ne représentent plus les populations. Le peuple a fini par comprendre que ces organisations participent au maintien des injustices et inégalités en cours et qu’elles reproduiront ces mêmes tares s’il leur confiait la direction du pays. Il a fini par comprendre que ces partis sollicitaient leurs voix à la veille des élections pour mieux s’en détourner une fois celles-ci passées.
Aujourd’hui, il y a un vide pour ceux qui ne sont ni militants, ni inféodés aux partis politiques. Ils sont nombreux, ceux-là qui peinent à se mobiliser, qui savent pourtant fort bien les causes qui leur importent.
On découvrit que la globalisation n’était pas seulement économique, elle était également, entre autres, sanitaire, qu’on commettait l’erreur classique de ramener un sujet complexe multidimensionnel (la globalisation), en une représentation unidimensionnelle (l’économie). On pouvait avoir une croissance économique de 6% et ne pas disposer de lits d’hospitalisation qu’on pouvait être la sixième puissance mondiale et manquait de masques. Un virus déclaré en Chine et en un rien de temps, c’est tout le monde qui en pâtit socialement.
Nous africains, avions déjà été victimes d’un partage en zones d’influence lors de la conférence de Berlin en 1884 et nous, sénégalais n’avions pas, à ce jeu hérité des meilleurs « maîtres ». L’esprit qui prévalait en 1884, stipulait qu’ouvrir l’Afrique au commerce international serait la voie pour le développement de ses populations et les ferait avancer sur le chemin de la civilisation. On sait ce qu’il en est advenu. Nous voilà à l’aube d’un nouveau partage, celui de l’après-Covid, pouvons-nous nous-mêmes, choisir notre propre destin, au lieu de nous contenter de l’illusion d’avoir choisi notre maître ?
Allons-nous continuer à être ce que nous fûmes, à savoir juste un marché pour tous ceux qui ont quelque chose à vendre ?
Les Chinois et les Turcs ont déjà rejoint les Occidentaux pour prendre pied dans notre pays et exploiter nos ressources. Si on n’y prend garde, nous serons bientôt des étrangers dans notre propre pays.
Apprendrons-nous de nos erreurs ? Pas si sûr, si l’on se réfère à N. Thaleb qui nous dit que ce ne sera pas le cas, tant que ceux qui prendront les décisions ne seront pas obligés de payer pour les conséquences de leurs actes. Ceux qui prennent les décisions doivent savoir que les peuples en subissent les conséquences et qu’il est temps qu’ils soient attentifs à leurs actes à défaut d’en être responsables. [Qu’ils jouent leur peau sur les directives qu’ils édictent dirait Thaleb]**
Il ne faut pas qu’ils restent dans leur confort de vie que le TER circule ou pas. Qu‘un hôpital voit le jour ou pas. Il ne faut pas qu’ils se contentent de répéter des arguties dont ils ignorent le sens profond comme « la patrie avant le parti » ou « la République pour tous et par tous ». Il faut qu’ils les vivent.
Il me vient à l’esprit l’étrange épître de ce haut fonctionnaire bien bavard qui nous parlait de « République pour tous et par tous » alors qu’il était allongé dans un lit d’hôpital du Nord, bénéficiant de privilèges pour s’y soigner, alors que ses compatriotes mouraient en silence dans les hôpitaux de la République où il manquait de tout.
La pauvreté a été réduite en Chine grâce à la globalisation pensée par l’establishment libéral anglo-saxon. Quand ce système a fait son chemin et que les Américains se sont sentis menacés par le retour de bâton chinois, qui leur damait le pion sur nombre de marchés, ils ont fait ce que font les pays dominants : ils ont changé les règles. Mais à terme, il est entendu que le pouvoir migrera à l’Est. Ce n’est qu’une question de temps. Que prévoyons-nous dans ce nouveau contexte à venir ?
- Nous avons besoin d’hommes de caractère qui imposent l’action et en prennent les responsabilités -
Un nouvel ordre mondial est en train de naître. C’est quand la marée descend que l’on entrevoit les épaves, la pandémie a montré nos dépendances, nos manques et les limites de cette stratégie « Queilliste » qui nous colle obstinément à la peau et qui consiste à attendre que le temps qui passe règle les problèmes.
Ce monde de demain sera à « qui risquera le plus, prendra plus fermement son risque », comme disait Bernanos ou encore comme disait St Matthieu « qui veut risquer sa vie la sauvera », nous voilà donc contraints de prendre des risques pour sauver nos vies. Le monde n’est pas altruiste et chacun y joue l’hymne embouché naguère par Trump : le fameux « Nous d’abord ». Pourtant, cet hymne est présent dans presque toutes nos cultures : Ne dit–on pas « Sama bopp moma gënël du bañ na là » en wolof ou « Yidande hoore mum wonaa anande banndum » en pulaar ?*** L’Europe garde ses vaccins pour elle-même. L’Amérique en fait de même pour les composants de ses vaccins. Chacun veut sauver sa peau. Là encore St Matthieu nous avertit : « ceux qui veulent sauver leur vie la perdront ». Notre monde se meurt par manque de solidarité.
Comme disait B. Brecht « malheureux le pays qui a besoin d‘un chef ». En ces temps troubles et d’incertitude, nous avons hélas bien besoin de chefs. Il nous faut de grands hommes pour préparer l’après-Coronavirus. On ne fait rien de grand sans de grands hommes. Industrialiser le Sénégal, se doter d’une industrie pharmaceutique digne de ce nom capable de produire des médicaments, réorienter l’enseignement pour produire des hommes capables de faire face aux défis de demain. Tels sont, quelques-uns des défis qui nous attendent. Nous avons besoin d’hommes de caractère qui imposent l’action et en prennent les responsabilités.
Après la Covid, nous voyons bien que nous devons nous investir dans des secteurs stratégiques laissés à l’abandon ou aux mains de capitaux exclusivement étrangers. La santé est un secteur prioritaire. La pandémie a mis à nu nos tares. Nous dépendons de l’étranger de tout. Nous le savions dans une certaine mesure, mais pas à ce point. Même la nourriture que nous mangeons provient de l’étranger. Il nous faut assurer pour de vrai, au plus vite l’autosuffisance alimentaire et la sécurité sanitaire. Les pays qui nous fournissaient jusqu’alors des céréales et masquaient ainsi, notre insuffisance dans notre production, ont arrêté brutalement leurs exportations pour la réserver à leur propre population. Cette fois, il ne suffira plus de parler d’autosuffisance, mais de la réaliser. L’absence d’actions ne résoudra pas le problème et les conséquences seront désastreuses (famine, déstabilisation du pouvoir, etc.). Avant les difficultés ne concernaient que le peuple. On s’en accommodait. Maintenant les difficultés touchent tout le monde, élite comprise.
Dans un monde qui se recompose en pôles, avons-nous une place à faire valoir ? Une histoire à raconter ? Pas une histoire construite par d’autres, mais par nous-mêmes. Nous devons construire cette histoire en répondant de façon opérationnelle aux questions stratégiques qui se posent à nous. Nous devons faire taire la violence verbale présente dans tous les secteurs et recréer un sentiment de destin commun qui s’est effrité au cours de ces dernières années. Faire taire la violence des idées néolibérales qui ne nous ont jamais servis. Nous n’aurons jamais profité des délocalisations industrielles nées des idées néolibérales d’il y a 40 ans. Elles prirent le chemin de la Chine et du Sud-est asiatique avant que ces derniers ne deviennent à leur tour des envahisseurs capitalistes de notre continent. Qu’importe l’envahisseur – le prédateur devrais-je dire -, nous en subissons toujours les contrecoups Nous importons presque tout, nous ne produisons presque rien. Nous, précarré français, incapables de prendre notre destin en main, rétifs à nous affranchir de sa tutelle, tenus à l’écart par une françafrique dont le but ultime est de nous maintenir sous le joug néocolonial, subissons aujourd’hui les assauts des nouveaux capitalistes chinois, turcs et autres…
- Redistribuer les priorités, relever la démocratie et restaurer l’idée d’un destin commun -
Dans le monde de demain, nous devons restaurer et afficher les grandes ambitions que nous avons pour le Sénégal. Le PSE a été flingué en grande partie en plein vol par la crise sanitaire. Il faudra, comme je le disais plus haut, redistribuer les priorités, restaurer l’idée d’un destin commun, car le Sénégal est de plus en plus miné par des relents ethnicistes qui ne présagent rien de bon. Ces divisions, attisées par des pseudos élites à courte vue, laissent des stigmates de plus en plus profonds dans notre vivre en commun, socle fondamental sans lequel le destin commun ne saurait éclore. Lincoln disait « toute maison divisée contre elle-même est condamnée à périr ». L’Afrique s’est délitée par manque de cohésion, certes orchestrée par les anciens colonisateurs, mais aujourd’hui notre pays en prend le chemin. Certains de ses propres fils, avides de buzz, désireux de sortir du néant, y organisent impunément le chaos. Nous savons combien la tâche est difficile de recoller les morceaux cassés. Si nos chefs religieux exhortent et s’emploient à raffermir cette cohésion qui va à vau-l’eau, les réseaux sociaux comme moyens de communication tendent à en favoriser les éclatements.
- Il nous faut retrouver la philosophie robuste des assises nationales -
Pour inventer le monde de demain, il nous faut des leaders capables de : prendre des décisions qui mettent en avant l’intérêt de la nation ; poser des actes qui remplacent les slogans faciles à tenir ; s’entourer de femmes et d’hommes capables de porter des projets qui ne soient pas des éléphants blancs. Il nous faut des hommes capables de faire vibrer la corde nationale, de répondre en écho aux clameurs du peuple qui souffre et demande de l’aide. Bref, il nous faut des inventeurs. Il nous faut retrouver la philosophie robuste des assises nationales dissolue depuis longtemps dans l’irénisme de la majorité politicienne.
Avec une croissance démographique qui dépasse la croissance économique, une urbanisation rapide et une gestion des terres et des ressources qui exclut de plus en plus de nationaux, les challenges futurs ne manquent pas. Les capacités de résilience de l’État seront mises à rude épreuve, l’impossibilité des partis de gagner seuls les élections leur imposera de gouverner ensemble rendant les gouvernances plus complexes. Pour juguler les vagues d’activisme et de protestations qui ne manqueront pas de poindre, il faudra consolider la démocratie en améliorant les deux points sur lesquels nous achoppons dans tous les audits : le maintien d’un processus politique juste, inclusif, équitable et la bonne gouvernance.
Pour restaurer la confiance du public largement entamée, il faudra s’attaquer à tous les sujets qui le préoccupent en même temps, sur tous les fronts pour que tous les changements répondent les uns aux autres, pour qu’il y ait une masse critique de changements qui entraînent toute la société, qui lui impriment une autre trajectoire. Tel est le challenge.
Quand un pays est incapable de traiter ses problèmes vitaux, il se désintègre, alors, c’est la porte ouverte aux populistes et aventuristes de tous bords qui en profitent pour prendre pied. Il faudrait que le pays puisse susciter en lui une révolution qui transcende ses problèmes. C’est en cela qu’il nous faut des inventeurs pour réussir la métamorphose.
C. Tidiane Sow est docteur en Mathématiques et coach en communication politique. Il a travaillé pour les grands groupes internationaux tels que Renault, Standard Bank et IBM. Dr Sow est membre-fondateur de Lead Consulting, firme spécialisée dans le coaching et le développement du leadership.
Notes :
*A. Tardieu : Politique de « chien crevé qui suit le fil de l’eau » : politique flottante au gré de tous les courants
**Nassim Nicholas Thaleb : « Ceux qui ne jouent pas leur peau »
*** Proverbe sénégalais : « Vouloir quelque chose pour soi, ce n’est pas ne pas le vouloir pour son prochain ». Une sorte de négation du tiers exclus.
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LE MÂLE NOIR ET SA QUÊTE DANS L'AMOUR
EXCLUSIF SENEPLUS - El Hadj Souleymane Gassama alias Elgas invite les lecteurs à découvrir son deuxième ouvrage, Mâle Noir, roman paru aux Éditions Ovadia dans lequel il navigue dans les eaux incertaines de l'amour
Le roman Mâle Noir est le premier guest-star de cette rubrique Les Notes des écrits. L'auteur Elgas, éditorialiste à SenePlus vient de publier ce roman aux Éditions Ovadia, son deuxième ouvrage après Un Dieu et des moeurs. Le livre évoque la problématique de l'Homme noir à travers l'amour.
Elgas était à Dakar le 23 juin pour la séance de dédicace de cette oeuvre, témoignage d'un auteur qui entend explorer tous les genres littéraires.
par Jean Pierre Corréa
CHRONIQUE DU TEMPS PERDU
Que nous reste-t-il de l’esprit du 23 juin ? L’apathie relative du peuple est trompeuse et il regarde le spectacle politique comme blasé, parce que n’ayant pas généré cette rupture et ce si bel espoir de « la patrie avant le parti »
23 Juin 2011-23 Juin 2021… Déjà 10 ans…Le 23 juin 2011 a marqué l’Histoire de notre Sénégal, rebattu les cartes que les hommes et femmes politiques avaient habitude de manipuler et de distribuer, et bouleversé le sentiment et les engagements citoyens de nos compatriotes, leur faisant brutalement prendre conscience de leur si important pouvoir. Nous avons collectivement découvert que la démocratie était populaire, ce qui tout compte fait, a les allures rafraîchissantes d’un pléonasme.
En ces jours de juin 2011 socialement caniculaires, les Sénégalais ont partagé la certitude que ce pays avait en son tréfonds des formidables capacités d’endurance, et avait encore envie d’espérer et de croire au combat du bien-être et du développement…et de la dignité. La célébration de ce 23 juin a été timide et d’ailleurs, comme pour établir en effet miroir la première anicroche à l’esprit du 23 juin, avait eu lieu déjà en 2017, pour avoir libéré Karim Wade qui avait été au cœur du « Jengu » populaire un 23 juin, en disait déjà long sur la relative conscience qu’avait encore la coalition au pouvoir de ce qui avait alors tant contribué à sa victoire de 2012. Nous avions attribué cette maldonne à une simple faute de goût, dont on sait qu’elle est souvent pire qu’un crime. Que ceux qui sont encore dans les « vapeurs » du M23 actuel, phagocytés par les sucettes du pouvoir, incapables de se prononcer avec courage contre un possiblement funeste 3ème mandat, organisent un rassemblement sans ferveur populaire, mais plein de calculs opportunistes et acrobatiques, prouvent à l’envi que Mamadou Diop est mort pour rien.
Alors que nous reste-t-il de « l’esprit du 23 juin » ? Cet « esprit » s’était dissipé et avait disséminé dans chaque individu, un refus de l’arrogance des hommes au pouvoir, un rejet de la partisanerie et des coteries, un dégoût pour les revirements opportunistes et les recyclages en toute honte bue. Alors, le verbe, même affublé d’effets de menton, ne suffira pas. L’éloquence et le verbe hypnotisant de Wade s’étaient même heurtés à « l’esprit du 23 juin » … Les discours incantatoires et la communication en 3D ne suffirent pas. Ce que le peuple a exigé le 23 juin 2011 n’a pas disparu. Il sait ce qu’il veut, le peuple. Les « trains futuristes », les « projets hollywoodiens de Diamniadio en 3D », les TER, les BRT, tout ça, il connaît, il sait que c’est possible, il le voit partout dans le monde à travers les tablettes et smartphones connectés. Il n’en rêve même plus. Le peuple, ce qu’il veut voir, c’est si ses épidermiques exigences de 2011, et qui s’appelaient rupture, dignité retrouvée, respect, humilité, combat pour éradiquer la pauvreté, besoins d’éducation, de formation et de rêves à vivre sont encore à l’esprit des gens qui nous gouvernent. L’esprit est encore vivace et déterminé et il se tient encore incandescent au cœur des préoccupations des Sénégalais qui souhaitent toujours que ces préoccupations soient aussi celles des hommes politiques que le 23 juin avait projetés, voire catapultés, ébahis au sommet du pouvoir.
Alors, « esprit, es-tu là » ? L’apathie relative du peuple est trompeuse et il regarde le spectacle politique comme blasé, parce que n’ayant pas généré cette fameuse rupture et ce si bel espoir de « la patrie avant le parti », gravement écorchés par les querelles intestines des « républicains » et leur indécente boulimie foncière. La Place Soweto est peuplée de fantômes… Cela fait désordre sur l’esprit du 23 juin… Le jeu politicien qui nous est offert pourrait gratouiller l’épiderme sensible d’un peuple qui est au bout du…bout… L’addition déposée avec violence par une jeunesse désespérée au mois de mars dernier nous a projetés au bord du gouffre… Pourvu que le « pas en avant » promis par le Yonnu Yokkuté ne nous précipite pas… au fond du gouffre.
À bon entendeur…
PAR Philippe D'Almaeida
ÉCO, L'ERRANCE SANS FIN
Samedi dernier, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont confirmé, si besoin en était encore, que la monnaie unique commune est une Arlésienne, juste bonne à nourrir les fantasmes d’une communauté embourbée dans ses contradictions
Samedi dernier, les chefs d’Etat de la CEDEAO, réunis en sommet, ont confirmé, si besoin en était encore, que la monnaie unique commune est une Arlésienne, juste bonne à nourrir les fantasmes d’une communauté embourbée dans ses différences nationales, dans ses contradictions communautaires et dans son impuissance à faire des options monétaires souveraines, depuis plusieurs décennies.
Le président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, a, en effet, annoncé à Accra la mise en place d’une nouvelle feuille de route pour accélérer le processus d'instauration de la monnaie unique, éco, au terme du 59e Sommet ordinaire tenu dans son pays.
Le pacte de convergence qui avait été officiellement suspendu, pour cause de coronavirus en 2020, va reprendre entre 2022 et 2026. Et c’est finalement en 2027 que la nouvelle monnaie va entrer en vigueur.
Autre paramètre qui a prévalu au report du lancement de la monnaie, selon le président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou : le naïra - la monnaie du Nigeria, première économie d'Afrique de l'Ouest - a un taux de change flottant, tandis que huit autres pays de la région utilisent le franc CFA arrimé à l'euro et il se trouve qu’en cette période-ci, le Nigeria a une forte inflation à deux chiffres, alors que le BCEAO se bat pour la maintenir à 3 %.
Voilà pour les informations officielles qui ne réussissent, hélas pas, à convaincre les observateurs de cet interminable processus d’intégration économique et monétaire initié par les quinze pays de la CEDEAO, au début des années 80. Multiples péripéties jusqu’en 2001 où la CEDEAO adopte le mécanisme de surveillance multilatérale des politiques économiques et financières des Etats membres. Objectif : le respect d’un ensemble de critères de convergence macroéconomiques, susceptibles de contribuer à homogénéiser les économies de la région. Première pierre d’achoppement de la marche de chacun des Etats vers la monnaie unique commune.
En effet, après trois reports successifs, en 2003, 2005 et 2009, les autorités ouest-africaines renoncent finalement, en juillet 2014, à lancer l’éco en janvier 2015 au sein de la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest, tel que préalablement retenu. La raison évoquée est le niveau insuffisant de préparation et de convergence économique au sein de la ZMAO, la Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest, qui compte six pays : le Ghana avec son cedi ; la Gambie avec son dalasi ; le Liberia avec son dollar libérien ; le Nigeria avec son naïra ; la Sierra Leone avec son leone ; la Guinée avec son franc guinéen.
Il faut rappeler que ces critères de convergence, dits de premier rang, avant 2020, consistent en un déficit budgétaire limité à 3 % du PIB, une inflation à 10 % maximum et une dette inférieure à 70 % du PIB.
En 2017, à l’issue du sommet d’Abuja, les gouvernements déplorent alors, dans leur communiqué final, ‘’le faible niveau du taux d’intégration économique, après plus de 40 ans d’existence de la CEDEAO’’.
On pourrait prendre l’option d’en sourire, mais la réalité est depuis longtemps criarde d’une Afrique qui peine à s’entendre autour des solutions déterminantes pour son développement économique et qui excuse ses faillites par les immixtions imaginaires dont elle se veut victime, pour justifier sa paralysie.
Fin 2019, le Togo, seul, semble tirer son épingle du jeu et respecte les fameux critères de convergence. Néanmoins, les chefs d’Etat de la CEDEAO adoptent le symbole de l’éco et le futur nom de la Banque centrale qui sera la BCAO. On sait les controverses auxquelles prêtera la simple dénomination de l’éco, monnaie à parité fixe arrimée à l’euro et garanti par la France et la volée de bois vert qu’essuiera Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, pour avoir donné l’information non-consensuelle aux côtés du français Macron. Un certain nombre de pays dont le Nigeria et le Ghana y voient tout sauf une monnaie indépendante.
La question semble alors remisée dans l’un de ces interminables tiroirs remplis des bons vœux de la conscience des dirigeants africains tout au long de l’histoire ; la crise sanitaire de l’année dernière viendra comme confirmer cette fatalité.
La monnaie unique annoncée pour 2020 est désormais conjuguée au passé et les africanistes étaient censés en faire leur deuil jusqu’à ce que, à la faveur du week-end dont nous sortons, la voix d’outre-tombe de l’éco vienne nous dire qu’elle n’est peut-être pas tout à fait morte et qu’elle intéressait à nouveau le désir de souveraineté et d’indépendance des dirigeants ouest-africains.
"Nous avons une nouvelle feuille de route et un nouveau pacte de convergence qui couvrira la période entre 2022 et 2026, et 2027 sera l'année de lancement de l'éco", a fièrement annoncé le président ghanéen le 19 juin 2021. Mais il ne réussit pas à nous dire comment il y arrivera, alors même que les taux d’inflation sont disparates, que dans la majorité des pays concernés, les taux d’intérêt sont inférieurs au taux d’inflation, ce qui devrait être le contraire et que dans un pays comme le Nigeria, ce taux d’inflation est de 10 % et risque, pendant longtemps encore, en l’absence d’une politique ferme et volontariste, de ne point changer. Arlésienne formatée, visiblement, plus dans un manque de lucidité que de bonne foi.
Mais attendons ! 2017 ce n’est pas les calendes grecques.