KEEMTAAN GI - DESSINE-MOI UN MAIRE
C’est quoi être maire dans ce pays de paradoxe ? Petite tentative de présentation. Beaucoup d’entre eux sont des marchands d’illusions. En langage moins diplomatique et plus civilisé, des bonimenteurs. Ils promettent, vous dessinent un avenir meilleur. Vous présentent une commune futuriste avec toutes les commodités. De préférence un stade multifonctionnel, des centres de santé ou des marchés modernes. Les plus téméraires font même rêver une jeunesse désœuvrée en leur garantissant des milliers d’emplois. Cinq ans après leur mandat, ils reviendront vous tenir le même discours. Leur bilan pourrait se résumer à la transformation de leur commune en souks. S’ils ne sont pas à couteaux tirés avec leurs administrés pour quelques lopins de terre vendus à des prometteurs. Le terrain en question, c’était celui destiné à la construction du stade ou du centre de santé. Sur le registre du social, ils distribueront quelques misérables sommes à des retraités et indigents lors des différentes fêtes religieuses et viendront s’en glorifier. Aucune idée prospective pour dénicher des partenaires ou s’atteler au développement véritable de leur commune. Ça dépasse leur vision… Ils sont plutôt en savates attendant la subvention de l’Etat et les taxes de la municipalité pour s’enrichir. Et depuis quelque temps, ils sont nombreux à faire acte de candidature pour la mairie de leur patelin. Parmi eux, ministres, députés, directeurs de société publiques et professionnels de la politique. Bien entendu, pour faire l’unanimité autour d’eux, ils promettent, organisent des rassemblements et font montre d’une certaine libéralité. D’importantes sommes d’argent sont ainsi dépensées. Comme s’il suffisait d’être maire pour changer le visage de son quartier. Là réside la grande escroquerie. La mairie, c’est plutôt l’antichambre de leurs futures rapines. Beaucoup d’entre eux n’étant animés d’aucune idée de développement ou de construction d’une jeunesse saine. Dans leur programme justement, ils ne sortiront jamais le projet d’une bibliothèque. Mais, ils sont prêts à financer un jeu de « Simb » KACCOOR BI
ATTENTAT NUMERIQUE CONTRE BOUGAZELLI LA CHASSE A L’HOMME DECLENCHEE !
Depuis quelques jours, l’ex député Seydina Fall alias Bougazelli est victime d’un lâche attentat…numérique. Car des personnes encagoulées ont piqué la pièce à conviction (vidéo) de son arrestation par la gendarmerie pour la balancer sur les réseaux sociaux. Une bombe qui a fait vaciller sa vie sociale et politique. Pour tenter de laver l’affront, Seydina Fall alias Bougazelli avait juré qu’il allait déposer une plainte contre l’auteur de cet attentat « kacc kacci ». Toujours est-il que « Le Témoin » a appris que la gendarmerie s’est dotée de tous les voies et moyens pour identifier et localiser l’auteur de la fuite de cette vidéo. Sans oublier le renfort des services de renseignements de la Police. Donc une véritable opération « numérique » conjointe pour une chasse à l’homme numérique. En tout cas, l’opération ne sera pas une promenade de santé. Il est vrai qu’en matière d’investigations criminelles, la Gendarmerie et la Police ont toujours fait leurs preuves. Mais cette fois-ci, il y aura de quoi les mettre à l’épreuve. Pour preuve, « Le Témoin » a appris que la vidéo aura été transportée dans une clé-Usb et postée à l’étranger c’est-à-dire hors du continent africain. Vrai ou faux ? En tout cas, dés les premières minutes de la diffusion, l’activiste sénégalais Ousmane Tounkara établi aux Usa a revendiqué dans ses lives cet attentat numérique contre Seydina Fall alias Bougazelli. Est-ce une façon de brouiller les pistes ? De toute façon, impossible n’est pas la gendarmerie de l’ère Moussa Fall.
VILLE DE THIES «DOOLEL DINE TALHAWOU THIES» INVESTIT MAODO MALICK MBAYE
Fidèle parmi les fidèles du président Macky Sall, le directeur général de l’Anamo, l’honorable Maodo Malick Mbaye est l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Pour preuve, le mouvement religieux « Doolel Diné Talhawou Thiés » a investi Maodo Malick Mbaye, haut responsable Apr-Thiès comme candidat à l’hôtel de Ville de Thiés. Regroupant des leaders religieux islamologues, Oustaz, Imams, Chanteurs et prédicateurs religieux, le mouvement « Doolel Diné Talhawou Thiès » l’a fait savoir dans un communiqué reçu au « Témoin » quotidien « Nous avons décidé de ne pas être passifs face à cette situation car l’avenir de la ville de Thiès nous interpelle en premier au regard de notre statut. Nous nous sommes engagés à être des acteurs potentiels de premier rang. Conscients que tout ce qui se fait sans toi se fait contre toi. Par conséquent, nous avons fait une radioscopie de la situation politique à Thiès, son devenir et avons étudié en profondeur toutes les candidatures potentielles au poste de Maire de la ville de Thiès. De cette étude minutieuse, il est apparu que M. Maodo Malick Mbaye présente le meilleur profil pour être le prochain premier magistrat de notre chère ville » lit-on.
VILLE DE THIES «DOOLEL DINE TALHAWOU THIES» INVESTIT MAODO MALICK MBAYE (BIS)
Pour « Doolel Diné Talhawou Thiés », sa position se fonde sur des bases et données réelles très visibles sur le terrain nées des actions de Maodo Malick Mbaye dans tous les secteurs à Thiès mais plus particulièrement chez les religieux et ceci depuis 2005 donc bien avant son engagement en politique. Voici quelques-unes des actions de Maodo Malick. Par conséquent, nous mobiliserons toutes nos énergies, nos moyens pour vulgariser ce choix porté sur lui partout où besoin sera « En outre, nous demandons solennellement à son Excellence Macky Sall, président de Bby de bien vouloir donner suite à notre demande. Nous saisissons également cette occasion pour décerner un satisfecit total au Président de la République pour les innombrables efforts fournis chaque jour pour mettre définitivement le pays sur les rails de l’Emergence » magnifient les membres dans un communiqué.
MAIRIE DE PODOR RACINE SY INVESTI PAR LES JEUNES
Le Président du mouvement Alsar Mamadou Racine Sy s’est déployé à Podor après une absence due à la pandémie de la Covid-19 et la perte d’êtres chers survenue ces derniers temps selon DakarActu. L’icône du secteur privé a saisi l’occasion pour effectuer plusieurs visites et présenter ses condoléances à des familles ayant perdu des proches. Par ailleurs, il a mis à profit ce séjour pour remettre des financements aux jeunes des quartiers de Sinthiane et Bir Podor à hauteur de plusieurs millions. S’inscrivant dans sa logique de rendre autonomes les jeunes et les femmes, l’ensemble des quartiers ont pu bénéficier de ses largesses pour restaurer l’équité parmi ces deux couches vulnérables. Le programme Xeyu Ndaw Gni n’a pas été en reste surtout que c’est l’une des préoccupations majeures du Chef de l’État. Les jeunes de Podor ont à leur tour investi Racine Sy comme candidat, convaincus qu’il présente le meilleur profil pour la mairie de la ville. Racine Sy a pu décliner ainsi sa vision et son ambition pour Podor sous tendue plus par un devoir de mémoire que par tout autre motif. Il a ensuite lancé un vibrant appel à de larges concertations pour la mise en place d’une grande coalition. Cette démarche répond en écho à l’appel de Son Excellence le Président Macky Sall lors de sa dernière visite en vue d’une victoire éclatante aux prochaines échéances locales de la majorité présidentielle.
AGEROUTE INTERVENTION SOLLICITEE A LA ZONE INDUSTRIELLE DE MBAO
Les usagers à hauteur de la zone industrielle de Mbao souffrent énormément de la dégradation de la chaussée à cette hauteur. L’endroit sur la route nationale très fréquenté est un bas-fonds qui stocke en permanence l’eau pluviale qui a fini de créer d’énormes trous rendant le passage difficile des véhicules. Les embouteillages sont devenus récurrents puisqu’ils débutent jusqu’à Keur Mbaye Fall. La direction régionale de Dakar de l’Ageroute doit intervenir rapidement pour soulager les utilisateurs de ce tronçon très fréquenté pendant toute la journée. Certainement le boss Ibrahima Ndiaye qui abat un travail salué de tout le monde surtout avec les échangeurs de Dakar qui ont beaucoup participé à la fluidité de la circulation dans la capitale n’est pas informé d’une telle situation. Mais l’urgence est signalée au niveau de l’entrée de la zone industrielle de Mbao.
TRANSPORT AERIEN LEVEE DES RESTRICTIONS D’ENTREE POUR LES PAYS DE L’UE !
Le Sénégal a levé les restrictions d’entrée sur son territoire pour les citoyens des pays membres de l’Union européenne (Ue). L’État du Sénégal autorise les ressortissants des États membres de l’Union européenne à voyager à destination du Sénégal sans conditions particulières, avec toutefois, l’exigence d’un test PCR négatif de moins de 05 jours pour entrer sur le territoire sénégalais, informe un communiqué de l’Agence sénégalaise de promotion touristique (Aspt). Cette nouvelle disposition abroge et remplace une circulaire du 14 juillet 2020, qui exigeait des ressortissants des États membres de l’Union européenne de se faire délivrer une autorisation spéciale d’embarquer (ASE) ou de justifier d’un motif impérieux pour se rendre au Sénégal. L’ASE doit être délivrée par la représentation diplomatique sénégalaise se trouvant dans leur pays de départ.
AERE LAO OU APIX MOUNTAGA SY APPELE A FAIRE UN CHOIX
Mbaye Khouma Sylla consultant sénior pense qu’« il y a des postes qu’on ne peut mélanger avec d’autres fonctions. Vous ne pouvez pas être directeur général et être maire. Mountaga Sy est maire d’Aéré Lao et Dg de l’APIX. Il faut qu’une des fonctions soit morte. Soit c’est la mairie d’Aéré Lao qui meurt ou celle de Dg. On ne peut pas faire les deux, ce n’est pas possible. Il faut qu’on sort de la politisation de certaines fonctions ». « La fonction de DG de l’APIX est hautement technique qui ne donne aucune autre fenêtre de temps pour faire autre chose. D’ailleurs dans beaucoup de pays, les grands travaux ne sont pas avec la promotion des investissements. Ce sont deux métiers différents. Je n’ai pas défendu cette idée quand j’étais avec Aminata Niane par loyauté. D’ailleurs Me Wade et Idrissa Seck ont failli séparer l’APIX des grands travaux dès 2002 en faisant promotion des investissements à part et grands travaux à part comme en Côte, en Gabon. Si vous faites les deux, vous êtes obligé en un moment de faire un choix dans la priorité. Garder de grands travaux comme le projet du TER, cela ne donne pas du temps pour faire de la promotion des investissements » souligne l’ancien directeur du Marketing de l’Apix du temps d’Aminata Niane
LES RESSORTISSANTS DE L'UE EXEMPTES DES RESTRICTIONS COVID
Dakar, 21 sept (APS) - Le Sénégal a levé les restrictions d’entrée dans son territoire pour les citoyens des pays membres de l’Union européenne (UE), a rappelé mardi l’Agence sénégalaise de promotion touristique (ASPT).
"L’État du Sénégal autorise les ressortissants des États membres de l’Union européenne à voyager à destination du Sénégal sans conditions particulières", affirme un communiqué de l’ASPT.
Selon le texte, les ressortissants des pays membres de l’UE doivent toutefois se munir d’un test PCR négatif de moins de cinq jours pour entrer dans le territoire sénégalais.
Cette nouvelle disposition abroge et remplace une circulaire du 14 juillet 2020, qui exigeait des ressortissants des États membres de l’Union européenne de se faire délivrer une autorisation spéciale d’embarquer (ASE) ou de justifier d’un motif impérieux pour se rendre au Sénégal.
L’ASE doit être délivrée par la représentation diplomatique sénégalaise se trouvant dans leur pays de départ.
Dakar avait décidé d’appliquer la réciprocité vis-à-vis de l’UE après que ses États membres ont décidé de garder fermées leurs frontières aux voyageurs en provenance du Sénégal, afin d’éviter la propagation du coronavirus.
LE COVID RAPPÉ, CORVO PHENOMENO EN GUERRE CONTRE LA PANDÉMIE
Après avoir réalisé plusieurs singles, la semaine dernière, le jeune artiste a sorti un clip intitulé «Brefing». Ce clip porte sur la crise sanitaire que traverse le monde depuis deux ans pour contribuer à faire passer le message de prévention
Lentement mais sûrement Corvo phenomeno, le jeune pouce de la scène musicale sénégalaise, trace son chemin vers le succès. Après avoir réalisé plusieurs singles, la semaine dernière, le jeune artiste a sorti un clip intitulé «Brefing». Ce clip porte sur la crise sanitaire que traverse le monde depuis deux ans.
Ibrahima Mbaye alias Corvo Phenomeno a pour objectif de sensibiliser les Sénégalais pour qu’ils continuent de respecter les gestes barrières dans un contexte où le relâchement s’observe très clairement. Corvo Phenomeno espère aussi à travers son "Briefing" réussir à faire changer d’avis éventuellement les corona-sceptiques qui se nourrissent de théorie du complot sur la Covid-19. Regardez le clip.
La dernière enquête sur les conditions de vie des ménages sénégalais a pris pour référence un document de l’Ansd daté de 2011, pour montrer le recul de la pauvreté en 10 ans. Cependant, la lecture du document en question tendrait à faire croire que la pauvreté a reculé non de 5% comme le dit l’Ansd, mais de 10%. Ce qui incite à se demander à quel document de l’Ansd se fier.
L’Ansd, dans son Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages au Sénégal (Ehcvm), qui a fait beaucoup de bruit dernièrement, a déclaré que le nombre de pauvres a augmenté de 200 mille individus au Sénégal, entre 2011 et 2019, même si la population a cru encore plus.
Mettant à contribution la Deuxième enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal (Esps II) produite par elle en 2011, cette institution a affirmé dans son Ehcvm que «comparativement à l’Esps-II, les résultats de l’enquête Ehcvm indiquent qu’au niveau national, le taux de pauvreté a baissé de 5 points de pourcentage entre 2011 et 2018/2019 pour se situer à 37,8%».
Le document précise de manière comparative que «le taux de pauvreté monétaire est estimé à 37,8% en 2018/2019, soit une baisse du niveau de pauvreté de cinq points par rapport à 2011 (42,8%) à l’issue des travaux de raccordement. Malgré cette baisse du taux de pauvreté, le nombre de pauvres a augmenté au Sénégal (5 832 008 en 2011 contre 6 032 379 en 2018)». On sait que c’est cette affirmation sur l’augmentation du nombre de pauvres qui a fait débat, quand le ministre de l’Economie, de la coopération et du Plan, Amadou Hott, s’est permis de donner sa lecture de ces chiffres, pour affirmer que, contrairement à ce qui était compris, le taux de pauvreté avait fortement reculé au Sénégal du fait d’un bond démographique. Mais là n’est pas la question.
Taux de pauvreté en 2011, 46,7%
Quand on revisite l’Esps II, sur le site internet de l’Ansd, on se rend compte que les données présentées par l’Ehcvm comme étant tirées de l’Esps II ne sont pas conformes à celles qui sont dans ledit document. Car à la page 15 de ce document de 2011, il est indiqué ceci : «L’incidence de la pauvreté monétaire est estimée à 46,7% en 2011. Les estimations montrent des disparités de niveaux de pauvreté selon le milieu de résidence. En effet, la pauvreté est plus élevée en zone rurale avec une proportion de 57,1% contre 41,2% dans les autres zones urbaines et 26,1% à Dakar.
L’Esps-II a estimé la pauvreté subjective en demandant aux ménages de se prononcer sur leur propre appréciation par rapport à leurs conditions de vie. Les résultats montrent que 48,6% des ménages s’estiment pauvres. Les taux de pauvreté subjective et monétaire ne s’écartent pas trop et sont dans les mêmes intervalles de confiance car le taux de pauvreté monétaire est estimé à 46,7%.» Si l’on tient compte de ces chiffres de l’Esps II, ce n’est pas 5% de recul que la pauvreté aura connu au Sénégal, mais plutôt environ 10% ! En dépit, ou même surtout, du fait de la grande confiance que l’on accorde à l’Ansd et à ses analyses, on ne peut que se demander comment une telle dichotomie peut se produire. Est-ce à dire que les rédacteurs de l’Enquête harmonisée n’ont pas consulté les documents de 2011 ? Ou alors, celles-ci avaient été corrigées, mais n’avaient pas été portées à la connaissance du public ?
Tout le monde voudrait bien croire Amadou Hott, le ministre de tutelle, qui a affirmé quelques jours plus tard, que les chiffres de l’Ansd «sont béton». Mais il reste à savoir de quels chiffres il parle. De ceux de 2011 ou de ceux publiés en 2021… Prenons les dépenses des ménages et des individus. L’Esps affirme : «En moyenne, un individu du quintile le plus riche a dépensé 367 542 F Cfa au cours de cette année, alors que dans la même période, celui du quintile le plus pauvre n’a pu dépenser que 157 756 F Cfa, soit un ratio de près d’un tiers au détriment des plus pauvres.» Les mêmes données, dans l’Ehcvm, analysant les chiffres de 2011, disent ceci : Le premier décile (le plus pauvre) aura dépensé en une année 121 334 F Cfa, et le dernier décile, 1 258 092 F Cfa. D’autres incohérences existent sur d’autres données, mais Le Quotidien n’a voulu se focaliser que sur celles portant sur les taux de pauvreté et de dépenses, parce qu’elles ont attiré l’attention du public ces derniers jours.
Pour la crédibilité du travail qu’ils mènent et qui semble apprécié par tous, il serait souhaitable que les fonctionnaires de l’Ansd clarifient les dichotomies entre les documents produits par eux-mêmes, et qui se trouvent être disponibles sur leur site et dans leurs archives.
PAR Hamidou Anne
CONSTRUIRE LE SOCIALISME DU 21EME SIÈCLE
La gauche s’est ensevelie et refuse de penser les dynamiques actuelles pour y puiser les ressorts d’une renaissance, alors que l’époque n’a jamais été aussi favorable à ses idées. Dans ce marasme idéel, Babacar Diop des FDS fait exception
Les élections locales arrivent, et dans la multitude d’offres politiques, celle de la gauche reste absente. Elle s’est fondue dans des coalitions ou s’est évaporée dans un appareil populiste aux relents identitaires. La gauche s’est ensevelie et refuse de penser les dynamiques actuelles pour y puiser les ressorts d’une renaissance, alors que l’époque n’a jamais été aussi favorable à ses idées. Dans ce marasme idéel, Babacar Diop des Fds fait exception, même s’il sait mes réserves sur ce que je pense être ses impasses tactiques.
Le constat de Babacar Diop sur l’état de la gauche est limpide. Sa proposition d’une nouvelle gauche démocratique, écologique, internationaliste est juste, afin de construire ce qu’il appelle «le socialisme du 21ème siècle» appelé à «démocratiser», «démarchandiser», «écologiser» et «unir» les progressistes africains autour d’un nouveau socle théorique et politique. Il trace une ligne, pense les dynamiques, pose des mots intelligents sur l’état de notre société et propose des pistes de solution sur les impasses actuelles du capitalisme. Ils sont malheureusement trop peu comme lui à réfléchir, tellement le niveau de la classe politique s’est effondré en 40 ans.
En annonçant sa volonté de bâtir un parti plus fort que le Ps, Babacar Diop assume son ambition d’un sorpasso à la sénégalaise. Le sorpasso a été théorisé par le parti Podemos il y a quelques années, comme volonté de dépasser en suffrages le Parti socialiste espagnol, pilier historique de la gauche, afin de devenir la nouvelle force centrale du mouvement progressiste du pays. L’état de notre gauche est désespérant, alors qu’entre les libéraux et les conservateurs existe une ligne de crête à emprunter pour faire renaître un espoir nourri par une volonté de conquête du pouvoir.
Entre l’inertie politique d’un côté et les outrances et les propos conspirationnistes qui enveloppent mal une vacuité idéelle de l’autre, un espace existe pour construire un grand mouvement de gauche capable de prendre le pouvoir, de gouverner et de changer la vie des gens. La gauche sénégalaise n’a pas actualisé sa pensée critique et ne s’est pas adaptée à la réalité post-1989. Elle est dans une paresse intellectuelle que les appels réguliers à l’unité ne soignent pas.
Dans L’Idéologie allemande, Marx et Engels considèrent le communisme comme «le mouvement réel qui abolit l’état actuel». Le travail de construction d’une nouvelle force hégémonique nécessite d’en finir avec les concepts du passé. Un mouvement conceptuel est nécessaire pour dépoussiérer les idées et nourrir une volonté de bâtir une force capable de gouverner. C’est une erreur de s’enfermer dans des logiques d’appareil qui éloignent le courant progressiste des citoyens comme c’en est une de se donner pieds et poings liés à une force politique qui symbolise ce que notre pays peut offrir de pire en 60 ans.
L’horizon de la gauche ne peut être l’inféodation aux libéraux partisans du post-politique ni le compagnonnage avec des conspirationnistes, des fossoyeurs de la république et des partisans du populisme autoritaire le plus abject. Il n’honore pas la gauche de faire la courte échelle à ceux qui pensent la nation non pas comme construction civico-politique, mais l’appréhendent comme socle d’une identité fermée en stigmatisant les étrangers, rompant avec notre tradition d’accueil et d’ouverture. Daniel Bensaïd disait que «Quand les lignes stratégiques se brouillent ou s’effacent, il faut en revenir à l’essentiel : ce qui rend inacceptable le monde tel qu’il va et interdit de se résigner à la force aveugle des choses». L’essentiel pour la gauche, ma famille intellectuelle, est de bâtir de nouveaux consensus entre progressistes pour gouverner et être aux côtés de ceux qui souffrent. Un espace entre les mâchoires des libéraux et des fachos existe. Il serait important d’y insérer une nouvelle force hégémonique qui irait des socio-démocrates aux marxistes, pour éviter aux citoyens de n‘avoir comme recours que les populistes autoritaires qui remplissent le mot Patrie d’un signifiant réactionnaire.
Cette force hégémonique aura à bâtir de nouveaux communs au service des opprimés, des jeunes, des femmes, des classes moyennes, des ouvriers, des paysans, des diplômés et des intellectuels précaires.
Ce travail est long et coûteux, mais il n’incombe qu’à la gauche de panser les maux de ceux qui souffrent, car elle s’est donné, depuis deux siècles, pour exigence d’être le camp de l’humanisme.
par Philippe D'Almaeida
TOUBA ET LA DIFFICILE REMONTADA
Le parfum enivrant des encens de la ville a sans doute la vertu de revigorer un enthousiasme politique alourdi par le doute, mais pas celle de rallumer dans l'esprit des citoyens la confiance qui font les rois quand ceux-ci ont démérité
Touba, drapée de ses plus beaux atours, a reçu, samedi, en grande pompe, Macky Sall. Officiellement dans le cadre de l'inauguration du centre hospitalier national Cheikh Ahmadoul Khadim. Hôpital de référence, s'il s'en trouve, en tout cas joyau hospitalier de niveau 3 d'une capacité de 300 lits extensible ; lustre presque incongru dans cette cité défigurée par les récentes inondations qui ont généré dans la population dépit et colère.
Moins officiellement, mais avec la logistique et la rhétorique qui s'y rapportent, le chef de l'État est venu s'assurer d'une fidélité électorale dont Benno Bokk Yaakaar, sa coalition politique, aura bien besoin pour gagner les élections locales de janvier prochain. D'ailleurs, il ne s'est point caché de la vraie nature de sa démarche, reléguant ipso facto l'inauguration du splendide centre hospitalier aux étiages du prétexte populiste. Ni plus ni moins. "Avec la mobilisation que j'ai vue ici, je suis bien rassuré... A Touba, il y aura une seule liste pour les élections locales. Ce sera celle de Benno Bokk Yaakaar. Avec cette donne, il n'y aura pas de combat...".
Grande confiance et grande assurance du premier des Sénégalais et qui ont vraisemblablement alimenté son désir de prépayer une adhésion supposée : une enveloppe de 23 milliards annoncée pour "régler définitivement le problème de l'eau à Touba et ce, à travers un projet hydraulique qui va permettre de doubler la capacité de production, avec la réhabilitation du bassin de Darou Brahmane...". Il savait les mécontentements du moment, alimentés par des inondations spectaculaires et le sauve-qui-peut qui s'en est suivi et qui a essentiellement cristallisé l'absence de l'État.
Dopé par la liesse et l'euphorie populaires qu'ont fait jaillir ses premières promesses, Macky Sall s'est davantage conforté dans ses habits de leader de parti, en annonçant, dans la foulée, le démarrage prochain de la construction d'hôpitaux à Tivaouane, Mbour et Saint-Louis, la reconstruction de l'hôpital Aristide Le Dantec et bien d'autres innovations, dans la perspective d'une "mise à niveau du système hospitalier sénégalais".
A Touba, le chef de l'État est venu prendre le pouls d'une popularité qu'il sait abîmée et s'assurer du soutien de l'establishment religieux qui dicte encore à une couche relativement importante de la population ses choix électoraux.
Mais la démarche aura-t-elle été fructueuse ? La mobilisation populaire observée samedi semble indiquer que oui. Mais les temps semblent plus éloignés qu'on ne le croit, où les consignes religieuses pour la sphère politique tenaient lieu d'oukazes. La démarcation entre l'ordre religieux et l'ordre temporel s'avérant de moins en moins évidente, la sainteté hiératique du sermon religieux fait de moins en moins de convaincus. Et la gibecière religieuse, fût-elle de Touba, semble de plus en plus tributaire de la générosité politique. L'électeur ouvre, hébété, les yeux sur une lucidité nouvelle. Dieu est bien haut dans le ciel et les hommes doivent déterminer leurs choix pour construire leur destin.
Macky Sall n'est pas dupe de ces transformations mentales et de ce qu'elles induisent. Il sait qu'il lui faudra plus que le soutien de la spiritualité. Il lui faudra convaincre de la pertinence de son action et de son sens pour les générations de demain. Ce n'est pas gagné. Une opposition qui se remobilise devant le délitement de la société et qui attise les colères de l'opinion devant le coût de la vie de plus en plus cher ; une atmosphère politique lourde de menaces et de confrontations ; la quasi-unanimité d'hostilité autour de la perspective d'un troisième mandat limitent les marges de manifestations concrètes d'une probable bonne foi politique et de son expression idéologique.
Les constructions hospitalières annoncées dans l'angoisse des proximités électorales, les grands projets d'assainissement urbain et de lutte contre les inondations, véritable serpent de mer de l'action publique, semblent aujourd'hui trop justes pour assurer au pouvoir de Macky Sall la "remontada" dont il a besoin pour solliciter, si l'idée lui en venait, la confiance des Sénégalais pour un troisième mandat. Le mal semble être plus profond. Il serait celui d'une rupture de confiance qui plongerait ses racines dans la corrosion progressive du bien-être des individus et des familles dont le premier des Sénégalais n'a pas su se rendre compte à temps, alors même qu'il avait été appelé pour l'endiguer. La paupérisation des campagnes, la pauvreté rampante d'un bon nombre de citadins qui survivent beaucoup plus qu'ils ne vivent, ont achevé de briser le contrat de confiance qui avait pu lier un homme et un peuple en 2012.
Touba, ses lumières, ses dieux ; le parfum enivrant de ses encens a sans doute la vertu de revigorer un enthousiasme politique alourdi par le doute, au point de lui faire annoncer de gros projets, mais pas celle de rallumer dans l'esprit des citoyens la fièvre et la confiance qui font les rois quand ceux-ci ont démérité.
LES AMIS DE L'AFRIQUE DANS LA BATAILLE POUR LES VACCINS
A ce jour, seuls 3,6% de la population africaine est vaccinée, bien loin des plus de 60% atteints en Europe et au Royaume-Uni. Mais pourquoi et comment l'Afrique s'est-elle ainsi retrouvée à la traîne ?
Dans la course aux précieux vaccins Covid, les pays riches ont préempté des stocks et n'ont pas toujours tenu leurs promesses quand il s'est agi de partager avec les pays à faible revenu, comme sur le continent africain.
A ce jour, seuls 3,6% de la population africaine est vaccinée, bien loin des plus de 60% atteints en Europe et au Royaume-Uni.Mais pourquoi et comment l'Afrique s'est-elle ainsi retrouvée à la traîne ?
- Quelle situation en Afrique ?
Les pays africains obtiennent des vaccins par des achats directs auprès des fabricants, des dons de pays à pays, ou à travers le mécanisme Covax de l'OMS pour l'accès aux vaccins des pays à faible revenu.L'Union africaine (UA) a aussi acheté des vaccins qu'elle redistribue aux pays membres.
Mais l'OMS et l'UA ont du mal à obtenir un nombre suffisant de doses en raison des restrictions à l'exportation imposées par certains pays producteurs et de la priorité donnée par les fabricants à certains gouvernements avec lesquels ils ont passé un accord.
Les pays africains en sont réduits à dépendre de plus en plus des dons des surplus achetés par les nations les plus riches.
Environ trois-quarts des 77,5 millions de doses promises à l'Afrique lui ont été données, soit 57 millions, selon l'Unicef.
- Qui a donné le plus ?
Les pays occidentaux sont les plus prompts à promettre.En juin, le G7 a annoncé plusieurs centaines de millions de doses qui, pour la plus grande portion, n'ont toujours pas atteint le continent africain.
Les Etats-Unis sont en tête des pays donateurs avec 31,5 millions de doses, devant la Chine (6,8 millions), la Grande-Bretagne (5,3 millions) et la France (4,5 millions), selon des chiffres officiels.
Mais cela ne fait pas oublier que les pays industrialisés ont échoué à faire lever la barrière des brevets sur les vaccins anti-Covid pour permettre aux pays à faible revenu de produire localement des vaccins génériques moins chers.
"C'est l'histoire de cette pandémie.Tout le monde parle, mais personne ne fait rien", s'indigne Fatima Hassan, de l'ONG sud-africaine Health Justice Initiative."Le reste du monde ne se préoccupe pas de l'Afrique".
Plutôt que d'attendre des dons qui mettent le continent "sous perfusion", l'Afrique réclame un accès équitable au marché des vaccins.
"Vous pouvez nous faire des dons mais nous voulons pouvoir acheter" des doses, a plaidé la semaine dernière l'envoyé spécial de l'UA pour le Covid-19 lors d'une conférence de presse de l'OMS, appelant à la levée des restrictions sur les exportations de vaccins.
- Et la Chine ?
La quasi-totalité des donations occidentales ont été faites par le biais du mécanisme Covax.Mais la Chine, devenue un acteur majeur en Afrique pour l'aide étrangère, le commerce ou encore la construction d'infrastructures, est passée par des accords bilatéraux avec les pays.
Mais sa stratégie vaccinale a été "entravée par des préoccupations persistantes sur l'efficacité" des doses fabriquées dans le pays, selon Hugo Brennan, de la société de conseils en risques Verisk Maplecroft.
L'approvisionnement de l'Afrique en vaccins reste toutefois "l'un des multiples fronts géopolitiques sur lesquels les Etats-Unis et la Chine se disputent", souligne-t-il.
De son côté, la Russie a vu ses ambitions vaccinales sur le continent minées notamment par des problèmes de production.
- La prochaine étape ?
Seuls 2% des quelque six milliards de doses administrées dans le monde l'ont été en Afrique.
Certains espèrent qu'une réunion prévue cette semaine en marge de l'Assemblée générale des Nations unies portera ses fruits.Le président américain Joe Biden, qui souhaite prendre les rênes du combat pour vacciner la planète, a invité chefs d'Etat, entreprises et ONG, à une discussion pour "mettre fin à la pandémie".
M. Biden a comparé l'effort des Etats-Unis, plus grands donateurs de vaccins au monde, à l'entrée de l'armée américaine dans la Seconde Guerre mondiale.
"Les Etats-Unis ont dit beaucoup de choses positives sur les engagements mondiaux (...) mais cela ne s'est pas traduit par des vaccinations", relève toutefois Mitchell Warren, de l'ONG américaine AVAC, active pour la vaccination.
Alors le continent a-t-il assez de soutiens pour atteindre un certain niveau d'immunité?"Pour le moment, l'Afrique n'a pas tant d'amis...", constate Cobus Van Staden, chercheur à l'Institut sud-africain des affaires internationales.