LE SIFFLET DE L’ARBITRE, L’OUTIL DE TRAVAIL INDISPENSABLE
Anodin, voire insignifiant par la taille, le sifflet est à l’arbitre ce que le marteau représente pour le juge : une marque d’autorité qui ne souffre d’aucune contestation

Anodin, voire insignifiant par la taille, le sifflet est à l’arbitre ce que le marteau représente pour le juge : une marque d’autorité qui ne souffre d’aucune contestation.
Le sifflet intime un ordre, met un terme à une action et délivre un verdict.
L’histoire des sources situe l’origine du sifflet de l’arbitre à l’année 1884, en Nouvelle Zélande, un grand pays de rugby. Selon certaines d’entre elles, l’utilisation du sifflet date de cette année à partir de laquelle son usage a été de rigueur dans ce sport. L’une d’entre elles raconte qu’au cours d’un match de rugby où les nerfs des joueurs étaient à fleur de peau, un arbitre du nom de « Attack » a sorti de sa poche un sifflet de chasse pour en faire usage. Le coup strident sorti de ce petit objet eut le don de tempérer l’ardeur un peu trop débordante des joueurs tout surpris et étonnés de cette prouesse. Une autre version désigne toujours le même arbitre comme celui qui, le premier, a utilisé un sifflet pour « superviser » un match de rugby. Cette idée lumineuse lui est venue alors qu’il était bien calé dans un des fauteuils de son salon, à la recherche d’une solution qui pourrait révolutionner la discipline. A un moment donné et de façon anodine, sa main est allée à sa poche. Au contact d’un sifflet de chasse qui s’y trouvait, il avait trouvé la solution. Et la discipline s’en est trouvée révolutionnée grâce à cet objet petit par la taille, certes mais tout aussi puissant par l’influence qu’il peut avoir sur la carrière d’un sportif pratiquant une discipline où l’arbitre utilise un sifflet.
L’incarnation de l’autorité
Dans la lutte, le sifflet incarne l’autorité de l’arbitre. L’on imagine mal un arbitre officiant sans ce précieux objet accroché à un cordon qu’il porte au cou et dont il se sert pour diriger la partie avec beaucoup de fermeté et de vigilance. C’est le seul acteur de la lutte habilité à utiliser un sifflet. Il est également le seul à assumer les conséquences qui découleraient d’un coup de sifflet malheureux à même de causer du tort à un sportif. C’est un des risques du métier d’arbitre. Dans un tel cas de figure, assumer toute sa responsabilité est un acte de grandeur, tant il est vrai que nul n’est infaillible. Comme le dit si bien M. Sitor Ndour, arbitre international, un coup de sifflet peut briser la carrière d’un sportif. C’est également ce même coup de sifflet qui le porte très souvent au pinacle après un succès retentissant.
Les trois coups de sifflet majeurs
Selon le grand champion Moustapha Guèye, « dans la pratique sportive, tant que l’arbitre n’a pas sifflé, il n’y a pas de combat, tant qu’il n’a pas sifflé, il n’y a pas d’arrêt. Le règlement stipule que c’est un coup de sifflet qui démarre un combat, c’est un coup de sifflet qui y met un terme, c’est également un coup de sifflet qui annonce un verdict. Je peux même ajouter que c’est le sifflet qui commande un combat. Suffisant pour conseiller tout sportif à attacher une grande importance à cet objet. Ils doivent faire preuve de beaucoup de concentration en étant attentif au coup de sifflet de l’arbitre », déclare-t-il en guise d’introduction.
Une influence positive ou négative
Le 2e « Tigre » de Fass reconnaît également que « le sifflet peut influer positivement ou négativement sur la carrière d’un lutteur ou même d’un arbitre ». Et de citer un cas spécifique. Le sien bien évidemment. « Lors de mon combat contre Balla Bèye 2, nous nous sommes disputé une position. Chacun de nous voulait lutter en faisant face à l’Est. Arrivé le premier au milieu de l’enceinte, j’ai pris mes repères en me tenant debout face à l’Est. A ma grande surprise, Balla Bèye 2 est venu se mettre derrière moi, le dos tourné vers le couchant. L’injonction de l’arbitre l’invitant à changer de position n’a eu aucun effet. Mon adversaire ne voulait pas se déplacer et encore moins changer de position. Comme moi, il avait décidé de lutter face à l’Est. De guerre lasse, l’arbitre a reculé d’un pas et nous a averti en disant « Je vais siffler ». Je lui ai dit OK. Il a alors joint l’acte à la parole en sifflant. L’instant d’après, Balla Bèye m’a pris par derrière, m’a soulevé et envoyé au sol. C’est à cause d’un sifflet que mon adversaire, qui était derrière moi en position de combat, m’a pris par derrière et terrassé. Il se trouve que ce coup de sifflet n’avait pas été fait dans les règles de l’art. Fort de notre bon droit, nous avons déposé un recours au CNG qui a fini par casser le verdict », révèle Moustapha Guèye.
L’avènement du tirage au sort
de la création d’un nouveau point du règlement portant sur le tirage au sort pour départager les deux lutteurs qui se disputent une position avant l’entame du combat. Je peux citer le combat de Yékini-Bombardier de la saison dernière où l’arbitre a dû recourir à ce procédé pour libérer les deux acteurs. L’on se rappelle que Bombardier, qui avait perdu, n’avait pas voulu s’exécuter. Cela lui a valu sans doute, une sanction pour refus d’obtempérer. C’est finalement son adversaire qui a décanté la situation et sauvé le combat sur injonction de son oncle Mohamed Ndiaye dit Robert Diouf », conclut le Directeur technique de l’écurie Fass.
Le « cas » Ness-Baboye
Dans la série de « cas » où le sifflet de l’arbitre a été pointé du doigt, Moustapha Guèye cite le combat Ness-Baboye qui avait fait l’événement à l’époque. « Ce qui est arrivé entre Ness et Balla Bèye 2 se passe de commentaire. L’arbitre a donné la victoire au premier nommé alors qu’il n’y a pas eu un seul coup de sifflet, donc pas de combat. En matière d’arbitrage, il y a trois sortes de coups de sifflet. Celui qui démarre le combat, celui qui l’arrête et celui qui désigne le vainqueur. Pour le combat précité, l’arbitre n’a sifflé qu’une fois. C’était pour désigner un vainqueur alors qu’il n’avait pas sifflé le premier coup capital qui démarre un combat. A mon humble avis, il n’était point nécessaire de lever le bras de Ness au ciel pour le désigner comme vainqueur. S’il n’y a pas eu combat, il ne peut y avoir de vainqueur ou de vaincu. Le lutteur peut faire sa chorégraphie, sacrifier au rituel mystique, recueillir les dernières instructions de son staff technique, mais tant que l’arbitre n’a pas sifflé, il n’y a pas combat. Suffisant pour reconnaître et relever le rôle capital que joue le coup de sifflet dans un combat de lutte », avoue-t-il. Mohamed Ndao Tyson, le leader de la Génération Boul Falé avait donc raison en déclarant dans une de ses sorties d’avant-combat « Ce qui me lie à Balla Gaye 2, c’est le sifflet de l’arbitre ».