«LE SIFFLET INCARNE L’AUTORITE DE L’ARBITRE»
Petit par la taille mais grand par l’influence qu’il peut avoir sur l’issue d’un combat ou la carrière d’un lutteur, voire d’un sportif, le sifflet confère à l’arbitre le rôle de décideur

Petit par la taille mais grand par l’influence qu’il peut avoir sur l’issue d’un combat ou la carrière d’un lutteur, voire d’un sportif, le sifflet confère à l’arbitre le rôle de décideur.
A quoi renvoie le sifflet de l’arbitre, selon vous ?
A l’autorité. C’est une injonction au combattant à se conformer au règlement en se mettant à la disposition de l’arbitre qui incarne l’autorité suprême dans l’aire de jeu et tous les espaces y afférents. Il faut distinguer trois principaux coups de sifflet. Le premier invite les lutteurs à répondre à l’appel de l’arbitre en se présentant dans l’enceinte, le second annonce le début d’un combat et le troisième y met un terme.
Vous appréhendez certainement l’importance de ce petit objet qui peut être déterminant dans le verdict d’un combat, dans la carrière d’un lutteur, voire d’un arbitre.
Tout à fait. Ce petit objet extrêmement important est notre outil de travail. Il peut influer, positivement ou négativement sur le verdict d’un combat, la carrière d’un lutteur ou même celle d’un arbitre. C’est ce coup de sifflet qui donne la victoire, c’est ce même coup de sifflet qui, parfois, est à l’origine de fautes que nous reconnaissons et assumons. Cela arrive. Mais il faut le mettre sur le compte de l’erreur humaine. Ce coup de sifflet peut s’avérer déterminant dans la carrière d’un lutteur en le plongeant dans le désarroi ou en le propulsant au-devant de la scène suite à un exploit retentissant qui sème joie et allégresse dans son camp et dans son quartier.
Une lourde responsabilité, assurément…
Absolument. Notre prestation peut influer sur la carrière d’un lutteur et sur la nôtre également. Un coup de sifflet de l’arbitre peut même engager la responsabilité du CNG. Suffisant pour mesurer l’importance de ce petit objet dans la prestation d’un sportif, quelle que soit la discipline.
Quelles doivent être les principales qualités d’un arbitre ?
Au plan mental, l’arbitre doit être très fort pour prendre la bonne décision quel qu’en soit le prix. Cela exige de lui beaucoup de courage. Il doit également bien maîtriser les textes qu’il est censé appliquer. C’est une obligation. Le respect scrupuleux du règlement s’accommode mal d’un certain état d’esprit. Ainsi l’arbitre doit impérativement dominer son sujet et non le subir. Cela le met à l’aise dans l’enceinte ; mais également après le combat.
Et quid de la pression à la vue du nombreux public ?
Nous ne sommes sujets à aucune pression puisque nous sommes habitués à évoluer dans cette ambiance. La pression, il faut la chercher plutôt dans le camp des lutteurs et des amateurs.
Dans votre carrière, avez-vous eu un cas de conscience après avoir donné un verdict ?
Cela m’est arrivé une fois. C’était lors du combat Eumeu Sène-Mbaye Diouf. A cette période, tout lutteur se retrouvant au sol sur deux appuis (les genoux) perdait le gain du combat. Suite à un accrochage, Eumeu Sène avait posé ses deux membres au sol. Mais l’action avait été très rapide et le lutteur avait réussi à alterner ses deux genoux. Cela m’avait échappé ; mais pas à son adversaire. Convaincu d’avoir gagné le combat, Mbaye Diouf avait aussitôt quitté le stade, ignorant royalement mon coup de sifflet qui les invitait à poursuivre le combat. Après avoir observé le temps nécessaire, comme le stipule le règlement, j’ai donné la victoire à son adversaire en déclarant Eumeu Sène vainqueur.