SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
16 septembre 2025
NAUFRAGE DU ‘’JOOLA’’, SIDIKI KABA RÉITÈRE LES PROMESSES DE L’ETAT
Le ministre des Forces armées, Sidiki Kaba, a réitéré, dimanche, à Ziguinchor (sud), les promesses faites par le gouvernement de procéder au renflouement de l’épave du bateau ‘’Le Joola’’...
Ziguinchor, 26 sept (APS) – Le ministre des Forces armées, Sidiki Kaba, a réitéré, dimanche, à Ziguinchor (sud), les promesses faites par le gouvernement de procéder au renflouement de l’épave du bateau ‘’Le Joola’’, à ‘’la détermination des responsabilités juridiques et administratives du naufrage’’ et à l’adoption d’une loi instituant la Journée de souvenir des naufragés.
‘’Le gouvernement a bien pris en compte les (…) préoccupations pour lesquelles les réponses seront apportées’’, a assuré M. Kaba.
‘’Il s’agit notamment du renflouement de l’épave du ‘Joola’, de la détermination des responsabilités juridiques et administratives du naufrage et du vote d’une loi instituant le 26 septembre Journée de souvenir des naufragés du ‘Joola’’’, a-t-il précisé.
Le ministre des Forces armées présidait une cérémonie commémorative de l’accident maritime qui a fait 1.863 morts - selon un bilan officiel des autorités sénégalaises – dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002.
‘’Les priorités sont : le renflouement de l’épave du ‘Joola’, la détermination des responsabilités juridiques et administratives du naufrage et le vote d’une loi instituant le 26 septembre comme Journée du souvenir du naufrage le ‘Joola’’’, a insisté Sidiki Kaba.
‘’Déterminer les responsabilités juridiques et administratives du naufrage, cela ne signifie pas forcément qu’il faut rouvrir le dossier judiciaire pour l’instruire de nouveau’’, a précisé à l’APS un responsable du ministère des Forces armées.
Il rappelle que des familles des victimes françaises du naufrage du bateau continuent de réclamer des poursuites judiciaires à l’encontre des personnes chargées du bateau.
En 2012, le président de la République, Macky Sall, avait déclaré qu’il n’envisageait pas de rouvrir l’instruction judiciaire du naufrage du ‘’Joola’’.
Le dossier avait été clos en 2003 par le parquet, qui n’avait inculpé personne parmi les responsables soupçonnés d’avoir provoqué l’accident par négligence.
Le navire ayant sombré au large de la Gambie était géré par la marine sénégalaise.
Arrivés à Ziguinchor aux premières heures de la matinée, Sidiki Kaba et d’autres membres du gouvernement ont procédé au traditionnel dépôt d’une gerbe de fleurs au port de la ville, en souvenir des naufragés.
Ils ont également pris part aux prières faites au cimetière de Kantène, dans la commune de Ziguinchor, pour le repos de l’âme des disparus. Quelques dizaines de naufragés y reposent.
Sidiki Kaba était accompagné du ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, de la ministre du Commerce et des PME, Aminata Assome Diatta, de la secrétaire d’Etat chargée du Logement, Victorine Ndèye et d’autres personnalités.
Cette année, les activités marquant la commémoration du naufrage ont pour thème : ‘’Naufrage du ‘Joola’ et gestion de la pandémie [de Covid-19] : l’irresponsabilité se poursuit’’.
Le 19e anniversaire du tragique événement a permis aux familles des victimes de réitérer leurs doléances. ‘’Nous continuons à réclamer le renflouement de l’épave, la prise en charge psychosociale des familles des victimes et rescapés, la vérité et la justice’’ aussi du naufrage, a déclaré Boubacar Ba, le président de l’Association nationale des familles des victimes et rescapés du Joola.
Il déplore que, malgré cet accident maritime inoubliable, certains usagers de la route continuent de provoquer des accidents, dans l’‘’indifférence’’.
Le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, a profité de la présence des membres du gouvernement pour réclamer la rénovation du pont Emile-Badiane, ‘’pour éviter la survenance d’autres catastrophes’’.
Sidiki Kaba a visité le mémorial-musée ‘’Le Joola’’ en construction à Ziguinchor. L’achèvement des travaux de cet ouvrage est prévu au premier semestre de 2022, a-t-il dit, espérant que les commémorations de l’année prochaine pourront s’y tenir.
‘’Nous ferons en sorte que la [cérémonie commémorative] de l’année prochaine ait lieu au musée ‘Le Joola’’’, a assuré M. Kaba.
Il a bouclé son séjour ziguinchorois par une séance de travail avec les responsables de l’association que dirige Boubacar Ba.
LA BAD ADOPTE UN NOUVEAU RÈGLEMENT
Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement a approuvé, un nouveau règlement du Mécanisme indépendant d’inspection (MII), qui s’appelle désormais Mécanisme indépendant de recours (MIR)…
Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement a approuvé, un nouveau règlement du Mécanisme indépendant d’inspection (MII), qui s’appelle désormais Mécanisme indépendant de recours (MIR), afin de renforcer sa redevabilité et son efficacité dans le traitement des plaintes provenant de personnes ou communautés affectées par les opérations financées par la Banque.
Le nouveau règlement, selon un communiqué de la banque parvenu à Emedia, est « le résultat de consultations internes et externes débutées en décembre 2019 dans le cadre de la 3e revue des politiques du Mécanisme de la Banque. Ces consultations publiques élargies étaient les premières organisées par le MII ».
A en croire le directeur du Mécanisme, David Simpson., « ce nouveau cadre d’orientation restructure le mécanisme de plaintes pour le rendre plus accessible, plus efficace et plus prévisible ». Selon lui, « il simplifie également la procédure de plainte, renforce sa transparence et fournit des lignes directrices plus claires pour la gestion des plaintes. »
Pour Stéphanie Amoako, associée principale aux politiques à Accountability Counsel, une organisation internationale de la société civile qui soutient les communautés touchées par les projets financés par les institutions internationales, « le nouveau règlement de redevabilité, s’il est bien mis en œuvre, répondra mieux aux besoins des communautés sur le continent en levant les obstacles à l’accessibilité du MII. Il créera un processus plus équitable pour ceux qui utilisent le mécanisme ».
Aperçus du nouveau règlement du MII
• Le Mécanisme a été restructuré. L’ancien modèle de groupe d’experts externes est remplacé par une unité entièrement intégrée qui dirigera désormais toutes les fonctions de résolution des problèmes et de vérification de la conformité.
• Le nouveau règlement renforce l’accessibilité pour les plaignants. Les plaintes pourront être désormais soumises par une seule personne et le Mécanisme conseillera les communautés sur la manière de déposer les plaintes en cas de nécessité.
• Le nouveau règlement applique la tolérance zéro en matière de représailles contre les plaignants et proscrit toute menace, intimidation, harcèlement, violence ou discrimination à l’égard de ceux ou celles qui expriment leurs préoccupations par l’intermédiaire du Mécanisme indépendant de recours (MIR).
• Le nouveau règlement prescrit à la Direction de la Banque africaine de développement de mieux vulgariser le MIR auprès des communautés affectées en mettant à leur disposition les informations sur le Mécanisme.
LE MUSÉE CHEIKH AHMADOU BAMBA BIENTOT EN CHANTIER
Les travaux de construction du musée Cheikh Ahmadou Bamba vont débuter après le grand magal 2021, a annoncé le coordonnateur du comité de pilotage du projet, Serigne Cherif Mbacké Falilou.
Touba, 27 sept (APS) – Les travaux de construction du musée Cheikh Ahmadou Bamba vont débuter après le grand magal 2021, a annoncé le coordonnateur du comité de pilotage du projet, Serigne Cherif Mbacké Falilou.
’’Maintenant, tout est fin prêt pour qu’on entre dans la phase d’exécution des travaux. La première phase sera la pose de la première pierre. Mais, nous allons quand même demander au khalife général de nous fixer [une date], juste après le Magal, et nous allons procéder à cette pose de la première pierre’’, a-t-il déclaré, lors d’un entretien avec les envoyés spéciaux de l’APS à Touba.
Interrogé à l’occasion du grand magal de Touba, il a rappelé que le projet avait été ’’béni’’ par l’ancien Khalife feu Serigne Saliou Mbacké, ainsi que par ses différents successeurs que sont Serigne Bara Mbacké et Serigne Sidy Makhtar Mbacké.
Aujourd’hui, il a reçu ’’le feu vert de l’actuel khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké’’. Ce dernier a demandé au comité de ’’commencer à faire les démarches pour pouvoir aboutir à la réalisation de ce musée.’’
Prévu sur un site de deux hectares situé près de la Grande Mosquée, sur le chemin de Ndiourou, ce musée va accueillir tous les objets appartenant à Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, a-t-il indiqué. Il ajoute qu’il va aussi contribuer ‘’à une relecture de l’histoire du mouridisme des origines à nos jours’’.
Selon le président du comité scientifique du musée, Professeur Ibrahima Thioub, historien et ancien recteur de l’UCAD, toutes les études en amont ont été entérinées.
A l’en croire, les experts sur l’histoire, la sociologie, la géographie et la spiritualité du mouridisme, réunis au sein de cette commission scientifique, ont déjà produit des documents retraçant les grandes étapes de l’histoire de la confrérie.
Ces documents, explique-il, retracent surtout ’’les itinéraires de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, de ses lieutenants, et les chefs religieux qu’il a formés, à savoir les cheikhs de la confrérie, les khalifes qui se sont succédés.’’ Ils répertorient également ’’le patrimoine matériel et immatériel du mouridisme.’’
D’après lui, ces documents définissent aussi ’’les missions confiées au musée, les modalités de son déploiement.’’
’’Nous avons travaillé sur toutes ces questions qui ont fait l’objet d’un accord qui a été publié et qui nous donne toute la ligne directrice de réalisation de ce musée, et nous continuons le travail’’, a poursuivi le professeur Ibrahima Thioub.
Selon lui, il ne reste plus au comité qu’à ’’regarder toute la production scientifique qui a été consacrée au mouridisme’’, et procéder ainsi au ’’recensement de tout le patrimoine matériel et immatériel (…)’’.
‘’Ce travail muséal est confié aux experts (…). Toutes ces personnes, tous ces experts sont réunis dans le comité scientifique, comprenant des historiens, des géographes, des philosophes, mais également des spécialistes des études islamiques de toutes les disciplines des savoirs qui seront mis à contribution pour travailler, pour donner à ce musée, l’image la plus exacte de la confrérie et la mettre au service, à la fois des talibés, des humains et surtout, des chercheurs de la confrérie’’, a-t-il soutenu.
L’architecte Malick Mbow explique qu’il est prévu de construire ‘’deux édifice qui se font face’’. ‘’Le premier, c’est le bateau qui s’en va, et le deuxième c’est le retour qui est symbolisé en forme d’un dé qui va contenir tout ce qui est objets de Serigne Touba, mais aussi des fils et petits-fils de Serigne Touba. Et le deuxième sera dédié uniquement aux effets appartenant à Serigne Touba’’, a-t-il renseigné.
En terme de surfaces, l’architecte indique que ce musée prévu sur une superficie de plus de 17.000 m2, sera de par sa dimension, beaucoup plus grand que le musée des civilisations noire de Dakar.
Avec un budget prévisionnel de 15 milliards de francs CFA, le projet pourrait durer 36 mois, soit trois ans. Mais, il est possible de le rendre fonctionnel à partir de la première année, car ‘’les travaux de construction seront phasés’’, a expliqué Malick Mbow.
AFROBASKET FEMININ, LE NIGERIA CHAMPIONNE DE L'EDITION 2021
Les Nigérianes ont remporté l’Afrobasket féminin 2021 en battant les Maliennes, 70 points à 59, dimanche, à Yaoundé.
Dakar, 26 sept (APS) – Les Nigérianes ont remporté l’Afrobasket féminin 2021 en battant les Maliennes, 70 points à 59, dimanche, à Yaoundé.
L’équipe d’Otis Hughley Junior a remporté le trophée au cours des trois dernières éditions (2017, 2019 et 2021), ce qu’une équipe n’avait plus fait depuis que le Sénégal, 11 fois champion, a soulevé la coupe continentale en 1974, 1977, 1979 et 1981.
La victoire de ce dimanche marque le cinquième sacre final du Nigeria dans l’histoire de l’Afrobasket féminin. Les Nigérianes ont remporté l’Afrobasket en 2003 et 2005.
Avant la finale, le Cameroun a battu le Sénégal par 53 points à 49. Les Camerounaises ont pris ainsi la troisième place du podium.
Les Lionnes de Moustapha Gaye, battues en finale par les Nigérianes en 2019, ont été éliminées cette année en demi-finale par la même équipe.
DANS L'UNIVERS SULFUREUX DES BEUK NÉEK
Ils sont le passage obligé pour accéder au marabout. Ils, ce sont les chambellans ou beuk néek. Qui sont ces hommes ou femmes accusés de tous les péchés d’Israël ?
Ils sont le passage obligé pour accéder au marabout. Ils, ce sont les chambellans ou beuk néek. Qui sont ces hommes ou femmes accusés de tous les péchés d’Israël ? EnQuête, pour les besoins de cette 126ème édition du magal de Touba qui commémore le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, s’est intéressé à cette fonction très particulière qu’on ne retrouve, au Sénégal, que dans les demeures des marabouts.
‘’Un chambellan ou chambrier (camerarius en latin) est un gentilhomme chargé du service de la chambre d’un monarque ou d'un prince, à la cour duquel il vit’’. Cette définition du dictionnaire « le Larousse » est différente de ce qui se passe au Sénégal où le chambellan, encore appelé beuk néek, est perçu comme l’homme à tout faire du marabout. Dans ce pays, on devient beuk néek par vocation, par reconnaissance, mais surtout, pour avoir été choisi par le maitre des lieux, selon des critères que lui seul connaît.
Jadis, n’importe qui, ne pouvait être beuk néek. Et pour cause, la personne devait être dotée d’une foi inébranlable et d’un dévouement sans commune mesure. Cheikh Diop, un ancien beuk néek, constate pour s’en désoler : « Notre métier, naguère très noble, est aujourd’hui infesté de personnes corrompues, louches, faux dévots, entre autres ». Même son de cloche chez Fallou Sène, ancien beuk néek d’un Khalife général, qui regrette ce qui se passe actuellement, notamment, ‘’les vols et les fuites fréquentes des secrets des audiences des marabouts distillées dans les couloirs ou dans la presse’’.
‘’Aujourd’hui, poursuit-il, la fonction de beuk néek n’est plus ce qu’elle était, surtout avec ces gens qui foisonnent dans les domiciles des foyers religieux du pays. L’accès de certaines personnes indésirables à la cour des chefs religieux expose ces derniers au vol et aux agressions’’.
L’exemple le plus édifiant est celui de Cheikh Bakhoum, puisque l’affaire avait atterri au tribunal. Chambellan chez le regretté Khalife général des mourides Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, il avait réussi a subtilisé beaucoup d’argent. Jugé au tribunal de grande instance de Diourbel, en 2016, il disait avoir ‘’acquis deux Toyota, communément appelés Mbacké-Touba, une Peugeot 406, un scooter, une charrette, un âne et un magasin de vente de pièces détachées’’. ‘’J’ai fait un an dans la maison du khalife. Lorsque j’ai pris la clé de la chambre où l’argent était gardé, je n’avais qu’un seul objectif : voler de l’argent. Lorsqu’on m’a arrêté, je détenais un paquet de liasses de billets de banque de 10 millions de nos francs. Les deux véhicules, qui roulaient sur l’axe Mbacké-Touba, ont coûté 5,9 et 5,6 millions. J’ai aussi acheté une moto et réfectionné notre maison. Je ne peux dire avec exactitude les montants volés’’, avait-il avoué.
Les ‘’bouki néek’’ ou ‘’mbeuk néek’’
Les disciples sans le sou, ou mal fagotés sont souvent mal reçus, découragés ou éconduits, en majorité, par les beuk néek. Pour accéder auprès du marabout, il faut souvent débourser de l’argent. Ces chambellans sont qualifiés de ‘’bouki-néek’’ ou ‘’mbeuk néek’’. Ousmane, nom d’emprunt d’un beuk néek reconverti dans le business, explique : ‘’Beuk néek est le nom générique, mais, il y a aussi des ‘’mbeuk néek’’, c’est à dire les indiscrets qui, animés d’une curiosité injustifiée, trouvent leur mentor dans ses appartements privés. Et des ‘’Bouki néek’’ : ce sont ceux qui agissent avec ruse et perfidie, pour leur propre intérêt. Ils ne rejettent rien et sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins’’.
‘’Des surnoms qu’ils portent comme des gants’’, commente notre interlocuteur. Ils font des victimes à la pelle. Pour eux, rien n’est de trop, pour se remplir les poches. Dans cette entreprise, personne n’est à l’abri.
Certains beuk néek, à force de familiarité et de proximité, gagnent la confiance du religieux et de ses proches. ‘’Ces faux dévots, renseigne Abdou Ndiaye, une fois dans le cercle restreint des intimes, mettent à exécution leur sale besogne. S’ils ne parviennent pas à séduire les jeunes épouses des religieux, ils jettent leur dévolu sur les filles de l’entourage. Il se raconte aussi un célèbre beuk néek pris en flagrant délit de transfert de fonds de la maison de son chef religieux, à travers un bol rempli de riz bien cuit qu’il a rempli de billets de banque. Il a été démasqué et le butin repris. Un autre pris en flagrant délit a été sauvé de justesse d’une mémorable correction, par le chef religieux’’.
Pour Mor Mbacké, ‘’le comportement décrié des beuk néek n’est le propre d’aucun foyer religieux. Il n’y a pas de chef religieux qui est épargnée par ces tartuffes d’un genre particulier’’.
Des victimes des Beuk Neek se confessent
Ils sont nombreux à avoir été roulés dans la farine par les beuk néek. Du haut fonctionnaire au plus petit talibé, ils sont nombreux à avoir été floués par ces chambellans. Aliou Diouf, chef d’entreprise, raconte sa mésaventure. « J’étais venu faire mon ziar. Nous avons trouvé le marabout dans la grande cour, mais, il y avait beaucoup de talibés et il fallait attendre. Après 3 heures de patience, et à ma grande surprise, le ‘’beuk néek’’ ne faisait entrer que les gens biens sapés et des femmes au teint clair. En fin de compte, il est venu me dire que le marabout ne recevait pas aujourd’hui, parce que simplement, contrairement aux autres, je ne lui avais rien remis’’.
Fatou Sy est une autre victime. Elle confie : « Salif Diop était un beuk néek pervers et menteur dont tout le monde se méfiait. Il profitait des absences du chef religieux pour échanger avec ses cibles. Il était chargé de la gestion du magasin pour la distribution des vivres. Sous peine de nous accuser de fautes que nous n’avions pas commises, il nous faisait chanter. Parce qu’elle refusait ses avances, il a dénoncé une de mes amies pour un acte qu’elle n’a pas commis. Une autre, prise de peur, à préférer demander son élargissement pour ne pas entrer dans son jeu’’.
Origine de beuk néek dans la communauté mouride
Mame Thierno Birahim Mbacké, jeune frère du fondateur de la confrérie mouride, est le précurseur. Serigne Mame Mor Bassirou Mbacké rapporte : ‘’Khadim Rassoul, le fondateur de la voie mouride, n’en avait pas. Si dans son entourage immédiat, on peut désigner quelqu’un comme son ‘’beuk néek’’, du fait des rapports et de la proximité qu’ils entretenaient, c’est son jeune frère Mame Thierno Birahim Mbacké. Avant le dispatching de l’héritage de Serigne Mame Mor Anta Sally, son fils Cheikh Ahmadou Bamba, qui avait renoncé à sa part d’héritage, avait suggéré aux cadis charger d’exécuter l’héritage, de laisser une part pour un enfant de sexe masculin, alors que personne ne s’y attendait. D’aucuns l’ont même raillé, faisant croire que le Cheikh, tentait de se faire garder sa part. Avant même la fin des procédures, Sokhna Faty Isseu, accoucha d’un garçon qui allait être baptisé du nom de Mame Thierno Birahim. C’est son grand-frère Cheikh Ahmadou Bamba qui le prit en charge. L’histoire immortalise cette épisode de la vie de Mame Thierno Ibra Faty, à travers ces paroles : « Bamba koni baa, Bamba ko ni bayil ». Mame Thierno Birahim vouait un amour sans borne à son frère et s’évertuait à servir ses moindres désirs. Ainsi, des disciples dévoués se sont mis au service de leur maitre spirituel, pour recevoir bénédictions et agreement. Ainsi naquit la fonction de beuk néek dans la communauté mouride’’.
Mouride Niang, nom d’emprunt de notre interlocuteur, un ex beuk néek, confie : « Vous savez, les temps ont changé et je ne peux que vous dire un peu de ce que je sais de cette activité que j’ai exercée dans les concessions des chefs religieux. La personne qu’on désigne par le terme ‘’beuk néek’’ joue le rôle de secrétaire, de gestionnaire, souvent de porte-parole voire de griot. Il doit être intelligent, méthodique, rigoureux dans son travail. Cependant, le ‘’Beuk- Néek » doit avoir foi en la personne qu’il sert. C’est fondamental voire primordial, pour bien s’acquitter de sa tâche. En tout cas, moi, j’ai exercé ce métier au plus haut niveau, mais, j’ai la conscience tranquille et je garde tous mes contacts avec les gens que j’ai connu durant cette période’’.
Aujourd’hui, dans chaque cour ou concession de chef religieux, il y’a des beuk néek. Il y a le principal, toujours à côté du chef religieux, et une cour de sous ‘’beuk néek’’, affecté aux courses et à la réglementation des audiences du chef religieux. Il y a des beuk néek chargés de la gestion des « adyas », de la gestion des biens de consommation, du transport des disciples, de la réception des personnalités, des fidèles entre autres activités. Il y’a aussi le ‘’beuk néek’’ du ‘’beuk néek’’. En effet, dans la concession des chefs religieux, les intérêts divergents font que les beuk néek ne sont pas en équipes et chaque grand beuk néek constitue une équipe de sous beuk néek. Ces derniers sont abonnés aux petits boulots qui consistent à veiller aux intérêts de leur protecteur.
Beuk néek, une occupation qui nourrit son homme
Aujourd’hui, il y a des commerçants, des chefs d’entreprises, des diplômés de l’enseignement supérieur qui se sont reconvertis en ‘’beuk néek’’. Serigne Omar Cissé explique : ‘’Il y a moins de dévotion et plus d’intérêts à préserver. Ce qui rend vulnérables nos chefs religieux. Il faut comprendre que tout beuk néek qui n’est pas le produit de l’éducation de son mentor, peut avoir une faiblesse qui peut l’amener un jour à adopter un comportement nuisible à son mentor’’, déclare notre interlocuteur.
‘’Aujourd’hui , poursuit-il, la plupart des beuk néek sont à côté de ces guides religieux pour leurs propres intérêts, n’hésitant pas à vendre des secrets d’intimité de leur guide proclamé. S’improvise aussi beuk néek, certains fils de beuk néek de l’entourage du chef religieux, désintéressé et bonjours les dégâts. C’est ce qui explique les fuites des entretiens avec les autorités politiques, c’est aussi la raison pour laquelle des secrets de familles sont divulgués’’.
XASAÏD DE CHEIKH AHMADOU BAMBA, CHEFS-D'OEUVRE INTEMPORELS
Il n’était pas seulement une âme pieuse et dévouée. Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké était un érudit inspiré dont l’œuvre littéraire, la production intellectuelle de manière générale, est des plus admirables aussi bien par le sens que par le volume
Mamadou Dièye et Diène Ngom |
Publication 26/09/2021
Il n’était pas seulement une âme pieuse et dévouée. Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké était un érudit inspiré dont l’œuvre littéraire, la production intellectuelle de manière générale, est des plus admirables aussi bien par le sens que par le volume. Elle livre un message universel qui embrasse l’éternité.
Cheikh Ahmadou Bamba, en plus de la fondation d’une confrérie, le mouridisme, a légué à l’humanité une œuvre littéraire gigantesque et de tous les temps. Une croyance populaire au sein de la communauté mouride estime le poids de l’ensemble de sa production connue à plus de sept tonnes, allant de la prose à la poésie. Cette production est éternelle en ce sens qu’elle prend sa source dans l’orthodoxie et le mysticisme classique musulman. Cette production est aussi personnelle parce qu’exprimant le vécu et les sentiments d’un élu de Dieu qui a subi l’arbitraire ; sort qu’il a immortalisé par l’écriture. Ses écrits que constituent les « xasaïd » représentent la colonne vertébrale du mouridisme. Ils obéissent, selon Khalil Mbacké, petit-fils du défunt Khalife général des Mourides, Serigne Saliou Mbacké, à une logique spirituelle dont la base s’articule autour de la croyance à l’unicité de Dieu (tawhid), de la jurisprudence islamique (fiqh) et l’intercession (le tasawuf). C’est d’ailleurs ce que le chercheur et conférencier mouride Abdallah Fahmi Aïdara résume en disant que les enseignements de la voie mouride sont « iman, islam et ihsan ».
Profession de foi
Serigne Touba, lui-même, renseigne dans ses écrits que ce triptyque est la voie empruntée par le Prophète Mouhamed (Psl), ses compagnons et leurs disciples. C’est la raison pour laquelle « nul ne peut emprunter cette voie sans la bénédiction du prophète (Psl) et sa permission ». C’est ainsi que Khadim Rassoul révèle dans ses écrits que le Messager (Psl) lui a dit oralement ceci : « Éduque tes compagnons par la volonté spirituelle et non seulement par l’enseignement didactique. Éduque chacun par ce qui correspond à ses aptitudes et à ses états ». C’est ce qui justifie que dans le « Tawhid », Cheikh Ahmadou Bamba a produit des ouvrages qui sonnent comme une profession de foi. Il a rédigé des ouvrages conformément à l’enseignement de l’école malikite. Et Dans le « Tasawuf », Serigne Touba a produit des chefs-d’œuvre qui synthétisent la voie mouride, la confrérie qu’il a créée. Cette œuvre littéraire d’une valeur spirituelle inestimable que constituent les « xasaïd » peut-être chronologiquement située dans trois contextes et périodes de la vie de Cheikh Ahamadou Bamba.
Une œuvre dans le temps
La vie de Cheikh Ahmadou Bamba est rythmée de grands moments et d’épreuves qui ont beaucoup contribué à la consolidation de la confrérie mouride et qu’il trace dans la plupart des « xasaïd ». Cependant, il est difficile de situer dans le temps les dates exactes de production de tous les « xasaïd ». D’après Serigne Bassirou Mbacké, père de l’actuel Khalife général des Mourides, dans le livre « Minanul Bâqil Qadîm » (Les bienfaits de l’Éternel), et son illustre biographe Mouhamadou Lamine Diop Dagana, l’œuvre littéraire du Cheikh peut être située dans quatre périodes plus précisément avant le décès de son père Momar Anta Sali en 1883, après la disparition de ce dernier, entre 1883 et 1895, lors du deuxième exil en Mauritanie et enfin la période de 1907 à 1927, selon leurs centres d’intérêt.
Ce qui correspond aux trois périodes délimitées par le chercheur mouride Serigne Sham Niang et le conservateur de la bibliothèque Khadim Rassoul, Ousseynou Diattara. Pour ces deux derniers, les contextes de production des « xasaïd » sont avant, pendant et après la déportation au Gabon et en Mauritanie, jusqu’en 1927, date du « retour définitif » de Cheikh Ahamadou Bamba à Touba. Cependant, selon le chercheur Abdallah Fahmi, Khadim Rassoul, lui-même, dans ses écrits, semble diviser son œuvre littéraire en deux. « La période précédant mon départ, je n’ai écrit qu’envers mon Seigneur (Mauritanie et Thieyenne). Cela nous concerne Lui et moi. Les ouvrages de la seconde déportation, par contre, sont faits de prières et permettent d’exaucer des vœux à tous ceux qui s’y adonnent », rapporte Abdallah Fahmi.
Le Docteur ès lettres en arabe à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Maguèye Ndiaye, dans sa thèse de doctorat d’État intitulée « Cheikh Ahmadou Bamba : un soufi fondateur de Tariqa et un érudit poète », répartit l’œuvre de Serigne Touba en fonction des faits les plus marquants de sa vie tout en citant certains ouvrages pour chaque époque. La synthèse des travaux et récits de toutes les sources citées ci-dessus permet de stabiliser sur deux contextes de production et d’écriture : pendant et après la déportation et l’exil. Ce dernier contexte correspond en grande partie à la résidence surveillée à Diourbel.
Au début, « Al axdaryu » de son père
C’est cette longue période qui va de ses études dans le « daara » de son père à la déportation au Gabon en 1895. Selon le chef religieux, chercheur et écrivain, Serigne Cheikh Thioro Mbacké, c’est dans ce contexte d’apprentissage, de quête du savoir et d’affirmation que Cheikh Ahamadou Bamba a repris le livre « Al axdaryu » de son père, Serigne Momar Anta Sali Mbacké, un érudit et enseignant. « C’est dans le daara de ce dernier que ses condisciples l’ont sollicité pour qu’il réécrive, de façon plus accessible, des ouvrages dont la compréhension était difficile pour certains. Il s’agit, entre autres, de « ummal-Barahin » (La source des preuves), « Jawharu Nafis » (L’essence des précieuses) « Tazaoudou Sikhar » (l’attraction des enfants), « Mawahiboul Xoudous » (Don du Très Saint), qui sont une version allégée des livres anciens comme « Al axdaryu » », indique-t-il, sans oublier le célèbre poème « Massalik Al-Jinan » (Les itinéraires du paradis). C’est dans ce sillage qu’il a écrit un célèbre ouvrage qui explique comment l’aspirant accède à Dieu par l’adoration, « Wilaya ».
Mayombé ou les épreuves salvatrices
Selon un récit corroboré par toutes les sources orales comme écrites, c’est en 1888, lorsque Cheikh Ahmadou Bamba s’est installé dans la forêt de Mbafar qu’il a nommée Touba, que les répressions coloniales ont commencé. L’attrait qu’il exerçait a suscité de la jalousie chez certains chefs traditionnels. Ce sont eux qui ont d’abord attiré l’attention de l’administration coloniale qui, à son tour, a commencé à exercer une surveillance étroite. Il s’en est suivi des mesures administratives coercitives qui aboutissent à sa déportation au Gabon de 1895 à 1902 et en Mauritanie de 1902 à 1907.
Cheikh Ahamadou Bamba percevait ces contrariétés comme des décisions divines qu’il devait supporter avec dignité afin de sauver son peuple et d’atteindre la station suprême qui lui confère le titre de Khadim Rassoul. C’est dans ce contexte qu’il a écrit les poèmes comme « Khalo liyarkan » dans lequel il rappelle à ceux qui lui proposaient d’être conseiller d’un roi qu’il ne s’occupait que de la religion pour adorer Dieu.
Le jugement de Saint-Louis du 5 septembre 1895 entérine sa déportation au Gabon. Il y voyait un signe d’« épreuves salvatrices, un tremplin vers la véritable sainteté, un moyen de purification », selon feu Pr Amar Samb. Le guide religieux a raconté son exil de près de huit ans dans une brochure de 60 pages intitulée « Jazâ es-Sakûr » ou « La récompense du très Reconnaissant ». Il y dit ceci en prose : « Je suis parti le samedi 4 du mois de Safar en l’an 1313, de la demeure que j’avais construite dans le Djolof après avoir reçu une lettre de l’Émir de Ndar (Gouverneur de Saint-Louis) qui a eu avec moi des rapports voulus par le destin ».
Le fondateur du mouridisme a passé toute sa vie, d’après Amar Samb, à écrire surtout des poèmes et ceux-ci étaient souvent des acrostiches où les initiales de chaque vers, lues dans le sens vertical, composent un ou plusieurs versets du Coran, un nom du Prophète, l’alphabet arabe ou même le mot français « Merci ». En 1902, entre les deux exils, Serigne Touba a aussi produit, entre autres, « Muqaddîmâ al Amdâh fî Mazâyâ al-Miftâh » (Les prémisses des louanges ou les privilèges de la clé » en acrostiche d’un verset coranique. Lors de la deuxième déportation, il a écrit, selon Serigne Mamadou Lamine Diop Dagana, plusieurs « xasaïd » sans titres et rassemblés dans son recueil « Irwahu An Nadim ».
Un retour prolifique
À son retour de la Mauritanie en 1907, l’administration coloniale décide de le mettre en résidence surveillée à Diourbel. En se fondant sur les écrits de son fils Serigne Bassirou Mbacké et de Dr Maguèye Ndiaye, c’est durant cette période d’« accalmie » mais sous une étroite surveillance que Serigne Touba a produit, entre autres recueils, « Les versets du bienfait », « Le bonheur des disciples », « Les clés de la joie », « La voie de la satisfaction du besoin », « Les verrous de l’enfer », « Le trésor des bienfaits guidés »…
Les « xasaïd » sont entrés dans l’éternité par leur message universel. De l’avis de Serigne Sham Niang, les « xasaïd » permettent une acquisition de connaissances ésotériques et une meilleure compréhension de l’islam et des secrets du verbe divin. C’est également pour lui une exhortation au travail et un moyen de raffermissement de la foi du musulman. C’est pourquoi Serigne Mountakha Bassirou Mbacké leur accorde une très grande importance, d’où l’organisation d’une journée nationale dédiée aux « xasaïd ». Cela avait suscité un très grand engouement. Enthousiasme qui témoigne de l’intemporalité de cette œuvre.
LES XASAÏDS, UNE NICHE DE GRÂCES
L’œuvre littéraire de Cheikh Ahmadou Bamba continue de répandre de la lumière dans le monde. Elle est aussi un gagne-pain pour beaucoup de personnes
Mamadou Dièye et Diène Ngom |
Publication 26/09/2021
Parmi l’une des recommandations de Khadim Rassoul à la postérité, les « xasaïd » : «À défaut d’un guide authentique, l’adoption et l’attachement aux « xasaïd » peuvent entraîner la réalisation spirituelle d’un disciple », disait-il, selon Serigne Sham Niang. Aujourd’hui, ces écrits, soutient-il, sont déclamés partout, par toutes les tranches d’âge, par des hommes et des femmes. Aux alentours de la grande mosquée de Touba, entre le cimetière et « Daaray Kamil », Moussa et ses camarades, tous des talibés âgés entre 10 et 12 ans, forment leur petit cercle, debout. Ils déclament le « xasida » « Jaz bul xulub ». « Nous le faisons par passion, mais aussi pour avoir des sous ». Dans la grande mosquée, sous le minaret qui se situe vers le mausolée du deuxième Khalife général des Mourides, Serigne Fallou Mbacké, un groupe de personnes âgées bien installées sur une moquette déclame le « xasida » « sindidi ».
Difficile de leur arracher un mot. Cependant, Djibril Diop, membre du dahira « Moukhadimatoul Khidma » qui organise et assure la sécurité à l’intérieur de la grande mosquée, renseigne que ces « vieux » sont les seuls autorisés à le faire tous les jours dans l’enceinte de la mosquée, en plus de ceux qui viennent tous les vendredis au mausolée de Serigne Modou Moustapha Mbacké, premier Khalife général des Mourides. En effet, hormis ces deux groupes cités ci-dessus, il est maintenant interdit de faire des « kurël » dans l’enceinte de la mosquée. La raison est simple d’après Djibril Diop : certains le faisaient à but lucratif.
Imprimeurs et éditeurs se frottent les mains
Toutefois, aux alentours de la mosquée et du cimetière, beaucoup de jeunes mourides des daaras gagnent leur vie grâce aux panégyriques de Cheikh Ahmadou Bamba. Le nombre de cantines et de boutiques à côté de la grande mosquée de Touba s’adonnant à la vente et au moulage de « xasaïd » en témoigne. Mbaye Serigne, propriétaire d’une cantine sur l’allée passant devant la bibliothèque Cheikhoul Khadim « Daaray Kamil », est un ancien pensionnaire des « daara ». « Je subviens aux besoins de ma famille grâce aux « xasaïd ». Chaque jour, je gagne au moins 3.000 FCfa. En période de grand Magal, je peux avoir 10.000 FCfa par jour », confie-il, le visage paisible. À côté de lui, Abdou Sarr ne peut pas écrire ni modeler, mais il a un fournisseur et une imprimante qui lui permet de multiplier des « xasaïd » à vendre. Selon lui, il gagne plus de 2.000 FCfa par jour. Dans le cimetière de Touba, près de la grande mosquée et à « Bakhiya », plus récente nécropole, des individus déclament certains des « xasaïd » pour accompagner les défunts et, en contrepartie, recevoir de l’argent de ceux qui accompagnent les défunts à leur dernière demeure.
D’autres ont choisi de créer, aujourd’hui, des maisons d’édition et des imprimeries spécialisées dans la reproduction des « xasaïd ». L’imprimerie « Keur xasida yi », à quelques encablures de la grande mosquée de Touba, en est un exemple. Son propriétaire, qui souhaite garder l’anonymat, estime son chiffre d’affaires à plus 10 millions de FCfa par an avec plus de 20 employés et une dizaine de collaborateurs revendeurs. Les écrits du fondateur du mouridisme sont devenus une véritable industrie qui fait vivre plusieurs familles dont de nombreux jeunes. Aujourd’hui, plusieurs dahira portent le nom d’un « xasida ». Les jeunes s’identifient à ces écrits. Une attitude qu’Abdallah Fahmi conçoit comme une prise de conscience de la valeur et du legs de Khadim Rassoul. Ce qui augure de « lendemains meilleurs ». Cette appropriation a des retombées économiques évidentes.
À Diourbel aussi
Ce fait ne se limite pas seulement à Touba. Au quartier Médinatoul de Diourbel qui abrite « Kër Gu Mak », l’ancienne résidence surveillée, il existe aussi des cantines de vente de « xasaïd ». Alassane Ndiaye confie qu’il s’adonne à ce commerce depuis qu’il a quitté l’école coranique en 1996, s’occupant de sa famille grâce à la vente des exemplaires de « xasaïd ». Serigne Saliou Sylla est un Lougatois établi à Diourbel. C’est un calligraphe copiste. « Je recopie des « xasaïd » pour les imprimeurs. C’est une forme de pige. Le vers coûte entre 200 et 500 FCfa. Chaque fin du mois, je passe chez les vendeurs pour récupérer mon dû. Je gagne plus de 200.000 FCfa par mois. En cette période de Magal, si je fais la somme de mes commandes, j’aurai plus de 600.000 FCfa au début du mois d’octobre. D’autres préfèrent le faire avant d’écouler le produit et c’est ce qui me permet de faire fonctionner la maison au quotidien », confie-t-il, heureux de sa bonne grâce.
LE JARAAF LANCE SA MARQUE
L’équipe du Jaraaf a déclaré avoir lancé sa marque baptisée J, dans le but de ‘’s’émanciper des équipementiers traditionnels’’.
Dakar, 26 sept (APS) – L’équipe du Jaraaf a déclaré avoir lancé sa marque baptisée J, dans le but de ‘’s’émanciper des équipementiers traditionnels’’.
‘’La marque sera dès cette saison l’équipementier du club’’, a précisé, sur les réseaux sociaux, le club omnisports de la Médina, fondé en 1969.
Le Jaraaf est le premier club sénégalais à avoir officiellement lancé sa marque. Il a inauguré un centre d’entraînement, en juin dernier, à la Sicap Amitié, à Dakar.
Lors de la campagne pour l’élection du président de la Fédération sénégalaise de football, en juillet dernier, Mady Touré, l’un des candidats, avait évoqué la nécessité pour le football sénégalais d’avoir sa propre marque.
C’est une question d’‘’identification’’, de ‘’maximisation des profits’’ et de ‘’développement’’ du football national, avait-il expliqué.
‘’C’est aussi une manière d’associer le plus grand nombre de compatriotes autour du football national en donnant du travail aux artisans et aux tailleurs sénégalais’’, avait souligné Mady Touré, président et fondateur de l’académie Génération
Foot.
Son académie a formé plusieurs internationaux de football dont le leader de l’attaque des Lions du Sénégal, Sadio Mané (Liverpool). Ce dernier était présent avec avec trois autres anciens de l’académie à savoir Ismaila Sarr (Watford), Pape Matar Sarr (FC Metz) et Habib Diallo (RC Strasbourg) lors des matchs ayant opposé le Sénégal au Togo (2-0) et au Congo (3-1) en éliminatoires de la coupe du monde 2022.
SERIGNE MOUNTAKHA MBACKÉ, LE CHARISME AU SERVICE DE L'HUMAIN
Les personnes désemparées admirent sa grandeur d’âme. Celles qui sont moins accablées par le sort s’inspirent de sa noblesse d’esprit. Le Khalife général des Mourides, est une aubaine pour ce monde tumultueux
Mamadou Dièye et Diène Ngom |
Publication 26/09/2021
Les personnes désemparées admirent sa grandeur d’âme, sa bienveillance. Celles qui sont moins accablées par le sort s’inspirent de sa noblesse d’esprit et de caractère, de sa sagesse. Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, Khalife général des Mourides, est une aubaine pour ce monde tumultueux en proie à l’anxiété.
La puissance de persuasion et l’affabilité naturelle de Serigne Mountakha Mbacké, charismatique Khalife général des Mourides, est une aubaine pour une humanité en souffrante et les horizons embrumés qui la jettent dans l’incertitude. Son visage apaisé et souriant a conquis les cœurs. Sa sagesse et sa foi musulmane inébranlable sont une promesse sincère. Il a de qui tenir. Son illustre père, Serigne Bassirou Mbacké, homme de foi et de sciences, a accompli une œuvre méritoire sur terre. Il n’a jamais témoigné de l’indifférence à ceux que le sort accable, prenant son bâton de pèlerin pour mener des médiations heureuses. « Résoudre les différends était sa force. Du voisinage immédiat aux parents éloignés, il ne s’est jamais lassé. Et je vois ces qualités en Serigne Mountakha. Il le tient de son père qui était aussi un grand éducateur », confie Serigne Malick Dieng.
La réconciliation entre les Présidents Macky Sall et Abdoulaye Wade après plusieurs années de divergences, les grandes retrouvailles de la famille Hizbut Tarqiyyah, entre autres, sont encore fraîches dans les esprits. Le successeur de Serigne Sidy Mokhtar Mbacké travaille, avec la science comme bréviaire, au couronnement du triptyque Tawhid (Unicité de Dieu), Fiqh (Jurisprudence islamique) et Tasawuf (Intercession).
Ayant conquis l’estime de ses pairs, des disciples de toutes les obédiences et du peuple par son humilité, le vertueux chef religieux de 91 ans est devenu le huitième Khalife général de la confrérie soufie mouride, le 10 janvier 2018. Le petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba, modèle achevé de droiture et de dévouement, est ainsi le premier guide spirituel de la famille de Darou Minam à tenir les rênes de la communauté mouride. Serigne Mountakha Mbacké était déjà dans les cœurs avant son khalifat pour avoir traité ses prédécesseurs avec autant de déférence qu’on lui en témoigne aujourd’hui. En 2007, après la disparition de son frère aîné, Serigne Moustapha Bassirou, cet homme, doué d’un certain charisme, est davantage mis en lumière. Il est le prototype du Mouride loyal et dévoué à la cause commune. On ne le voyait que les jours de Tabaski, quand il sortait pour diriger les prières à Diourbel. L’actuel dépositaire du legs de Serigne Touba assure depuis lors un double khalifat : celui de Darou Miname et l’immense et exaltante charge de guide de la confrérie.
Médiateur dans l’âme
Né en 1930, Serigne Mountakha Mbacké a succédé à son cousin, Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké. Il a toujours été le trait d’union de la communauté, l’homme des missions sensibles. N’est-ce-pas à lui que les regrettés Serigne Saliou Mbacké et Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké avaient confié les missions de pacification entre certains dignitaires religieux et les responsables du dahira Hizbut Tarqiyyah ? Le grand public a découvert les qualités de médiateur du fils de l’auteur de « Minanul Bâqil Qadîm » dans la crise qui a opposé, en son temps, le dahira Hizbut Tarqiyyah et Serigne Moustapha Saliou, un des fils de Serigne Saliou. Tout récemment, il a permis au Président Abdoulaye Wade et à son successeur, Macky Sall, de renouer le fil du dialogue.
À son accession au khalifat, Serigne Mouhamadou Lamine Bara, qui a ouvert l’ère des petits-fils, avait porté son choix sur lui pour être son Porte-parole. Un signe de confiance. Mais, Serigne Mountakha qui cultive la discrétion a préféré se mettre en retrait pour des raisons « personnelles », favorisant le choix porté sur son « jeune frère », Serigne Bass Abdou Khadre. Ce qui n’enlève en rien la grande confiance et l’estime qu’il vouait à El Hadji Mouhamadou Lamine Bara, qui le lui rendait bien, ainsi qu’à Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké.
Orthodoxie mouride
Le sage de Darou Minane est très respectueux de ses aînés, car pour lui, les « Ndigël » sont à exécuter. C’est ce qui lui a valu d’être l’homme de confiance de Serigne Saliou Mbacké, de Serigne Mouhamadou Lamine Bara et de Serigne Sidy Mokhtar Mbacké, trois de ses prédécesseurs. Ce dernier, septième Khalife de Serigne Touba, avait fait de lui son « Jëwriñ », un bras droit dont l’efficacité en dépit de l’âge n’est plus à démontrer. L’histoire retiendra que c’est par l’entremise de Serigne Mountakha que Serigne Sidy Mokhtar a fermé le cimetière situé à l’est de la grande mosquée et ouvert celui de Bakhiya.
Homme de dialogue, cultivé, rassembleur et respectueux de l’orthodoxie mouride, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké a grandi dans l’ombre de ses frères. Il a étudié le Coran, les sciences religieuses et saisi l’œuvre de son grand-père, fondateur du Mouridisme, sous la supervision de son père, Serigne Bassirou Mbacké. Il s’est ensuite rendu en Mauritanie. Ce parcours le forgea. Son verbe est empreint de sagesse, son geste noble.
Serigne Mountakha est un grand agriculteur, un propriétaire terrien. Le religieux est surtout généreux. Il a contribué à hauteur de 72 millions de FCfa à la construction de la mosquée de Porokhane, la localité où il séjourne le plus après Touba. Outre sa résidence, il possède des champs à Darou Salam Tipe, où il a créé un « daara » (école coranique), et enseigne à de nombreux disciples les enseignements de son grand-père.
Générosité naturelle
À 91 ans, Serigne Mountakhafait l’unanimité sur son altruisme, sa grandeur d’âme. Un religieux « détaché des mondanités et doté d’un franc-parler exceptionnel », confie Bassirou Sourang du quartier de Médinatoul de Diourbel. Il hérite ainsi de la plus haute fonction religieuse de cette confrérie islamique parmi les plus représentatives d’Afrique.
Lors de sa première allocution en tant que Khalife général, il a tendu la main aux guides des autres confréries musulmanes du Sénégal et des autres religions. Un message fort destiné à renforcer l’harmonie. Il ne s’est jamais départi de sa constance dans sa foi en Khadim Rassoul et de ses enseignements, confie son fils Serigne Cheikh. Aujourd’hui, le Khalife général des Mourides fait partie des personnalités les plus influentes du Sénégal et du monde, selon les observateurs.
Serigne Mountakha Mbacké a émis le vœu de réaliser la volonté de son illustre ascendant, Cheikh Ahmadou Bamba, exprimé dans son panégyrique « Matlaboul Fawzeyni » : faire de Touba un centre universel d’acquisition de connaissances à travers la réalisation du Complexe Cheikh Ahmadou Khadim (Ccka), pour un coût de 37 milliards de FCfa par financement participatif. En septembre 2019, il a inauguré la mosquée Massalikoul Jinane dont il a été le premier à avoir posé la première pierre sous le magistère de Serigne Saliou Mbacké, un projet qui a coûté 22 milliards de FCfa.
C’est connu. Serigne Mountakha est une âme généreuse. Quand l’émigration clandestine avait fini de plonger les populations dans la désolation, le saint homme a fait un don de 20 millions de FCfa aux familles des victimes. Il a contribué à hauteur de 100 millions de FCfa pour la réhabilitation de la mosquée de Tivaouane, le double pour participer à l’effort de lutte au début de la pandémie de la Covid-19 au Sénégal. Le Khalife général a également assuré la prise en charge totale des familles en quarantaine à Touba. Aux opérateurs économiques victimes de l’incendie du marché Ocass de Touba, Serigne Mountakha a aussi remis un montant de 100 millions de FCfa. Il en a fait plus lors des inondations dans la cité religieuse, pour les hémodialysés… Et pour bien d’autres âmes désemparées. Son œuvre, en cour, est immense.
L'ARCHIDIOCESE DE DAKAR REND HOMMAGE AU CARDINAL HYACINTHE THIANDOUM
L’archidiocèse de Dakar a annoncé l’organisation d’un colloque dont le but sera de faire connaître à la jeunesse sénégalaise le cardinal Hyacinthe Thiandoum, à l’occasion du centenaire de sa naissance.
Dakar, 26 sept (APS) – L’archidiocèse de Dakar a annoncé l’organisation d’un colloque dont le but sera de faire connaître à la jeunesse sénégalaise le cardinal Hyacinthe Thiandoum, à l’occasion du centenaire de sa naissance.
‘’Malgré les restrictions liées à la pandémie de coronavirus, l’archidiocèse de Dakar n’a pas renoncé à son projet de célébrer le centenaire de la naissance du cardinal Thiandoum’’, écrit le site d’information Vatican News.
‘’Il est prévu, pour ce faire, un colloque dont l’enjeu est de présenter aux nouvelles générations la figure de ce prélat’’, ajoute ce média du Saint-Siège.
L’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye, dans un entretien avec le site d’information, affirme que le futur colloque sera l’occasion de faire connaître à la jeunesse sénégalaise les ‘’différents apports’’ du défunt guide religieux.
L’APS a tenté d’entrer en contact avec l’archidiocèse de Dakar pour connaître la date du colloque, mais sans y arriver.
La contribution du cardinal Hyacinthe Thiandoum à ‘’l’expansion de la mission chrétienne’’ et à ‘’la promotion des vocations sacerdotales et religieuses’’ sera évoquée, entre autres questions, lors de cette rencontre.
‘’On voudrait (…) visiter le personnage sous différents aspects, sans oublier bien sûr les rapports islamo-chrétiens’’, a ajouté l’archevêque de Dakar.
Hyacinthe Thiandoum est né le 2 février 1921 à Poponguine, dans la région de Thiès (ouest). Il fut le premier archevêque autochtone de Dakar et premier Sénégalais à porter le titre cardinalice.
Il a dirigé l’archevêché de Dakar pendant trente-huit ans.
Hyacinthe Thiandoum avait été ordonné prêtre en 1949 et nommé archevêque de Dakar en février 1962. Sa création comme cardinal a eu lieu en 1976.
Mgr Benjamin Ndiaye rappelle que le cardinal avait ‘’marqué les esprits par son combat en faveur du dialogue islamo-chrétien’’. Il était ‘’l’ami de plusieurs chefs marabouts auxquels il se plaisait à rendre visite’’ et à inviter même au pèlerinage national marial de Popenguine, a l’archevêque.
A l’initiative de l’ambassade du Sénégal près le Saint-Siège, une célébration eucharistique a été présidée par le cardinal Peter Turkson en présence de la communauté sénégalaise de Rome, en souvenir du cardinal Hyacinthe Thiandoum.