SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
22 juin 2025
IL FAUT APPLIQUER LES REGLES APPLICABLES A TOUS LES FONCTIONNAIRES DE L’ETAT
Le médecin-légiste Amadou Sow, a choisi d’analyser la nouvelle décision du chef de l’Etat Macky Sall d’imposer aux médecins recrutés de servir cinq ans au minimum en région avant de bouger sous l’angle des contrats et des engagements signés entre les deux
Le médecin-légiste Dr Amadou Sow, a choisi d’analyser la nouvelle décision du chef de l’Etat Macky Sall d’imposer aux médecins recrutés de servir cinq ans au minimum en région avant de bouger sous l’angle des contrats et des engagements signés entre les deux parties à savoir les médecins et l’Etat. Il pense que la solution viendra des actions notées dans le plan d’investissement 2020-2024 du ministère de la Santé et de l’Action sociale surtout celles relatives au manque de motivation pour les personnels qui travaillent dans des zones réputées difficiles. En dehors de ces engagements, Dr Sow préconise d’appliquer les règles qui sont valables pour tous les fonctionnaires.
Le chef de l’Etat Macky Sall exige que les médecins recrutés et affectés en région y restent pendant, au moins, cinq ans avant de pouvoir bouger. « Mais quelle est la particularité de ces fonctionnaires pour qui le président et le ministre de la Santé éprouvent le besoin de rappeler ce qui semble être normal : servir dans son lieu de travail ? », s’est interrogé le médecin-légiste.
Dr Amadou Sow rappelle que « tous » les fonctionnaires sont régis par des statuts auxquels on doit se référer et qui doivent être appliqués d’une manière équitable, « sans deux poids-deux mesures ». Maintenant, quid des agents qui ne sont pas des fonctionnaires et qui n’ont pas d’engagement qui les lie avec le ministère de la Santé ? Ce professionnel de la santé, citant le Dr Boubacar Signaté qui dit que ‘’la médecine est une profession libérale par essence’’, indique que si le médecin n’a pas d’engagement, il est libre d’y aller comme de ne pas y aller. S’il a signé un engagement avec le ministère, quelle que soit la forme de cet engagement, que ça soit un contrat à durée indéterminée ou à durée déterminée, ou un engagement qu’il a signé avec le ministère pour pouvoir bénéficier d’une bourse de spécialisation, là, dit-il, les choses doivent être analysées selon les termes de cet engagement. Si donc le médecin s’était engagé à rester 5 ans ou 10 ans en région et qu’il veuille revenir sur ses engagements, Dr Sow considère qu’il y a des dispositions ou des voies et moyens qui permettent à la partie qui veut revenir sur ses engagements de pouvoir le faire. Mais, « avec des pénalités », a-t-il tenu à préciser.
Selon lui, le fond du problème avec ces affections en région est pourtant diagnostiqué dans un document du ministère de la Santé. Un document qui prévoit un investissement dans le secteur de la santé. « Dans le plan d’investissement du ministère de la Santé 2020-2024, il est clairement dit qu’effectivement, il y a un manque de motivation pour les personnels qui travaillent dans des zones réputées difficiles. Dans les défis ou les solutions préconisés, il y a d’abord la nécessité d’augmenter la motivation du personnel de santé d’une manière générale, mais aussi d’avoir une politique incitative pour que ceux qui sont dans les zones éloignées puissent avoir un épanouissement dans leur travail. La solution viendra des actions que la tutelle va prendre dans ce sens. Mais tout le reste, c’est de la démagogie », estime Dr Amadou Sow.
Selon lui, « celui qui le dit, sait qu’il a les moyens juridiques pour certains types de personnel de faire appliquer les dispositions. Pour d’autres, il n’a aucune maitrise sur eux ». Pour lui, c’est un non-sens de décréter « comme ça » une mesure. Déjà, dit-il, il y a des gens qui demandent quelle est la loi qui dit qu’un fonctionnaire doit rester cinq ans à un poste avant de pouvoir bouger. Cette nouvelle mesure d’imposer un séjour de cinq ans, Dr Sow dit l’analyser sous l’angle des « contrats et des engagements signés çà et là ». Mais que, en dehors de ces engagements, il faudrait appliquer les règles qui sont applicables à tous les fonctionnaires.
LES MÉDECINS DISENT NON À LA NOUVELLE DISPOSITION LES OBLIGEANT À SÉJOURNER 5 ANS EN RÉGIONS
Pour avoir annoncé depuis Kédougou, à l’occasion de l’inauguration de l’hôpital de niveau 2 de localité, sa décision de faire respecter la disposition fixant les médecins à leurs postes en région pour au moins 5 ans avant de pouvoir bénéficier d’une nouvelle affectation, le président de la République s’est attiré les foudres des professionnels de la santé. Lesquels parlent d’un effet d’annonce fait par le président Sall qui serait en « campagne déguisée » pour les prochaines locales. Les médecins interrogés sur le sujet considèrent que le problème persistera tant qu’on ne règlera pas la problématique de la « gouvernance des ressources humaines » liée à leur affectation en régions. Ils proposent d’ailleurs le modèle du ministère de l’Education nationale relatif au mouvement annuel des enseignants.
Désormais, les médecins recrutés serviront pendant au moins cinq ans dans les régions avant de pouvoir bénéficier d’une affection en ville où dans les régions proches. La décision a été annoncée par le chef de l’Etat lors de l’inauguration de l’hôpital Amath Dansokho de Kédougou. Le Président a d’ailleurs instruit le ministre de Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, de faire respecter cette « nouvelle » disposition. Que des médecins voient d’un autre œil et qu’ils considèrent comme un « effet d’annonce ».
Pis, selon eux, le chef de l’Etat ferait une campagne déguisée en préparation des locales de janvier prochain. C’est en particulier l’avis des Docteurs Ismaïla Ndour et Serigne Shérif Fall. « Il est en campagne déguisée. Il en profite d’ailleurs pour essayer de mettre les médecins en mal avec la population à laquelle il veut faire croire que ce sont ces derniers qui refusent d’être affectés dans les régions. Or c’est faux », a martelé Dr Fall qui pense que le chef de l’Etat, avec cette nouvelle mesure, va plutôt procéder à la réduction de la durée de service effectuée par un médecin à son poste de travail. Parce que, dit-il, « avant, quand on t’affectait dans une région enclavée, tu te disais que tu allais y servir au moins pendant 10 ans avant de revenir à Dakar, à Thiès ou à Saint Louis. Mais lui, il est venu réduire la durée de ce séjour ».
Pour ce médecin aux positions radicales, le problème se trouve ailleurs c’est-à-dire dans la régularisation de la situation de centaines de médecins. « Il y a des collègues contractuels qui attendent encore que leur situation soit régularisée, et des centaines d’autres attendent aussi d’être embauchés. Qu’ils soient recrutés et affectés est leur seul souhait. Le lieu de l’affection étant le cadet de leur souci, ils sont prêts à servir dans n’importe quelle localité du pays ».
En dénonçant la situation de ces médecins, Dr Serigne Shérif Fall a aussi profité de l’occasion pour attirer l’attention du président Sall sur le cas de certains professionnels de la santé qui ont déjà servi pendant plus de 10 ans dans les régions, et qui peinent à être affectés. C’est le même constat du côté du médecin-légiste, Dr Amadou Sow, qui reconnait certes que « les médecins doivent être disponibles partout où le besoin se fait sentir », mais qui se scandalise du fait que beaucoup de médecins « moisissent et se carbonisent » en région. « A entendre le président parler, c’est comme si il n’y avait pas des médecins dans les régions. Là où il s’était rendu à Kaffrine ou à Kédougou, il y a des médecins qui y ont peut-être duré plus d’une dizaine d’années. Même dans les localités les plus reculées du pays, on y trouve des médecins. Au moment où le président tient ce discours, des collègues ne demandent qu’à être recrutés et affectés. Ils n’ont pas de recrutement. En lieu et place, on privilégie d’autres personnes. A côté de ces médecins, il y a d’autres qui n’iront jamais dans les régions. Ce qu’il faut comprendre de deux manières. Il y a ceux qui n’iront pas, parce que c’est leur choix, ils ont choisi de rester à Dakar parce qu’ils n’ont signé aucun engagement qui pourrait les obliger à aller en région. Il y a d’autres qui n’iront jamais en région par le simple jeu d’accointance ou de proximité qu’ils ont avec l’autorité politique ou l’autorité qui a la décision d’affecter ou de ne pas affecter. On va les recruter et les laisser à Dakar, alors qu’il y a leurs anciens, des spécialistes sous contrat, donc qui ne sont pas recrutés, qui sont dans des régions éloignées avec des conditions de travail assez difficiles ».
Pour dire que « ce ne sont pas les médecins qui sont responsables de leurs affectations », a renchéri notre consultant en santé, Dr El Hadj Ndiaye Diop de l’hôpital Ndamatou de Touba qui rappelle au président Sall que c’est le ministre de tutelle qui signe toutes les affectations. Mieux encore, c’est lui qui fait revenir les médecins à Dakar. « Aucun médecin de la fonction publique ne décide de son affectation. Le problème, c’est les autorités et leurs services. Donc, il n’y a pas débat », estime Dr Diop.
A l’en croire, « rien n’empêche le ministère de la Santé de faire comme le ministère de l’Education nationale pour les mouvements annuels ». Le médecin légiste, Dr Sow, demeure convaincu que tant qu’on ne mettra pas en place ce qu’il appelle une « gouvernance démocratique des ressources humaines », le problème restera toujours entier.
Par Abdoul Aly KANE
COVID ET PLANS D’EMERGENCE EN AFRIQUE
Cette pandémie a généré partout une baisse globale des ressources publiques internes mais également la baisse des flux financiers extérieurs se rapportant aux emprunts et aux investissements
La Covid-19 est une maladie infectieuse provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2 qui serait apparue en 2019 en Chine et s’est propagée dans le monde. Elle a entraîné une récession économique mondiale dans un contexte d’interdépendance des économies, et bloqué la libre circulation des hommes et des biens. Cette pandémie a généré partout une baisse globale des ressources publiques internes mais également la baisse des flux financiers extérieurs se rapportant aux emprunts et aux investissements. Ces ressources publiques en baisse au plan interne ont été sollicitées pour venir en soutien aux populations et aux entreprises frappées par la crise sanitaire et ses effets. La pandémie a ainsi nécessité la programmation et l’exécution de dépenses publiques incompressibles de soutien aux populations pour préservation de leur santé, et aux entreprises en difficulté « quoi qu’il puisse en coûter ». Elle a donc mis les Etats du monde dans des situations de déséquilibre financier et de dérèglement macro-économique dans le souci du maintien de l’existant humain et la préservation des acquis économiques essentiels.
Les Etats-Unis injectent 5000 milliards de francs dans leur économie !
Un plan de riposte et de relance de 1900 milliards de dollars. Cet apport «d’argent frais» faisait déjà suite à un plan de dopage de la croissance de l’économie américaine avec l’injection de 2200 milliards de dollars en mars 2020, puis 900 milliards de dollars, soit près de 5 000 milliards de dollars entre 2020 et 2021. Ces injonctions de fonds ont été financées par un déficit budgétaire de l’ordre de 18 % du produit intérieur brut du pays, égalant le déficit généré par les dépenses publiques de reconstruction « post » seconde guerre mondiale. A titre comparatif, les 1900 milliards de dollars du plan de sauvetage du président Joe Biden (American Rescue Plan Act) correspondent au PIB de l’Italie, soit toute la richesse accumulée en un an de ce pays, 3ème économie d’Europe. De cette injection de fonds est attendue non seulement la reprise de la consommation des ménages américains et de l’emploi, mais encore des effets induits sur la relance de la production européenne exportatrice vers les USA.
750 milliards d’euros pour sauver l’économie du Vieux continent !
En Europe, un plan de relance d’environ 750 milliards d’euros a été programmé, accompagné de politiques budgétaires de soutien en interne (creusement des déficits budgétaires : la France est à plus de 7% contre 3% autorisés dans la zone euro) et d’appuis multiformes des institutions financières nationales et européennes pour assurer la reprise économique. Avec toutes ces mesures fortes, l’OCDE table sur une croissance de l’activité économique mondiale de 5,8 % en 2021, après une contraction de 3,5 % en 2020. La relance de la consommation des ménages, donc de la production américaine, la réouverture progressive des frontières ainsi que les espoirs placés dans les bons résultats de la vaccination collective, expliqueraient cet optimisme pour la reprise économique attendue dès cette année 2021.
Le bilan sanitaire et économique et la riposte de l’Afrique
Au stade d’aujourd’hui, le Covid 19 ferait bien moins de victimes en Afrique qu’ailleurs dans le monde. Au 25 mai 2021, selon le Centre Africain pour le Contrôle et la Prévention des Maladies, en Afrique il y a eu 4 768 416 cas cumulés et un total de 128 718 morts. A titre comparatif, la France totalise à la même période 5,7 millions de cas et 100 000 décès. L’Inde enregistre présentement près de 28 millions de cas pour 336 000 décès, et le Brésil 16 millions de cas pour 465 mille décès. Au-delà de la question de l’efficacité des mesures prises, la thèse du Dr Massamba Diop selon laquelle les populations africaines auraient développé une sorte d’immunisation contre le virus au fil du temps n’est pas dénuée de sens. Dans notre continent, la riposte entamée à compter de mars/avril 2020 s’est traduite au plan sanitaire par une fermeture des frontières et des mesures de repli. Les Etats ont dû prendre des mesures drastiques pour sauver des vies. Ces mesures ont essentiellement consisté en l’aménagement de centres de quarantaine pour les cas diagnostiqués, l’auto-isolement des personnes exposées et des mesures de confinement des populations (distanciation physique, port de masques etc.).
Au plan économique, cette situation pandémique intervient dans une période de croissance soutenue des grands agrégats, et la désignation de l’Afrique comme le continent de l’avenir économique du monde. Nous avons les taux de croissance les plus élevés au monde : exemple de la Côte d’Ivoire citée comme ayant l’un plus forts taux de croissance au monde. Le choc du confinement mondial a été rudement ressenti par les principales économies africaines, largement dépendantes de l’exportation des matières premières. Des pays pétroliers comme le Nigéria, l’Angola et la Guinée Equatoriale ont subi la crise de plein fouet. Des pays comme l’Egypte ont exceptionnellement pu maintenir une croissance positive (3,5 %) grâce à la taille de leur marché intérieur et aux réponses monétaire et budgétaire apportées pour contenir les effets de la pandémie.
Les Etats dépendant de l’exportation de matières premières extractives, comme en Afrique de l’Est ou dans le Golfe de Guinée, ont su résister. Au niveau de l’UEMOA, 5 284,93 milliards de FCFA ont été débloqués pour couvrir temporairement les besoins sociaux des ménages (paiement de factures d’électricité, eau, loyers, etc.) et les besoins financiers à court terme des entreprises (différés de paiement d’impôts, facilités douanières, appuis forfaitaires en fonds de roulement), avec comme contrepartie leur engagement à préserver des emplois. Au plan international, la relance africaine escompte près de 100 milliards de dollars annoncés en DTS, dont 33 milliards de dollars au titre des avoirs du continent au FMI, et le reliquat sous forme de redistribution de DTS des pays avancés en sa faveur, ainsi que des effacements de dettes antérieures sollicités. Au Sénégal, au-delà des mesures sanitaires comme le confinement dont la durée et les horaires avaient fini par désorganiser le secteur informel (principal pourvoyeur d’emplois et de revenus), les secteurs d’activité les plus touchés sont l’hôtellerie, le transport aérien, la restauration, l’art, la culture et l’artisanat. Les autres secteurs, à savoir des services comme les exportations, ont faiblement subi les effets du repli économique mondial. Le Sénégal a bénéficié d’un soutien financier de 1 000 milliards de FCFA de l’UEMOA, dont 854 milliards prévus pour soutenir l’économie, logés dans un Fonds dédié aux actions de riposte contre la Covid 19, et gérés dans le cadre du programme de résilience économique et sociale (PRES). A la date du 31 mars 2021, selon le compte rendu des autorités de contrôle de l’utilisation des fonds, 690 milliards auraient été dépensés.
Pour l’avenir
Il faut convenir que la riposte africaine a manqué de promptitude et de vigueur, mais surtout elle est en retrait par rapport aux besoins de relance de l’économie et des besoins micro-économiques des entreprises. Il faut espérer que la progression du Covid 19 soit enrayée par la vaccination et que de nouveaux « variants » ne nécessitent pas à leur tour de nouvelles mesures sanitaires de confinement dont l’effet serait de faire perdurer la récession économique. Les plans d’émergence ont fait l’objet de pauses avec des programmes transitoires comme le Plan de Résilience Economique du Sénégal lui-même intermédiaire du PAP 2A qui est le plan de la phase 2 du PSE.
A notre sens la leçon de cette crise est que « Tout » devra être repensé.
L’émergence en solo n’est pas porteuse de transformation structurelle de nos économies, au regard de la taille de nos marchés et des capacités de production et de consommation qu’elle induit. Tous nos pays se sont dotés de programmes d’émergence « chronogrammés ».
Les émergences du Sénégal et du Cameroun sont prévues pour 2035, celles du Gabon pour 2025, alors que la Côte d’Ivoire le serait déjà depuis 2020. Toutes ces programmes d’émergence distincts sont déclinés dans un contexte aujourd’hui reconnu de politique monétaire répressive ne trouvant pas les canaux efficaces de financement de nos économies dont les taux de croissance sont pourtant les plus forts au monde. Ces taux de croissance forts, au-delà des secteurs traditionnels, sont essentiellement portés par des politiques de grands travaux de type keynésiens, à savoir la construction d’infrastructures de routes et de transports financés sur endettement extérieur. Il ne peut y avoir d’émergence sans transformation structurelle de nos économies qui sont les réservoirs à matières premières des pays « avancés ».
L’exemple du Ghana et de la Côte d’Ivoire, les plus grands producteurs mondiaux de cacao, est parlant. La Côte d’Ivoire se distingue par l’un des taux de croissance économique les plus dynamiques au monde, de 6 à 11 % entre 2012 et 2019. L’économie ivoirienne est portée par le cacao qui représente 15 % de son PIB, avec une production de 2 millions de tonnes en 2020, soit plus de 40 % de la production mondiale. Selon la Banque mondiale, cette culture représente près de 40 % de recettes d’exportation et fait vivre 5 à 6 millions d’Ivoiriens, soit un cinquième de la population du pays. Elle est suivie par le Ghana qui est le deuxième producteur mondial avec plus de 20 %. Ces deux plus grands producteurs mondiaux d’un produit agricole phare à forte demande ne parviennent pas cependant à influencer les prix de cette production, historiquement bas et insuffisants pour faire vivre les petits planteurs qui le produisent. Les prix du cacao ne sont pas fixés ni influencés par les pays producteurs, à l’instar du pétrole avec l’OPEP, mais par les spéculateurs des bourses financières de Londres et New York, complètement déconnectés de l’économie réelle, et qui traitent (en achat et vente) près de 30 fois la production mondiale de cacao.
Les planteurs de Côte d’Ivoire et du Ghana perçoivent environ 6 % des 100 milliards de dollars par an que représente le marché mondial du cacao et du chocolat, et la moitié d’entre eux vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque Mondiale. La Côte d’Ivoire a toutefois mis en place des solutions de stockage et de transformation en interne de la matière première dont le terme est fixé à 2025, avec des partenaires techniques et financiers chinois. La crise sanitaire a remis en perspective des enjeux de long terme que les pays d’Afrique doivent prendre en considération et en compte dans leurs programmes de développement à long terme. Le développement des marchés sous régionaux (ZLECAF, CEDEAO) est d’une urgente nécessité pour faire bénéficier à nos entreprises de marchés plus larges, encourager la complémentarité de nos économies par la diversification et la transformation industrielle de nos produits, promouvoir la création de PME, créer un espace commun dans lequel nous pourrions nous replier lorsque des chocs exogènes de cette nature surviennent. Dans cette configuration, les budgets communautaires, les institutions financières et marchés financiers régionaux devraient valablement se substituer au système actuel d’endettement solitaire et permanent, ponctué de demandes cycliques d’effacement de dettes.
PROTECTION DES TORTUES MARINES ET DES OISEAUX DE MER
Les pays membres de la Csrp déroulent leur stratégie
Etienne Ndiaye (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 03/06/2021
Les captures accidentelles d’espèces vulnérables, tels que les oiseaux et les tortues constituent un fléau mondial qui menace l’équilibre des écosystèmes marins. Pour éviter la disparition de ces deux espèces menacées, les sept (7) pays de l’Afrique de l’ouest ayant une ouverture maritime se retrouvent à la Somone du 31 mai au 4 juin pour mettre en place une stratégie commune de protection. Cette activité entre dans le cadre du projet « Bycatch » mis en œuvre depuis 2017 dans les zones sous juridiction des Etats membres de la Commission Sous –régionale des pêches (Csrp).
Enregistrant environ 1/5 des captures marines mondiales, les eaux sous juridiction des Etats membres de la Commission sous– régionale des pêches (Csrp)-Mauritanie, Gambie, Cap-Vert, Guinée, Guinée-Bissau, Sénégal et Sierra Leone sont soumises à une pêche intensive opérée par des flottes artisanale, semi-industrielle et industrielle qui utilisent une variété d’engins dont les palangres, les sennes tournantes, les chaluts, les filets maillants, entre autres. Aussi, ces importantes activités de pêche chevauchent avec les zones de distributions des eaux de mer et/ou avec les couloirs de migrations de certaines espèces de tortues marines présentes dans la région.
Dans la zone de la Csrp, l’étendue réelle des prises accidentelles de ces deux groupes d’espèces reste inconnue et il n’existe, à l’heure actuelle, aucune stratégie nationale et/ou régionale pour prendre à bras le corps ce problème. En 2017, la première initiative pour réduire les prises accidentelles des oiseaux et des tortues de mer dans les pêcheries industrielles en Afrique de l’Ouest a été lancée.
Financé par la Fondation MAVA et mis en œuvre par Bird Life International, le projet « Réduction des prises accidentelles d’oiseaux et de tortues de mer dans les pêcheries industrielles en Afrique de l’Ouest » ou « Projet Bycatch »(les prises accidentelles en anglais), est la première initiative, dans l’espace Csrp, à aborder la problématique des prises accidentelles des oiseaux et tortues de mer dans les pêcheries industrielles de la région. Son objectif consiste à établir un cadre opérationnel pour la réduction des prises accidentelles des oiseaux et tortues de mer dans les pêcheries industrielles en Afrique de l’Ouest et le mettre en œuvre dans la région.
Renforcer la capacité des observateurs et des pêcheurs industriels de la région.
Pour atteindre son objectif, le projet Bycatch s’articule autour de quatre (4) axes stratégiques dont le renforcement des capacités des programmes d’observation des pêches et des scientifiques dans les pays. Ainsi, pour élaborer un plan stratégique ouest africain, des observateurs à bord des flottes industrielles du Sénégal, de la Gambie, de la Mauritanie, de la Guinée Conakry, de la Guinée Bissau, du Cap Vert et de la Sierra Léone se réunissent à la Somone (Mbour) pour une durée de cinq jours. Cet atelier «de formation des observateurs à bord sur la collecte de données pour les prises accidentelles des oiseaux et tortues de mer en Afrique de l’ouest» a pour but de renforcer la capacité des observateurs et des pêcheurs industriels de la région à mieux prendre en compte la collecte de données sur les oiseaux de mer et les prises accessoires de tortues de mer dans les pêcheries industrielles. «Pour prendre des décisions concernant la protection de ces espèces vulnérables, il est important d’avoir des données fiables. Et pour avoir des données fiables, il faut des gens très bien formés capables de les collecter en mer. C’est l’objectif majeur de cette formation qui permettra d’outiller les observateurs des pêches des pays de la Commission sous régionale sur ce protocole de collecte de données en mer. Mais également, sur les techniques d’identification des espèces de tortues et d’oiseaux de mer.
Et enfin, on va ensemble, avec eux, leur montrer les techniques qui existent pour atténuer ces prises accidentelles d’oiseaux et de tortues de mer dans les activités de pêche industrielle», a estimé Ahmed Diamé, chargé du projet de réduction accidentelle des tortues et oiseaux de mer, rappelant les objectifs de cette session.
BENNO, LES ALLIÉS À L’HEURE DE LA RÉVOLTE
Macky Sall pourra-t-il consolider sa coalition Benno Bokk Yaakar et faire taire les querelles dans les rangs de la majorité en perspective des locales de janvier prochain ?
Difficile de nier l’évidence. Le choc des ambitions au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar, en perspective des Locales de 2022, est réel. Après neuf années de compagnonnage, les alliés de la première heure, comme le Ps (Parti socialiste) et l’Afp (Alliance de Forces de progrès) ne cachent plus leur désir de briguer des mairies dans certaines localités du pays avec ou sans le soutien du leader de leur coalition. Lors de sa récente tournée économique, plus précisément à l’étape de Kaffrine, le président Macky Sall a essayé de jouer les arbitrages en voulant faire taire les querelles dans sa coalition. Il a notamment fait savoir à ses camarades de parti et ses alliés qu’il n’acceptera pas des listes parallèles pour ces locales de 2024. Une tâche qui ne sera pas aussi facile pour lui qu’il le pense, selon nos analystes politiques !
Macky Sall pourra-t-il consolider sa coalition Benno Bokk Yaakar et faire taire les querelles dans les rangs de la majorité en perspective des Locales de janvier prochain ? La question reste posée. Le constat est que les ambitions ne sont plus cachées. Que ce soit au niveau de l’Apr ou de la coalition au pouvoir BBY. Même si le Président a essayé de siffler la fin de la récréation avant même le début des cours, lors de sa tournée économique dans la zone du Ndouncoumane, appelant ses militants à faire preuve d’unité pour désigner leurs représentants pour les Locales, des dissidences ne manqueront pas de se produire. La bataille pour la mairie de Dakar est une parfaite illustration de cette difficulté à tenir les troupes en laisse. En effet, des partis alliés comme le Ps et Afp ont manifesté leur désir de conquérir le fauteuil anciennement occupé par Khalifa Sall. Cela augure-t-il d’une fin de compagnonnage anticipée avant la présidentielle de 2024 ? Les alliés décrypteront-ils de manière positive l’appel de leur leader ? Autant de questions qui méritent des éclairages au vu de ce qu’annoncent déjà des grincements de dents dans les rangs de la coalition Benno Bokk Yaakaar.
L’analyste politique Mamadou Sy Albert note un climat d’instabilité au sein de la coalition au pouvoir qui met en avant les conflits d’ambitions. D’après lui, Benno n’est plus dans la même situation des années passées avec la présence de feus Ousmane Tanor Dieng et Amath Dansoko à côté du président. En ces temps où vivaient encore ces deux compagnons historiques du Président, la coalition était très soudée avec une entente et une proximité entre les chefs de partis qui permettaient à Macky Sall d’avoir une alliance solide. Parmi ces compagnons, Moustapha Niasse est l’un des rares encore en vie. Selon l’enseignant chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop, la fin du mandat de Macky Sall explique cette instabilité qui s’annonce. A en croire Mamadou Sy Albert, que ce soit pour les prochaines Locales, les législatives ou la prochaine présidentielle, il n’y aura pas d’unité comme avant. « On est en fin de mandat ! Le président ne le dit pas, les alliés ne le disent pas non plus. Mais tout le monde sait que Macky Sall est dans son deuxième mandat. Donc, tous les partis alliés envisagent la présidentielle de 2024.
MAMADOU SY ALBERT : « L’arrivée de Rewmi a compliqué davantage la situation de Benno »
Les locales de 2022 constituent un test grandeur nature en ce qui concerne l’avenir de la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar. La coalition pourra-t-elle encore résister face à la pression de certains alliés ? L’histoire de 2014 où elle avait perdu des élections à cause des guerres de positionnement risque de se répéter d’après Mamadou Sy Albert. Et l’arrivée du parti Rewmi au sein de la coalition présidentielle a créé une vague de frustrations dans les rangs de Benno. « La majorité avait perdu dans les grandes villes parce qu’il n’y avait pas une unité au niveau de l’Apr et entre l’Apr et les autres alliés. La même chose risque de se passer en 2022. Ce qu’on a vécu en 2014 risque de se reproduire, s’il n’y aurait pas de consensus au niveau des coalitions locales. L’arrivée de Rewmi complique davantage la situation de Benno. Parce que les militants de l’Apr, qui se sont battus depuis 2012, acceptent difficilement de céder la place au Rewmi. C’est encore pire au niveau du Ps et de l’Afp. Ils ne vont pas du tout accepter une hégémonie de Rewmi. A l’Apr, Macky Sall peut faire pression sur ses responsables. Il peut les obliger à accepter les compromis avec le président Idrissa Seck. Ce n’est pas évident au Ps et à l’Afp. Quant aux militants de gauche, je vois mal comment ils pourraient accepter de se mettre derrière Idrissa Seck. Donc le Rewmi va aggraver les tensions, les ambitions, les conflits entre Rewmi et l’Apr d’un côté. Et de l’autre côté, entre Rewmi et les autres alliés du président de la République. Les prochaines locales vont être un véritable test pour Macky Sall. Est-ce qu’il aura la capacité de souder le Benno en l’absence de Tanor Dieng, en l’absence de Dansoko, à l’absence d’un allié comme le Professeur Bathily ? » s’interroge l’analyste politique Mamadou Sy Albert.
BACARY DOMINGO MANE : « C’est un discours qui montre, à la limite, l’impuissance de l’homme »
Mettre de l’ordre dans la coalition, faire taire les querelles d’ambitions de certains leaders de Bby. Une tâche qui ne sera pas du tout facile nt pour le leader de Benno Bokk Yaakaar, estime également Bacary Domingo Mane. Car, soutient le journaliste et analyste, le président de la République n’a plus les cartes en main d’autant plus que la perspective de l’élection présidentielle de 2024 déterminera les positions des uns et des autres au sein de sa coalition. L’analyste se base sur certains calculs politiques pour expliquer qu’il peut y avoir des gens au sein de la coalition Bby qui n’auront pas peur de tenir tête à leur leader ou le défier en présentant des listes parallèles. Ce en se basant sur certains calculs. L’un dans l’autre, Bacary Domingo Mané pense que beaucoup d’entre ces responsables n’hésiteront pas à prendre leur destin en main en disant que le mandat du président de la République prend fin en 2024.par conséquent, ils ne voudront pas couler avec lui lors de la prochaine présidentielle.
A en croire le journaliste, le chef de l’Etat ne pourra rien faire pour s’opposer aux ambitions de ceux de ses camarades qui n’ont bénéficié d’un décret de nomination à un quelconque poste national. Bacary Domingo analyse la sortie de Macky Sall, invitant ses troupes à l’unité, comme le discours d’un homme impuissant face aux actuels enjeux politiques. « Tout le monde sait que, d’après la Constitution, le président de la République ne pourra pas se présenter pour un troisième mandat en 2024. Il sera peut-être tenté de faire un coup de force avec la bénédiction du Conseil constitutionnel. On n’en est pas encore là. On a entendu des gens se lever pour dire qu’ils n’accepteront jamais que le président force le barrage. Donc si on prend en compte cela, en se disant qu’il lui reste peut peut-être deux ans maximum et que les élections locales auront lieu en 2022, des gens peuvent être dans des calculs. Pourquoi la tâche ne sera-t-elle pas facile pour le président Macky Sall ? Parce que ses alliés ont commencé à se mobiliser. On a vu l’Afp qui ne s’est pas réunie depuis des lustres et qui a tenu, récemment, une réunion au cours de laquelle Moustapha Niass dit qu’il faut maintenant que les militants se remobilisent pour les élections. Il y au aussi le Parti socialiste où le ton monte depuis un certain temps à travers les sorties du porte-parole Abdoulaye Wilane. Et avec l’arrivée d’Idrissa Seck, on a l’impression que Macky a fait plus de place au président de Rewmi qu’aux autres alliés. Tout ce qu’il peut faire c’est peut-être dégommer les gens qu’il a nommés à des postes de responsabilités dans l’administration ou les sociétés nationales s’ils le défient. C’est tout ce qu’il peut faire.
Mais les gens peuvent ne pas craindre d’être dégommés par le président. Ils diront « oui le président peut me dégommer, mais si j’ai la possibilité de gagner au niveau de ma base, cela me renforcera en tant qu’autorité » Donc certains sont dans ces calculs-là. Ce qui diminue le pouvoir du président de la République, aujourd’hui, est que la perspective de 2024 n’est pas évidente pour lui. L’arrivée d’Idrissa Seck a fait que certains ont boudé. Ils doutent de leur avenir dans la coalition. Apparemment, Macky veut aller du côté de Idy. S’il penche de ce côté-là, ça veut dire qu’il va laisser en rade l’Afp. Parce qu’on connait déjà les rapports entre Idy et Moustapha Niass. Le fait de sonne les cloches de l’unité pour dire « attendez mes arbitrages, pas de liste parallèle », c’est un discours, à la limite, qui montre l’impuissance de l’homme. Le point fort du président, c’est que c’est lui qui nomme aux emplois civils et militaires en tant que président de la République. A part ça, il est complètement affaibli par la perspective de 2024 » explique Bacary Domingo Mané.
« UNE BATAILLE RUDE SE FERA EGALEMENT ENTRE POUVOIR ET OPPOSITION A THIES»
Comme celle de Dakar, la bataille de Thiès sera rude avec beaucoup de prétendants. Donc une possibilité de pléthore de candidatures de Benno. Là également, l’ancien collaborateur de Sud quotidien pense que les choses ne seront pas aisées pour Macky Sall. Même s’il mise pour le soutien de son nouvel allié Idy pour rafler la capitale de rail. A en croire M. Mané, l’opposition pourrait s’en sortir dans cette région si elle se réunit autour de l’essentiel. Car, soutient-t-il, l’actuel président du Cese a perdu certains de ses alliés dans cette localité. « La tache ne sera pas aussi facile qu’il le pense à Thiès Parce qu’on retrouve dans cette zone beaucoup de leaders de mouvances et de partis politiques. La bataille de Thiès aura bel et bien lieu comme celle de Dakar. Les choses ne seront pas du tout faciles pour Macky. Ce même si aujourd’hui il semble vraiment miser sur Idy. Ce dernier peut ne pas tenir. Ça a commencé. Cet Idy-là, avant même qu’il joigne la majorité, est affaibli. Des opposants sont visibles dans cette région comme Moussa Tine et d’autres personnes par exemple Thierno Alassane Sall. La tâche ne sera pas du tout facile. Parce que même Thiès que Macky croit pouvoir gagner avec l’arrivée d’Idy, ne sera pas facile. Cet Idy-là n’est plus dans le temps. Il a perdu une bonne partie de ses soutiens. C’est pourquoi Macky Sall, à travers son appel, veut se donner les moyens d’apaisement. Si on prend le cas de Kaffrine, on sait qu’il est avec Abdoulaye Sow. Il a choisi son camp. Il lui a donné les moyens pour combattre Wilane. Et dans autres localités, il fera la même chose. C’est pourquoi les alliés prendront leurs responsabilités » conclut Bacary Domingo Mané.
MOMAR DIONGUE : « Pourquoi Macky Sall ne pourra rien faire pour éviter les listes parallèles »
Le journaliste et analyste Momar Diongue reste pessimiste sur la possibilité pour Macky Sall d’éviter les listes parallèles au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar pour les locales de 2022. A l’en croire, l’insubordination est liée à la nature des élections. Il doute fort que le président Sall puisse tenir ses troupes avec le suffrage direct pour ces locales. « C’est des élections locales. Comme leurs noms l’indiquent, généralement les combinaisons se font au niveau local. Il y a des ambitions qui naissent. C’est sur la base de ces ambitions et des affinités au plan local que se feront les décisions. C’est pour cette raison qu’en 2014, il y avait eu 2700 listes. A l’époque, il n’avait pas pu empêcher l’existence de listes parallèles. Je crois qu’il en sera de même pour ces élections locales. Il s’y ajoute qu’on est parti pour avoir un suffrage universel direct. Ce qui veut dire donc que la personne choisie comme tête de liste sera le futur maire. Donc les jeux sont clairs. A partir de ce moment, si le président Macky Sall choisit ce schéma, cela veut dire que ce sont ces personnes-là choisies pour figurer en tête de liste qu’il veut désigner comme étant les futurs maires. A partir de ce moment-là, tous ceux qui avaient des ambitions au niveau local, et qui n’auront pas été choisis, vont être tentés de vouloir mettre les listes parallèles. Ça sera encore plus compliqué d’éviter des listes parallèles pour ces prochaines élections locales que lors des dernières élections locales en 2014. Parce qu’en 2014, c’était avec le suffrage indirect. C’étaient les listes qui étaient élues. Et sur la base de ces listes élues, il y avait des ambitions qui naissaient une fois que les conseillers étaient en place. car l’élection se faisait au niveau de ces conseillers. Or, avec l’élection directe du maire, le président est malheureusement parti pour enregistrer des listes parallèles au sein de sa coalition. Je pense qu’il est impuissant. Il n’y pourra pas grand -chose » explique Momar Diongue.
MACKY SALL POSITIONNE SES POULAINS POUR CONCURRENCER SES ALLIES !
Selon Momar Diongue, Macky Sall fait face une double complexité. En effet, explique le politologue, il doit se rendre compte qu’il aura des ambitions non seulement dans son parti mais aussi dans la coalition Bby. Selon le journaliste, depuis le début, Macky Sall a eu l’intention de réduire ses alliés à leur plus simple expression. L’analyste donne des exemples des alliés qui ont été réduits à néant par la stratégie de Macky, positionnant ses « poulains » contre eux. « Regardez ce qui se passe au niveau du Parti socialiste. Ceux qui tiennent les manettes au niveau de ce parti, il y en a très peu qui ont une fonction élective, un mandat de maire. Prenons le cas d’Aminata Mbengue Ndiaye qui était toute puissante mairesse de Louga. Elle a perdu du terrain. Depuis, elle est encerclée dans cette ville par Mamour Diallo, Mbery Sylla et Moustapha Diop. Donc elle a été quasiment réduite à néant à Louga. Si vous prenez également quelqu’un comme Serigne Mbaye Thiam, qui est membre du gouvernement, il n’a pas de base représentative au niveau de Nioro. Aujourd’hui, les rares personnes qui avaient une assise locale comme Abdoulaye Wilane sont menacées. Or, ce dernier ne va pas accepter de s’aplatir devant Abdoulaye Sow simplement par ce que Macky Sall voudrait qu’il le fasse. Il avait d’abord nommé Abdoulaye Sow Dg de COUD, un poste éminemment politique qui permet de loger beaucoup de clients politiques. C’est une façon de le préparer, de lui tracer une voie royale pour prendre le leadership au niveau de Kaffrine. Il a fini par en faire un ministre. A partir de ce moment-là, Ablaye Sow a leadership quasiment naturel au niveau de Kaffrine. Il a également les moyens pour assouvir son ambition de supplanter Abdoulaye Wilane au niveau de Kaffrine. Donc il est évident, de ce point de vue, que le président, depuis très longtemps, a commencé à ouvrir la voie à Abdoulaye Sow pour supplanter Wilane au niveau de Kaffrine. C’est aussi simple que ça » conclut Momar Diongue.
LE SUPPLICE DES PRISONNIERS
Sur une population carcérale de 11 547 personnes, on compte 177 cas de longue détention préventive, soit un pourcentage de 1,53%. Un chiffre particulièrement inquiétant qui remet sur la table la lancinante question des longues détentions préventives
Sur une population carcérale de 11 547 personnes, on compte 177 cas de longue détention préventive, soit un pourcentage de 1,53%. Un chiffre particulièrement inquiétant qui remet sur la table la lancinante question des longues détentions préventives, facteur non négligeable dans le surpeuplement des prisons.
Il est le spécialiste des évasions. Baye Modou Fall alias Boy Djinné s’est évadé de prison pour la 11ème fois. Même Alex et Ino, célèbres pour leurs hauts faits d’armes, n’ont pas réussi une telle «prouesse». Surnommé «l’As des évasions», Baye Modou Fall s’est fait un nom dans le milieu carcéral avec ses séries d’échappées aussi spectaculaires les unes que les autres.
Mais en agissant de la sorte, Boy Djinné veut susciter le débat sur la lancinante question des longues détentions provisoires au Sénégal. Véritable goulot d’étranglement, le nombre de cas de longue détention préventive est de 177 sur une population carcérale de 11 547 personnes, soit 1,53%, si l’on se fie aux données fournies par le ministère de la Justice qui précise qu’il s’agit là de détenus en attente de jugement de trois (03) ans et plus.
Régie en effet par les articles 127 et suivants du Code de procédure pénale, la détention provisoire n’est pas une sanction, mais une mesure qui vise à préserver une procédure pénale. Autrement dit, en matière de délit commis, lorsque l’infraction concernée est punissable d’une peine inférieure ou égale à trois ans, l’inculpé ne peut être retenu en détention provisoire plus de 5 jours après sa première comparution devant le juge d’instruction.
Considérées par certains avocats comme une pratique aux antipodes du respect des droits de l’Homme, posant du coup un problème de justice sociale, les longues détentions continuent de faire des victimes. Jugé pour apologie du terrorisme, Saër Kébé, détenu pendant quatre ans, a été condamné à 3 mois avec sursis pour menaces. Il y a également le cas de l’Imam Dianko qui a été totalement blanchi par la justice après six ans de prison. Avant lui, d’autres comme l’imam Alioune Ndao et certains de ses co-accusés avaient connu le même sort. Accusés de terrorisme, ils ont été acquittés après 5 ans de détention préventive.
L’étudiant Ousseynou Diop, poursuivi également pour apologie du terrorisme, avait bénéficié d’une liberté provisoire après 4 ans de détention avant d’être finalement condamné lui aussi à 3 mois avec sursis.
IBRAHIMA SALL DE L’ASRED : « BOY DJINNE M’A DIT QU’IL EST UN OTAGE DU PROCUREUR»
Selon le président de l’Association pour le Soutien et la Réinsertion Sociale des Détenus (Asred), Baye Modou Fall ne s’est pas évadé de prison par simple plaisir. «Je m’entretiens souvent avec lui au téléphone via le responsable social de la prison. Il dénonçait toujours cette situation de longue détention préventive dont il fut victime», a souligné Ibrahima Sall qui précise que Boy Djinné est en prison depuis 2010. Il a plusieurs dossiers dont il a gagné certains. Déplorant les longues détentions préventives, Ibrahima Sall indique que celles-ci demeurent aujourd’hui un véritable problème au Sénégal. Faisant une petite comparaison, le président de l’Asred renseigne que le Mali ne compte pas plus de 7 000 détenus, la population carcérale de la Mauritanie est estimée à 5 000 personnes, au moment où le Sénégal enregistre 11 500 détenus pour 37 prisons. «La jeunesse sénégalaise est en prison», tonne monsieur Sall qui, par ailleurs, convoque l’article 10 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui évoque le principe de présomption d’innocence. «A partir du moment où la personne est arrêtée, on doit appliquer le règlement numéro 5 de l’Uemoa qui exige la présence de l’avocat dès les premières heures de l’arrestation. Mieux, si elle est placée sous mandat de dépôt, c’est l’article 10 qui s’applique. Boy Djinné m’a dit qu’il ne voulait pas s’évader, mais c’était sa manière de réclamer justice et d’être jugé dans un délai raisonnable. Il est prêt à purger sa peine quelle que soit la sentence, mais qu’il soit jugé dans les plus brefs délais, de façon juste et équitable», informe le sieur Sall. A propos des nombreuses mesures mises en place par le gouvernement pour mettre fin au cas des longues détentions, le président de l’Asred affirme qu’on est «très loin des solutions.
Baye Modou Fall constitue un exemple patent, même si nous ne cautionnons pas l’évasion. Nous demandons que la justice fasse son travail correctement». Etayant son argumentaire, il rappelle que la prison de Rebeuss construite en 1929 avait une capacité d’accueil de 600 détenus. Mais elle compte aujourd’hui 1981 détenus. «Si le matin vous libérez 5 détenus, le soir vous en placez 25 sous mandat de dépôt. A Thiès, vous libérez 2 le matin et le soir vous en arrêtez 10, les prisons ne se dépeuplent jamais», se désole monsieur Sall. Même s’il considère que le bracelet électronique est une bonne chose, il craint une justice à deux vitesses avec cette procédure. D’où son invite. «Nous demandons que ces détenus puissent en bénéficier au même titre que tout le monde. A côté des longues détentions, il y a aussi le surpeuplement carcéral. Aujourd’hui, l’administration pénitentiaire fait face à des problèmes majeurs dont le surpeuplement. D’autant que 33 sur 37 prisons sont pleines. «Il y a trop de mandats de dépôt et les Sénégalais vontfacilement en prison», ditIbrahima Sall. Comme solution, il invite l’Etat à venir en aide à l’administration pénitentiaire qui n’a toujours pas de budget pour la réinsertion sociale des détenus. Ce qui constitue sa deuxième mission .
GUY MARIUS SAGNA DE FRAPP FRANCE DEGAGE «Cette évasion est l’expression d’un ras-le-bol total de Baye Modou face aux dysfonctionnements de la justice»
En s’évadant de prison, explique Guy Marius Sagna, Baye Modou Fall a exprimé son dégoût face aux nombreux dysfonctionnements de la justice sénégalaise. Le leader de Frapp France Dégage relève dans cette dernière évasion «l’expression d’un ras-le-bol total de Baye Modou face aux dysfonctionnements du service public de la justice». Faisant un peu l’historique des évasions, Guy Marius Sagna révèle qu’il existe trois sortes de violence au Sénégal. La première, «mère de toutes les autres évasions», «c’est quand le Président Macky Sall fait “évader” des trafiquants de faux billets, des trafiquants de faux médicaments, des détourneurs de deniers publics...». La deuxième évasion, poursuit l’activiste, est celle des Alex et Ino, des Boy Djinné...qui naît de la frustration de voir «le président de la République Macky Sall et le système néocolonial faire évader les riches et leurs alliés en laissant les fils et filles de paysans, d’ouvriers et des classes populaires mourir en prison pour des boules de «nététou» et des poulets volés, alors qu’ils attendent depuis des années un jugement». Enfin, la troisième est relative aux “évasions” par les pirogues de l’émigration irrégulière et les routes du désert conduisant au cimetière de la Méditerranée. «Il n’y a pas pire hypocrisie de n’appeler évasion que celle de Baye Modou Fall en faisant semblant d’oublier la première qui l’a fait naître, c’est à dire la gestion néocoloniale du Président Macky Sall...».
Revenant sur le cas de Boy Djinné, Guy Marius Sagna informe qu’il a partagé le quartier de haute sécurité (QSH) du Camp pénal avec Baye Modou Fall. « Nous avons échangé à plusieurs reprises sur son cas. À l’époque déjà (de décembre à mars 2020 où j’étais au QHS), Baye Modou se plaignait de la gestion de son dossier, notamment des lenteurs judiciaires. Des raisons qui l’avaient même poussé à observer à plusieurs reprises des grèves de la faim», se rappelle l’activiste qui évoque, au passage, le droit d’un détenu d’être jugé dans un délai raisonnable.
LE DEFICIT DE PERSONNEL, UN FACTEUR BLOQUANT
A en croire Guy Marius Sagna, «l’État a du mal à assumer ses responsabilités, notamment parce que les juges sont débordés du fait de leur déficit d’au moins 300 juges au Sénégal».Il trouve que cette situation résulte du fait qu’au Sénégal, emprisonner est d’une facilité incroyable. «Le mandat de dépôt est décerné pour des vétilles alors que les grands bandits sont libres comme l’air. Tout cela explique le nombre important de dossiers à traiter par les juges», affirme-t-il. Au-delà du cas de Baye Modou Fall, il est persuadé que d’autres citoyens croupissent en prison depuis des années dans l’attente d’un jugement, voire d’une audition dans le fond par un juge d’instruction. A cet effet, il cite l’exemple d’un détenu du Capi qui attendait d’être jugé depuis 7 ans au moins à la Maison d’Arrêt et de Correction de Rebeuss. «C’est en effet la lancinante problématique des longues détentions que cette évasion de Baye Modou Fall remet sur la table, une fois dépassé le vernis du caractère spectaculaire de son évasion». Dès lors, le leader de Frapp France Dégage relève une faillite de l’État dans son rôle qui est d’assurer à tous les citoyens, peu importe la faute qu’ils ont commise, le service public de la justice. C’est pourquoi, tout en approuvant les réformes annoncées par l’Etat du Sénégal, il propose l’augmentation sensible du nombre de juges et la résorption du déficit structurel en nombre de magistrats. Il plaide aussi l’arrêt de la politique du tout mandat de dépôt et son remplacement par des peines alternatives qui ne sont pas coûteuses, une vraie politique de réinsertion sociale des prisonniers, l’amélioration des conditions de travail des agents pénitentiaires. Guy Marius Sagna propose également une politique en amont de la prison qui ne crée pas une sorte de déterminisme où certains Sénégalais sont quasiment condamnés dès leur naissance à connaître la case prison.
ME PAPA AMADOU SENE DU COMITE SENEGALAIS DES DROITS HUMAINS (CSDH) «l’application effective du bracelet électronique est une question de jour»
Pour lutter contre les longues détentions provisoires, l’Assemblée Nationale du Sénégal avait adopté le 29 juin dernier le projet de loi n°21-2020 modifiant la loin°65-60 du 21 juillet 1965 portant code pénal. Cependant, depuis son adoption, cette loi qui vise à placer sous surveillance électronique un prévenu tarde à entrer en vigueur. Mais ceci n’est plus qu’une question de jours, si l’on se fie au coordonnateur du Comité Sénégalais des Droits Humains (Csdh).
En effet, Me Papa Amadou Sène renseigne que les bracelets électroniques ont été commandés et livrés. Et les premiers tests sont en train d’être faits sur une partie du territoire national. Il ne reste que l’aspect règlementaire. « Le port du bracelet électronique est une question de jours pour que son application soit effective», a t-il déclaré.
Hormis le bracelet électronique, les autres aspects de la réforme judiciaire concernent le tableau des infractions. Ce qui entre dans un souci d’harmonisation des parquets du Sénégal. «Le tableau des infractions peut lutter contre les mandats de dépôt systématiques, le surpeuplement des prisons qui a pour corollaire les longues détentions», indique Me Papa Amadou Sène qui rappelle qu’une autre réforme a été annoncée dernièrement par le garde des Sceaux. Il s’agit de la mise en place du juge des libertés qui sera l’interface entre le procureur et le tribunal et qui va s’occuper des questions de libertés provisoires afin de lutter contre les détentions longues. A en croire le président du Csdh, le gouvernement a annoncé de nombreuses mesures qui viennent s’ajouter à celles qui existaient. Quid du cas Baye Modou Fall ?
Me Papa Sène précise d’emblée que l’évasion de prison est une infraction à la loi pénale. Elle est considérée comme un délit par le Code pénal à travers les dispositions des articles 208 et suivants. «Et dans ce cas précis, aussi bien le détenu évadé que les préposés à sa garde ont une responsabilité. Pis, le détenu peut être passible d’une peine d’au moins 6 mois et cela n’empêche pas que la peine pour laquelle il a été emprisonné continue. Il peut être condamné pour évasion de prison à une peine allant de 6 mois à 10 ans, s’il était déjà en détention provisoire», explique Me Sène. Il ajoute que si la responsabilité des préposés à sa garde en termes de négligence, de connivence ou de complicité est engagée, ou s’ils ont une responsabilité, sous le couvert de l’article 209 du Code pénal, ces derniers sont passibles d’une peine allant jusqu’à 5 ans ainsi que la perte de leurs droits civiques et politiques. Toutefois, Me Papa Amadou Sène reconnaît que la longue détention peut expliquer cette volonté d’un détenu à imaginer une scène d’évasion, comme c’est le cas avec «Boy Djinné
AMADOU BA, L’HOMME QUI ETOUFFE SES AMBITIONS
Secret de Polichinelle ou fantasme politique ? Force est de constater que l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba, est l’acteur politique de la mouvance présidentielle qui fait plus l’objet de fixation sur ses ambitions politiques.
Faire l’autruche est une expression qui conviendrait parfaitement au personnage de Amadou Ba. L’ancien ministre des Affaires Etrangères s’est donné au fil des années une carrure d’homme politique présidentiable, mais il reste inflexible. Amadou Ba garde toujours le mystère, parfois à ses risques et périls, sur son avenir politique alors même que ses ‘’adversaires‘’ à Dakar commencent à s’afficher
Secret de Polichinelle ou fantasme politique ? Force est de constater que l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba, est l’acteur politique de la mouvance présidentielle qui fait plus l’objet de fixation sur ses ambitions politiques. Accusé à tort ou à raison de lorgner le fauteuil de son chef, il a été la cible, ces dernières années, de ses frères de parti qui ne ratent aucune occasion pour le fusiller. Certains avaient poussé le bouchon jusqu’à demander son exclusion du gouvernement. Ce que le Président Macky Sall a fini par faire lors du dernier remaniement.
Manifestement, la carrière de l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise sonne déjà comme une victoire à la Pyrrhus alors que lui-même entretient toujours le flou artistique sur son avenir politique. «Je me bats pour le Président Macky Sall. Je me bats pour que la vision du Président Macky Sall puisse continuer, sa vision en 2035», avait-il déclaré à nos confrères de la «TFM». Et il n’avait pas manqué d’ajouter que les gens ont des imaginations fertiles. «Ils compliquent des situations qui ne méritaient pas l’attention des Sénégalais. Etre dans un gouvernement, c’est un privilège; il faut qu’on remette les choses à leurs places. Je suis un fonctionnaire qui est au service de l’Etat. Quand tu es au service de l’Etat, ta personne importe peu. C’est pourquoi, quand vous me posez des questions sur mes ambitions personnelles, je suis mal à l’aise».
Toujours est-il que cette déclaration de fidélité à Macky Sall et à sa vision politique, c’était avant qu’il ne soit débarqué du gouvernement. Cependant, et contrairement aux autres «mousquetaires» comme l’ancienne présidente du CESE Aminata Touré et l’ancien ministre Omar Youm qui n’ont pas caché leur amertume d’avoir été démis par le chef de l’Etat, Amadou Ba fait toujours dans le politiquement correct, même si, selon certains de ses proches, il a mal vécu son éviction du gouvernement. «Cela nous fait mal, mais ce serait sage pour lui de rester dans l’Apr jusqu’à l’approche des élections de 2024 pour sortir. Trois ans, c’est très long en politique», soufflait un de ses affidés lors de la passation de service entre lui et sa remplaçante Me Aissata Tall Sall.
Pour Amadou Ba, il est visiblement hors de question pour le moment de faire face à Macky Sall. Même s’il ne participe plus aux réunions des cadres de l’Apr, il continue à être légaliste politiquement. Il y a quelques jours, sa candidature supposée à la mairie des Parcelles Assainies a été rapidement démentie par sa cellule de communication. Et celle-ci d’ajouter qu’il toujours respecté les règles du parti. «En aucune manière, il ne dérogerait à la discipline du parti. Il continue de marcher masqué et de rester ‘’loyal‘’ à son mentor».
Dr MOUSSA DIAW, ENSEIGNANT EN SCIENCES POLITIQUES A L’UGB
«Ce serait bien pour lui de trancher dès maintenant le débat» Répondant récemment à l’ancien ministre de l’Intérieur Mbaye Ndiaye qui lui demandait d’éviter les oiseaux de mauvais augure qui lui prêtent des ambitions démesurées et le poussent dans un combat qui n’est pas le sien, Amadou Ba avait lancé : «Le défi le plus important, c’est le défi de l’unité». Avec son flegme légendaire et le sens du sarcasme qu’on lui connaît, il ajoutait : «Mbaye Ndiaye, je sais que tu aimes profondément le Président Macky Sall. Et s’il y a dans un domaine où je veux te concurrencer, c’est celui-là». Pour quelqu’un qui veut étendre ses tentacules sur le plan politique, est-ce une bonne posture communicationnelle ? Pour le politiste et enseignant à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint Louis, Moussa Diaw, l’attitude de l’ancien ministre des Finances n’est pas une posture politique payante. «Parce qu’on est dans un contexte où si vous n’agissez pas, vous ne communiquez pas, les gens vous oublient, vous cédez la place aux autres. On est dans un monde conquis par la communication. Une personnalité politique, c’est d’abord d’intervenir dans l’espace politique, donner son avis et prendre position et contribuer au débat démocratique. Mais si on prend du recul et qu’on joue dans l’ambiguïté, ce n’est pas une posture politique porteuse pour quelqu’un qui a des ambitions aussi locales que nationales. Cela ne relève pas de la posture d’un homme politique qui est averti et qui sait le rôle que joue la communication dans les rapports sociaux», analyse l’enseignant. Dr Moussa Diaw pense que ce serait mieux pour lui de trancher dès maintenant le débat et d’annoncer la couleur.
Toutefois, le politiste dit comprendre son mutisme. «Il a peur parce qu’il a besoin du soutien du Président Macky Sall aussi bien pour les locales que pour les prochaines échéances. Il ne veut pas prendre le risque de s’annoncer et de ne pas avoir par la suite le soutien du chef de l’Etat», renchérit-il. Selon Dr Moussa Diaw, Amadou Ba a vécu quelques épreuves avec son limogeage du gouvernement qui ont laissé moralement des traces. «C’est pourquoi, il est dans une posture où il n’ose pas se prononcer ouvertement. A mon avis, il attend la consigne d’évaluer la situation», explique l’enseignant joint au téléphone par «L’As». Il souligne dans la foulée que l’ancien ministre des Affaires étrangères a des doutes, c’est pourquoi, il est très prudent. Convaincu que Amadou Ba est un homme politique qui a ses réseaux solides, Moussa Diaw indique que ce qui serait bien pour lui c’est d’avoir la mairie des Parcelles Assainies. «Cela lui permettra d’avoir une base et de constituer davantage un réseau qu’il va développer par la suite. Là, il n’a aucune base et il flotte politiquement», dit l’enseignant en sciences politiques.
LE SENEGAL LEVE 508 MILLIARDS DE FCFA D’EURO-BONDS
Dans le but d’obtenir des fonds pour financer sa participation dans les projets pétroliers et gaziers, le Sénégal a levé, hier, 508 milliards de F CFA sur le marché international.
Dans le but d’obtenir des fonds pour financer sa participation dans les projets pétroliers et gaziers, le Sénégal a levé, hier, 508 milliards de F CFA sur le marché international. Le taux d’intérêt de cette nouvelle émission d’obligation est fixé à 5,375% sur une maturité finale de 16 ans.
Du 27 au 2 mai 2021, une délégation de la République du Sénégal conduite par le ministre des Finances et du Budget a travaillé, par visioconférence, avec plus de 200 investisseurs en vue de mobiliser des fonds sur le marché international pour financer certains programmes clés. Selon le gouvernement, il s’agit, à travers cette opération, d’obtenir des fonds qui « seront exclusivement utilisés pour le rachat d’environ 70% de l’eurobond expirant en 2024 et libellé en dollars par de nouveaux titres en euros, ainsi que le financement de la participation du Sénégal dans le développement des projets pétroliers et gaziers». Dans une note parvenue à notre rédaction, les services du ministère des Finances renseignent que le Sénégal a procédé, hier (mercredi 02 juin 2021), à la fixation du prix d’une nouvelle émission euro-bond (obligations souveraines) portant sur 775 millions d’euros, soit 508 milliards de FCFA, avec un taux d’intérêt fixe de 5,375% sur une maturité finale de 16 ans. « Cette opération a connu un succès éclatant en termes de niveau de mobilisation des investisseurs internationaux, avec un taux de souscription égal à près de six fois le montant recherché par le Sénégal, et en termes de qualité du livre d’ordres, avec les investisseurs institutionnels de référence dans ce domaine», se sont réjouis Abdoulaye Daouda Diallo et ses collègues qui indiquent, par ailleurs, que face à l’intérêt élevé après trois années d’absence sur les marchés, le Sénégal s’est limité à ses besoins de financements arrêtés en rapport avec ses partenaires.
Dans ce contexte de crise sanitaire, explique le ministère des Finances et du Budget, l’attraction pour les titres du Sénégal dénote une grande confiance du marché financier international dans les politiques publiques menées par le président de la République, au regard des performances économiques du Sénégal, en matière de croissance, de maîtrise du déficit budgétaire et de gestion proactive de la dette.
Enfin, la délégation sénégalaise pilotée par le ministre des Finances et du Budget Abdoulaye Daouda Diallo, était composée de plusieurs cadres de son ministère du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, du ministère du Pétrole et des Énergies, du ministère des Mines et de la Géologie, du Ministère de la Santé et de l’Action sociale, du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, du ministère de l’Environnement et du Développement durable et de la Bceao.
ALIOUNE TINE EXIGE LA LIBERATION DES DIRIGEANTS MALIENS DÉTENUS À BAMAKO
A l’en croire, l’ancien Président de transition et son Premier ministre sont toujours maintenus en résidence surveillée
Expert indépendant de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur la situation des droits de l’homme au Mali, Alioune Tine a révélé mercredi que de nombreux dirigeants maliens sont privés de liberté à la faveur du dernier coup de force perpétré par le colonel Assimi Goita et Cie. A l’en croire, l’ancien Président de transition et son Premier ministre sont toujours maintenus en résidence surveillée. Il exige ainsi leur libération.
Le nouvel homme fort du Mali, Assimi Goita prépare activement sa prestation de serment pour le lundi 7 juin prochain. Pendant ce temps, l’ancien Président Bah N’Daw et l’ancien Premier ministre Moctar Ouane sont toujours en résidence surveillée après avoir été transférés d’un camp militaire la semaine dernière. Une situation déplorée par l’expert des droits de l’homme des Nations Unies, Alioune Tine, qui estime que les nouvelles autorités militaires du Mali devraient les libérer ainsi que tous les dirigeants privés actuellement de liberté. «J’appelle les autorités maliennes de la transition à mettre immédiatement fin à l’assignation à résidence de ces deux hommes et à libérer trois hauts responsables militaires détenus arbitrairement», a déclaré Alioune Tine.
Il souligne que contrairement à ce qui avait été rapporté à l’époque, N’Daw et Ouane n’ont pas été libérés le 27 mai, mais ont seulement été transférés à leur domicile. Il précise que lors du deuxième coup d’État au Mali en moins d’un an, le Président et son Premier ministre évincés ont été arrêtés le lundi 24 mai et détenus au camp militaire de Kati, près de la capitale, Bamako, avec cinq autres hauts responsables civils et militaires. Il informe qu’un responsable civil a été libéré le 25 mai et que plus tard le 29 mai, un gradé militaire a été également libéré. Pour autant, confie-t-il, trois hauts responsables sont toujours détenus dans le camp. «Je demande à toutes les autorités maliennes de transition de respecter scrupuleusement les droits de l’homme et les libertés fondamentales, et de rétablir l’État de droit», martèle M. Tine. Il indique dans a foulée qu’en vertu du droit international, nul ne peut être soumis à une quelconque forme de privation de liberté si ce n’est conformément à la loi. «Toute personne arrêtée doit être informée, au moment de son arrestation, des raisons de cette arrestation et, dans le plus court délai, de toute accusation portée contre elle», ajoute-t-il. Poursuivant, le fondateur du think tank Afrikajom Center soutient que les autorités maliennes doivent lever l’assignation à résidence de Bah Ndaw et Moctar Ouane et permettre aux autres détenus de communiquer avec leurs familles et leurs avocats et de recevoir des visites.
ALIOUNE TINE FAVORABLE A L’ORGANISATION D’ELECTION PRESIDENTIELLE EN FEVRIER 2022
L’ancien secrétaire générale de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) a affirmé en outre que le Mali doit permettre aux fonctionnaires des droits de l’homme de la Mission de Maintien de la Paix des Nations Unies (Minusma), ainsi qu’aux représentants des institutions et organisations nationales des droits de l’homme, comme la Commission nationale des droits de l’homme du Mali, de leur rendre visite. Il soutient aussi l’appel lancé dimanche par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en faveur de l’organisation de nouvelles élections présidentielles en février 2022, conformément au calendrier convenu précédemment. De ce fait, Alioune Tine a déclaré que le Mali devait former un gouvernement inclusif afin de ramener le pays, désormais suspendu des institutions de la Cedeao, à l’ordre constitutionnel et à l’état de droit.
Après deux coups d’État au Mali en l’espace de dix mois, M. Tine a appelé les acteurs nationaux et internationaux à renforcer les institutions de l’État et l’Etat de droit afin d’éviter des crises répétées et de garantir le respect de tous les droits de l’homme. « J’appelle les responsables politiques, militaires et de la société civile à faire preuve de retenue et à s’engager dans un dialogue profond afin de rétablir une paix durable, la stabilité et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales au Mali», a indiqué le directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
«NOUS NE NOUS ALLIERONS QU’AVEC LES PARTIS DE L’OPPOSITION QUI COMBATTENT LE REGIME DE MACKY SALL»
Babacar Diop leader des Forces Démocratiques du Sénégal (FDS/Guélewar) a enclenché un processus d’élargissement des bases de son parti à Thiès.
Babacar Diop leader des Forces Démocratiques du Sénégal (FDS / Guélewar) a fait hier un retour au royaume d’enfance, à l’école de la Jamatou Ibadourahman de Thiès. Une occasion pour lui de revenir sur les questions politiques, notamment les prochaines élections. Selon lui, les FDS/ Guélewar ne s’allieront qu’avec les partis de l’opposition qui ont une position claire et qui combattent le régime de Macky Sall.
Babacar Diop leader des Forces Démocratiques du Sénégal (FDS/Guélewar) a enclenché un processus d’élargissement des bases de son parti à Thiès. Une opportunité pour lui de se prononcer sur les prochaines batailles politiques à Thiès. En ce qui concerne les coalitions, il a déclaré : « Nous sommes en discussion avec plusieurs formations politiques, des membres de la société civile et c’est dire que les réflexions sont engagées, pour sceller un compagnonnage. En attendant les FDS/ Guélewar ont engagé de leur côté des concertations très larges avec les jeunes, les femmes et dans les prochaines semaines, les résultats seront portés à la connaissance des populations.
En tout cas, ils ne comptent s’allier qu’avec tous ceux qui sont dans l’opposition, qui ont une position claire et qui combattent le régime de Macky Sall en travaillant pour une alternative démocratique. Donc les mouvements et les partis politiques qui sont sur cette ligne peuvent bel et bien être des alliés des FDS ».
Il indique qu’il n’a de problème ni avec Macky Sall, ni avec Idrissa Seck, et que sa seule préoccupation, c’est d’étendre les tentacules de son parti. Parlant des enjeux de ces consultations locales pour déterminer les équipes qui vont présider aux destinées des collectivités territoriales, il renseigne qu’en ce qui le concerne, son ambition politique dépasse la mairie de la ville de Thiès. Comme en atteste cette visite qui s’inscrit dans un processus d’implantation des FDS/Guélewar, pour en faire la première force politique de la région, en s’appuyant sur les jeunes et les femmes qui aspirent visiblement au changement.
A cette occasion, il révèle qu’il va présenter à ses parents, ses amis, ses camarades de promotion, ses condisciples, bref à toutes les populations, son projet pour le Sénégal et il compte sur Thiès pour le réaliser. En ce qui concerne le fichier électoral, il souligne que les conclusions des experts ne rassurent guère et montrent que les dernières élections n’ont pas du tout été transparentes. C’est pourquoi l’opposition prend encore cette question de manière très sérieuse et tout le travail nécessaire sera fait, pour que les recommandations soient respectées, pour que les prochaines élections soient libres et transparentes.
Dr Babacar était en visite de courtoisie à l’école Jamatou Ibadourahman de Thiès, où il a fait ses premiers pas dans l’apprentissage de la langue française. Selon lui, c’est d’ailleurs dans cet établissement qu’il a appris à porter des responsabilités car dès le cours d’initiation (CI), son maître avait porté son choix sur lui pour être le responsable des CI de l’établissement. Il se rappelle qu’après le choix, il lui avait fait une recommandation, lui demandant d’éviter de mettre un élève sur la liste des bavards par pur règlement de comptes.
C’est plus tard, dit-il, qu’il s’est rendu compte que son maître était en train de lui apprendre les méfaits de la corruption. C’est aussi, dit-il, dans cet établissement qui est la première expérience franco-arabe de l’Afrique de l’Ouest, qu’il a appris dès le jeune âge le sens du leadership. Cette visite, dit-il, sonne comme une sorte de pèlerinage, un retour aux sources, équivalant pour lui à un retour dans les bras de sa mère ; une seconde naissance.