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22 juin 2025
BENNO, LES ALLIÉS À L’HEURE DE LA RÉVOLTE
Macky Sall pourra-t-il consolider sa coalition Benno Bokk Yaakar et faire taire les querelles dans les rangs de la majorité en perspective des locales de janvier prochain ?
Difficile de nier l’évidence. Le choc des ambitions au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar, en perspective des Locales de 2022, est réel. Après neuf années de compagnonnage, les alliés de la première heure, comme le Ps (Parti socialiste) et l’Afp (Alliance de Forces de progrès) ne cachent plus leur désir de briguer des mairies dans certaines localités du pays avec ou sans le soutien du leader de leur coalition. Lors de sa récente tournée économique, plus précisément à l’étape de Kaffrine, le président Macky Sall a essayé de jouer les arbitrages en voulant faire taire les querelles dans sa coalition. Il a notamment fait savoir à ses camarades de parti et ses alliés qu’il n’acceptera pas des listes parallèles pour ces locales de 2024. Une tâche qui ne sera pas aussi facile pour lui qu’il le pense, selon nos analystes politiques !
Macky Sall pourra-t-il consolider sa coalition Benno Bokk Yaakar et faire taire les querelles dans les rangs de la majorité en perspective des Locales de janvier prochain ? La question reste posée. Le constat est que les ambitions ne sont plus cachées. Que ce soit au niveau de l’Apr ou de la coalition au pouvoir BBY. Même si le Président a essayé de siffler la fin de la récréation avant même le début des cours, lors de sa tournée économique dans la zone du Ndouncoumane, appelant ses militants à faire preuve d’unité pour désigner leurs représentants pour les Locales, des dissidences ne manqueront pas de se produire. La bataille pour la mairie de Dakar est une parfaite illustration de cette difficulté à tenir les troupes en laisse. En effet, des partis alliés comme le Ps et Afp ont manifesté leur désir de conquérir le fauteuil anciennement occupé par Khalifa Sall. Cela augure-t-il d’une fin de compagnonnage anticipée avant la présidentielle de 2024 ? Les alliés décrypteront-ils de manière positive l’appel de leur leader ? Autant de questions qui méritent des éclairages au vu de ce qu’annoncent déjà des grincements de dents dans les rangs de la coalition Benno Bokk Yaakaar.
L’analyste politique Mamadou Sy Albert note un climat d’instabilité au sein de la coalition au pouvoir qui met en avant les conflits d’ambitions. D’après lui, Benno n’est plus dans la même situation des années passées avec la présence de feus Ousmane Tanor Dieng et Amath Dansoko à côté du président. En ces temps où vivaient encore ces deux compagnons historiques du Président, la coalition était très soudée avec une entente et une proximité entre les chefs de partis qui permettaient à Macky Sall d’avoir une alliance solide. Parmi ces compagnons, Moustapha Niasse est l’un des rares encore en vie. Selon l’enseignant chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop, la fin du mandat de Macky Sall explique cette instabilité qui s’annonce. A en croire Mamadou Sy Albert, que ce soit pour les prochaines Locales, les législatives ou la prochaine présidentielle, il n’y aura pas d’unité comme avant. « On est en fin de mandat ! Le président ne le dit pas, les alliés ne le disent pas non plus. Mais tout le monde sait que Macky Sall est dans son deuxième mandat. Donc, tous les partis alliés envisagent la présidentielle de 2024.
MAMADOU SY ALBERT : « L’arrivée de Rewmi a compliqué davantage la situation de Benno »
Les locales de 2022 constituent un test grandeur nature en ce qui concerne l’avenir de la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar. La coalition pourra-t-elle encore résister face à la pression de certains alliés ? L’histoire de 2014 où elle avait perdu des élections à cause des guerres de positionnement risque de se répéter d’après Mamadou Sy Albert. Et l’arrivée du parti Rewmi au sein de la coalition présidentielle a créé une vague de frustrations dans les rangs de Benno. « La majorité avait perdu dans les grandes villes parce qu’il n’y avait pas une unité au niveau de l’Apr et entre l’Apr et les autres alliés. La même chose risque de se passer en 2022. Ce qu’on a vécu en 2014 risque de se reproduire, s’il n’y aurait pas de consensus au niveau des coalitions locales. L’arrivée de Rewmi complique davantage la situation de Benno. Parce que les militants de l’Apr, qui se sont battus depuis 2012, acceptent difficilement de céder la place au Rewmi. C’est encore pire au niveau du Ps et de l’Afp. Ils ne vont pas du tout accepter une hégémonie de Rewmi. A l’Apr, Macky Sall peut faire pression sur ses responsables. Il peut les obliger à accepter les compromis avec le président Idrissa Seck. Ce n’est pas évident au Ps et à l’Afp. Quant aux militants de gauche, je vois mal comment ils pourraient accepter de se mettre derrière Idrissa Seck. Donc le Rewmi va aggraver les tensions, les ambitions, les conflits entre Rewmi et l’Apr d’un côté. Et de l’autre côté, entre Rewmi et les autres alliés du président de la République. Les prochaines locales vont être un véritable test pour Macky Sall. Est-ce qu’il aura la capacité de souder le Benno en l’absence de Tanor Dieng, en l’absence de Dansoko, à l’absence d’un allié comme le Professeur Bathily ? » s’interroge l’analyste politique Mamadou Sy Albert.
BACARY DOMINGO MANE : « C’est un discours qui montre, à la limite, l’impuissance de l’homme »
Mettre de l’ordre dans la coalition, faire taire les querelles d’ambitions de certains leaders de Bby. Une tâche qui ne sera pas du tout facile nt pour le leader de Benno Bokk Yaakaar, estime également Bacary Domingo Mane. Car, soutient le journaliste et analyste, le président de la République n’a plus les cartes en main d’autant plus que la perspective de l’élection présidentielle de 2024 déterminera les positions des uns et des autres au sein de sa coalition. L’analyste se base sur certains calculs politiques pour expliquer qu’il peut y avoir des gens au sein de la coalition Bby qui n’auront pas peur de tenir tête à leur leader ou le défier en présentant des listes parallèles. Ce en se basant sur certains calculs. L’un dans l’autre, Bacary Domingo Mané pense que beaucoup d’entre ces responsables n’hésiteront pas à prendre leur destin en main en disant que le mandat du président de la République prend fin en 2024.par conséquent, ils ne voudront pas couler avec lui lors de la prochaine présidentielle.
A en croire le journaliste, le chef de l’Etat ne pourra rien faire pour s’opposer aux ambitions de ceux de ses camarades qui n’ont bénéficié d’un décret de nomination à un quelconque poste national. Bacary Domingo analyse la sortie de Macky Sall, invitant ses troupes à l’unité, comme le discours d’un homme impuissant face aux actuels enjeux politiques. « Tout le monde sait que, d’après la Constitution, le président de la République ne pourra pas se présenter pour un troisième mandat en 2024. Il sera peut-être tenté de faire un coup de force avec la bénédiction du Conseil constitutionnel. On n’en est pas encore là. On a entendu des gens se lever pour dire qu’ils n’accepteront jamais que le président force le barrage. Donc si on prend en compte cela, en se disant qu’il lui reste peut peut-être deux ans maximum et que les élections locales auront lieu en 2022, des gens peuvent être dans des calculs. Pourquoi la tâche ne sera-t-elle pas facile pour le président Macky Sall ? Parce que ses alliés ont commencé à se mobiliser. On a vu l’Afp qui ne s’est pas réunie depuis des lustres et qui a tenu, récemment, une réunion au cours de laquelle Moustapha Niass dit qu’il faut maintenant que les militants se remobilisent pour les élections. Il y au aussi le Parti socialiste où le ton monte depuis un certain temps à travers les sorties du porte-parole Abdoulaye Wilane. Et avec l’arrivée d’Idrissa Seck, on a l’impression que Macky a fait plus de place au président de Rewmi qu’aux autres alliés. Tout ce qu’il peut faire c’est peut-être dégommer les gens qu’il a nommés à des postes de responsabilités dans l’administration ou les sociétés nationales s’ils le défient. C’est tout ce qu’il peut faire.
Mais les gens peuvent ne pas craindre d’être dégommés par le président. Ils diront « oui le président peut me dégommer, mais si j’ai la possibilité de gagner au niveau de ma base, cela me renforcera en tant qu’autorité » Donc certains sont dans ces calculs-là. Ce qui diminue le pouvoir du président de la République, aujourd’hui, est que la perspective de 2024 n’est pas évidente pour lui. L’arrivée d’Idrissa Seck a fait que certains ont boudé. Ils doutent de leur avenir dans la coalition. Apparemment, Macky veut aller du côté de Idy. S’il penche de ce côté-là, ça veut dire qu’il va laisser en rade l’Afp. Parce qu’on connait déjà les rapports entre Idy et Moustapha Niass. Le fait de sonne les cloches de l’unité pour dire « attendez mes arbitrages, pas de liste parallèle », c’est un discours, à la limite, qui montre l’impuissance de l’homme. Le point fort du président, c’est que c’est lui qui nomme aux emplois civils et militaires en tant que président de la République. A part ça, il est complètement affaibli par la perspective de 2024 » explique Bacary Domingo Mané.
« UNE BATAILLE RUDE SE FERA EGALEMENT ENTRE POUVOIR ET OPPOSITION A THIES»
Comme celle de Dakar, la bataille de Thiès sera rude avec beaucoup de prétendants. Donc une possibilité de pléthore de candidatures de Benno. Là également, l’ancien collaborateur de Sud quotidien pense que les choses ne seront pas aisées pour Macky Sall. Même s’il mise pour le soutien de son nouvel allié Idy pour rafler la capitale de rail. A en croire M. Mané, l’opposition pourrait s’en sortir dans cette région si elle se réunit autour de l’essentiel. Car, soutient-t-il, l’actuel président du Cese a perdu certains de ses alliés dans cette localité. « La tache ne sera pas aussi facile qu’il le pense à Thiès Parce qu’on retrouve dans cette zone beaucoup de leaders de mouvances et de partis politiques. La bataille de Thiès aura bel et bien lieu comme celle de Dakar. Les choses ne seront pas du tout faciles pour Macky. Ce même si aujourd’hui il semble vraiment miser sur Idy. Ce dernier peut ne pas tenir. Ça a commencé. Cet Idy-là, avant même qu’il joigne la majorité, est affaibli. Des opposants sont visibles dans cette région comme Moussa Tine et d’autres personnes par exemple Thierno Alassane Sall. La tâche ne sera pas du tout facile. Parce que même Thiès que Macky croit pouvoir gagner avec l’arrivée d’Idy, ne sera pas facile. Cet Idy-là n’est plus dans le temps. Il a perdu une bonne partie de ses soutiens. C’est pourquoi Macky Sall, à travers son appel, veut se donner les moyens d’apaisement. Si on prend le cas de Kaffrine, on sait qu’il est avec Abdoulaye Sow. Il a choisi son camp. Il lui a donné les moyens pour combattre Wilane. Et dans autres localités, il fera la même chose. C’est pourquoi les alliés prendront leurs responsabilités » conclut Bacary Domingo Mané.
MOMAR DIONGUE : « Pourquoi Macky Sall ne pourra rien faire pour éviter les listes parallèles »
Le journaliste et analyste Momar Diongue reste pessimiste sur la possibilité pour Macky Sall d’éviter les listes parallèles au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar pour les locales de 2022. A l’en croire, l’insubordination est liée à la nature des élections. Il doute fort que le président Sall puisse tenir ses troupes avec le suffrage direct pour ces locales. « C’est des élections locales. Comme leurs noms l’indiquent, généralement les combinaisons se font au niveau local. Il y a des ambitions qui naissent. C’est sur la base de ces ambitions et des affinités au plan local que se feront les décisions. C’est pour cette raison qu’en 2014, il y avait eu 2700 listes. A l’époque, il n’avait pas pu empêcher l’existence de listes parallèles. Je crois qu’il en sera de même pour ces élections locales. Il s’y ajoute qu’on est parti pour avoir un suffrage universel direct. Ce qui veut dire donc que la personne choisie comme tête de liste sera le futur maire. Donc les jeux sont clairs. A partir de ce moment, si le président Macky Sall choisit ce schéma, cela veut dire que ce sont ces personnes-là choisies pour figurer en tête de liste qu’il veut désigner comme étant les futurs maires. A partir de ce moment-là, tous ceux qui avaient des ambitions au niveau local, et qui n’auront pas été choisis, vont être tentés de vouloir mettre les listes parallèles. Ça sera encore plus compliqué d’éviter des listes parallèles pour ces prochaines élections locales que lors des dernières élections locales en 2014. Parce qu’en 2014, c’était avec le suffrage indirect. C’étaient les listes qui étaient élues. Et sur la base de ces listes élues, il y avait des ambitions qui naissaient une fois que les conseillers étaient en place. car l’élection se faisait au niveau de ces conseillers. Or, avec l’élection directe du maire, le président est malheureusement parti pour enregistrer des listes parallèles au sein de sa coalition. Je pense qu’il est impuissant. Il n’y pourra pas grand -chose » explique Momar Diongue.
MACKY SALL POSITIONNE SES POULAINS POUR CONCURRENCER SES ALLIES !
Selon Momar Diongue, Macky Sall fait face une double complexité. En effet, explique le politologue, il doit se rendre compte qu’il aura des ambitions non seulement dans son parti mais aussi dans la coalition Bby. Selon le journaliste, depuis le début, Macky Sall a eu l’intention de réduire ses alliés à leur plus simple expression. L’analyste donne des exemples des alliés qui ont été réduits à néant par la stratégie de Macky, positionnant ses « poulains » contre eux. « Regardez ce qui se passe au niveau du Parti socialiste. Ceux qui tiennent les manettes au niveau de ce parti, il y en a très peu qui ont une fonction élective, un mandat de maire. Prenons le cas d’Aminata Mbengue Ndiaye qui était toute puissante mairesse de Louga. Elle a perdu du terrain. Depuis, elle est encerclée dans cette ville par Mamour Diallo, Mbery Sylla et Moustapha Diop. Donc elle a été quasiment réduite à néant à Louga. Si vous prenez également quelqu’un comme Serigne Mbaye Thiam, qui est membre du gouvernement, il n’a pas de base représentative au niveau de Nioro. Aujourd’hui, les rares personnes qui avaient une assise locale comme Abdoulaye Wilane sont menacées. Or, ce dernier ne va pas accepter de s’aplatir devant Abdoulaye Sow simplement par ce que Macky Sall voudrait qu’il le fasse. Il avait d’abord nommé Abdoulaye Sow Dg de COUD, un poste éminemment politique qui permet de loger beaucoup de clients politiques. C’est une façon de le préparer, de lui tracer une voie royale pour prendre le leadership au niveau de Kaffrine. Il a fini par en faire un ministre. A partir de ce moment-là, Ablaye Sow a leadership quasiment naturel au niveau de Kaffrine. Il a également les moyens pour assouvir son ambition de supplanter Abdoulaye Wilane au niveau de Kaffrine. Donc il est évident, de ce point de vue, que le président, depuis très longtemps, a commencé à ouvrir la voie à Abdoulaye Sow pour supplanter Wilane au niveau de Kaffrine. C’est aussi simple que ça » conclut Momar Diongue.
LE SUPPLICE DES PRISONNIERS
Sur une population carcérale de 11 547 personnes, on compte 177 cas de longue détention préventive, soit un pourcentage de 1,53%. Un chiffre particulièrement inquiétant qui remet sur la table la lancinante question des longues détentions préventives
Sur une population carcérale de 11 547 personnes, on compte 177 cas de longue détention préventive, soit un pourcentage de 1,53%. Un chiffre particulièrement inquiétant qui remet sur la table la lancinante question des longues détentions préventives, facteur non négligeable dans le surpeuplement des prisons.
Il est le spécialiste des évasions. Baye Modou Fall alias Boy Djinné s’est évadé de prison pour la 11ème fois. Même Alex et Ino, célèbres pour leurs hauts faits d’armes, n’ont pas réussi une telle «prouesse». Surnommé «l’As des évasions», Baye Modou Fall s’est fait un nom dans le milieu carcéral avec ses séries d’échappées aussi spectaculaires les unes que les autres.
Mais en agissant de la sorte, Boy Djinné veut susciter le débat sur la lancinante question des longues détentions provisoires au Sénégal. Véritable goulot d’étranglement, le nombre de cas de longue détention préventive est de 177 sur une population carcérale de 11 547 personnes, soit 1,53%, si l’on se fie aux données fournies par le ministère de la Justice qui précise qu’il s’agit là de détenus en attente de jugement de trois (03) ans et plus.
Régie en effet par les articles 127 et suivants du Code de procédure pénale, la détention provisoire n’est pas une sanction, mais une mesure qui vise à préserver une procédure pénale. Autrement dit, en matière de délit commis, lorsque l’infraction concernée est punissable d’une peine inférieure ou égale à trois ans, l’inculpé ne peut être retenu en détention provisoire plus de 5 jours après sa première comparution devant le juge d’instruction.
Considérées par certains avocats comme une pratique aux antipodes du respect des droits de l’Homme, posant du coup un problème de justice sociale, les longues détentions continuent de faire des victimes. Jugé pour apologie du terrorisme, Saër Kébé, détenu pendant quatre ans, a été condamné à 3 mois avec sursis pour menaces. Il y a également le cas de l’Imam Dianko qui a été totalement blanchi par la justice après six ans de prison. Avant lui, d’autres comme l’imam Alioune Ndao et certains de ses co-accusés avaient connu le même sort. Accusés de terrorisme, ils ont été acquittés après 5 ans de détention préventive.
L’étudiant Ousseynou Diop, poursuivi également pour apologie du terrorisme, avait bénéficié d’une liberté provisoire après 4 ans de détention avant d’être finalement condamné lui aussi à 3 mois avec sursis.
IBRAHIMA SALL DE L’ASRED : « BOY DJINNE M’A DIT QU’IL EST UN OTAGE DU PROCUREUR»
Selon le président de l’Association pour le Soutien et la Réinsertion Sociale des Détenus (Asred), Baye Modou Fall ne s’est pas évadé de prison par simple plaisir. «Je m’entretiens souvent avec lui au téléphone via le responsable social de la prison. Il dénonçait toujours cette situation de longue détention préventive dont il fut victime», a souligné Ibrahima Sall qui précise que Boy Djinné est en prison depuis 2010. Il a plusieurs dossiers dont il a gagné certains. Déplorant les longues détentions préventives, Ibrahima Sall indique que celles-ci demeurent aujourd’hui un véritable problème au Sénégal. Faisant une petite comparaison, le président de l’Asred renseigne que le Mali ne compte pas plus de 7 000 détenus, la population carcérale de la Mauritanie est estimée à 5 000 personnes, au moment où le Sénégal enregistre 11 500 détenus pour 37 prisons. «La jeunesse sénégalaise est en prison», tonne monsieur Sall qui, par ailleurs, convoque l’article 10 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui évoque le principe de présomption d’innocence. «A partir du moment où la personne est arrêtée, on doit appliquer le règlement numéro 5 de l’Uemoa qui exige la présence de l’avocat dès les premières heures de l’arrestation. Mieux, si elle est placée sous mandat de dépôt, c’est l’article 10 qui s’applique. Boy Djinné m’a dit qu’il ne voulait pas s’évader, mais c’était sa manière de réclamer justice et d’être jugé dans un délai raisonnable. Il est prêt à purger sa peine quelle que soit la sentence, mais qu’il soit jugé dans les plus brefs délais, de façon juste et équitable», informe le sieur Sall. A propos des nombreuses mesures mises en place par le gouvernement pour mettre fin au cas des longues détentions, le président de l’Asred affirme qu’on est «très loin des solutions.
Baye Modou Fall constitue un exemple patent, même si nous ne cautionnons pas l’évasion. Nous demandons que la justice fasse son travail correctement». Etayant son argumentaire, il rappelle que la prison de Rebeuss construite en 1929 avait une capacité d’accueil de 600 détenus. Mais elle compte aujourd’hui 1981 détenus. «Si le matin vous libérez 5 détenus, le soir vous en placez 25 sous mandat de dépôt. A Thiès, vous libérez 2 le matin et le soir vous en arrêtez 10, les prisons ne se dépeuplent jamais», se désole monsieur Sall. Même s’il considère que le bracelet électronique est une bonne chose, il craint une justice à deux vitesses avec cette procédure. D’où son invite. «Nous demandons que ces détenus puissent en bénéficier au même titre que tout le monde. A côté des longues détentions, il y a aussi le surpeuplement carcéral. Aujourd’hui, l’administration pénitentiaire fait face à des problèmes majeurs dont le surpeuplement. D’autant que 33 sur 37 prisons sont pleines. «Il y a trop de mandats de dépôt et les Sénégalais vontfacilement en prison», ditIbrahima Sall. Comme solution, il invite l’Etat à venir en aide à l’administration pénitentiaire qui n’a toujours pas de budget pour la réinsertion sociale des détenus. Ce qui constitue sa deuxième mission .
GUY MARIUS SAGNA DE FRAPP FRANCE DEGAGE «Cette évasion est l’expression d’un ras-le-bol total de Baye Modou face aux dysfonctionnements de la justice»
En s’évadant de prison, explique Guy Marius Sagna, Baye Modou Fall a exprimé son dégoût face aux nombreux dysfonctionnements de la justice sénégalaise. Le leader de Frapp France Dégage relève dans cette dernière évasion «l’expression d’un ras-le-bol total de Baye Modou face aux dysfonctionnements du service public de la justice». Faisant un peu l’historique des évasions, Guy Marius Sagna révèle qu’il existe trois sortes de violence au Sénégal. La première, «mère de toutes les autres évasions», «c’est quand le Président Macky Sall fait “évader” des trafiquants de faux billets, des trafiquants de faux médicaments, des détourneurs de deniers publics...». La deuxième évasion, poursuit l’activiste, est celle des Alex et Ino, des Boy Djinné...qui naît de la frustration de voir «le président de la République Macky Sall et le système néocolonial faire évader les riches et leurs alliés en laissant les fils et filles de paysans, d’ouvriers et des classes populaires mourir en prison pour des boules de «nététou» et des poulets volés, alors qu’ils attendent depuis des années un jugement». Enfin, la troisième est relative aux “évasions” par les pirogues de l’émigration irrégulière et les routes du désert conduisant au cimetière de la Méditerranée. «Il n’y a pas pire hypocrisie de n’appeler évasion que celle de Baye Modou Fall en faisant semblant d’oublier la première qui l’a fait naître, c’est à dire la gestion néocoloniale du Président Macky Sall...».
Revenant sur le cas de Boy Djinné, Guy Marius Sagna informe qu’il a partagé le quartier de haute sécurité (QSH) du Camp pénal avec Baye Modou Fall. « Nous avons échangé à plusieurs reprises sur son cas. À l’époque déjà (de décembre à mars 2020 où j’étais au QHS), Baye Modou se plaignait de la gestion de son dossier, notamment des lenteurs judiciaires. Des raisons qui l’avaient même poussé à observer à plusieurs reprises des grèves de la faim», se rappelle l’activiste qui évoque, au passage, le droit d’un détenu d’être jugé dans un délai raisonnable.
LE DEFICIT DE PERSONNEL, UN FACTEUR BLOQUANT
A en croire Guy Marius Sagna, «l’État a du mal à assumer ses responsabilités, notamment parce que les juges sont débordés du fait de leur déficit d’au moins 300 juges au Sénégal».Il trouve que cette situation résulte du fait qu’au Sénégal, emprisonner est d’une facilité incroyable. «Le mandat de dépôt est décerné pour des vétilles alors que les grands bandits sont libres comme l’air. Tout cela explique le nombre important de dossiers à traiter par les juges», affirme-t-il. Au-delà du cas de Baye Modou Fall, il est persuadé que d’autres citoyens croupissent en prison depuis des années dans l’attente d’un jugement, voire d’une audition dans le fond par un juge d’instruction. A cet effet, il cite l’exemple d’un détenu du Capi qui attendait d’être jugé depuis 7 ans au moins à la Maison d’Arrêt et de Correction de Rebeuss. «C’est en effet la lancinante problématique des longues détentions que cette évasion de Baye Modou Fall remet sur la table, une fois dépassé le vernis du caractère spectaculaire de son évasion». Dès lors, le leader de Frapp France Dégage relève une faillite de l’État dans son rôle qui est d’assurer à tous les citoyens, peu importe la faute qu’ils ont commise, le service public de la justice. C’est pourquoi, tout en approuvant les réformes annoncées par l’Etat du Sénégal, il propose l’augmentation sensible du nombre de juges et la résorption du déficit structurel en nombre de magistrats. Il plaide aussi l’arrêt de la politique du tout mandat de dépôt et son remplacement par des peines alternatives qui ne sont pas coûteuses, une vraie politique de réinsertion sociale des prisonniers, l’amélioration des conditions de travail des agents pénitentiaires. Guy Marius Sagna propose également une politique en amont de la prison qui ne crée pas une sorte de déterminisme où certains Sénégalais sont quasiment condamnés dès leur naissance à connaître la case prison.
ME PAPA AMADOU SENE DU COMITE SENEGALAIS DES DROITS HUMAINS (CSDH) «l’application effective du bracelet électronique est une question de jour»
Pour lutter contre les longues détentions provisoires, l’Assemblée Nationale du Sénégal avait adopté le 29 juin dernier le projet de loi n°21-2020 modifiant la loin°65-60 du 21 juillet 1965 portant code pénal. Cependant, depuis son adoption, cette loi qui vise à placer sous surveillance électronique un prévenu tarde à entrer en vigueur. Mais ceci n’est plus qu’une question de jours, si l’on se fie au coordonnateur du Comité Sénégalais des Droits Humains (Csdh).
En effet, Me Papa Amadou Sène renseigne que les bracelets électroniques ont été commandés et livrés. Et les premiers tests sont en train d’être faits sur une partie du territoire national. Il ne reste que l’aspect règlementaire. « Le port du bracelet électronique est une question de jours pour que son application soit effective», a t-il déclaré.
Hormis le bracelet électronique, les autres aspects de la réforme judiciaire concernent le tableau des infractions. Ce qui entre dans un souci d’harmonisation des parquets du Sénégal. «Le tableau des infractions peut lutter contre les mandats de dépôt systématiques, le surpeuplement des prisons qui a pour corollaire les longues détentions», indique Me Papa Amadou Sène qui rappelle qu’une autre réforme a été annoncée dernièrement par le garde des Sceaux. Il s’agit de la mise en place du juge des libertés qui sera l’interface entre le procureur et le tribunal et qui va s’occuper des questions de libertés provisoires afin de lutter contre les détentions longues. A en croire le président du Csdh, le gouvernement a annoncé de nombreuses mesures qui viennent s’ajouter à celles qui existaient. Quid du cas Baye Modou Fall ?
Me Papa Sène précise d’emblée que l’évasion de prison est une infraction à la loi pénale. Elle est considérée comme un délit par le Code pénal à travers les dispositions des articles 208 et suivants. «Et dans ce cas précis, aussi bien le détenu évadé que les préposés à sa garde ont une responsabilité. Pis, le détenu peut être passible d’une peine d’au moins 6 mois et cela n’empêche pas que la peine pour laquelle il a été emprisonné continue. Il peut être condamné pour évasion de prison à une peine allant de 6 mois à 10 ans, s’il était déjà en détention provisoire», explique Me Sène. Il ajoute que si la responsabilité des préposés à sa garde en termes de négligence, de connivence ou de complicité est engagée, ou s’ils ont une responsabilité, sous le couvert de l’article 209 du Code pénal, ces derniers sont passibles d’une peine allant jusqu’à 5 ans ainsi que la perte de leurs droits civiques et politiques. Toutefois, Me Papa Amadou Sène reconnaît que la longue détention peut expliquer cette volonté d’un détenu à imaginer une scène d’évasion, comme c’est le cas avec «Boy Djinné
AMADOU BA, L’HOMME QUI ETOUFFE SES AMBITIONS
Secret de Polichinelle ou fantasme politique ? Force est de constater que l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba, est l’acteur politique de la mouvance présidentielle qui fait plus l’objet de fixation sur ses ambitions politiques.
Faire l’autruche est une expression qui conviendrait parfaitement au personnage de Amadou Ba. L’ancien ministre des Affaires Etrangères s’est donné au fil des années une carrure d’homme politique présidentiable, mais il reste inflexible. Amadou Ba garde toujours le mystère, parfois à ses risques et périls, sur son avenir politique alors même que ses ‘’adversaires‘’ à Dakar commencent à s’afficher
Secret de Polichinelle ou fantasme politique ? Force est de constater que l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba, est l’acteur politique de la mouvance présidentielle qui fait plus l’objet de fixation sur ses ambitions politiques. Accusé à tort ou à raison de lorgner le fauteuil de son chef, il a été la cible, ces dernières années, de ses frères de parti qui ne ratent aucune occasion pour le fusiller. Certains avaient poussé le bouchon jusqu’à demander son exclusion du gouvernement. Ce que le Président Macky Sall a fini par faire lors du dernier remaniement.
Manifestement, la carrière de l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise sonne déjà comme une victoire à la Pyrrhus alors que lui-même entretient toujours le flou artistique sur son avenir politique. «Je me bats pour le Président Macky Sall. Je me bats pour que la vision du Président Macky Sall puisse continuer, sa vision en 2035», avait-il déclaré à nos confrères de la «TFM». Et il n’avait pas manqué d’ajouter que les gens ont des imaginations fertiles. «Ils compliquent des situations qui ne méritaient pas l’attention des Sénégalais. Etre dans un gouvernement, c’est un privilège; il faut qu’on remette les choses à leurs places. Je suis un fonctionnaire qui est au service de l’Etat. Quand tu es au service de l’Etat, ta personne importe peu. C’est pourquoi, quand vous me posez des questions sur mes ambitions personnelles, je suis mal à l’aise».
Toujours est-il que cette déclaration de fidélité à Macky Sall et à sa vision politique, c’était avant qu’il ne soit débarqué du gouvernement. Cependant, et contrairement aux autres «mousquetaires» comme l’ancienne présidente du CESE Aminata Touré et l’ancien ministre Omar Youm qui n’ont pas caché leur amertume d’avoir été démis par le chef de l’Etat, Amadou Ba fait toujours dans le politiquement correct, même si, selon certains de ses proches, il a mal vécu son éviction du gouvernement. «Cela nous fait mal, mais ce serait sage pour lui de rester dans l’Apr jusqu’à l’approche des élections de 2024 pour sortir. Trois ans, c’est très long en politique», soufflait un de ses affidés lors de la passation de service entre lui et sa remplaçante Me Aissata Tall Sall.
Pour Amadou Ba, il est visiblement hors de question pour le moment de faire face à Macky Sall. Même s’il ne participe plus aux réunions des cadres de l’Apr, il continue à être légaliste politiquement. Il y a quelques jours, sa candidature supposée à la mairie des Parcelles Assainies a été rapidement démentie par sa cellule de communication. Et celle-ci d’ajouter qu’il toujours respecté les règles du parti. «En aucune manière, il ne dérogerait à la discipline du parti. Il continue de marcher masqué et de rester ‘’loyal‘’ à son mentor».
Dr MOUSSA DIAW, ENSEIGNANT EN SCIENCES POLITIQUES A L’UGB
«Ce serait bien pour lui de trancher dès maintenant le débat» Répondant récemment à l’ancien ministre de l’Intérieur Mbaye Ndiaye qui lui demandait d’éviter les oiseaux de mauvais augure qui lui prêtent des ambitions démesurées et le poussent dans un combat qui n’est pas le sien, Amadou Ba avait lancé : «Le défi le plus important, c’est le défi de l’unité». Avec son flegme légendaire et le sens du sarcasme qu’on lui connaît, il ajoutait : «Mbaye Ndiaye, je sais que tu aimes profondément le Président Macky Sall. Et s’il y a dans un domaine où je veux te concurrencer, c’est celui-là». Pour quelqu’un qui veut étendre ses tentacules sur le plan politique, est-ce une bonne posture communicationnelle ? Pour le politiste et enseignant à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint Louis, Moussa Diaw, l’attitude de l’ancien ministre des Finances n’est pas une posture politique payante. «Parce qu’on est dans un contexte où si vous n’agissez pas, vous ne communiquez pas, les gens vous oublient, vous cédez la place aux autres. On est dans un monde conquis par la communication. Une personnalité politique, c’est d’abord d’intervenir dans l’espace politique, donner son avis et prendre position et contribuer au débat démocratique. Mais si on prend du recul et qu’on joue dans l’ambiguïté, ce n’est pas une posture politique porteuse pour quelqu’un qui a des ambitions aussi locales que nationales. Cela ne relève pas de la posture d’un homme politique qui est averti et qui sait le rôle que joue la communication dans les rapports sociaux», analyse l’enseignant. Dr Moussa Diaw pense que ce serait mieux pour lui de trancher dès maintenant le débat et d’annoncer la couleur.
Toutefois, le politiste dit comprendre son mutisme. «Il a peur parce qu’il a besoin du soutien du Président Macky Sall aussi bien pour les locales que pour les prochaines échéances. Il ne veut pas prendre le risque de s’annoncer et de ne pas avoir par la suite le soutien du chef de l’Etat», renchérit-il. Selon Dr Moussa Diaw, Amadou Ba a vécu quelques épreuves avec son limogeage du gouvernement qui ont laissé moralement des traces. «C’est pourquoi, il est dans une posture où il n’ose pas se prononcer ouvertement. A mon avis, il attend la consigne d’évaluer la situation», explique l’enseignant joint au téléphone par «L’As». Il souligne dans la foulée que l’ancien ministre des Affaires étrangères a des doutes, c’est pourquoi, il est très prudent. Convaincu que Amadou Ba est un homme politique qui a ses réseaux solides, Moussa Diaw indique que ce qui serait bien pour lui c’est d’avoir la mairie des Parcelles Assainies. «Cela lui permettra d’avoir une base et de constituer davantage un réseau qu’il va développer par la suite. Là, il n’a aucune base et il flotte politiquement», dit l’enseignant en sciences politiques.
LE SENEGAL LEVE 508 MILLIARDS DE FCFA D’EURO-BONDS
Dans le but d’obtenir des fonds pour financer sa participation dans les projets pétroliers et gaziers, le Sénégal a levé, hier, 508 milliards de F CFA sur le marché international.
Dans le but d’obtenir des fonds pour financer sa participation dans les projets pétroliers et gaziers, le Sénégal a levé, hier, 508 milliards de F CFA sur le marché international. Le taux d’intérêt de cette nouvelle émission d’obligation est fixé à 5,375% sur une maturité finale de 16 ans.
Du 27 au 2 mai 2021, une délégation de la République du Sénégal conduite par le ministre des Finances et du Budget a travaillé, par visioconférence, avec plus de 200 investisseurs en vue de mobiliser des fonds sur le marché international pour financer certains programmes clés. Selon le gouvernement, il s’agit, à travers cette opération, d’obtenir des fonds qui « seront exclusivement utilisés pour le rachat d’environ 70% de l’eurobond expirant en 2024 et libellé en dollars par de nouveaux titres en euros, ainsi que le financement de la participation du Sénégal dans le développement des projets pétroliers et gaziers». Dans une note parvenue à notre rédaction, les services du ministère des Finances renseignent que le Sénégal a procédé, hier (mercredi 02 juin 2021), à la fixation du prix d’une nouvelle émission euro-bond (obligations souveraines) portant sur 775 millions d’euros, soit 508 milliards de FCFA, avec un taux d’intérêt fixe de 5,375% sur une maturité finale de 16 ans. « Cette opération a connu un succès éclatant en termes de niveau de mobilisation des investisseurs internationaux, avec un taux de souscription égal à près de six fois le montant recherché par le Sénégal, et en termes de qualité du livre d’ordres, avec les investisseurs institutionnels de référence dans ce domaine», se sont réjouis Abdoulaye Daouda Diallo et ses collègues qui indiquent, par ailleurs, que face à l’intérêt élevé après trois années d’absence sur les marchés, le Sénégal s’est limité à ses besoins de financements arrêtés en rapport avec ses partenaires.
Dans ce contexte de crise sanitaire, explique le ministère des Finances et du Budget, l’attraction pour les titres du Sénégal dénote une grande confiance du marché financier international dans les politiques publiques menées par le président de la République, au regard des performances économiques du Sénégal, en matière de croissance, de maîtrise du déficit budgétaire et de gestion proactive de la dette.
Enfin, la délégation sénégalaise pilotée par le ministre des Finances et du Budget Abdoulaye Daouda Diallo, était composée de plusieurs cadres de son ministère du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, du ministère du Pétrole et des Énergies, du ministère des Mines et de la Géologie, du Ministère de la Santé et de l’Action sociale, du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, du ministère de l’Environnement et du Développement durable et de la Bceao.
ALIOUNE TINE EXIGE LA LIBERATION DES DIRIGEANTS MALIENS DÉTENUS À BAMAKO
A l’en croire, l’ancien Président de transition et son Premier ministre sont toujours maintenus en résidence surveillée
Expert indépendant de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur la situation des droits de l’homme au Mali, Alioune Tine a révélé mercredi que de nombreux dirigeants maliens sont privés de liberté à la faveur du dernier coup de force perpétré par le colonel Assimi Goita et Cie. A l’en croire, l’ancien Président de transition et son Premier ministre sont toujours maintenus en résidence surveillée. Il exige ainsi leur libération.
Le nouvel homme fort du Mali, Assimi Goita prépare activement sa prestation de serment pour le lundi 7 juin prochain. Pendant ce temps, l’ancien Président Bah N’Daw et l’ancien Premier ministre Moctar Ouane sont toujours en résidence surveillée après avoir été transférés d’un camp militaire la semaine dernière. Une situation déplorée par l’expert des droits de l’homme des Nations Unies, Alioune Tine, qui estime que les nouvelles autorités militaires du Mali devraient les libérer ainsi que tous les dirigeants privés actuellement de liberté. «J’appelle les autorités maliennes de la transition à mettre immédiatement fin à l’assignation à résidence de ces deux hommes et à libérer trois hauts responsables militaires détenus arbitrairement», a déclaré Alioune Tine.
Il souligne que contrairement à ce qui avait été rapporté à l’époque, N’Daw et Ouane n’ont pas été libérés le 27 mai, mais ont seulement été transférés à leur domicile. Il précise que lors du deuxième coup d’État au Mali en moins d’un an, le Président et son Premier ministre évincés ont été arrêtés le lundi 24 mai et détenus au camp militaire de Kati, près de la capitale, Bamako, avec cinq autres hauts responsables civils et militaires. Il informe qu’un responsable civil a été libéré le 25 mai et que plus tard le 29 mai, un gradé militaire a été également libéré. Pour autant, confie-t-il, trois hauts responsables sont toujours détenus dans le camp. «Je demande à toutes les autorités maliennes de transition de respecter scrupuleusement les droits de l’homme et les libertés fondamentales, et de rétablir l’État de droit», martèle M. Tine. Il indique dans a foulée qu’en vertu du droit international, nul ne peut être soumis à une quelconque forme de privation de liberté si ce n’est conformément à la loi. «Toute personne arrêtée doit être informée, au moment de son arrestation, des raisons de cette arrestation et, dans le plus court délai, de toute accusation portée contre elle», ajoute-t-il. Poursuivant, le fondateur du think tank Afrikajom Center soutient que les autorités maliennes doivent lever l’assignation à résidence de Bah Ndaw et Moctar Ouane et permettre aux autres détenus de communiquer avec leurs familles et leurs avocats et de recevoir des visites.
ALIOUNE TINE FAVORABLE A L’ORGANISATION D’ELECTION PRESIDENTIELLE EN FEVRIER 2022
L’ancien secrétaire générale de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) a affirmé en outre que le Mali doit permettre aux fonctionnaires des droits de l’homme de la Mission de Maintien de la Paix des Nations Unies (Minusma), ainsi qu’aux représentants des institutions et organisations nationales des droits de l’homme, comme la Commission nationale des droits de l’homme du Mali, de leur rendre visite. Il soutient aussi l’appel lancé dimanche par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en faveur de l’organisation de nouvelles élections présidentielles en février 2022, conformément au calendrier convenu précédemment. De ce fait, Alioune Tine a déclaré que le Mali devait former un gouvernement inclusif afin de ramener le pays, désormais suspendu des institutions de la Cedeao, à l’ordre constitutionnel et à l’état de droit.
Après deux coups d’État au Mali en l’espace de dix mois, M. Tine a appelé les acteurs nationaux et internationaux à renforcer les institutions de l’État et l’Etat de droit afin d’éviter des crises répétées et de garantir le respect de tous les droits de l’homme. « J’appelle les responsables politiques, militaires et de la société civile à faire preuve de retenue et à s’engager dans un dialogue profond afin de rétablir une paix durable, la stabilité et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales au Mali», a indiqué le directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
«NOUS NE NOUS ALLIERONS QU’AVEC LES PARTIS DE L’OPPOSITION QUI COMBATTENT LE REGIME DE MACKY SALL»
Babacar Diop leader des Forces Démocratiques du Sénégal (FDS/Guélewar) a enclenché un processus d’élargissement des bases de son parti à Thiès.
Babacar Diop leader des Forces Démocratiques du Sénégal (FDS / Guélewar) a fait hier un retour au royaume d’enfance, à l’école de la Jamatou Ibadourahman de Thiès. Une occasion pour lui de revenir sur les questions politiques, notamment les prochaines élections. Selon lui, les FDS/ Guélewar ne s’allieront qu’avec les partis de l’opposition qui ont une position claire et qui combattent le régime de Macky Sall.
Babacar Diop leader des Forces Démocratiques du Sénégal (FDS/Guélewar) a enclenché un processus d’élargissement des bases de son parti à Thiès. Une opportunité pour lui de se prononcer sur les prochaines batailles politiques à Thiès. En ce qui concerne les coalitions, il a déclaré : « Nous sommes en discussion avec plusieurs formations politiques, des membres de la société civile et c’est dire que les réflexions sont engagées, pour sceller un compagnonnage. En attendant les FDS/ Guélewar ont engagé de leur côté des concertations très larges avec les jeunes, les femmes et dans les prochaines semaines, les résultats seront portés à la connaissance des populations.
En tout cas, ils ne comptent s’allier qu’avec tous ceux qui sont dans l’opposition, qui ont une position claire et qui combattent le régime de Macky Sall en travaillant pour une alternative démocratique. Donc les mouvements et les partis politiques qui sont sur cette ligne peuvent bel et bien être des alliés des FDS ».
Il indique qu’il n’a de problème ni avec Macky Sall, ni avec Idrissa Seck, et que sa seule préoccupation, c’est d’étendre les tentacules de son parti. Parlant des enjeux de ces consultations locales pour déterminer les équipes qui vont présider aux destinées des collectivités territoriales, il renseigne qu’en ce qui le concerne, son ambition politique dépasse la mairie de la ville de Thiès. Comme en atteste cette visite qui s’inscrit dans un processus d’implantation des FDS/Guélewar, pour en faire la première force politique de la région, en s’appuyant sur les jeunes et les femmes qui aspirent visiblement au changement.
A cette occasion, il révèle qu’il va présenter à ses parents, ses amis, ses camarades de promotion, ses condisciples, bref à toutes les populations, son projet pour le Sénégal et il compte sur Thiès pour le réaliser. En ce qui concerne le fichier électoral, il souligne que les conclusions des experts ne rassurent guère et montrent que les dernières élections n’ont pas du tout été transparentes. C’est pourquoi l’opposition prend encore cette question de manière très sérieuse et tout le travail nécessaire sera fait, pour que les recommandations soient respectées, pour que les prochaines élections soient libres et transparentes.
Dr Babacar était en visite de courtoisie à l’école Jamatou Ibadourahman de Thiès, où il a fait ses premiers pas dans l’apprentissage de la langue française. Selon lui, c’est d’ailleurs dans cet établissement qu’il a appris à porter des responsabilités car dès le cours d’initiation (CI), son maître avait porté son choix sur lui pour être le responsable des CI de l’établissement. Il se rappelle qu’après le choix, il lui avait fait une recommandation, lui demandant d’éviter de mettre un élève sur la liste des bavards par pur règlement de comptes.
C’est plus tard, dit-il, qu’il s’est rendu compte que son maître était en train de lui apprendre les méfaits de la corruption. C’est aussi, dit-il, dans cet établissement qui est la première expérience franco-arabe de l’Afrique de l’Ouest, qu’il a appris dès le jeune âge le sens du leadership. Cette visite, dit-il, sonne comme une sorte de pèlerinage, un retour aux sources, équivalant pour lui à un retour dans les bras de sa mère ; une seconde naissance.
PLUS DE 250 PERSONNES TUEES EN L’ESPACE DE 5 MOIS
La route continue de faire son lot de victimes. Selon les statistiques de la Brigade nationale des Sapeurs-pompiers, entre les mois de janvier et juin 2021, les accidents de la route ont fait 257 morts et 12.379 blessés
La route continue de faire son lot de victimes. Selon les statistiques de la Brigade nationale des Sapeurs-pompiers, entre les mois de janvier et juin 2021, les accidents de la route ont fait 257 morts et 12.379 blessés
Les accidents de la route continuent de faire des victimes. Les statistiques de la Brigade nationale des Sapeurs-pompiers, à mi-chemin, font état de deux cent cinquante-sept (257) décès causés par les accidents de la route entre janvier et juin 2021. Les sapeurs pompiers ont dénombré également douze mille trois cent soixante-dix-neuf (12.379) personnes blessées, lors de leurs cinq mille cent vingt-neuf(5129) interventions. Capitaine Diène Ngom, qui dirige la Brigade, détaille le modus operandi de son service, chiffres à l’appui. Selon lui, ce que ses éléments retiennent en priorité lors des interventions d’accidents de la circulation, ce sont les victimes de l’incident. Les statistiques donnent une idée plus claire de l’ampleur du phénomène. «Nous avons fait cinq mille cent vingt-neuf (5.129) sorties faisant un nombre de douze mille trois cent soixante-dix-neuf (12.379) blessés.
Nous avons eu à assister deux cent cinquante-sept (257) décédés», déplore capitaine Ngom dans les ondes de nos confrères de la radio futurs médias (Rfm). D’après l’analyse de spécialistes, le facteur humain, notamment la mauvaise conduite, reste la principale cause des accidents de la circulation. Viennent ensuite manque de discipline, le non-respect du code de la route, ainsi que la vétusté des automobiles qui assurent la circulation interurbaine entre les régions et l’usage des pneus d’occasion. Il urge donc de trouver des solutions pour arrêter la saignée due aux accidents de la circulation.
Pour ce faire, les acteurs préconisent une application stricte de la loi des agents de la police routière et de la gendarmerie. De l’avis du directeur des Transports routiers, les causes des accidents qu’il a notés sont soit un excès de vitesse, soit un dépassement dangereux. Cheikh Omar Gaye soutient, par ailleurs, que le seul moyen de lutter contre le comportement humain reste l’application stricte de la loi, c’est-à-dire le contrôle et la sanction en cas d’infraction commise par les usagers de la route.
En outre, l’usage des pneus importés est listé parmi les facteurs à prendre en compte. Seulement, les autorités compétentes traînent les pieds quant à la réglementation du secteur de l’importation des pneus de deuxième main. Autant de facteurs qui constituent in fine les causes du décompte macabre des accidents de la route qui peinent à trouver un frein.
UN CASSE-TETE POUR LES DAKAROIS
A Dakar, marcher correctement sur les voies réservées aux piétons est un problème. Pis, en ville, par exemple à Sandaga, l’un des sites de commerce les plus prisés de Dakar, la mobilité est très complexe.
L’encombrement est aussi énigmatique dans la capitale. En ville, à Dakar-Plateau, comme dans beaucoup de quartiers, se frayer un chemin est tout un problème. Les trottoirs sont occupés par des marchands de toutes sortes. Ajouter à cela des travaux comme celui du Bus Rapid Transit (BRT) qui réduit aussi la mobilité par exemple sur son tracé entre Grand Yoff et Liberté 6
A Dakar, marcher correctement sur les voies réservées aux piétons est un problème. Pis, en ville, par exemple à Sandaga, l’un des sites de commerce les plus prisés de Dakar, la mobilité est très complexe. Marchands ambulants, vendeurs de crédits, kiosques de café, vendeurs de cacahuètes, de journaux, des étales et autres tabliers, rabatteurs (coxeurs), chariots, occupent l’essentiel des trottoirs. Sans compter les trottoirs privatisés.
Pourtant, ces passages piétons sont sensés être des alternatives pour faciliter la mobilité, déjà très difficile. Les quartiers périphériques ne sont pas en reste. Le rond-point Liberté 6 en est une parfaite illustration. Il est très animé, avec le petit marché de friperie qui entoure le rond-point et où des commerçants et tabliers exposent leurs produits : cantines, gargotes, tables, des produits exposés à même le sol sont, entre autres, le décor partout et même sur l’espace aménagé sur les deux voies de Liberté 6. Les bus de transports en commun ont du mal à s’arrêter devant les arrêts (de bus), des motos destinées à la vente exposées sur les trottoirs.
Sans compter les ateliers de mécaniciens et des épaves de véhicules visibles partout, notamment à côté du Camp Sékou Mballo ; ce qui rétrécissent la route qui mène vers Grand Yoff caractérisée par des embouteillages monstres au quotidien. Et, cerise sur le gâteau, les travaux du Bus Rapid Transit (BRT) sur le tracé HLM Grand Yoff-Liberté 6 et sur les deux voies de Sacré-Cœur ne facilitent pas les choses. Les véhicules sont obligés de faire des contournements, comme c’est le cas avec les lignes 29 (Tata), et 219 de Dakar Dem Dikk (DDD). «L’encombrement à Dakar est dû aux travaux inachevés. Nous sommes vraiment fatigués. Ce n’est pas seulement en ville, c’est partout. Ce n’est pas normal que les gens occupent les trottoirs. Si tu étales ta marchandise, la personne qui veut passer est obligée d’emprunter la chaussée et elle risque d’être percutée.
Et c’est ça même qui augmente le taux de mortalité» dû aux accidents de la route, déclare Ousmane Diop habitant de Liberté 6 Extension. Cependant, il suggère : «Chacun doit avoir un magasin au moins de 1 m 50 où il pourra exposer sa marchandise. Puisqu’ils n’ont pas un endroit où exposer leurs produits, donc ils sont obligés de le faire sur les trottoirs. Dans ce cas, il faut les comprendre aussi. Et pour que ça cesse, il faut que l’Etat leur vienne en aide. Les accidents vont diminuer et beaucoup de désagréments aussi». Une situation déplorée par les marchands eux même. Oumar Loum est un vendeur de chaussures sur la route du Front-de-Terre, séparant les communes de Grand Yoff et Dieupeul Derklé.
Pour lui, ils n’ont pas le choix. «Nous essuyons chaque jour des critiques. Les habitants nous disent qu’à la décente de l’école, leurs enfants n’ont pas par où passer. Ils nous reprochent d’occuper les trottoirs. Si ça ne tenait qu’a nous, nous n’allions pas nous installer ici. Il y a la poussière qui abime ta marchandise. Ce n’est pas approprié», justifie M. Loum.
Et d’ajouter : «Nous souhaitons avoir un site où nous pourrions travailler correctement, sans déranger personne. Puisque nous n’en avons pas, eh bien, nous ne pouvons que rester ici et nous débrouiller. Il faut aussi penser à nous recaser dans un site où il y a des clients. Mais si on nous fait déplacer dans un marché où il n’y a pas beaucoup de personnes, ça va être compliqué.»
DAKAR, ENTRE MAL VIVRE ET DIKTAT DE L’ARGENT
Installations anarchique des trottoirs, absence totale de cadre de vie, érection effrénée d'immeubles, manque d’aires de jeux, d’espaces verts et de détente... la capitale est en train de devenir un grand «souk». Reportage
«Dakar étouffe !» C’était le thème d’une exposition de photos de Kadia Sow, alors reporter-photographe à Sud Quotidien, dont le vernissage avait été présidé par l’ancien député-maire de Dakar, Pape Diop. A travers l’objectif de son appareil, elle avait fixé des images d’embouteillages, d’encombrements des routes et trottoirs par des marchands et autres, sans compter les détritus qui font toujours partie du quotidien des Dakarois. Relevant, dans le contexte d’alors, que le concept de mobilité urbaine constitue un «horizon lointain» pour les populations confrontées, à chaque instant, à la pollution, aux bouchons énormes et à l'insécurité. Plus d’une décennie après, la situation, dans ce Dakar qu’elle avait choisi d’immortaliser en images, va de mal en pis. Dans la capitale sénégalaise, tout est question d’argent ! Entre installation de gargotes, cantines et autres formes d’occupation anarchique des trottoirs, entravant la mobilité urbaine (en ville), car les piétons obligés de partager la chaussée avec les véhicules au risque de leur vie, absence totale de cadre de vie avec des immeubles qui poussent partout comme des champignons et absence d’aires de jeux et d’espaces verts et de détente, Dakar est en train de devenir un grand «souk». Sud Quotidien vous promène dans ce mal vivre dans la capitale et sa périphérie. Reportages !
PARKINGS PRIVES, CANTINISATION ET OCCUPATION IRREGULIERE DES TROTTOIRS EN VILLE : La capitale sénégalaise, un grand «souk»
Des marquages au sol (en jaune) avec une ligne droite suivie numéro d’immatriculation du véhicule DK… ou encore des panneaux avec les inscriptions suivantes : «Parking payant», «Parking réservé». Ces deux indications que l’on peut apercevoir le long des trottoirs, aux devantures des terrasses, restaurants, banques, écoles et autres services au centre-ville, à Dakar, en disent long sur le mal vivre des piétons et les difficultés pour les automobilistes à circuler librement dans la capitale. Surtout des particuliers qui éprouvent de la peine à trouver où se garer dans la ville, le temps de régler un besoin. A Dakar, tout est question d’argent ! Des trottoirs sensés faciliter la mobilité, du fait de l’étroitesse grandissante de la capitale, sont entre les mains de quelques personnes qui en font leur domaine privé. A tort ou à raison ? Conséquence, en ville, garer ou trouver un espace où garer sa voiture devient problématique, avec le risque de voir sa voiture enchainée (avec les sabots des agents municipaux et autres), sous le motif d’un stationnement irrégulier. Si on n’est pas simplement prié de vider le lieu, une place d’autrui. Des parkings réservés qui fleurissent partout en ville et en périphérie, avec des agents qui veillent au respect de ces lieux.
PARKINGS RESERVES ET SABOTS SOUVENT SOURCES DE CONFLITS
Du boulevard de la République aux avenues Georges Pompidou, Blaise Diagne, Lamine Gueye, la rue Jules Ferry, etc. en passant par la Place de l’Indépendance, le constat est partout le même ou presque. Des trottoirs privatisés, du coup garer sa voiture devient une prouesse pour certains. A côté des coups de sifflets retentissants des agents de la Police et agents municipaux régulant la circulation très danse en ville, des hommes s’affairent autour des parkings. La méthode, un signe de la main envoyé à l’usager depuis son véhicule, pour lui dire : «Vous voulez garer ? Oui, rétorque Monsieur/Madame ! Venez, il y a de la place par ici.» Si certains des travailleurs de ces parkings sont réticents à notre interpellation sur le fonctionnement de ce «gagne-pain», d’autres livrent le secret qui entourent ce business. Ce jeune homme, âgé d’une trentaine d’années environ, sous le couvert de l’anonymat, est un employé de la SIDH. Trouvé à la Place de l’Indépendance, entrain de veiller au respect des places réservées, pour qu’elles ne soient occupées par des particuliers qui ne sont là que pour quelques minutes, il nous explique le procédé. «Je suis là depuis 2011. Les parkings sont privés et c’est la SIDH qui gère ces parkings que vous voyez ici. Et elle (SIDH) nous a employées pour gérer ces parkings. Sur ces traits jaunes que vous voyez là, il y a le matricule de la voiture pour attester que cette partie appartient à telle ou telle personne. Chacun doit garer dans son parking, c’est comme ça que cela se passe. Maintenant, s’il y a une place libre ou si son propriétaire n’est pas encore arrivé, tout véhicule qui veut y stationner, nous demandons au conducteur de nous donner les clés de contact. Si la personne refuse, il ne doit pas pouvoir garer son véhicule. En tout cas, c’est une directive de notre patron et nous exécutons», explique-t-il.
POURQUOI LES SABOTS ?
«C’est la mésentente qui fait que parfois nous mettons des sabots au niveau des pneus. Si vous venez et qu’on vous dit que ce parking est réservé, vous ne devez pas forcer pour vouloir garer votre voiture. En tout cas, tout ce qui adviendra, c’est la personne qui a forcé qui va subir les conséquences. Il y a aussi des personnes qui viennent garer juste à côté de ces parkings. Et si le véhicule (propriétaire) qui se trouve dans le parking veut partir, comment il va faire ? A chaque fois, il y a des disputes. Nous ne sommes que de simples agents qui faisons leur travail. Maintenant, nous disons aux gens, qui se plaignent du fait que leur véhicule soit accroché avec des sabots, il faut aller à la SIDH ou à la mairie pour y voir beaucoup plus claire», précise-t-il.
Avant de conclure : «Des fois, il y a des clients qui comprennent, dès que vous leur expliquez le fonctionnement de ces parkings. Mais, parfois, il y a certains qui refusent de comprendre et veulent faire le forcing. Mais ça fait partie du terrain», renchérit l’agent. Un travail accompli de concert avec les agents de la Ville de Dakar, faciles à identifier par leurs tenues, toujours à la Place de l’Indépendance. Composé d’hommes et de femmes, ils s’activent à ce que les véhicules stationnent bien et n’empiètent pas sur les voies réservées à la circulation. Cette dame de teint noir, portant un gilet de couleur verte accompagné d’un sifflet, fait partie du groupe. Très enthousiaste, en témoignent ses gestes, elle est très passionnée. Interpellée alors qu’elle échangeait avec une dame qui veut se rendre dans une agence de voyage et qui ne parvient pas à trouver une place pour stationner, elle déclare : «le travail est vraiment passionnant. Nous veillons au respect des règles de stationnement, précisément sur les ailes de la chaussée. En d’autres termes, faire en sorte que les véhicules stationnent normalement dans ces parkings, sans gêner ceux qui sont en circulation. Même le président de la République passe régulièrement par ici. Donc ça doit être bien régulé».
AVIS DIVERGENTS D’USAGERS
Un travail diversement apprécié par certains automobilistes. Pour Amadou Gaye, chauffeur à la Direction des Comptes publics et du Trésor, ces agents font du bon boulot. «Ils font du bon boulot. Ils facilitent vraiment la tâche aux automobilistes. Je peux en juger parce que chaque jour je suis là. Ils respectent en même temps les automobilistes», témoigne M. Gaye. Et d’ajouter : «Ceux à qui on met des sabots n’ont pas respectés les règles. Tu ne peux pas avoir ta voiture et la garer en pleine route et que tu empêches les autres automobilistes de circuler. Mais, si on vient te mettre un sabot, il faut payer. Moi je suis d’accord avec les agents de la mairie qui mettent les sabots aux gens qui ont mal garé», peste-il. Moussa Sané est un «thiak-thiak man» (transport rapide via un scooter). Il prend le contre-pied d’Amadou Gaye. «En ville, c’est compliqué ; avec les travaux, tout est barré, il n’y a pas de voies par où passer. Or, quand tu vas en ville, dans une banque, magasin ou dans une Direction, c’est pour un rendez-vous ou un besoin. Je ne peux pas avoir un besoin dans ce lieu et garer loin. Maintenant, si tu ne peux pas garer là où tu vas, où est-ce que tu vas le faire ? Et si tu stationnes, les agents viennent te mettre des sabots. Ce n’est pas normal», regrette-til
LE MINISTÈRE DE LA SANT& FAIT LE MORT À PROPOS DE LA HAUSSE DU COÛT DE CERTAINS MÉDICAMENTS
Les différentes parties incriminées dans la hausse des prix de certains médicaments continuent de se renvoyer la patate chaude sur l’augmentation de certains médicaments dans les officines privées
Depuis le 24 mai dernier, les prix de certains médicaments, plus d’une centaine selon le Syndicat des pharmaciens du privé, ont connu une hausse dans les officines privés. Au moment où les entités en charge du médicament (la Direction de la Pharmacie et du Médicament) et la Douane se défendent, le ministère de la Santé et de l’Action sociale continue de s’emmurer dans le mutisme.
Les différentes parties incriminées dans la hausse des prix de certains médicaments continuent de se renvoyer la patate chaude sur l’augmentation de certains médicaments dans les officines privées. Si le Syndicat des pharmaciens privés parle d’un nouveau reclassement de ces produits qui bénéficient d’une autorisation de mise sur le marché (Amm), les professionnels des médicaments cherchent toujours la source de cette augmentation.
Pendant ce temps, à la Direction de la Pharmacie et du Médicament qui a pour mission de travailler sur l’homologation des prix des médicaments, le Directeur de cette structure, le professeur Yérim Mbagnick Diop, a déclaré dans un quotidien de la place «pour ces produits homologués, les prix sont clairement marqués sur les autorisations de mise sur le marché, après évaluation par la Commission nationale du médicament. Une augmentation des prix ne peut pas se faire sans l’aval du ministère de la Santé, à travers la Dpm et je ne suis pas au courant d’une telle augmentation».
Pour le professeur Diop, la position tarifaire est différente au sein du ments ne sont pas taxés. Toutefois, les compléments le sont. Du côté de la Douane, l’on est formel. La structure ne peut pas déclassifier un produit qui est classé à une position tarifaire donnée. «Nous appliquons une réglementation des autorités sanitaire», a déclaré une source douanière. Dans cette affaire où plus de 100 médicaments ont connu une hausse allant du simple au double voire au triple de leur prix, le ministère de la Santé et de l’Action sociale se noie toujours dans un mutisme total. Pas de sortie, ni un communiqué pour donner une explication au moment où les populations s’inquiètent sur la prise en charge de leur santé. Nombre de personnes ont en effet besoin de ses médicaments, jugés par d’aucun comme des compléments alimentaires, afin de leur permettre de lutter contre certaines pathologies comme l’anémie ou pour le renforcement de leur immunité.
Les différents programmes comme la tuberculose, le Sida, la prise en charge mère-enfant risquent de payer un lourd tribut face à cette hausse des médicaments. Sans oublier la classe sociale défavorisée qui a du mal à joindre les deux bouts, au sortir d’une année de Covid-19 qui a menacé l’économie du pays, rendant plus vulnérables les ménages. Aujourd’hui, la population demande une explication et le ministère de Santé à tout intérêt à communiquer sur la question afin de rassurer cette population-là.