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18 septembre 2025
TIMO-TIMO, PLONGÉE DANS LA MYSTIQUE FÊTE DES FILLES
Le « Iyamb » est une fête exclusivement dédiée aux filles célibataires et sans enfant chez les Bediks. Cet héritage culturel a survécu au temps à Iwol, village juché sur une colline, à 485 mètres d’altitude, dans l’arrondissement de Bandafassi
Le « Timo-Timo » ou le « Iyamb » est une fête exclusivement dédiée aux filles célibataires et sans enfant chez les Bediks. Cet héritage culturel a survécu au temps à Iwol, village juché sur une colline, à 485 mètres d’altitude, dans l’arrondissement de Bandafassi. La pratique connaît encore de beaux jours et mobilise, tous les deux ans, dans un intervalle de quatre ans, des centaines de filles. Chants, danses, rites traditionnels, en compagnie des masques « Doukouta », rythment cet évènement qui se tient sur quatre jours.
Début août, sur la route d’Iwol, par un temps pluvieux d’un ciel grisâtre qui a fini d’envelopper Kédougou et environs. Après 22 kilomètres de route parcourus à bord d’une moto, nous voilà au pied de la colline Iwol sur lequel est posé le village bedik du même nom, à 485 mètres d’altitude par où on accède par des sentiers accidentés. Au bout de trois minutes de marche, on transpire déjà à grosses gouttes. Alors que le chemin est encore long. En effet, il faut une demi-heure de marche, entrecoupée de pause d’une à deux minutes, pour enfin arriver au sommet de ce relief. Aller à la découverte du « Timo-Timo », fête réservée aux filles célibataires et sans enfant, demande un effort physique et mental.
À notre arrivée, au petit soir, alors que le soleil se dirigeait vers le couchant, facile à observer à cet endroit, nous retrouvons le groupe de jeunes filles se dirigeant vers l’ultime étape de la cérémonie. Sous un grand arbre, dernière ligne de démarcation entre les filles et la foule, elles dansent et chantent avec des porteurs de masques traditionnels. Des chansons qui disent : « je n’ai qu’à danser puisque l’année prochaine je ne sais pas si je serai encore là ». Nul ne peut aller au-delà de ce point. Ni les femmes, encore moins les hommes, à l’exception des filles et des gens masqués ainsi que le chef coutumier ou son représentant chargé de faire la traduction entre les filles et les masques qui ont un langage différent de la langue locale. Un langage que seuls les initiés sont capables de comprendre et de traduire. La fête concerne uniquement les filles célibataires et sans enfant d’un certain âge. Tout un mystère, un secret tourne autour de cette fête. « C’est une cérémonie qui s’appelle « Iyamb » ou « Timo-Timo » et qui se déroule pendant l’hivernage. Elle se passe pendant deux années successives avant une pause de deux ans. Par exemple, si on la tient cette année et l’année prochaine, il faudra attendre deux ans de plus pour la tenir à nouveau pendant deux ans de suite, et ainsi de suite. Seules les jeunes filles de trois ans à 20 ans environs, célibataires et sans enfant, sont autorisées à y participer. On interdit aux femmes enceintes d’y participer parce qu’on ne sait pas quel enfant elle porte. Imaginez si c’est un garçon qu’elle porte, par exemple, alors que c’est une danse interdite aux hommes et qui concerne uniquement les jeunes filles ! », explique Jean Baptiste Keïta, chargé de l’organisation. En clair, ce sont les hommes qui organisent la fête même s’ils n’y prennent jamais part, si ce n’est y assister à l’image des autres visiteurs et invités.
Au milieu du village, une case érigée sert uniquement à l’occasion de cette fête. N’y entrent que les filles concernées par le rite du « Timo-Timo ». Mais encore, faut-il qu’elles s’habillent ou se voilent en blanc avant d’accéder à la case ou est aussi conservée la bière destinée aux personnes qui désirent boire. L’évènement est un grand moment de retrouvailles et de festivités.
Chants, danses, corvées et pratiques secrètes
« C’est une fête qui commence un lundi à partir d’un endroit secret connu seulement des filles, du chef coutumier et des masques. À leur retour de cet endroit, les filles et les femmes dansent et chantent sous le gros baobab du village. Le mardi, toute la journée, c’est uniquement les jeunes filles qui dansent. Le mercredi, on fait une corvée au champ du chef de village. Le jeudi, c’est la fête « gninguinata » qui signifie la clôture de la fête en Bedik », détaille Jean Baptiste Keïta.
Le jeudi, jour de notre arrivée, coïncidait donc avec la dernière étape du Timo-Timo. L’ambiance est à son maximum. Depuis le matin, les filles dansent sur la place publique avec grande ferveur. Pour la quatrième et dernière étape, seules les filles de plus de 10 ans chantent et dansent. Une tradition bien ancrée chez les Bedik et qu’ils perpétuent depuis toujours. « Ces filles sont issues de différents villages et elles sont des centaines. Ce sont des fêtes de jouissances aussi. Les seuls masques qui sont autorisés à sortir à cette occasion sont appelés ‘’Doukouta’’ », fait comprendre Jean Michel Karfa Keïta, membre du comité d’organisation.
Avec des tresses entrelacées de perles, les filles en mini-pagnes et des perles autour des hanches, dansent et chantent avec les masques. Les femmes quant à elles sont chargées de tresser, d’accompagner et d’orienter les filles. Elles chantent aussi à certaines étapes avec elles. Hélène Camara, habitante du village, a vu sa jeune fille y prendre part. Elle revient sur les préparatifs. « À l’approche de la fête, les femmes cherchent de l’argent de gauche à droite pour payer les accessoires à leurs filles et pour pouvoir les tresser, car ce n’est pas chaque femme qui sait faire les tresses dédiées à la cérémonie. Tous les villages environnants viennent à Iwol pour y assister. Les invités arrivent la veille, le dimanche », confie-t-elle. Et Hélène se réjouit d’avoir vu sa fille participer à cet évènement. « Nous sommes très satisfaits de voir nos filles participer à cette fête. Nous sommes parfois soucieuses de ne pas voir nos filles bien terminer la fête. Nous laissons aussi nos champs pendant cinq jours pour l’organisation de cette fête. Notre rôle, c’est de puiser de l’eau, préparer pour nos familles, faire leur linge et les surveiller », renchérit-elle. Cette fête, Hélène la connait très bien. « Depuis 30 ans, je participe à l’organisation de cette fête. Il y a un peu de changement. Maintenant, avec la modernité, il y a une évolution dans l’habillement par exemple », souligne-t-elle.
Au crépuscule, les jeunes filles, en file indienne, regagnent le village après l’ultime étape où on les avait perdues de vue. De là où elles étaient, elles seules savent ce qui s’y est passé. Pour conclure le « Timo-Timo », elles chantent et dansent à nouveau sur la place publique avant de se disperser, en gardant, chacune, le secret de leur ultime étape en mémoire et pour toujours. C’est la condition pour participer au prochain « Timo-Timo », du moins pour celles qui seront toujours célibataires et sans enfant.
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L'AMOUR À L'ÉPREUVE DES CASTES
Être éperdument amoureux d’une femme, tomber sous les charmes d’un homme sans pouvoir l’épouser pour des questions de classe ou de rang social, fait encore recette dans certaines familles sénégalaises.
Le système des castes a la peau dure au Sénégal du 21è siècle au point d’empêcher, casser les amours les plus folles. Être éperdument amoureux d’une femme, tomber sous les charmes d’un homme sans pouvoir l’épouser pour des questions de classe ou de rang social, fait encore recette dans certaines familles sénégalaises. Mais de plus en plus certaines voix s’élèvent pour rejeter, voire braver ces pratiques d’un autre âge.
La confrérie layenne, par exemple, récuse cette hiérarchisation de la société, mettant l’égalité entre les êtres humains au-dessus de tout. La position des layennes est conforme à la prescription de leur guide qui veut que tous soient mis sur le même piédestal alors que le système des castes fait quelques victimes. Dans ce reportage réalisé en 2016, France 24 fait une immersion dans le monde très particulier du système de caste. Regardez la vidéo !
BONIFACE NDONG, COACH DES LIONS DU BASKET : « LE POINT NOIR DE CETTE COUPE D'AFRIQUE »
Attendus en finale de l’Afrobasket 2021, les «Lions» du Sénégal ont été éliminés par la Côte d’Ivoire en demi-finale
Attendus en finale de l’Afrobasket 2021, les «Lions» du Sénégal ont été éliminés par la Côte d’Ivoire en demi-finale. En s’imposant contre le Cap-Vert, ils se sont consolés avec la dernière marche du podium, dominé encore par la Tunisie, vainqueur de la Côte d’Ivoire en finale.
La marche vers le plus haut sommet du podium de l’Afrobasket craqua sous les pas de Gorgui Sy Dieng qui sort par la petite porte menant dans les ténèbres des vestiaires sous escorte de son capitaine Youssou Ndoye. Le meilleur joueur du Sénégal (24 points, 11 rebonds) a disjoncté dans les dernières secondes de l’anéantissement. Il a déversé sa bille par une faute antisportive sur Matt Costello, le monstre ivoirien qui lui a barré la voie qui s’ouvre vers la finale du championnat d’Afrique qu’il n’aura pas encore le privilège de jouer. Après un match de collines rwandaises où remonter le score était devenu inaccessible, les «Lions» se sont inclinés devant les «Éléphants» de la Côte d’Ivoire (75-65), samedi. Cette sortie en demi-finale, comme en 2013, 2015 et 2017, laisse croire que le Sénégal de la dernière décennie n’est taillé que pour monter sur la dernière marche du podium de l’Afrobasket masculin et rien de plus.
Le Kigali Arena est resté incrédule face à la puissance des «Éléphants» de repousser les assauts des «Lions», se demandait comment cette équipe sénégalaise, annoncée grandissime favori du tournoi après ses prestations de haut vol sur le parquet rawandais lors de la phase de poules, vénérée pour son équilibre et coachée par un entraîneur obnubilé par la culture de la gagne, s’est laissée retourner comme une crêpe dans le dernier quart. Seul Gorgui Sy Dieng a produit le grand jeu de Nba pour sortir la tête de l’eau boueuse qui a précipité le naufrage du Sénégal qui n’a malheureusement pas pu compter sur le génie promis de Pierrià Henry. Au-delà de l’échec collectif, de l’absence de l’étincelle dans le jeu qu’on attendait de l’autre meneur Brancou Badio, des tireurs à distance Bamba Diallo (0 point marqué, 4 tirs à distance tentés) et Mohamed Alga Ndiaye (3 points, un tir primé marqué sur 6 tentatives), c’est le coaching de Boniface Ndong que certains observateurs ont pris pour responsable. «Le coach du Sénégal a voulu insister sur le jeu extérieur à un moment où l’adresse n’était pas là. Quand le Sénégal est revenu à 1 point de la Côte d’Ivoire, il ne fallait pas continuer à balancer les tirs à distance», souligne un membre du staff de l’équipe du Soudan du Sud.
Cheikh Fall, Directeur technique de la Jeanne d’Arc de Dakar, qui a suivi le match des gradins du Kigali Arena, trouve que l’équipe nationale a été mangée sur le plan physique par son adversaire. «Il faut féliciter Boniface Ndong, parce qu’il a osé mettre en place une équipe. Il a préparé cette équipe depuis l’Allemagne et est revenu à Dakar. L’équipe a démarré ce tournoi très fort et le staff a oublié que les joueurs ont fait un tournoi à Dakar. Il fallait gérer la phase des poules, y aller molo-molo pour mieux jouer dans la deuxième phase. Je pense que le côté physique a posé problème aux «Lions». On a laissé beaucoup de plumes dans le match face à l’Angola. La Côte d’Ivoire nous a imposé son jeu physique. On devait jouer notre basket, mais on a suivi leur rythme. La Côte d’Ivoire a regardé notre match contre l’Angola et a répété la même chose. Ils ont empêché les tireurs sénégalais de s’exprimer. L’équilibre offensif extérieur a été bloqué. Il fallait jouer collectif, rentrer le ballon à l’intérieur et le match aller être facile. On a voulu insister sur le jeu extérieur et cela nous a coûté le match», note le technicien.
Boniface Ndong, lui, s’en prend à l’arbitrage de l’Angolais qui, à ses yeux, pouvait avoir une dent contre les «Lions» qui ont sorti les «Palancas Négras» en quart de finale. «Je suis très frustré, pas parce que j’ai perdu, mais j’estime que monsieur Bernardo nous a tués dans ce match. Toutes les balles qui font 50-50, c’était contre nous. Le ballon que Boubacar Touré sort, ce n’est pas illégal. La dernière possession, c’est 5 secondes et une balle comme ça dans un match serré ne se siffle pas. Le point noir de cette Coupe d’Afrique, c’était l’arbitrage. Il n’y avait pas de niveau. Tu regardes les matchs, on dirait un combat de lutte», a regretté Boniface Ndong en conférence de presse.
«C’est vraiment décevant…»
Bref, le réveil a été difficile le lendemain dimanche, mais il fallait réanimer les cœur des «Lions» pour la fête, parce qu’il y avait une médaille de Bronze à aller chercher face au voisin du Cap-Vert. Cette fois, Gorgui Sy Dieng n’a pas fait de cadeau. Il a claqué 30 points, pris 12 rebonds et fait 5 passes décisives pour faire gagner le Sénégal (86-73). Le Cap-Vert s’est voulu embêtant à un moment, mais Youssou Ndoye et ses coéquipiers ont décidé de garder cette troisième place, comme en 2013 et 2017. Pour y arriver, il fallait se relever, renseigne le capitaine. «Après la demi-finale, on pouvait baiser la tête et ne pas faire un bon match contre le Cap-Vert, mais on a su se relever pour terminer troisième. Après la défaite, on s’est dit qu’il fallait avoir l’esprit d’un champion. Un champion doit se battre jusqu’à la fin. C’est ce qu’on a fait. C’est vraiment décevant qu’on termine troisième parce qu’on était venu ici pour remporter le trophée, mais Dieu l’a voulu ainsi, on n’y peut rien. Il faut féliciter les joueurs et tout le staff parce que tout le monde a fait le job», dit-il.
Gorgui Sy Dieng, leader esseulé
Si Gorgui Sy Dieng pouvait compter sur des lieutenants expérimentés, le Sénégal serait peut-être au sommet des collines rwandaises, brandissant enfin le trophée continental qui fait courir les «Lions» depuis maintenant 24 ans. Hélas, l’ailier fort de l’Equipe nationale a dû se démerder tout seul pour éviter une malencontreuse défaite en demi-finale de l’Afrobasket face à la Côté d’Ivoire, samedi au Kigali Arena, en vain. Malgré son double-double (24 points, 11 rebonds), le nouveau sociétaire des Hawks de Atlanta en Nba n’a pas pu sauver les «Lions» d’une défaite inattendue. Pourtant, après avoir craqué dans les ultimes secondes de la défaite en demi-finale, Gorgui s’est relevé le lendemain pour offrir au Sénégal la troisième place. Face au Cap-Vert, le joueur de 31 ans a été intenable. Il a inscrit 30 des 86 points marqués par le Sénégal. Il porte ainsi le total de ses points marqués dans cette compétition à 120 et s’empare du trophée de meilleur marqueur de l’Afrobasket rwandais, en plus d’être dans le 5 majeur de la 30e édition de la compétition. Il a encore prouvé qu’il reste le leader de cette Equipe du Sénégal et l’un des meilleurs en Afrique. Avec 120 points marqués, 63 rebonds pris, le natif de Kébémer a forcé le respect du basket-ball africain. Fort de sa troisième participation à une phase finale de Coupe d’Afrique, son expérience a parlé.
MAMADOU FAYE, MENEUR DES «LIONS» : «Une leçon pour les prochaines compétitions »
«On a fait une bonne préparation. Toutes les conditions étaient réunies pour faire un bon tournoi. On a tout donné pour aller chercher le titre, mais Dieu en a décidé autrement. On va se remobiliser pour les prochaines échéances. On a fait un bon tournoi et on a disputé six matches. On a perdu le match qu’il ne fallait pas, mais c’est une leçon pour les prochaines compétitions. On a beaucoup appris et cela va nous servir dans le futur. On a une équipe qui pouvait gagner l’Afrobasket. On a manqué de chance, mais ce n’est pas une question de mental ou autre. On a une équipe jeune, il faut maintenir ce groupe et intégrer d’autres jeunes. Personnellement, je n’ai pas dormi hier nuit (samedi) et je pense que c’est la pire que j’ai vécue. L’objectif est clair dans ma tête : je veux avoir un contrat professionnel, continuer à jouer en sélection nationale et à grandir.»
DEUXIÈME TITRE D’AFFILÉE : Le back to back tunisien
La Tunisie a réussi un back to back. Champion en 2017, Makram Ben Romdhane, MVP de la FIBA AfroBasket 2021 et ses coéquipiers ont gardé le titre, à l’issue d’une finale de haute lutte arrachée à la Côte d’Ivoire, hier dimanche (78-75), à la Kigali Arena. Grâce à ce triomphe, elle devient la première équipe à décrocher deux titres consécutifs dans cette compétition depuis l'Angola en 2009. C'est le troisième sacre continental des Tunisiens, après 2011 à Madagascar et 2017 à domicile. Omar Abada a fini le match avec 10 points et Michael Roll a été fantastique avec 18 points et 9 assists. Makram Ben Romdhane a cumulé 8 points et 10 rebonds, tandis que Salah Mejri en a compilé 22 et 6 rebonds pour la Tunisie. Côté ivoirien, Souleyman Diabaté a marqué 4 de ses 5 tirs à trois points, terminant avec 22 points à son compteur. Son coéquipier, Jean-Francois Kébé, a ajouté 10 points, mais c’était insuffisant pour inquiéter les Tunisiens qui ont bien muselé Matt Costello.
STATISTIQUES : L’Afrobasket des «Lions» en chiffres
C’est une nouvelle page qui se ferme en Guinée avec le départ forcé du Président Alpha Condé du pouvoir renversé hier par les forces spéciales. Une situation qui va changer les relations entre la Guinée et ses voisins, comme le Sénégal. Mais pour éviter que cela ne fasse des émules dans la sous-région, le politologue Yoro Dia fait savoir que la meilleure façon de ne pas avoir ce qui se passe en Guinée, c’est que l’élite au pouvoir joue le jeu de la démocratie.
Près d’un an après sa réélection contestée pour un troisième mandat, le Président Alpha Condé a été renversé par les Forces spéciales de l’Armée guinéenne. Quelle lecture faites-vous de la situation actuelle en Guinée ?
Il faut faire une lecture beaucoup plus globale de ce qui se passe en Afrique de l’ouest en termes de démocratie. On a eu le même phénomène au Mali, au Burkina Faso et en Mauritanie. Presque dans tous les pays de la sous-région les processus démocratiques ont connu des ruptures militaires ou anti constitutionnelles. A la chute du mur de Berlin, le Président François Mitterrand a convoqué la conférence franco-africaine de La Baule, le 20 juin 1990, en disant aux chefs d’Etat africains, tant qu’on était dans la Guerre froide, on pouvait tolérer un certain nombre de manquements démocratiques, parti unique, coup d’Etat, etc. parce que l’Afrique était un enjeu stratégique pour endiguer le communisme.
Pour empêcher que les pays ne basculent dans le camp communiste, on tolérait beaucoup de manquements à la démocratie. Maintenant que le mur de Berlin est tombé, la marche forcée vers la démocratie s’est imposée et pour beaucoup de pays, le point de départ fut le sommet de La Baule. Et les chefs d’Etat africains ont accepté de jouer le jeu, tout en rusant avec les règles du jeu. Dans tous ces pays, on a les médias libres, une opposition parlementaire, etc. C’est une sorte de ruse politique parce que la démocratie ce sont surtout des élections libres et sincères. En Afrique aujourd’hui, nous avons partout des médias libres, une opposition parlementaire, il y a un débat politique. Mais l’âme de la démocratie, ce sont des élections. Et dans la plupart des pays africains où nous avons des coups d’Etat et des problèmes politiques, c’est parce que l’élection est un simple mécanisme de légitimation du pouvoir en place. C'est-à-dire que le régime en place verrouille les élections et ne peut pas les perdre parce que c’est une simple formalité légale pour relégitimer le pouvoir. L’élection n’est jamais un mécanisme de remise en jeu du pouvoir. Ce qui se passe en Guinée est très intéressant pour nous parce que la science politique est avant tout comparative. Alpha Condé a la même trajectoire que Abdoulaye Wade. C’est un adversaire historique avec beaucoup de mérite comme opposant, comme Abdoulaye Wade aussi. Condé s’est opposé à Sékou Touré, Lassana Konté, Dadis Camara. Il a été un opposant valeureux, méritoire et historique, mais quand il arrive au pouvoir, au lieu de renforcer la démocratie, il met en place un pouvoir personnel.
Les 26 ans d’opposition de Wade ont permis au Sénégal de faire des bonds en avant en matière de démocratie et de libertés publiques qui ont permis la 1ere alternance. Wade opposant a été un des piliers de l’exception sénégalaise et a permis à la démocratie sénégalaise de fonctionner. Il arrive au pouvoir, il a fait avancer le pays mais il veut forcer pour un troisième mandat. Alpha Condé arrive et veut faire aussi un troisième mandat. La différence c’est qu’avec Abdoulaye Wade, les Sénégalais ont réglé la question démocratiquement parce qu’au Sénégal, l’élection est un mécanisme de remise en jeu du pouvoir. Mais les Guinéens n’ont pas cette opportunité. En Guinée, en Côte d’Ivoire, au Togo, dans tous ces pays-là, les élections ne remettent pas le pouvoir en jeu, l’alternance est piégée pour parler comme Latif Coulibaly.
Et dans ces pays, pourquoi le pouvoir tombe facilement ?
C’est parce que ce sont des pouvoirs légaux, mais qui ne sont pas légitimes. Aujourd’hui, si Alpha Condé est tombé aussi facilement c’est parce que son pouvoir n’était pas légitime. C’est pourquoi, il faut mener une réflexion beaucoup plus profonde, compte tenu des conséquences et du bilan de la conférence à La Baule et de notre rapport aux élections. Dans une démocratie normale, il n’y a pas de coup d’Etat ni de révolution, tout simplement parce qu’il y a l’alternance. L’alternance est la respiration démocratique. Mais quand on est dans un pays où on bloque l’alternance, ou on trouve des émeutes qui font tomber le pouvoir, ou bien on a un coup d’Etat, c’est qu’il n’y a pas une démocratie normale. Donc si le Sénégal est différent de ces pays-là, nous le devons au Président Senghor. Dans ses mémoires, le Président Abdou Diouf rapporte les propos de Senghor, il dit : «Si vous voulez avoir une grande armée, une armée républicaine, il faut recruter vos militaires là où vous recrutez vos administrateurs civils.» Aujourd’hui, l’avantage du Sénégal, c’est que dans notre pays, on a une Armée républicaine. Les histoires de coup d’Etat ne traversent même pas l’esprit de nos militaires. Dans tous les pays où on voit des coups d’Etat, ou des pouvoirs qui tombent à la suite d’émeutes, c’est parce que le ver est déjà dans le fruit avec l’élection. Condé a été élu et réélu démocratiquement, mais les problèmes ont commencé avec le forcing du troisième mandat. L’alternance est nécessaire dans tout système démocratique.
Est-ce que c’était prévisible avec les manifestations et les morts qui ont accompagné la campagne pré-électorale et même le scrutin ?
La question que les gens doivent se poser, c’est pourquoi après le coup d’Etat, Conakry est calme ? L’élection sert à légitimer un pouvoir en place. Un pouvoir ce n’est pas seulement la légalité, c’est aussi la légitimité. Malheureusement la plupart des dirigeants africains se limitent uniquement à la légalité. On a le pouvoir de modifier légalement la Constitution, on le fait. Mais pour Alpha Condé, il n’a pas modifié la Constitution pour limiter le mandat pour le principe, mais il l’a fait pour remettre le compteur à zéro pour briguer un troisième mandat. Et Alpha Condé, Professeur de Droit, qui tripatouille la Constitution n’était pas mieux placé que le Colonel qui «suspend» quand il s’agit du respect de la Constitution. La facilité avec laquelle les Présidents changent les Constitutions et la rapidité avec laquelle les putschistes les «suspendent» montrent que dans nos pays aussi longtemps qu’on ne stabilise pas les règles du jeu constitutionnel, il y aura pas de stabilité politique. Ce sera un éternel recommencement.
Mais le coup d’Etat a été fait par les Forces spéciales créées par le Président lui-même en 2018. Et Condé avait fermé les frontières avec plusieurs pays depuis sa réélection ?
La meilleure chose qui nous soit arrivée au Sénégal, c’est d’avoir un président de la République comme Léopold Sédar Senghor. Il nous a laissé un Etat et une Armée républicaine. Les militaires que nous avons, c’est des officiers avec des Bac+4 et même plus. Et c’est très important. Mais le fait qu’Alpha Condé soit allé chercher un ancien de légion étrangère pour en faire le chef des forces spéciales, montre deux choses. Ça montre l’estime et la peur qu’il a pour son armée, mais aussi surtout sa volonté de transformer les forces spéciales en milice pour sa sécurité personnelle et une force dissuasive contre les coups d’Etat comme l’avait fait Blaise Compaoré avec son RSP (Régiment de sécurité présidentielle). Le fait d’aller chercher un élément de la Légion étrangère et le parachuter comme chef des forces spéciales montre naturellement qu’il n’est pas légitime. Le fait de confier à ce Colonel les forces spéciales montre aussi qu’il a dévoyé la mission des forces spéciales pour en faire un truc de sécurité personnelle. Et quand tu es président de la République et que tu transformes une partie de l’armée en gardes prétoriennes pour des raisons électorales ou ethniques, tôt au tard, ça va se retourner contre toi. Souvent en Afrique, quand un chef d’Etat arrive, il fait des troupes d’élite de l’armée, une milice personnelle ou tribale. C’est ce que nous avons au Tchad et aujourd’hui en Guinée. Si un Président a la légitimité populaire, les militaires vont toujours réfléchir deux fois avant de s’embarquer dans l’aventure du coup d’Etat. Si Alpha Condé était légitime et populaire, on allait assister à des manifestations contre les putschistes à Conakry comme les Turcs pour faire échouer le coup d’Etat du 14 juillet contre Erdogan. Par contre, on assiste à une sorte de soulagement en Guinée. Ce qui est dramatique pour le parcours historique de Condé.
Quel impact pour le Sénégal sur le plan diplomatique comme militaire ?
Alpha Condé n’a jamais aimé le Sénégal. Condé a passé tout son temps à régler des frustrations d’étudiant qui remontent aux années 50 avec le Sénégal comme le fait d’avoir fermé arbitrairement la frontière et de se réjouir des émeutes qui se sont passées au Sénégal en mars dernier. Il n’a jamais aimé le Sénégal. En Afrique de l’ouest, nous sommes dans une instabilité permanente et avec un éternel recommencement. Il faut qu’on réfléchisse sur le processus de démocratisation qu’on avait commencé avec la conférence de La Baule. La principale leçon qu’il faut en tirer est qu’en Afrique de l’ouest c’est dans quelques rares pays où le processus électoral se passe normalement. Le Sénégal, le Cap Vert, le Bénin et le Ghana sont les rares pays où le processus électoral se passe normalement. Et ce sont les rares pays où on n’a jamais eu de coup d’Etat comme le Sénégal ou on n’a pas de coup d’Etat comme au Ghana ou au Bénin. Quand l’alternance devient la respiration démocratique, point besoin de coup d’Etat ou de révolution pour changer.
Est-ce que ce qui s'est passé ce matin en Guinée n'est pas une alerte pour le 3e mandat au Sénégal ?
Non, le Sénégal et la Guinée sont deux pays différents. Le Sénégal a eu la même situation en 2012 avec le Président Abdoulaye Wade qui a voulu un 3e mandat, mais les Sénégalais l’ont réglé de manière démocratique. Le secret du Sénégal, c’est l’élection. Ce n’est pas par hasard que les trois pays les plus stables en Afrique de l’ouest (Sénégal, Cap Vert, Bénin) ne connaissent pas ou ne connaissent plus de ces coups d’Etat. C’est parce que les élections se passent normalement.
Peut-on s’attendre à une décrispation des relations Sénégal-Guinée avec le départ de Condé ?
Mais naturellement. Condé poursuivait le Sénégal d’une haine personnelle et privée. La Guinée et le Sénégal n’ont aucun problème. Mais c’est Condé qui avait un problème personnel avec le Sénégal parce qu’il réglait des frustrations d’étudiant qui remontent des années avant l’indépendance. La Guinée et le Sénégal n’ont jamais eu de problème. La situation va donc s’améliorer parce qu’on ne peut avoir pire que Condé qui, faut-il le rappeler, a servi de rempart et de bouclier à Yahya Jammeh qui a été le pompier pyromane du conflit en Casamance.
Est-ce que les exemples Malien et Tchadien ne vont pas encore faire des émules ?
La meilleure façon de ne pas avoir ce qui se passe en Guinée, c’est de jouer le jeu de la démocratie. La démocratie n’est pas seulement une opposition parlementaire, ni la liberté de presse encore moins les libertés d’opinion. La démocratie c’est permettre une respiration démocratique. Et une respiration démocratique, c’est l’alternance au pouvoir avec des élections sincères et crédibles. Quand l’alternance devient une respiration de la démocratie, on n’a pas de révolution, pas d’émeutes qui renversent le pouvoir, ni de coup d’Etat. Quand vous bloquez l’alternance et vous faites semblant d’être démocrate et que vous truquez les élections mais le pays est bloqué. C’est ce qui est arrivé à Blaise Compaoré hier, à Condé aujourd’hui. Quand on peut changer de pouvoir démocratiquement, on n’a pas besoin de faire de coup d’Etat ou de révolution.
Que pourrait faire aujourd'hui la conférence des chefs d'Etat de la Cedeao ?
A part la condamnation, ils ne peuvent pas faire autre chose. Ils vont condamner pour le principe et demander le retour rapide à l’ordre constitutionnel. Mais depuis ce qui s’est passé au Tchad que l’Union africaine, la France et que le monde entier a avalisé pour la raison d’Etat au nom de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, et qu’ils ont fermé les yeux, ils sont très mal placés aujourd’hui pour prendre des mesures. Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures.
Peut-on s'attendre à ce que la nouvelle junte en Guinée lâche le pouvoir au profit des civils ?
Tout dépendra du rapport de force et de la pression internationale mais aussi de l’attitude des Guinéens. A La Baule, la marche forcée vers la démocratie était imposée de l’extérieur, mais depuis que les Burkinabè ont fait leur révolution et chassé le tyran, les peuples d’Afrique ont compris que les causes et les luttes endogènes priment sur tout. Donc l’avenir de la démocratie en Guinée dépend avant tout des Guinéens. D’habitude, quand les gens goûtent au pouvoir, il est difficile de le lâcher. Donc ça dépendra des rapports de force et des moyens de pression. Mais ça doit être une leçon pour les autocrates qui arrivent au pouvoir et qui se maintiennent au pouvoir en ne jouant pas le jeu de la démocratie, et en pensant qu’avec la légalité on peut tout faire. La loi comme les baïonnettes, on ne peut pas tout faire avec.
VIOLENCES AU PS
Le secrétaire général de la 11e coordination B du Parti socialiste aux Parcelles-Assainies, Mamadou Wane, dit ‘’être victime de violences physiques et verbales de la part d’éléments de la sécurité du camarade Alioune Ndoye’’
Le secrétaire national à la vie politique, secrétaire général de la 11e coordination B du Parti socialiste aux Parcelles-Assainies, Mamadou Wane, dit ‘’être victime de violences physiques et verbales de la part d’éléments de la sécurité du camarade Alioune Ndoye’’. Il a fait la dénonciation à travers un communiqué de presse parvenu à la rédaction d’’’EnQuête’’. Il signale qu’il était venu répondre à la convocation du Secrétariat exécutif national, le jeudi 2 septembre 2021.
‘’ Après être sorti de mon véhicule seul, j’ai fait l’objet d’attaques d’individus bien identifiés, travaillant à la mairie de Dakar-Plateau et qui étaient en nombre dans la cour de la maison du Parti socialiste. Ils m’ont copieusement insulté et se sont rués sur moi, avec une intention claire de m’agresser physiquement’’, fait-il part. N’eût été, retrace la note, la vigilance du garde du corps Mamadou Traoré dit ‘’Tra’’ et de l’adjudant Badji, tous deux témoins des faits, ‘’ces individus malintentionnés seraient passés à l’acte et cela dans l’enceinte de la maison du parti.
Ils ont proféré des injures et m’ont menacé de mort. Disant : Si jamais je ne laissais pas Alioune Ndoye tranquille... Ces menaces, dit-il, et injures ont repris, à la fin de la réunion, devant le portail d’accès de la maison du Parti socialiste où étaient postés les mêmes individus ainsi qu’un cortège de scooters.
Devant ces faits qui lui rappellent tristement les malheureux événements du 5 mars 2016, il interpelle la direction du parti, pour qu’une telle situation ne se reproduise plus. Prenant ces menaces très au sérieux, il a décidé de prendre toutes les mesures nécessaires, en vue d’assurer sa propre sécurité et se réserve aussi le droit de porter plainte contre les auteurs de cette tentative d’agression injustifiée.
ELECTIONS LOCALES DE JANVIER PROCHAIN, CECI PORTE LE COMBAT DES FEMMES
Le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) a mis sur pied un important programme de financement, soutien et conseil aux femmes, pour avoir le maximum d’entre elles à la tête des collectivités locales, lors des joutes électorales de janvier
Le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) a mis sur pied un important programme de financement, soutien et conseil aux femmes, pour avoir le maximum d’entre elles à la tête des collectivités locales, lors des joutes électorales de janvier prochain.
Au Sénégal, le pourcentage de femmes maires et présidentes de conseil départemental demeure très faible. Selon les statistiques, il y a 15 femmes maires sur 557, soit un pourcentage de 2,69 % et deux femmes présidentes de conseil départemental sur 45, soit 4,44 %.
Il faut cependant constater qu’il y a eu des avancées, lors des élections locales de juin 2014. Le taux national de présence des femmes dans les collectivités locales a connu une évolution, cette année-là, comparée aux élections de 2009. Le pourcentage est passé de 15,9 % en 2009, à 47 % en 2015, soit 14 000 femmes sur 29 787 élus.
Au vu de cette situation, deux défis majeurs sont à relever. Il s’agit, d’une part, de maintenir croissante cette évolution notée en 2014 ; d’autre part, de travailler à l’effectivité de la loi sur la parité, en agissant sur ses goulots d'étranglement.
Ainsi, le projet Voix et leadership des femmes au Sénégal (VLF-Sénégal) compte apporter sa contribution à l’amélioration de la participation politique des femmes, lors des élections locales prévues en janvier 2022, à travers différents mécanismes dont le fonds rapide et réactif.
Selon la spécialiste en droit des femmes et plaidoyer dans ledit projet piloté par le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), l’objectif recherché est de contribuer à une participation politique massive des femmes, lors des élections locales en janvier 2022, à travers l’appui à des initiatives innovantes, grâce au Fonds rapide et réactif. Le budget, selon Cécile Diatta Senghor, est estimé à 30 millions F CFA et est financé par le Canada.
Le projet intervient sur tout le territoire national. Il est divisé en quatre axes régionaux que sont : l’axe Ouest, qui regroupe les organisations de la région de Dakar ; l’axe Nord-Ouest, qui polarise les régions de Thiès, Saint-Louis, Matam et Louga ; l’axe Centre, qui regroupe les régions de Fatick, Kaolack, Kaffrine et Diourbel ; et l’axe Sud - Sud-Est regroupant les régions de Ziguinchor, Sédhiou, Kolda, Tambacounda et Kédougou.
‘’Pour une gestion efficace et efficiente du fonds, un comité de sélection et de gouvernance est mis en place au niveau de chaque axe régional d’intervention du projet. Chaque comité travaille également à l’élaboration ainsi qu’à la validation du mécanisme de gouvernance du fonds. Ce mécanisme comprend le processus de demande de fonds, la sélection des bénéficiaires, celui du transfert des fonds, le suivi de leur utilisation efficace et efficiente, ainsi que le processus de partage de bonnes pratiques et de leçons apprises. Pour cette présente socialisation, le fonds sera orienté vers le financement d’initiatives promouvant la participation politique des femmes aux élections locales prévues en janvier 2022’’, renseigne Mme Senghor.
Elle ajoute : ‘’Les femmes restent largement absentes de la sphère politique, souvent en raison de lois, de pratiques, de comportements et de stéréotypes sexistes discriminatoires, et parce qu’elles ont un faible niveau d’éducation, qu’elles n’ont pas accès aux soins de santé et qu’elles sont beaucoup plus touchées que les hommes par la pauvreté.’’
En plus des contraintes, souligne-t-elle, il y a un changement important dans le Code électoral, à savoir l'élection au suffrage universel direct pour les élus locaux qui, jusqu’ici, étaient élus par les conseillers municipaux. Cette disposition, poursuit-elle, si elle n’est pas prise en compte immédiatement, pourrait réduire considérablement le nombre de femmes maires ou présidentes de conseil départemental, dans la mesure où elles sont rarement en tête des listes électorales.
Le financement n’est pas destiné à l’organisation des meetings
Néanmoins, précise-t-elle, la participation égalitaire des femmes à la vie politique joue un rôle central dans le processus général d’avancement des femmes et d’un développement durable fondé sur l’élimination des inégalités, comme déjà souligné dans les recommandations de la Plateforme d’action de Beijing, à savoir la participation égalitaire des femmes dans la prise de décision n’est pas seulement une exigence de justice ou de démocratie, mais doit être considérée aussi comme condition nécessaire pour que les intérêts des femmes soient pris en compte.
Ainsi, sans la participation active des femmes et l’incorporation de leurs perspectives dans tous les niveaux de prise de décision, les objectifs d’égalité, de développement et de paix durable ne pourront pas être poursuivis. Il ne sera pas question, selon elle, de les financer pour des meetings, mais aussi de les assister sur le plan technique à travers des conseils et autres.
VACCINATION CONTRE LA COVID, POURQUOI LES ENFANTS NE SONT PAS CONCERNÉS
Au Sénégal, les enfants ne sont pas vaccinés contre la Covid-19. Une décision préventive pour protéger les mômes contre toute forme de risque.
Au Sénégal, les enfants ne sont pas vaccinés contre la Covid-19. Une décision préventive pour protéger les mômes contre toute forme de risque.
Depuis le début de la pandémie, le coronavirus soulève de nombreuses questions autour de la contamination et de la contagiosité des enfants. Jugés moins à risque, ils ne sont pas concernés par la campagne de vaccination. Car si un vaccin fonctionne chez l'adulte, il n'est pas dit qu'il fonctionne de la même manière chez l'enfant.
Ce dernier a, en effet, selon le directeur de la Prévention du Sénégal, Docteur El Hadj Mamadou Ndiaye, un système immunitaire différent de celui d'un adulte. De l’avis du professeur en immunologie, Tandakha Dièye, les enfants font moins de Covid-19 partout dans le monde. La contamination, explique-t-il, est moins forte, car les enfants expriment très peu de récepteurs permettant au virus d’envahir les muqueuses.
De plus, soutient le Pr. Dièye, du fait des infections respiratoires répétées durant son jeune âge, l’enfant a naturellement habitué son système immunitaire à combattre ces types d’infection. Ce qui aboutit au développement d’une bonne mémoire immunitaire naturelle. Ces constats font que les enfants ne sont pas la cible prioritaire dans la lutte contre la pandémie, car moins affectés avec peu de risques de mourir de la Covid-19.
Fort de cela, explique l’expert en vaccination, l’urgence était portée sur les adultes, avec plusieurs essais vaccinaux chez les adultes conduisant à la mise au point de vaccins efficaces. ‘’La majorité de ces vaccins sont donc destinés aux adultes en priorité. Les réactions dues aux vaccins ont été documentées chez les grandes personnes et très peu chez les enfants. Voilà les raisons pour lesquelles les enfants ne sont pas vaccinés’’, précise-t-il.
Mais, à son avis, l’avènement des variants qui sont devenus de plus en plus contaminants, y compris chez les enfants, a tout changé. Les stratégies sont en train de changer dans la prise en charge des enfants aussi bien thérapeutique et préventive par la vaccination.
‘’Le vaccin Pfizer a montré une efficacité de 100 %, entre 12 et 15 ans’’
‘’Les enfants sont peu réceptifs et peu contaminants au virus. Mais, depuis l'avènement des variants et en particulier du variant Delta, la donne a changé. Car, ce variant, 60 fois plus contaminant, atteint très rapidement les enfants, ce qui explique les formes de Covid-19 répertoriées de plus en plus chez les enfants’’, fait-il savoir.
Avec la rapidité de la mise en place des essais vaccinaux, la priorité a été chez les adultes, du fait de leur forte contamination, de sorte que les réponses vaccinales sont plus documentées chez les adultes. Ce manque de données sur les réponses vaccinales de l’enfant a motivé la grande prudence notée sur la vaccination des enfants. Néanmoins, précise le professeur Tandakha Dièye, de plus en plus, des essais sont portés sur les enfants avec de bons résultats pour les enfants de 12 à 15 ans, surtout pour les vaccins ARN messagers que sont Pfizer et Moderna avec des résultats concluants.
‘’Aux USA, en France, au Canada, entre autres, il est recommandé de vacciner à partir de 12 ans. Il est même envisagé, en Israël, de commencer à vacciner les enfants à haut risque âgés de 5 ans’’, informe-t-il. Selon lui, avec la rentrée scolaire, dans les pays du Nord, le focus est de plus en plus porté chez la vaccination des enfants. Car non seulement ils transmettent très vite le virus, mais ils développent de plus en plus des formes comme chez les adultes.
Selon le vaccinologue, aujourd'hui, plusieurs essais sont en train d'être menés chez les 6 mois à 17 ans. ‘’Le vaccin Pfizer a montré une efficacité de 100 %, entre 12 et 15 ans, avec une robuste réponse anticorps. Le Sénégal devra recommencer la vaccination des enfants et adolescents entre 12 et 17 ans. Il faut vacciner son entourage et continuer à prodiguer le port du masque, le lavage des mains et de maintenir les mesures barrières, en attendant de disposer de vaccins pour ces enfants et adolescents’’.
CHANGEMENT DE STATUT DE LA PNA, L’INTERSYNDICALE SUTSAS-SAS-SAMES/PNA DIT NIET
Elle s’oppose donc catégoriquement à toute transformation institutionnelle hasardeuse et aventurière de la PNA, qui mettra en péril ses acquis
Le secteur de la santé est encore agité, ces derniers jours. L’Intersyndicale Sutsas-Sas-Sames/PNA n’est pas du tout d’accord du changement de statut de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) initié par les autorités du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Elle dénonce cette décision de la tutelle qui compte, à travers un comité mis en place, proposer un nouveau statut. Une décision que l’Intersyndicale n’accepte pas, au-delà de toutes les raisons qui peuvent motiver ce projet. L’Intersyndicale rejette vigoureusement le choix du statut d’association à but non-lucratives (ASBL) que le comité mis en place par la tutelle a annoncé. Qui, dénonce-t-elle ne garantit aucunement la pérennité de la structure et de sa mission de service public.
Elle s’oppose donc catégoriquement à toute transformation institutionnelle hasardeuse et aventurière de la PNA, qui mettra en péril ses acquis. L’Intersyndicale souligne qu’elle n’acceptera de ce comité aucun choix de statut imposé ou fait sans leur totale implication et la prise en compte de toutes les préoccupations des travailleurs. Elle juge que la PNA, actuellement établissement public de santé non-hospitalier, ancrée dans la réforme hospitalière de 1998, qui totalise une expérience de plus de 60 ans comme centrale d’achat et par ailleurs bras armé de l’État en matière d’approvisionnement en produits pharmaceutiques, ne nécessite, d’une part, qu’une dérogation au Code des marchés publics.
Ceci, soutiennent les syndicalistes, pour éviter les longues procédures de marchés qui constituent le principal obstacle à sa mission de service public. D’autre part, souligne-t-on, la mobilisation de ses ressources financières liées, entre autres, à la Couverture maladie universelle (CMU) et aux programmes prioritaires dont les déficits budgétaires sont souvent supportés par la PNA pour éviter des ruptures de produits.
Par ailleurs, l’Intersyndicale pense qu’une tentative de changement de statut, surtout dans le contexte de la pandémie à Covid-19 où le monde scrute encore les contrecoups et la relance économique dans un climat d’incertitude, serait une aventure risquée et qui peut mettre en danger sa mission de service public.
And Gueusseum s’insurge aussi
L'Asas Sutsas-SUDTM-Sat santé D-CNTS/Santé And Gueusseum s’insurge aussi contre la privatisation de la Pharmacie nationale d'approvisionnement (PNA) commencé avec le régime d’Abdoulaye Wade sous la bannière de la Convergence Sutsas-SAS. Elle soutient et prend en charge la lutte continue, avec la section Sutsas/PNA, ‘’contre la nouvelle tentative aventureuse, nouvelle trouvaille du ministère de la Santé et de l’Action sociale qui veut changer le statut de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA).
En effet, And Gueusseum considère que la PNA, grossiste répartiteur de médicaments et de produits essentiels, riche de soixante ans d'expérience, résiste et tient bon, malgré, d’une part, une absence de subvention d'exploitation depuis 2004 et, d’autre part, les lourdes créances de l'Etat sur ses comptes, mais surtout des procédures draconiennes du Code des marchés publics. Elle n'a donc nullement besoin d'un changement de statut’’, informe la centrale syndicale dans un communiqué reçu hier à ‘’EnQuête’’.
And Gueusseum interpelle l’opinion sur ce qui motive réellement cette ‘’aventure périlleuse’’ pour un établissement qui tire son statut d'établissement non-hospitalier de santé de la loi hospitalière de 1998. Et qui, selon eux, qui ‘’ne réalise pas de richesses’’ comme une entreprise classique, mais une personne morale devant équilibrer ses comptes. ‘’Ce qu'elle fait très bien jusqu'à date. C’est pourquoi And Gueusseum rappelle au ministre de la Santé et de l'Action sociale que la PNA ne demande qu'un accompagnement dans sa mission de service public par une subvention d'exploitation substantielle au prorata de ses charges aggravées par d'autres activités exigées par les nombreux programmes qu'elle couvre, un assouplissement des procédures d'acquisition de médicaments et le recouvrement de ses créances dues par l'Etat qui semblent irrécouvrables’’.
Aussi, And Gueusseum rappelle à l’Etat que la souveraineté sanitaire convoque tout autant que celle pharmaceutique, que la privatisation déguisée de la PNA ‘’ne saurait réaliser’’. La priorité est dans la mise en place d'une véritable industrie pharmaceutique, le développement de la pharmacopée et la lutte héroïque contre le médicament de la rue. La nationalisation de l'unité locale de fabrication de médicaments (Medis) en est, pour eux, ‘’un jalon important’’ dans ce contexte.
LA CHUTE D'UN VOISIN À PROBLÈMES
Les relations entre la Guinée et le Sénégal sous le régime d'Alpha Condé n’étaient pas au beau fixe. Abdoulaye Wade et Macky Sall ont chacun a eu droit aux accès de colère de l'ancien exilé de Dakar depuis son arrivée au pouvoir en 2010
Les relations entre la Guinée et le Sénégal sous le régime de Alpha Condé n’étaient pas au beau fixe. Aussi bien sous Wade que Macky Sall, chacun a eu droit aux accès de colère de Alpha Condé depuis son arrivée au pouvoir en 2010. Alors que Dakar lui a ouvert ses portes à l’époque de la dictature de Lansana Konté.
C’est un secret de polichinelle de dire que sous le régime de Alpha Condé les relations entre la Guinée et le Sénégal n’étaient pas au beau fixe. Cette crispation des relations s’est manifestée à plusieurs reprises à travers les sorties du Président Condé qui accuse le Sénégal de soutenir ses opposants. Le dernier exemple de la crispation c’est la fermeture de la frontière sénégalo-guinéenne en 2020 sur décision de Alpha Condé.
Dans un article de Jeune Afrique, l’entourage de Condé expliquait cette mesure comme relevant de «Sécurité nationale». En effet dans l’article en question, JA relève que la véritable cause de cette brouille, «c’est la présence au Sénégal d’activistes du Front national pour la défense de la Constitution (Fndc), que les autorités considèrent comme un «mouvement insurrectionnel», et en particulier de deux de ses dirigeants faisant l’objet de mandats d’arrêt émis par la justice guinéenne depuis les troubles qui ont précédé l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 : Ibrahima Diallo (chargé des opérations) et Sékou Koundouno (responsable des stratégies)». Dans le même article, le magazine faisait savoir que selon un document des renseignements généraux guinéens qu’il a pu consulter, les militants du Fndc «se livrent à des déclarations et des actions dangereuses depuis le territoire sénégalais et des tentatives d’introduction d’armes de guerre auraient été déjouées aux postes frontaliers». Des accusations qui ont toujours été démenties par les autorités sénégalaises qui «se sont toujours défendues de soutenir ou d’encourager des actions de déstabilisation de la Guinée». Il faut rappeler que les relations entre les président Alpha Condé et Macky Sall se sont progressivement dégradées en mi-2020 parce que Condé soupçonnait le président Sall d’être proche de son adversaire Cellou Dalein Diallo. En mars dernier lors des violentes manifestations à Dakar, le président de la Guinée en avait rajouté une couche. Une déclaration qui avait fini de convaincre les plus sceptiques sur sa colère contre les autorités sénégalaises. Dans un article de Financial Afrik, il avait commenté ce qui se passait au Sénégal : «Ceux qui voulaient que la Guinée brûle, nous tous voyons ce qui se passe chez eux. Ce qui veut dire que Dieu ne dort pas. Moi, je ne me querelle avec personne, pas un seul jour depuis que j’ai été élu Président, aucun opposant n’est venu à Conakry pour diffamer le gouvernement. Ça, je ne l’accepte pas. Mais tout le monde sait, tous ceux qui nous insultent, tous ces cris de la Guinée «va brûler», tout se fait à Dakar. Tout le monde le sait, mais Dieu est là.»
Autre fait marquant des relations tumultueuses entre le Sénégal et la Guinée sous Alpha Condé, c’est la fermeture des frontières avec la Guinée en 2014 à l’initiative du Sénégal à cause de l’épidémie d’Ebola qui sévissait dans ce pays. Là aussi, le président Condé a eu du mal à contenir sa colère. Il avait alors accusé le Sénégal de stigmatiser son pays et d’entraver la liberté de circulation des personnes et des biens. Il a fallu l’organisation du sommet de la Francophonie en novembre 2015 à Dakar pour assister à la décrispation des relations entre les deux pays.
Avant Macky Sall, les relations entre Wade et Condé étaient aussi tendues alors que les deux hommes ont été longtemps proches. En septembre 2011, Alpha Condé avait accusé le Sénégal et la Gambie de n’avoir rien fait pour empêcher la tentative d’assassinat dont il a été victime quelques mois plutôt. Dans un article de Jeune Afrique, Condé accusait les autorités sénégalaises et gambiennes de l’époque en ces termes : «J’estime que l’attentat a été préparé à l’hôtel Méridien Président, à Dakar, et qu’il y a eu des va-et-vient entre Dakar et la Gambie. J’estime que cela ne pouvait pas se faire à leur insu.» Le règne de Alpha Condé en Guinée aura ainsi été marqué par différentes brouilles, des déclarations amères à l’endroit des autorités sénégalaises aussi bien sous Wade que sous Macky Sall.
FILM SUR LES «TIRAILLEURS», OMAR SY, PRODUCTEUR ET ACTEUR PRINCIPAL
L’acteur français d’origine sénégalaise, Omar Sy, va incarner le personnage principal d’un long métrage fiction consacré aux tirailleurs sénégalais, un film dont le tournage va se dérouler en France et au Sénégal
L’acteur français d’origine sénégalaise, Omar Sy, va incarner le personnage principal d’un long métrage fiction consacré aux tirailleurs sénégalais, un film dont le tournage va se dérouler en France et au Sénégal, a-t-on appris du Secrétaire permanent du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique du Sénégal (Fopica).
Abdoul Aziz Cissé a rencontré à ce sujet la coproductrice du film, Caroline Nataaf, lors du dernier festival de Cannes, en juillet dernier. «Les échanges avec Caroline Nataaf avaient pour objectif d’approfondir les discussions que nous avons déjà eues avec l’acteur Oumar Sy et son équipe de production concernant un appui souhaité de l’Etat du Sénégal, à travers le Fopica, dans le cadre de la production de ce long métrage fiction dont une partie sera tournée au Sénégal», a-t-il rapporté.
Dans ce film historique dont le tournage a démarré le 23 août dernier dans les Ardennes (France), Omar Sy incarne le personnage d’un père sénégalais qui s’engage dans l’Armée française pour retrouver son fils, enrôlé de force en 1917. Le tournage prévu pour une durée de neuf semaines, va se poursuivre en France jusqu’au 13 octobre prochain en France, avant le Sénégal qui va abriter la deuxième partie du tournage, à partir de janvier 2022.
Selon Abdoul Aziz Sy, ce film «tient particulièrement à cœur» Omar Sy, qui a sollicité le Fopica pour qu’il puisse participer à son financement et faire en sorte qu’il bénéficie des accords de coproduction signés entre le Sénégal et la France. Il est produit par l’acteur lui-même qui participe à son financement, par le biais de ses sociétés Korokoro (France) et Sy Possible Africa (Sénégal), aux côtés de France 3 et Canal +. «Oumar, conscient du rôle important qu’il peut jouer dans le développement du cinéma sénégalais, a décidé de créer la société de production Sy Possible Africa pour attirer un grand nombre de projets de films au Sénégal. Ce qu’il a déjà fait avec le film Yao», souligne Abdoul Aziz Cissé.
En plus de la participation financière du Fopica dans ce nouveau projet de film de Oumar Sy, «nous avons discuté des procédures permettant de faire bénéficier au film des accords de coproduction signés entre le Sénégal et la France», a indiqué le Secrétaire permanent du Fopica. Il signale à ce sujet que la France et le Sénégal travaillent sur un projet de réactualisation des accords de coproduction et d’échanges cinématographiques dont les négociations ont été finalisées. «Le principal point d’achoppement des négociations résidait dans le passage d’un seuil de 80%-20% à 90%- 10%», précise-t-il.
Omar Sy est déjà à l’affiche dans un autre film lié au Sénégal, le road movie Yao, que l’acteur francosénégalais a coproduit avec Philippe Godeau. Omar Sy est l’acteur principal de ce film sorti en 2019 et qui a été tourné entre Dakar et Matam, région du Nord du Sénégal, sous la forme d’un émouvant retour aux sources.