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18 septembre 2025
L’HISTOIRE JAMAIS RACONTEE DE MALICOUNDA
Malicounda ! Une agglomération séculaire multiethnique nichée entre la localité de Ngandigal et la station balnéaire de Saly Portudal sur la Petite Côte dans l’arrondissement de Sindia, département de Mbour (région de Thiès)
Cheikh CAMARA, Correspondant permanent à Thiès |
Publication 07/09/2021
Fondé en 1902 par Barka Sanokho et un petit nombre de Bambaras venus du Mali, le village de Malicounda Bambara dans la commune de Malicounda, sur la Petite côte, fait partie d’un ensemble de localités dont la population est originaire du Mali. Une zone où l’excision existe de façon endémique. Toutefois, aujourd’hui, les mentalités ont bien changé. Les familles ont fini par abandonner cette coutume grâce aux campagnes de sensibilisation, d’éducation et de prise de conscience sur les droits humains animées par certaines organisations surtout non gouvernementales.
Malicounda ! Une agglomération séculaire multiethnique nichée entre la localité de Ngandigal et la station balnéaire de Saly Portudal sur la Petite Côte dans l’arrondissement de Sindia, département de Mbour (région de Thiès). Elle serait fondée dans les années 1901 par les nommés Samba Bâ et Karfa Traoré. Deux cultivateurs d’arachide qui avaient quitté leur Mali natal à la recherche de terres fertiles. Des sols féconds qui, plus tard, attirèrent des hordes de travailleurs saisonniers appelés « Firdous », pour la plupart venus du Mali et de l’actuel Burkina Faso et qui rentraient après les récoltes. Parmi eux, beaucoup décidèrent, au fil des ans, de rester et finirent par se sédentariser. Ces ressortissants maliens dont les descendants, nés à Malicounda, deviendront des Sénégalais à part entière. Ils seront rejoints par des parents et d’autres groupes venus de certaines localités du Sénégal, des autochtones qui sont Sérères, Wolofs et Toucouleurs. C’est pourquoi, il y a trois Malicounda. Celui Bambara, Sérère et Wolof. Pour autant, les populations de ces trois villages constituent un parfait melting-pot grâce aux mariages interethniques qui y sont légion. L’origine du nom de Malicounda renvoie dans l’imaginaire populaire à une marque Bambara du Mali. Toutefois, des dignitaires de Malicounda Sérère soutiennent le contraire. Ils expliquent que ce nom est d’origine sérère. Malicounda venant du mot sérère « Mal » qui signifie « herbes sauvages, spontanées » et de « Koundal », un lieu habité par les « djinns ». « Lorsque les colons sont venus demander le nom du village, les populations autochtones leur ont répondu « Mal-Kounda ». Mais une erreur de transcription a fait écrire aux Blancs « Malicounda ». Et depuis lors, le nom est resté », racontent les sages.
Barka Sanokho fonda le village de Malicounda Bambara en 1902
Le village de Malicounda Bambara dans la commune du même nom fut fondé en 1902 par Barka Sanokho et un petit nombre de Bambaras venus du Mali. Ceci, après un bref séjour à Saly Portudal. En 1903, ce fut l’arrivée de Samba Ba et des Peuls firdous originaires de la Casamance. Puis une vague massive de Bambaras arrivèrent à la recherche de terres fertiles pour la culture de l’arachide. Malicounda Bambara devint ainsi un grand village et fut divisé en trois quartiers. KarfaBougou, dirigé par Karfa Sidibé, Binabougou, dirigé par Bounama Diarrisso, et Barka Bougou, dirigé par Barka Sanokho. Barkarbougou, très vaste, fut divisé en trois sous-quartiers : Dioulacounda (le quartier des commerçants), Nioroncounda (les habitants de Nioro) et Khaidacounda (le quartier du marabout Fodé Bocar Doucouré). Barka Sanokho fut ainsi le premier chef du village et à sa mort, en 1904, Samba Diarra lui succéda jusqu’à 1905. À la mort de ce dernier, furent élus successivement : Mamadou Ba (1905-1930), Toubey Sow (1930-1962), Kao Ba (1962-1988), Cheikh Amala Sow (1989-2006), puis Samba Sow etc., Avec une population jeune et active, musulmane, constituée en majorité de Tidjanes ayant comme guide spirituel Cheikh Amala, ainsi que des fidèles de Cheikh Bouh Kounta de Ndiassane, la jeunesse exerce tous les corps de métier et s’est engagée pour le développement de sa localité. Aujourd’hui beaucoup de jeunes ont abandonné la culture de la terre au profit d’un travail salarié dans les hôtels de Saly ou à Dakar. D’autres rêvent d’émigrer comme leurs aînés pour revenir construire de belles maisons.
Malicounda Bambara dit non à l’excision
« Quel que soit le prix à payer, il n’est pas question de revenir en arrière. Pour nous, l’excision appartient déjà au passé ». Un serment prêté en juillet 1997 par les femmes de Malicounda. Ce, suite à une prise de conscience de leurs droits et, surtout, des dangers d’une pratique qui relève de la tradition et des tabous. Fatou Cissoko, Khady Bèye et leur bande parlent le « bambara », une des langues mandingues. Les Bambaras (bambara : Bamanan ; pluriel, Bamananw, Bamana ou Banmana) sont une ethnie d’Afrique de l’Ouest faisant partie du groupe mandingue, établis principalement dans le Sud de l’actuel Mali dans la région de Ségou et Koulikoro. Ainsi que dans d’autres pays tels que le Burkina Faso (au sud) et la Côte d’Ivoire (au nord). Ces jeunes filles avouent que les mutilations génitales féminines désignent l’ablation totale ou partielle des organes génitaux féminins externes. Une pratique généralement réalisée par un exciseur traditionnel avec un couteau ou une lame de rasoir avec ou sans anesthésie. Maïmouna Traoré, la maman d’une d’elles, dit connaitre aujourd’hui ses droits. Elle sait que son corps lui appartient. Aussi, elle ne souhaiterait jamais imposer à ses enfants les mutilations qu’elle a subies. « En juillet 1997, bravant les interdits de la tradition, les femmes de Malicounda se sont dressées pour dire non aux mutilations sexuelles féminines dont sont victimes les filles de certaines ethnies », révèle-t-elle. Et ceci à la suite d’un programme de sensibilisation sur les risques de ces pratiques et sur le droit des femmes mené par l’organisation internationale Tostan avec le soutien de l’Unicef, de l’ONG américaine American Jewish World Service (AJWS) et du gouvernement sénégalais. Depuis, le « serment de Malicounda » s’est propagé comme un feu de brousse dans les villages des environs.
L’histoire racontée de Doussou Konaté et de sa fille adoptive
« Dans ce village faisant partie d’un ensemble de localités bambaras établies dans une zone où l’excision existe de façon endémique, les mentalités ont donc aujourd’hui bien changé. Des familles ont fini par abandonner cette coutume qui, dépouillée de ses alibis mythologiques et rituels, n’a plus d’autre justification que la volonté brutale de contrôler la virginité des filles et la sexualité des femmes en les mutilant », explique une vieille dame Bambara. Elle se rappelle qu’à l’époque, l’excision était tellement ancrée dans les mœurs que ceux qui tentaient d’y soustraire leurs enfants s’exposaient à voir une tante ou une grand-mère emmener de force l’enfant chez l’exciseuse. De même, lorsqu’un Bambara avait pris femme dans une communauté aux mœurs différentes, ses parents faisaient tout pour que leur belle-fille se fasse exciser. En atteste, l’histoire de Doussou Konaté et de sa fille adoptive. Laquelle illustre la force de la tradition et du conformisme social. « Sa famille ne pratiquait pas l’excision et il avait décidé de ne pas imposer cette épreuve à sa fille. Mais, vers l’âge de dix ans, celle-ci a commencé à être l’objet de moqueries de la part des enfants de son âge. Un garçon l’a traitée publiquement d’impure. On lui a dit qu’elle ne trouverait jamais de mari. Pendant des mois, elle n’a cessé de pleurer. Elle suppliait son père de la faire exciser pour être comme les autres. Doussou a fini par céder. Du jour au lendemain, sa fille a retrouvé sa place dans la communauté. Et à un peu moins de dix-huit ans, elle s’est mariée. Cependant c’est dans le village de Malicounda Bambara qu’est partie, le 31 juillet 1997, la célèbre déclaration publique pour l’abandon de l’excision. Elles étaient 35 femmes à avoir osé mettre un terme à cette pratique traditionnelle africaine. Aujourd’hui, elles sont plusieurs centaines de femmes qui viennent de plus de 3000 villages du Sénégal. Elles débarquent également du Mali, de la Guinée et même de la Mauritanie. Et outre l’aspect festif, elles ont réussi à lancer une campagne pour l’abandon total de l’excision au Sénégal avec comme objectif d’obtenir une réduction de cette pratique sur l’ensemble du continent africain.
Par L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, Serigne Saliou Guèye
COUP D’ETAT MILITAIRE EN GUINÉE, QUELLES LEÇONS EN TIRER ?
POINT DE MIRE SENEPLUS - Condé n’était plus capable de diriger la Guinée. Sous son magistère, la démocratie guinéenne a fait d’énormes pas en arrière. La Cedeao n’a jamais pipé mot sur ses exactions sanguinaires
Dimanche dernier, 5 septembre, une unité d’élite de l’Armée a pris d’assaut le palais présidentiel où résidait le président Alpha Condé, 83 ans, président depuis 2010. Il s’agit des Forces spéciales dirigées par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya. Cette arrestation du potentat guinéen venait de mettre fin au règne autocratique du Pr Alpha Condé dont l’avènement à la tête de la Guinée, en 2010, avait été fortement contesté.
La présidence d’Alpha Condé était entachée d’une tare congénitale car son élection le 7 novembre 2010 (soit 4 mois après le 1er tour !) avec ses 52,5 % des voix s’était faite sur fond de fraudes et manœuvres concoctées par la France et une partie de la communauté internationale. Au premier tour, en effet, le 27 juin 2010, Cellou Dalein Diallo, le leader de l’UFDG, avait obtenu 44 % des voix.
A l’issue de ce premier tour, nul ne donnait très cher des chances d’Alpha Condé. Avec 18 % des suffrages, il était très largement distancé par l’ancien Premier ministre du président Lansana Conté (44 %). Quatre longs mois se sont écoulés entre les deux tours (du 27 juin au 7 novembre) ponctués de violences interethniques avant que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne proclamé une victoire miraculeuse d’Alpha Condé, déclaré élu avec 52,5 % des voix ! Bien entendu, ce genre de miracle n’existe qu’en Afrique…
Lors de l’élection présidentielle de 2015, il est réélu avec 57,9 % des voix au premier tour devançant son challenger principal Cellou Dalein Diallo qui a eu, lui, 31,4 % des suffrages exprimés. Des élections entachées de fraudes à grande échelle. N’ayant pas droit à un troisième mandat, Condé modifie la Constitution à la suite d’un référendum organisé le 1er mars 2020 et couplé avec les législatives dans le but de rendre possible une nouvelle candidature de sa part. Après quoi, il se présente le 18 octobre 2020 pour une troisième fois à l’élection présidentielle qu’il remporte au premier tour avec 59,5 % des voix.
Entretemps, depuis sa déclaration de candidature jusqu’à sa « réélection », des dizaines de Guinéens sont morts lors de violentes manifestations contre son coup de force institutionnel. Inutile de dire que, depuis le 18 octobre dernier, Condé était un président illégal, illégitime. Jusqu’à sa déposition dimanche dernier.
Dès que les militaires ont arrêté le président guinéen et l’ont conduit dans un « lieu sûr », le premier réflexe des chefs d’Etat de la Cedeao et de l’Union africaine (UA) a été de condamner un « coup de force » et de menacer le nouveau régime de sanctions. Ce pour le contraindre au rétablissement d’une soi-disant légalité constitutionnelle au nom du respect du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de l’instance communautaire. Donc au nom de l’article 1, alinéas B et C de ce protocole, qui dit que « toute accession au pouvoir doit se faire à travers des élections libres, honnêtes, et transparentes », le putsch des hommes du lieutenant-colonel Doumbouya a été déclaré anticonstitutionnel et contraire aux normes et principes qui régissent la démocratie dans tous les 15 pays de la Cedeao.
Toutefois si l’on se réfère à l’article 19, alinéas 1&2 du même Protocole, qui déclare que « l’armée est républicaine et au service de la Nation, sa mission est de défendre l’indépendance, l’intégrité du territoire de l’Etat et ses institutions démocratiques » l’on peut bien féliciter les putschistes d’avoir été républicains en débarrassant les Guinéens du dictateur Condé ! L’armée au service de la République. C’est quoi être républicain sinon d’aller dans le sens voulu par le peuple, seul dépositaire de la légitimité ? Il était avéré que Condé n’était plus capable de diriger la Guinée. Depuis sa première élection en 2010, Condé n’a pas su respecter ses engagements de sortir la Guinée de la pauvreté et de la misère dans lesquelles elle patauge depuis son indépendance en 1958. La Guinée est l’un des pays les plus riches du monde avec ses potentiels minier et hydrique.
Deuxième pays producteur de bauxite détenant le 1/3 des réserves mondiales de ce minerai, son sous-sol regorge aussi d’or et de diamant. Ses eaux de surface sont évaluées à 226 km³/an et ses eaux souterraines estimées à 13 milliards de m³ environ, auxquelles s’ajoutent des eaux pluviales dont la moyenne annuelle est de 1988 mm. Ce qui vaut à la Guinée son surnom mérité de « château d’eau » de l’Afrique de l’Ouest.
Pourtant, malgré ces grandes richesses, la population guinéenne, qui fait à peine 15 millions d’individus, souffre terriblement d’un manque d’eau pour ses besoins vitaux. Pour se nourrir, la Guinée doit importer chaque année 501 457 901 tonnes de produits alimentaires dont 300 000 tonnes de riz blanc. C’est d’autant plus scandaleux que la superficie cultivable de la Guinée est estimée à 6,2 millions d’hectares, soit 25% du territoire national. Hélas, sur ces 6,2 millions d’hectares, seuls 1.6 million d’hectares sont effectivement exploités chaque année. Avec tout ce potentiel pour faire de la Guinée un eldorado, Condé a passé son temps à monter des projets loufoques et à réprimer toute forme d’opposition.
Sous son magistère, en effet, la démocratie guinéenne a fait d’énormes pas en arrière. Son élection en 2010 et ses réélections en 2015 et 2020 n’ont jamais été des gages de transparence. Les fondamentaux démocratiques ont été sapés et le référendum, les législatives et la présidentielle respectivement de mars et octobre 2020 ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et à chaque forfaiture, il déployait ses forces de défense et de sécurité pour réprimer dans le sang toute tentative de contestation.
Les leaders de l’opposition sont alors arrêtés ou gardés en résidence surveillée s’ils ne sont pas mâtés. Combien de fois, Cellou Dalein Diallo a-t-il échappé à la mort orchestrée par la soldatesque d’Alpha Condé ? Le président guinéen, depuis le début de son règne, a tué plus de 200 de ses compatriotes lors des manifestations. La Cedeao n’a pourtant jamais pipé mot sur ses exactions sanguinaires. On ne touche pas à la souveraineté populaire et c’est sans doute cela qui a incité Doumbouya et ses forces spéciales à se débarrasser d’un chef d’Etat cacochyme qui ne parvenait plus à gérer l’Etat, un Président mégalomane et susceptible qui ne présidait plus aux vraiment aux destinées de son pays.
La Guinée était au bord du chaos parce qu’il y a une profonde fracture entre ses différentes ethnies et principalement entre les Malinké, ethnie du président Condé, et les Peuls soutenant son ennemi juré, Cellou Dallein Diallo. Malgré les violations fréquentes de la Constitution, les répressions meurtrières lors des manifestations de l’opposition, la Cedeao, l’UA et la Nations unies n’ont jamais condamné les exactions sanguinaires de Condé. Jamais les instances communautaire et continentale n’ont flétri ces coups d’Etat constitutionnels qui aboutissent à des 3emandats sur le continent. Elles attendent toujours que la situation bascule pour condamner des coups de forces militaires.
Pour notre part, nous estimons que chaque fois qu’un chef d’Etat plonge chaque jour davantage son pays dans les abysses de la malgouvernance, il est du devoir impérieux de l’armée de ce pays-là d’intervenir pour aider à remettre le processus sur les rails. Et assurer de concert avec les acteurs politiques et de la société civile une transition dont la finalité est d’organiser des élections inclusives, transparentes et démocratiques.
Au Niger, quand le président Mamadou Tandja a voulu mettre en œuvre son « Tazarché » (prolongation en langue haoussa) au mépris de la Loi constitutionnelle, de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle, le chef d’escadron Salou Djibo avait pris le pouvoir, assuré la transition et remis le pouvoir aux civils. A l’époque aucun de ses homologues n’avait osé dénoncer les dérives de Tandja. Et lorsque l’armée a pris le pouvoir pour remettre de l’ordre, les chiens de la Cedeao ont aboyé pour condamner un « putsch » qui, en réalité, était une œuvre de salubrité démocratique pour le peuple.
En Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara s’est présenté à un 3e mandat sans que cela émeuve un seul de ses collègues africains. Il a éliminé juridiquement des candidats de l’opposition (Gbagbo, Soro, Blé Goudé) à la dernière présidentielle pour forcer un 3e mandat. Aucun chef d’Etat n’a condamné ces actes anti-démocratiques. La France a même béni ce coup de force constitutionnel de son valet ivoirien.
Récemment, le dictateur tchadien Idriss Déby a été remplacé par son fils qui n’était pourtant pas le dauphin constitutionnel. Motus et bouche cousue du côté de l’UA et des Nations Unies. Le président Emmanuel Macro avait même apporté le soutien de la France audit fils ! C’est pourquoi la condamnation du coup du lieutenant-colonel Doumbouya par le Tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, fait rire puisque cet homme-lige avait fait profil bas lorsque son compatriote, le fils d’Idriss Deby, Mahamat Deby Itno, a fait main basse sur le pouvoir à la suite de l’assassinat de son père. Aucun chef d’Etat africain n’a parlé de légalité constitutionnelle lorsque Deby fils a pris de force le pouvoir laissé par son père.
Pourtant, les mêmes de l’UA et de la Cedeao s’étaient empressés de condamner les tombeurs d’IBK au Mali. La Cedeao et l’UA des potentats Mais pourquoi les chefs d’Etat de la Cedeao, donneurs de leçons de démocratie, ne s’autoappliquent-ils jamais cette disposition de l’article 1, alinéa 2 du Protocole de l’instance communautaire qui stipule que « tout changement anticonstitutionnel est interdit de même que tout mode non démocratique d’accession ou de maintien au pouvoir » ? Or, combien sont-ils ces chefs d’Etat de la Cedeao qui se sont maintenus au pouvoir en tripatouillant la Constitution ? Aujourd’hui, beaucoup de ces chefs d’Etat qui demandent aux forces spéciales guinéennes de rétablir la légalité constitutionnelle sont très mal placés pour le faire puisqu’ils ont modifié la Constitution de leur pays pour se maintenir au pouvoir.
Les instances continentales n’ont jamais le courage de dénoncer voire de condamner les dérives anticonstitutionnelles des chefs d’Etat aux fins de se maintenir illégalement au pouvoir. Ils attendent que des militaires patriotes se lèvent pour débloquer des situations compromises pour les condamner et les menacer de leurs foudres. Entre les putschs salvateurs et les tripatouillages constitutionnels ouvrant des boulevards vers des 3e mandats, franchement il n’y a pas d’hésitation à faire : il faut choisir la première option. Les véritables putschistes, ce sont les Ouattara, Condé, Biya, Obiang Nguema, Kagamé, Issayas Afewerki, Faure Gnassingbé, et tous ces chefs d’Etat qui ont fini de s’éterniser au pouvoir.
Patrice Talon et Macky Sall utilisent des détours politiques ou des subterfuges judiciaires pour éliminer leurs challengers et essayer eux aussi d’obtenir un 3e mandat alors que les constitutions de leurs pays respectifs le leur interdisent. Aujourd’hui, le Protocole additionnel de la Cedeao souffre d’une tare originelle. Quand, le 21 décembre 2001, le Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance était signé à Dakar, on y notait la présence des chefs d’Etat, archétypes de la mal-gouvernance et de l’autocratie. Gnassingbé Eyadema, signataire du Protocole, avait déjà fait 34 ans de pouvoir, Yaya Jammeh, qui en était alors à sa 7e année de pouvoir en ajoutera 15 autres, Mathieu Kérékou du Benin avait bouclé en 2001 23 ans de pouvoir avant d’en rajouter 5.
Lansana Conté de la Guinée représenté par son Premier ministre, Lamine Sidimé, en était à sa 17e année de règne absolu. Il s’était offert par la suite une prolongation de 7 années. Blaise Compaoré consommait alors sa 14e année au pouvoir. L’autre particularité de ces Présidents signataires d’une charte de la démocratie et de la bonne gouvernance, c’est qu’ils étaient tous arrivés au pouvoir par des coups d’Etat. Dès lors, comment ces potentats pouvaient-ils élaborer un Protocole promouvant la démocratie et condamnant l’accession au pouvoir par des putschs ?
Mamadou Tandja et Abdoulaye Wade, arrivés au pouvoir démocratiquement respectivement en 1999 et 2000, voudront eux aussi effectuer un putsch constitutionnel en voulant briguer un 3e mandat. Le président nigérien sera balayé par un coup d’Etat militaire salutaire, son homologue sénégalais sera emporté par le vote furieux des Sénégalais qui n’ont jamais cautionné le forcing de son 3e mandat.
Tous ces exemples pour dire que la Cedeao et l’UA sont des institutions sclérosées victimes du pouvoirisme de leurs dirigeants. Lesquels ont constitué, à travers ces deux organisations, des syndicats d’autocrates qui ne défendent pas les peuples mais leurs intérêts personnels. Aussi, est-il est temps qu’elles arrêtent de défendre les chefs d’États « tazarchistes » et se mettent du côté des peuples épris de justice et de démocratie. Aujourd’hui le divorce est acté entre les peuples et ces organisations qu’il convient de refonder tout en réorientant leurs missions. Il y va de leur crédibilité et de leur pérennité.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
CONSTRUISONS DES USINES ET BRULONS CE SOUK
Désormais, le Sénégal importe jusqu’aux cure-dents que nous ne sommes même pas capables de fabriquer. Notre pays est donc devenu un immense souk où l’on trouve de tout pour le plus grand profit de commerçants importateurs qui ont le beau rôle
Dans sa remarquable chronique économique hebdomadaire publiée dans nos colonnes vendredi dernier, notre collaborateur, l’ancien banquier Abdoul Aly Kane, qui traitait du thème de la désindustrialisation de notre pays, écrivait notamment ce qui suit : « L’ajustement structurel consista donc à expurger des dépenses publiques celles considérées comme improductives, de façon à dégager un surplus permettant de payer la dette. Au-delà, une politique à moyen terme d’ouverture de l’économie fût mise en place qui avait pour objectif d’asseoir les bases d’une stratégie d’exportations afin de rétablir les équilibres du commerce extérieur. Cet objectif n’aura pas été atteint dans la mesure où l’économie nationale reste encore, près de 40 ans après, essentiellement basée sur l’exportation brute de matières premières, et dominée par un secteur tertiaire représentant près de 60 % de contribution au PIB ».
Pour parler de « désindustrialisation », encore eut-il fallu que le Sénégal fût jamais industrialisé ! Je provoque un peu bien sûr car notre pays a effectivement connu une industrialisation au début de son indépendance avec l’implantation d’unités de substitution aux importations qui fabriquaient globalement l’essentiel de ce que nos compatriotes consommaient. Ainsi, on ne comptait plus les brasseries (pour les boissons gazeuses sucrées ou alcoolisées), les huileries, les minoteries, les biscuiteries et autres confiseries. Sans compter une filière textile très développée, une filière plastique performante, des conserveries, des usines de transformation de métaux qui fabriquaient des ustensiles de cuisine, des fûts métalliques, voire des clous, une filière bois, une usine d’allumettes, une autre qui fabriquait des piles électriques etc…
Dans tout le lieudit Zone industrielle ainsi que le long de la route de Rufisque, il y avait un alignement d’usines, de fabriques et de manufactures qui employaient des milliers d’ouvriers avec des cheminées qui fumaient à toutes heures du jour et de la nuit, les quarts se succédant sans relâche. Bien évidemment, toutes ces industries, qui avaient développé de réels savoir-faire avec des ouvriers chevronnés maîtrisant divers métiers dans lesquels ils étaient des orfèvres, avaient pu se développer parce qu’elles bénéficiaient d’une protection étatique. Une politique protectionniste qui appliquait des droits de douane suffisamment élevés pour favoriser les produits locaux car rendant non compétitifs les articles importés. Puis, il y eut la Nouvelle Politique industrielle instaurée par les autorités dans les années 80 sous les injonctions de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Je me rappelle qu’à l’époque un rapport du Boston Consulting Group avait prédit que cette NPI allait transformer le Sénégal en gigantesque souk. Bien vu, hélas !
Un cimetière d’unités industrielles
Car, cette politique « géniale » conçue par des fonctionnaires internationaux qui ne comprenaient que dalle à nos réalités a effectivement transformé nos zones industrielles en champs de ruines, les usines fermant par dizaines — pour ne pas dire par centaines — et déversant dans la rue des milliers de travailleurs qui ont vécu dans la misère jusqu’à la mort, sans avoir jamais eu l’occasion de retrouver des emplois. Les barrières douanières ayant été abaissées, les produits bon marché venus d’Asie, et principalement de Chine, ont envahi nos marchés poussant, on l’a vu, les rares unités industrielles qui résistaient encore à baisser pavillon. Plutôt donc que d’exporter, ce qui était le but visé par les institutions de Bretton Woods à travers leurs si judicieux conseils prodigués — imposés plutôt — à nos autorités à travers leur politique d’ajustement structurel, ce sont désormais des milliers de conteneurs en provenance de Chine, de Dubaï et de Turquie principalement qui sont débarqués au port de Dakar.
Pour le plus grand plaisir de nos autorités douanières et des responsables du ministère des Finances qui se gargarisent année après année de records de recettes douanières perçues ! Sur les tombes de nos unités industrielles, bien entendu. Car, désormais, le Sénégal importe jusqu’aux cure-dents que nous ne sommes même pas capables de fabriquer.
A présent, presque tout ce que nous consommons dans ce pays vient de l’Empire du Milieu. Tout y compris ce que nous savions fabriquer mieux que les Américains eux-mêmes, à savoir l’huile d’arachide. Dans le domaine des huileries, le Sénégal disposait d’un savoir-faire industriel et de technologies qu’on ne retrouvait certes qu’au pays de l’Oncle Sam mais avec une meilleure maîtrise des process ou de ce que l’on appelle de nos jours les chaînes de valeur. Aujourd’hui, presque toutes nos huileries, dont certaines furent des fleurons, sont à l’arrêt et le Sénégal exporte ses graines en l’état vers la Chine qui les transforme en huile qu’elle consomme ou qu’elle exporte.
Plus de soixante ans après les indépendances, le Sénégal en est toujours réduit à exporter des matières premières et à importer des produits finis. Autrement dit, la division internationale du travail que décrivait l’économiste égyptien (mais Sénégalais d’adoption) Samir Amin est toujours plus qu’une réalité. Notre pays est donc devenu un immense souk où l’on trouve de tout pour le plus grand profit de commerçants importateurs qui ont le beau rôle. Il leur suffit de commander des conteneurs de bric et de broc, ou de produits alimentaires de qualité douteuse dédouanés au lance-pierre puis d’inonder les marchés. Et à eux les bénéfices colossaux !
Et si, plutôt que de combattre la CSS, nos commerçants essayaient de faire comme elle ?
Tant que ces commerçants du bazar importent des articles qui ne sont pas fabriqués localement, ça va. Le problème, on l’a vu, c’est quand ils mettent en péril nos rares unités industrielles. Parmi ces usines rescapées de la déferlante NPI, il y a justement la Compagnie sucrière sénégalaise (Css). Avec ses 7000 employés, ses vastes plantations de canne à sucre, ses dizaines de milliards de francs versés au Trésor public chaque année, la CSS est une de nos plus grosses entreprises, celle dont la seule présence a permis de développer — en tout cas de tirer — toute l’économie de la Vallée.
Et de faire du petit village qu’était Richard-Toll dans les années 60 une grand métropole industrielle. Certes, depuis sa création, et malgré l’augmentation régulière de ses investissement qui ont plus que décuplé et l’accroissement des superficies de canne à sucre, elle n’est pas parvenue à couvrir la totalité des besoins des consommateurs du pays. Ce qui fait qu’à certaines périodes de l’année, pour combler le gap entre la production et les besoins, des autorisations d’importation de sucre sont données sous la forme de DIPA. En principe, donc, ces autorisations ne doivent porter que sur ce seul différentiel mais voilà, on a vu ces dernières années autoriser des quantités telles que le marché a été inondé et que la CSS a été incapable d’écouler son sucre !
L’explication se trouve bien sûr dans les trafics fort lucratifs sur les DIPA. Ces derniers jours, on a entendu les commerçants importateurs hurler à propos d’une pénurie de sucre sur le marché national. Ce alors même que, comme nous l’avons révélé dans nos colonnes, il y avait 29.000 tonnes de cette denrée dans les entrepôts de la CSS !
En fait, les grossistes les plus balèzes s’approvisionnaient auprès de cette dernière et soit revendaient le produit auprès des industriels utilisant du sucre comme matière première — qui ne pouvaient pas importer du fait de la flambée des cours mondiaux — soit l’écoulaient dans les pays limitrophes. En empochant de très confortables marges !
Après quoi, ils avaient beau jeu d’accuser la CSS de tous les péchés de la terre et aussi de mettre la pression sur les autorités qui ont fini par capituler en suspendant (provisoirement ont-elles dit) la Taxe conjoncturelle sur l’importation ou Tci sur le sucre. Les autorités qui ont accepté de renoncer à 47 milliards de recettes — là où elles se glorifiaient dans le même temps d’avoir réussi à lever 55 milliards sur le marché régional, cherchez l’erreur ! — pour préserver le pouvoir d’achat des ménages. C’est certes une excellente chose de baisser les prix des denrées, à tout le moins de les maintenir en l’état comme l’ont expliqué en chœur les ministres des Finances et du Commerce, Abdoulaye Daouda Diallo et Aminata Assome Diatta, lors de leur conférence de presse commune, mais c’est peut-être encore mieux de donner du pouvoir d’achat. Ce qui passe évidemment par la création d’emplois et, donc, d’industries.
Le problème c’est que nos parents de l’Unacois, contrairement à la famille Mimran, en sont toujours depuis les années 90 à importer et à inonder notre pays de marchandises. Ils ont sans doute réalisé beaucoup de bénéfices, ont sans doute construit de grands immeubles, acheté de luxueuses voitures, sans doute aussi multiplié les mariages mais enfin, en matière de création d’emplois, on attend encore de voir ce qu’ils ont fait ! A notre connaissance, ils n’ont pas monté la plus petite fabrique. Supposons que dans ce vaste souk qu’est le Sénégal tout le monde vende, qui va acheter alors s’il n’y a plus de salariés ? Or, ce dont notre pays a besoin, c’est d’industries, ne serait-ce que de petites unités de conditionnement.
Au lieu de quoi, nos braves gens de l’Unacois en sont à vitupérer la CSS qui, elle au moins, a le mérite d’exister, d’avoir créé des milliers d’emplois, de payer ses impôts et de continuer à investir. Surtout, elle a eu le courage de remonter la chaîne depuis la plantation de canne jusqu’au produit fini. Bref, si on avait dix familles Mimran seulement dans ce pays, on serait déjà aux portes de cette émergence dont on nous parle tant et qui ressemblé hélas à un mirage !
LES LIONS ATTENDUS POUR CONFIRMER
Eliminatoires de la coupe du monde 2022 : Congo / Sénégal à 16 heures
Après avoir battu le Togo en match d’ouverture de la poule H (2-0), l'équipe nationale du Sénégal joue cet après-midi face au Congo-Brazzaville pour le compte de la deuxième journée des éliminatoires de la Coupe du Monde Qatar 2022. Face aux Diables rouges, les vice-champions d’Afrique seront attendus pour obtenir les trois points et récupérer la première place du groupe.
Pour la deuxième journée des éliminatoires de la Coupe du monde, Qatar 2022 zone CAF, le Sénégal affronte à 16 heures le Congo Brazzaville. Tombeurs du Togo en match d’ouverture de la poule H au stade Lat Dior de Thiès (2-0), les Lions seront attendus pour confirmer.
Au stade Alphonse Massamba Débat de Brazzaville, la bande à Sadio Mané aura la lourde tâche de déloger la Namibie leader de la poule après sa victoire devant le Togo (1-0) dimanche dernier. Malgré le contexte difficile, les coéquipiers de Kalidou Koulibaly seront déterminés à remporter cette partie. Même avec l’absence du milieu de terrain Cheikhou Kouyaté, le sélectionneur national dispose de joueurs capables de remplacer le pensionnaire de Crystal Palace.
Avec ses bonnes prestations en club, mais également lors du match contre le Togo mercredi dernier, Idrissa Gana Guèye aura un atout fort à jouer. Buteur face au Togo, Sadio Mané sera sûrement l’un des joueurs clés de l’effectif de Aliou Cissé à surveiller de très près par les Congolais. A domicile, les Diables Rouges joueront pleinement leur chance.
L'entraîneur Paul Put trouve que son équipe peut créer la surprise. «Le match va être difficile, parce que le Sénégal est l’une des meilleures sélections africaines. C’est une équipe qui joue depuis 4 ou 5 ans ensemble, alors que nous sommes en train de construire une vraie équipe pour bien assurer notre futur. Mais de toutes les façons, nous allons jouer avec le cœur en pensant à notre public. On va tout faire pour obtenir un bon résultat. Cela va être compliqué, mais nous ne devons pas avoir peur. Nous allons jouer sans complexe», a déclaré le technicien des Diables rouges. Comme lors de la première journée, les autorités de la Confédération Africaine de Football (Caf) ont décidé que la rencontre se joue à huis clos.
A noter que c’est le Nigérien Mohamed Ali Moussa qui sera au sifflet dans cette rencontre. Il sera assisté de trois de ses compatriotes : Abdoul Aziz Moctar Saley et Abdoul Aziz Yacouba comme juges de touche.
PROTECTION DES FEMMES CONTRE LES VIOLENCES DOMESTIQUES
Deux experts de la Banque mondiale évaluent les lois nationales
La loi est-elle efficace pour protéger les femmes contre les violences ? C’est à cette interrogation qu’Asif Islam, économiste principal et Augusto Lopez-Claros, Directeur exécutif du Forum sur la gouvernance mondiale, ont essayé de répondre. Ces derniers ont d’ailleurs estimé à environ 4 400 milliards de dollars le coût économique des sévices effectués contre les femmes dans les ménages.
La pandémie de COVID-19 a empiré la situation des femmes victimes de violences domestiques. A en croire deux experts de la Banque mondiale, les appels aux lignes d’assistance téléphonique pour les victimes ont augmenté. Asif Islam, économiste principal et Augusto Lopez-Claros, Directeur exécutif du Forum sur la gouvernance mondiale, estiment ainsi qu’il est difficile de mesurer le coût réel de ces violences conjugales, car elles ont des conséquences physiques et mentales qui peuvent subsister très longtemps. Pour autant, soulignent-ils, du point de vue purement économique, le coût de la violence domestique est estimé à environ 4 400 milliards de dollars, soit 5,2 % du PIB mondial, une somme colossale à tout point de vue. Et la hausse des appels de détresse a ainsi poussé ces experts à se demander si les lois sur la violence domestique peuvent protéger les femmes.
Selon Asif Islam et Augusto Lopez-Claros, il y a une relation entre la présence d’une législation sur les violences conjugales et le taux de mortalité des femmes. « Nos travaux montrent que la législation sur la violence domestique joue un rôle effectif. Selon notre hypothèse la plus prudente, ces lois sont associées à une diminution du ratio de mortalité des femmes par rapport aux hommes d’environ 2,27 % de sa valeur moyenne, ce qui se traduit par des centaines de milliers de vies de femmes sauvées », indiquent-ils dans leur étude publiée sur le site de la Banque mondiale. Non sans faire état de la difficulté à trouver des données sur les violences conjugales.
A les en croire, ces informations sont rarement collectées et lorsqu’elles le sont, elles sont fragilisées par le sous-signalement dont ces faits font l’objet. Par conséquent, disent-ils, dans le cadre de leur approche globale, ils ont opté pour des données sur la mortalité qui sont très largement documentées.
Ainsi, déclarent-ils, après avoir complété leurs résultats en analysant les données de l’OMS sur la violence domestique pour 73 pays, ils confirment la conclusion selon laquelle l’existence d’une législation pénalisant la violence domestique est corrélée à une baisse des violences conjugales. En définitive, ils affirment que les femmes représentent environ la moitié de la population mondiale. Et que les lois et les institutions qui améliorent le bien-être des femmes méritent d’être considérées avec une attention prioritaire. «Nos recherches indiquent que l’existence d’une législation sur les violences conjugales peut avoir sauvé de nombreuses vies, peut-être même des millions sur la période étudiée », renseignent-ils.
Il s’agit là d’un progrès remarquable en soi, et qui s’accompagne probablement de bénéfices économiques, laisse-t-il entendre. Bien entendu, ces experts soutiennent que la législation ne règle pas tout et elle doit être envisagée comme un effort parmi d’autres pour protéger les femmes. Au fil du temps, concluent-ils, les lois qui visent à dissuader les comportements nuisibles ou à renforcer des effets positifs contribuent à faire évoluer les normes sociales et, à ce titre, elles constituent un aspect important d’une stratégie globale pour sauver des vies.
INONDATIONS, AUGMENTATION DU PRIX DE CERTAINES DENRÉES, GRÈVES…
La Cnts/FC propose une rencontre entre le chef de l’etat et les organisations syndicales
De l’avis du secrétaire général de la Confédération nationale du Sénégal-Forces du changement (Cnts/Fc), la situation désastreuse que traversent les Sénégalais sur le plan économique, social, sanitaire, éducatif et environnemental est la résultante des conséquences engendrées par la pandémie de Covid-19. Anéanti par cette situation, Cheikh Diop demande au chef de l’Etat de rencontrer les organisations syndicales.
Face à la flambée des denrées de première nécessité, les organisations syndicales les plus représentatives doivent s’impliquer davantage. C’est l’avis du secrétaire général de la Cnts/Fc qui est sorti de son mutisme pour dénoncer la passivité des organisations syndicales face aux nombreux maux dont souffrent les populations. Selon Cheikh Diop, même si tous ces problèmes ont pour nom Covid-19, une meilleure implication des acteurs pourra atténuer la situation. «Les conséquences désastreuses de la pandémie de Covid-19 s’intensifient sur l’économie et le monde du travail au cours de cette troisième vague, plus virulente que les deux précédentes.
A cela, s’ajoutent les inondations qui alourdissent considérablement les difficultés des masses laboratoires», a déclaré le syndicaliste dans une note parvenue à «L’As». Cheikh Diop qui dresse un tableau sombre de la situation actuelle du pays. Une situation caractérisée par la pénurie et la flambée des prix des denrées de grande consommation telles que le riz, l’huile, le sucre, la viande, le poisson entre autres. Ce qui précarise davantage les travailleurs «qui, au même moment, subissent de multiples violations de leurs droits et libertés», aussi bien dans le secteur public comme privé.
En atteste la situation délétère à l’Aps, la Rts, ainsi que dans les mines d’or de Kédougou et de Maka, Fortezza, Twyford, aux grands moulins, à Eiffage marine etc. Dans le domaine de l’éducation, le leader de la Cnts/Fc se désole du blocage du monitoring des accords. Pour ce qui est de la santé, il s’indigne des grèves et protestations qui s’annoncent tous azimuts pour réclamer des droits, de meilleures conditions de travail et le respect des engagements. A cela, s’ajoute l’épineuse question du passif autour de la problématique du système de rémunération des agents de la fonction publique qui est reléguée aux calendes grecques ».
Préoccupée par les effets désastreux de ces perturbations sur le climat social et la vie des travailleurs ainsi que des mesures préventives et urgentes qui devraient accompagner cette situation, la Cnts/Fc demande au Président Macky Sall de rencontrer les organisations syndicales et d’engager son gouvernement à ouvrir des négociations sérieuses dans tous les secteurs conflictuels. En outre, Cheikh Diop et Cie déplorent la non-implication des organisations syndicales les plus représentatives comme membres à part entière dans les travaux du Conseil national de la consommation. Aussi, condamnent-ils l’attitude passive du gouvernement face aux spéculations des importateurs et distributeurs de produits alimentaires, seuls responsables, selon eux, de ces pénuries artificielles ou avérées de certaines denrées vitales.
Cela dit, Cheikh Diop invite les membres de sa centrale syndicale à élargir la réflexion auprès de toutes les organisations syndicales professionnelles, et centrales syndicales sans exclusive, dans une perspective d’unité d’actions, de protestation et de lutte contre l’inflation galopante des prix des denrées de première nécessité et les multiples violations des droits et libertés syndicaux, ainsi que pour le retour du monitoring des accords dans les secteurs en crise et l’instauration d’un dialogue social porteur de progrès.
BARTHELEMY DIAS APPELLE LE PEUPLE A INVESTIR LA RUE
Face à la flambée des prix des denrées de première nécessité, le maire de Mermoz a appelé, dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, le peuple à sortir massivement pour répondre à l’appel à manifester lancé par des organisations de la société civile
Face à la flambée des prix des denrées de première nécessité, le maire de Mermoz a appelé hier, dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, le peuple à sortir massivement pour répondre à l’appel à manifester lancé par des organisations de la société civile. Par ailleurs, Barthélémy Dias a invité le Président Macky Sall à éviter le syndrome Alpha Condé.
La hausse des prix de grande consommation fait grincer les dents et met les ménages dans un supplice sans fin. Afin de mettre la pression sur le gouvernement et d’exiger la baisse des denrées de première nécessité, des organisations de la société civile, notamment “Noo Lank”, ont appelé à une grande mobilisation à Dakar. Se faisant l’écho de cet appel pour le rassemblement prévu vendredi prochain à la Place de la Nation, le maire de Mermoz Sacré Cœur estime qu’il faut face à «l’immoralité» du pouvoir et investir la rue pour faire entendre raison à Macky Sall et son régime. «Je lance un appel aux syndicalistes, activistes, leaders politiques, acteurs de la société civile bref, à toutes les forces vives de la nation, où qu’elles soient, de se mobiliser massivement et de répondre à l’appel du peuple contre la cherté de la vie avec le renchérissement de tous les prix de grande consommation. Il faut manifester et exiger la baisse des prix des denrées de première nécessité», plaide Barthélémy Dias qui considère que les tenants du régime sont plus préoccupé à acheter des avions et à faire des tournées politiques sous un fallacieux prétexte économique que de baisser les prix de grande consommation. Il estime que les mesures prises par le gouvernement ces derniers jours avec la fixation des prix par le ministère du Commerce et des Petites et Moyennes entreprises sont insuffisantes.
Evoquant par ailleurs le processus de révision des listes électorales, Barthélémy Dias a dénoncé la position partisane du ministère de l’Intérieur, de la Direction générale des élections, des préfets, des sous-préfets et des gouverneurs.
«L’UE, LES ETATS-UNIS, LA CEDEAO ET L’UA DOIVENT AVOIR LE COURAGE ET L’HONNETETE INTELLECTUELLE DE NE PLUS RECONNAITRE DE GOUVERNEMENTS ISSUS DE TRIPATOUILLAGE CONSTITUTIONNEL»
S’exprimant par ailleurs sur le coup d’Etat intervenu hier en Guinée, le maire de Sacré-Cœur s’est félicité de la prise du pouvoir par l’armée. Parce que, selon lui, la première instabilité, et le seul pouvant être accusé de fomenter un coup d’Etat en Guinée, c’est le Président Alpha Condé qui était, «une insulte pour la Guinée et une honte pour l’Afrique».
C’est pourquoi, il a dénoncé avec la dernière énergie la posture honteuse, malhonnête, hypocrite et insultante de la France et des différentes organisations sous-régionales africaines et internationales sur la crise guinéenne. «Quand l’Union Européenne et les Etats-Unis ont décidé de ne plus reconnaître de gouvernements issus de coups d’Etat militaire en Afrique, les coups d’Etats ont cessé. Qu’est-ce que cela coûte à l’UE, aux Etats-Unis, à la Cedeao et à l’UA d’avoir le courage et l’honnêteté intellectuelle de ne plus reconnaître de gouvernements issus de tripatouillage constitutionnel. Ce sont ces tripatouillages constitutionnels intervenus au Mali, en Côte d’Ivoire et en Guinée qui ont conduit malheureusement à cette situation que nous vivons en Afrique», tranche Dias-fils.
Considérant que la nouvelle forme de coup d’Etat en Afrique, ce sont les tripatouillages constitutionnels, il a rappelé au Président Macky Sall qui, selon lui, pense avoir le monopole de l’intelligence, que le troisième mandat est également banni au Sénégal.
Par Cheikh Tidiane SY Al Amine
QUAND LES PRIORITES SOCIO-ECONOMIQUES NOUS RATTRAPENT
Le Sénégal est un pays en campagne électorale permanente tant le politique l’emporte toujours sur les autres aspects de la vie nationale, en particulier sur l’économie
Cheikh Tidiane SY Al Amine |
Publication 07/09/2021
Le Sénégal est un pays en campagne électorale permanente tant le politique l’emporte toujours sur les autres aspects de la vie nationale, en particulier sur l’économie. Cette prééminence du politique dans la captation de nos maigres ressources économiques entraîne inéluctablement un dysfonctionnement dans la fixation de nos priorités, surtout en matière de prise en charge des problèmes socioéconomiques auxquels les populations sont confrontées. Ainsi, l’économie de notre pays, déjà fragilisée par plus d’un an de pandémie, souffrira encore longtemps de ses séquelles, dont les premières victimes sont l’entreprise et les ménages. Le patronat et les acteurs syndicaux sont vivement interpellés pour sensibiliser l’Etat sur le diktat du calendrier électoral et sa répercussion sur l’économie.
TROIS ELECTIONS EN TROIS ANS
L’année 2021 est marquée par une préparation frénétique des joutes électorales locales avec des candidatures tous azimuts, sur fond de reconfiguration et de restructuration du landerneau politique avec des jeux d’alliance et de confrontation en ligne de mire. Il est d’usage dans notre pays que l’année précédant les joutes électorales est souvent marquée par une baisse des activités économiques combinée à une orientation politicienne de toute l’action gouvernementale en faveur de projets politiquement rentables. Cette situation transcende les régimes qui se sont succédé depuis les indépendances et concerne aussi bien les pouvoirs en place que l’opposition. Les revendications économiques des partis de l’opposition cèdent leur place à celles électoralistes telles que le fichier électoral, le montant de la caution ou le débat trivial sur la délivrance de certificat de résidence. Entre 2022 et 2024, on assistera à une succession d’élections tenues sur trois années consécutives, au cas où les dates des locales sont maintenues et les législatives tenues à bonne date.
En respectant l’usage en pratique au Sénégal, on risque d’assister à trois années de campagne électorale avec ses conséquences incommensurables sur l’économie de notre pays. Au-delà du coût des élections qui grève le budget de l’Etat déjà déficitaire, la période pré et post électorale a toujours été un moment de tensions sociales avec des répercussions sur le risque pays en matière d’investissement privé. De manière générale, les investissements directs étrangers (IDE) ont tendance à baisser en cas d’incertitude sur l’avenir immédiat du pays. Cela induit des retards dans la mise en œuvre de projets économiques ou leur suspension tout simplement. Pendant ce temps, d’autres projets à vocation politique sont accélérés au détriment de la qualité de services, de la rentabilité économique et de l’efficience dans l’utilisation des ressources. On a assisté dans le passé à l’inauguration d’infrastructures qui ont été livrées plusieurs années plus tard. Souvent, l’accélération des travaux est faite au détriment des études préalables, mais surtout au défaut d’optimisation des coûts des projets économiques.
A titre d’exemple, les estimations budgétaires pour financer certaines infrastructures sont largement dépassées en raison des études inappropriées et des précipitations sur les délais de réalisation. L’exemple de l’inauguration de l’aéroport Blaise Diagne avant date de livraison est encore là pour l’illustrer.
LA PRIORITE DANS L’ORDRE DES INVESTISSEMENTS, NOTRE MAILLON FAIBLE
Notre pays a longtemps souffert de la fixation des priorités en matière d’investissement socioéconomique. L’exode rural qui est l’une des causes de l’urbanisation anarchique de Dakar, est la conséquence de la répartition inégale des investissements sociaux de base entre les villes et les campagnes. Si le régime socialiste a été à l’origine de cette politique qui a conduit au macrocéphalisme de Dakar, les régimes qui lui ont succédé n’ont pas fait mieux, malgré les politiques de décentralisation et de promotion du monde rural. On peut citer les sept merveilles de Dakar du Régime précédent dont trois ont été réalisées (Monument de la Renaissance, Musée des civilisations et Grand théâtre).
Avec le Régime actuel, le PUDC a initié de belles choses pour la promotion du monde rural, mais il a été vite rattrapé par les gros investissements réalisés sur Diamniadio (Dakar Arena, Stade du Sénégal, TER, ou même CICAD réalisé plutôt). Le contexte de la pandémie à COVID19 avec ses conséquences économiques désastreuses à l’échelle mondiale, a montré à suffisance la nécessité de promouvoir la souveraineté alimentaire, d’investir sur un système de santé performant, mais surtout de repenser notre système éducatif.
LA SOUVERAINETE ALIMENTAIRE, UNE PANACEE
La souveraineté alimentaire suppose des investissements massifs pour la modernisation de l’agriculture à la place des investissements de prestige en milieu urbain qui demandent des coûts d’entretien importants, nous entrainant dans le cercle vicieux du déficit budgétaire. Lorsqu’on investit sur des infrastructures improductives, on a tendance à les entretenir avec le budget de l’Etat sous forme de charges de personnel, de frais d’entretien, etc. Tandis que les investissements en milieu rural présentent l’avantage de comporter moins de frais d’approche en matière d’indemnisation des impenses suite aux expropriations pour cause d’utilité publique, tout en étant plus impactant sur les populations en terme création de valeur ajoutée. En somme, la structure de nos économies fait que 1 milliard investi en milieu rural est plus impactant que le même milliard investi en milieu urbain.
Par ailleurs, les investissements tendant à satisfaire la demande sociale en milieu urbain ont l’inconvénient d’attirer encore plus des ruraux en ville à la quête d’un mieux vivre. Cela nous plonge dans le cercle vicieux des problèmes d’aménagement des banlieues avec son lot d’inondations, de précarité d’habitat, de sous-emploi et de chômage. Par contre, investir dans l’économie rurale contribue au développement des chaînes de valeurs agricoles au sens large, avec tous les services connexes permettant de créer des emplois mais surtout, en promouvant une politique d’industrie de transformation.
En réalité, si le Sénégal n’a pu promouvoir son industrie de transformation, cela est dû en partie au manque de matières premières agricoles. Ainsi, aucune filière agricole n’arrive à satisfaire l’autosuffisance alimentaire du pays. Nous avons délaissé l’arachide pour devenir des importateurs nets d’huile alimentaire. La Compagnie sucrière est obligée de combler son déficit de production en important du sucre. Les industries de tomates importent au moins 50% de leurs besoins en matières premières. Nous importons des fruits et légumes de la Hollande et du Maroc pour satisfaire nos besoins en consommation. Les industries minotières et d’aliments de bétails continuent d’importer l’essentiel sinon la totalité de leurs besoins en matières premières (blé et maïs). Les importations de riz, l’aliment de base des sénégalais, ne cessent d’augmenter. Pendant ce temps, au niveau international, on assiste à une flambée des cours des matières premières sans précédent que nos économies extraverties ne pourront pas continuer à contenir.
La vérité des prix s’appliquera forcément et impactera de manière inéluctable le panier de la ménagère. Ce diagnostic sans complaisance des contreperformances de notre économie est la preuve que nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire en matière de souveraineté alimentaire. Il s’agit moins d’un problème de régime politique que de paradigme de développement correspondant à notre système économique. De même, il s’agit moins d’un débat entre altermondialiste et souteneur de l’économie de marché adepte de la mondialisation. Il s’agit surtout d'adopter une stratégie intelligente de développement endogène tout en captant les ressources exogènes à conditionnalité acceptable.
In fine, notre économie est dans un tournant décisif où se jouera à jamais la définition de priorités. Je puis affirmer qu’elle ne sortira pas indemne de trois années électorales consécutives, surtout dans un contexte de pandémie.
Nos entreprises, nos ménages et l’Etat s’en sortiront lessivés et les conséquences nous plongeront dans le cercle vicieux de l’endettement, du déficit budgétaire et d’une pression fiscale plus forte. Pour briser ce cercle vicieux, nos organisations patronales et syndicales doivent mener une sérieuse réflexion pour mesurer le risque sur nos entreprises et amener nos gouvernants à affirmer un courage managérial sans failles basé sur l’optimisation des ressources et du temps. Le temps est une variable ô combien importante que nos politiques, notre Administration publique ne prennent pas souvent en compte dans la mise en œuvre des politiques de développement.
A ce titre, l’unification des élections en une année électorale où tout au moins les législatives et la présidentielle, devrait être une des revendications du monde économique au moment où l’on demande au secteur privé de contribuer aux efforts de résilience et de redynamisation de l’économie. Ce sujet devrait être un point de consensus fort dans les négociations entre pouvoir et opposition. Le dialogue national devrait prendre en compte ces questions d’optimisation du processus électoral afin de le rendre conforme à nos objectifs économiques.
A défaut, le leadership politique et économique pourrait-il être sauvé par une courageuse perestroïka et ce, quelle que soit l’issue politique de 2024 sur laquelle pèsent encore nombre d’incertitudes ?
GUINÉE, LES PUTSCHISTES PROMETTENT UN GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE
Le rendez-vous crucial du lendemain du coup d’Etat en Guinée aura permis aux nouveaux maîtres de Conakry de dévoiler un peu plus leurs intentions
Pas encore de gouvernement en Guinée et aucune date n’est pour le moment pour cette nouvelle équipe qui se voudra d’ouverture pour gérer la transition. Au lendemain du coup de force qui a renversé le président guinéen Alpha Condé, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a reçu hier, lundi matin 6 septembre, tous les membres de l'ancien gouvernement et les responsables des institutions. Il a ensuite, dans un discours, promis la mise en place d'un «gouvernement d'union nationale» et assuré qu'il n'y aurait pas de «chasse aux sorcières». Aussi ces anciens dignitaires du régime de Condé ont-ils été interdits de sortie du territoire nationale dont les frontières ont été partiellement rouvertes et la garde présidentielle invitée à se rendre.
Le rendez-vous crucial du lendemain du coup d’Etat en Guinée aura permis aux nouveaux maîtres de Conakry de dévoiler un peu plus leurs intentions. Selon Rfi.fr, les ministres sortants et les responsables régionaux étaient convoqués hier, lundi 6 septembre 2021, par les putschistes au Palais du peuple pour une réunion dont «tout refus de se présenter sera[it] considéré comme une rébellion», avaientils prévenu. La réunion a été retransmise à l'extérieur du Palais du peuple par des haut-parleurs. À son arrivée, le chef des putschistes, le colonel Mamady Doumbouya a été acclamé. La cérémonie a commencé par une minute de silence à la mémoire des victimes du régime d’Alpha Condé.
LA CONTINUITE DES SERVICES ASSUREE PAR LES SECRETAIRES GENERAUX DES MINISTERES, JUSQU'A LA FORMATION D’UN GOUVERNEMENT
Les plus hauts dignitaires du régime d'Alpha Condé ont répondu présents à la convocation. Le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, le ministre de la Défense Mohamed Diané, le ministre de la Sécurité, le porte-parole du gouvernement, le président de l'Assemblée nationale Amadou Damaro Camara et celui de la Cour constitutionnelle étaient présents. Plusieurs autres ministres ont également participé à cette réunion comme le président de la Haute autorité de la communication Boubacar Yassine Diallo ou encore le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Pour les putschistes du Comité national pour le rassemblement et du développement (CNRD), la présence des plus hautes autorités civiles de la capitale guinéenne signe la prise en compte du coup de force de dimanche et leur adhésion. Ils s'assurent ainsi de l'allégeance de ces figures politiques guinéennes.
Après avoir reçu les hommes forts de l'ancien gouvernement, le lieutenant-colonel Doumbouya a tenu un discours dans lequel il a promis la mise en place d'un «gouvernement d'union nationale». «Les secrétaires généraux des ministères assureront la continuité des services jusqu'à la mise en place du prochain gouvernement», a-t-il précisé. En attendant, les documents de voyage et véhicules de fonction doivent être remis aux autorités. Côté économie, le chef des putschistes a annoncé une concertation «pour écrire les grandes lignes de la transition» et a également demandé aux compagnies minières de poursuivre leurs activités. «À cet effet, les frontières maritimes restent ouvertes pour les activités d’exportation des produits miniers. Le comité assure les partenaires qu’il respectera toutes ses obligations et rappelle son engagement à favoriser les investissements étrangers dans le pays», a-t-il déclaré.
REOUVERTURE PARTIELLE DES FRONTIERES
De son côté, l'opposition à Alpha Condé, en particulier le collectif de la société civile FNDC, attend la libération d'une petite dizaine de ses représentants. Elle avait appelé la population de Conakry à manifester, hier lundi, en soutien «à nos héros injustement détenus à la maison centrale» et qui seront libérés, sans grand succès. Une information non confirmée par le CNRD. Dans un message lu, hier lundi, par le porte-parole de l'Armée à la télévision nationale, les putschistes annoncent que les frontières terrestres et aériennes ont été rouvertes, pour les échanges commerciaux et humanitaires. Les putschistes avaient décrété, la veille dimanche, la fermeture des frontières mais aussi l'instauration d'un couvre-feu dans tout le pays «jusqu'à nouvel ordre». En même temps ils lancent un appel aux éléments de la garde présidentielle à se rendre.
PROMESSE D’UNE «PERIODE DE TRANSITION» ET DE RENDRE «LA POLITIQUE AU PEUPLE»
Toutefois, France24.fr constate aussi, la capitale guinéenne Conakry, habituellement bouillonnante, s'est réveillée au ralenti lundi matin. Les militaires ont dressé, à l'entrée du centre-ville, des barrages contrôlés par des soldats des Forces spéciales assistés de quelques hommes du Bataillon autonome des troupes aéroportées. Des soldats armés et encagoulés interdisaient d'approcher le palais présidentiel. Nombre de magasins sont restés fermés et le marché central de Madina était étonnamment inactif. Le calme était entrecoupé par les applaudissements des quelques résidents sortis dans la rue au passage de véhicules militaires circulant à toute allure. Les militaires affirment vouloir rendre «la politique au peuple». Ils ont proclamé dissoudre le gouvernement, les institutions et la Constitution qu'avait fait adopter Alpha Condé en 2020 et dont il s'était servi pour se présenter la même année à un troisième mandat, malgré des mois de contestations meurtrières. Ils ont promis une période de transition, à la manière du voisin malien, théâtre d'un putsch lui aussi récemment. Déjà dans la soirée de dimanche, ils ont annoncé au journal télévisé remplacer les ministres par les secrétaires généraux de chaque ministère, et les préfets, sous-préfets et gouverneurs de région par des militaires. Ils ont appelé les fonctionnaires à "reprendre le travail dès ce lundi". Leur coup de force surprise parachève des mois de grave crise politique et économique, aggravée par la pandémie de Covid-19, sous la présidence du président Condé, au pouvoir depuis 2010, mais de plus en plus isolé.
LA CLASSE POLITIQUE SENEGALAISE DIVISÉE À PROPOS DU PUTSCH GUINÉEN
Pour certaines personnalités publiques, ce coup de force est un cas d’école qui doit servir notamment de leçon aux chefs d’Etat qui ont des ambitions de faire un troisième mandat
Le coup d’état perpétré par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, Commandant du Groupement des Forces spéciales (GFS) et ses hommes, dans la journée du dimanche 5 septembre dernier contre le régime du président Alpha Condé, a propagé ses ondes de choc au-delà de la Guinée. Au Sénégal, cette intervention de l’Armée a plus que divisé les acteurs politiques et activistes de la société civile.
Le coup d’état perpétré par le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, Commandant du Groupement des Forces spéciales (GFS) et ses hommes, dans la journée du dimanche 5 septembre dernier contre le président Alpha Condé qui exerçait son troisième mandat présidentiel à la tête de la République de Guinée, a été largement commenté au Sénégal. La plupart des hommes politiques, activistes de la société civile, actifs sur les réseaux sociaux, ont publié des textes/postes dans lesquels ils ont exprimé leur position sur ce coup de force des éléments de cette nouvelle unité d’élite de l’Armée guinéenne mise sur pieds et doté d’une puissance de feu qui dépasse, selon plusieurs sources, de loin les autres corps de l’Armée Guinéenne par le président Condé. Dans ces différents messages rendus publics, les premières heures qui ont suivi la diffusion dans la presse en ligne des premières images montrant l’ancien homme fort de Conakry tranquillement assis sur un canapé au milieu des éléments du Groupement des Forces spéciales encagoulés et que nous avons parcourus, forces et de constater que cette intervention de l’Armée guinéenne ne fait pas l’unanimité au Sénégal.
LA CHUTE DU PRESIDENT CONDE, UNE LEÇON ET UN DEFI
En effet, pour certaines personnalités publiques, ce coup de force est un cas d’école qui doit servir notamment de leçon aux chefs d’Etat qui ont des ambitions de faire un troisième mandat. Parmi eux, il y a notamment le tonitruant activiste et leader du mouvement Frapp-France Dégage, Guy Marius Sagna, qui affirme que le cas de la Guinée devait servir de leçon pour l'Armée sénégalaise et pour Macky Sall. Dans un texte rendu public hier, l’activiste se demande «où était Mamady Doumbouya quand le peuple de Guinée était férocement réprimé par Alpha Condé? Parmi ceux qui réprimaient ou ceux qui étaient bastonnés, tués et emprisonnés ?», s’interroge-t-il. Et d’appeler le peuple de Guinée à sortir et exiger rapidement que le pouvoir lui soit rendu, sans délai. En effet, faisant référence au cursus de formation du chef des putschistes, il indique que, «liés à la France, aux États-Unis et au Sénégal, au moins, Mamady Doumbouya n'est pas forcément une bonne nouvelle pour la Guinée». Loin de s’en tenir là, Guy Marius Sagna de marteler, dans la foulée : «quelle leçon pour l'Armée sénégalaise ? Quand on vous dira de tirer sur le peuple du Sénégal qui en aura marre de ce laquais néocolonial qu'est le président Macky Sall, retourner vos fusils sur Macky car il n'a pas droit à être candidat une 3e fois. Quelle leçon pour Macky Sall ?»
Faisant lui aussi prévaloir, encore une fois de plus, sa liberté de ton, l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et l’Innovation, Mary Teuw Niane, a lui aussi publié un poste sur sa page facebook intitulé «L’éthique de la parole donnée est plus forte que la parole éphémère des courtisans!».
Dan ce texte largement repris par les médias, le professeur Niane s’est voulu catégorique. «La chute du président Alpha Condé de Guinée prouve encore que le pouvoir en Afrique est un château de cartes, surtout s’il ne repose pas sur le respect des promesses faites au peuple pour se faire élire, s’il n’améliore pas les conditions de vie des populations, s’il s’impose par la corruption, l’arrogance et l’autoritarisme».
Loin de s’en tenir-là, l’ancien recteur de l’Université Gaston Berger de Saint louis de rappeler, à l’endroit des chefs d’Etat que «l’après-pouvoir est le plus important ! J’admire la sagesse de Nelson Mandela. Oui, après l’exercice du Pouvoir, pouvoir goûter au bonheur de regarder ses concitoyens la tête haute, les yeux dans les yeux. N’est-ce pas le défi de tout élu ! Messieurs les présidents, l’Afrique d’aujourd’hui compte sur vous, relever courageusement le défi !» Pour sa part, le leader de Pastef, Ousmane Sonko, exprimant sa «solidarité avec le peuple de Guinée ! », invite à prier «enfin que ces évènements malheureux servent à assagir les candidats à un troisième mandat suicidaire». «Il y a un an à peine, j’avais alerté, face à la boulimie des ogres politiques qui s’agrippent au pouvoir en Afrique, surtout francophone. Je suis triste pour l’Afrique, pour ces peuples braves et résilients qui ne méritent pas ces leaders… Espérons et prions qu'il n’en soit pas ainsi pour les pays frères de Guinée, Mali et Tchad… », a écrit l’ancien candidat à la présidentielle de 2019.
«UN COUP D'ÉTAT N'EST JAMAIS UNE BONNE NOUVELLE, C’EST UNE ABOMINATION A CONDAMNER, MAIS…»
Contrairement à ces derniers, l’ancien président du groupe parlementaire de la majorité sous la douzième législature, Moustapha Diakhaté, n’est pas allé par quatre chemins pour exprimer son désaccord total avec ce coup de force du Lieutenant-colonel Doumbouya contre le régime de Condé. Dans un texte publié également sur sa page facebook intitulé : «Le Coup d’Etat de Guinée Conakry : une abomination à condamner», Moustapha Diakhaté «condamne avec la dernière énergie» cette prise du pouvoir, en Guinée, par des militaires tout en invitant, dans la foulée, le «président de la République du Sénégal et l’Union africaine à faire montre de fermeté et de ne pas reconnaître le régime mis en place par les putschistes de Conakry». «La place des militaires se trouve dans les casernes et aux frontières pour protéger l’intégrité territoriale de leur pays et non dans une présidence de la République. Il n’y a pas de bons coups d’Etat. Ils n’ouvrent aucune de perspective de transformation sociale ni de consolidation de la démocratie», a-t-il martelé. Abondant dans le même sens, l’ancien ministre de l’Energie, devenu, depuis son éviction du gouvernement, l’un des farouches opposant du régime de Macky Sall, Thierno Alassane Sall estime qu’un «coup d'État n'est jamais une bonne nouvelle. Nous nous réjouissons quand la République est forte et debout. Mais il y a une leçon à tirer : ceux qui dévoient la démocratie et abîment les Institutions sont souvent victimes de leurs propres méfaits».
LE SILENCE ASSOURDISSANT DE MACKY ET AUTRES ANCIENS PM
Cependant, au moment où nous écrivons ces lignes, l’actuel président de la République et quelques personnalités à l’image de ses deux anciens Premiers ministres, Abdoul Mbaye et Aminata Touré, ainsi que le président du Conseil économique social et environnemental (CESE), pourtant très actifs sur les réseaux sociaux, se sont emmurées dans un silence assourdissant depuis l’annonce de cette fin tragique du règne de Condé.