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18 septembre 2025
Par Ibrahima Diakhaté Makama
LE DIMBAAYAA DIAASA OU L'ORPHELINAT À CIEL OUVERT
Le dimba diaassa est donc plus qu’un orphelinat : c’est une sorte de placement d’enfants chez des « mères d’accueil ». Ce qui est remarquable dès lors, c’est que le terme s’oppose au concept de « centre d’accueil »
Les « dimbas groupo » et « toolé kouro » sont des femmes qui accueillent des orphelins sous leur toit. Les dimbas sont de deux ordres : soit elles n’ont pas d’enfants pour raison d’infécondité - ou autre - soit elles ont fini la maternité depuis une ou deux décennies, voire trois et ont accepté ou décidé de recevoir des enfants orphelins chez elles pour devenir désormais leur mère biologique par… procuration. Ce qui implique qu’elles les prennent en charge et les éduquent comme leurs propres enfants.
Le dimba diaassa est donc plus qu’un orphelinat : c’est une sorte de placement d’enfants chez des « mères d’accueil ». Ce qui est remarquable dès lors, c’est que le terme s’oppose au concept de « centre d’accueil » ou orphelinat d’inspiration occidentale. Autrement dit, il y a plus d’humanité en la mère qu’au centre ou orphelinat, avec encore plus de chaleur, d’attention et d’amour. Ces femmes n’ont pas souvent les moyens pour les nourrir. Et, même si certaines dimbas ont un niveau de vie appréciable et pourraient leur offrir luxe voire superflu, en ce qui concerne la nourriture, elles préfèrent se conformer à la tradition bien ancrée dans les consciences populaires du dimbaayaa diaasa - une tradition millénaire - ce en dépit de leur niveau de vie ou rang social.
S’appuyant, du coup, sur le célèbre axiome social selon lequel les orphelins ou enfants de la rue sont ipso facto des fils de toute la communauté, elles se déplacent alors avec leurs calebasses de maison en maison pour que les autres mères les remplissent de mets divers. Ces balades aux allures taquines dans le quartier et aux encablures se font également, à l’occasion de cérémonies traditionnelles comme les jambadongs et autres festivités de prescriptions sociétales. S’il en est ainsi, même si chaque voisin verse, ne serait-ce qu’une poignée d’aliments dans la calebasse, le récipient finit par se remplir. C’est admettre en fin de compte, qu’en vertu de ce célèbre postulat social, la prise en charge de l’orphelin est d’ordre collégial du moment qu’elle incombe à toute la société.
En d’autres termes, le dimbaayaa diaassa se présente, sous ce rapport, comme une sorte d’orphelinat à ciel ouvert. Le type de dimba qui n’a jamais enfanté pour des raisons diverses cherche à exorciser le démon en s’employant à tromper la vigilance des esprits malfaisants. C’est pour ce faire qu’elle joue à la folle et se fait appeler « toolé ». Cette folie, ou plus exactement cette folie simulée, est donc une ingénieuse ruse ourdie contre le diable en vue de détourner son attention maléfique. Si la femme dimba réussit sa fourberie, le démon qui avait décidé de la démantibuler en l’empêchant d’enfanter, cesse alors de la tourmenter.
Distributeur automatique de bonne humeur
Mais, en dehors de la supercherie tramée contre les esprits démoniaques, il y a, en filigrane, une facétie qui joue un rôle sociétal déterminant. Le comique permet de mieux faciliter le contact avec les populations en contribuant pour une large part à briser le mur de sérieux qui sépare les habitants.
La dimba crée une sorte d’hilarante médiation dans la chaine de la stratification sociale. Ce qui fait que, par sa pratique rigolote, elle réussit à créer un espace ergonomique entre des personnes de sexe, d’âge ou de milieu social différents que rien ne disposait à réunir pour la même cause ou commun lieu. Aussi, en sus des vertus de ces ruses antidémoniaque et sociétale, existe-t-il un autre rôle subsidiaire de nature psychologique : dans la mesure où elle éduque des orphelins, la dimba doit toujours être de bonne humeur – d’où son caractère jovial et enjoué. Car, par triviale dynamique de contagion, elle pourrait créer un effet d’entrainement.
Ainsi donc, l’orphelin qui baigne dans une telle ambiance aurait moins de mélancolie parce que n’ayant pas l’occasion de penser à sa situation familiale et de bayoo (entendez : orphelin) au cas où il connait la vérité sur son ou ses parents, par exemple ! Le comique sera toujours là pour détourner les pensées vers des idées positives et festives. Tout compte fait, c’est dire, en d’autres termes, que la dimba ou maman d’orphelin est un distributeur automatique de bonne humeur. Partout où elle passe, la femme « toolé » charrie l’alacrité. Son modus operandi fait partout recettes : son paraître attire attention et son être la convivialité. Elle taquine tout le monde sur son passage et on lui rend bien cette jubilation sociale. La dimba est asticotée de partout si ce n’est-elle qui aguiche n’importe où elle passe.
Le plus souvent, c’est avec un échange rythmique que les cuisinières communiquent avec les dimbaa. L’un des échanges les plus célèbres est immortalisé par l’orchestre emblématique, UCAS. C’est à travers le titre « Dimbaya diassa » que feu Seydou Ndao, accompagné de feu PC Diaïté, a gratifié les mélomanes des échanges harmonieux entre femme dimba, cuisinières et passants. On perçoit mieux ce stratagème à travers cet échange mélodieux : Les cuisinières - Niaamoo bama, kini mondo talla (la maman de l’orphelin, diminue la poignée de riz).
La femme toolé -Taa kéla, nko talla la fong si karfolou baloundi (je refuse, je ne diminue rien afin que je puisse nourrir convenablement les orphelins !) Du fait qu’elle entre de maison en maison, le contenu de sa calebasse est, par conséquent, un cocktail de mets de tout genre : riz blanc, riz rouge, viande, poisson, légumes divers, huile, huile de palme, sauces aux couleurs et saveurs différents. Feu Seydou Ndao a eu à matérialiser admirablement cet aspect du contenu de la calebasse du dimba dans le titre éponyme.
333 TRAVAILLEURS INTÉRIMAIRES INTÉGRÉS EN CDI À DANGOTE CIMENT
L’obtention par ces bienheureux d’une sécurité de l’emploi dans un environnement précaire procède d’une médiation réussie du Haut conseil du dialogue social (HCDS) dirigée par la présidente Innocence Ntap Ndiaye
A la fin des échanges de documents paraphant l’intégration de 333 travailleurs intérimaires en CDI à Dangote Ciment, ce mardi 07 septembre 2021, les délégués de ces derniers ne peuvent se retenir. L’obtention par ces bienheureux d’une sécurité de l’emploi dans un environnement précaire procède d’une médiation réussie du Haut conseil du dialogue social (HCDS) dirigée par la présidente Innocence Ntap Ndiaye.
333 foyers sénégalais seront illuminés ce soir. Des foyers fondés par des travailleurs qui ne portent pas l’angoisse d’un hivernage pluvieux et débordant. Le temps est à l’oubli des difficultés de la vie surtout en cette période de cherté des denrées alimentaires. Ce mardi 07 septembre 2021 sera en tout gravé dans la mémoire de ces 333 travailleurs intérimaires de l’entreprise de sous-traitance C2K Staffing qui ont obtenu finalement une intégration définitive à Dangote Cement à travers un CDI.
Le chemin balisé par le HCDS à travers sa présidente Innocence Ntap Ndiaye ne fut guère facile. Il fut difficile, long et ardu en termes de négociations entre le HCDS, la direction générale de Dangote Cement et les délégués des travailleurs représentés par Sidya Ndiaye, SG de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (FGTS). Ce dernier, présent hier à la cérémonie de signature du protocole portant recrutement des travailleurs intérimaires de C2K, n’a donc pas tari d’éloges à l’endroit de la présidente Ntap Ndiaye. « Ce moment fera date. C’est une révolution pour des travailleurs longtemps dans la précarité de la sous-traitance. Mais c’est surtout le coaching de la présidente Innocence Ntap Ndiaye qui nous a séduit. Elle a été au four et au moulin, de jour comme de nuit. Sa capacité d’écoute nous a permis d’arriver à ce résultat qui permet de montrer à la face du monde qu’on peut bien à travers le dialogue réussir une médiation porteuse d’espoirs pour le monde du travail. Le HCDS est un instrument à soutenir. On sait maintenant ce que vaut le HCDS. Mme la Présidente, vous êtes une grande Dame » a salué Sidya Ndiaye.
Le co-leader d’ « And Gueusseum » a embrayé pour ajouter que, s’adressant toujours 0 Mme Innocence Ntap Ndiaye, que « le bureau exécutif du FGTS vous remercie du fond du cœur pour l’excellent travail que vous êtes en train de mener pour améliorer les conditions sociales d’existence des travailleurs de notre pays. Vous avez bien compris, Mme la Présidente, que le développement économique et social d’un pays doit avoir comme socle : le Dialogue social inclusif et participatif pour permettre aux différents protagonistes de se parler pour mieux se comprendre, se respecter, afin d’installer une paix sociale sans laquelle aucun développement ne peut être durable ». « Aujourd’hui, vous devez être décorée » s’est écrié en conclusion le teigneux syndicaliste Sidya Ndiaye à l’endroit de la présidente du Haut conseil du Dialogue social (Hcds).
Un grand succès du dialogue social
Le directeur des ressources humaines de Dangote Cement, Wally Diouf, s’est surtout réjoui, lui, de la disponibilité au dialogue affichée par toutes les trois parties impliquées dans les négociations. Les 333 travailleurs seront intégrés progressivement, a-t-il précisé. Mais il a rassuré que ce happy end va participer à renforcer les performances de l’entreprise et à installer un climat social apaisé. Pour la présidente du HCDS, le protocole d’accord est un grand succès du dialogue social. « Le recrutement des 333 travailleurs est le fruit de longues négociations et d’échanges entre les différents acteurs impliqués aux côtés du HCDS qui a joué un rôle de médiation. Mais le succès est dû surtout à l’engagement des deux parties à trouver un accord fondé sur de nouvelles bases de relations professionnelles garantissant une compétitivité et une productivité pour l’entreprise » a souligné la présidente Innocence Ntap Ndiaye.
LE MAGAL DE TOUBA SERA CELEBRE CE 26 SEPTEMBRE 2021
Célébrant le départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba
La date officielle de la célébration de l’édition 2021 du Grand Magal de Touba été fixée. Ce sera le dimanche 26 septembre prochain. « Après observation du ciel, le croissant lunaire n’a pas été aperçu. Le marabout nous a donc dit que, puisque nous n’avons pas vu la lune, demain sera le 30ème jour de ce mois. Donc le jeudi sera le 1er jour du mois de Safar. Ce qui veut dire que le Magal sera célébré le dimanche 26 septembre», a indiqué Serigne Abdou Diop imam, qui a livré le Ndigueul de Serigne Mountakha Mbacké, Khalife général des mourides.
Le Magal de Touba revêt un caractère multidimensionnel pour tous les musulmans, en général, et les mourides, en particulier. L’originalité du grand Magal de Touba réside à deux niveaux. D’abord, contrairement à ce qu’on a l’habitude de célébrer, il marque le début de dures épreuves et de souffrances endurées par le Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké durant son exil au Gabon. Ensuite, c’est le Cheikh qui a initié cet événement (à Diourbel) et a recommandé à ses fidèles de se souvenir de ce jour béni durant lequel il a obtenu tout ce qu’il voulait de son Seigneur. « Celui pour qui mon bonheur est le sien, où qu’il se trouve, devra tout mettre en œuvre le jour du 18 Safar pour rendre grâce à Dieu, car, disait-il, mes remerciements personnels ne pourraient suffire pour témoigner ma reconnaissance au Seigneur. »
Le Magal constitue un moment privilégié pour chaque musulman de magnifier, en parfaite symbiose avec le Cheikh, les innombrables bienfaits que Dieu lui a accordés. Cela est conforme aux enseignements coraniques : «Si vous êtes reconnaissants, très certainement j’augmenterai mes bienfaits pour vous. Mais si vous êtes ingrats, mon châtiment vous sera terrible (Sourate 14, Verset 7)». Il est indispensable donc de comprendre le sens véritable et la portée du Magal, de le célébrer conformément aux recommandations du Cheikh, afin de pouvoir bénéficier des grandioses bienfaits accordés au serviteur du Prophète (PSL).
A l’origine, chaque talibé célébrait le Magal là où il se trouvait, pourvu d’être conforme aux recommandations du Cheikh. Avec le temps, le deuxième calife, Cheikh Muhamad al-Fadel, a eu l’idée de rassembler tous les mourides à Touba. Il visait par là le raffermissement de la cohésion de la communauté. Il y avait ainsi des objectifs spirituels, mais aussi des objectifs sociaux (rencontres, échanges, etc.) et économiques dans la mesure où des ruraux venus avec leur production pouvaient les écouler facilement auprès des citadins qui venaient prendre part au Magal.
Un événement qui a favorisé la création d’un courant d’échanges entre les deux groupes, c’est-à-dire les ruraux et les citadins. Tout cela n’était pas absent de l’esprit de celui qui a donné cette forme au Magal, le deuxième Khalife estimant qu’il était très profitable à la communauté de rassembler tout le monde à Touba pour célébrer le Magal.
La particularité de l’événement repose sur l’importance que les Mourides lui donnent car, pour les disciples du Cheikh, le fait de participer au Magal est devenu une composante de sa doctrine.
Par Momar DIENG
GUINEE : LA DÉLINQUANCE CONSTITUTIONNELLE SANCTIONNÉE, À QUI LE TOUR ?
Si la démocratie est considérée comme le moins mauvais des systèmes représentatifs, elle doit pouvoir accepter un aggiornamento dans ses principes fondamentaux qui sont en conflit quotidien avec le réel
Si la démocratie est considérée comme le moins mauvais des systèmes représentatifs, elle doit pouvoir accepter un aggiornamento dans ses principes fondamentaux qui sont en conflit quotidien avec le réel, particulièrement en Afrique de l’Ouest. Elle devrait donc pouvoir tolérer la mise en œuvre de doctrines punitives contre ses fossoyeurs potentiels aveuglés par des appétits de pouvoir irrépressibles. Ce qui se passe en Guinée depuis l’aube de ce 5 septembre 2021 est illustratif de l’immense zone grise qui naît et s’élargit entre le formalisme de textes et lois organisant l’accession, la gestion et la transmission du pouvoir, d’une part, et les pratiques autoritaires et illégitimes auxquelles recourent la plupart des gouvernants une fois le pays et ses institutions entre leurs mains, d’autre part. Ce hiatus n’est pas acceptable. Non seulement il vide de leur sens les serments solennels prononcés par les chefs d’Etat, mais il consacre pour ceux-ci et leurs courtisans un fait qui ruine l’équité et l’égalité des citoyens devant la loi : l’impunité. Ainsi naissent les troubles et les ruptures du fameux «ordre constitutionnel» à géométrie capricieuse…
L’Armée, un garant potentiel
La Guinée de Alpha Condé est un cas morbide de cette dérive présidentialiste sur les flancs de laquelle se forge cette bonne vieille «aspiration à la puissance» dont parle Nietzsche. Au mieux ou au pire, elle finit toujours en chienlit, propageant un système de violences institutionnelles, physiques et morales qui se perpétue grâce à la fidélité marchandée des forces de sécurité et de leurs instruments de répression. Jusqu’à l’essoufflement. A cet opposant historique plein de promesses à l’entame de son magistère en 2010, la sagesse a fait défaut après des décennies de souffrances et d’exil. La brutalité avec laquelle il a détricoté, en sa faveur, les fondamentaux du principe de conservation du pouvoir, au mépris assumé de ses engagements publics devant la Cour constitutionnelle de Guinée, n’a jamais été justement sanctionnée par une «communauté internationale» hypocritement accrochée à un principe de «non-ingérence» qui vaut pour certains et pas pour d’autres. Condé a fini par «normaliser» son pouvoir sans coup férir, emprisonnant des opposants, fauchant des manifestants, dans l’indifférence complice du syndicat privé des chefs d’Etat et des «gardiens du temple» de l’ordre constitutionnel, l’Union africaine, la Cedeao, les Nations unies, en attendant la Francophonie. L’Armée guinéenne l’a rappelé à l’ordre, à sa manière. Et c’est salutaire ! Si des pouvoirs déviants comme celui de Alpha Condé sont assez répressifs pour se maintenir illégitimement au pouvoir en matant toute révolte légitime, si la démocratie et les peuples ainsi trahis ne sont pas en capacité de leur opposer leur propre loi dans l’espace public, il est alors temps que des institutions fortes et transversales comme l’Armée soient en mesure de jouer un rôle plus essentiel que leur confinement dans les casernes. Sous cet angle, la matrice sociopolitique appelée «Armée-Nation» peut devenir là où nécessité fait loi, suivant des modalités à imaginer, un des garants fondamentaux du respect des normes de fonctionnement démocratique de nos Etats. La réalité a suffisamment montré que les institutions ayant la charge de cette mission sont pour l’essentiel corrompues et impotentes, le plus souvent au service du président de la République et de son Exécutif. Ce sont l’Assemblée nationale, des pans entiers de la Justice, les juridictions politiques et administratives, les corps de contrôle, les organes dédiés à l’organisation des élections, etc..
Avertissement sans frais
La Guinée paie aujourd’hui, malheureusement, le prix de ces turpitudes. Avant elle, d’autres pays ont vécu l’enfer à des degrés divers, mais ne semblent pas en avoir tiré des leçons. Certains des maux listés par les putschistes de Conakry pour justifier leur prise du pouvoir semblent avoir encore de beaux jours presque partout dans la région ouestafricaine : manipulation des institutions, politisation outrancière de l’Administration, promotion de hauts fonctionnaires ultra-partisans à la tête de services publics stratégiques, corruption débridée à plusieurs niveaux de l’Etat, capture des systèmes électoraux au profit du parti au pouvoir, impunité garantie aux gens de cour… Un coup d’Etat, qu’il soit militaire ou civil, n’est jamais une bonne nouvelle, et nulle part dans le monde il ne saurait l’être par respect aux choix politiques exprimés par les citoyens électeurs. Mais celui qui vient d’emporter Alpha Condé était un mal nécessaire face à la surdité et à l’arrogance d’un pouvoir illégitime et injuste. La Guinée de 2021 en avait fondamentalement besoin afin que la délinquance constitutionnelle par la ruse, l’absurde et la force cesse de jouir de cette prime à l’impunité qu’est le putsch en cours de mandat. La chute du Professeur, avertissement sans frais pour ceux qui ont encore le temps et la force de réfléchir, ne devrait donc laisser personne indifférent d’entre ses désormais ex-pairs de la Cedeao et de l’Union africaine. Son passage en force pour un troisième mandat inaccessible à un moment l’a poussé à jeter à la poubelle la Constitution qui l’avait mené au pouvoir. Mais lui, ou finit-il vraiment ?
Momar DIENG Journaliste, Impact.sn
«POURQUOI CHERCHER À DÉTRUIRE UN FAUTEUIL SUR LEQUEL ON ASPIRE À S’ASSEOIR ?»
Le roi d’Oussouye dévoile son rôle crucial pour amener l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, leader indépendantiste casamançais, à travailler à faire taire les armes
Olivier Diédhiou, à l’état civil, a été intronisé Roi d’Oussouye en janvier 2000, sous le titre de Sibiloumbaye (Ndlr : Celui qui va amener les bêtes de sacrifice). Il dit avoir été intronisé pour garantir l’avènement de la paix en Casamance. Au cours d’un entretien accordé au journal Le Quotidien dans le bois sacré, il a déploré les violences qui avaient agité le Sénégal au mois de mars 2021, avec des émeutes déclenchées à la suite de l’interpellation de Ousmane Sonko, leader du parti Pastef. De même, le Roi d’Oussouye, avec un calme d’ange, a dévoilé son rôle crucial pour amener l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, leader indépendantiste casamançais, à travailler à faire taire les armes. Le Quotidien a veillé, avant publication, à faire relire le texte de cet entretien au Roi Sibiloumbaye Diédhiou qui, assisté de son conseiller en communication Souleymane Diédhiou, l’a approuvé sans réserve.
Sibiloumbaye Diédhiou, que signifie le titre Roi d’Oussouye ?
Le titre de Roi d’Oussouye est comparable à celui du président de la République
En quelle année avez-vous été intronisé ?
Exactement le 17 janvier 2000
Il se raconte qu’avant votre intronisation, le poste de Roi d’Oussouye était longtemps resté vacant.
Pendant 16 ans, le titre est resté vacant, de 1984 au 16 janvier 2000. Cela, parce qu’à la disparition du Roi Sibacouyane Diabone en 1984, on était dans une situation de conflit armé, les hostilités (Ndlr : guerre d’indépendance déclenchée pour le Mouvement des forces démocratiques de Casamance) avaient déjà démarré en Casamance. Nous avions connu des années difficiles et la tension était telle qu’il y avait une grande insécurité dans la zone. Les sages n’avaient pas voulu introniser un roi pour éviter que l’une ou l’autre partie (Mfdc et Etat du Sénégal) ne voie cela d’un mauvais œil, une sorte de compromission ou de parti-pris. Le Mfdc pouvait croire que si on intronisait un roi, c’était parce qu’on était en phase avec l’Etat du Sénégal et de son côté, l’Etat du Sénégal pouvait suspecter des accointances avec le Mfdc.
Pourtant, en 2000, la sécurité n’était pas totalement rétablie, mais vous avez quand même été intronisé. Comment avez-vous fait ?
C’est un vieux qui, de retour de la récolte de vin de palme, a déclaré aux sages qu’il a reçu la révélation que le temps était venu de désigner un roi, parce que notre terre est sacrée. Selon ce sage, aussi longtemps qu’il n’y aurait pas de roi d’Oussouye, la guerre n’allait pas prendre fin. Les sages avaient des craintes que si un roi était désigné, il soit pris entre deux feux, entre l’Armée et la rébellion du Mfdc. Après le message de ce vieux, les sages sont allés consulter les fétiches, ainsi que les voyants traditionnels. Ces derniers ont confirmé le message du vieux, à savoir que l’intronisation du Roi allait conduire à la paix dans toute la région. Des marabouts ont aussi transmis le même message, que si le Roi d’Oussouye n’était pas intronisé, il n’y aurait pas de paix en Casamance. C’est ainsi que j’ai été désigné, pour que mon règne puisse apporter la paix dans la région. Mon règne est destiné à asseoir la paix définitive, le silence des armes. Mon règne doit consacrer l’avènement de la paix.
Et d’où vient le Roi d’Oussouye ?
Les rois d’Oussouye sont désignés par trois familles à tour de rôle. Mais le trône n’est pas si héréditaire que cela. Les sages se réunissent pour identifier la personne qui doit porter la charge. Si par exemple une personne est désignée sans être la personne indiquée, son règne ne durera pas plus de deux mois. La personne va mourir. Une consultation rigoureuse des esprits est nécessaire. Le jour où le trône quittera ici, il ira au village de Kahinde, la royauté reviendra à la famille Diatta à Kahinde.
Suite à votre intronisation, quelles actions avez-vous entrepris, Majesté, pour assurer la paix ?
Avant toutes choses, nous avons organisé des prières dans le bois sacré, avec forces libations à base de vin de palme et de sacrifice d’animaux. A la suite de quoi j’ai convoqué l’abbé Diamacoune (Ndlr : Augustin Diamacoune Senghor, leader historique du Mfdc), pour des discussions.
Sur quoi portaient ces discussions ?
C’était simple. Il était venu à cette même place. La première chose que je lui ai dite ici, c’est que les gens étaient fatigués de la guerre et qu’il est temps de l’arrêter. Et avant d’entamer leurs Assises (Ndlr : Assises du Mfdc), nous devons nous asseoir pour trouver des solutions durables. C’est après cela que Diamacoune a commencé à calmer ses partisans et à encourager les gens à retourner dans les villages.
L’abbé Diamacoune a-t-il facilement accédé à votre demande ou a-t-il fait de la résistance ?
L’abbé Diamacoune ne pouvait pas refuser ce que je lui demandais. Il est du village de Senghalène, qui fait partie du royaume d’Oussouye. Il est en quelque sorte mon sujet et devrait m’obéir. Quand je lui ai parlé et dès son retour des Assises du Mfdc, il a réagi positivement, et a encouragé les gens à retourner chez eux.
L’abbé Diamacoune n’est plus. Avez-vous des contacts avec les autres chefs du Mfdc ?
Non, je ne connais pas ses autres compagnons. Mais je dois dire que certains émissaires du Président Macky Sall, comme Robert Sagna, venaient parfois me consulter dans le cadre de missions en direction du Mfdc et je les associais à des membres de la Cour royale pour aller rencontrer des responsables du Mfdc dans le maquis.
Quelles relations avez-vous avec les autorités de l’Etat et l’Armée ? De plus, on note qu’il n’y a plus une grande présence militaire dans la région. Comment appréciez-vous cela ?
C’est normal. Lorsque la crise était très forte, on avait un grand nombre de militaires ici. Maintenant, il n’y a plus d’attaques, le climat de confiance revient, l’Armée commence à se replier. Avec les autorités, nous avons de très bonnes relations et sommes complémentaires. Il peut arriver que là où l’autorité administrative échoue, nous autorité coutumière, puissions réussir. Nous travaillons en parfaite harmonie. Quand il y a un problème à un endroit où je peux apporter ma contribution, j’envoie la Cour royale, qui porte mon message, et permet de régler les problèmes.
Nous avons assisté hier (Ndlr : dimanche 5 septembre 2021), à Oussouye, à une grande et belle fête, le «Bônônô». C’était une belle ambiance de fraternité. Comment l’analysez-vous ?
(Large sourire). Cela est une tradition ancestrale. La lutte traditionnelle, les compétitions entre villages, cela fait partie de notre culture. Nous avons pu unifier tout le royaume grâce à la fête de Houmeubeul, qui est organisée sous mon égide. Dès 2001, un an après mon intronisation, nous avons organisé le Houmeubeul ici, pendant 3 jours de festivités. Il y avait à l’époque un climat de tension très vive. Cette fête a permis de rassembler beaucoup de gens. Elle rassemble tous les villages du royaume, généralement pendant la deuxième quinzaine de septembre. Le Houmeubeul est d’abord une fête qui permet de prier pour un bon hivernage, et pour renforcer la paix dans le pays.
Et quand se passera le Houmeubeul cette année ?
La date n’est pas encore fixée. Elle le sera après des cérémonies dans le bois sacré.
La rébellion a causé des douleurs, avec des pertes en vies humaines dans beaucoup de familles en Casamance…
Le roi est comme le chef de famille. Quand les enfants meurent, que ce soit parmi les rebelles ou pas, c’est la famille qui perd, c’est moi le chef qui souffre. C’est pourquoi nous voulons en finir totalement avec la guerre.
La guerre entre le Mfdc et l’Armée semble être derrière nous. Mais au mois de mars dernier, les démons de la violence ont frappé et on a connu de la violence, même dans la région de la Casamance. Comment le Roi d’Oussouye voit-il cette situation ?
Nous avons toujours condamné les destructions des biens d’autrui avec les émeutes du mois de mars 2021. Nous avons aussi désapprouvé les violences à l’Université de Dakar entre les étudiants diolas et sérères. Quel que soit le niveau de mécontentement, il y a des procédures à respecter pour régler les problèmes. On ne peut rien résoudre par la violence.
Cette violence n’a pourtant pas été tellement ressentie au niveau de votre royaume. Comment cela s’explique-t-il ?
Nous avons un respect immense de la vie humaine. Ici, la vie humaine est sacrée. Faire couler du sang est puni de manière forte. Il faut, pour se libérer d’une telle faute, faire de lourds sacrifices et faire un repentir public. Au défaut, la punition est terrible. Nous ne pouvons pas chercher à sortir des affres de la rébellion pour entrer dans d’autres problèmes. Je condamne donc fermement ces violences du mois de mars 2021, les pertes en vies humaines sont intolérables ainsi que la destruction des biens d’autrui. (Ndlr : Son conseiller Souleymane Diédhiou ajoute : Vous pouvez observer que le royaume d’Oussouye a été épargné des violences de mars 2021). (Ndlr : Le roi reprit la parole). Je ne peux tolérer la violence. Et puis, comment détruire un fauteuil sur lequel on aspire s’asseoir ? Cela n’a pas de sens. Ces violences sont totalement inacceptables.
Dans de pareilles situations, une intervention des autorités coutumières et traditionnelles pourrait aussi aider à calmer les esprits. Qu’avez-vous fait en ce sens ?
Oui, et on l’a vécu durant les évènements du mois de mars 2021. Il y a eu une médiation qui a été faite pour demander aux esprits de se calmer et d’en finir avec la violence. On ne peut pas détruire le pays. Déjà que notre pays et notre région sont en retard dans bien des domaines, nul ne devrait en rajouter.
Quelle est votre capacité, en tant qu’autorité traditionnelle, à pouvoir empêcher des pareils troubles à l’avenir ?
Le Roi peut donner un message fort à la communauté, parce qu’il est très écouté. Il a des représentants dans tous les villages. Dès qu’il parle, son message est répercuté dans toutes les communautés et disséqué, et permet de calmer les esprits. Nous réglons ici tous nos problèmes dans le calme.
Quel est, aujourd’hui, le message fort que vous voulez faire passer ?
Le message est que le Sénégal soit uni, que les jeunes prennent conscience que l’on ne doit pas dilapider le peu de ressources que l’on a dans la violence.
Les évènements de mars avaient un soubassement politique. Comment analysez-vous cela ?
Quel que soit le degré de mécontentement, les gens doivent apprendre à garder leur calme et surtout chercher à régler les problèmes par le dialogue, la discussion.
Après ces évènements, avez-vous pu entrer en contact avec les acteurs impliqués ?
Non
Ousmane Sonko est de la communauté diola. N’est-il pas entré en contact avec vous ? Les violentes émeutes ont été déclenchées par ses partisans.
Le seul contact avec Ousmane Sonko a été fait lors de la campagne pour la Présidentielle de 2019, quand ce dernier est passé par ici, pour des salutations. Mais en dehors de cela, aucun acteur politique n’est passé. Si ce n’est, de temps en temps, Aminata Assome Diatta, qui est comme ma fille, et qui est de la région. Elle vient souvent pour des visites de courtoisie.
Vous n’avez pas de contacts directs avec le Président Macky Sall ?
Le président Macky Sall m’a visité au moins à quatre reprises depuis 2012. Chaque fois qu’il est de passage dans la région pour ses activités, il trouve le temps de passer me saluer. D’ailleurs, je dois le remercier pour des gestes à mon endroit et à l’égard de la communauté. Depuis son arrivée au pouvoir, il a doublé l’aide que nous accordait le Président Abdoulaye Wade pour les festivités du Houmeubeul. Abdoulaye Wade m’avait rendu visite en 2000, après mon intronisation. Il m’avait donné ma première voiture à cette occasion. Ses prédécesseurs Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf avaient chacun visité le Roi Diabone (Ndlr : qui a régné de 1957 à 1984). C’était en 1962 et en 1982. Macky Sall m’a offert deux voitures : une pour moi et une autre pour le roi d’Essaout qui dépend de mon royaume.
CES GROUPES DE QUARTIER A L’EPREUVE DU TEMPS
Les groupes «Missal» de la Patte d’Oie, «Waflash» de Thiès, «Ceddo» des Hlm de Dakar, ont disparu de la scène musicale sénégalaise depuis quelques années
Les groupes «Missal» de la Patte d’Oie, «Waflash» de Thiès, «Ceddo» des Hlm de Dakar, ont disparu de la scène musicale sénégalaise depuis quelques années. Pour les deux premiers nommés, leurs lead vocaux, respectivement Woz Kaly et Ma Sané, mènent tous deux une carrière solo en France. Le groupe «Ceddo» qui s’est mué en «Super Ceddo», reste la «propriété» de Khamdel Lô même s’il a tenté un comeback avec son «ami», Abdoulaye Seck. Malgré les difficultés du showbiz, les groupes «Les frères Guissé» et «Touré Kunda», dont les membres sont unis par le sang, ont su conserver leur unité.
Ils ont connu leur temps de gloire. Ils étaient parmi les musiciens aimés par les mélomanes sénégalais. Les groupes Missal de la Patte d’Oie, Ceddo des Hlm de Dakar, Waflash de Thiès ont un dénominateur commun. Des groupes fondés par des jeunes habitant le même quartier. Aujourd’hui, ils ont tous disparu. Les membres se sont dispersés. Chacun a pris son chemin pour mener une carrière solo. C’est le choc des ambitions, un problème de leadership, d’organisation qui entraîne cette fissure-là, analyse le journaliste culturel, Fadel Lô. Il explique : «Ce sont des trucs de quartier. Il n’y a pas de leader, il n’y a pas de chef. Ce n’est pas organisé. D’habitude, tous les trois-là se regroupaient au sein d’une famille pour répéter. Ce sont des gens qui ont grandi ensemble, personne ne va accepter que l’autre soit au-dessus de lui.» Son confrère, Lamine Bâ, rédacteur en chef de Music in Africa en charge de l’Afrique de l’Ouest francophone, corrobore en soutenant qu’en général, avec l’évolution, les aspirations des uns et des autres changent. Donc il devient de plus en plus difficile de trouver des points de convergence. Selon lui, les divergences sur la direction artistique du groupe sont l’une des raisons qui font que les groupes de ce genre peuvent se disloquer. «Il y a aussi la guerre des ego qui peut faire qu’un groupe formé par les membres d’une même famille, vole en éclats. Il peut arriver qu’avec le succès, les ego, la jalousie installent une atmosphère toxique au sein du groupe», ajoute le journaliste de Music in Africa.
Woz Kaly : «On ne peut pas éternellement être dans un même groupe»
Après la séparation, les tentatives de retrouvailles intervenues ne sont pas allées loin. Abdoulaye Seck et Khamdel Lô du groupe Ceddo, qui avaient fini d’officialiser leur «divorce» en 2007, se sont retrouvés. Ils ont même procédé à la refondation du groupe en le rebaptisant «le Super Ceddo». «On a réalisé qu’il nous fallait retravailler ensemble», chantaient-ils en cœur dans un entretien accordé en 2011 au journal L’Observateur. Les deux avaient annoncé un single et un album pour sceller de façon définitive leurs retrouvailles. Mais «le Super Ceddo n’a jamais existé formellement. Ils ont juste joué pendant 6, 7 mois, ensuite, chacun est retourné dans son coin. Ils sont restés de bons amis mais ils ne travaillent plus ensemble. Donc actuellement, c’est Khamdel et le Super Ceddo tout simplement. L’autre le rejoint de temps en temps pour faire des chœurs mais le groupe ne s’est pas réformé en tant que tel», affirme Fadel Lô. Ce dernier rappelle aussi que Khamdel a sorti un album en 2018 seul et il a invité sur deux titres Abdoulaye Bamba Seck. Au groupe Missal également, ils se sont quittés. Ils sont entre les Etats-Unis et l’Europe. Chaque membre a décidé de tracer son propre chemin. C’est ainsi que Woz Kaly s’est installé en France pour y mener carrière tout seul. Lui et ses compagnons d’hier ont certes tenté plusieurs comeback, mais la composition originelle du groupe reste dispersée. En avril 2014, dans un entretien accordé à nos confrères du journal EnQuête, le chanteur, auteur et compositeur, Woz Kaly, disait : «On va revenir. Cela est même très certain. Je suis très sûr de cela.» Sept ans après, les mélomanes attendent toujours que cela se réalise. Au cours de la même entrevue, il assurait que le groupe est toujours là. «Le Missal est un groupe dont les membres sont éparpillés. Moi, je suis dans un projet, pareil pour Samba Laobé et Omar, etc. Mais on est tous des enfants du Missal. Quand on a besoin de nous, comme on l’a fait il y a 3 ans, on revient. On s’appelle, on se retrouve en studio et on fait quelque chose. On ne peut pas éternellement être dans un même groupe. Cela nous fait rater plein de choses alors qu’il y a beaucoup à voir. L’artiste doit être libre.» Le journaliste Fadel Lô ne partage pas l’argumentaire de Woz Kaly. Il persiste et signe que «c’est le choc des ambitions. C’est un lead vocal, il veut voler de ses propres ailes et ils ont toujours l’excuse facile pour dire que ce qu’ils peuvent exprimer seuls, ils ne peuvent pas l’exprimer dans un groupe. Ce n’est pas une première, c’est arrivé à Bob Marley». L’analyse de ce professionnel de l’information ne semble pas convaincre l’artiste Cheikh Guissé, du groupe «Les frères Guissé». D’abord, il pense que les raisons sont multiples, mais c’est principalement le manque d’assainissement du secteur. Il y a également, selon lui, le manque d‘appui et de subventions et la non-application des exigences du statut des artistes. «Tout cela réuni, favorise une certaine précarité et une fragilité. Du coup ce n’est pas tous les groupes qui résistent à ces facteurs et turbulences», soutient le chanteur. Peut-être que ces raisons sont à l’origine de l’éclatement du groupe West african Flash (Waflash) né dans les années 1990 autour du lead vocal Ma Sané mais également Do Sané.
L’argent, pomme de discorde
Aujourd’hui, le groupe qui chauffait les nuits au Palais des Arts à travers un mélange afro-mbalax est en ordre dispersé. Les «baobabs» de cette formation musicale sont en Europe et aux Etats-Unis. Ma Sané est en France, le second lead vocal, Mamadou Yade, s’est installé aux Usa et y mène une carrière solo, le 3e lead vocal, Do Sané, est en Italie. Max Thiam, claviéristeguitariste, vit aux Usa. «On parle seulement de Waflash. Même Youssou Ndour et le Super étoile ont connu une mutation. Le visage que nous avons n’est pas celui du Super étoile des années 80. Les groupes changent et évoluent avec le temps. Certains ont des parcours individuels. C’est comme le Xalam. Mais ce n’est pas cela le plus important», disait-il dans un entretien avec le journal l’Observateur en 2018. Selon Fadel Lô, un autre élément qui peut expliquer ces situations dans les groupes de musique créés dans les quartiers, c’est qu’au moment de leur mise sur pied, au début des années 1990, la musique n’était pas aussi développée, elle n’était pas non plus organisée. Il ajoute que ces groupes n’ont jamais pensé devenir professionnels, parce que ce sont des étudiants qui se sont regroupés un jour ou l’autre pour faire de la musique leur passion. «D’autres raisons comme l’argent peuvent être évoquées. En effet, l’argent a le potentiel d’empoisonner toute relation, il est particulièrement préjudiciable aux groupes de musique de ce genre où tout peut être exacerbé. La motivation, la drogue ou l’alcool peuvent aussi des sources de disparition de ces groupes», note Lamine Bâ, de Music in Africa. A côté de ces groupes aujourd’hui en «éclats», il y a d’autres qui ont résisté à cette tempête qui secoue très souvent les regroupements du showbiz. Mais ils ont une particularité. «Les Touré Kunda» et «les frères Guissé» font partie de cette catégorie. En effet, ils ont été fondés par des membres liés par le sang. «On a toujours été trois depuis le départ, même s’il arrive qu’on fasse appel à des instrumentistes pour nous renforcer selon le format adéquat du type de prestation et de la demande des organisateurs», confie Cheikh Guissé, du groupe «Les frères Guissé». L’ossature de base reste la même, déclare-t-il. «Evoluer dans le même groupe musical que son frère, sa sœur ou son ami d’enfance, comporte bien des avantages. Vous vous connaissez très bien et vous pouvez naturellement vous faire confiance. Votre implication est totale et le plus souvent, régler ou éviter les conflits dans le groupe, est plus facile car vous savez comment réagit chacun dans telle ou telle situation», remarque Lamine Bâ. Cependant il explique qu’«à côté de cette synergie, cette osmose facile à trouver entre amis d’enfance, frères, sœurs, les choses peuvent devenir très compliquées à cause justement des liens très forts qui unissent le groupe. Pour les groupes qui parviennent à rester ensemble, je pense que c’est souvent parce que l’amitié, l’amour y sont véritables, plus puissants que tout». Il poursuit : «Ce sont de vraies bandes d’amis qui parviennent à trouver une vraie osmose. Dans ces groupes, on retrouve de vrais alter ego dans le processus créatif qui arrivent à préserver l’aventure artistique et l’intérêt financier commun. Seules les causes naturelles comme la mort, les forcent à changer les membres du groupe.»
L’exemple du groupe Xalam
Pourtant selon Fadel Lô, même dans ces entités familiales, il y a eu des fissures. Il dit : «Pour les frères Guissé, l’un est parti, Alioune. Pour le Touré Kunda, il ne reste que le Touré Kunda originel. Trois chanteurs sont passés. Amadou Touré, Hamidou Touré, et Ousmane, ils ont tous quitté. Il ne reste que Cheikh Tidiane et Ismaël qui l’ont formé ensemble. Ça se casse tout le temps.» D’après lui, la seule exception c’est peut-être l’exemple du Xalam qui a été une entité familiale, avec Pr Sakhir Thiam au début et les cadets qui ont pris le relais. Et depuis 50 ans, ils sont là.
«LES PERSONNES NON VACCINEES PLUS EXPOSEES AU CORONAVIRUS»
Les personnes qui n’ont encore été vaccinées courent plus le risque d’attraper le virus du coronavirus.
Selon les confidences du Pr Moussa Seydi, chef du Service des maladies infectieuses du Centre hospitalier national universitaire de Fann, lors du point quotidien du ministère de la Santé et de l’action sociale, ce sont les personnes non vaccinées qui tombent malades ces temps-ci. Ce qui l’a amené à dire que «la vaccination doit être au centre de toutes les mesures préventives».
D’après le spécialiste, sur 321 patients admis au Service des maladies infectieuses de Fann entre mars et août 2021, 299 n’étaient pas vaccinées, soit 93% des malades concernés. Et parmi eux, 89 cas sévères ont été notés contre seulement 3 cas sévères chez les personnes vaccinées (7%).
A en croire le chef du Service des maladies infectieuses à l’hôpital de Fann, «la couverture vaccinale dans la région de Dakar se situe à 25% contre 10% au plan national». «Ces chiffres préliminaires et parcellaires ont leur importance», précise-t-il. Mais pour espérer un retour à la vie normale, il faut la vaccination, a conseillé le Pr Seydi, d’après qui aucun décès de personne non vaccinée n’a été noté dans la ville de Touba. Il faut dire que sur 1 829 tests réalisés, 30 sont revenus positifs au coronavirus hier, soit un taux de positivité de 1,64%. Il s’agit de 1 contact suivi, d’un autre cas importé (par Aibd) et de 28 cas issus de la transmission communautaire.
D’après Dr El Hadji Mamadou Ndiaye, 318 patients ont été testés négatifs et déclarés guéris. Cependant, 31 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation et 4 nouveaux décès liés au Covid-19 ont été enregistrés. Depuis l’apparition de cette maladie en mars 2020, le Sénégal comptait hier 73 mille 257 cas déclarés positifs dont 64 mille 582 guéris, 1 812 décès et 6 862 encore sous traitement. Et plus d’un million de personnes ont déjà pris au moins leur première dose de vaccin.
LE REAMOOC VANTE SON PROJET
La crise sanitaire causée par la pandémie de Covid-19 a bouleversé les enseignements dans les établissements d’enseignement supérieur en général et en Afrique francophone en particulier
Réunis les 6 et 7 septembre 2021 lors d’un colloque sur les «Innovations pédagogiques numériques et pistes de solutions aux défis de l’enseignement supérieur en Afrique», les membres du Reamooc ont expliqué les avantages du numérique en cette période de Covid-19, lors d’une conférence de presse virtuelle tenue hier.
La crise sanitaire causée par la pandémie de Covid-19 a bouleversé les enseignements dans les établissements d’enseignement supérieur en général et en Afrique francophone en particulier. Depuis quatre ans déjà, les douze institutions partenaires du projet Réseau africain de développement de Mooc pour l’innovation pédagogique dans l’enseignement supérieur (Reamooc) œuvrent pour créer des dispositifs pédagogiques innovants. Les domaines concernés sont l’informatique, les sciences, la langue, les sciences de l’éducation, les sciences de l’ingénieur, agriculture, etc.
Hier, ses membres ont tenu une conférence de presse virtuelle lors du colloque sur le thème «Innovations pédagogiques numériques et pistes de solutions aux défis de l’enseignement supérieur en Afrique» qui a eu lieu du 6 au 7 septembre 2021. «Les Moocs sont des cours massifs, libres et ouverts. Un enseignant qui est dans sa localité pourrait effectivement s’inscrire aux Moocs si cela l’intéresse. Il fait toutes les activités du Mooc, donc ses capacités sont renforcées à partir du Mooc. Maintenant s’il veut avoir un diplôme, c’est à partir de ce moment qu’il pourrait payer», a expliqué Mamadou Sarr, ancien directeur du Centre de formation à distance à la Fastef, leader institutionnel de Reamooc Ucad.
Selon le coordonnateur du projet Reamooc, Libérat Ntibashirakandi, «il y a deux Moocs transversaux qui ont été développés et qui pourraient intéresser tous les enseignants du primaire, du secondaire». Il s’agit du «Mooc sur la pédagogie universitaire, notamment les méthodes d’enseignement, comment évaluer. Ce sont des thématiques qui seront abordées dans ce Mooc.
L’autre, c’est la scénarisation dans le cours, comment concevoir un enseignement». Les 17 Mooc qui ont été développés seront ouverts au public, principalement aux étudiants des différentes universités, dit-il. Il annonce également que la majorité sera lancée dès octobre, d’autres début novembre. Les retours des apprenants permettront d’améliorer ces Moocs. En fait, la technologie permet de charger les contenus et l’étudiant peut accéder aux contenus sans connexion. Quand il se connecte à internet, il y a une mise à jour automatique si jamais il y a des modifications éventuelles au niveau des contenus. Et toutes les évaluations des Moocs se font en ligne, sauf si la personne veut avoir un diplôme. Là il y aura une composition sur table.
En effet, il y a trois types d’évaluations. Il y a l’évaluation-diagnostic qui permet de vérifier si les prérequis sont maîtrisés pour aborder un cours, il y a l’évaluation formative qui permet aux apprenants de tester réellement si les objectifs d’un cours, d’un module ont été atteints ou pas. Et enfin la formation certificative, à la fin du cours.
Par Yoro DIA
APRES LA BAULE, LA DEUXIÈME VAGUE DÉMOCRATIQUE VIENDRA D’AFRIQUE
La Guinée, l’avant-garde, est devenue l’arrière-garde par la faute de ses dirigeants qui, s’ils ne sont pas des soldats sans aucune vision, sont des politiciens paranoïaques en quête permanente de complots imaginaires
Paradoxalement, la vague de coups d’Etat que nous avons en Afrique de l’Ouest annonce un printemps démocratique, parce que les militaires n’ont pas de forces sociales pour durer et encore moins la complaisance et la complicité de l’Extérieur qui permettaient aux putschistes de tenir entre les indépendances et la chute du mur de Berlin. Des indépendances à la chute du mur de Berlin, le pouvoir était au bout du fusil et du soutien de l’Occident ou de l’Est dans un contexte de guerre froide. Ce n’est pas un hasard, si le sommet de la Baule se tint dans la foulée de la chute du mur, pour faire comprendre aux dirigeants africains que le monde avait changé et qu’il fallait s’adapter en instaurant la démocratie.
Comme dans la plupart des pays africains, la légitimité ne venait pas du Peuple mais dépendait principalement du parapluie militaire et/ou économique français, ils acceptèrent les nouvelles règles du jeu qu’ils comprirent comme un jeu d’échecs. Ils respectèrent toutes les règles du jeu démocratique sauf la règle essentielle : l’élection comme mécanisme de remise en jeu du pouvoir, c’est-à-dire des élections libres et sincères. L’élection changea de nature mais pas de fonction entre le temps des partis uniques et celui de la démocratie. L’élection était restée une simple formalité pour donner un vernis légal au pouvoir. C’est ainsi que les autocrates africains vidèrent de leur substance les engagements pris à la conférence de la Baule, jusqu’à ce que l’ouragan de la révolution burkinabè impose de nouvelles règles du jeu.
Depuis que les Burkinabè ont chassé leur tyran, la page de la Baule (démocratie imposée par l’Extérieur) est fermée parce que dorénavant, les causes et les forces endogènes priment sur la volonté de l’Extérieur. La révolution populaire burkinabè, qui a chassé Compaoré, et celle démocratique du Sénégal en 2000, qui a imposé Wade qui, tout le monde le sait, n’était pas le choix de la France, en sont des preuves.
La première vague démocratique était partie de la Baule pour jeter dans les poubelles de l’histoire les partis uniques, les pères de la Nation, présidents à vie et autres autocrates. La 2e vague est partie d’Afrique, notamment de Ouaga et elle sera plus forte parce qu’elle sera endogène et elle emportera ceux qui ont utilisé l’ascenseur démocratique (Condé) pour arriver au pouvoir avant de le bloquer, mais aussi tous les putschistes qui n’ont pas le sens de l’histoire ou simplement du bon sens. Les thèses culturalistes (la démocratie n’est pas faite pour les Africains) qui ne sont que des théories superficielles et collatérales, vont aussi être emportées par la 2e vague. Les Africains, comme Saint Thomas, ont vu des exemples de démocraties qui fonctionnent et surtout ses vertus. Ce n’est pas un hasard si les pays les plus stables de notre région sont des démocraties qui fonctionnent, à l’image du Sénégal, du Cap-Vert, du Benin et Ghana.
Le Benin et le Ghana, qui ont des traditions de coup d’Etat, sont devenus des pays stables depuis que les règles du jeu démocratique sont devenues le moteur de la vie politique. Le problème, ce n’est pas la démocratie mais les carences de démocrates. C’est toute la différence entre Wade et Condé, qui ont tous deux été des opposants historiques et qui sont arrivés au pouvoir. N’eut été Wade et sa longue opposition, il n’y aurait pas d’exception sénégalaise. Wade qui est un démocrate, avait une ambition pour son pays, alors que Condé en bon despote n’a jamais eu de l’ambition que pour sa personne. Wade a tenté un 3e mandat, les Sénégalais ont réglé la question démocratiquement grâce à l’alternance qui est une respiration démocratique.
Condé a forcé un 3e mandat, cela s’est réglé de façon tragique, avec un coup d’Etat qui esttoujours un bond en arrière. Quand on peut changer de régime grâce à l’alternance, il n’est point besoin de révolution ou de coup d’Etat. C’est pourquoi le Ghana, qui est passé du cycle des coups d’Etat à celui des alternances démocratiques, est train de se concentrer à l’essentiel : la question économique, alors que la Guinée est dans un éternel recommencement. La Guinée, l’avant-garde, est devenue l’arrière-garde par la faute de ses dirigeants qui, s’ils ne sont pas des soldats sans aucune vision, sont des politiciens paranoïaques en quête permanente de complots imaginaires. Rien ne pourra arrêter la deuxième vague, parce que la démocratie n’est plus une greffe occidentale, elle est aussi devenue une demande sociale en Afrique.