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22 juin 2025
LES COMBATS DE FATIME RAYMONDE HABRÉ
La deuxième épouse d’Hissène Habré, condamné à la perpétuité pour des faits commis alors qu’il était à la tête du Tchad entre 1982 et 1990, a depuis longtemps fait sien le combat de son époux
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 08/06/2021
Fatime Raymonde Habré est le premier soutien de son mari, condamné à la prison à perpétuité au Sénégal pour crimes contre l’humanité. Portrait d’une femme influente et volontiers offensive, qui continue de se battre pour son époux.
Ça a été le cas dès leur arrivée au Sénégal lorsque, chassé par les hommes d’Idriss Déby, Hissène Habré se réfugie à Dakar. Et ça l’est encore davantage depuis qu’il a été incarcéré (en juin 2013) puis condamné (en mai 2016) pour « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité », « tortures » et « viols ». Aujourd’hui, c’est elle qui porte, devant les médias et auprès de ses avocats, la parole de son mari.
Ce 25 avril, devant les caméras du média sénégalais Dakar matin, elle revient longuement sur les conséquences, pour le Tchad et la sous-région, du décès d’Idriss Déby Itno, sans cacher sa joie de voir enfin mort celui qui provoqua la chute de son mari et qui fut sans doute, avec le Libyen Mouammar Kadhafi, son pire ennemi. Très en verve, Fatime Raymonde Habré poursuit en accusant le défunt – et une bonne partie de la classe politique sénégalaise – d’être des « pions » et des « valets » de la France, qui auraient ensemble comploté contre son époux.
Théorie du complot
« Comme d’habitude, elle a la bouche qui crache du feu », résume El Hadj Diouf. Lui-même réputé pour avoir le verbe haut, l’avocat sénégalais connaît bien Fatime Raymonde Habré pour l’avoir côtoyée pendant plusieurs années, alors qu’il défendait son époux. « Elle se dit sans doute que la meilleure des défenses, c’est l’attaque, poursuit l’avocat qui a aujourd’hui pris ses distances avec le couple. C’est sa stratégie : diaboliser les autorités et dire qu’elles sont inféodées à la France. Cette théorie du complot, selon laquelle le monde entier conspire contre son mari, c’est elle tout craché. Elle vit dans une sorte de psychose permanente. »
À l’aise devant les médias, prompte à lancer des piques à ses ennemis dès qu’elle en a l’occasion, cette juriste de formation est décrite comme intelligente et cultivée, et pas uniquement par ses proches. « Elle est aussi très informée et bien introduite, notamment auprès des rebelles tchadiens », assure le défenseur des droits humains, Reed Brody. Le « chasseur de dictateurs » américain est l’un de ceux qui ont porté le combat pour que Hissène Habré soit jugé et Fatime Raymonde Habré, qui l’a d’ailleurs surnommé « Reed Bloody » (Reed le Sanglant), lui voue une haine tenace.
Fatime Raymonde Habré et son époux n’ont jamais reconnu la légitimité du tribunal qui jugea et condamna l’ancien président. Tout au long de son procès, Hissène Habré s’est d’ailleurs muré dans le silence. Et si sa première épouse se rendait fréquemment aux audiences, Fatime Raymonde Habré n’y allait pour ainsi dire jamais. Du procès de son mari, qu’elle qualifia « d’inique », elle ne reconnut pas non plus le verdict. Et lorsqu’elle critiqua la justice sénégalaise, le garde des Sceaux d’alors, Sidiki Kaba, rétorqua qu’elle était tout simplement « une bonne épouse qui défend bien son mari ».
Comment peut-on détenir le tiers des réserves mondiales tout minerais confondu et rester le continent le plus pauvre du monde ? Pourquoi le pétrole serait-il une bénédiction pour les pays du Golfe, et une malédiction pour l'Angola, le Nigeria, le Tchad ?
Elles ont bénéficié à la fois de l’ignorance de nos aînés, de leur naïveté, mais également de la cupidité de certains d’entre eux, pour s’accaparer l’immense patrimoine minier dont l’Afrique est dotée, elles ont abusé de leur faiblesse pour leur faire signer des contrats léonins et s’accaparer cette richesse naturelle. Cuivre, cobalt, coltan de RDC, bauxite, or de Guinée, pétrole du Gabon....
L’heure est venue de récupérer ces biens. C’est une urgence. Mais comment ? Quelle est la stratégie ?
VIDEO
EMMANUEL MACRON GIFLÉ PAR UN HOMME LORS D'UN DÉPLACEMENT DANS LA DRÔME
Emmanuel Macron a reçu une gifle de la part d'un homme mardi, alors qu'il était en déplacement dans la Drôme, pour la deuxième étape de son "tour de France des territoires"
Emmanuel Macron a reçu une gifle de la part d'un homme mardi, alors qu'il était en déplacement dans la Drôme, pour la deuxième étape de son "tour de France des territoires".
Emmanuel Macron a été giflé par un homme lors d'un déplacement à Tain-l'Hermitage, dans la Drôme, mardi 8 juin, à la mi-journée, a confirmé l'entourage du chef de l'État, en attestant auprès de l'AFP de l'authenticité d'une vidéo circulant sur les réseaux sociaux. Deux personnes ont été interpellées, a annoncé la préfecture peu après les faits.
Dans l'extrait diffusé sur Twitter, Emmanuel Macron est vu s'approchant d'un groupe de personnes massées derrière des barrières, puis échanger brièvement avec un homme. Saisissant l'avant-bras du président, l'individu semble lui porter ensuite un coup sur la joue, l'entourage d'Emmanuel Macron évoquant une "tentative de gifle". Le chef de l'État a poursuivi sa visite, a indiqué l'Élysée.
Dans cette même vidéo, juste avant la gifle, est hurlé le cri de guerre royaliste "Montjoie Saint-Denis !", ainsi que "À bas la macronie".
Deux personnes interpellées
Deux personnes, dont l'auteur de la gifle, ont immédiatement été interpellées et étaient entendues "par la brigade de gendarmerie de Tain-L'Hermitage", a indiqué la préfecture de la Drôme.
"Les deux hommes interpellés sont deux Drômois âgés de 28 ans, inconnus de la justice", précise Alex Perrin, procureur de la République à Valence. "À ce stade des gardes à vue, leurs motivations ne sont pas connues", a ajouté le magistrat, sans préciser davantage le profil des suspects.
Selon cette source, l'incident s'est produit "vers 13 h 15" après qu'Emmanuel Macron a visité le lycée hôtelier de Tain-l'Hermitage, où il a échangé avec des acteurs de la restauration sur le grave manque de main d'œuvre dans le secteur, à la veille de la réouverture des restaurants en salle.
S'il est parfois pris à partie verbalement durant ses sorties, voire hué et insulté avec virulence comme en 2018 par des Gilets jaunes au Puy-en-Velay, Emmanuel Macron n'avait jamais été agressé physiquement depuis son arrivée à l'Élysée.
Jean Castex appelle "à un sursaut républicain"
Rapidement, les réactions politiques se sont multipliées. Dès le début des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le Premier ministre, Jean Castex, a pris la parole pour dénoncer cette agression. "La politique ça ne peut en aucun cas être la violence, l'agression verbale, et encore moins l'agression physique. J'en appelle à un sursaut républicain, nous sommes tous concernés, il en va des fondements de notre démocratie", a-t-il déclaré."Cette fois-ci vous commencez à comprendre que les violents passent à l'acte ? Je suis solidaire du Président", a réagi sur TwitterJean-Luc Mélenchon. Lundi, le leader de la France insoumise avait dénoncé un appel au meurtre à son encontre après la publication, sur YouTube, d'une vidéo d'un militant d'extrême droite dans laquelle il s'en prend avec armes à feu et arme blanche à un mannequin qui symboliserait un militant de la France Insoumise.
"J'exprime toute ma solidarité avec le président de la République", a poursuivi le député Insoumis Eric Coquerel, rappelant avoir "été agressé en 2018 par des gens qui disaient 'Montjoie Saint-Denis', de l'Action française".
"Je considère ce genre de comportement comme inadmissible", et "profondément condamnable dans une démocratie", a pour sa part déclaré la dirigeante du Rassemblement national, Marine Le Pen. "Il est inadmissible de s'attaquer physiquement au président de la République, à des responsables politiques, mais plus encore au président qui est le Président", a-t-elle insisté, en déplacement à Laxou, en Meurthe-et-Moselle.
"Gifler le Président, c'est gifler la République. Intolérable, inacceptable", a de son côté estimé le patron des députés Les Républicains, Damien Abad.
par Hamidou Anne
GÉNÉRATION CÉSAIRE
Les énarques ont choisi Aimé Césaire comme nom de leur promotion alors que le racisme, la xénophobie et l’islamophobie sont de plus en plus décomplexés en France
L’École nationale d’administration française a une vieille tradition, qui est d’organiser un séminaire d’intégration pour les nouveaux élèves de chaque promotion. Celui-ci se déroule dans la station de ski de Ventron, dans le massif des Vosges. Durant quelques jours, entre pratique de sport et autres activités festives, les impétrants apprennent à faire connaissance. Le clou de ce séjour est le choix du nom de la promotion. Durant toute une nuit, des centaines de noms sont proposés, et à la fin un seul est retenu à l’issue de débats houleux, de discours enflammés et d’un vote pour départager les élèves. Ma promotion avait choisi le nom de Marie Curie, au terme de joutes oratoires épiques qui ont commencé à 22h pour s’achever à 6h le lendemain.
Cette année, les énarques ont choisi Aimé Césaire comme nom de leur promotion. Selon le communiqué de l’école, «en choisissant Aimé Césaire, les élèves souhaitent se placer sous le patronage de ce combattant infatigable de l’égalité, défenseur des invisibles et des sans-voix. Homme de lettres, il s’est battu avec les ‘’armes miraculeuses’’ des mots, et une croyance indéfectible dans les pouvoirs de la parole politique et poétique».
Pour rappel, Emmanuel Macron, lui-même ancien élève de l’Ena, est issu de la promotion Léopold Sédar Senghor. Nous assistons à un clin d’œil de l’histoire. Sous la présidence Macron et après sa décision de fermer l’école, les élèves actuellement en formation s’honorent de la figure de Aimé Césaire, compagnon de Senghor.
Il s’agit aussi d’un choix important en ces temps incertains, où partout la parole raciste, xénophobe et identitaire prend de l’ampleur, où l’autre est déshumanisé et réduit à sa couleur de peau ou à sa foi, où les frontières sont des mouroirs, symboles d’une humanité amputée de la raison, du cœur et de ce que Orwell appelait la «common decency».
Les élites actuellement en formation à l’Ena, malgré les procès d’intention, les raccourcis et les approximations sur le supposé conservatisme de l’école, lancent un message clair qu’il faut savoir décoder. Ils ont choisi Aimé Césaire alors que la France, dans une Europe qui se soumet aux sirènes du nationalisme, surfe sur un climat d’intolérance et d’indexation de l’autre, qui rappelle les tristes années 30. Ils ont choisi Aimé Césaire alors que Eric Zemmour parade quotidiennement à la télé, que les digues politiques entre les partis républicains et l’extrême-droite ont sauté, que Marine Le Pen marche vers l’Elysée, que le racisme, la xénophobie et l’islamophobie sont de plus en plus décomplexés dans le pays. Ce choix des futures élites politiques et économiques rappelle qu’il y a encore un espoir sur la capacité, par le haut, de structurer une réponse à l’intolérance, à la bêtise humaine.
Nos jeunes camarades mesurent la personnalité de Césaire. Ils connaissent l’immensité de ses combats pour la dignité des hommes, notamment les Noirs et toutes les victimes de l’oppression. Militant communiste, poète humaniste, artisan de la Négritude, Césaire peut inspirer un réarmement moral européen, cette Europe dont il disait qu’elle était, par rapport à la colonisation, «moralement, spirituellement indéfendable».
Macron a décidé de faire disparaître l’Ena. Décision aussi curieuse qu’impertinente qui répond davantage à des considérations populistes que rationnelles ; d’où le caractère encore plus historique du choix des élèves qui rendent cet hommage à la figure universelle qu’est Césaire. Le rôle des élites est de se saisir des tumultes de leur époque pour proposer une poétique de l’humanité, qui sacralise, comme le faisait Césaire, l’éthique de l’engagement aux côtés des plus précaires. Cette «Génération Césaire» devra repenser à cette phrase de Césaire, dont elle se réclame de l’héritage : «Je suis de la race de ceux qu’on opprime.»
Demain en responsabilité, pour bâtir un monde plus juste, les élèves de la promotion Césaire ne doivent pas non plus oublier ces mots du poète martiniquais dans le Discours sur le colonialisme : «Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.»
Par Dr El Hadji Abdourahmane DIOUF
SOLHAN NE NOUS EST PAS ÉTRANGER
L’absence du Sénégal du G5 Sahel relève d’une illusion nationaliste de très mauvais aloi que ni la géographie, ni l’histoire, ni la socio-anthropologie, ni le contexte sécuritaire ne justifient
Dr El Hadji Abdourahmane DIOUF |
Publication 08/06/2021
Dans la nuit du 4 au 5 juin 2021, des civils ont été tués, par des hommes armés, dans le village de Solhan de la commune de Sebba, au nord du Burkina Faso. Les informations des dernières heures font état d’un bilan relevé à 160 morts.
La plupart sont des jeunes, à la fleur de l’âge. Ils sont morts par la cruauté et par l’inhumanité de forces aveugles. Nous condamnons fermement cet acte de lâcheté et nous solidarisons du peuple des Hommes intègres, qui subit ainsi l’attaque la plus meurtrière depuis le début des violences djihadistes en 2015.
A ce jour, des efforts ont été consentis pour enrayer la menace dans la région soudano-sahélienne. Mais, nous sommes surpris de la faiblesse de l’émotion institutionnelle africaine, et par-delà mondiale. Cent soixante vies humaines massacrées dans des conditions atroces ne suscitent pas autant d’émoi que pour deux à trois otages tués dans la même région, dans les mêmes circonstances.
Loin de nous toute posture d’une concurrence victimaire malsaine. Un mort est un mort. Il nous touche et interpelle notre humanité. Qu’ils soient Blancs ou Noirs, Africains ou Occidentaux, ces victimes nous renvoient à nos vulnérabilités sociogéographiques certes, mais interpellent aussi nos insuffisances de réponses sécuritaires.
La banalisation des pertes humaines africaines, traitées et considérées comme faits divers encombrants, est une négation de notre contribution à la marche de l’humanité. Que la Communauté internationale ne s’en émeuve que par pétition de principe ; que les médias internationaux n’en assurent qu’une couverture minimaliste passent encore. Mais que nos propres autorités fassent la sourde oreille, se calfeutrent dans une passivité incompréhensible, corrobore le peu d’estime que nous avons de nous-mêmes et dont l’effet miroir conditionne le comportement de nos amis étrangers. Si nous banalisons nos morts, nous ne pouvons nous alarmer du peu de considérations que les autres en font.
L’incontournable Armée sénégalaise…
Ce sont des Burkinabé qui sont tués, dans la zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Ces pays de l’hinterland sont un prolongement et une projection de nous-mêmes. Ils sont tous dans la continuité territoriale du Sénégal. Les peuples sont les mêmes. En ce que nous sommes et ce que nous représentons, nous sommes exposés au même viseur des terroristes et des brigands. Le Burkina Faso attaqué fait sauter les verrous qui nous rapprochent de l’horreur. La Mali infiltré remet en cause nos fondamentaux et met à nu nos fragilités.
Le Niger lointain, écorché, questionne nos faiblesses sécuritaires. Le Tchad est un voisin lointain dont le sort est lié au nôtre. La Mauritanie est une partie du Sénégal qui se définit autrement. Nos carences économiques validées par nos micro Etats sont les révélateurs de nos carences sécuritaires validées par nos micro-armées. L’absence du Sénégal du G5 Sahel relève d’une illusion nationaliste de très mauvais aloi que ni la géographie, ni l’histoire, ni la socio-anthropologie, ni le contexte sécuritaire ne justifient.
Les prouesses de son armée en matière de résolution des conflits et de maintien de la paix, partout en Afrique, placent notre cher pays comme incontournable dans la recherche et l’application de solutions efficaces et durables. Y adhérer et travailler à une approche commune est, plus qu’une urgence circonstancielle, une nécessité fonctionnelle. Voilà, modestement mais inéluctablement, comment le projet d’une approche sécuritaire régionale intégrée et souveraine, aura de meilleures chances d’aboutir, au grand bonheur des peuples. L’activation de notre armée régionale ouest africaine est une urgence, avec en ligne de mire une politique sécuritaire africaine à l’échelle du Continent.
- Dara Jombu Ñu
Par Bara Diokhané Avocat à la Cour
SUNU PATRIMOINE
Au Sénégal, la question du Patrimoine est régie par une loi d’essence coloniale qui a connu une longévité sans précédent sous nos cieux
Au Sénégal, la question du Patrimoine est, au Sénégal, régie par la loi 71-12 du 25 Janvier 1971, fixant le régime des sites et monuments historiques, des fouilles et découvertes. Cette loi d’un autre siècle est aujourd’hui vieille de 50 ans; elle a donc gagné ses galons lui permettant d’être classée aux archives législatives.
Rarement une loi, qui plus est d’essence coloniale, n’aura connu une telle longévité sous nos cieux. Loi d’essence coloniale, disons-nous, car le législateur français avait rédigé́ un texte applicable dans les territoires relevant du Ministère de la France d’Outre-Mer et ayant pour objet la protection des monuments naturels, des sites et des monuments de caractère historique, scientifique, artistique ou pittoresque, le classement des objets historiques, scientifiques ou ethnographiques et la réglementation des fouilles. Il s’agit de la Loi N” 56-1106 du 3 novembre 1956, promulguée à Madagascar par l’Arrêté́ 2714-AP/4 du 29 novembre 1956, L’examen comparatif de la loi sénégalaise de 1971 et celle coloniale de 1956 montre en fait que cette dernière offrait plus de protection que la loi du Sénégal indépendant.
En effet, alors que loi de 1971 se limite à quatre domaines que sont les sites et monuments historiques, et les fouilles et découvertes, celle de l’époque coloniale ajoutait à cette liste les monuments naturels et les monuments “de caractère scientifique, artistiques ou ethnographiques” ainsi que “le classement des objets historiques”, toutes catégories absentes de l’actuelle législation sénégalaise. Mais qu’entend- on par Patrimoine? Ce concept peut d’emblée intimider, car appartenant au vocabulaire des riches, mais il devient plus accessible dès qu’on le traduit en Anglais: Cultural Heritage, c’est assurément plus cool. Selon la définition de l’UNESCO, « Le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. Nos patrimoines culturel et naturel sont deux sources irremplaçables de vie et d’inspiration.”
50 ans après son adoption, que retenir de la loi d’essence colonialiste qui jusqu’á nos jours régit le Patrimoine au Sénégal?
En réalité c’est quelque peu hasardeux d’affirmer que cette loi régit le Patrimoine du Sénégal. D’ailleurs son intitulé indique clairement qu’elle n’en a pas la prétention, précisant sans ambages qu’elle fixe “le régime des sites et monuments historiques, et les fouilles et découvertes”. Couvrant quatre domaines, cette loi omet d’importants pans du Patrimoine, notamment les archives écrites, visuelles et sonores, les photographies, les peintures et sculptures, le règne botanique, zoologiques, la technologie, les manuscrits religieux et profanes, etc….La liste s’allonge de jour en jour, avec l’avancée fulgurante des technologies du 21e siècle…
D’ailleurs, au moment où sont écrites ces lignes, des juristes pointus cogitent sur la création d’un Patrimoine Spatial de l’Humanité, voire d’ un Patrimoine Spatial Culturel.. D’où l’inconvénient de fixer et figer dans le temps ce concept organique de Patrimoine, qui n’est pas simplement historique, mais aussi contemporain; qui n’est pas que matériel, mais également immatériel et humain. Loi désuète ou obsolète, la loi sénégalaise de 1971 est d’ailleurs fréquemment violée en toute impunité. Un exemple récent et choquant, parmi tant d’autres: le déclassement au profit d’une société privée, suivi de la démolition de l’Immeuble Brière de l’Isle, un joyau architectural du Dakar moderniste, classé comme Monument Historique; ou l’érection d’un immeuble grand standing de plus de dix étages, sur les ruines d’une villa de fonctions ministérielle, datant de l’époque de la Fédération du Mali , également classée, Et l’on se demande pourquoi et comment, en un temps record, un promoteur immobilier peut surmonter tous les obstacles administratifs de la demande de déclassement, de l’avis de la Commission Supérieure des Monuments Historiques, de l’arrêté ministériel de déclassement, de l’autorisation de démolition et de l’autorisation de construire?
Et c’est en vain que l’œil curieux du public cherchera des réponses, alors même que celles-ci doivent obligatoirement figurer sur le panneau de chantier, en application des dispositions du Code de Construction. C’est une erreur de considérer la notion de Patrimoine comme un concept abstrait arrimé au passé et à la mémoire, même si cela est nécessaire à la formation d’une conscience historique, notion si chère au Professeur Cheikh Anta Diop, un Patrimoine en lui-même, lui qui, avec W.E.B Dubois, fut désigné par ses pairs comme l’auteur ayant le plus influencé la Pensée Nègre du 20e siècle, lors du Premier Festival Mondial des arts Nègres tenu à Dakar en 1966. Certes des rues et bâtiments universitaires portent son nom. Mais un Sénégalais aura plus de chance d’être expose à ses travaux et enseignements dans les universités d’Amérique ou des Caraïbes. Que d’avantages pour le rayonnement scientifique international du Sénégal, aurait constitué l’érection d’un grand centre d’Egyptologie basé sur les enseignements du savant de Cheytu!
Le Maestro Tambour Major Doudou NDiaye Rose ne fut-il pas, de son vivant, élevé au rang de Patrimoine Vivant de l’Humanité par l’UNESCO? Curieusement son propre pays n’a pas intégré pas cette catégorie dans sa législation nationale! La richesse de sa vie et de son œuvre constitue sans nul doute un Patrimoine historique, artistique et scientifique tels qu’une plaque en son nom, quoique appréciable, ne saurait suffire.
L’Académie de Tambours et Percussions Africains qu’il il souhaitait lui survivre eût été un bon legs pour les générations futures, du monde entier. Au-delà de la reconnaissance honorifique, découlant d’un classement, un Patrimoine exige plusieurs choses, et implique plusieurs secteurs de manière transversale. En effet le classement d’un bien culturel au patrimoine requiert que des moyens consistants soient mobilisés pour sa préservation, sa conservation, sa restauration, son enseignement, sa promotion nationale et internationale. Une fois ces moyens mis en œuvre, et avec une gestion éthique, les retours sur investissements seraient considérables sur les plans non seulement mémoriel et historique, mais aussi sur les plans économique, social, diplomatique, culturel et scientifique.
En conséquence, une politique intelligente du patrimoine est pourvoyeuse d’emplois, car impliquant plusieurs professions dont les archéologues, les architectes, les douaniers, les guides, les centres de formation, les conservateurs de musées et de sites, les marchands, les collectionneurs, les transporteurs, les assureurs, les imprimeurs, etc…Avec les nouvelles technologies, avec en vue l’implication des jeunes, le Patrimoine est une ressource et une source de créativités (jeux video, 3D Printing, films, littérature, etc) Mais à quoi bon une nouvelle législation si l’existante est constamment violée en toute impunité?
La nouvelle législation qui remplacera celle de 1971 devrait être précédée d’enquêtes et d’études sur les causes et conséquences des abus et de l’impunité de l’ancien système, afin de prévoir les dispositions idoines à même de la rendre applicable. En ces temps de globalisation, de l’ère de l’Intelligence Artificielle et de la Réalité Augmentée, les enjeux du Patrimoine de l’Afrique, berceau de l’humanité et des civilisations, sont critiques. Un pays comme le Sénégal, qui, malgré sa petite taille et sa pauvreté, abrite pas moins de 7 sites classés au Patrimoine Mondial de l’Humanité a une carte importante à jouer, encore faudrait-il qu’il se dote d’une législation moderne, sous la forme d’un Code du Patrimoine, et se mette en conformité avec les exigences technologiques du 21e siècle, et avec les législations internationales, notamment la Convention UNIDROIT qui permet à ses Etats membres de réclamer la restitution automatique des biens culturels illicitement volés ou exportés vers tout Etat membre, au besoin par la voie judiciaire.
L’adhésion a cette convention permettrait au Sénégal de se passer des messes Macroniennes qui n’ont produit qu’un sabre, fût-il celui de l’illustre Elhadj Omar, car l’essentiel du butin provenant des colonies n’a toujours pas été répertorié, encore moins restitué. Le Sénégal pourrait même être plus ambitieux et plus innovateur, en engageant le chantier d’un Code de la Culture, lequel, non seulement organiserait le Patrimoine, mais inclurerait aussi les Industries Culturelles, le Statut des Créateurs, les Droits d’Auteur, etc… Les mines et puits de pétrole ne sont pas plus importants que le Patrimoine.
«DAKAR A TOUT LE POTENTIEL POUR REUSSIR LE FORUM MONDIAL DE L’EAU EN MARS 2022»
Le patron du Conseil mondial de l’eau n’est pas à son premier séjour à Dakar. Et celui de ce mois de juin ne sera pas le dernier. Puisque Loïc Fauchon veut que Dakar gagne le pari de l’organisation de ce Forum gigantesque à tous les niveaux.
Loïc Fauchon, le président du Conseil mondial de l’eau (CME) est persuadé qu’il y aura un avant Dakar et un après Dakar du Forum mondial de l’eau prévu dans notre capitale du 21 au 26 mars 2022. Seulement voilà, en direction de cette échéance, le temps presse. Mars 2022, c’est demain. Dakar doit réussir son forum gigantesque puisque près de 15.000 personnes sont attendues dans notre capitale pour assister à ce grand événement. D’ores et déjà, environ 800 organisations internationales et nationales travaillent à la préparation du Forum. De nombreux chefs d’Etat, mais aussi de grands leaders politiques, près de 400 parlementaires sont attendus à Dakar. En mars 22, le Sénégal sera la capitale du monde. Loïc Fauchon est persuadé que Dakar a le potentiel technique et humain pour réussir son Forum.
Le patron du Conseil mondial de l’eau n’est pas à son premier séjour à Dakar. Et celui de ce mois de juin ne sera pas le dernier. Puisque Loïc Fauchon veut que Dakar gagne le pari de l’organisation de ce Forum gigantesque à tous les niveaux. Un brassage humain et organisationnel qui cherche à battre le record du dernier sommet de Brasilia en 2018 où près de 142 délégations ministérielles étaient présentes. « Pour le Sénégal, le Forum mondial de l’eau est une opportunité extraordinaire. Le Sénégal sera la capitale mondiale de l’eau. Toute notre ambition est permettre un débat riche et fécond sur les questions d’amélioration des conditions d’accès à l’eau partout dans le monde. L’image du Sénégal sera au centre du monde qui va recevoir autant la jeunesse, des leaders, des chefs d’Etat, des organisations. Bref près de 15.000 personnes » a indiqué Loïc Fauchon ce vendredi lors d’un entretien avec des journalistes.
Ce succès, le président du Conseil mondial de l’eau, le Français de Marseille est persuadé que le Sénégal pourrait l’engranger parce que, jusqu’ici, notre pays a montré à travers son comité local dirigé par l’ingénieur Abdoulaye Sène et surtout avec le soutien du président Macky Sall qu’il a un potentiel technique et humain pour relever ce grandiose pari événementiel. « L’engagement du président Macky Sall a été sans faille. Il y a cinq ans, lorsqu’il s’agissait de désigner le Sénégal pour abriter le Forum, il nous a demandé d’y aller. Immédiatement, il a pris toutes les grandes décisions pour matérialiser le Forum de Dakar. Certes, la pandémie de la covid-19 a beaucoup ralenti le processus. Le sommet devait se tenir en mars 2021. Mais nous pensons que le report a été aussi une opportunité puisqu’il nous a permis de mieux affiner les choses. Nous voulons désormais accélérer la cadence parce que mars 2022 arrive très vite. Nous présageons que, dans la capitale sénégalaise, nous aurons un avant-Dakar et un après Dakar parce que nous sommes convaincus que le Forum Dakar sera un énorme succès parce que les Sénégalais impliqués dans la préparation sont très compétents et que le Sénégal a une belle communauté de l’eau » indique Loïc Fauchon. L’ancien directeur du Groupe des Eaux de Marseille estime que le Sénégal doit exprimer ses capacités, en plus des succès enregistrés avec l’OMVS et d’autres réussites, à cette occasion. ’’C’est le monde entier qui va venir à Dakar pour participer au Forum mondial de l’eau, et il faut que le Sénégal puisse exprimer ses capacités, car il n’y a pas que l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) comme succès. Il existe beaucoup d’autres choses qui ont été faites à l’intérieur du pays.
Le Sénégal va recevoir le reste du monde et devra aussi s’inspirer des solutions faites en Inde et en Amérique du Sud et ’’les copier’’ selon M. Fauchon. Il dit avoir a donné l’exemple de l’OMVS au président d’Egypte, Abdel-Fattah Al Sissi, en lui disant que ’’le Sénégal n’a pas utilisé le fusil pour régler des problèmes liés à l’eau en accord avec ses voisins’’, allusion au différend entre l’Egypte et l’Ethiopie sur la gestion des eaux du Nil. Selon lui, le problème lié à la construction du barrage ’’Renaissance’’, en Egypte ne se réglera pas par les armes, mais par le dialogue entre le pays et ses voisins que sont le Soudan et l’Ethiopie.
Rôle de persuasion du Conseil mondial de l’eau
Le Conseil mondial de l’eau est structuré autour de 400 organisations membres et 60 pays répartis à travers les 5 continents. Le Conseil mondial de l’eau s’est donné pour rôle de convaincre les pouvoirs politiques locaux et internationaux à accroître les ressources en eaux et d’assurer un rééquilibrage de la disponibilité des ressources hydrauliques, a précisé le président Loïc Fauchon. ‘’Notre rôle est de convaincre les pouvoirs politiques à travers le monde, ceux internationaux comme l’ONU, la Banque Mondiale et les grandes agences, ceux nationaux, à travers les Etats mais aussi locaux, car les villes ont de plus en plus de responsabilités en matière d’eau’’, a notamment indiqué M. Loïc Fauchon. Il faut convaincre toutes ces organisations et toutes ces autorités, estime-t-il, parce que la quête de l’eau, la satisfaction des besoins hydriques et l’accès à l’eau relèvent d’une décision politique. Le rôle et le combat du Conseil mondial de l’eau se résument aussi à l’accroissement des ressources en eau et à une rationalisation de sa consommation.
Le président du Conseil mondial de l’eau a insisté sur la nécessité d’œuvrer pour rééquilibrer les ressources en eau, en produisant beaucoup plus d’eau et en consommant moins et mieux cette ressource. Surtout au moment où un Etat américain comme la Californie a soif actuellement et manque cruellement d’eau ! ‘’C’est cela l’enjeu du forum de Dakar, c’est-à-dire apporter des réponses concrètes aux populations qui vont résoudre les problèmes et non des discours’’, a encore analysé l’ancien directeur de cabinet du défunt tout-puissant ministre maire de Marseille, Gaston Deferre. Le président Loïc Fauchon s’est désolé du fait qu’il existe encore une inégalité dans la consommation d’eau dans le monde, en précisant par exemple qu’ « un Américain consomme 180 litres d’eau par jour et par personne, 150 à 180 litres pour un Européen et 20 litres pour un Palestinien ». Il a dans le même temps appelé à faire en sorte de combiner les progrès technologiques à celles politiques. ‘’Les solutions technologiques que sont le dessalement de l’eau de mer, la réutilisation des eaux usées, les transferts d’eau sur de longues distances et le pompage profond sont maîtrisées et assez coûteuses parfois’’, a-t-il ajouté.
Quatre priorités pour le sommet de Dakar
Le Forum mondial de l’eau se déroulera autour de quatre priorités déjà définies par le pays hôte et le Conseil mondial de l’eau, selon Loïc Fauchon. Il s’agit de la « Sécurité de l’eau et sécurité sanitaire », « Coopération », « L’eau pour le développement rural » et « Outils et moyens ». Autrement dit de la sécurité de l’eau, de l’importance à donner aux solutions en milieu rural, des éléments d’une meilleure coopération internationale et des innovations pour l’eau dans les années à venir’’ selon Loïc Fauchon appréciant les thématiques. La ville de Diamniadio, dans le département de Rufisque, abritera les rencontres officielles. Des activités ’’Off’’ sont également prévues un peu partout dans la capitale et sa région.
L’eau est en souffrance et en danger dans le monde
Le président du Conseil mondial de l’Eau, Loïc Fauchon, tient d’ores et déjà à alerter sur ’’la souffrance’’ et ’’le danger’’ auxquels fait face cette denrée précieuse ’’partout dans le monde’’. ’’L’eau est en souffrance et en danger, à cause de l’homme qui la fait souffrir partout dans le monde’’, a-t-il dit dans un entretien accordé à des journalistes. Pour expliquer cette souffrance, Loïc Fauchon a cité en exemple la nouvelle crise de l’eau en Californie, aux Etats-Unis. Il a fait savoir que cet Etat, ’’le plus puissant’’ des Etats-Unis et qui renferme des villes comme Los Angeles, San Francisco, la Silicon Valley et plusieurs autres atouts ’’a soif et n’a plus d’eau’’. ’’Cet Etat est en déshérence hydrique, tout simplement parce que depuis un siècle, l’homme a abusé de l’eau, de son pouvoir sur ce liquide précieux en multipliant des usages concurrentiels avec la poussée des villes, les productions agricoles, l’industrialisation, sans se soucier de voir que les nappes phréatiques s’enfoncer et les rivières s’assécher vite’’, a précisé M. Fauchon, président du Conseil mondial de l’eau depuis 2005. L’ancien maire de Trets, une ville voisine de Marseille, a souligné que cette situation n’est pas liée au dérèglement climatique, mais qu’elle résulte ’’de la démographie, de l’urbanisation sauvage, des pollutions que cela crée et de l’élévation des niveaux de vie avec des voitures qui consomment beaucoup d’eau’’. Selon Loïc Fauchon, cette crise de l’eau en Californie est ’’un exemple impressionnant et étonnant’’ qui doit faire prendre conscience tout le monde, ajoutant que ’’l’Angleterre, l’Inde, la France et le Brésil aussi traversent de graves crises de l’eau’’. Que dire alors dans ces conditions des pays du Sahel ?
Par Abdoul Aly KANE
EUROBONDS, FINANCEMENT D’INFRASTRUCTURES OU CAVALERIE FINANCIERE ?
La levée par le Gouvernement de 775 millions d’euros en Eurobonds sur le marché obligataire international, à un taux d’intérêt annuel de 5,375 % et une durée de 16 ans, a été abondamment commentée par les médias
La levée par le Gouvernement de 775 millions d’euros en Eurobonds sur le marché obligataire international, à un taux d’intérêt annuel de 5,375 % et une durée de 16 ans, a été abondamment commentée par les médias ; elle a été considérée comme un grand succès mettant en relief la crédibilité de la signature de notre pays sur ce marché. Les besoins de financement invoqués à l’appui sont le rachat par anticipation de 70 % de l’émission de 2014 (expirant en 2024) et le renforcement des fonds propres de l’Etat pour le financement des projets pétroliers et gaziers en cours.
Il faut rappeler que le recours à ce type de financement n’est pas nouveau. En effet, le Sénégal a précédemment levés 200 millions de dollars d’eurobonds en 2009, 500 millions de dollars en 2011, 500 millions de dollars en 2014, 1,1 milliard de dollars en 2017, et 2,2 milliards de dollars (avec rachat Eurobond 2011) en 2 tranches, la première tranche d’un milliard d’euros et la seconde d’un milliard de dollars en 2018, à des conditions de taux allant de 9,25 % en 2009, à 5,375 % en 2021 , et pour une durée comprise entre 5 et 30 ans.
Le succès de l’opération est à relier au fait que la crédibilité de la signature du Sénégal tient à divers paramètres que sont : les notations des agences internationales adossées aux analyses du FMI et de l’UEMOA sur le profil de l’endettement et l’observance des critères de bonne tenue de l’économie, les perspectives de l’exploitation à très court terme du pétrole et du gaz et des flux financiers qu’elle va générer, les garanties que constituent les clauses d’action collective des contrats d’émission, en particulier celles qui prévoient des schémas de restructuration en cas de défaut de paiement. Toutefois, en la circonstance, le type de financement choisi ne nous parait pas être opportun et adapté aux besoins exprimés.
La destination des fonds levés
En gestion financière orthodoxe, l’affectation des ressources devrait être intrinsèquement liée à la nature de l’emploi pour lequel elles ont été levées. De ce point de vue, les investissements improductifs ou à caractère social, dont il n’est pas attendu un retour direct en revenu, devraient être essentiellement financés sur ressources concessionnelles à conditions douces. En revanche, les investissements en infrastructures marchandes (comme l’autoroute à péage) dont on attendrait des flux financiers futurs pourraient être financés par des ressources plus chères. Les investissements annoncés n’étant pas directement marchands, leur financement par émission d’eurobonds ne nous parait absolument pas approprié.
Emprunts pour investissement ou cavalerie financière ?
Il y a de plus en plus une propension des Etats africains à recourir à ce marché obligataire, du fait de la facilité d’accès qu’il permet. Dans un contexte de surliquidité du marché international des capitaux imputable au ralentissement économique mondial, les investisseurs/souscripteurs, en mal de placements rémunérateurs, cherchent une alternative à la faiblesse des taux d’intérêts servis sur les marchés européens (souvent inférieurs à 2 %). Dès lors, les Etats africains, qui ont accepté par le passé des taux d’intérêt compris entre 5 et 8 % sur le marché obligataire, offrent des perspectives de rendement plus intéressantes en matière de produits de trésorerie. Les risques de défaut de paiement encourus sont de mieux en mieux perçus par des souscripteurs plus motivés par les intérêts à percevoir. La prudence devrait être de mise en matière d’émissions d’Eurobonds souscrits par des investisseurs institutionnels (Compagnies d’assurance, Caisses de dépôts et de Consignation) très liquides, et dont la motivation est le confort de leurs marges financières. Ces émissions sont libellées en devises (avec le risque de change qui s’y attache), plus onéreuses et d’une maturité plus courte que les prêts concessionnels habituels des institutions financières internationales. Les utiliser pour rembourser l’encours d’une émission précédente pourrait conduire à terme à de la « cavalerie financière », en cas de difficultés de paiement.
La dette de nos Etats, concessionnelle à l’origine, est de plus en plus « privée », ce qui rend les débours de paiement d’annuités et de coupons d’intérêts plus pesants pour les Trésors nationaux, du fait de conditions plus contraignantes en charge d’intérêts et en durée. L’émission d’obligations eurobonds devrait être utilisée de manière exceptionnelle, et strictement réservée au financement d’infrastructures marchandes et non au remboursement d’émissions précédentes dont on aurait des difficultés à honorer les échéanciers fixés.
PAR Moustapha Boye
LE SÉNÉGAL SOUS PERFUSION PERMANENTE DU FMI ET LA BANQUE MONDIALE
Pourquoi ces emprunts tous azimuts si les caisses du Trésor public n’étaient pas vides ? Le pays a tout de même levé la semaine dernière 775 millions d’euros en Eurobonds dont les 70 % ont servi… à rembourser un précédent Eurobond
350 milliards de Fcfa ont été accordés hier par le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) à notre pays dans le cadre de la facilité de crédit. Vendredi dernier, déjà, le Sénégal avait reçu de la Banque mondiale près de 150 milliards de frs. Selon le ministre des Finances et du Budget, 484 milliards de frs sont attendus de la Banque mondiale au courant de l’année fiscale 2021. Un montant record. Certes, au plus haut niveau de l’Etat, l’on nie une mise sous ajustement structurel de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Mais au rythme de perfusion financière effrénée noté ces derniers temps de la Banque mondiale et du FMI, on ne peut écarter une telle hypothèse de mise sous tutelle de notre pays quand on sait que les prêts de ces institutions sont liés. C’est-à-dire que l’emprunteur n’est pas libre de leur utilisation. Et puis, si les caisses du Trésor public n’étaient pas vides, le Sénégal recourrait-il tous azimuts à ces emprunts ? Il convient de ne pas oublier, en effet, que notre pays a levé la semaine dernière 775 millions d’euros en Eurobonds dont les 70 % ont servi… rembourser un précédent Eurobond !
Les autorités ne veulent pas l’admettre mais c’est la triste réalité. Le Sénégal est quasi-retourné sous la tutelle des institutions de Bretton Woods. Le Gouvernement peine à faire redémarrer son économie qui se remet difficilement des effets de la Covid-19. Malgré le recours intempestif au marché financier domestique, c’est-à-dire sous-régional de l’Uemoa, et tout dernièrement aux Eurobonds (508 milliards de frs), notre pays confronté à la demande sociale frappe avec insistance aux portes du FMI et de la Banque mondiale. Ce lundi 07 juin, le Conseil d’administration du FMI a encore volé au secours du Sénégal. Une nouvelle perfusion financière d’un montant de 350 milliards a encore été obtenue de l’institution de Bretton Woods.
Elle survient après les 150 milliards (dont une partie sous forme de don) décrochés ce vendredi par le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, auprès de la Banque mondiale pour le programme gouvernemental « accélérer la compétitivité et la création d’emplois » et le projet de gestion des eaux fluviales et d’adaptation au changement climatique. Très prochainement le Sénégal recevra de cette même institution de Bretton Woods pour l’acquisition de vaccins contre la Covid-19, 72 milliards de francs CFA dont la moitié, soit 36 milliards, sera sous forme de don, donc sans remboursement. A cela s’ajouteront des ressources pour le Cadastre et la sécurisation foncière à hauteur de 80 millions de dollars, soit 43 milliards de francs CFA dont la moitié sera un don ; 15,7 millions de dollars, soit 8,4 milliards de francs CFA en soutien au pastoralisme. La Banque mondiale va aussi appuyer le Sénégal à hauteur 59 milliards de frs pour le programme de bourses de sécurité familiale. Sur ce montant près de 38 milliards en don.
Autrement dit, pour aider ses citoyens les plus démunis et vulnérables, et donc faire du social, le Sénégal va s’endetter ! ce même si, encore une fois, une partie des sommes obtenues ne sera pas remboursable. Mais quand même, faire du social alors qu’on n’en a pas les moyens, quelle curieuse conception de l’économie… « Au total, le Sénégal conclura 898 millions de dollars, soit environ 484 milliards de francs CFA de financement avec la Banque mondiale durant l’année fiscale en cours, un montant record » s’était réjoui — plutôt que d’en pleurer - Abdoulaye Daouda Diallo devant Nathan BELETE, Directeur des Opérations de la Banque mondiale au Sénégal.
350 milliards de frs pour soutenir la reprise « forte » et créatrice d’emplois
L’accord de financement d’une durée de 18 mois, conjugué à l’instrument de coordination de la politique économique, fournira un point d’ancrage des politiques économiques pour la prochaine phase de la riposte des autorités face à la COVID-19 et soutiendra une reprise forte et créatrice d’emplois. « Bien que l’horizon à moyen terme demeure prometteur, les perspectives macroéconomiques pour 2021 sont sujettes à des risques en raison de la prolongation des effets de la pandémie et de la hausse des prix des produits de base » a indiqué le Gouvernement dans un communiqué de presse.
« La pandémie de COVID-19 a frappé l’économie sénégalaise de plein fouet et mis de nombreux ménages en difficulté, en particulier ceux qui travaillent dans l’économie informelle. La croissance en 2020 est estimée à 1,5 %, grâce à des récoltes record, malgré une sévère contraction dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, du tourisme et des transports. La mise en œuvre efficace d’un programme de résilience économique et sociale (PRES) par le gouvernement a contribué à renforcer le secteur de la santé et à atténuer les pertes de revenus des ménages et des entreprises. Une reprise timide est attendue en 2021 avec une croissance de 3,7 % » souligne le document du FMI. Et de poursuivre en ajoutant que « pour assurer la transparence et rendre compte des dépenses liées à la pandémie, les autorités ont publié des rapports trimestriels d’exécution budgétaire, qui détaillent l’emploi des ressources correspondantes. Par ailleurs, et le rapport du comité de surveillance du fonds Force COVID-19 a été finalisé.
L’audit annuel des procédures de marchés publics, y compris les procédures liées aux dépenses pour la COVID-19, sera achevé fin juin et la Cour des comptes publiera en octobre son rapport sur l’exécution de la loi de finances 2020 ». Les résultats du programme appuyé par l’ICPE demeurent positifs et les objectifs du programme, à savoir assurer une croissance forte et inclusive tout en préservant la stabilité macroéconomique, restent pertinents. La collaboration entre le FMI et le Sénégal dans le cadre de l’ICPE se poursuivra en parallèle avec les nouvelles modalités de l’accord de confirmation et de la FCC jusqu’à fin 2022.
À l’issue de la séance consacrée à l’examen par le conseil d’administration de la troisième revue du programme appuyé par l’ICPE et des demandes d’accord de confirmation et d’accord au titre de la FCC présentées par le Sénégal, M. Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint et président par intérim, a indiqué que « la pandémie de COVID-19 a eu de graves retombées sur l’économie sénégalaise, lesquelles ont été atténuées par la riposte vigoureuse des autorités. Les perspectives macroéconomiques à court terme se sont détériorées, notamment en raison de la longue durée de la pandémie de COVID-19, de la hausse des cours des produits de base et de l’augmentation des besoins de financement pour le déploiement des vaccins. Une reprise progressive est prévue en 2021, même si elle est assujettie à des risques, dont celui d’une troisième vague de COVID-19 ». Nous, au-delà de cette langue de bois chère aux institutions de Bretton Woods, ce qu’on voit, audelà de cette frénésie de recours à des emprunts tous azimuts, c’est que les causses de l’Etat sont vides, désespérément vides. Et que l’endettement du pays atteint des sommets !
LE MINISTRE RÉITÈRE LA VOLONTÉ D’ASSAINIR LE SECTEUR DE LA PRESSE
La Commission de la Carte nationale de presse a organisé hier une cérémonie symbolique de remise du premier lot de cartes nationales de presse
La Commission de la Carte nationale de presse a organisé hier une cérémonie symbolique de remise du premier lot de cartes nationales de presse. Présidant la rencontre le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, soutient que ladite carte est une preuve de l’engagement de l’autorité d’assainir et de protéger la profession de journaliste et celle de technicien des médias.
Le ministre de la Culture et de la Communication se veut formel. Selon Abdoulaye Diop, seuls les détenteurs de la Carte nationale de presse peuvent désormais se prévaloir de la qualité de journaliste ou celle de technicien des médias. Il s’exprimait ainsi lors de la cérémonie symbolique de remise du premier lot de cartes nationales de presse. Abdoulaye Diop indique en effet que cette initiative rentre dans le cadre des réformes majeures du Code de la presse en vue d’assainir le secteur des médias.
En effet, selon lui, cette carte est une preuve de l’engagement de l’autorité de continuer dans cette dynamique. En plus de permettre aux journalistes et aux techniciens de médias d’exercer convenablement leurs professions, Abdoulaye Diop renseigne que la carte permettra aux acteurs des médias de bénéficier des dispositions prises par l’Etat en faveur de la presse, notamment la formation continue et des sessions de renforcement des capacités aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger. « Dans le cadre de la coopération, celui qui ne détient pas la nouvelle carte ne pourra pas non seulement bénéficier d’un statut de journaliste mais il court le risque, en cas de dérives, de ne pas pouvoir jouir de la protection de la loi garantie aux professionnels de la presse », avertit le ministre. Il indique également que les représentations diplomatiques accréditées au Sénégal seront informées de l’existence de cette carte et de son entrée en vigueur dans une perspective de mieux prendre en charge l’établissement de documents administratifs ou de visas pour les journalistes. C’est pourquoi, dit-il, nous invitons tous les journalistes et techniciens de médias à s’inscrire pour obtenir cette nouvelle carte parce que l’Etat est engagé à appliquer la loi pour assainir le secteur, aussi bien pour les entreprises que pour les professionnels.
«NOUS AVONS DISTRIBUE AUJOURD’HUI 37 CARTES AUX AYANTS DROIT»
Abondant dans le même sens, le président de la commission de la Carte nationale de la presse, Daouda Mine, rappelle que depuis l’ouverture, leur commission a reçu 166 dossiers de demandes dont 138 en présentiel et 28 en ligne, et examiné lors de la première session une centaine de dossiers et accepté 52. Les autres ont été transférés à la commission de validation des acquis de l'expérience. « Nous avons distribué aujourd’hui 37 cartes aux ayants droit. Le 15 prochain, nous allons tenir notre deuxième session et nous examinerons 84 demandes pour voir s’ils sont aptes pour l’obtention de la carte », renseigne le président de la Ccnp. A l’en croire, la carte nationale de presse donne droit à son titulaire à l’accès libre à tous les lieux et espaces abritant des événements ou des manifestations publiques, où il est susceptible de trouver des informations d’intérêt public ou utiles à la réalisation de sa mission, sous réserve du respect du secret-défense, du secret de l’enquête et de l’instruction et de la réglementation applicable à l’accès à certains sites ou structures. Daouda Mine de rappeler toutefois dans la même veine que la Carte nationale de presse est attribuée pour une durée de trois ans aux journalistes et techniciens des médias. Son renouvellement doit être demandé par l’intéressé au plus tard trois mois avant la date d’expiration, selon les dispositions du Code de la presse.