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22 juin 2025
AMADOU BA, À QUITTE OU DOUBLE
Malgré l’armistice signé, ce week-end, entre lui et Mbaye Ndiaye qui n’a eu de cesse de l’égratigner dans la plupart de ses prises de parole, l’ancien ministre des Affaires étrangères, joue sa survie politique aux prochaines locales
Malgré l’armistice signé, ce week-end, entre lui et le ministre d’Etat Mbaye Ndiaye qui n’a eu de cesse de l’égratigner, dans la plupart de ses prises de parole, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Amadou Ba, joue sa survie politique aux prochaines élections locales de 2022. Pour éviter le syndrome Malick Gakou, il lui faudra s’imposer au sein de la majorité ou prendre son destin en mains.
En pleine tempête, Amadou Ba parvient encore à garder le calme des jours de marée basse. Lentement mais surement, il avance ses pions en direction des élections territoriales de 2022. Présenté comme un des leaders de fait de Benno Bokk Yaakaar dans Dakar et sa banlieue, il a la malchance d’être des hommes les plus épiés au sein du parti présidentiel, l’Alliance pour la République. Malgré les coups qui n’ont eu de cesse de pleuvoir, en provenance même parfois du cercle restreint du Président Macky Sall, lui n’a jamais flanché. Tel un capitaine aguerri qui navigue sur des vagues dangereuses, il reste focus sur l’objectif, malgré l’annonce d’ouragans, les uns plus ravageurs que les autres.
D’ailleurs, mettait en garde récemment, Mbaye Ndiaye, proche du Président : ‘’N’écoutez-pas les personnes malintentionnées qui sont autour de vous. Ils vous entrainent dans des guerres qui ne sont pas les vôtres. Ce public qui applaudit, ce public que vous voyez, ce n’est le public ni de Mbaye Ndiaye ni d’Amadou Ba. C’est le public du président de la République Macky Sall’’. C’était lors d’une conférence animée par les femmes de Benno aux Parcelles assainies, au mois de mai dernier.
Très en colère suite au discours de la responsable des femmes Mbathio Niakhasso qui, selon lui, avait pris fait et cause pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, il s’indignait : ‘’… Moi je ne suis pas un nain politique. Je sais lire entre les lignes. Que personne ne me fasse dire des choses que je n’ai jamais dites. Je n’ai jamais dit aux populations de Parcelles assainies de soutenir Amadou Ba. Je ne l’ai jamais dit. Et que personne ne me le fasse dire. Ce que j’avais dit, à l’époque, c’est d’être avec Amadou Ba pour aider le président de la République. Je m’engage dans cette voie, hier, aujourd’hui et demain. Macky Sall n’entendra jamais que je l’ai trahi, parce que je suis digne moi, je suis un musulman…’’.
Le mot est lâché. Mbaye Ndiaye ne va jamais ‘’trahir’’ le président de la République. L’air ébahi, le visage assombri, regardant à gauche, à droite et derrière comme un naufragé à la recherche d’une bouée de sauvetage, l’ancien ministre des Affaires étrangères avait mis du temps pour se ressaisir. Prenant la parole, il a essayé tant bien que mal de conserver son zen attitude. Il disait : ‘’Monsieur le ministre Mbaye Ndiaye, je sais que vous me voulez du bien. Vous œuvrez dans ce sens. Mais sachez que jusqu’à ce jour, jusqu’à ce jour, Dieu m’a gardé de certains actes. Moi je n’ai jamais rien revendiqué, que ça soit aux Parcelles, à Dakar ou ailleurs. Ma conviction est que toutes nos réussites procèdent de la volonté divine’’.
En 2017, rappelait-il, il a eu la confiance du président de la République, ‘’de faire partie de la liste de Dakar’’ (il était tête de liste aux législatives NDLR). ‘’De 2017 à nos jours, on ne m’a jamais entendu dire que j’ai été tête de liste de la majorité à Dakar. Donc, je te rassure, doyen, que ça soit aux Parcelles ou ailleurs, vous n’allez jamais entendre Amadou Ba descendre sur le terrain pour revendiquer une quelconque légitimité ou compétence. J’ai toujours été partisan d’une gestion inclusive. Aux Parcelles également, depuis que le Président m’a amené ici, je n’ai jamais dévié de ce chemin. Je ne réclame absolument rien’’, soulignait-il.
Très calme comme à l’accoutumée, Amadou Ba avait lâché ce pic qui en dit long sur son exaspération. ‘’Je sais que vous aimez beaucoup le Président Macky Sall. Mais permettez-moi de vous concurrencer dans ce domaine. Pour tout le reste, je vous le concède…’’. Aussi avait-il tenu à signifier : ‘’Nous ne sommes plus dans le domaine de la chefferie ; c’est révolu cette époque’’.
Quelques semaines plus tard, le week-end dernier, les deux responsables de Benno ont semblé avoir fumé le calumet de la paix. Mais comme à son habitude, Mbaye Ndiaye n’a pas manqué l’occasion de réitérer ses conseils à l’intention de son jeune frère. Le dernier est le suivant : ‘’Nous devons travailler ensemble pour soutenir le Président Macky Sall. C’est la raison pour laquelle j’estime qu’aucun d’entre nous ne doit se considérer comme candidat aux prochaines élections locales. Notre candidat, c’est le Président Macky Sall qui doit le désigner’’. Pour lui, il n’y a pas de place à la division en perspectives des prochaines élections territoriales. ‘’Entre Amadou Ba, Mbaye Ndiaye et Moussa Sy qui nous a rejoints, il n’y a pas de place pour la division’’, insiste-t-il.
Survie politique
Ceci est devenu, depuis quelques jours, son thème de campagne, lui et l’autre ténor de BBY aux Parcelles, le maire sortant Moussa Sy. Comme s’il se dessinait une sainte alliance contre l’ancien leader de Dakar, Amadou Ba. Qui n’a jamais abondé dans le même sens. Ne manquant presque jamais de prêcher l’unité, il n’en demeure pas moins figé dans sa ligne de conduite, distribuant à tort et à travers des appuis aux groupements de jeunes et de femmes. Pour beaucoup, sa survie politique dépendra en grande partie de sa posture, lors des futures élections locales.
Dr en Communication, Moussa Diop estime qu’Amadou Ba a tout intérêt à jauger son poids électoral. ‘’La politique étant un rapport de force, souligne-t-il, Amadou gagnerait beaucoup à évaluer son poids électoral, sa capacité de mobilisation. Les élections locales, ce n'est pas une question de parti politique. En réalité, c'est surtout l'image et la représentativité du candidat qui vont le plus compter. En principe, un président de la République ne devrait peut-être pas descendre à cet échelon-là’’.
Proche de l’ancien ministre, Moussa Fall déclare : ‘’La position du ministre, qu’il a réitérée ce week-end, est très claire. Il a dit que l’heure n’est pas aux déclarations de candidatures. L’heure est surtout à l’union et au travail de terrain. Nous allons écouter le Président. Mais, sur ce plan, on n’a pas de soucis à se faire. Amadou Ba a été coordonnateur aussi bien au référendum de 2016, aux législatives de 2017 et à la présidentielle de 2019. A chaque fois, cela a été couronné de succès, on est alors très confiant’’.
Appelé en renfort par le président de la République en 2013, suite à sa nomination au poste de ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba est, en effet, devenu le capitaine de l’équipe Benno Bokk Yaakaar, depuis les référendums de 2016. Depuis lors, la coalition présidentielle a été victorieuse à presque toutes les élections. Avant lui, sous la houlette de Mbaye Ndiaye aux Parcelles assainies, elle cumulait les revers dans cette localité et partout à Dakar. Mais malgré ces victoires sur l’indéboulonnable Taxawu Dakar de Khalifa Sall, Amadou Ba a été chassé du gouvernement comme un malpropre. Et pour beaucoup d’observateurs, c’est à cause de ses ambitions présidentielles.
Aujourd’hui exclu de tous ses postes nominatifs, il n’a que les élections territoriales pour montrer qu’il est indispensable à Dakar et dans les combats futurs de l’Alliance pour la République. Dr Moussa Diop explique : ‘’Pour survivre dans cet environnement politique en recomposition, il faut absolument qu'Amadou Ba s'affirme et démontre sa force électorale sur le terrain. Et cela peu importe qu'il ait des velléités présidentielles ou pas’’. Revenant sur l’arbitrage du Président, il déclare : ‘’Il va devoir trancher pour celui qui a le plus de chance de gagner. Car seule la victoire compte à l’arrivée’’.
Le syndrome Malick Gakou
L’exemple de Malick Gakou étant encore frais dans les mémoires, le ‘’coordonnateur’’ de Benno a intérêt à s’affirmer, lors des prochaines joutes électorales. En effet, en 2014, Malick Gakou, présenté comme favori, avait accepté de jouer les seconds rôles, au profit du frère du Président, Aliou Sall, dans son fief même à Guédiawaye. Depuis lors, ce dernier a renforcé sa notoriété politique et cumule les victoires dans cette localité de la banlieue.
Pour éviter de subir le même sort que l’ancien numéro 2 de l’AFP, l’ancien ministre des Finances va devoir se peser aux locales. C’est en tout cas la conviction de ses partisans, pour qui, Amadou Ba est le prochain Président de la République. Il suffit de faire un tour dans les différentes plateformes de communication du ministre pour s’en convaincre. Mais pour y parvenir, il faudra trancher le débat entre lui, Moussa Sy et Mbaye Ndiaye. Qui va défendre les couleurs de l’Alliance pour la République et de Benno aux Parcelles assainies ?
Aux origines d’un compagnonnage en dents de scie
Pour rappel, entre Amadou Ba et Macky Sall, l’histoire a débuté il y a environ 20 ans. A l’époque, Monsieur Ba était directeur général des Impôts et domaines, Macky Sall, Premier ministre de Wade. En 2012, après sa victoire sur Abdoulaye Wade, l’actuel Président avait bien voulu renouveler sa confiance à l’ancien bras financier du pape du Sopi. En 2013, il le promut ministre et lui demanda de l’accompagner sur le plan politique. Ce que ce dernier accepta volontiers.
Sur le plateau de TFM, il y a quelques mois, le coordonnateur de Benno à Dakar disait : ‘’J’avais accepté la demande pour deux raisons : d’abord par loyauté, ensuite, parce que je crois en sa vision politique et économique. Il m’avait même offert la possibilité d’avoir un mouvement, mais, j’ai préféré adhérer au parti. Depuis lors, je travaille avec lui en toute loyauté’’. C’était pour montrer son ancrage dans le parti présidentiel que beaucoup lui contestent aujourd’hui, l’accusant de vouloir succéder au chef de l’Etat.
En tout cas, malgré cet ancrage, il n’a pas résisté à l’écrémage réalisé par le Chef de l’Etat, aux lendemains de sa réélection. Ces futures élections locales vont déterminer s’il reste dans les bonnes grâces du Président de l’Alliance pour la république ou bien, s’il va devoir prendre son destin politique en mains, en y allant sous sa propre bannière.
Par Soro DIOP
LA LEÇON DES «RETROUVAILLES DE MERMOZ»
Les retrouvailles entre le président de la République et Mme Aminata Touré englobent tous les ingrédients des vertus de l’unité politique qui doit primer sur les brouilles
C’est le journal Le Quotidien qui l’affiche à sa Une dans sa livraison du mardi 8 juin 2021 : «Après plusieurs mois de brouille, Macky retrouve une Ami», titre Le Quotidien.
«L’ancien Pm (a été) reçu en tête à tête à Mermoz pendant près de 2 heures des temps», informe le journal. Avant de préciser que la rencontre a pu avoir lieu par la magie d’intermédiaires, précieux hommes de l’ombre, perles de bonnes volontés soucieuses du rétablissement d’un espace d’unité dans le camp de la majorité en général, en particulier de la préservation des meilleures relations entre le président de la République et son ancien Premier ministre, ci-devant présidente du Conseil économique, social et environnemental.
Ces retrouvailles épousent parfaitement «l’épistémologie politique» du Président Macky Sall qui a toujours expliqué au plan théorique, et matérialisé dans la pratique, son attachement à deux opérations politico-électorales : l’addition et la multiplication. Mais il y a encore plus de consistance et de valeur à additionner et à multiplier avec des valeurs politiques ajoutées.
Et Mme Aminata Touré fait partie des valeurs politiques ajoutées de l’Alliance pour la République (Apr), la coalition Benno bokk yaakaar (Bby), de son leader. Pour rester justement dans le registre de l’épistémologie, convoquons et évoquons Gaston Bachelard, pour qui la science n’évolue pas sur un terrain vierge, sans aspérité ! Elle rencontre au cours de son évolution ce que le philosophe des sciences appelle des «obstacles épistémologiques». Il en est ainsi de la politique, où tout n’est pas forcément aussi lisse que des œufs de Pâques, surtout dans les relations entre les militants, les responsables et les différentes structures d’un espace organique partisan.
L’identification de ces obstacles que Engels appelle «erreurs progressives, mais de moins en moins absurdes», féconde en politique des relations qui élèvent, renforcent et fortifient au lieu d’abattre et de tuer comme veulent l’accréditer les écorcheurs baltes. En politique, l’unité n’est pas assimilable à l’uniformité, à la bien-pensance stérile et stérilisante. Elle ne gomme pas les contradictions, les différences d’appréciation et de jugement.
Les retrouvailles entre le président de la République et Mme Aminata Touré englobent tous les ingrédients des vertus de l’unité politique qui doit primer sur les brouilles, parfois nécessaires pourvu qu’au bout elles soient source de reconsolidation des relations, qu’elles (re)-bétonnent les combats passés pour des victoires futures. Les morsures des socs sur les sillons des champs finissent par les meilleures floraisons et récoltes.
En politique, il y a des moments où l’on choisit et après d’autres pour s’unir. C’est assurément cette leçon de bon sens qui a fonctionné dans les retrouvailles de Mermoz. Des retrouvailles que le Président Macky Sall doit encore élargir à d’autres responsables et dépositaires politiques qui ont eu à le servir, à servir la République et sont des valeurs politiques et électorales ajoutées.
Des relations entre le Président Macky Sall et son ancien Premier ministre, ci-devant présidente du Conseil économique, social et environnemental, des adeptes de la géométrie politique, de la soustraction et de la division n’ont eu de cesse d’agiter des passions tristes ou rageuses, des furies et des fureurs fratricides parce qu’il leur faut un camp présidentiel en guerre pour espérer en ramasser les morceaux éclatés. Surtout en ces temps de remobilisation en direction des élections locales où tout est prétexte, chez de farouches opposants en mal de propositions alternatives. A qui il ne reste qu’une arme : le recours et le secours des parasitages et brouillages des communications des gens du pouvoir.
Le sens de l’humain, du pardon, de la résilience, de «le compromis d’abord, la compétition ensuite», de l’idéal voire de l’idéalisme militant sont aussi des valeurs qui doivent habiter et cohabiter au cœur de la République. Une leçon de vie et donc de politique à retenir : «Dans l’amitié, ménage une petite place pour la brouille ; et dans la brouille, une autre pour la réconciliation.»
LE MINISTRE AUTORISE L’UTILISATION DES SEMENCES «TOUT VENANT»
Le mur de la réalité est plus solide que les déclarations d’intention. Une note circulaire du ministre Moussa Baldé, chargé de l’Agriculture et de l’équipement rural (Maer), plonge les acteurs dans l’expectative.
Par note circulaire datée du 26 mai dernier, le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural fixe le prix de cession des semences d’arachide écrémées pour la campagne agricole à venir. Pour les acteurs de la filière, c’est le signe que le pays a des difficultés à fournir des semences sélectionnées à ses producteurs. Les conséquences pour la filière arachide pourraient en être pénibles dans les mois à venir.
Le mur de la réalité est plus solide que les déclarations d’intention. Une note circulaire du ministre Moussa Baldé, chargé de l’Agriculture et de l’équipement rural (Maer), plonge les acteurs dans l’expectative. Ladite note, datée du 26 mai 2021, fixe les «taux de conversion coques, décortiquées et les prix de cession des semences écrémées décortiquées» pour la campagne agricole 2021-2022 à venir.
La note indique que le prix, pour la variété d’arachide écrémée, 55-437, est de 820 mille francs la tonne, dont 320 mille francs de subvention au moins. Ce qui fait qu’au détail, le kilo s’écoule à 440 francs Cfa. Les autres variétés, moins nobles, coûtent également le même prix. L’ennui est que, quand le ministre légitime la vente des semences communément appelées «tout venant», c’est que, de manière implicite, il reconnaît que le pays n’est pas en mesure de fournir des semences certifiées en quantité suffisante aux producteurs. Or, c’est le même ministre qui, il n’y a guère longtemps, dans une circulaire signée le 23 avril de cette année, mettait en garde les importateurs d’arachide. M. Baldé disait notamment : «Cette situation pourrait tenter certains opérateurs à se procurer ces stocks pour les injecter dans la distribution des semences pour des raisons évidentes de gain, alors que l’on ignore la provenance comme la qualité semencière de ces grains.» Le ministre a par la même occasion rappelé que «de telles pratiques ont un caractère frauduleux donc non règlementaire et exposent… leurs auteurs à des sanctions…»
La circulaire du 26 mai semble mettre entre parenthèses le souci de la préservation du capital semencier. Ce qui pour certains acteurs, n’est en soi pas surprenant. Hier, au téléphone, Ousmane Diakhaté, le Secrétaire général du Regroupement des acteurs du secteur industriel et agro-alimentaire de Touba (Rasiaat), déclarait au journal Le Quotidien : «Cette circulaire confirme que le pays n’a plus de semences certifiées, de semences de qualité. Si l’autorité en vient à autoriser cette année ce qu’elle avait interdit l’année dernière, c’est la preuve qu’il n’y a pas assez de semences.» Et pour lui, on ne peut espérer que la filière arachide survive à ce coup. «L’Etat a regardé vendre toute la production d’arachide à l’étranger, jusqu’aux semences. Dans ces conditions, on ne peut espérer avoir de bonnes productions dans les années à venir.»
La conséquence ultime, pour cet industriel de Touba, est la mort programmée de la filière arachide. «Et attendez-vous à une augmentation de l’exode rural. Les personnes âgées vont suivre les jeunes qui, eux, sont déjà à Dakar et dans les centres urbains !», affirme-t-il avec un rire sinistre. La preuve des difficultés à venir, c’est que les semences écrémées de cette année, vont coûter plus cher que les semences sélectionnées de l’année année. La circulaire du 20 avril 2020 fixait à 385 francs Cfa le kilo de la semence R1 qui, cette année, est établi à 440 francs Cfa.
L’huilier souligne que si la production avait été au niveau annoncé officiellement, personne ne s’en serait plaint : «Les commerçants chinois auraient pris leur part du marché et les industriels la leur, il n’y aurait eu aucun problème. Mais cela est loin d’être le cas. Ce qui fait que, quand vous avez moins de 700 mille tonnes de production, si vous laissez les Chinois en prendre 500 mille, il ne reste même pas assez pour les semences à venir. C’est la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement, et qui prédit des lendemains difficiles», se désole Ousmane Diakhaté.
LES FAITS D’UNE PRATIQUE
Le faible taux de déclaration des naissances, mariages et décès s’explique par divers facteurs socioculturels et administratifs, selon les résultats d’une étude sur les déterminants socioculturels de la non déclaration des faits d’état civil.
Le faible taux de déclaration des naissances, mariages et décès s’explique par divers facteurs socioculturels et administratifs, selon les résultats d’une étude sur les déterminants socioculturels de la non déclaration des faits d’état civil. Le phénomène est plus prégnant dans la région de Kaffrine, alors que les femmes et les ruraux accordent moins d’importance aux enregistrements d’état civil.
«L’état des personnes n’est établi et ne peut être prouvé que par les actes de l’état civil.» Cette réalité ne s’applique pas chez nous. Malgré les efforts consentis par l’Etat, l’enregistrement des faits d’état civil demeure une préoccupation majeure au regard des données du dernier Recensement général de la population, de l’habitat, de l’agriculture et de l’élevage (Rgphae) de 2013, réalisé par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). Il faut savoir que 72,7% des mariages ne sont pas déclarés contre 65,2% des décès, alors que 16,6% de la population totale ne possèdent aucun acte d’état civil. «Cette situation est plus préoccupante en milieu rural avec 26,9% sans acte d’état civil, pour les analphabètes 18,4% et les personnes n’ayant aucun niveau d’instruction 23,9%», s’indigne Assane Ndiaye, fonctionnaire au ministère de l’Economie, du plan et de la coopération. M. Ndiaye s’exprimait hier à l’atelier de partage de l’étude sur les déterminants socio-culturels du faible enregistrement des faits d’état civil au Sénégal.
D’après Cheikh Moussa Camara, conseiller et expert en développement, ce faible niveau d’enregistrement des faits d’état civil demeure lié à des facteurs sociaux, culturels et institutionnels qui étaient jusque-là peu connus. Il s’agit de l’ignorance de l’utilité de l’état civil, des procédures de déclaration et des textes réglementaires, la faible implication des auxiliaires d’état civil, et la faible collaboration entre les acteurs de la santé et des services de l’état civil.
Les parents sans papiers d’état civil, la non effectivité de la gratuité de la déclaration des naissances faite dans les délais sont aussi des éléments favorisant les non déclarations des faits d’état civil. Sans oublier l’inaccessibilité géographique des centres d’état civil, l’idée selon laquelle seul le père peut déclarer l’enfant. Par ailleurs, la déclaration des mariages est souvent entravée entre autres par la primauté donnée au mariage religieux, la perception selon laquelle le certificat de mariage n’est utile que pour les salariés du secteur public et privé, la perception par certains hommes du certificat de mariage comme une puissante arme pour les femmes qu’elles peuvent utiliser en cas de divorce pour obtenir des avantages financiers tels que la pension alimentaire que le mari doit verser. Il y a également le problème de la polygamie. «Certains hommes ne veulent pas déclarer le mariage à la mairie pour éviter d’avoir à choisir l’option de la monogamie», souligne le présentateur de l’étude. Les facteurs entravant la déclaration des décès sont quant à eux liés à l’analphabétisme et à la négligence, la perception selon laquelle le certificat de décès n’est utile que pour les salariés du secteur public et privé, la confusion entre certificat de décès et celui d’inhumation, les croyances et autres facteurs socio-culturels, entre autres.
LE CAS DE KAFFRINE
Les qualités et perceptions des centres d’état civil jouent un rôle dans la déclaration ou non des faits d’état civil, notamment les lenteurs dans l’obtention des documents, l’absence de suppléant en cas d’absence de l’officier d’état civil, les conditions d’accueil et de travail, le clientélisme politique et le manque de motivation du personnel. Selon les résultats de l’étude, les procédures de déclaration des naissances sont plus connues que celles concernant les décès et mariages.
Aussi, les personnes scolarisées et celles vivant en milieu urbain ont une plus grande maîtrise de la question d’état civil. «Les femmes et les ruraux ont une moindre connaissance des faits d’état civil et de leur procédure d’obtention comparés aux hommes et aux urbains», souligne M. Camara. A l’en croire, les avantages liés à la déclaration des mariages et des décès sont surtout perçus du point de vue des bénéfices financiers que les salariés peuvent acquérir au plan individuel tels que la prise en charge des allocations familiales, les réductions d’impôts et le paiement des pensions.
Les risques du non enregistrement sont plus élevés à Kaffrine concernant les naissances, selon le présentateur des résultats de l’étude qui n’est pas entré dans les détails. Elle vient en tête concernant les mariages suivie des régions de Sédhiou, Louga, Tambacounda, Kolda et Kédougou. Kaffrine figure encore en première place pour ce qui est de la faible déclaration des décès, devançant Kaolack, Kédougou...
«ASSURER LA PAIX AU MALI, C’EST GARANTIR LA PAIX AU SENEGAL»
La grande muette prend la parole. En marge de la Journée mondiale des casques bleus, le colonel Théodore Adrien Sarr, chef du contingent sénégalais au Mali, a fait face à la presse pour partager le quotidien de ses troupes.
La grande muette prend la parole. En marge de la Journée mondiale des casques bleus, le colonel Théodore Adrien Sarr, chef du contingent sénégalais au Mali, a fait face à la presse pour partager le quotidien de ses troupes. De la menace terroriste en passant par l’acception des Maliens de la présence onusienne, le patron des Jambars au Mali se livre.
«Assurer la paix au Mali, c’est garantir la paix au Sénégal.» Le capitaine Baba Diop en est convaincu. Mais cette mission n’est pas de tout repos. Les 850 Jambars présents sur le théâtre des opérations dans le centre du Mali doivent composer au quotidien avec le regard réprobateur des nationalistes qui sont contre la présence onusienne. Ce n’est pas le seul obstacle qu’ils doivent éviter. D’après le colonel Théodore Adrien Sarr, chef du contingent sénégalais établi à Mopti et Gao, les Jambars «doivent faire face aux milices d’auto-défense, à des engins explosifs et des attaques de convoi».
Le principal défi reste l’acceptation des populations qui voient d’un mauvais œil la présence des Armées étrangères. Pour y parvenir, l’adjudant Angélique Sylva, à la tête de la cellule sociale, s’évertue, par des dons de médicaments, des consultations et des distributions de vivre, à corriger cette situation. Hier, lors d’une conférence de presse en ligne, les casques bleus sénégalais étaient face aux journalistes de leur pays pour expliquer dans les détails leur quotidien au front.
Revenant sur leurs conditions de travail, le colonel Sarr affirme : «Nous avons eu 4 mois de préparation. Nous avons été à Thiès, à Falémé et à Dodji qui ont la particularité de présenter les mêmes conditions climatiques que le centre du Mali.» Interpellé sur la menace terroriste aux portes du Sénégal, il a expliqué que les manœuvres faites au Mali auront un impact au Sénégal. Mais au cas où la menace franchirait la frontière, il rassure : «Des unités spéciales s’entraînent à juguler la menace. C’est dans cette logique qu’il faut comprendre les manœuvres de Falémé 2020.»
Par Yoro DIA
MALI, EN ATTENDANT LES RUSSES
Le Mali, qui a déjà commis une erreur en sous-traitant durablement sa sécurité, est en train d’en commettre une autre de plus en attendant les Russes. L’urgence pour le pays, ce ne sont pas les combines politico-militaires et les révolutions de palais
«Comme chef d’Etat, deux choses lui avaient manqué : qu’il fût chef et qu’il y eût un Etat.» Ainsi parlait de Gaulle de Albert Brun, président de la République française de 1932 à 1940. On est tenté de dire la même chose du colonel Assimi Goïta, le nouveau président de la transition au Mali. Peut-être qu’il sera chef ? Nous le saurons bientôt, mais est-ce qu’il aura un Etat ? La réponse est «Non».
Le «coup d’Etat dans le coup d’Etat» parachève le long processus de l’effondrement de l’Etat au Mali. En s’enfermant dans une «transitologie» permanente, le Mali ne fait que décaler l’essentiel : reconstruire un Etat, reconstruire une Armée pour défendre son territoire. Le parapluie dont le pays bénéficie depuis presque dix ans aurait dû servir à mobiliser la Nation autour de cet objectif, dont dépend la survie du pays, mais malheureusement l’Armée malienne semble être au même niveau qu’en 2012, quand la France arrêtait les hordes jihadistes dans leur descente vers Bamako.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta, par inconscience politique et historique, a fait perdre au Mali les 7 années les plus importantes de son histoire. Et comme je le dis souvent ici : le temps est le meilleur allié des jihadistes. Le Mali va très mal parce qu’il est autant évident que les Français partiront, que les Russes ne viendront pas.
Le fait aujourd’hui que tout l’espoir du Mali se fonde non pas sur ses armées, mais sur une hypothétique intervention des Russes, après celle des Français, montre le degré de désespoir dans ce pays, mais aussi et surtout que plus personne ne compte sur l’Armée du Mali. Quand je discute avec des amis maliens, ils donnent l’exemple de la Syrie où le régime Assad a été sauvé par les Russes. En Syrie, l’intervention russe était principalement aérienne, pour appuyer l’Armée de Assad qui combattait au sol. En Syrie, l’Armée de Assad, composée presque exclusivement des Alaouites (le clan minoritaire au pouvoir), se battait pour la survie non seulement du régime, mais surtout de la minorité alaouite.
En Syrie, Bachar et son Armée ont très tôt appréhendé les conséquences désastreuses d’une chute du régime ; d’où cette énergie du désespoir qui a été à l’origine de la survie. Au Mali, c’est presque le contraire, avec le grand écart qu’il y a entre la gravité de la menace sur la survie du pays et l’insouciance qu’il y a à Bamako, où le retour du vieux routier politicien Choguel Maïga marque aussi le retour de la politique politicienne. Autant le premier coup d’Etat pouvait être considéré comme un sursaut face au naufrage du Mali, autant le coup d’Etat dans le coup d’Etat ferme la parenthèse de ce qui devait être le dernier sursaut et le retour de la politique politicienne.
L’urgence nationale pour le Mali, ce ne sont pas les combines politico-militaires et les révolutions de Palais ou de camp militaire, mais c’est de préparer son Armée face aux jihadistes qui vont reprendre leur marche vers Bamako dès que la parenthèse de la force expéditionnaire sera fermée, à moins que psychologiquement on ait déjà accepté la défaite et le règne des islamistes de Kayes à Kidal, car il est sûr que ces derniers, qui ont pris un ascendant sur l’Armée malienne, ne vont plus se contenter de la partition, mais voudront prendre tout le pays.
Et n’eut été le coup d’arrêt de l’opération Serval, ils l’auraient déjà fait. Le Mali, qui a déjà commis une erreur en soustraitant durablement sa sécurité, est en train d’en commettre une autre de plus en attendant les Russes qui seront comme le fameux «En attendant Godot» de Samuel Beckett, car les russes ne viendront pas. Ceux qui misent sur cette naïveté stratégique le paieront cash politiquement.
LE CHAMP D’EXERCICE DE L’INFIRMIER EN QUESTION
L’affaire de l’infirmier chef de poste de Saint Louis semble poser la question de la nomenclature des actes dans le secteur de la médecine qui les exposent à des poursuites judiciaires dans certaines situations.
L’affaire de l’infirmier chef de poste de Saint Louis semble poser la question de la nomenclature des actes dans le secteur de la médecine qui les exposent à des poursuites judiciaires dans certaines situations. C’est pourquoi les acteurs exigent la révision des textes afin de leur assurer une meilleure protection dans l’exercice de leur métier.
Les infirmiers de la région de Saint Louis ont décrété trois jours de suspension de prescription d’ordonnance aux malades de la localité. La décision fait suite à l’affaire de leur collègue infirmier chef de poste poursuivi pour « pratique illégale de la médecine et pour usurpation de fonction ». Depuis près d’une semaine, Gora Bar répond aux questions des limiers du Tribunal de Saint Louis où il doit y retourner lundi prochain. Il lui est reproché d’avoir prescrit du phénobarbital comprimé à un « patient » sur ordonnance portant sa signature et le cachet dudit poste de santé alors qu’il en n’aurait pas la prérogative. D’après ses dires, la prescription est autorisée par la région médicale et le district sanitaire qui avalisent les commandes. C’est pourquoi, il dit fustiger l’acharnement et le manque de solidarité à son endroit depuis l’éclatement de l’affaire. Sauf que ses souteneurs ne semblent pas agir dans la légalité.
Le secrétaire général du Syndicat unique des Travailleurs de la santé et de l’Action sociale (Sutsas) rappelle que « quand un acte est commis, il ne faut pas s’opposer à la manifestation de la vérité car tout le monde est justiciable ». M. Mballo Dia Thiam considère que son syndicat n’agit pas dans l’anarchie même s’il a toujours secouru les camarades pour un mouvement pareil. Il pense que les collègues de l’Icp Gora Bar, qui ont décrété cette suspension temporaire de prescription d’ordonnance, risque de donner une autre ampleur à cette situation. « Le Sutsas, qui en a les prérogatives, n’a pas donné un mot d’ordre, et il ne pourrait donner son aval à des gens qui s’exposent à ce genre de mots d’ordre qui met la population dans une situation d’inconfortable ». Au vu de toutes ces considérations, il rappelle à ces derniers qu’un arrêt de travail expose à un abandon de poste. D’autant que cette affaire de l’infirmier chef de poste n’est pas encore étudiée au niveau du syndicat. Il a en outre reçu une suggestion du secrétaire de l’Union régionale de Saint Louis, Abdou Ndongo. Par ailleurs, Mballo Dia Thiam pense que cette affaire pose aujourd’hui la question de la responsabilité médicale de l’infirmier surtout avec « les infirmiers qui se comportent comme des médecins, là où il n’y a pas de médecins. Les sages-femmes comme des gynécologues ». Mais les infirmiers voient les choses autrement et notent un déphasage entre les textes et la réalité du terrain.
Une pratique régie par un arrêt de février 1989
Pourtant, la pratique infirmière au Sénégal est régie par un arrêté en date du 25 février 1989 et qui fixe la nomenclature des actes professionnels aux auxiliaires médicaux. Malheureusement, « nous exerçons sur la base d’une réglementation vielle de 32 ans, et sur laquelle il n’est nulle part mentionné que les infirmiers chefs de postes ont le droit de prescrire une ordonnance. Certains n’en reviendront pas au vu de ce qui se fait en pratique », s’est indigné le vice-président de l’Association nationale des assistants infirmiers diplômés d’Etat du Sénégal (Anaides), Ousseynou Kama. Qui demande d’aller vers des réformes approfondies pour adapter la pratique infirmière avec l’actuelle situation dans le système de santé. Ce, en mettant en place un cadre juridique, en créant un ordre professionnel des infirmiers. Seule garantie « pour une meilleure définition du champ d’exercice de la profession d’infirmier ».
En tout cas, le secrétaire général du syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale rappelle aux infirmiers que « tant que le texte existe, tant qu’il n’est pas revisité, il est d’application ». Mais, « on se bat tout de même pour revisiter la nomenclature des actes. Et la création des ordres pour tous les corps », a informé ce syndicaliste de la santé. Il indique aussi que, « on ne peut pas donner des fonctions à des gens sans les protéger ». C’est pourquoi, il invite l’Etat à revisiter la nomenclature de ces actes.
Par Serigne Saliou Guèye
TAXAWU DAKAR DÉCHIRÉE PAR LE CHOC DES AMBITIONS
Depuis que Khalifa Sall n’est plus éligible à cause de sa condamnation le 30 mars 2018 dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, chacun des maires restés fidèles à la coalition Taxawu Dakar, pense pouvoir le remplacer
Depuis que Khalifa Sall n’est plus éligible à cause de sa condamnation le 30 mars 2018 dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, chacun des maires restés fidèles à la coalition Taxawu Dakar, dont il est le patron, pense pouvoir le remplacer à la tête de la plus importante municipalité du pays. Seulement voilà, Khalifa Sall ne pouvant plus se présenter à quelque compétition politique que ce soit, il perd de son aura pour influer sur le choix de celui qui doit être le porte-étendard de sa coalition. De ce point de vue, la sortie de Barthélémy Dias à propos de sa candidature est un pied de nez infligé à Khalifa Sall, le fédérateur de la coalition Taxawu Dakar. Surtout qu’il se suppute que l’ex-maire de Dakar aurait déjà jeté son dévolu sur celui qui doit succéder à Soham Wardini, actuelle édile de la mairie de Dakar.
« Je suis candidat à la maire de Dakar et personne ne m’empêchera d’être candidat à la mairie de Dakar. Que ça soit très clair » : Voilà ce que déclarait Barthélemy Dias lors d’une conférence de presse tenue le 17 mai à sa mairie de Mermoz-Sacré Coeur. Cette déclaration fait suite à la venue d’une mission de l’Inspection générale d’Etat dans cette institution qu’il dirige. Pour Dias, cette fouille impromptue de l’IGE dans les comptes de sa mairie s’inscrit dans une logique de le disqualifier des prochaines élections locales. Il a d’ailleurs évoqué le cas de Khalifa Sall qu’une mission d’enquête de l’Ige avait conduit illégalement en prison, ce qui avait aussi permis de l’écarter de la présidentielle de 2019. Mais si cette déclaration de candidature du bouillant ex-patron des Jeunesses socialistes est une réplique aux manœuvres du pouvoir en place pour éliminer un prétendant dangereux à la mairie de Dakar, elle semble aussi être une déclaration adressée aux autres candidats de Taxawu Dakar qui auraient les mêmes ambitions que lui. Notamment Soham Wardini.
D’ailleurs, cette dernière, lors d’une rencontre qui s’est tenue à Saly les 2 et 3 juin derniers, s’est exprimée ainsi après une question relative à son éventuelle candidature à la mairie de Dakar : « Je suis dans une coalition, Taxawu Dakar. Le moment venu, nous nous réunirons pour choisir le candidat de cette coalition… Cette liste, nous souhaitons qu’elle soit dirigée par une femme. Peu importe la personne qui sera choisie, l’essentiel c’est de gagner Dakar. Nous sommes dans le processus et la date des élections est connue. Donc, je ne peux pas me prononcer pour le moment… Mais si je suis choisie, je suis prête à être la candidate de cette coalition pour la conquête de la mairie. Les femmes gèrent mieux que les hommes. Donc, confiez les mairies aux femmes et vous verrez !»
De façon sibylline, si l’on décrypte ce message, la remplaçante de Khalifa Sall faisait un plaidoyer pro domo. Revendiquer une candidature féminine pour la mairie de Dakar, c’est dire charité bien ordonnée commence par soi-même. Si la candidature de Barthélémy Dias est claire et sans ambages, celle de Soham Wardini, elle prend des chemins détournés qui aboutiront à l’imposant bâtiment du boulevard Djily Mbaye. Mais in fine, Soham a déclaré sa candidature. Et celle-là vient faire face frontalement à celle de Barthélémy Dias. Coups bas du pouvoir contre Taxawu La coalition Taxawu Dakar, ébranlée par des secousses telluriques après les locales de 2014, continue à subir des coups bas venant du côté du pouvoir. Des lignes de fracture ont été notées avec les départs de maires tels qu’Alioune Ndoye du Plateau, Jean Baptiste Diouf de Grand-Dakar, Babacar Sadikh Seck des Hlm, Mame Amadou Samba de Cambérène, Ousmane Ndoye de la Gueule Tapée, Santi Agne de Sicap-Liberté, Banda Diop de la Patte-d’oie, Moussa Sy des Parcelles assainies. Autant d’éminents membres de cette coalition qui ont transhumé vers le pouvoir en place.
Seuls des édiles comme Barthélémy Dias de Mermoz-Sacré-Cœur, Cheikh Guèye de Dieuppeul-Derklé, le défunt Idrissa Diallo, Palla Samb de Fann Point-E sont restés fidèles à l’orientation de Taxawu Dakar. Toujours estil qu’aujourd’hui il revient à Khalifa Sall, s’il veut rester maitre de la capitale, de repenser la Coalition qui lui a permis de gagner les locales à Dakar en 2009 avec Tanor et Moustapha Niasse et en 2014 sans eux. En 2009 et 2014, le leadership de Khalifa Sall était incontesté pour briguer la mairie de Dakar. Mais aujourd’hui que ses démêlés judiciaires l’ont écarté du jeu politique, son autorité faiblit et son leadership est remis en cause par toutes ces candidatures annoncées à la va-vite sans une concertation ou consensus préalable. Le mentor ne pouvant plus prétendre à un mandat électif, les sous-fifres s’agitent pour se hisser au promontoire de la mairie de Dakar.
La déclaration radicale et jusqu’au-boutiste de Barthélemy Dias et celle mitigée de Soham Wardini remettent en cause l’autorité et la crédibilité de Khalifa Sall. L’ex-maire de la capitale, privé arbitrairement de ses droits civiques et politiques, qui l’excluent de toutes compétitions politiques, pourra-t-il combler la béance causée par le départ de pratiquement deux-tiers des maires des communes gagnées par Taxawu Dakar en 2014 ?
Khalifa Sall, un difficile rafistolage
Les candidatures prématurées de la première femme aspirante à diriger la mairie de la capitale et du premier magistrat de Mermoz-Sacré-Cœur laissent croire que Khalifa Sall, qui a perdu de sa prestance et de sa prégnance au sein de Taxawu Dakar, pourra difficilement rafistoler les positions et postures éparses de ses lieutenants. La prison, la déchéance de ses droits politiques et l’absence de Khalifa Sall sur la scène politique et médiatique, l’apathie de ses militants ont beaucoup contribué à affaiblir Taxawu Dakar.
Apparemment, le bouillant et rebelle Barthélémy Dias ne croit plus à la force électorale d’antan de la coalition Taxawu Dakar sinon il n’aurait pas pris le risque de déclarer sua sponte sa candidature sans sa conceptualisation dans un cadre unitaire. Sa déclaration de candidature à la mairie de Dakar reste arrimée à sa réélection à la mairie de Mermoz. Si Barthelemy Dias a été élu maire de Mermoz-Sacré-Cœur de 2009 à aujourd’hui, c’est grâce à la coalition Taxawu Dakar et surtout à son leader Khalifa Sall qui a pesé de toute son influence pour sa reconduction en 2014. Aujourd’hui, Taxawu Dakar a perdu sa force parce que son leader a les ailes rognées. Mais Khalifa Sall, même privé de son droit d’élire ou d’être élu, reste toujours un leader politique affirmé capable de rebondir sur la scène politique et d’imposer son tempo aux prochaines locales. Ce même si, entre-temps, beaucoup d’eau a coulé sous les pontes avec la donne Ousmane Sonko, leader du Pastef. Plus mesurée que son rival et camarade de coalition Dias — qui habite la même commune qu’elle ! —, Soham Wardini a laissé les Dakarois subodorer sa candidature. Et sachant que le passage obligé pour réussir un tel projet est de se ranger derrière Khalifa, l’actuelle maire de Dakar entend jouer la carte de son prédécesseur pour maximiser ses chances de réélection.
En dehors de Barth et de Soham, il est fort à parier que d’autres maires de Taxawu Dakar pourraient bien déclarer leur candidature et à juste raison. Palla Samb, maire de Fann - Point-E- Amitié, toujours fidèle à Khalifa et qui a bien géré sa commune, peut bien lui aussi déclarer sa candidature à la mairie de Dakar. Le choc des ambitions des uns et des autres cèdera la place aux poids des candidatures. Et toute candidature de Taxawu Dakar ne vaudra son pesant d’or que si Khalifa, le mentor et patron de cette coalition, la soutient. En somme, même s’il n’est plus le Roi de la capitale, Khalifa Sall n’en est pas moins un faiseur de rois !
SUICIDE DE ABDOU FAYE, UN DES COMPLICES DE BOY DJINNÉ
Abdou Faye, un des complices de Baye Modou Fall « Boy Djinné », arrêté en même temps que le fugitif à Missirah (Tambacounda), s’est suicidé hier nuit au sein du commissariat central de Dakar
Abdou Faye, un des complices de Baye Modou Fall « Boy Djinné », arrêté en même temps que le fugitif à Missirah (Tambacounda), s’est suicidé hier nuit au sein du commissariat central de Dakar.
Entendus et confrontés à Boy Djinné, les trois complices Dame Sy, Cheikh Ndiaye et Abdou Faye, pourraient faire face au procureur aujourd’hui puisque ayant bénéficié d’un retour de parquet. Ce sera donc sans Abdou Faye qui a préféré se donner la mort dans des circonstances dont nous ignorons les détails pour le moment.
LA RESPONSABILITÉ DE LA POLICE EST ENGAGÉE
Abdou Faye, une des personnes arrêtées avec "Boy Djinné" a perdu la vie au commissariat central. Il se serait suicidé. Mais, Seydi Gassama espère qu’une enquête sera ouverte
Abdou Faye, une des personnes arrêtées avec "Boy Djinné" a perdu la vie au commissariat central. Il se serait suicidé. Pour l’instant, nos tentatives pour prendre la version de la hiérarchie policière et des avocats de Boy Djinné sont restées vaines. Mais, Seydi Gassama, défenseur des droits humains, estime que la responsabilité policière est engagée.
«La responsabilité de la police est engagée et il faut enquêter pour faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles cette personne a pu se suicider», a déclaré le patron d’Amnesty Sénégal.
«Quelqu’un qui est gardé à vue est censé être à la vue de la police qui doit non seulement le surveiller dans cette chambre de sûreté mais elle doit aussi s’assurer qu’il n’y entre avec aucun élément qui puisse lui faire du mal, y compris de se suicider par pendaison», indique-t-il.
Pour le "droit de l’hommiste", une telle situation «est quand même assez curieuse et regrettable». Il espère qu’une enquête sera ouverte pour déterminer les conditions dans lesquelles cette personne a dû se suicider dans cette cellule de sûreté du commissariat central.