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22 juin 2025
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
BYE BYE BARKHANE
EXCLUSIF SENEPLUS - Macron tente désespérément de trouver des réponses crédibles à un double constat : Barkhane n’a pas donné les résultats escomptés, et il se développe de plus en plus un sentiment « anti français » au Sahel
À la veille du sommet du G7, le président français, Emmanuel Macron, a saisi l’occasion pour faire diverses annonces en direction de l’Afrique. Des États du Sahel en particulier. Parmi ces annonces, la « fin » prochaine de l’opération Barkhane au Mali. Réalisme politique ou poursuite du chantage envers les États du Sahel et le Mali en particulier ?
Les annonces successives du président français concernant l’intervention française au Sahel, principalement au Mali, apparaissent comme des tentatives désespérées du maître de l’Élysée et de ses conseillers, de trouver des réponses crédibles à un double constat : Barkhane n’a pas donné les résultats escomptés, et il se développe de plus en plus un sentiment « anti français ». Et ces constats désagréables en annoncent d’autres qui eux, concernent directement l’avenir politique de l’hôte de l’Élysée.
En effet, de plus en plus de Français non seulement ne comprennent pas la présence militaire française dans le désert sahélien avec un si maigre bilan (résultat), mais aussi (et surtout), quand pour de si piètres résultats, le contribuable français supporte le milliard d’euros annuels que coûte Barkhane au Trésor français. Et des morts. À un peu plus d’un an d’une présidentielle où ses chances d’un deuxième mandat sont de plus en plus hypothétiques, avec la montée en flèche de Marine Le Pen, balisée par la politique ultra droitière de la Macronie, qui s’échine à être plus droitière que la droite en déliquescence elle-même et de chasser à coups de lois et droits mesures anti-musulmans, anti-immigrés etc. Mais la copie ne vaudra jamais l’originale, et on y perd et son âme et ses valeurs.
Alors, Barkhane dans tout ça ? Il apparaît de plus en plus que les arguments du type « on est (va) au Sahel pour combattre le terrorisme djihadiste auprès de nos amis africains et du coup empêcher que le terrorisme n’envahisse nos villes », prospèrent de moins en moins dans l’opinion publique française. Surtout si on enrobe tout ça avec « la défense de nos valeurs ». La démocratie et ses attributs et avatars : les élections (on s’en fout si elles sont truquées) ; contre les coups d’État (mais pas tous) ; contre les « troisièmes mandats », (pas tous là non plus) ; pour le libéralisme (autrement dit, le droit de nos entreprises aux marchés africains)... Bref, tout cela vacille sous les coups de boutoir d’implacables réalités : on ne gagne pas la guerre contre le djihadisme ; mais on perd aussi le cœur des populations ingrates qui, non seulement nous détestent mais aussi, pactisent (en l’absence de l’État) avec l’ennemi.
Alors, l’évidence s’impose : si on ne gagne pas la guerre sur le terrain, essayons de se retirer « honorablement » en « transformant » Barkhane. Puisqu’elle ne peut plus être la foudre de guerre contre ces enturbannés des sables, replions-nous dans les villes et les bureaux des états-majors et des ministères. Pour tenter une autre mission impossible : mettre dans le crâne de ces truffions sahéliens, des rudiments de l’art de la guerre du désert. Parce que, selon le journaliste de France 24, Marc Perelman, des officiers français lui ont fait des confidences cruelles : « l'armée malienne est plus douée à faire des coups d’État qu’à combattre les dhjihadistes ». Bah c’est cruel et dur à entendre, mais ont-ils tort ? Évidemment, déposer des présidents endormis à force de paresse et bamboulas, est sans conteste plus facile qu’aller traquer, tuer les enturbannés autrement plus équipés (par qui d’ailleurs ?) que les armées régulières.
Voilà pourquoi Macron multiplie les annonces et autres menaces-chantages à l’endroit des dirigeants maliens et sahéliens. Même si, tardivement, il semble être pénétré de ce constat de bon sens qu'il a partagé avec ses concitoyens lors de sa conférence de presse d’avant G7 ce jeudi : « on ne peut pas se substituer aux peuples pour combattre à leur place...même si on peut de temps en temps influencer les gouvernants » ! Voilà ! Était-ce si difficile à comprendre ?
Barkhane va donc être « transformée », réduite, redimensionnée et redéployée. On va désormais miser sur les forces spéciales alliées (de la France), autrement dit « l'opération Takuba », qui sera étoffée. Si les pays européens (alliés) se décident à passer de la parole aux actes (et à la caisse). Mais qui veut encore venir mourir pour l’Afrique ? Si les Africains eux-mêmes réclament baignent à ce sacrifice. Quelle opinion publique européenne gobera encore que la défense de ses villes contre les attentats terroristes, se passe à plus 5000km dans le désert ? Et cela, aucun cri d’orfraie sur la « menace » russe ne convaincra les opinions publiques européennes. Quant aux populations du Sahel, elles se demandent jusque ce que foutent leurs armées à part parader dans les bureaux des capitales. C’est vrai : des bureaux climatisés sont sans commune mesure avec des bâches dans le désert à plus de 50-60 degrés ! Patriotisme et défense du territoire ? Tu parles Blaise.
Le président français veut une "profonde transformation" de la présence de l'armée française dans le Sahel. Des bases seront fermées au profit de forces spéciales internationales pour lutter contre le terrorisme
DW Afrique |
Sandrine Blanchard, Avec agences |
Publication 10/06/2021
"La France n’est en Afrique qu’à la demande des Africains, à la demande d’Etats souverains", a tenu à rappeler Emmanuel Macron.
Le président français a tenu ce soir une conférence de presse dans laquelle il a précisé les orientations de son pays en matière de politique internationale.
Les opérations militaires extérieures de la France dans le Sahel, "engageant plus de 5000 hommes" ne sont plus adaptées, selon lui, à la situation actuelle.
Internationalisation de la lutte anti-terroriste
La France va donc procéder à une "profonde transformation" de sa présence dans la région.
Emmanuel Macron confirme ainsi la fin annoncée de l'opération Barkhane au Sahel qui pourrait être remplacée par une opération militaire internationale comme le groupement de forces spéciales européennes Takouba. Celle-ci continuerait de venir en appui des armées des pays sahéliens :
"Nous amorcerons une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel dont la modalité et le calendrier seront précisés dans les semaines à venir et je le ferai d'ici à la fin du mois de juin, mais je vais initier ce travail dès les jours prochains.
Cette transformation se traduira par un changement de modèle, il impliquera le passage à un nouveau cadre c'est-à-dire la fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure pour permettre une opération d'appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région qui le souhaitent et de la mise en œuvre d'une opération militaire et d'une alliance internationale associant les États de la région et tous nos partenaires strictement concentrés sur la lutte contre le terrorisme", a déclaré le président français.
Coopération avec le G5 Sahel, la Minusma, la Cédéao
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a esquissé les vues de l’Elysée, cet après-midi, à Abidjan, lors de l’inauguration de la nouvelle Académie internationale de lutte contre le terrorisme : "Evidemment, la France n'a pas vocation à rester éternellement au Sahel, par sa force (…)
Nous ne renoncerons pas au combat contre le terrorisme, mais il est vraisemblable qu'il faille adapter le dispositif Barkhane, mais le combat contre le terrorisme se poursuit en partenariat avec le G5 Sahel, avec la Minusma et aussi avec les pays de la Cédéao."
La "mauvaise jurisprudence" du Mali
Lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron a déploré que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest ait "reconnu" le colonel Assimi Goïta comme président de la transition au Mali.
Il a qualifié cette décision d'"erreur", alors que la Cédéao avait refusé de le reconnaître six mois plus tôt, en raison du "précédent que cela crée chez beaucoup de voisins", ajoutant "c'est leur décision, je la respecte."
Parmi les engagements que la France réclame aux autorités de la transition malienne, Le président francais précise : "Nous demandons aux nouvelles autorités maliennes qu’elles respectent les échéances et qu’elles tiennent leurs engagements. La place de tous les mouvements politiques, respect des populations civiles, mise en œuvre des accords d’Alger, pas de dialogue et de compromission avec les groupes terroristes, le respect des règles fixées par la médiation de la Cédéao."
Autres annonces concernant l'Afrique
Par ailleurs Emmanuel Macron s'est prêt à vendre des réserves d’or pour aider à financer l’aide à l’Afrique. La France appelle les laboratoires pharmaceutiques à donner 10% de leurs doses de vaccins anti-Covid-19 aux pays les plus pauvres. Elle va collaborer avec l’Afrique du Sud pour la production de vaccins anti-Covi-19. L’agenda d'application de ces annonces devra être préciser avec les partenaires de la France. Des précisions devraient être données d'ici la fin du mois de juin.
Par Abdou Khadre GAYE
PROFUSION DE MANTEAUX ROUGES A DAKAR
Il faut mettre un terme à la banalisation des fonctions coutumières
Le constat est fait : aujourd’hui, chez les Lébu, tout le monde veut être dignitaire. On se joue des fonctions coutumières qui perdent davantage de leur lustre et respectabilité à l’instar des troupes de ndaw rabbin qu’on expose sous tous les chauds soleils pour meubler n’importe quelle cérémonie, oubliant que le ndaw rabbin ou gammu était un rituel à l’occasion duquel on faisait le bilan comportemental de la communauté, si on n’y intronisait un jaraaf nouvellement élu. Et, comme pour masquer le vide de leur titre, nos nouveaux dignitaires en rajoutent jusqu’à la pitrerie. Ainsi ornent-ils leurs bonnets de gris-gris et cauris, leurs manteaux de perles et paillettes. Des cornes, queues-de-cheval et pattes de poule s’invitent dans leurs mains à la place des cannes, comme pour ensorceler le monde… Il faut mettre un terme aux errements. La comédie doit cesser. Le dignitaire n’est pas un sorcier du paléolithique ni un magicien de cirque. Il n’est pas un crieur public et ne doit être le thuriféraire d’aucun homme politique, d’aucun groupe politique.
Pour rappel : a son élection à la fonction de sëriñ Ndakaaru, sous le coup de l’espoir suscité par l’engouement général du fait de son cursus et sa prestance physique, j’avais demandé à Ablaye Matar Diop de démissionner de son poste de député et de mettre un terme à ses activités politiques. Car je pensais qu’il devait se placer au-dessus de la mêlée, se consacrer exclusivement à sa nouvelle fonction, l’élever à son plus haut niveau et réconcilier la communauté avec elle-même et avec ses traditions. Je voyais la hauteur qu’il pouvait lui faire atteindre, qu’il peut toujours lui faire atteindre. Et je souhaitais qu’il la lui fasse atteindre. Je le souhaite toujours. Aujourd’hui, hélas, je pleure Bassirou Diagne et Massamba Koki Diop, tellement nombreux sont les errements de nos dignitaires et notables sur toute l’étendue du Cap Vert devenu, comme disait le ndey ji réew Alioune Diagne Mbor, un cap béton. C’est comme si, en perdant sa verdeur, la presqu’île avait dépouillé les cœurs et les âmes des valeurs ancestrales.
Et les dignitaires d’en perdre de l’envergure. Et les fonctions coutumières d’en perdre de l’éclat. Car les représentants de la tradition semblent ignorer qu’ils doivent sauver cette partie de nous-mêmes sans laquelle nous ne serons plus tout à fait nous-mêmes et perdrons notre identité. Ils semblent ignorer qu’ils doivent recoudre les liens unissant les villages et familles lébu, dissiper les malentendus et mettre un terme aux dérives. Et, tandis que se multiplient les conseils de dignitaires et notables, les uns, en quête de titres ou de légitimité, valsent d’un groupe à un autre, les autres s’intronisent saltige du Cap Vert ou jaraaf du Cap Vert, fonctions qui n’existent pas dans la nomenclature traditionnelle, comme pour narguer leurs contestataires, distribuant des manteaux rouges à qui en veut…
Et foisonnent les porteurs de titres dans tous les villages lébu oublieux du précepte rakk topp mag, doom topp baay2 et de la devise Laakoon, Faakoon, Ñaakoon3. Et l’on voit naître des sëriñ Wakam, sëriñ Yoof, sëriñ Tengéej… On voit naître des jaraaf dans des localités qui n’en ont jamais eu et jusque dans des débarcadères traditionnels, peuplés de pirogues. On voit naître des Laman, fonction qui n’existe plus depuis le 17e siècle, avec les derniers laman de Beeñ et Sumbejun, autour de cérémonies mobilisant des personnes qui ne savent rien de l’organisation politique lébu et des autorités politico-administratives non informées.
Demain on verra peut-être des jaraaf marché Sandaga, jaraaf marché Tileen et consorts tout aussi clinquants, prétentieux et ignorants… Et, cependant que plastronnent les manteaux rouges, semblables à une floraison printanière, Dakar pleure et peine à trouver un consolateur de la trempe du sëriñ Ndakaaru Ibrahima Diop qui était comme une page vivante de l’histoire du pays lébu et qui a su surmonter les divergences l’opposant au sëriñ Ndakaaru Abdoulaye Diop et collaborer avec lui. Il disait : «Prenons soin du tronc, les branches et les feuilles suivront.» Ou de l’imaan raatib Maodo Sylla à la voix pleine de chaleur qui recommandait aux fidèles ainsi qu’à lui-même la crainte de Dieu et le respect de ses recommandations, non sans préciser que la crainte de Dieu est différente de la crainte du lion. Car, enseignait-il, celui qui craint le lion le fuit, tandis que celui qui craint Dieu s’en approche.
Ndakaaru, Dakar, la vieille ville «constellée d’îles, frangée d’écumes et d’anses», est dépouillée, défigurée. Son patrimoine est piétiné, son domaine maritime agressé, ses lieux de culte traditionnel profanés, ses plages privatisées, son air pollué, ses ressources halieutiques pillées, ses pêcheurs réduits au chômage, sa jeunesse malheureuse… Elle étouffe, elle est surencombrée, elle est sale, elle sent mauvais. Plus d’espaces de loisirs et de détente sains : ni stade, ni salle de cinéma, ni bibliothèque, ni médiathèque… Rufisque, Bargny et Ndayane éprouvent des craintes. Les populations ont peur pour le peu qu’il leur reste d’environnement sain et de terres. Cependant que les terres du titre foncier 5007, appartenant à Wakam, au niveau de l’ancien camp Archinard, sont menacées et que celles de l’ancien aéroport sont en train d’être morcelées et distribuées aux plus nantis au grand dam des habitants de Tànkk entassés dans les villages de Yoff, Ngor et Wakam abandonnés à leur triste sort et ne disposant plus de réserves foncières…
Or, dans les années 1980 déjà, pour juguler la rivalité entre dignitaires suscitée et entretenue par le colonisateur puis par le gouvernement du Sénégal indépendant, le professeur Assane Sylla avait proposé, à l’occasion d’une rencontre de l’association Peey à Keur Ndiaye Lo, la rédaction d’une charte culturelle de la collectivité lébu de la presqu’île du Cap Vert qui serait une sorte de bréviaire qui ferait la genèse des fonctions et expliquerait qui peut y prétendre, comment on y accède, et apporterait les changements souhaités, etc. A l’occasion des conférences organisées dans le cadre du Fespénc (Festival Mémoire des Pénc et Villages de Dakar) l’idée des assises de la communauté lébu a été plusieurs fois agitée ainsi que la mise en place d’organes de régulation et de contrôle permettant de savoir qui est véritablement dignitaire et qui ne l’est que d’accoutrement. Car aujourd’hui n’importe qui peut se faire coudre un manteau et se déclarer dignitaire, sans que personne n’avise… On aime dire que le dignitaire lébu ne s’oppose pas au pouvoir : «kilifa lébu du kontar buur.» C’est peut-être vrai. Parce qu’il est lui-même détenteur de pouvoir. Mais il est fils d’un peuple qui a toujours refusé l’arbitraire, qui s’est toujours battu contre les tyrans et les rois injustes. Il vit sur une terre où, depuis plus de cinq siècles, on prône l’équité et l’égalité entre tous les hommes. Il doit donc défendre les faibles contre les abus des forts et des puissants. Il doit refuser l’excès de pouvoir, d’où qu’il vienne. Et, en tant que conseiller coutumier auprès du gouverneur, il doit porter la voix du peuple, la voix des sans voix…
Car j’ai entendu dire que ce qui caractérise le peuple lébu, c’est la concertation et le dialogue, qu’être lébu c’est savoir dire non quand il le faut, être dignitaire lébu c’est savoir écouter son peuple et suer pour lui. Je pleure le sëriñ Ndakaaru Elimane Diol qui, en mai 1847, avait menacé le damel Maissa Tenda Dior d’une guerre de trente ans s’il ne libérait pas les missionnaires Aragon et Siméon résidant au Cap Vert qu’il avait fait arrêter et garder en otage pour ne les rendre que contre rançon. Je pleure Abdou Cogna Diop qui, à la révolte de Kaay Findiw de 1914, à l’occasion du déguerpissement des pénc à la Médina, avait frappé et mis à terre deux soldats qui voulaient l’empêcher de rejoindre les émeutiers et déclaré à l’intention de leur chef : «Si vous mettez le feu à une seule baraque, je réduis en cendre le palais du gouverneur.» Cet héroïsme lui valut d’être élu sëriñ Ndakaaru. Je pleure jaraaf Farba Paye, le brave commandeur des abeilles, surnommé Alkaaty Mbot qui, à la même occasion, avait mis en fuite les brûleurs de case envoyés par les Français. Je pleure jaraaf Alia Codou Ndoye, grand architecte de la paix qui, en juillet de l’année 1946, est arrivé à mettre un terme à la division de Dakar en se réconciliant avec son rival jaraaf Ndiaye Paye et en réconciliant les sëriñ Ndakaaru Ibrahima Diop et Moussé Diop au cours d’une réunion tenue au pénc de mbot et présidée par xaali Ibrahima Kane, assisté du saltige Deungour Ndoye et d’imaam Mbor Diène. Je pleure le grand sumbaar et ndey i jàmbur Ismaila Guèye qui a décliné l’invitation de Abdou Diouf lorsqu’il a accédé à la présidence de la République en 1981 l’obligeant ainsi à venir lui rendre visite à son domicile de l’avenue Lamine Guèye (ex-avenue Maginot). Je pleure saltige Mame Mactar Guèye, le lion indomptable… Je pleure le ndey ji reew Baytir Mbengue surnommé Borom Jàmbor à cause de sa bravoure à la bataille dite de Jàmboor qui libera Yoff du joug du Cayor. Je pleure le jaraaf Maliber Samba tombé à Mbidieum et Bagnoul Mbengue, le téméraire qui, vers le milieu du 18e siècle, sauva son peuple contre Birame Diodio Sambel Diouma Ngor. Je pleure Golli Ngom, neveu du jaraaf Ballobé Diop qui, à la bataille de Bargny opposant les habitants de Ndakaaru au damel Amary Ngone Ndella Coumba, vers la fin du 18e siècle, avait ainsi parlé à ses épouses avant de se rendre au champ de bataille : «Pleurez-moi, femmes, que j’assiste à mes funérailles avant de mourir !» Je pleure Birago Samb Mbekh Mbengue. Je pleure Magori Bouba Ndoye…
Bref, le cirque a assez duré. Etre dignitaire ce n’est pas que porter un manteau et embrasser le pouvoir en place. Il s’agit de responsabilités à assumer. Il s’agit de se battre pour son peuple, de défendre les populations. Il s’agit de juguler les crises qui traversent sa communauté en préservant son patrimoine matériel et immatériel… Oui, nos fonctions coutumières ont encore leur utilité. Je ne parle pas seulement de leur dimension sociale. Car, ici et ailleurs au Sénégal et en Afrique, elles peuvent aider notre Nation à répondre aux questions qui se posent à elle, elles peuvent aider notre pays à sortir du sous-développement. Il est donc temps de renverser la tendance. Et c’est nous-mêmes qui pouvons le faire. Je dis bien nous les Dakarois d’origine et d’adoption, car ce patrimoine est nôtre et nous devons le préserver. Comme nous devons préserver ce bel arc-en-ciel fait de toutes les communautés qui font la beauté de Ndakaaru, le pays refuge, qui a accueilli et intégré les Diop du Djolof, les Faye du Sine, les Diol du Fouta, etc. La terre de teranga qui a accueilli et adopté Guinéens, Maliens, Cap-Verdiens, Libano-Syriens, etc.
Qui a eu à accueillir comme un prince monseigneur Benoît Truffet, chef de la première mission catholique dakaroise, ainsi que Cheikhna Cheikh Sadhbou Cherif qui a prédit que son sang et le sang lébu à travers la descendance du ndeyi jàmbur Cheikh Youssou Bamar Guèye, autrement appelé Alkaaty Kaay, seront mêlés jusqu’à la fin des temps. Cette terre du couchant qui a vu naître Seydina Limamou Laye, le généreux fils de la généreuse Mame Coumba Ndoye, qui recommandait à ses disciples de faire tomber les clôtures de leurs maisons et de céder de la place aux nouveaux arrivants. Cette terre où El H. Malick Sy a fondé en 1905 sa zawiya sur des parcelles gracieusement cédées par El Hadj Momar Sen i Mbaas et dont l’hospitalité est célébrée par Serigne Touba à travers Ibra Bineta Guèye et son épouse Anna Faye. Cette terre où repose Seydou, fils de Nourou, fils de Cheikh Oumar Foutiyou Tall. Cette terre sur laquelle est descendue la mosquée de la divinité... Nous y reviendrons, s’il plaît à Dieu… En attendant, je pense humblement que l’urgence, pour nous, c’est de travailler à la réconciliation et aux retrouvailles de la grande famille lébu. Il est normal qu’il y ait des conflits, mais il est anormal de les laisser durer et pourrir et empoisonner le monde. Or, les miasmes de la division de notre communauté se sentent partout.
Et, Ablaye Matar Diop (je ne parle pas du sëriñ Ndakaaru, mais du père, de l’oncle, du frère et du cousin), Ablaye Matar Diop donc, puisqu’il faut toujours quelqu’un pour commencer, doit, à l’instar de Alia Codou Ndoye et de Ibrahima Diop Anta Guèye, faire preuve d’humilité et de responsabilité, user des outils traditionnels de fabrication de la paix et de la cohésion sociale, prendre langue avec les uns et les autres, mais d’abord avec Pape Ibrahima Diagne, Youssou Ndoye et tous les autres dignitaires, qui doivent fournir le même effort sur eux-mêmes, pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent actuellement à notre communauté éclatée en plusieurs conseils de dignitaires et notables. Car nous sommes comme les doigts d’une main. Nous ne sommes utiles et efficaces qu’ensemble, dans la franche, saine et sincère collaboration. Car, tout ce que nous puissions avoir, si nous n’avons pas la paix, l’entente et la solidarité, la cohésion et l’harmonie dans le fonctionnement de nos institutions traditionnelles, nous n’avons rien, nous ne sommes rien… Il s’agit là, en vérité, d’un vœu largement partagé, on pourrait même parler d’une demande sociale. Et si nous répondons favorablement à cet espoir de presque tout un peuple, ce serait un énorme succès pour tous les membres de la communauté qui réconcilierait, j’en suis convaincu, notre génération avec elle-même et avec ses devancières qui sont dans l’Au-delà.
Je serais heureux si tout le monde s’impliquait en actes, en paroles et en prières. L’enjeu en vaut la chandelle. Je pense notamment au Khalife général Serigne Babacar Sy Mansour, à l’imaam Alioune Moussa Samb, à Seydina Issa Thiaw Laye, Djibril Salam Guèye, Souleymane Paye Billy, Mame Mactar Guèye de l’Ong Jamra, Assane Guèye de l’Ong Acd, Serigne Mbaye Diène de l’Apecsy, Alia Diène Dramé du Peey, Mbaye Youm, Ismaila Diagne, Djibril Samb... Si nous échouons (Dieu nous en garde), le monde poursuivra sa route sans nous, je veux dire sans l’héritage dont nous sommes dépositaires et gardiens et que nous devons transmettre à nos enfants qui doivent à leur tour le transmettre à leurs enfants, ainsi de suite au fil des siècles, au profit de l’humanité entière…
Abdou Khadre GAYE
Ecrivain, président de l’Emad
1/Voir ma contribution : «Ma réponse à la question du députésëriñ Ndakarou» 2/Le précepte signifie que le petit frère doit suivre le grand frère et le fils le père. Elle renvoie selon certains au fait que ni le petit frère ni le fils ne peuvent prétendre à une fonction à laquelle prétend le grand frère ou le père. Cette interprétation est aujourd’hui fortement contestée.
3/La devise qu’on peut lire sur le mur du siège de Santhiaba à la rue 17x22 de la Medina renvoie à l’histoire, à la terre et au peuple lébu. En wolof ça donne : Lawoon, Fawoon, Ñawoon.
4/J’ai entendu cette formule du sëriñ Ndakaaru Ibrahima Diop de mon oncle Mbaye Youm.
5/Léopold Sédar Senghor, son poème «Retour de Popenguine»
6/Voir ma contribution : «Leçon d’un architecte de la paix : Comment Jaraaf Alieu Codou Ndoye a réconcilié Ndakarou ?»
JEUNE AFRIQUE TAXÉ POUR PRISE D'IMAGES À GORÉE
Un reportage d’une élue locale de Gorée qui tourne presque au racket. Cela s’est passé avec des journalistes du magazine «Jeune Afrique», à qui il a été demandé de payer 200 mille Francs Cfa pour avoir pris des photos sur l’île
Un reportage d’une élue locale de Gorée qui tourne presque au racket. Cela s’est passé avec des journalistes du magazine «Jeune Afrique», à qui il a été demandé de payer 200 mille Francs Cfa pour avoir pris des photos sur l’île. L’ennui est que le montant ne figure pas dans le texte de délibération qui fixe les taxes sur les prises de vue sur l’île.
Des confrères du magazine panafricain Jeune Afrique ont vécu hier une grosse mésaventure, qui montre la nécessité de clarifier certaines décisions que prennent les autorités dans ce pays. Partis pour un échange avec l’architecte Annie Jouga dans le cadre d’un reportage, la journaliste Marième Soumaré et son photographe, Sylvain Charkaoui, se sont retrouvés empêchés de quitter l’île de Gorée, s’ils ne s’acquittaient pas d’une taxe de… 200 000 francs Cfa !
Ladite taxe serait justifiée par des photos qu’ils auraient prises, notamment de Mme Jouga qui, en passant, se trouve être l’une des adjointes au maire de Gorée. Marième Soumaré a expliqué que dans la préparation de son reportage, dont elle avait de manière claire indiqué le motif, elle s’était informée s’il était besoin de s’acquitter de droits pour des prises de vue, destinées à illustrer son article pour son magazine. Au cours des échanges, il lui a été envoyé le document portant «délibération fixant les taux, les modalités d’assiette et de perception de la taxe sur les spectacles, jeux et divertissements».
Le document indique, en son article premier, que les photographes professionnels qui voudraient prendre des vues sur l’île, devraient s’acquitter soit «d’une taxe forfaitaire de 10 mille francs Cfa par mois», ou «pour la couverture d’un évènement ponctuel sur le territoire communal», d’une taxe forfaitaire de 5000 francs Cfa par jour. Les reporters de Jeune Afrique étaient dans l’état d’esprit qu’à la rigueur, il leur serait demandé de payer les 5000 francs Cfa indiqués dans la délibération. Grande a donc été leur surprise quand il leur a été signifié, par des agents municipaux, qu’ils devaient payer…15 000 francs Cfa ! Devant leurs protestations, les agents ont porté le montant à régler à 200 000. Marième Soumaré indique que «les agents nous ont empêchés de prendre la chaloupe, nous disant que nous ne pourrions quitter Gorée qu’après avoir payé ce montant». Or, ledit montant n’est pas répertorié dans la délibération, qui sert de base juridique à ladite taxe. La délibération demande un «montant qui ne puisse être inférieur à 250 000 francs Cfa», pour «les tournages et/ou prises d’images destinés à une exploitation cinématographique, séances de tournage d’émission de télévision, de films documentaires, de vidéoclips, de spectacles avec attraction…».
Bref, toutes choses loin d’un reportage-photos pour un hebdomadaire, devenu depuis l’explosion du Covid-19, un mensuel… Et nulle part n’est spécifiée une taxe de 200 mille Cfa ! De guerre lasse, Marième Soumaré a dû contacter sa rédaction à Paris en urgence, pour que cette dernière s’engage à payer le montant, afin de laisser partir les reporters. Mehdi Ba, un ancien représentant de JA à Dakar, qui se trouve également dans la capitale sénégalaise pour des reportages, s’est scandalisé de ce qu’il considère comme «un racket indigne du Sénégal et de la ville de Gorée», ajoutant que même dans des pays moins connus pour leur liberté d’expression, il n’a jamais vu une situation de ce type. Contacté par Le Quotidien, le maire de Gorée, Me Augustin Senghor, a indiqué que «ce n’est pas une nouveauté», et qu’il y a «bien une redevance qui est perçue par la collectivité sur les prises de vue du patrimoine communal, par le régisseur des recettes».
Il a ajouté par message whatsApp, que la journaliste de JA savait qu’elle devait payer des droits pour des images prises à Gorée. Il ne s’est par contre, pas prononcé sur les différences de montants, entre ce qui est écrit dans la délibération, et ce qui a été imposé aux journalistes. Il n’a de même, rien répondu à la question de savoir si ce «traitement» était spécifique à la presse étrangère ou pas. La question se justifiait pourtant, quand on sait la différence de traitement qui est réservée à Gorée, aux visiteurs, qu’ils soient nationaux, résidents ou juste de passage. Ces personnes ne paient pas les mêmes tarifs pour les services de la municipalité, ou même la chaloupe
Par Mody NIANG
OUI, IL N’EST PAS DIFFICILE DE FAIRE PLUS ET MIEUX QUE LUI QUE MACKY
Quoi de plus normal qu’un État aussi démuni que celui du Sénégal construise des hôpitaux et des routes pour ses populations ? Ce qui s’est passé à Kaffrine et à Kédougou est impensable dans les pays sérieux
Oui, je le réaffirme avec force : il n’est pas difficile de faire rapidement plus et mieux que lui. Oui, et sans tambour ni trompette. Cette tonitruante tournée «économique » n’y changera rien. Ai-je besoin de m’attarder sur cet événement outrageusement folklorique ? En avait-on vraiment besoin ? Quoi de plus normal, de plus naturel qu’un État aussi démuni que celui du Sénégal construise des hôpitaux et des routes pour ses populations ? Ce qui s’est passé à Kaffrine et à Kédougou, et va se passer sûrement à Sédhiou et à Touba, est impensable dans les pays sérieux. Emmanuel Macron, Angela Merkel, Boris Johnson et autres chefs de gouvernements danois, norvégiens, suédois, ont vraiment d’autres chats à fouetter. Plus près de nous, il ne se passerait même pas en République des Îles du Cap Vert, ni au Ghana, ni au Botswana, ni à l’Île Maurice. Pour revenir à notre sujet, cent (100) milliards auraient servi à construire les quatre hôpitaux. Avec autant de milliards, n’aurait-on pas pu construire cinq à six hôpitaux de même niveau si tout le processus s’était déroulé dans les règles de l’art, notamment si un appel d’offres international bien encadré avait été lancé ? Peut-être, en aurons-nous le cœur net si, après 2024, le pays est débarrassé de tout ce qui touche de près ou de loin au PDS, à son chef, à son fils biologique et à ses deux ‘’frères’’ (mburu ak soow) 2. Combien de ces véhicules luxueux et gros consommateurs de carburant étaient-ils dans le cortège du président-politicien Jr ? Que ne gagnerions-nous pas en millions de francs CFA s’ils n’étaient composés que de modestes Peugeot, Toyota, Citroën ? Combien de centaines de millions seront-ils engloutis dans l’organisation des quatre événements ? D’où proviennent-ils ? Ne pourraient-ils pas être investis plus utilement ailleurs ?
Le président-politicien Jr, son parti, sa coalition et surtout son administration nous coûtent trop cher.
Combien nous coûtent, pour presque rien, les ministres d’État à ses côtés ? Pour ne prendre que l’exemple de Mbaye Ndiaye – il en faut un –, il nous coûte, en salaires et en indemnités, cinq (5) millions de francs CFA par mois (quatre millions de salaire et un million d’indemnité de logement) et 60 par an. Il nous en aura coûté 720 en 2024, s’il reste en poste jusque-là et ce sera sûrement le cas. Si on lui applique le fameux décret 2021-03 du 06 janvier 2021 relatif aux véhicules administratifs et allouant aux ayants droit, personnels de l’État et de ses démembrements (énumérés dans le texte) une indemnité forfaitaire globale mensuelle nette d’impôts (sic), il gagnera 700.000 francs par mois en plus. Combien de ministres d’État de son acabit sont-ils nommés par le président-politicien ? Combien d’autres ministres ? Combien de ministres conseillers ? De conseillers spéciaux ? De chargés de mission ? D’ambassadeurs dits itinérants et qui ne sortent pratiquement jamais du pays ? De présidents de conseils d’administration ? De présidents de conseils de surveillance ? De présidents de conseils d’orientation et que sais-je encore ? Lui-même, qui nomme, ne le sait pas. Combien sont-elles, les directions générales, les directions et autres agences nationales dont les directeurs généraux et directeurs souvent venus de nulle part, perçoivent des salaires mensuels de cinq à six millions, sans compter les budgets qu’ils gèrent comme leur propre argent ? Un président de la République sérieux ne s’encombrerait pas de tout ce monde coûteux et inutile pour l’essentiel. Sa première tâche serait de remettre l’administration centrale à l’endroit par de profondes réformes, cette administration de nos jours outrancièrement politisée, malmenée, sens dessus dessous, lourde, coûteuse et inefficace. Dans cette perspective, il commencerait par restaurer la fonction ministérielle gravement ternie et dévoyée depuis le 1er avril 2000. Des ministres, on en rencontre aujourd’hui de toutes les couleurs et à tous les coins de rue. Un président à la hauteur de sa mission devrait redonner rapidement son lustre d’antan à la fonction ministérielle, en lui redorant notablement le blason.
Dans cette perspective, il en finirait sans calcul avec les gouvernements pléthoriques et encombrants auxquels le vieux présidentpoliticien et son digne successeur nous ont malheureusement habitués. Il faudrait restreindre de façon drastique le nombre de ministres qui les composent. Un gouvernement de 15 à 20 ministres, c’est largement suffisant pour le Sénégal : 14 à 16 ministres, 2 à 4 secrétaires d’État ou ministres délégués. Le nombre de ministres serait donc limité, et les ministres nommés à la hauteur de la fonction. Pas seulement d’ailleurs : les ministères seraient habillés, avec un contenu précis. Ainsi seraient déclinées, pour chaque ministère, les directions générales, les directions et les divisions. Il conviendrait aussi, peut-être, et pour des raisons d’efficacité et d’économie, de revenir sur la notion de chef de service régional, départemental, plutôt que de directeur régional, départemental. Nous comptons trop de directeurs au Sénégal, surtout de directeurs généraux. La direction devrait se situer au niveau national. L’organigramme aussi devrait être ressuscité. Dans beaucoup de ministères et nombres d’autres institutions, on ne sait plus ce que c’est. Pourtant, c’est un instrument de clarté et d’efficacité dans le fonctionnement de l’administration.
Un ministère donc, ce sont des directions, des services, des divisions, un organigramme.
Quand il s’agit de son fonctionnement, on ne peut surtout pas s’empêcher d’évoquer le poste stratégique de secrétaire général. Ce haut fonctionnaire qui est la ‘’mémoire’’ du département, en assure la permanence, la continuité. Avec la gouvernance meurtrie du président-politicien Jr, le poste de secrétaire général galvaudé, est pratiquement généralisé. On compte aujourd’hui pratiquement autant de secrétaires généraux que de ministères. Des secrétaires généraux dont la grande majorité composée de femmes et d’hommes venus de nulle part sont loin d’avoir le profil de l’emploi. Tous les ministères, y compris les plus insignifiants, en sont dotés. Or, le secrétaire général d’un ministère, c’est un profil, un très haut fonctionnaire qui a blanchi sous le harnais de l’administration. On ne devrait donc pas en nommer à tout bout de champ. Seuls les gros ministères, avec plusieurs directions importantes, devraient en être dotés Et même dans ce cas, le fonctionnaire qui sera choisi pour occuper ce poste stratégique de l’administration, doit l’être avec un soin particulier, qui exclut toute considération partisane. Nous ne devons surtout pas oublier que le secrétaire général de ministère coûte aujourd’hui très cher, avec les salaires et indemnités exorbitants que le président-politicien Jr accorde à tout bout de champ. Un président sérieux qui revient à l’orthodoxie dans ce domaine nous ferait économiser beaucoup de millions employés bien plus utilement ailleurs. L’administration centrale serait donc non seulement allégée, mais dépolitisée et dépolluée. Elle devrait être une administration nationale neutre, au service exclusif du peuple, plutôt que d’un parti-État, donc une administration efficace et moins coûteuse. Nous y reviendrons d’ailleurs dans nos prochaines contributions. En attendant, nous constatons que l’administration territoriale est aussi lourde, et certainement aussi coûteuse que l’administration centrale. Il fut un temps où les régions étaient sept (7). Aujourd’hui, elles sont quatorze (deux fois plus), Les départements ont, eux aussi, plus que doublé : ils sont quarante-cinq (45), supervisant une pléthore d’arrondissements. Combien sont-ils aujourd’hui les gouverneurs, les préfets, les sous-préfets et leurs adjoints ? Si on considère que leurs indemnités ont été sensiblement bonifiées depuis la gouvernance du vieux présidentpoliticien et qu’ils sont tous logés et bénéficient de la gratuité de l’eau, de l’électricité, du téléphone et de la domesticité (celle-là payée en espèce, semble-til), combien coûtent-ils annuellement au contribuable sénégalais ? Il appartiendrait à une commission technique, à un audit, de comparer ce coût à leur apport dans le développement de leurs localités respectives et dans le Sénégal émergent en général, si toutefois il émerge.
Il conviendrait de s’interroger sérieusement sur la pertinence et la viabilité de toutes ces collectivités territoriales.
On se souvient que, pendant longtemps, des départements érigés en régions sont restés pratiquement en l’état pendant plusieurs années, du point de vue des infrastructures tout au moins. Il en est de même de certains départements créés, qui ne comptent pratiquement pas de routes (pas une seule route goudronnée, parfois pas une piste), d’infrastructures administratives, sanitaires, scolaires ou, s’ils en comptent, elles sont dans un piteux état. Nombre d’arrondissements sont encore plus déshérités. Il faudrait donc envisager un audit profond de l’administration territoriale, en vue d’une profonde réforme qui aboutira, s’il y a lieu, à de fortes recommandations pour une meilleure prise en charge de nos collectivités territoriales. Le moment venu, il ne faudrait pas craindre de remettre carrément en cause l’existant. Une réforme administrative sérieuse vise davantage l’efficacité et les coûts que la volonté politicienne de quelque groupe de pression que ce soit. Elle ne devrait surtout pas servir de cheval de bataille aux gouvernants pour atteindre des objectifs politiciens, en créant facilement des collectivités territoriales coûteuses, dont la viabilité est loin d’être prouvée. Un audit profond de ces collectivités mettrait sûrement en évidence beaucoup de problèmes, notamment beaucoup de gaspillages de moyens humains, financiers comme matériels 3.
La gouvernance meurtrie du président-politicien Jr comporte bien d’autres niches de gaspillages de centaines de milliards, notamment au niveau des collectivités décentralisées comme des agences dites nationales. Des centaines de milliards qui pourraient servir, sans tambour ni trompette, à réaliser bien plus d’infrastructures qu’il n’en construit aujourd’hui. Nous les passerons en revue dans notre prochaine contribution, celle-ci étant déjà un peu longue pour nos compatriotes qui ne sont pas en général de gros lecteurs. Nous le ferons en nous fondant sur des faits précis et irréfutables, que nos détracteurs gagneraient à contester en nous opposant d’autres faits, plutôt qu’en nous couvrant d’injures grossières, qui n’auront aucun effet sur notre vieille détermination à dénoncer la mal gouvernance, sous toutes ses formes.
1 Suite de la contribution publiée par Le Témoin du 26 et WalfQuotidien du 27 mai 2021.
2 Peut-être, en aurons-nous aussi le cœur net, en ce moment-là, à propos de ces routes construites par l’Agéroute, Promoville et autres agences (si elles existent). La largeur et l’épaisseur (du goudron) des routes qu’elles construisent sont-elles toujours conformes à celles déclarées et facturées ?
3 Á ma connaissance, elles n’ont jamais été auditées
TITRES FONCIERS DE KAMB (KEUR MBAYE FALL)
Quand des décisions de justice sont piétinées par l’Administration
Cela fait dix-huit ans que la ville de Pikine a initié un projet de lotissement auquel ont adhéré treize familles, qui exploitaient depuis plusieurs décennies leurs vergers et fermes dans la localité de Kamb. Entretemps, la coopérative des habitants de Keur Mbaye Fall et celle des employés de l’Ucad ont eu des prétentions sur le site en brandissant deux décrets leur attribuant chacune dix hectares à Niakoulrap, localité située dans le département de Rufisque. Le différend a atterri au niveau de la justice. Le tribunal a débouté les « envahisseurs » aussi bien en première instance qu’en Appel suivant l’arrêt numéro 510 du 06 juillet 2009. Ces décisions sont devenues par la suite définitives à défaut d’un pourvoi en cassation dans les délais prévus par la loi. Pourtant, depuis lors, certaines personnes continuent les constructions irrégulières sur le site avec la complicité de l’administration, foulant au pied les décisions de justice.
Les propriétaires terriens du site de Kamb et le syndicat des travailleurs de l’hôpital Le Dantec ne savent plus à quel saint se vouer. Depuis 2003, ils courent derrière leurs parcelles de terrains. En vain. Plusieurs correspondances adressées au président de la République, Macky Sall, ainsi qu’au Médiateur de la République Alioune Badara Cissé, n’ont connu aucune suite. Pendant ce temps, des prédateurs fonciers continuent de vendre à tout-va des parcelles situées sur leurs terres avec la complicité de certaines autorités administratives des Domaines et de la Descos.
Une décision de justice snobée par l’administration
Pour régler la confusion née des décrets d’attribution du site, les deux camps avaient décidé d’aller devant la justice. Au terme de la procédure, les coopératives de Keur Mbaye Fall et de l’université ont été déboutées par le tribunal hors classe de Dakar statuant en première instance. Ce jugement a été confirmé par la Cour d’appel de Dakar suivant l’arrêt numéro 510 du 06 juillet 2009. Les deux parties n’ont pas jugé nécessaire d’aller en cassation dans les délais réglementaires. Ce qui fait que le jugement est devenu définitif. Hélas, en dépit des décisions de justice, des délinquants ont poursuivi les constructions irrégulières sur le site sans être inquiétés par la Descos et par les différentes brigades de gendarmerie dont l’assistance a été sollicitée à plusieurs reprises. Cette attitude passive de ces commandants de brigade a été perçue par ces délinquants comme un signe d’encouragement à mépriser les décisions de justice rendues dans cette affaire. D’ailleurs, une correspondance datée du 07 aout 2013 a été adressée au Haut commandant de la gendarmerie et directeur de la Justice militaire d’alors pour, d’une part, l’informer de l’attitude suspecte de ses collaborateurs et, d’autre part, lui rappeler la nécessité de prendre les mesures idoines afin que l’Etat de droit soit préservé.
Le directeur de l’Enregistrement et du Timbre refuse de déférer à la convocation du juge
Devant cette situation confuse, le juge du tribunal hors classe de Dakar a estimé nécessaire de recourir, en septembre 2017, au directeur de l’Enregistrement et du Timbre avant de dire le droit. Le juge lui a demandé, entre autres, de se prononcer, sous serment préalablement prêté, sur les différents titres fonciers établis sur le site de Kamb et d’authentifier les titres et actes produits par les différentes parties. Un délai de deux mois, à compter de la notification, lui avait été imparti pour déposer son rapport. Depuis lors, quatre années sont passées, plus de vingt reports d’audiences ont été enregistrés pour le même motif du non dépôt du rapport du directeur des Domaines.
Le jeu double de l’administration des Domaines
Certains faussaires, déjà condamnés par le tribunal hors classe de Dakar comme Allé Sène, Ousmane Ndiaye entre autres, ont pu obtenir des services des Domaines de Pikine la recevabilité d’actes ne revêtant aucune approbation de l’autorité administrative compétente et censés porter sur le TF 13071 DP. De même, des agents de l’administration des Domaines de Rufisque se sont curieusement autorisés à procéder à une nouvelle immatriculation du terrain de Kamb, lequel se situe pourtant hors de leur domaine de compétence et figure déjà dans le livre foncier de Dagoudane-Pikine. Ces irrégularités commises de concert par les différents services de l’administration ne sont pas de nature à faciliter le règlement de ce litige
L’Etat ne souhaite pas la démolition des constructions
Après plusieurs correspondances envoyées au chef de l’Etat (11 avril 2018 ; 08 janvier 2020) afin que les directives données depuis le 29 décembre 2014 aux véritables détenteurs de titres réguliers sur le site de Kamb soient rétablis dans leurs droits, force est de constater que ces instructions n’ont pas été exécutées. Le gouverneur de la région de Dakar, Al Hassan Sall, et le préfet de Pikine avaient reçu certains membres du collectif et leur auraient fait comprendre que l’affaire ne peut pas être réglée par la justice. Mieux, avaient-ils insisté, l’Etat ne souhaite pas la démolition des constructions existantes mais préconise plutôt une solution administrative. Le collectif des impactés a remis à cette occasion la liste des 704 attributaires des parcelles constituant le TF 13071 DP ainsi que l’état récapitulatif des parcelles occupées et celles ayant fait l’objet d’une indemnisation dans le cadre de la réalisation de l’autoroute de l’Avenir. D’autres réunions de concertation se sont tenues par la suite à la gouvernance de Dakar à l’initiative du gouverneur. Les détenteurs de titres réguliers sur le TF 13071 DP, à l’exception du président de la coopérative du personnel de l’hôpital Aristide Le Dantec, n’ont pas été conviés à ces réunions. Ils ont déploré cette exclusion dans la recherche de la solution administrative préconisée ainsi que le traitement discriminatoire dont ils estiment être l’objet « sans fondement juridique ». Des échos de ces réunions font état de l’option retenue par l’administration et qui consisterait à annuler le TF 13071 DP, en créer un nouveau et y délivrer des titres aux occupants illégaux. L’objectif visé par cette manière cavalière de traiter ce litige est d’absoudre autant les délits commis par certains agents de l’administration que ceux commis par des individus véreux qui se sont adonnés à des cessions illégales de parcelles. Qui avait dit que le foncier risque de faire imploser le pays ?
Par Abdoul Aly KANE
POINT DE LIBRE ADMINISTRATION DES COLLECTIVITES TERRITORIALES SANS AUTONOMIE FINANCIERE
Les élections municipales se profilant à l’horizon, des propositions de candidatures se font jour et secouent les états-majors des formations politiques. La fonction de maire est sans doute motivante.
Les élections municipales se profilant à l’horizon, des propositions de candidatures se font jour et secouent les états-majors des formations politiques. La fonction de maire est sans doute motivante. Etre maire donne du prestige et constitue une voie privilégiée de propulsion d’une carrière politique. Pour ceux qui ont l’ambition de développer la « cité », la fonction municipale apparaît comme étant la mieux indiquée. Mais elle n’est pas de tout repos eu égard aux difficultés de tous ordres de la gestion municipale. Les premières communes du Sénégal ont été créées à la fin du XIX ème siècle par l’administration coloniale, notamment celles désignées par l’appellation « Quatre communes », c’est-à-dire Saint-Louis (en 1872), Gorée, Dakar et Rufisque. Après la mise en oeuvre de plusieurs réformes administratives et de lois de décentralisation, l’Etat a initié l’actuelle réforme (Acte 3) à l’issue de laquelle le territoire national est subdivisé en 45 départements et 557 communes y compris les villes. La Région a été supprimée et remplacée par le Département (la région « circonscription administrative » a été maintenue) ; la communauté rurale a également été supprimée et remplacée par la commune, soit une « communalisation » intégrale. Dans la phase Il de l’Acte 3, les autorités prévoient la mise en place d’une fiscalité spécifique pour le département, l’augmentation progressive des fonds de dotation et d’équipement et le transfert de nouvelles compétences aux communes, dans les domaines de l’agriculture, l’élevage, l’hydraulique, la pêche, le tourisme. 10 années après le début de la mise en œuvre de l’Acte 3, les collectivités territoriales sont toujours confrontées à la même problématique, à savoir l’absence de ressources financières avec comme corollaire une dépendance vis-à-vis de l’Etat pour leurs investissements et leur fonctionnement.
Faiblesse des ressources financières des communes
Cette réalité est une constante depuis l’indépendance ; elle s’est aggravée au fil des crises économiques ayant affecté les ressources budgétaires internes de l’Etat central et, par conséquent, a amoindri la part (déjà faible) réservée à ces collectivités sous forme de dotations et de subventions diverses. La raison de cette faiblesse des ressources financières des communes réside dans le fait que toutes les réformes institutionnelles réalisées de 1972 à nos jours, y compris l’Acte III de la décentralisation, ont essentiellement porté sur des aspects administratifs (ordre de collectivités locales, transfert de compétence etc.), et non sur la mobilisation optimale des ressources financières. Les collectivités territoriales sont d’inégale importance. Les communes de Dakar sont privilégiées par le fait de se situer dans la capitale économique avec de gros contribuables (entreprises) situés dans leurs périmètres. Près de 49 % des recettes fiscales locales sont perçues par les collectivités locales de la région de Dakar, où sont également réalisées 50 % des dépenses locales. Les autres grandes collectivités comme Saint-Louis, Touba, Ziguinchor, Kaolack et Thiès n’ont pas les mêmes problèmes de ressources financières que les communes d’arrondissement ou communes rurales. Les communes comme Saint-Louis, outre l’avantage de disposer de ressources fiscales plus importantes, sont en coopération technique et financière avec des communes du Nord qui leur font bénéficier de ressources financières et humaines pour la conception et la réalisation de travaux dans divers domaines tels l’éducation, la santé, l’adduction d’eau, l’assainissement, les énergies renouvelables (solaires) etc. Les ressources financières propres font généralement défaut, faute de maîtrise de l’assiette fiscale mais aussi à cause de la faiblesse du recouvrement des impôts tenant aux ressources humaines, de la faible capacité de payer des usagers et de la faiblesse de la participation citoyenne. L’autonomie financière, qui est un droit dévolu aux communes, est « corsetée » par l’Etat à travers des règles financières et comptables coercitives qui constituent un frein à l’accès à des sources alternatives de financement.
Les règles de comptabilité publique appliquées aux collectivités territoriales
Parmi ces règles de comptabilité publique, il y a en particulier le principe de la séparation « ordonnateurs / comptables». Ce principe a été édicté dans une ordonnance prise en France au 19e siècle, et dont nous, en tant que pays, nous sommes inspirés. Cette séparation a été instituée afin mieux contrôler la régularité des recettes et des dépenses. La séparation de ces fonctions permet en effet au comptable (le receveur municipal agent du Trésor) de vérifier la régularité formelle de l’exécution des recettes et des dépenses décidées par l’ordonnateur (le Maire). Le Maire a le pouvoir de décision en matière financière. Il perçoit les recettes et décide avec le conseil municipal des dépenses autorisées par le budget. Le Receveur municipal encaisse les recettes et paye les dépenses. Ce principe qui participe de la sécurisation du processus d’encaissement et de décaissement des fonds génère cependant une lenteur qui ne rend pas efficace la gestion financière des collectivités, et n’encourage pas les institutions financières et le secteur privé à nouer des partenariats avec les entités locales.
Le principe de l’unicité de caisse
En vertu de ce principe, l’ensemble des ressources financières de l’Etat central et décentralisé est déposé sur le compte du Trésor public. Ce dernier est donc le banquier des collectivités locales qui sont obligées d’y déposer leurs liquidités ; il leur est formellement interdit (sauf dérogation du ministre chargé des Finances) d’ouvrir des comptes dans des banques privées. La trésorerie des collectivités territoriales n’est pas individualisée dans sa gestion par le Trésor. Elle est fondue dans la masse globale de trésorerie de l’Etat et placée sous la responsabilité de l’Agent comptable central du Trésor. Ces collectivités étant structurellement déficitaires du fait de la non disponibilité en temps voulu de leurs recettes, ne sont pas maîtresses de leur agenda de trésorerie et ne peuvent en conséquence proposer des échéanciers à d’éventuels prêteurs. Ces derniers ont la certitude d’être remboursés du fait de l’inscription de leurs créances en dépenses obligatoires, mais ne savent pas quand. Le principe de l’unicité de caisse que d’aucuns jugent comme étant favorable aux communes souvent en mal de trésorerie, est en réalité une mise sous tutelle financière en porte à faux avec le principe de l’autonomie financière. Pour les communes excédentaires en ressources, le dépôt obligatoire des ressources locales au Trésor enlève aux collectivités la liberté de gérer directement leur trésorerie et d’en disposer à première demande. Avec ces dispositions légales et règlementaires, l’Etat monopolise les flux financiers d’entrée et de sortie. Il collecte les ressources fiscales, surveille l’exécution des dépenses, et gère la trésorerie du mécanisme du compte unique du Trésor. Il est enfin présent au moment de la sortie des flux financiers puisque le comptable de l’Etat est également receveur de la collectivité territoriale. Les éventuels prêteurs de deniers et le secteur privé pourraient difficilement se soumettre à ces procédures contraignantes, certes sécurisantes pour l’Etat, mais peu favorables au développement économique des collectivités.
Les perspectives de diversification des sources de financement
La recherche de ressources financières alternatives est d’une nécessité fondamentale pour une décentralisation viable. Elle passe d’abord par la mobilisation de ressources propres via la contribution financière des usagers des services publics et marchands. En effet, de nombreux usagers se plaignent de la mauvaise qualité des services publics municipaux et, par là, posent le problème de la transparence dans la gestion des ressources. Souvent, faute d’informations, ils imputent aux mairies des défaillances qui, en réalité, sont de la responsabilité de l’Etat. Des plaintes proviennent des marchés où la question de l’assainissement et de l’hygiène est posée par les commerçants et les usagers. L’expérience a prouvé ailleurs que lorsque les services sont de qualité, les usagers sont plus enclins à payer leur part de fiscalité. Une bonne communication sur les comptes administratifs, les réalisations et les projets en préparation, une politique de participation des citoyens et usagers à la prise de décision municipale conforterait la participation financière des populations.
Accès des collectivités au marché financier et aux services bancaires
Les municipalités du Sénégal doivent pouvoir accéder à aux marchés de capitaux. En Afrique, la levée de fonds sur le marché financier et la création de banques dévolues au financement du développement local sont en cous actuellement. Les collectivités locales d’Afrique du Sud préparent présentement une première émission obligataire groupée sur le marché financier. La mairie de Dakar, qui en avait eu l’initiative en 2015, n’avait pu terminer le processus faute de l’indispensable soutien de l’Etat. Mieux, de vraies institutions financières municipales devraient pouvoir être créées à l’effet de recevoir des dépôts et d’octroyer des crédits à ces entités. Exemples de ce qui pourrait se faire, le Fonds d’Equipement Communal du Maroc est un établissement public ayant le statut de banque, et qui a donc la faculté d’accorder des prêts aux collectivités locales pour leurs investissements. Il lève des fonds auprès d’institutions financières ou de coopération internationale au profit des communes. Il a ainsi bénéficié de 165 millions de dollars prêtés par la JICA du Japon. L’Urban Development Bank du Nigéria a pour objectif de favoriser le développement rapide des infrastructures urbaines dans toute la Fédération du Nigéria. Ses actionnaires sont le gouvernement central, les gouvernements des Etats, et les collectivités ou gouvernements locaux. Ces expériences devraient être « benchmarkées » et expérimentées dans les grandes villes ou avec des regroupements de communes dans un premier temps. Il est vrai qu’il existe au Sénégal des structures d’appui technique et financier aux communes comme l’ADM (Agence de développement Municipal) considéré comme un relai d’organismes comme la Banque Mondiale. Mais il faudrait aller plus loin en créant des institutions financières de dépôts et de crédit pour les municipalités. Ces institutions pourraient recevoir les fonds de l’Etat affectés à la décentralisation, les subventions et dons de la coopération décentralisée, les prêts de la Banque Mondiale et de toutes les institutions financières prônant le développement économique à la base.
Pour conclure, Comme le disait le Professeur Ismaïla Madior Fall : « la décentralisation est entravée par la faiblesse des ressources humaines et financières des collectivités locales : On a beau décentraliser du pouvoir et des compétences dans une localité du pays, s’il n’y a pas de dynamique économique qui l’accompagne, c’est voué à l’échec. Si l’on prend tous les indicateurs, l’on se rend compte que notre pays est centralisé. Le Sénégal est l’un des pays en Afrique qui transfère le moins de ressources à sa périphérie ». La viabilité des collectivités territoriales du Sénégal se pose avec acuité, faute de moyens suffisants. Il faudrait initier de nouvelles réformes donnant à ces collectivités davantage accès aux ressources des banques et des marchés financiers. Pour cela, la règlementation comptable et financière actuellement appliquée aux collectivités territoriales devrait être revue. En effet, ce ne sont pas les réformes administratives pures qui vont rendre plus dynamique le processus de décentralisation. C’est plutôt la mise en place d’une nouvelle règlementation financière facilitant l’accès des collectivités locales à un marché financier actuellement surliquide. En matière de contrôle, la mise en place d’un contrôle interne in situ et a postériori dépendant du Ministère de tutelle et d’un contrôleur externe choisi parmi les experts de la profession pourrait suffire.
LA SITUATION RESTE TOUJOURS TENDUE, SURTOUT DANS LE SUD-OUEST DE ZIGUINCHOR
Casamance alors pourtant que la société civile passe son temps à parler de paix dans les hôtels
Jean DiATTA, Correspondant permanent à Ziguinchor |
Publication 10/06/2021
La situation reste toujours tendue en Casamance et plus particulièrement au sud-ouest de Ziguinchor. De temps en temps, les populations entendent des tirs à l’arme lourde de ce côté-là, depuis la semaine dernière. Même hier matin, mercredi, le calme matinal des Ziguinchorois a été rompu par un tir dont le bruit a terrifié les populations urbaines. Pour l’instant, il est très difficile de savoir ce qui se passe exactement au sud-ouest de la ville. Car les responsables de l’armée que nous avons contactés, au commandement de la zone militaire sud de Ziguinchor, nous ont dit que c’est seulement après l’opération en cours qu’ils vont communiquer avec la presse.
Comme nous l’écrivions la semaine dernière, des sources anonymes annoncent que cette opération de l’armée vise à démanteler de nouvelles bases, créées par les troupes de César Atoute Badiate, le chef de la faction de la branche armée du Mfdc de Kassolol, basée non loin de la frontière bissau-guinéenne.
Selon une source non confirmée, les indépendantistes opposent une certaine résistance aux militaires. Une chose est sûre, les tirs sporadiques à l’arme lourde qui partent du camp militaire de Ziguinchor, depuis une dizaine de jours maintenant, renseignent sur l’intensité des hostilités. Ce qui étonne tous les observateurs, cependant, c’est le fait que ce regain de tension survient juste après une série de rencontres qui ont eu lieu au Cap-Skirring et dont l’objectif est d’aider le Mfdc à parler d’une seule voix et à baliser le chemin qui mène à la table de négociations avec le gouvernement. Objectif : trouver une solution définitive à la crise que traverse la Casamance depuis près de quarante ans. Ces rencontres ont impliqué des responsables se réclamant de toutes les sensibilités du Mfdc exceptée celle de Salif Sadio. Elles sont parrainées par la Coordination sous-régionale des Organisations de la Société civile pour la paix en Casamance (COSPAC).
La dernière en date a eu lieu il y a quelques jours au Cap-Skirring. L’objet de la rencontre, c’était pour valider un plan d’actions visant à fédérer toutes les sensibilités du mouvement indépendantiste en vue de préparer les futures négociations avec le gouvernement. Cela est d’ailleurs bien indiqué dans la déclaration finale qui a sanctionné la rencontre et lue par Nfally Badji, leur porte-parole.
Pourparlers de paix avec le Gouvernement
‘’C’est avec beaucoup de plaisir que les ailes politiques du Mfdc Asaninga, Ukaanatakon, Bignona, le groupe du général Atoute Badiate, le groupe de feu Niantang Diatta, le groupe de Contact, sous l’appui de la Cospac, AJWS ont élaboré ce plan d’action harmonisé qui fait l’objet de validation durant ces deux jours pour préparer les négociations en vue dont l’objectif est de fédérer toutes les forces pour préparer les négociations en vue de la signature des accords entre le Mfdc et l’Etat du Sénégal. Cela se traduit par un plan d’action élaboré, partagé et validé par l’ensemble des ailes politiques présentes à l’atelier, l’engagement sans réserve de faire taire les armes au profit du dialogue, la volonté de poursuivre le dialogue avec nos frères et tout autre acteur épris de paix, notre disponibilité et l’ouverture à entamer des négociations avec l’Etat du Sénégal à travers le comité ad hoc. Aujourd’hui, notre slogan est de travailler ensemble pour préparer les négociations seules gages d’une paix durable en Casamance.
Le cadre se réjouit de la présence des partenaires comme le CONGAD, comme le GERPC, les sociocultures, Kabonkétoor, la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance et toutes autres structures comme les femmes du Bois sacré dont le seul but est de sauver une Casamance tant meurtrie, alors que jadis luxuriante et accueillante ‘’. Une déclaration qui, on le voit, laisse entrevoir l’éventualité d’un retour d’une paix définitive en Casamance qui est le souhait de tous. Surtout quand c’est le Mfdc, luimême, qui appelle à cette paix. Mais quand on examine le fond, on est envahi par beaucoup de questions et surtout par une certaine prudence pour ne pas dire un pessimisme. Et pour cause, certes les représentants du Mfdc à ces rencontres sont bien membres du mouvement indépendantiste, mais, de l’avis de tous les observateurs avisés, ils n’ont aucune représentativité au sein du mouvement leur permettant de faire influencer les choses dans un sens ou dans un autre. Autrement dit, leur voix ne peut aucunement engager le Mfdc et particulièrement l’aile combattante par laquelle passera inéluctablement toute paix qui pourrait survenir.
En effet, le Mfdc se particularise par l’absence d’une aile politique forte qui ait autorité sur l’aile militaire. Même du vivant de l’abbé Diamacoune, le chef historique du mouvement, ce problème se posait déjà, une partie de l’aile combattante, notamment la faction de Salif Sadio et celle de Diakaye (front nord), n’étant pas soumise à son autorité. Voilà tout le problème qui complique la tâche des négociateurs de paix. Malheureusement, ces derniers, motivés par on en sait quoi, font souvent semblant d’ignorer cet aspect, préférant toujours manipuler avec quelques billets de banque des éléments se réclamant du mouvement et qui parcourent les rues de Ziguinchor mais qui en réalité ne représentent rien car vomis par leurs frères du maquis. Ils font ça sans aucun doute pour avoir des cautions leur permettant de convaincre les bailleurs qui ignorent la réalité à financer leurs programmes bidons qui n’ont jamais permis de faire avancer le processus de paix. On ne peut pas faire la paix sans l’implication de ceux qui sont à l’origine de la violence. C’est à dire les combattants du maquis. Ces programmes ne profitent, en réalité, qu’à ces responsables qui dirigent les organisations (Ongs et autres associations) bénéficiaires. La condition sociale de beaucoup de personnes qui n’avaient même pas de vélos, il y a quelques années, a considérablement changé.
En effet, ces gens ont presque tous des immeubles dans des quartiers résidentiels de Ziguinchor ou dans d’autres grandes villes du pays. Bien entendu, ils ne se soucient guère de la recherche de la paix au nom de laquelle, pourtant, ils obtiennent ces financements. Pour preuve, depuis le début des hostilités en cours, on n’a entendu aucun de ces responsables faire la moindre déclaration pour appeler à la cessation des combats. Ce jeu a trop duré en Casamance et semble avoir de beaux jours devant lui car ses adeptes font tout pour qu’il en soit toujours ainsi.
La seule organisation crédible, c’est le GRPC de Robert Sagna
Aujourd’hui, de l’avis de tous les observateurs, la seule et unique organisation qui fait un travail qui peut être payant demain, c’est le Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (GRPC) de l’ancien ministre d’Etat Robert Sagna dont l’approche a un double avantage : impliquer toutes les populations de la Casamance dans le processus de paix et, en même temps, parler avec les vrais combattants du Mfdc. En fait Robert Sagna, connaissant bien la sociologie locale, a bâti son projet de paix autour de l’idée qu’on ne peut pas construire la paix sans l’implication des villages. De son point de vue, en effet, les combattants du Mfdc qui se trouvent dans le maquis y ont été délégués par des gens vivant dans leurs villages respectifs. Donc, pour les en faire sortir, il faut prendre langue avec ceux qui les ont délégués, estime-t-il fort justement. Ainsi, Robert Sagna et son groupe composé de personnes ressources comme l’éminent historien Nouha Cissé, très au fait des pratiques ancestrales de règlement de conflits en Casamance, parcourent inlassablement tous les coins de la Casamance pour animer des forums auxquels prennent part tous les segments des populations et des combattants actifs du Mfdc, originaires des localités qui accueillent ces forums. À la fin de chacun de ces forums, il rencontre ces combattants avec son staff, à huis clos, pour leur expliquer le sens de sa démarche. Certes, la paix n’est pas encore totalement revenue en Casamance mais ces démarches entreprises par l’ancien maire de Ziguinchor ont permis d’obtenir des résultats très significatifs. Parce que des zones naguère très redoutées, comme le Narang où personne n’osait s’aventurer, ont retrouvé la quiétude et la sérénité aujourd’hui. Quand on y va aujourd’hui, on voit partout le drapeau du Sénégal flotter, preuve que la paix est en train d’y revenir de façon progressive.
Toutefois, ces acquis ne doivent pas amener le gouvernement à dormir sur ses lauriers et penser que la paix est revenue définitivement, avertit le professeur Nouha Cissé qui demande avec insistance à l’Etat de ne pas chercher à vouloir régler cette crise par le pourrissement. En clair, le professeur Cissé demande à l’Etat de prendre langue avec les indépendantistes pour conclure des accords, gage d’une paix définitive. Ce qui se passe actuellement semble lui donner raison. En fait, rien ne laissait présager une nouvelle reprise des hostilités dans la région, après tant d’années d’accalmie. En l’état actuel, nul ne sait quelle tournure vont prendre les événements d’autant que c’est la faction du Mfdc considérée jusque-là par tous les observateurs comme modérée, qui est aux prises avec l’armée. Avec cette énième reprise des hostilités, on est tenté de dire que toutes ces rencontres tenues ces derniers mois dans des hôtels au Cap-Skirring, ce n’était que du théâtre et rien que du théâtre comme les ont qualifiées du reste certains membres du Mfdc vivant à Ziguinchor qui ont préféré de ne pas y aller pour, disent-ils, ne pas cautionner des duperies.
MACKY ET MIMI, UN COMPAGONNAGE EN DENTS DE SCIE
Après sept mois d’éloignement, ils se sont encore retrouvés lundi dernier
Après un peu près de huit mois d’éloignement l’un de l’autre — pour ne pas dire de brouille —, le président de la République Macky Sall et son ancienne Première ministre Aminata Touré dite Mimi se sont retrouvés lundi dernier. Le Quotidien, qui avait donné l’information, renseigne que la rencontre s’est déroulée dans une atmosphère empreinte de cordialité et de bonne humeur.
Bien que forte, la relation entre l’ancienne Présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et le président de la République est en dents de scie. En 2010, Mimi Touré, qui s’était engagée auprès de Macky Sall, poussé à démissionner de la présidence de l’Assemblée nationale, avait été choisi par ce dernier pour être sa directrice de campagne. C’était lors de la présidentielle de 2012. Et lorsqu’il a été élu président de la République, Macky Sall a fait d’elle son ministre de la Justice avant de la promouvoir Premier ministre un peu plus d’un an après. Femme de devoir, « Mimi » s’était toujours comportée en inconditionnelle et défenseure acharnée de son « patron » dont elle se voulait le bouclier blindé. Pourtant, malgré les résultats assez flatteurs qu’elle a obtenus à la tête du Gouvernement, le président de la République n’a pas hésité à la limoger de la Primature en 2014 pour avoir perdu les élections locales devant Khalifa Sall dans la commune de Grand Yoff. En vraie « roc », Mimi prend ses distances avec Macky et son parti l’Apr. Sans pour autant démissionner de la formation marron-beige.
Entre nominations et remerciements…
Une position de Mimi qui constituait une équation pour Macky Sall et les dirigeants de l’Apr. Surtout que, plutôt que de se mettre dans son coin à ruminer ses frustrations, l’ancien Premier ministre, elle, multipliait les visites de proximité auprès de ses militants qui l’accueillaient partout à bras ouverts. Une stratégie payante pour Mme Aminata Touré qui avait réussi habilement à transformer les conséquences de son revers électoral en atout. Le 10 février 2015, elle revient aux affaires en tant qu’Envoyée Spéciale du président de la République. Ce dernier la désignera par la suite coordinatrice du Pôle parrainage de la campagne de collecte de parrains pour l’élection présidentielle de 2019. Sans ménager sa peine, l’ancien Premier ministre s’engage à fond sur le terrain de la collecte de signatures. En décembre 2018, lors des dépôts des dossiers de candidature devant le Conseil constitutionnel, Mme Touré n’a pas hésité à engager une confrontation physique avec des mandataires — hommes ! — d’ l’opposition. D’ailleurs, les images de son exfiltration par ses gardes du corps -avaient fait le tour de la Toile à l’époque. Lors de la campagne pour la présidentielle du 24 février 2019, elle est encore nommée par Macky directrice de son cabinet de campagne. Durant cette période, elle s’est donnée à fond pour que son candidat gagne les élections. Ce qui fût fait haut la main. Au lendemain de sa réélection, Mimi récolte les fruits de sa patience, sa fidélité, son engagement politique. Le 14 mai 2019, elle est nommée présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) par décret numéro 2019-905 du 14 mai 2019. Aussitôt nommée, plutôt que de se suffire de cette fonction et manger son fromage, elle a donné un contenu à sa mission et secoué une institution qui ronronnait jusque-là en la rendant plus visible. Trop visible ?
En tout cas, des faucons du Palais se sont mis à attirer l’attention du président de la République sur « l’activisme » supposé Mimi qui voudrait sa place. Une accusation qui, dans le « Macky », est passible de la peine capitale… Politiquement aussi, elle continue de se mettre au front pour défendre son « ami ». Elle marque à la culotte, notamment, son prédécesseur à la Primature, Abdoul Mbaye, et un autre ancien Premier ministre, Idrissa Seck, qu’elle tacle sévèrement à chacune de leurs sorties. Idrissa Seck à qui le président de la République fera appel pour lui succéder — et mieux l’humilier — à la tête du CESE. Mimi décidément bien mal payée en retour ! En effet, durant la pandémie de Covid-19, pendant que ses camarades de parti se terraient, elle était montée courageusement au front pour défendre le plan de sauvetage gouvernemental. Elle s’est exposée, a reçu des coups, mais rien ne l’a empêchée de défendre son champion.
Sa ligne de conduite : fidélité et loyauté au président Sall. À chaque fois que ce dernier était attaqué par « l’ennemi », elle est montée au front pour le défendre quand d’autres se cachaient vautrés dans leur confort. Dans tous les moments où le chef de l’Etat a été acculée de toutes parts, la « pank » Mimi montait au créneau toutes griffes dehors, le défendant bec et ongles et s’érigeant en bouclier. Elle investissait les plateaux de télés et les studios de radios pour défendre les mesures prises par Macky Sall. Elle le faisait avec des concepts forts et une grande rigueur intellectuelle. Pourtant, malgré son engagement, sa loyauté et ses idées percutantes, Macky Sall l’a fait remplacer par… celui que Mimi n’hésitait pas à remettre à sa place à chaque fois qu’il l’attaquait, Idrissa Seck pour ne pas le citer. C’était le 01 novembre 2020. Le jour de la Toussaint ! Comme pour mieux enterrer la brave et fidèle Aminata Touré. Après son limogeage humiliant de la tête du Conseil économique social et environnemental (Cese), confié par le président Macky Sall à son ancien opposant le plus farouche, Mimi Touré coupe les ponts avec le leader de l’Alliance pour la République. Et mène ses actions en dehors de ce parti. Notamment à l’international où elle est invitée à de nombreuses conférences prestigieuses.
Son absence lors des manifestations de mars dernier s’est fait sentir…
En marge — pour ne pas dire en réserve — de la République après sa décapitation du Cese, Aminata Touré suivra les événements consécutifs à l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr dans son soin, certainement meurtrie de ne pas pouvoir défendre son champion Macky Sall. Son absence s’était, en effet, fait sentir jusqu’au plus haut niveau de l’Apr dans la mesure où elle ne rechignait jamais à monter en première ligne lorsque le président de la République Macky Sall était visé. Mais, même si elle avait pris ses distances et n’avait pas défendu Macky Sall, Mimi Touré s’était prononcée sur la tension qui cristallisait le Sénégal depuis l’arrestation de Ousmane Sonko. « La paix prime sur tout. Et ces derniers jours de violences en sont une illustration. L’essentiel est d’exercer la justice de manière transparente et impartiale », moralisait-elle. Pour ce faire, poursuivait-elle, il faut créer les conditions de préserver les personnes et leurs biens. «Et là, la voix du Président est prépondérante pour faire baisser la tension afin que la justice puisse s’exercer normalement», conseillait Mme Touré. Silencieux depuis l’éclatement des violentes manifestations consécutives à l’arrestation de Ousmane Sonko, le Président, qui semblait attendre la voix de son ancienne Première ministre, a pris la parole dans la soirée du lundi 8 mars 2021 pour appeler au calme et à la sérénité. La suite, on la connaît…
PR MOUSSA DIAW ANALYSTE «Mimi et Macky sont deux personnalités de caractère politique différent»
Seules les montagnes ne se rencontrent pas et Macky et Mimi se sont donc retrouvés lundi dernier. Pour le Pr en sciences politiques à l’UGB, Moussa Diaw, cette relation en dents de scie s’explique par le fait que le président de la République et son ancien Premier ministre sont deux personnalités de caractères politiques différents. « Je ne connais pas le fond de leur relation mais je sais qu’il y a une différence de points de vues et de caractères entre les deux personnalités. Mimi Touré semble avoir une forte personnalité politique qui impose le respect. Elle n’a pas l’habitude de courber l’échine. C’est pourquoi, ses rapports avec le président sont très difficiles. Dans les actes qu’elle pose, on voit qu’elle refuse d’être traitée comme certains autres politiciens. Ceci explique aussi ses rapports en dents de scie avec le Président », analyse l’enseignant chercheur en politique Moussa Diaw. A la question de savoir à qui profiteront les retrouvailles entre Macky et Mimi, Pr Diaw pense que c’est à Macky Sall. Il s’explique en ces termes : « C’est un jeu de yoyo entre les deux mais il faut reconnaître que ces retrouvailles profitent plus au président de la République dans la mesure où il sait que Mimi est une personnalité importante dans le jeu politique. Donc, mieux vaut l’avoir à ses côtés qu’en face. Mais, Mme Aminata Touré peut aussi beaucoup gagner dans ces retrouvailles. Elle peut espérer bénéficier du soutien du président de la République pour la mairie de Kaolack. Si elle bénéficie du soutien du président de la République et qu’elle gagne cette mairie, ça serait une sorte de relance pour elle en vue des prochaines échéances législatives et présidentielles. Mme Aminata Touré est une personnalité qui compte dans la mouvance présidentielle » conclut le Pr Moussa Diaw.
PAPE MATAR SARR NOMINE
Le milieu de terrain Pape Matar fait partie des quatre joueurs nominés pour le titre du meilleur joueur de Metz.
Le milieu de terrain Pape Matar fait partie des quatre joueurs nominés pour le titre du meilleur joueur de Metz. Auteur de 22 matchs toutes compétitions confondues, le joueur de 18 ans, avec ses trois buts, a beaucoup aidé les Grenats à se maintenir dans l’élite française. En Ligue 2, Moustapha est candidat avec le Paris FC, pour remporter ce titre
Pape Matar Sarr est la grande révélation de cette saison en ligue 1 française. Technique et agile dans l’entrejeu de la formation messine, le joueur de 18 ans fait l’objet de nombreux superlatifs élogieux. Le joueur formé à Génération Foot(D1 Sénégal) connaît une ascension fulgurante avec les Grenats. Il avait réussi à intégrer le groupe professionnel messin dès son arrivée, en début octobre 2020. Il a joué ses premières minutes contre Brest (1-1), puis a enchaîné les titularisations.
Grâce à ses prestations, le natif de Thiaroye a aidé son club à se maintenir dans l’élite française. Il a contribué grandement à la bonne saison du club de la Croix de Lorraine. Auteur de 22 matchs, l'international sénégalais a inscrit 4 buts. Aussi, est-il nominé pour le titre de meilleur joueur de la saison de Metz.
Pour remporter ce titre pour la première fois de sa carrière, il est en concurrence avec trois de ses coéquipiers. Les deux internationaux algériens, l’attaquant Farid Boulaya et le gardien de but Alexandre Oukidja, et l’arrière latéral gauche français Thomas Delaine. Tous les trois ont joué une belle partition sur la dixième place de Ligue 1 du FC Metz. Il en est de même pour Pape Matar Sarr, en dépit de son temps d’adaptation avec les Grenats, notamment sous les ordres de l'entraîneur intérimaire, Vincent Hognon.
De la première à la 18e journée, le Sénégalais n’avait disputé que deux rencontres pour 80 minutes, une entrée en jeu contre Brest lors de la 12e journée (0- 2), et pour sa première titularisation en Ligue 1 survenue contre Lyon à la 13ème journée (1-3). Depuis lors, sa saison a pris une tournure particulière.
Profitant de méformes physiques dans l’effectif des Grenats, Pape Matar Sarr enchaîne ensuite sous les ordres de Frédéric Antonetti et participe à toutes les rencontres, de la 19e jusqu’à la dernière journée de la ligue 1 française.
MOUSTAPHA NAME NOMINE A SON TOUR PAR PARIS FC
En ligue 2, Moustapha Name est candidat pour le titre de meilleur joueur parisien de la saison 2020 / 2021. Évoluant au poste de milieu de terrain dès l’entame de sa carrière au Paris FC, Mamadou Name a su se rendre indispensable dans son équipe. Plusieurs fois décisif, il a une aptitude déconcertante de servir ses coéquipiers ou de trouver les filets de lui-même. Avec 31 matchs joués, l’ancien joueur de l’AS Douanes a inscrit 4 buts, et délivré 3 passes décisives. Récemment convoqué par Aliou Cissé lors des deux matchs amicaux, le joueur de 26 ans a été l’un des grands artisans des performances de son club