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18 septembre 2025
PAR NDONGO SAMBA SYLLA
EN AFRIQUE, LA PROMESSE DE L’EMERGENCE RESTE UN MIRAGE
Elle apparut sans doute en 1957 dans un rapport de Richard Nixon intitulé « The emergence of Africa » (1). Le vice-président des États-Unis venait alors de terminer une tournée africaine au cours de laquelle il rencontra une douzaine de dirigeants...
Le Monde Diplomatique |
Ndongo Samba Sylla |
Publication 07/09/2021
Sans cesse agité pour louer les performances prometteuses de nombreuses économies africaines, le concept d’« émergence » offre un label aux pays qui se plient aux dogmes néolibéraux, ainsi qu’aux injonctions du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Surtout, il cache mal des croissances en trompe-l’œil, qui ne profitent qu’à une minorité.
Il était une fois l’idée d’émergence du continent africain. Elle apparut sans doute en 1957 dans un rapport de Richard Nixon intitulé « The emergence of Africa » (1). Le vice-président des États-Unis venait alors de terminer une tournée africaine au cours de laquelle il rencontra une douzaine de dirigeants, dont les présidents Kwame Nkrumah (Ghana) et Gamal Abdel Nasser (Égypte). Où cheminerait l’Afrique au soleil des indépendances qui s’annonçaient ? Telle était la question principale d’un document qui trahissait la crainte que la « propagande » soviétique et la situation préoccupante des Noirs aux États-Unis fassent basculer l’Afrique postcoloniale vers le communisme. Il eût été irrespectueux de rappeler alors qu’on « émerge » de quelque chose, pas du vide. Deux décennies plus tard, quand les milieux financiers s’emparèrent de ce mot, les précautions langagières s’estompèrent.
L’expression « tiers-monde (2) » n’étant pas vraiment attrayante pour de potentiels investisseurs, en raison de l’image de pauvreté à laquelle elle était associée, le concept nouveau, et apparemment plus dynamique, de « marchés émergents » lui fut préféré au début des années 1980. Au temps de la Révolution française, la bourgeoisie montante créait des mots dans le but de tuer des choses, selon le journaliste socialiste Paul Lafargue (3). À l’ère néolibérale, nul besoin d’inventer des mots pour transformer la réalité, une activité qui demande du travail et de l’imagination. Il est plus rentable d’investir dans la polysémie : risque minimum et rendement maximum ! L’« émergence » devint une destination finale pour des pays dont l’historicité se résumerait désormais aux anticipations de croissance et de profitabilité de la finance globale.
Prise entre 1980 et 2000 dans l’étau de l’ajustement structurel décrété par le Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, l’Afrique était jusqu’alors exclue de la catégorie des « marchés émergents ». Le récit dominant brodait autour du mythe selon lequel, exception faite de l’Afrique du Sud, incluse dans l’acronyme des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), et, à un degré moindre, du Maghreb et de l’Égypte, elle était « marginalisée » par le train à grande vitesse de la mondialisation. Les causes de cette « marginalisation » dans le commerce mondial occupaient travaux universitaires et presse dominante (4). Ironie de l’histoire, les mêmes qui colportaient ce discours, destiné à justifier une plus grande libéralisation économique, commerciale et financière, se mirent à faire les louanges de l’Afrique émergente (« Africa rising ») du jour au lendemain, alors que la spécialisation économique du continent était restée la même. Après avoir qualifié l’Afrique de « continent sans espoir » en 2000 (5), The Economist fit amende honorable onze ans plus tard avec un titre qui reflétait l’air du temps : « The hopeful continent : Africa rising » (« Un continent d’espoir : l’Afrique émergente ») (6). Les cabinets de consultance embouchèrent la même trompette : « Lions on the move » (« Les lions se mettent en mouvement »), prédisait McKinsey Global Institute (7). Qu’est-ce qui avait donc changé ?
Un vivier de ressources inexploitées
Au sortir de deux décennies d’austérité imposée, à la fin des années 2000, la croissance économique était de nouveau au rendez-vous dans le contexte d’une plus grande stabilité politique et d’une hausse importante des cours des produits d’exportation du continent, essentiellement des matières premières. La rapide expansion des relations commerciales et financières entre les pays africains et la Chine avait également contribué à remodeler l’image du continent. Celui-ci apparaissait subitement comme un vivier de ressources inexploitées et comme un marché vaste et prometteur pour les entreprises étrangères rêvant de fournir biens, services et infrastructures à une population jeune appelée à doubler tous les vingt-cinq ou trente ans. La perception d’une « Afrique émergente » était alimentée par la hausse des fortunes locales : entre 2008 et 2012, le nombre d’Africains pouvant investir au moins 1 million de dollars est passé de 95 000 à 140 000 (8). Au niveau mondial, après la crise financière de 2007-2008, la mise en œuvre par les banques centrales des pays du Nord de politiques de taux d’intérêt nuls et d’assouplissement quantitatif créait une abondance de capitaux à destination des « marchés émergents », devenus attractifs en raison des rendements élevés qu’ils offraient. Beaucoup de pays africains auront mordu à l’hameçon à travers l’émission d’eurobonds — des obligations libellées en monnaie étrangère.
Ainsi, dans un rapport du Sénat français intitulé « L’Afrique est notre avenir » (9), on pouvait lire : « C’est aujourd’hui à une Afrique pleinement intégrée à la mondialisation que nous devons nous adresser. » Les pays francophones entendirent ce message flatteur et essayèrent de se montrer attractifs. Sur les quatorze États utilisant le franc CFA, seule la République centrafricaine, en proie à une instabilité politique chronique, manqua l’occasion d’adopter un programme économique dédié. Cas emblématique, le Sénégal nous instruit à propos des impasses de l’« émergence ».
En 2014, le plan Sénégal émergent (PSE) fixe l’horizon de celle-ci à 2035. Son orientation néolibérale est révélée, entre autres, par l’objectif de voir le pays figurer dès 2020 dans le Top 50 du classement « Doing Business » de la Banque mondiale (10), un indicateur dont la pertinence économique est douteuse (11). L’indicateur phare de l’« émergence », au Sénégal comme ailleurs sur le continent, est sans surprise la croissance annuelle du produit intérieur brut (PIB) réel (production mesurée en termes constants).
Bien que la phase 1 du PSE (2014-2018) ait accusé du retard, la bonne conjoncture économique — baisse des cours du pétrole, taux d’intérêt « abordables » comparés à la moyenne africaine, pluviométrie favorable — a permis un taux de croissance économique de l’ordre de 6 % par an depuis 2012. Ce chiffre, qui ferait pâlir d’envie les pays développés, doit cependant être interprété avec précaution. En 2015, le PIB par habitant du Sénégal en termes réels était du même ordre de grandeur que son niveau de 1960 — sa population étant entre-temps passée de 3,2 millions à 14,5 millions (12). Autrement dit, la croissance économique s’est inscrite pour l’essentiel dans une dynamique de rattrapage des « décennies perdues ». Elle a aussi été accompagnée d’une diminution des emplois salariés dans le secteur formel, dont le nombre est passé de 390 420 en 2012 à 300 284 en 2018 (13). Il s’agit donc d’une croissance sans emploi. En raison du rôle important joué par le capital étranger, le poids des paiements de revenus primaires (intérêts sur la dette extérieure, transferts de profits et de dividendes, rémunérations des experts étrangers) a augmenté, passant de 2,2 % à 4,4 % du PIB entre 2010 et 2017, selon la Banque mondiale. Autant de ressources en devises ôtées au financement du développement du pays.
Symbole d’une accumulation débridée, la dette publique extérieure qui avait été partiellement effacée au début des années 2000 dans le cadre de l’initiative pays pauvres très endettés (PPTE) et de l’initiative d’annulation de la dette multilatérale (IADM) s’est rapidement reconstituée, passant de 2,8 milliards de dollars à 12,5 milliards de dollars entre 2008 et 2018, dont une augmentation de près de 7 milliards de dollars pour la période 2014-2018, celle couvrant la phase 1 du PSE (14).
Le mythe d’une croissance « inclusive »
Si les ménages pauvres et les personnes handicapées ont pu bénéficier de bourses, la couverture maladie universelle demeure encore une promesse non tenue pour la majorité des Sénégalais, malgré son adoption officielle en 2013 (15). Le Sénégal n’est toujours pas sorti de la catégorie des « pays les moins avancés ». Au classement de l’indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), il est situé au 166e rang sur un total de 189 en 2019. Ce qui le place parmi les « pays à développement humain faible ».
À l’instar de la plupart des pays africains, le Sénégal a été, pour l’instant, relativement épargné sur le plan sanitaire par le coronavirus. En revanche, sur le plan économique, la pandémie a mis à nu les limites du projet d’« émergence ».
Un mythe à balayer est celui d’une croissance « inclusive ». Quelle peut être la signification de taux de croissance élevés pendant une décennie quand 52 % des ménages ruraux n’ont accès ni à l’eau ni au savon (16) et quand les coupures d’eau sont récurrentes dans beaucoup de quartiers de la capitale, Dakar ? En vertu de l’« urgence sanitaire », les autorités ont fermé les frontières et les écoles, interdit les rassemblements et les prières collectives, ainsi que la circulation entre les villes. Elles ont imposé le port obligatoire du masque dans les services publics, les commerces et les transports, et ordonné la fermeture des marchés à Dakar les samedis et dimanches. Le confinement total s’est révélé cependant impossible et financièrement hors de portée d’un gouvernement qui compte sur les solidarités sociales pour compenser ses mesures de soutien timides aux plus nécessiteux (aide alimentaire, subvention au paiement des factures d’électricité, etc.).
La pandémie a eu la vertu de mettre en évidence que le Sénégal était dominé au plan financier. N’ayant pas la possibilité de financer son déficit en monnaie nationale, le pays est plus que jamais dépendant de la sollicitude de l’extérieur sous forme de moratoires sur sa dette et d’octroi de nouvelles créances. Les récents prêts obtenus auprès du FMI ont pour contrepartie un « retour » à l’orthodoxie budgétaire dès l’année prochaine (17), lequel pourrait handicaper la reprise économique.
Ce dernier constat peut être généralisé à beaucoup de pays africains, comme le Ghana, le Kenya, la Zambie, l’Éthiopie, l’Angola, etc., qui ont vu leur stock de dette publique extérieure multiplié par quatre entre 2008 et 2018 (18). L’euphorie de l’« émergence », peut-on observer rétrospectivement, pouvait durer tant que les pays africains obtenaient de bons prix pour leurs produits d’exportation ou avaient la « confiance » de leurs créanciers.
La pandémie de Covid-19 ferme à grand fracas la page de l’« émergence ». Aujourd’hui, les populations africaines voient plus clairement les conséquences de l’absence de souveraineté monétaire, le danger de l’endettement extérieur, le piège du prétendu libre-échange, la nécessité de l’autosuffisance alimentaire, etc. Et elles se rendent compte de l’importance qu’il y a, pour l’Afrique, d’être unie face à un système multilatéral qui se fissure.
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QUELQUES DESTINATIONS À VISITER APRÈS LE COVID
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par Massamba Diouf
TROISIÈME VAGUE, ENTRE MUTATIONS, VARIANTS ET STRATÉGIE VACCINALE CHANCELANTE
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps – Le contexte est aujourd’hui caractérisé par une saturation des CTE se traduisant par une rupture des ressources, mais surtout un burn-out des prestataires de soins et, pour les patients, une mortalité préoccupante
#SilenceDuTemps - Depuis le 23 février 2021 correspondant à quasiment un an de persistance de la Covid-19 au Sénégal, les services de santé du pays ont lancé une campagne de vaccination contre cette épidémie à Coronavirus. Une épidémie-pandémie qui a connu plusieurs vitesses autant dans ses aspects de prévention, de détection que ceux de thérapeutique. D’une manière générale, la prise en charge institutionnelle de la Covid-19 ou le management de cette crise a été relativement difficile, voire précarisée. De maladie « grave » au départ, avec en toile de fond, la stigmatisation, la peur et la crainte, la Covid-19 est en passe de devenir une banalité dans l’imaginaire populaire. Ces mêmes mutations ou transformations s’observent également dans la gestion des cas (confirmés, contacts ou suspects) qui mobilisaient alors beaucoup de ressources depuis l’alerte, l’accueil en hospitalier ou en extra hospitalier (réceptifs hôteliers) en passant par le transport particulier et jusqu’à l’aspersion intra-domiciliaire a posteriori. Aujourd’hui, moins d’efforts semblent être déployés pour la prise en charge des patients Covid-19. D’ailleurs, pour beaucoup, cette prise en charge n’est plus comme avant, en termes de confort et de commodité.
Au point de vue thérapeutique, le débat sur l’utilisation de telle molécule ou de tel protocole de traitement de patients n’est presque plus à l’ordre du jour. Place est plutôt faite à la vaccination et aux vaccins avec leurs corollaires à l’instar des variants, des cibles prioritaires, des manifestations indésirables, de l’immunité acquise...
La question de la vaccination survient dans un contexte particulier de 2e et 3e vagues ou poussée épidémique. Ce contexte est aujourd’hui caractérisé par une augmentation fulgurante des cas incidents, une saturation des CTE se traduisant par une rupture d’intrants et/ou de ressources, mais surtout un burn-out du côté des prestataires de soins et, pour les patients Covid, une mortalité de plus en plus préoccupante. Bien que certains lient cette mortalité élevée à la dangerosité du variant Delta, d’autres l’associent à divers déterminants structurels, conjoncturels et culturels d’autant plus que l’adhésion à la stratégie vaccinale par les populations est toujours perfectible. Si tant est que la nature, le type et le nombre de variants qui circulent dans notre pays ne sont toujours pas clairement élucidés, chercheurs, praticiens et autres spécialistes de ces questions, ne devraient-ils pas davantage s’orienter vers ces pistes pour aider à avoir une cartographie claire des variants au Sénégal ? N’est-il pas tout aussi pertinent de s’interroger sur l’apport des variants moins sévères sur le probable taux d’immunité acquise sans injection ? Tout cela ajusterait la stratégie de vaccination ou du moins, à coup sûr, certains de ses aspects.
Cette stratégie vaccinale pourtant était restreinte à une cible prioritaire comprenant les personnels de santé de première ligne, les personnes vivant avec des comorbidités et celles âgées de plus de 60 ans pour un total estimé par les services du MSAS à 3,5 millions de personnes à vacciner.
D’emblée, le Sénégal n’avait pas, à cette date-là (février 2021), les moyens de sa stratégie, car le pays n’avait réceptionné que 200 000 doses du vaccin chinois pour démarrer "en urgence" sa campagne de vaccination en attendant les vaccins de l'initiative Covax (324 000 doses d’AstraZeneca) qui sont loin de combler le gap restant. Au même moment, les autorités du pays annonçaient la finalisation de pourparlers pour disposer du Sputnik V, le vaccin russe et l'arrivée de 6,7 millions de doses d'autres fabricants. Entre temps, la cible a été élargie aux autres groupes de la population et les promesses d’acquisition tardant à être réalisées, si ce n’est quelques doses de Johnson & Johnson.
D’ailleurs, bon nombre de citoyens convaincus des bienfaits du vaccin ont reçu une première dose et sont en attente de leur 2e dose d’AstraZeneca. Le nombre de vaccins administrés à ce jour (16 août 2021) est de 1 109 720 personnes avec une seule dose pour certains. L’idéal aurait été de passer une commande satisfaisante et de préparer suffisamment les populations à l’administration de vaccins anti-Covid.
La première année de Covid au Sénégal, nous a-t-elle réellement appris l’importance et la nécessité de commencer par une communication simple, juste et accessible à l’endroit des populations pour espérer les convaincre, les persuader et gagner leur confiance avant toute stratégie de mise à l’échelle ? La communication à valence positive et attractive par exemple, ne devrait-elle pas être portée par des réseaux d’universitaires et/ou par un comité scientifique indépendant et travaillant étroitement avec des relais issus des différentes franges de la société ? Nous estimons que ces organes relativement crédibles, en disposant de données factuelles sur les produits vaccinaux et d’éléments de langage, peuvent jouer le rôle d’éclaireurs pour rompre ou amoindrir les contestations nées de représentations négatives liées à la vaccination. De tout temps, la riposte contre une épidémie, pour être couronnée de succès, se fait par et avec une implication, un engagement et une responsabilisation de la communauté d’amont en aval du processus.
Les méthodes d’Information-Éducation-Communication (IEC) ou d’Éducation Pour la Santé (EPS) ou encore de Communication pour un Changement de Comportement (CCC) d’alors doivent surtout être associées à une Communication sur les Risques et l’Engagement Communautaire (CREC) dans un contexte de doute et d’hésitation vaccinale comme celui que nous vivons actuellement. La désinformation, l’intoxication et les théories « complotistes » pouvant freiner ou annihiler les efforts consentis nécessitent d’être mieux contrôlées pour stimuler l’intention vaccinale et susciter une vaccination de masse. Une mobilisation de tous les segments de la population dans une approche intégratrice et inclusive ainsi qu’une volonté politique réelle rendant disponibles et accessibles les vaccins avec la continuité des autres mesures barrières, constitueraient les leviers essentiels pour optimiser la prévention afin de circonscrire et de limiter la propagation ou, du moins, réduire la mortalité liée à la Covid-19.
La dimension de dépistage et de prise en charge démocratisée et décentralisée déjà amorcée devrait être poursuivie et élargie en permettant par exemple à tous les acteurs tels que les officines et les cabinets de soins dentaires de participer à l’effort de dépistage avec des TDR gratuits et des registres pour la traçabilité des données. Aussi, sera-t-il utile de renforcer les établissements d’accueil et de traitement des patients en intrants, d’en ouvrir de nouveaux et de les laisser à demeure même après cette troisième vague, car la Covid reste toujours énigmatique et n’en a pas encore fini avec ses surprises.
Épidémiologiste et agrégé en santé publique, Massamba Diouf est enseignant chercheur au Service de santé publique à l’Institut d’Odontologie et de stomatologie de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Chercheur à l’International Research Laboratory (IRL) « Environnement, Santé et Société » 3189 du CNRS, le Dr Diouf travaille sur la morbidité et les déterminants de la santé. Sur la Covid-19, il a participé à beaucoup de travaux de recherche à l’échelle nationale comme internationale, à des ateliers et à des webinaires entre autres.
ALPHA CONDÉ DOIT S'EN PRENDRE À LUI-MÊME
Le président de l'Union pour la démocratie et le développement (UDD), Amadou Bah Oury, estime que c’est Alpha Condé "lui-même" qui a motivé le putsch du dimanche 5 septembre 2021 en Guinée
Selon Amadou Bah Oury, l’obstination du président déchu, Alpha Condé, "à user de tous les moyens pour changer la Constitution de 2010 en violant les dispositions d'intangibilité, en usant de la violence contre des populations civiles pour y parvenir" a aboutie à son humiliation et à une sortie qui n'est pas du tout honorable"
Amadou Bah Oury estime que l’alternance par la force était la seule façon de changer de dirigeant. Mais, il réclame une "feuille de route […] claire" afin de garantir, dans un "laps de temps limité" un retour à un pouvoir civil. Bah Oury se félicite de l’invitation faite aux anciens dirigeants de se livrer de leur plein gré et également de l’initiative des putschistes de convoquer les acteurs politiques du pays pour discuter ensemble de l’avenir de la Guinée. Il est interrogé par Eric Topona.
Je considère que depuis hier, quelle que soit l'évolution ultérieure de la situation pour le régime et pour la personne du président Alpha Condé, la page est tournée. Et de ce point de vue, c'est lui-même qui a été à la base de ce qui fait qu'aujourd'hui, il se retrouve humilié et obligé d'avoir une sortie qui n'est pas du tout honorable.
DW : Donc, selon vous, Alpha Condé ne peut s'en prendre qu'à lui-même ?
Bien entendu, parce qu'il a violé toutes les attentes des populations. Et on aurait pu faire preuve de mansuétude à l'égard de la situation économique. Mais là où il a péché le plus gravement, c'est cette obstination à user de tous les moyens pour changer la Constitution de 2010 en violant les dispositions d'intangibilité, en usant de la violence contre des populations civiles pour y parvenir, et là, il s'était enfermé dans une logique où le changement du pouvoir ne pouvait se faire que par les moyens auxquels on vient d'assister hier.
DW : On sait que les putschistes font partie d'une unité d'élite qu'il a lui-même formée. Les précédents sont clairs en Guinée : lorsque les militaires prennent le pouvoir, c'est difficile qu'ils le rendent aux civils. N’est-il pas trop tôt pour jubiler ?
Non, pas du tout, il ne s’agit pas de jubiler, mais depuis deux ans, personnellement, j'avais indiqué que la transition était inévitable. Maintenant, quelle forme de transition est-ce que ce sera ? C'est un nouveau défi qui se pose maintenant. Il ne faut pas se laisser aller à une dynamique de béatitude pour croire que toutes les déclarations de bonnes intentions vont se réaliser. Mais c'est le moment ou jamais. Avec l'expérience accumulée ces 60 dernières années, les tragédies, les erreurs, les échecs, [c’est le moment] d'en tirer de manière efficace les leçons pour que, cette fois ci, avec l'aide de Dieu, le processus de transition puisse nous permettre d’arrimer notre pays dans une voie de consolidation des fondements de l'Etat de droit, de la démocratie, de l'unité nationale et d'une dynamique de réconciliation qui sont des préalables pour aller dans le sens du développement.
DW : Est-ce que vous condamnez ce coup d'Etat militaire ?
Personnellement, je ne peux pas condamner cela parce que c'était attendu. C'est monsieur Alpha Condé [qui] a procédé à un coup d'Etat en changeant la Constitution et c'est une rectification qui s'est opérée hier. On aurait voulu que ça soit autrement, par un processus politique classique, mais à l'impossible, nul n'est tenu. Et aujourd'hui, le principe de réalité amène à prendre en compte ce qui est fait et à prendre acte et à s'ouvrir pour que les propositions et les dispositions allant dans le sens de l'intérêt du pays, de sa stabilité et de la consolidation de la démocratie puissent prévaloir au détriment d'une logique de règlement de comptes au d'exacerbation de contradictions ethniques et autres.
DW : Les nouveaux maîtres du pays convoquent les anciens ministres, les responsables d'institutions, les acteurs politiques et injonctions vous est faite de ne pas rater ce rendez-vous. Est-ce que personnellement, vous allez vous y rendre ?
Vous savez, il y a deux communiqués qui ont été faits, l'un des communiqués s'adresse exactement aux tenants du régime actuel qui viennent de tomber : les responsables des institutions et ministres et autres, parce qu'il est préférable d'être convoqué au lieu de se retrouver dans une situation de chasse à l'homme qui pourrait dégénérer en d'autres situations malencontreuses. Donc, de ce point de vue, c'est faire preuve de sagesse que tout le monde soit convoqué, c'est à dire les tenants du régime, pour que, dans le contexte actuel, le statut soit bien défini dans les formes normales de règles et que ça ne soit pas quelqu'un qui aille les chercher chez eux, avec tout ce qu'il peut y avoir comme débordement. Par la suite, il y a eu un autre communiqué indiquant la nécessité d'une rencontre dont la date n'est pas encore arrêtée avec l'ensemble des forces sociales, des forces de la société civile et des partis politiques pour envisager le processus politique qu'il faudra mettre en route pour permettre à la Guinée de s'engager dans une transition que nous souhaitons inclusive, pacifique, intelligente. Et cette fois ci, rigoureuse et sérieuse.
DW : Ce coup d'Etat a été unanimement condamné par l'Union africaine, la Cédéao, la France et l'Onu. Ce sont, selon vous, des condamnations de principe ?
Oui, je crois que ce sont des condamnations de principe parce que ce n'est pas du tout reluisant, notamment pour l'Union africaine, qui n'a pas usé de son pouvoir pour décider de sanctionner le régime de monsieur Alpha Condé lorsqu'ils ont utilisé des procédures et des instruments juridiques pour enfreindre l'alternance politique en violant de manière délibérée et honteuses des dispositions de l'intangibilité. L'Union africaine s'est tue. La Cédéao a fait preuve de laxisme et a validé, malgré des récriminations du président Issoufou du Niger pour que la Guinée ne s’engage pas de manière aussi cavalière, en violant les droits de l'homme et toutes les autres dérives pour un troisième mandat [d’Alpha Condé]. Ces organisations n'ont pas fait le travail est maintenant on peut leur concéder le fait de faire des condamnations par principe. Mais d'ores et déjà, la crédibilité de ses institutions et la pertinence de leurs points de vue ont été amoindries par le fait qu'à un moment donné, ces organisations ont fait preuve de laxisme, ont fait preuve de passivité et ont encouragé un régime à briser ces populations pour simplement conserver le pouvoir.
DW : La transition va donc se mettre en place. Où vous souhaitez qu'elles durent combien de temps cette transition ?
Ce sera l'objet de discussions et d'échanges entre toutes les parties prenantes. Mais ce qu'on doit dire ou à l'aune de ce que nous avons vécu par le passé, il faut que d'ores et déjà que la feuille de route soit claire, précise, sans atermoiements, pour nous permettre, dans un laps de temps limité, de faire l'essentiel et qu'il n'y ait pas une confusion entre un redressement politique et économique du pays qui nécessite une légitimation par les voies électorales des dirigeants… et la nécessité pour une transition d'être un trait d'union entre une situation antérieure et un autre ordre politique qu'il faut construire.
DW : Quel sort sera réservé à Alpha Condé ou quel est votre souhait ? Vous préférez qu'il soit gardé, ou poursuivi en justice ?
Bon, je pense qu’un chef d'Etat, quel que soit ce qu'il a fait, est le symbole d'un pays. Il a des partisans, il a eu des gens qui ont cru en lui. Il a parlé et agi au nom de la Guinée. A titre personnel, je dois dire qu'il faudrait protéger l'intégrité physique des présidents Alpha Condé et de tous les autres membres du régime qui feraient l'objet d'interpellations et d'arrestations. La Guinée a toujours brillé par des peines de sang, par des règlements de comptes. Nous ne souhaitons pas que cette tradition se poursuivre encore longtemps, c'est une occasion de faire preuve de sagesse, de faire preuve de hauteur de vue et d'ouvrir une autre page qui pourrait consolider les fondements de l'Etat de droit et le respect des droits de l'homme. Donc protéger l'intégrité physique de toutes les personnes qui, peu ou prou, feront l'objet d'interpellations et particulièrement en ce qui concerne l'intégrité physique du président Alpha Condé.
«NOUS NE VOULONS PLUS D’UN SOL INFECTÉ PAR DES CONTENTIEUX»
Les héritiers du titre foncier 1451 R dont la vente implique Tahirou Sarr ou encore Mamour Diallo, ne s’attendent pas à recouvrer leurs terres
Le terrain à l’origine du conflit opposant Ousmane Sonko à l’ancien directeur des Domaines, Mamour Diallo, est loin d’avoir connu son épilogue. Les ayants droit continuent de mettre la pression sur l’Etat pour obtenir leur dédommagement face au préjudice qu’ils estiment avoir subi.
Les héritiers du titre foncier 1451 R dont la vente implique Tahirou Sarr ou encore Mamour Diallo, ne s’attendent pas à recouvrer leurs terres. C’est du moins ce qu’a fait savoir le week-end dernier, Djibril Dial, un des six mandataires, dans une déclaration au journal Le Quotidien. «Nous ne voulons plus d’un sol qui est infecté par des contentieux», a indiqué le septuagénaire, faisant savoir que le site en question a fait l’objet depuis des années, d’agressions multiples. «La Sn Hlm a vendu à la Sicap 8 hectares pour reloger des habitants de Karack, le maire de Sangalkam, Oumar Guèye (actuel ministre), y a fait plusieurs délibérations en 2006, le maire de Jaxaay aussi», a-t-il égrené. Il a aussi évoqué les agissements d’inspecteurs des impôts et domaines qui ont eu à se partager près de 132 hectares. «Ce qui fait qu’aujourd’hui des personnes se sont installées sans disposer de documents valables. C’est une situation compliquée», a-t-il ainsi insisté.
Cet état des lieux fait, M. Dial, qui s’est désolé que les constructions soient en cours sur le site malgré l’interdiction préfectorale, estime que le dédommagement est la seule alternative. «L’Etat n’a qu’à nous dédommager», a-t-il dit. Et sous ce registre, il a fait comprendre ne pas s’attendre à moins de 94 milliards francs cfa ; somme avec laquelle s’était faite la transaction en faveur de Tahirou Sarr. «C’est le minimum qu’on devrait avoir parce que cette valeur date de 2017», a expliqué Djibril Dial, étayant son argument par les coûts en cours sur le site du Tf 1451 R. «Le sol du site est meilleur que celui de Rufisque. Le coût du mètre carré est de 26 mille francs à Rufisque et pour cette zone il est de 37 mille francs», a-t-il indiqué avec force.
Le Tf dans son entièreté, couvre une superficie de 257 hectares qui, d’après les décisions de justice, sont une propriété des héritiers. M. Dial a par ailleurs battu en brèche des informations distillées à son encontre et faisant état d’un retrait de son mandat par la famille Ousmane Mbengue. «La famille Ousmane Mbengue ne m’a jamais mandaté. Dans cette affaire, je représente mes frères et sœurs qui m’ont donné mandat pour défendre leurs intérêts et je vais continuer à le faire», a-t-il éclairé.
L’IGE SE JETTE A L’EAU
L’Inspection Générale d’Etat (IGE) audite la Gestion du Plan décennal de gestion des inondations
Le président de la République va fouiller la gestion des inondations par le biais de l’Inspection générale d’Etat. Macky Sall, qui a annoncé cette décision mercredi dernier en Conseil des ministres, ne semble pas satisfait de la mise en œuvre du Programme décennal de gestion des inondations 2012-2022, prévu pour un coût de près de 767 milliards de francs CFA.
L’Inspection générale d’Etat (Ige) va auditer le Programme décennal de gestion des inondations (Pdgi). Le Quotidien a appris, de sources proches du dossier, que le Président Macky Sall a annoncé cette décision la semaine dernière en Conseil des ministres. Il s’agit d’une décision forte prise par le chef de l’Etat au vu de la persistance des inondations. Dans ce contexte de mise en œuvre du plan Orsec, il s’agira de voir comment les milliards prévus ont été dépensés depuis l’exécution du Pdgi. Le gouvernement de Macky Sall a dès son installation en 2012, initié une politique de gestion des risques d’inondations visant à préserver les vies humaines, à réduire les incidences négatives aux plans économique et environnemental.
Ainsi, Programme décennal de gestion des inondations (Pdgi) fut mis sur pied pour la période 2012-2022. Prévu initialement pour un montant de 766 milliards 988 millions 450 mille 362 FCfa, le Pdgi est articulé autour de quatre volets essentiels : l’amélioration de la connaissance des zones d’inondations, le relogement des populations sinistrées, la planification, l’aménagement des villes et un important aspect relatif au renforcement de la résilience des villes qui consiste entre autres, à réaliser des ouvrages de drainage d’eaux pluviales. Près de 10 ans après, les inondations constituent une grosse épine dans le pied du gouvernement. La banlieue dakaroise et de nombreuses régions du Sénégal ne sentent pas l’efficacité de ce programme. Certaines populations continuent de cohabiter avec les eaux polluantes et réclament des solutions structurelles. Où sont passés les milliards consacrés à la création d’infrastructures pour mettre fin à ce phénomène ? Y’ a-t-il eu des détournements de deniers publics ? Qui sont les acteurs concernés ? Voilà tant de questions auxquelles l’Ige est appelée à apporter des réponses. Lors d’une conférence de presse en septembre 2020, l’opposant Ousmane Sonko avait déclaré que «seuls 48 milliards ont été exécutés sur 767», soit 6% ! Le leader de Pastef avait aussi réclamé à l’époque l’audit du Pdgi.
Coût du Pdgi : près de 767 milliards de francs Cfa
Face à la polémique, l’Assemblée nationale avait actionné une Mission d’information sur la gestion des inondations. Dans leur rapport remis au président de la République, en novembre 2020, Moustapha Niasse et Cie avaient conclu que le Pdgi est «présentement exécuté à hauteur de 511 milliards 231 millions 298 mille 456 francs Cfa, soit 66,65 %». Ministre des Collectivités territoriales, Oumar Guèye avait renchéri que la mise en œuvre de ce programme était une «réussite». Moins d’un an plus tard, les inondations demeurent aussi lancinantes que jamais. Les acteurs concernés par cette gestion se nomment Pape Diouf qui a cédé sa place au ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement à Mansour Faye, au lendemain des Locales de 2014. De 2014 à 2019, le maire de Saint-Louis a occupé une place centrale dans l’exécution du Pdgi. Il a été remplacé par Serigne Mbaye Thiam depuis avril 2019. Lansana Gagny Sakho, débarqué en janvier dernier de la tête de l’Office national de l’assainissement (Onas), fut également un acteur majeur, ainsi que l’Agence de développement municipal (Adm) dirigée par Cheikh Issa Sall, qui gère le Projet de gestion des eaux pluviales et d’adaptation au changement climatique (Progep).
Par Hamidou ANNE
ABC, LES TROIS LETTRES DE L’INSOUMISSION
Alioune Badara Cissé a vécu dans une grande dignité. Dans l’adversité des siens, il a porté le poids de la trahison sans ployer le genou, sans la plus infime complainte. Il incarnait le meilleur de ce que notre pays peut offrir
La brutalité de la purge a vite succédé à l’euphorie de la victoire de 2012. Dans l’Etat puis dans le parti pour le dévêtir politiquement. Etle bruit a couru, des bureaux feutrés aux cours des concessions : «Alioune Badara Cissé a peu d’égard envers Macky Sall.» Chaque fois qu’on me servait cette antienne, me revenaient plusieurs moments qui contredisaient son absurdité. En particulier, ce jour d’octobre 2012 où ABC me fit convoquer d’urgence pour me confier la rédaction d’un discours sur le libéralisme ; car, me disait-il avec la tendresse qu’il avait pour son ami : «Macky doit se rendre au congrès de l’Internationale libérale, et je n’aime pas que le chef de l’Etat voyage les mains vides. C’est très important qu’il ait toujours une communication digne de son rang.»
Aux premières heures de l’Apr, parti naissant donc fragile face à la puissance du Pds, Alioune Badara Cissé avait attiré des cadres et des intellectuels pour donner du contenu conceptuel à leur aventure. Votre serviteur fit partie de ceux-là. Il savait mes réserves mais avait réussi à me convaincre par sa bienveillance et son élégance. ABC aimait Macky Sall d’un amour que j’ai rarement vu en politique voire dans la vie. Il s’était élevé à cette dignité du diseur de vérités aux Princes et aux simples citoyens. Parce qu’il aimait Macky Sall, il ne s’est jamais affranchi de la noblesse de l’honnêteté à son égard. Malgré les privations, l’homme n’a pas cédé à la tentation de la flatterie, cet attirail des médiocres. Quand on jouit du privilège de gouverner des millions d’âmes, il est nécessaire de souffrir d’entendre des vérités, aussi dures soient-elles.
Notre pays est oppressé par l’esprit de cour que nourrit la quête du gain matériel en politique. Les compromissions et les postures offrent des postes et couvrent ceux qui y cèdent du voile déshonorant de la richesse matérielle jusqu’au jour où ils rejoignent sans grand honneur le Pays sans fin.
Dans ce ballet des hypocrisies, les esprits libres se sentent à l’étroit et subissent médisances et complots. Ils finissent par se retirer de la médiocrité ambiante pour mener seuls le chemin dans la dignité et la quiétude de l’esprit.
Malgré son retrait forcé, les turbulences n’ont cessé, de même que les médisances et les conspirations, lot de la politique sous nos cieux. Mais l’avocat a porté sa croix sans se départir de l’exigence de vérité, du courage et de la loyauté.
ABC n’était pas un brave compagnon, il était le géniteur de l’Apr, un brillant insoumis et le meilleur d’entre eux. Etre le meilleur attire des sympathies, mais forge des animosités et des jalousies qui sont fatales quand celles-ci viennent des nôtres.
S’incarnaient chez lui, l’avocat défenseur des corps éprouvés ; le marin issu de Guet Ndar, qui aimait prendre le large, loin des trivialités ; et le poète, accoucheur de vers qui élèvent les âmes. ABC a vécu dans une très grande dignité. Dans l’adversité des siens et la solitude des jours difficiles, il a porté le poids de la trahison sans ployer le genou, sans la plus infime complainte. Au contraire, il a offert au visiteur son sourire et sa délicatesse, sa bienveillance et son élégance.Il est mort comme il a vécu : chevillé à sa liberté et à ses convictions ; dans la dignité, la discrétion, la loyauté et la fidélité à ses amis d’hier.
Le Sénégal traverse une crise de l’éthique et du sens. Des lendemains difficiles s’annoncent au regard des responsabilités désertées et de l’hydre populiste qui émerge, menaçant de détruire ce que, des décennies durant, nous avons bâti. L’hypertrophie politique a atteint des sommets face notamment aux colères populaires. Les républicains d’hier ont cédé par intérêts propres, par peur ou par ressentiment pensant que la haine peut être un projet politique.
Dans cet abaissement national, la figure de ABC, républicain transcendant, va nous manquer. Nous souffrirons de ne plus voir la délicatesse dans son regard, la tendresse dans son verbe et la chaleur dans sa poignée de main. Intellectuel brillant, personnage d’une grande rectitude morale, figure de synthèse et homme de devoir, ABC incarnait le meilleur de ce que notre pays peut offrir. Alioune Badara Cissé part, mais ne s’efface pas. Sa mémoire restera vive. Elle vivra au travers d’hommes et de femmes qui porteront demain ses combats pour le Sénégal, ce beau pays qui a toujours été son unique boussole.
La famille biologique de Alioune Badara Cissé, par nos usages et nos coutumes, est dorénavant la famille de son ami Macky Sall car cette amitié, malgré les vicissitudes de la vie, ABC ne l’a jamais reniée. Sa famille politique et intellectuelle, elle, transcende les courants, les chapelles et les frontières de notre pays. Elle va, toujours par le courage de la vérité qui n’enjambe jamais les frontières de la décence et de l’élégance, ré-enchanter la nuit qui couvre son voile d’incertitude sur notre pays. Elle va continuer à faire résonner ces trois lettres de l’insoumission : ABC.
Par Adji Diarra Mergane Kanouté
POURQUOI NOUS DEVONS FAIRE CONFIANCE AU PRESIDENT MACKY SALL
Les Sénégalais font face à une hausse des prix des denrées alimentaires depuis quelques semaines
Les Sénégalais font face à une hausse des prix des denrées alimentaires depuis quelques semaines. Une situation qui n’est pas cependant singulière à notre pays puisque c’est une crise qui touche tous les continents et, bien sûr, particulièrement les pays pauvres dont ceux de l’Afrique. Il faut souligner que cette flambée des prix des denrées alimentaires a déjà fait son lit dans la sous-région depuis mars dernier. Le Programme alimentaire mondial (PAM) avait même alerté sur les risques d’une « catastrophe alimentaire » causée par les effets de la covid-19, surtout par la fermeture des frontières et d’autres mesures de restriction qui ont contribué à bloquer ou à ralentir l’alimentation des marchés en produits alimentaires. C’est donc malheureusement arrivé, et il ne pouvait en être autrement face à une pandémie et ses effets que même les plus puissants ne maîtrisent pas. En de telles circonstances, il y a lieu de se souder davantage comme notre vaillant et résilient Peuple a toujours su le faire. Notre « commun vouloir de vie commune » a encore tout son sens dans ce contexte, comme nous l’avons eu à le prouver au début de la pandémie. Car, quand le prix du sucre, de l’huile, du riz… est en hausse, il ne l’est pas que pour l’opposition ou pour le pouvoir. Il l’est pour nos frères, nos sœurs, nos enfants, nos parents.
Le Sénégal au cœur
Nous devons tout de même être rassurés pour avoir un Gouvernement et surtout un Président de la République à l’écoute de son Peuple et qui en ressent ses pulsions parce qu’il a « Le Sénégal au cœur ». Voilà pourquoi depuis le début de la flambée des prix des produits alimentaires, Son Excellence le Président Macky Sall , comme à son habitude s’est retroussé les manches pour apporter assistance, soutien et réconfort à ses concitoyens, notamment les plus vulnérables. Ce n’est point une surprise d’ailleurs puisqu’il l’avait déjà fait dès l’apparition des premiers cas de covid-19 en 2020 avec son Plan de résilience économique et social (PRES). C’est ainsi qu’il a, dans l’immédiat, débloquer 69 Milliards de francs pour l’acquisition de produits alimentaires dans un contexte de tension mondiale. 1 1 00 000 ménages ont bénéficié de kits de riz, de sucre, de lait, de savon, de pâtes alimentaires. On ne peut nier le soulagement ressenti, le stress évacué par des familles embarrassées. C’est également sa fibre de père de famille et de père de la Nation qui l’a motivé à anticiper la souffrance des familles avec la prise en charge par l’Etat des factures d’eau et d’électricité des abonnés de la tranche sociale.
De même, alors que la baisse des cas de contaminations et de décès de la première et de la deuxième vague avaient autorisé l’espoir d’une reprise des activités économiques, l’Etat du Sénégal avait lancé un Plan de relance de l’Économie. Le Plan d’actions prioritaire ajusté et accéléré (PAP2A) a malheureusement été ralenti par une troisième vague plus meurtrière, plus contagieuse qui a freiné une cadence pourtant bien maîtrisée. Mais le Gouvernement a su faire face en limitant les dégâts par une campagne de vaccination qui, il faut le dire, a aussi coûté cher avec l’acquisition de doses.
La politique sociale de proximité et d’équité
Tous ces efforts sociaux ont été le choix d’une politique sociale, de proximité et d’équité, comme le sont les différents programmes et plans du Président depuis son accession au pouvoir. C’est le cas des bourses de sécurité familiale, de la Couverture maladie universelle et d’autres encore. Voilà pourquoi sa réponse diligente à cette hausse des prix des produits alimentaires est sans surprise. L’Etat a décidé de renoncer à des taxes qui pesaient sur certains produits alimentaires, entraînant une baisse des recettes de 47 milliards de francs Cfa d’ici la fin de l’année. Un grand soulagement puisque les prix sont en train d’être stabilisés. Cette crise sanitaire a donc déréglé nos économies fragilisées par une dépendance à l’Extérieur, notamment pour les céréales. C’est le cas du riz avec les pays fournisseurs comme ceux de l’Asie, d’où est partie la covid-19 ou encore de l’Amérique latine, le Brésil, précisément, qui a été durement frappé par la pandémie. Tous ces aléas ont provoqué une dérégulation de la production et de la commercialisation qui a eu des répercussions sur le continent.
Changeons nos habitudes
C’est difficile à dire quand il s’agit d’une catastrophe comme la covid-19, mais à quelque chose malheur est bon. Cette pandémie devait être un déclic pour notre société piégée par ses mauvaises habitudes. La coordination nationale des femmes de Benno Bok Yakaar, dirigée par la Présidente Ndeye Marieme Badiane, en synergie avec des femmes leaders de la société civile, avait tenté d’apporter des solutions, même conjoncturelles, comme « Stop cérémonies » et « E-cérémonies » pour à la fois limiter les déplacements mais aussi les gaspillages. D’aucuns n’avaient pas bien cerné la pertinence et l’opportunité d’une telle initiative.
Pourtant l’Eglise a adopté des mesures similaires en préconisant la présentation de condoléances par téléphone par exemple. Et plus récemment, c’est un ministre de la République qui a célébré le mariage de son fils via la plateforme Zoom. C’est de la même manière que la consommation du riz, devenu une habitude, culturelle, doit faire l’objet d’une remise en question. D’abord en mettant définitivement fin à ces importations. Mais bien évidemment cela devra passer par une politique d’autosuffisance alimentaire. Les efforts du Gouvernement dans ce sens sont à saluer, même s’il faut accélérer cette dynamique. Il est clair que le salut de notre Economie est dans la promotion « produire local » et du « consommer local ».
Adji Diarra Mergane Kanouté,
Députée à l’Assemblée Nationale
Présidente de l’Union pour le Développement du Sénégal (UDS/A)
Par El Hadj Hamidou KASSE
ELECTIONS TERRITORIALES DU 23 JANVIER 2022, UN NOUVEAU CHAPITRE POUR BENNO
Dans la grande marche de notre peuple, cette séquence est cruciale par l’ampleur de l’espoir suscité. C’est que cette nouvelle réalité politique traduisait admirablement l’élan national et démocratique
En mars 2012, après que le deuxième tour fut imposé par la volonté populaire au candidat sortant de l’élection présidentielle, la plus grande coalition électorale de l’histoire de notre pays émergea sous le nom prometteur de Benno Bokk Yaakaar.
Dans la grande marche de notre peuple, cette séquence est cruciale par l’ampleur de l’espoir suscité. C’est que cette nouvelle réalité politique traduisait admirablement l’élan national et démocratique. Mais, car il y avait bien un mais, dans l’intimité des uns et des autres, une telle coalition, bien que victorieuse, suscita des doutes. La coalition Benno Bokk Yaakaar n’allait-elle pas succomber aux chocs des intérêts et des égo au vue de ses composantes? L’histoire est aussi capable de miracle si la volonté des sujets, c’est-à-dire des acteurs, imprime une direction aux événements. Malgré les péripéties, la différence des trajectoires, les intérêts divers et les malaises probables, Benno Bokk Yaakaar reste debout, forte de son unité et riche de sa diversité.
Les familles socialistes, libérales ainsi que celle plurielle de la gauche, du Parti africain de l’indépendance aux courants nés des salves de mai 1968, ont su se surpasser pour construire ensemble une capacité politique exemplaire à se rassembler dans la durée et à gouverner dans l’union. Mon ami Abdou Fall, dont l’expérience politique est peu commune, parle de « leadership fédérateur du Président Macky Sall » qui, poursuit-il, a réussi « la prouesse de la conduite d’une gouvernance collective en contexte démocratique multipartisan». Le Sénégal présente, sous ce rapport, un modèle tout à fait original où, en dehors de la Présidence de la République, toutes les institutions représentatives sont dirigées par des alliés. La dialectique de la diversité dans l’unité ou de l’unité dans la diversité est un os vieux comme le monde.
En politique, elle exige l’esprit de compromis, la capacité de gestion des divergences et des différends, l’aptitude à se hisser au-delà de ses propres intérêts, l’esprit de partage et la fidélité à la cause commune. C’est la base éthique de la dynamique trans-idéologique qui anime Benno Bokk Yaakaar, socle de son unité et de sa trajectoire victorieuse depuis 2012. Benno Bokk Yaakaar est aux antipodes des alliances circonstancielles mues uniquement par l’instinct de destruction ou de survie sous le sceau d’un « contre » aussi puéril que condamné politiquement dans les marges. Toute notre histoire politique le prouve sans ambages.
A la négativité pure, sans contenu, Bby oppose le projet politique affirmatif de l’unité nationale face aux périls qui menacent le monde, notre sous région en particulier, de l’engagement gouvernemental autour de politiques publiques porteuses de croissance et de bien-être.
La grande coalition qui s’élargit chaque jour davantage est, ainsi, l’instrument politique par excellence pour neutraliser tous les extrémismes violents que d’ailleurs le peuple sénégalais a toujours rejetés avec fermeté. C’est au regard de ces considérations que nous devons aborder les prochaines élections territoriales qui charrient des enjeux de gouvernance, d’accentuation et d’accélération des politiques publiques soucieuses de la vie des populations, d’unité nationale, de paix et de stabilité. Bby est nourrie d’une culture, riche de dix années de déploiement sur le terrain, qui est la base de la gestion et de la résolution des différends, et sera, cette fois-ci encore, le socle du consensus autour de listes et de têtes de listes victorieuses.
Le Président de la grande coalition présidentielle, M. Macky Sall, et les leaders ont donné des assurances que les «investitures seront faites sur la base de critères rigoureux et objectifs, inspirés uniquement par notre commune volonté de sortir victorieux des prochaines échéances.
Les intérêts politiques de la grande coalition seront préservés de même que ceux des composantes sociologiques de la majorité présidentielle, c’est-à-dire les femmes, les jeunes, entre autres». Nous partons certes confiants à ces échéances, au regard de notre hégémonie dans les collectivités territoriales, les acquis incontestables dans la mise en œuvre des politiques publiques, surtout dans le domaine social, l’aspiration largement partagée de la continuité de gouvernance des niveaux territorial et central. Mais, il nous faut faire nôtres, dans toutes les localités, les principes et valeurs qui fondent la puissance politique de Benno Bokk Yaakaar et que les leaders ont rappelés lors de leur dernière Conférence du 25 août 2021: «le sens l’intérêt général, l’unité et la cohésion dans nos rangs , la discipline et la mobilisation».
23 janvier 2022, une répétition générale…
Parce que notre dynamique est porteuse de l’intérêt national, « nous devons nous faire confiance, renforcer la solidarité qui est gage des grandes victoires, faire prévaloir l’esprit de consensus et cultiver, contre les vents contraires, le sens de l’intérêt général », comme l’a dit le Président de la grande coalition invitée, encore une fois, à marquer d’un nouveau chapitre, le grand livre de gloire de notre peuple.
En effet, les prochaines échéances nous offrent une nouvelle opportunité de nous concentrer encore plus sur nos priorités de solidarité nationale et de développement à l’échelle de nos territoires. Les équipes issues de ces élections auront, en effet, un rôle capital à jouer dans la sauvegarde de tous nos acquis sociaux menacés par la crise sanitaire sans précédent du Covid-19 intervenue dans un contexte où notre pays était en plein essor économique. Il revient, ainsi, à tous les membres de notre coalition, de prendre toute la mesure de nos responsabilités partagées dans la consolidation et l’approfondissement des reformes engagées par notre majorité pour le renforcement des pouvoirs à l’échelle de nos territoires. Ces pouvoirs sont appelés à jouer de plus en plus un grand rôle dans la mise en œuvre de nos politiques publiques, notamment le PAP2A et la promotion d’une authentique démocratie participative qui place le citoyen au coeur de la gouvernance de nos terroirs.
Les échéances du 23 janvier 2022 constituent ainsi la «répétition générale» pour préparer des victoires encore plus éclatantes sur le chemin des conquêtes à venir et conforter notre peuple dans le seul combat qui vaille la peine d’être mené : l’émergence qui offre à chaque Sénégalaise et chaque Sénégalais les moyens de vivre dignement et décemment.
El Hadj Hamidou KASSE
Ministre, Conseiller à la Présidence de la République
DIRECTION GENERALE DES IMPOTS ET DOMAINES, PAR ICI L’APARTHEID !
Le malaise prévalant au sein de la Direction générale des Impôts et Domaines (DGID) connait une nouvelle tournure avec la décision du Syndicat des travailleurs de l’administration fiscale (STAF) d’aller en grève
Le malaise prévalant au sein de la Direction générale des Impôts et Domaines (DGID) connait une nouvelle tournure avec la décision du Syndicat des travailleurs de l’administration fiscale (STAF) d’aller en grève. Un préavis couvrant la période allant du 06 septembre au 06 octobre a été déposé sur la table du ministre de la Fonction publique et du Renouveau du Service public par le Staf le 03 septembre dernier. De graves perturbations en perspective pour l’une des plus importantes régies financières de notre pays.
La plateforme déposée sur la table du ministre de la Fonction publique et du Renouveau du Service public renferme trois revendications essentielles. Elles concernent la mise en place d’un système équitable de répartition des fonds communs, le maintien des acquis fonciers du STAF et une gestion équitable des carrières des agents sans discrimination de corps. « Cela fait exactement six ans que le Syndicat des travailleurs de l’administration fiscale (STAF) lutte contre un système discriminatoire de gestion du personnel et de répartition des avantages au niveau de la Direction générale des Impôts et Domaines sans résultat tangible. Diverses actions de lutte avaient été initiées, mais nous sommes désolés qu’aucune avancée significative n’ait été constatée.
Plusieurs demandes pour rencontrer le ministre des Finances et du Budget sont restées sans réponse. L’instruction 00009/MEFP qui octroie 63 % des avantages à 300 agents et 37% aux 1400 autres, continue à plonger des familles dans la précarité car ayant contacté des prêts avec le système précédent de répartition » souligne Dr Alassane Ba Secrétaire général du Staf. Ce dernier, dans une note d’explication adressée au SG de la CNTS Mody Guiro en date du 03 septembre, indique que « la conséquence est que des travailleurs qui, pendant des décennies, collaborent en parfaite harmonie, symbiose et synergie ont du mal à se dire bonjour. Jusqu’à présent des mères et pères de familles se posent des questions sur cette division désastreuse et machiavélique ».
La Cour Suprême annule l’instruction
La Cour Suprême, par l’arrêt n¨ 38 du 09 juin avait annulé l’instruction citée en haut mais « seulement dans ses dispositions relatives à son entrée en vigueur ». Autrement dit, bien que l’instruction soit annulée, elle juge légale qu’un BAC +2 (contrôleur des impôts et domaines) dans l’administration gagne plus qu’un BAC+ 5 ou 6 qui a accédé à la fonction publique par voie de concours sélectif avec, en plus, un parcours scolaire et académique honorable et même plus honorable que celui de beaucoup de ses collègues de la DGID qui ont la chance, eux, d’être des contrôleurs ou des inspecteurs des impôts ou des domaines. « Nous demandons aux hautes autorités, encore une fois, d’intervenir dans ce dossier qui est une apologie au corporatisme et à la désarticulation de l’administration, puis met fin au culte du mérite » indique Dr Alassane Ba. « Pis, l’instruction elle-même est caduque car n’étant pas conforme à l’organigramme actuel de la DGID issu de l’arrêté du 10012 du 14 juin 2017 portant organisation de la DGID. Ce même arrêté verrouille quasiment les postes aux autres corps non fiscalistes. Certains postes qui ont été déverrouillés ne le sont que dans la théorie. Des postes de spécialités ou la direction dispose d’ingénieurs de conception sont réservés aux contrôleurs des impôts dans cet arrêté. Des cadres non fiscalistes sont entrés à la DGID comme agents en complément d’effectifs (agents de bureau) et sont partis à la retraite comme agent de bureau » révèle, pour le regretter, le Dr Ba.
DGID, un broyeur de cadres
A la DGID, les humains sont constitués par les quelque 300 inspecteurs et contrôleurs des impôts et domaines. Tout le reste, soit près de 1400 agents sont relégués en « sous hommes ». D’ailleurs, leur panier de primes est assimilé à un panier « Ebola ».
La discrimination est même culinaire puisqu’au resto, il y a des places de choix réservées aux humains (inspecteurs et contrôleurs des impôts et domaines), et des sortes de tabourets aux « sous humains » fussent-ils des cadres ayant fait Bac+7 ! C’est pire qu’à Soweto durant les pires moments de l’apartheid. Pour en revenir aux primes, qui sont la principale pomme de discorde, les inspecteurs et contrôleurs des impôts et domaines ont touché des dizaines de millions de frs lors du 4ème trimestre tandis que les « sous humains » ont perçu 300.000 frs en moyenne. Une véritable aumône genre « sarakh nguir Yallah ». Elle est réservée aux « sous-hommes » que sont les non-fiscalistes tandis que les Aryens que sont les inspecteurs des impôts et domaines reçoivent leur part du pactole même lorsqu’ils sont détachés au Palais de la République où à l’ex- Primature comme conseillers spéciaux, conseillers techniques ou rangs assimilés. Ce même s’ils n’ont pas participé activement aux résultats financiers ayant justifié les « fonds communs ». Ou, plutôt, les fonds de la discrimination ! Le système est étendu au niveau du ministère de l’Economie et des Finances pour les inspecteurs généraux des finances, les inspecteurs des finances, les conseillers techniques ou rang assimilé.
A la DGID, le cadre non fiscaliste qu’il soit ingénieur informaticien, statisticien, topographe, géomètre ou géomaticien, comptable, financier ne pourra jamais s’imaginer, même dans ses rêves les plus fous, bénéficier d’une promotion pour ne serait-ce que diriger une section. Quant aux directions, il ne faut même pas y penser ! L’aberration est notée à travers l’Arrêté portant organisation de la DGID de 2017.
L’Art 74 évoquant le Bureau de la centralisation des recettes et des statistiques notamment la section « Analyse et Projections des recettes » est dirigée par un contrôleur des impôts et des domaines. Ce dernier coiffe ainsi des agents statisticiens et informaticiens de niveau Bac + 4. Une autre aberration est notée à l’art 62 du même document où il est écrit que « la Direction des Systèmes d’information est placée sous l’autorité d’un Inspecteur des impôts et des domaines ayant au moins le grade de principal ». Ce dernier, un inspecteur des impôts et domaines qui n’y connaît que dalle en matière informatique, coiffe pourtant des ingénieurs informaticiens confirmés et sortis de grandes écoles comme les Ecoles Polytechniques de Dakar et de Thiès. Des ingénieurs informaticiens qui sont pourtant à la base de l’informatisation du système de paiement par voie électronique dénommé Système intégré de gestion de l’information financière (SIGIF). On raconte qu’un inspecteur des impôts est allé jusqu’à souvent ironiser en disant aux agents non fiscalistes que « nos textes ne vous permettent pas de faire carrière à la DGID. Allez voir ailleurs ».
Le problème c’est que nos braves 300 agents des impôts et domaines à eux seuls ne pourraient jamais faire tourner à eux seuls la DGID car ils auraient toujours besoin, sauf à être des démiurges, d’assistantes, de statisticiens, de comptables, de financiers, d’ingénieurs informaticiens ou tout simplement de chauffeurs et de plantons ! S’agissant des cadres, les exemples foisonnent de ceux d’entre eux qui ont été broyés par le système discriminatoire. Vous voulez des exemples ? En voilà ! « Un ingénieur statisticien entré à la DGID comme agent en complément d’effectifs est allé à la retraite comme agent en complément d’effectif. Un brillant cadre sénégalais sorti du prestigieux Institut de formation et de recherche démographique (IFORD) de Yaoundé, qui ne sélectionne qu’un Sénégalais tous les deux ans, végète au niveau de la DGID. Un autre cas, c’est celui du Dr Alassane BA docteur en système d’information qui a le statut d’agent en complément d’effectifs ».
Et on pourrait multiplier les exemples à l’envi. Le malaise est devenu profond et malheureusement, Bassirou Samba Niasse, l’actuel Dg de la DGID, malgré sa bonne volonté, ne peut pas y faire grand-chose tellement le lobby des « fiscalistes », auquel il appartient du reste — tout comme le ministre des Finances et du Budget et ses prédécesseurs — est puissant. Espérons que le préavis de grève déposé par le STAF soit le début d’une révolte du personnel Ebola qui n’entend plus laisser pérenniser un tel système.