Visite nocturne du chef de l’Etat à Touba
Le chef de l’Etat s’est rendu nuitamment à Touba pour s’entretenir avec le khalife Serigne Mountagha Mbacké. «L’As» n’a rien pu glaner du motif de ce voyage nocturne imprévu, mais croit savoir qu’elle s’imposait au chef de l’Etat après la visite de Ousmane Sonko tout dernièrement. Surtout que le Khalife s’était montré rugueux vis à vis du patron de Pastef. Qui plus est, Sonko est attendu ce weekend au sud du pays où l’on craint une tension. Le chef de l’Etat va sans doute remercier le patriarche de Touba mais il l’informera également des velléités provocatrices de son opposant et les conséquences qui pourraient en découler.
Un militants de Thierno Alassane Sall cueilli par la DIC
Un militant de la République des Valeurs (RV) de Thierno Alassane Sall est entre les mains des éléments de la Division des Investigations Criminelles (Dic). Babacar Touré, fils du ministre conseiller à la Présidence, Youssou Touré, a été interpellé jeudi à sa sortie des locaux de la chaîne privée Africa7 par des éléments de laDIC. Le péché du militant du parti de Thierno Alassane Sall, semble-t-il, c’est d’avoir publié sur sa page Facebook un post que le pouvoir trouve diffamatoire. Les militants de la République des Valeurs soupçonnent une tentative du pouvoir d’écarter un candidat aux Locales à Nioro. Parce qu’il n’a cité nommément personne dans le texte. A les en croire, depuis que Babacar Touré a déclaré sa candidature, il est la cible des responsables de la mouvance présentielle de la localité. Le leader de la République des Valeurs Thierno Alassane Sall a commis des avocats pour défendre son militant.
La cérémonie «Sargal» Me Wade annulée
Des jeunes militants du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) voulaient rendre un vibrant hommage au pape du Sopi qui souffle bientôt sur ses 95 bougies. Finalement, la cérémonie n’aura pas lieu. Le secrétaire général national du Pds a adressé une lettre aux initiateurs, en l’occurrence son «fils Bocar Niang, un militant engagé et fidèle». Pour des raisons de sécurité sanitaire, le Président Abdoulaye Wade a demandé à Bocar Niang et compagnie d’annuler la cérémonie du «Sargal». Parce que, rappelle-t-il, la pandémie de covid-19 est toujours là et que les rassemblements non indispensables doivent être évités. Cela dit, le pape du Sopi exprime toute «sa reconnaissance et ses remerciements les plus vifs» aux organisateurs.
Marche des populations de Malika
Le projet de découpage administratif de la région de Dakar avec l’érection de Keur Massar en département a réveillé de vieilles doléances. Les populations de la Commune de Malika qui ruminaient leur colère depuis la décentralisation en 1996 ont décidé hier de descendre dans la rue, sous escorte policière, pour exiger des correctifs du mauvais découpage administratif de 1996. Elles estiment que c’est le décret de 1996 qui leur a causé tous les problèmes du monde. Puisque des quartiers sont disloqués entre différentes communes, notamment à Yeumbeul-Nord et Keur Massar. D’après le coordonnateur du Collectif des habitants de Malika, Saliou Diouf, le mauvais découpage administratif de 1996 a fait qu’aujourd’hui, le président des délégués de quartiers de même que celui des Asc de leur commune résident dans des quartiers dépendant de Yeumbeul-Nord et de Keur Massar.
Le commissaire de police de Koungheul sans local
Les habitants de Koungheul s’impatientent de l’ouverture de leur commissariat de police construit depuis belle lurette. Le Commissaire Ibrahima Diouf alias «Jack Bauer», ancien commissaire de Yeumbeul, y est affecté. Seulement depuis la fin des travaux, on tarde à réceptionner les nouveaux locaux de la Police de Koungheul. Du coup, le commissaire Diouf tarde à prendre service, faute de local. C’est pourquoi, les populations demandent des explications aux autorités sur les motifs du blocage de l’ouverture des locaux du commissariat de Police de Koungheul au moment où les malfrats troublent leurs quiétudes.
Aks et Laye Sow à Médina Gounass
Le chef de l’Etat a envoyé une forte délégation à Médina Gounass pour s’enquérir des dispositifs pris pour un bon déroulement de la 81e édition du Daaka (retraite spirituelle, ndlr) qui commence ce samedi et va durer dix jours. La délégation gouvernementale est composée du ministre de l’Environnement Abdou Karim Sall, du ministre de l’Urbanisme Abdoulaye Sow et des autorités administratives. Le gouvernement a remis au Khalife de Médina Gounass un important lot de matériels composés de deux pelles mécaniques, de 08 camions, d’une tasseuse, de 50 bacs à ordures, des râteaux, des balais et pelles manuelles. En outre, le gouvernement a déployé 50 jeunes volontaires pour le ramassage des ordures avec l’appui de l’UCG. Le Khalife de Médina Gounass Thierno Amadou Tidiane Ba a remercié le gouvernement pour son accompagnement ainsi que le Président Macky Sall. Le guide religieux a appelé les fidèles à retourner vers les préceptes du Coran, bannir toute forme de violence et se mettre au travail.
Grève des élèves du lycée des Parcelles Assainies
Les élèves du lycée des Parcelles Assainies vont faire monter d’un cran leur lutte. Après avoir décrété un mot d’ordre de 72h renouvelables, les potaches menacent de paralyser tout le système éducatif dans la commune, dès ce lundi. Pour se faire entendre par les autorités, ils comptent déloger leurs camarades des autres écoles de la commune. Ils réclament de meilleures conditions d’apprentissage, l’achèvement du chantier de salles de classe entamé depuis 05 ans et la construction de laboratoires et d’une bibliothèque entre autres. Ce qui fait que le lycée est confronté à des effectifs pléthoriques avec en moyenne 100 élèves par classe. Autant de maux qui poussent ces potaches à observer un mouvement d’humeur.
Les précisions de l’Etat sur l’affaire Lamine Diack
Le porte-parole du gouvernement Me Oumar Guèye a démenti l’information selon laquelle la somme de 160 millions Fcfa a été déboursée par les autorités sénégalaises pour tirer d’affaire Lamine Diack. Prenant part à la conférence de presse du ministre de la Jeunesse et de son collègue en charge de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion, Oumar Guèye a déclaré que l’Etat du Sénégal n’a jamais versé de l’argent à l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF). Selon lui, cette information n’est pas fondée. D’après le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires, cette info a été démentie par l’Agent Judiciaire de l’Etat. Ce qui est tout à fait normal du reste pour qui connaît les arcanes du droit international. Le Sénégal ne peut nullement avouer publiquement avoir payé les avocats d’une personne reconnue coupable de corruption. Mais la deuxième partie de la réponse du ministre est sans équivoque : « En ce qui concerne Lamine Diack, un Etat a comme mission d’apporter assistance à ses citoyens que ça soit l’intérieur et à l’extérieur.» C’est aussi cela la diplomatie.
Dédicace du livre du journaliste Mamoudou Ibra Kane
La cérémonie de dédicace du livre du Président directeur général (Pdg) du groupe Emédias invest a vécu. Mamoudou Ibra Kane a présenté au public son ouvrage intitulé : « Le Sénégal et Mandela : Le grand secret». De nombreuses personnalités étaient présentes à la rencontre qui s’est tenue au Musée des Civilisations Noires. On peut citer entre autres la ministre des Affaires Etrangères, Me Aïssata Talla Sall, Issa Sall, le député Déthié Fall, Aliou Sall, Modou Diagne Fada, l’édile de Dakar Soham El Wardini, Baba Maal etc… Le journaliste rapporte dans son ouvrage les relations particulières entre le Président Abdou Diouf et Nelson Mandela.
La Bimao réalise un bénéfice de 2,5 milliards FCFA
Le résultat de l’exercice 2020 de la Banque des Institutions Mutualistes de l’Afrique de l’Ouest (BIMAO) est excédentaire. C’est le constat fait par l’assemblée générale ordinaire de l’institution bancaire qui s’est penchée sur les comptes de l’exercice 2020. La banque a réalisé un bénéficie de 2,475 milliards F CFA. Une première depuis sa création. Une fierté pour le nouveau Directeur général, Mbaye Dione qui en est à sa première année d’exercice.
Le DG de la Sones annonce une usine de 15 milliards Fcfa
Le Directeur général de la Sones, Charles Fall était hier à Saint-Louis pour rencontrer les bénéficiaires du projet d’ouvrages hydrauliques à l’occasion d’un comité régional de développement. Le projet est constitué d’une station de traitement de l’eau du fleuve d’une capacité de 12.000 m3/jour pour augmenter la production de l’usine de Khor, la construction d’un château d’eau de 3200 m3 à Sanar et de la réalisation d’un réseau pour améliorer la distribution. Selon Charles Fall, le lancement des travaux qui vont durer 24 mois ne va pas tarder. D’un coût de 15 milliards de Fcfa, le projet est financé par l’Etat avec le concours de la Banque européenne de d’investissement (BEI). Selon le Dg de la Sones, la mise en service de ces nouveaux ouvrages va sécuriser l’alimentation en potable de Saint-Louis.
Le présumé meurtrier de l’étudiante congolaise déferré
L’ignoble crime a plongé tout le monde dans la consternation. L’étudiante en Banque-Assurance à l’Ecole Supérieure Polytechnique (Esp) de Dakar, Lotaly Mollet de nationalité congolaise a été lâchement tuée avant-hier soir devant chez elle à Grand Yoff. Elle a reçu plusieurs coups de tessons. Son agresseur a été arrêté grâce à un chauffeur de taxi. Ce qui a félicité le travail de la police de Grand Yoff. D’ailleurs, nos sources renseignent que les enquêteurs ont bouclé l’enquête et déferré hier le présumé meurtrier, S. C. Diatta originaire de la Guinée Bissau. Ce meurtre remet sur la table la question des grâces accordées aux détenus. Puisque S. C. Diatta est un récidiviste et il a été élargi de prison à la veille de la fête de Korité.
Guy Marius Sagna en Guest-star
Alors que des huées ont retenti à la seule évocation du nom du Président Macky Sall, Guy Marius Sagna a été fortement acclamé lors de la manifestation en soutien au peuple palestinien. La foule a rendu hommage à l’activiste pour le rôle qu’il ne cesse de jouer au côté du peuple. Lorsqu’il a été annoncé pour prendre la parole, toute la foule s’est mise à scander son nom.
DÉCÈS DE LEE EVANS
Le champion olympique du 400 mètres à Mexico en 1968 et monté sur le podium coiffé du béret des Black Panthers en signe de protestation contre les discriminations affectant les Noirs aux États-Unis, est mort à 74 ans mercredi 19 mai
Lee Evans, champion olympique du 400 mètres à Mexico en 1968 et monté sur le podium coiffé du béret des Black Panthers en signe de protestation contre les discriminations affectant les Noirs aux États-Unis, est mort à 74 ans mercredi 19 mai.
"Médaillé d'or olympique, détenteur du record du monde (du 400 m), membre du Hall of Fame de la Fédération américaine d'athlétisme et militant des droits de l'homme, Lee Evans, est décédé mercredi à l'âge de 74 ans", a indiqué l'USATF sur Instagram. La Fédération américaine d'athlétisme n'a pas donné la cause du décès.
Premier homme à courir sous les 44 secondes
Evans était un véritable pionnier puisqu'il est devenu le premier sprinteur à courir sous les 44 secondes sur le tour de piste, à seulement 21 ans. A Mexico, il a, ainsi, battu le record du monde en finale en 43 secondes 29, qui fut la marque de référence jusqu'en 1988.
Pour la première fois, des acteurs chinois présents au Sénégal révèlent dans cette enquête l’existence de pratiques de blanchiment d’argent auxquelles certains négociants se livreraient en profitant des campagnes annuelles de commercialisation
A l’instar d’autres pays africains où les entreprises chinoises ont fini de « nationaliser » les ressources minières locales au profit des appétits sans frontières de l’Empire, les négociants chinois semblent avoir désormais entre leurs mains le destin de la filière arachidière au Sénégal. Protégés par un protocole d’accord entre les deux gouvernements, ces commerçants dynamiques et durs en business qui arpentent les zones rurales sénégalaises avec des sacs remplis d’argent soulagent certes des milliers de paysans par leurs capacités à payer cash les récoltes qu’ils achètent sur place. Aussi sont-ils accusés à la fois de fragiliser les industries locales, dont l’arachide reste la matière première vitale, et de déstabiliser une filière considérée comme le cœur battant de l’économie sénégalaise.
Mais pour la première fois, des acteurs chinois présents au Sénégal révèlent dans cette enquête l’existence de pratiques de blanchiment d’argent auxquelles certains négociants se livreraient en profitant des campagnes annuelles de commercialisation.
Mamadou Alpha Diallo est au bord de la crise de nerfs ou d’une faillite pure et simple. Entre novembre 2020 – début de la campagne de commercialisation de l’arachide au Sénégal – et la première quinzaine du mois de mars 2021, le PDG de l’entreprise « Nahjou-Agro-industrie » n’a pu collecter que 12,4 tonnes de graines. Une quantité dérisoire pour ce propriétaire d’une unité de transformation capable de traiter chaque jour 18 tonnes d’arachides décortiquées à Touba, l’un des centres les plus dynamiques de la commercialisation du produit, à 200 km de la capitale Dakar. Pourtant, le prix-budget que l’opérateur sénégalais proposait aux producteurs (315 FCFA/kg, soit 0,57 $) dépassait le tarif minimum fixé par le gouvernement (250 FCFA/kg, soit 0,45 $). Aujourd’hui, comme les deux années précédentes et comme beaucoup d’autres industriels de la filière, Diallo avoue ne plus avoir les moyens de suivre la cadence inflationniste imposée par les négociants chinois.
« La matière première est juste devant nous, mais nous ne pouvons pas l’avoir.Le négociant chinois offre toujours au moins 10% de plus que ce que nous proposons : si je paie 300 FCFA (0,54 $), il surenchérit systématiquement à 330 FCFA (0,6 $) car il sait qu’on ne pourra pas suivre des enchères sans fin », lâche-t-il dans un soupir désespéré.
Dans son usine de Touba, le chômage technique s’est abattu sur la cinquantaine d’ouvriers qui y travaillaient sous diverses formules contractuelles. Du reste, cette entreprise a été fermée pendant deux ans par manque de matières premières. Le loyer et l’entretien lui coûtaient 5 millions de francs CFA (58 821 $) par an. Impossible pour lui de continuer à supporter de telles pertes financières. Pour lui, la Chine est responsable de tous ses malheurs : elle a fait main basse sur l’arachide du Sénégal.
L’exaspération des industriels et autres acteurs de la filière arachidière vis-à-vis des commerçants chinois est d’ailleurs le principal facteur avancé pour expliquer les deux braquages perpétrés en janvier 2020 contre deux points de collectes de graines d’arachide appartenant à des Chinois à Sanghel, région de Kaolack, cœur du bassin arachidier sénégalais à 190 km de Dakar. Les médias locaux avaient rapporté que les assaillants avaient emporté 20 millions de FCFA (237 000 yuans, 36 000 $ environ). Deux jours plus tard, le président sénégalais Macky Sall condamnait « fermement » cette violence et ordonnait une plus grande protection en faveur des négociants chinois par la police et la gendarmerie. « L’année dernière (ndlr : 2019), si ce n’était pas (la) présence (des Chinois), la situation aurait été catastrophique pour notre pays », avait ajouté le chef de l’Etat. Même s’il n’a pas été démontré que ces attaques visaient à répondre par la violence à la présence chinoise dans la filière, le simple fait qu’elles sont survenues pourrait démontrer qu’il y a une « question chinoise » en lien avec la commercialisation de l’arachide au Sénégal…
« Au moins une centaine d’entreprises ou d’hommes d’affaires chinois dans la filière arachide »
En l’absence de statistiques officielles, le nombre d’entreprises ou d’hommes d’affaires chinois présents dans la filière arachidière est difficile à connaître. L’ambassade de Chine à Dakar n’a pas voulu nous recevoir au cours de cette enquête. Néanmoins, le site ChinaEconomic.com a rapporté en 2017 que plus de 30 entreprises chinoises de transformation d’arachides ont été enregistrées dans des localités comme Kaolack. Mais selon d’autres sources dont une chinoise active dans le secteur, il en existe au moins une centaine à l’échelle du Sénégal dont une douzaine qui enlève chacune plus de 10 000 tonnes à chaque campagne.
Regroupés dans une association appelée « Chinois acheteurs d’arachides au Sénégal », ces commerçants avaient remis en avril 2020 une somme en espèces de 5 millions de francs CFA (environ 9300 dollars US) au gouvernement sénégalais en soutien au Fonds « Force Covid-19 » destiné à soutenir les populations impactées par la pandémie à coronavirus.
Si les commerçants chinois sont devenus des acteurs officiels importants de la filière arachidière au Sénégal, ils le doivent à un protocole d’accord agricole et commercial signé en septembre 2014 entre les deux pays. « Ils ne sont pas descendus du ciel comme par miracle, écrivait Galaye Seck, expert en horticulture ayant effectué plusieurs missions en Chine au service du gouvernement sénégalais et décédé au début de l’année. Ils sont venus répondre à l’appel de l’Etat du Sénégal qui avait peur du retour des bons impayés. »
« Leur arrivée n’est pas un hasard, c’est le résultat d’un long processus qui a démarré vers 2006. En effet, pour autoriser les huiliers sénégalais comme Sonacos (ndlr : l’entreprise publique dédiée à la transformation de l’arachide en huile) à exporter de l’huile brute vers la Chine, le gouvernement chinois avait envoyé des experts pour mieux comprendre le fonctionnement de la filière de l’arachide. C’est ainsi que plusieurs missions techniques chinoises ont séjourné au Sénégal et ont travaillé avec les ministères de l’Agriculture et du Commerce et leurs démembrements. Après, les hommes d’affaires chinois ont commencé à arriver au Sénégal munis d’informations suffisantes et très précises concernant le secteur », renchérit Libasse Diakhaté (*), un ingénieur agricole présent dans la filière depuis plusieurs décennies.
L’objectif visé par les Chinois était de rendre l’arachide locale conforme aux standards mondiaux en termes de qualité en faisant du Sénégal « une origine sûre ». Mais selon Ousmane Ndiaye, président de Asprodeb, une des grandes organisations de producteurs, le protocole de 2014 a plutôt provoqué un effet domino.
« Cet accord a été conclu sans que le gouvernement sénégalais ait eu des concertations préalables avec les acteurs de la filière. Il pénalise les industries locales qui sont incapables de vendre leur huile en Chine, car le produit serait taxé alors que l’arachide non transformée n’est pas taxée. Ainsi, nous exportons du travail vers la Chine au détriment des Sénégalais. Cet accord a favorisé une irruption d’intermédiaires et d’agents commerciaux ne respectant aucune règle et qui ont désorganisé la filière sans que cela profite aux producteurs et à l’économie nationale », s’insurge Ousmane Ndiaye.
En fait, explique Libasse Diakhaté, « pour protéger l’industrie chinoise, Beijing a surtaxé l’huile d’importation et détaxé la graine ! Tous les Chinois installés au Sénégal pour faire du commerce et d’autres activités ont alors utilisé cette filière pour rapatrier leurs avoirs. » Une politique protectionniste qui « facilite l’arrivée des graines sur le territoire chinois afin de préserver les emplois locaux alors que l’huile importée est surtaxée parce qu’elle ne crée pas d’emplois », accuse encore Mamadou Alpha Diallo.
Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), les exportations d’arachides vers la Chine en 2018 ont représenté 97,2% du total des exportations (hors arachides décortiquées grillées), soit 109 800 tonnes. Mais les exportations d’huile d’arachide du Sénégal vers la Chine n’ont constitué que 35% du total des exportations.
Le protocole sanitaire, renouvelé en 2018, court jusqu’en 2024. Mais le gouvernement sénégalais tarde à répondre aux doléances des industriels locaux en faveur d’un durcissement des conditions d’exportation d’arachides. « La Chine nous donne beaucoup d’argent. En février 2021, elle a expédié 200 000 doses du vaccin Sinopharm à Dakar. Alors, quand elle a besoin de cacahuètes sénégalaises, notre gouvernement peut-il le lui refuser ?», commente, ironique, Mamadou Alpha Diallo.
Cet entrepreneur sénégalais n’est pas un cas isolé dans ses mésaventures. Son histoire est aussi en grande partie celle des 154 petites entreprises membres du Regroupement des acteurs du secteur de l’industrie agroalimentaire de Touba (RASIAAT) qui se disent victimes de la rude concurrence des Chinois.
« Nous sommes des unités de transformation primaire de l’arachide en huile brute, communément appelé ‘’seggal’’. Nous permettons aux industries huilières du pays, vu leur manque d’investissement suffisant en machines de trituration, de faire la transformation nécessaire pour faciliter le raffinage de l’huile brute à leur niveau », explique le PDG de Nahjou-Agro-industrie. « La présence des Chinois est catastrophique pour la grande filière de l’arachide : avec eux, seul le secteur primaire s’enrichit au détriment de toute une chaîne de valeur. Or, la transformation de l’arachide en divers produits comme l’huile reste la vraie valeur ajoutée de la filière. »
Le dynamisme de ces négociants venus de l’Empire du Milieu a bien des avantages. Selon l’ingénieur Diakhaté, par exemple « en cas de surproduction de graines, il devient possible de vendre les surplus dans des conditions techniques et financières maîtrisées ». Par contre, leur donner carte blanche sans contrôle réel de leurs activités provoque « la déstabilisation des industriels locaux sur les prix et les quantités » et la perturbation « durable de la filière si les bonnes graines sont collectées par les Chinois au détriment des semences. »
De manière plus immédiate, les paysans et associations de producteurs se frottent les mains. Pendant longtemps, ils ont été contraints de livrer leurs récoltes et d’attendre plusieurs semaines ou mois avant d’être payés. Avec l’arrivée des négociants chinois, c’est de l’argent cash qu’ils reçoivent sur les lieux de transaction.
Les caisses de l’Etat sénégalais profitent également de la présence chinoise. Selon le ministre de l’Agriculture, Moussa Baldé, la taxe sur les exportations d’arachide, appliquée pour la première fois cette année, a permis de faire entrer entre 8 et 9 milliards de francs CFA (entre 14 et 16 millions $) dans les caisses du Trésor. Les commerçants chinois en sont les principaux payeurs.
Li Mei, une figure de la filière chinoise
En face, les négociants chinois, eux, se frottent les mains grâce à une puissance financière presque illimitée qui leur permet de faire la loi à Touba comme dans la plupart des grands marchés saisonniers de collecte d’arachides, malgré quelques difficultés.
« Les années précédentes, nous expédiions les arachides vers la Chine le 4 ou le 5 décembre, mais cette année, à la fin de janvier, nous en étions seulement au début de l’embarquement », se plaint le marchand chinois Li Mei interrogé par nos soins. Les expéditions ont été bloquées pendant deux mois. Sur fond de crise sanitaire, tous les frais ont fortement augmenté et la chaîne de capitaux était serrée. « La nouvelle politique du gouvernement sénégalais vise un peu les hommes d’affaires chinois, mais nous ne pouvons rien faire, elle tente aussi de protéger les huileries locales », foi du marchand asiatique. À l’autre bout du fil, son ton est calme et imperturbable. Cette nouvelle politique fait peut-être référence, outre l’application de la taxe sur l’exportation, aux mesures de blocage des exportations survenues au cours de la campagne agricole 2020-2021. Ensuite, les négociants chinois ont été obligés cette année de faire leurs chargements d’arachides dans les conteneurs, non pas au Port de Dakar mais à l’intérieur du pays, au niveau des principaux points de collecte. Un travail supplémentaire imprévu dans le calendrier d’activités mais auquel ils se sont pliés. Li Mei en a fait l’expérience.
La quarantaine, originaire de la province du Shandong, Li Mei est responsable des achats à l’étranger pour une entreprise privée d’importation et d’exportation de produits agricoles. Il fait la navette entre la Chine et le Sénégal depuis environ six ans et dit « aimer bien ce pays». Chaque année, il débarque en fin octobre et repart au terme du mois de mai de l’année suivante. Son séjour de six mois correspond à la saison de commercialisation de l’arachide. En 2020, il révèle avoir généré des bénéfices de 20 millions de yuans (1,7 milliard FCFA) pour l’entreprise, un chiffre « extrêmement rentable ».
Avant son arrivée au Sénégal en octobre dernier, ses partenaires locaux l’avaient informé que la production d’arachides était excellente : 1,8 million de tonnes. Le chiffre est officiel certes, cependant il est « absolument erroné » et « loin de la réalité » d’après plusieurs observateurs de la filière. Qu’importe, pour Li Mei, c’est une aubaine qui lui permet de signer de gros contrats avec des huiliers chinois. Cette année, il est venu avec une équipe de 10 personnes pour réaliser « une grande campagne » arachidière, en toute tranquillité. Commerçant pragmatique et expérimenté, fin connaisseur des codes locaux, il est convaincu que dans ce pays, une entreprise étrangère agréée par le gouvernement n’a pas de raison de s’inquiéter.
En Afrique de l’Ouest, le Sénégal est un petit « royaume de l’arachide » avec une population proche de 16 millions d’habitants. Le marché intérieur et les ressources naturelles sont limités, mais sa stabilité et son système politique démocratique en font une destination de choix dans une région pas toujours calme. Sa fonction de « hub » atlantique sur la côte ouest-africaine est un avantage dont il a su tirer profit pour attirer de nombreux investisseurs chinois. En 2005, les deux pays ont rétabli leurs relations diplomatiques après que Dakar a choisi de rompre avec Taiwan. En septembre 2016, la Chine et le Sénégal établissent un partenariat stratégique global. C’est donc naturellement que le Sénégal est devenu le premier pays d’Afrique de l’Ouest à signer le document de coopération « One Belt, One Road » avec la Chine.
Exonérées de taxe douanière, les arachides sénégalaises jugées bon marché attirent des marchands chinois comme Li Mei. Selon les statistiques des douanes chinoises, la Chine a importé environ 323 mille tonnes d’arachides du Sénégal au cours des onze premiers mois de 2020, soit trois fois plus qu’en 2015. Cette année, les autorités sénégalaises font état d’environ 300 mille tonnes collectées et exportées vers la Chine.
Ce gros appétit pour « l’or marron » sénégalais perturbe le marché local. Les négociants chinois offrent en effet des prix plus élevés, les agriculteurs vendent davantage et cash, les recettes en devises du pays provenant des exportations d’arachides sont plus significatives. Revers de la médaille : les principales huileries sénégalaises se retrouvent structurellement confrontées à un déficit de matières premières avec la fuite des (meilleures) graines d’arachides vers l’étranger. De manière fréquente, des reportages sur « les acheteurs chinois qui raflent les arachides au Sénégal » sont publiés dans la presse locale et même étrangère. Li Mei et d’autres, qualifiés de « prédateurs » ou d’«opportunistes», sont accusés de concurrence déloyale. Mais pour l’ambassadeur de Chine au Sénégal, c’est inacceptable. Dans un entretien avec le journal « Le Quotidien » (17 février 2021) et quelques heures avant la réception des 200 mille doses du vaccin Sinopharm, Xiao Han a défendu ses compatriotes :
« Certaines accusations portées contre les acheteurs chinois sont injustes et ne favorisent pas un bon climat de coopération à long terme entre les deux pays. L’achat d’arachide est en lui-même un comportement de marché. Les acteurs chinois effectuent leurs transactions conformément aux principes du marché, aux règles et lois commerciales locales. L’Etat, les grossistes, les exportateurs en ont tous bénéficié. Et surtout les paysans, groupe le plus nombreux et le plus vulnérable, ont obtenu des bénéfices tangibles qui ont amélioré le bien-être de leurs familles. Ce genre de coopération (…) devrait être soutenu et salué plutôt que d’être pris en otage par un certain groupe d’intérêts. »
« Aller là où il faut aller, là où il n’y a pas d’impôt »
Li Mei a investi des millions de yuans pour acheter des terrains et construire une usine à Kaolack. Il emploie plusieurs dizaines d’ouvriers agricoles chaque année pour le traitement et le chargement du produit. Kaolack, connue pour la qualité de son arachide, fait partie des cinq principales zones de production du pays. Des marchands chinois comme lui ne vont que « là où il faut aller, là où il n’y a pas d’impôt ». Par exemple, en Inde, autre grand pays d’arachides, le tarif douanier élevé de 15 % appliqué est dissuasif pour beaucoup de négociants, même si certains y tentent leur chance en faisant de la province du Yunnan une plaque tournante. « Mais c’est de la contrebande », un genre qui n’attire pas Li Mei.
La présente réflexion est consacrée aux conditions préalables imposées par le Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) pour toute décision relative à la modification du nombre des départements, au transfert du chef-lieu et à la modification des limites territoriales des départements et des communes.
Procédures propres aux départements
Modification des limites territoriales et du nombre des départements
Condition préalable : la consultation obligatoire du Comité interministériel d’aménagement du territoire (article 276 CGCT)
Selon l’article 276 du CGCT, « Le Comité interministériel d’aménagement du territoire, institué par décret, est consulté sur toute modification des limites territoriales et du nombre des départements, dans le cadre de la procédure prévue par (les articles 23 à 25 du CGCT)».
Le gouvernement devrait répondre à deux questions qui sont autant de préalables à toute modification des limites territoriales et du nombre des départements en application de l’article 276 du CGCT.
Premièrement, le Comité interministériel d’aménagement du territoire (CIAT), compétent en matière de délocalisations, a-t-il été institué par décret ? Deuxièmement, le CIAT a-t-il été consulté conformément à l’article précité avant la décision du chef de l’État de réviser le découpage administratif de la Région de Dakar qui va conduire à une modification du nombre des départements.
En tout état de cause, il demeure que la consultation du CIAT, préalablement institué par décret, s’impose. À notre avis, le CIAT devrait se réunir souvent en même temps que le Comité interministériel de l’administration territoriale institué par décret (article 275 CGCT). Ce Comité, compétent en matière de déconcentration, a-t-il été consulté sur la conduite de la politique de déconcentration de l’État au titre des années 2020 et 2021 conformément à l’article 275 ?
Transfert du chef-lieu ou modification des limites territoriales
Condition préalable : la prescription d’une enquête « publique » par le ministre chargé des Collectivités Territoriales (alinéa 1 article 23 CGCT)
Selon l’article 23 du CGCT, « pour transférer le chef-lieu d’un département ou modifier les limites territoriales de plusieurs départements, le ministre chargé des Collectivités Territoriales prescrit une enquête ».
Le gouvernement devrait indiquer si cette enquête prescrite par l’article 23 du CGCT a été réalisée et, le cas échéant, rendre publics ses résultats.
Rattachement à un département d’une collectivité territoriale ou une portion de collectivité territoriale
Condition préalable :La consultation obligatoire du conseil de la collectivité territoriale intéressée (alinéa 2 article 23 CGCT)
On peut supposer que le gouvernement a respecté cette condition préalable en saisissant pour avis les conseils de toutes les collectivités territoriales concernées.
Procédures propres aux communes
Transfert du chef-lieu, modification des limites territoriales, fusion de plusieurs communes en une seule ou distraction d’une portion du territoire d’une commune existante, soit pour la rattacher à une autre, soit pour l’ériger en commune distincte (alinéa 1 article 76 CGCT)
Première condition préalable:La prescription d’une enquête « publique » par le représentant de l’État(alinéa 2 article 76)
Selon l’alinéa 2 de l’article 76, l’enquête est prescrite par arrêté du représentant de l’État:
- soit, sur demande du conseil municipal de l’une des communes intéressées ou sur pétition du tiers des électeurs inscrits de la commune ou de la portion de territoire en question;
- soit d’office par le représentant de l’État sans aucune demande du conseil municipal ou du tiers des électeurs inscrits.
Le gouvernement devrait indiquer si cette enquête prescrite par l’article 76 du CGCT a été réalisée et le cas échéant rendre publics ses résultats en produisant notamment le procès-verbal de l’enquête publique ouverte par arrêté sous-préfectoral.
Seconde condition préalable: La consultation obligatoire des conseils municipaux intéressés (article 78 CGCT)
D’après l'article 78, après accomplissement des diverses formalités prévues à l’article 76, les conseils municipaux intéressés donnent obligatoirement leur avis. Cette disposition vise à empêcher la modification des limites territoriales d’une commune sans que son conseil municipal ait pu donner son avis.
On peut supposer que cette seconde condition a été respectée avec la saisine pour avis des conseils de toutes les collectivités territoriales concernées.
· Projet concernant « le détachement d’une portion du territoire d’une commune, soit pour la rattacher à une autre commune, soit pour l’ériger en commune séparée »: (article 77 du CGCT).
Première condition préalable (facultative):la création par le représentant de l’État d’une commission qui donne son avis sur le projet(article 77 CGCT)
L’article 77 admet que le représentant de l’État a la faculté de créer par arrêté une commission qui donne son avis sur le projet. Le législateur est resté silencieux sur les modalités de constitution et de fonctionnement de cette commission.
Seconde condition préalable:la consultation obligatoire des conseils municipaux intéressés(article 78 CGCT)
Selon l'article 78, après accomplissement des diverses formalités prévues à l’article 77, les conseils municipaux intéressés donnent obligatoirement leur avis.
On peut supposer que le Gouvernement a respecté cette condition préalable en saisissant pour avis les conseils de toutes les collectivités territoriales concernées.
Nous retenons que l’état actuel du droit est clair en matière de modification du nombre des départements, de transfert du chef-lieu et de modification des limites des territoires départementaux et communaux. Ensuite, comme on le sait, les décisions finales concernant les procédures mentionnées plus haut ont un caractère règlementaire. En ce sens, elles sont matérialisées par des décrets pris après enquêtes et consultations obligatoires.
À notre sens, le mot « enquête » tout court doit être compris comme signifiant l’exigence d’une enquête publique. Devant le silence du législateur, il revient à l’arrêté du ministre chargé des Collectivités Territoriales ou celui du représentant de l’État prescrivant l’enquête publique de désigner le président de la commission et de préciser les conditions d’éligibilité des membres de la commission ainsi que les conditions du déroulement de l’enquête publique.
Relativement aux modalités de la consultation, les organes délibérants doivent être en mesure de se prononcer en connaissance de cause, et cela en leur transmettant, en plus du rapport élaboré à cet effet, tous les autres documents nécessaires, notamment les résultats de l’enquête publique consignés dans le procès-verbal établi à cet effet.
Enfin, le résultat de la consultation obligatoire de l’organe délibérant de la collectivité territoriale concernée est un avis qui ne lie pas le gouvernement. Si l’organe délibérant a émis un avis défavorable sans proposer un projet de remplacement, le pouvoir exécutif a le choix entre s’abstenir de décider ou s’en tenir au projet soumis à la consultation.
IL FAUT UNE IDENTITÉ FORTE POUR QUE LE RAP PUISSE S’EXPORTER
Très connu dans le milieu hip hop, Safouane Pindra, le patron d’Optimiste Produktion, a organisé récemment un forum consacré à la gestion du Fonds de Développement des Cultures. Une manière pour le producteur d’inviter la tutelle et les acteurs à se concerter pour mieux gérer cette manne. Le Témoin a échangé avec l’acteur culturel.
Vous venez d’organiser un forum portant sur le Fonds de Développement des Cultures…
Je voudrais profiter de cet entretien pour remercier tous les acteurs des cultures urbaines qui étaient présents au Monument de la Renaissance pour le forum national sur le Fonds de Développement des Cultures. Nous avons été agréablement surpris de la présence à la fois des acteurs des cultures urbaines de Dakar et des régions. Cela montre à quel point le sujet leur tient à cœur. Ce forum a été initié pour faire un bilan du fonds depuis sa création en 2017 par le Président de la République. Il a ensuite été question de noter les différents dysfonctionnements soulignés par les acteurs. Nous avons aussi remarqué que la plupart des questions relevées étaient dues aux problèmes de communication entre les acteurs. Il fallait un cadre d’échanges sincères et démocratiques. C’est pourquoi nous avons initié ce programme. Ainsi, nous avons exhorté les acteurs présents à faire des propositions par rapport aux mécanismes d’octroi des financements ou appuis. Aussi, redéfinir les différentes catégories auxquelles le fonds devrait être assigné (structuration, mobilité, formation, la subvention aux festivals et concert…). In fine, nous remettrons un mémorandum signé par les acteurs au ministère de la Culture et au Président de la République.
Vous semblez mettre en cause son mode de fonctionnement?
Non, je ne remets pas en question le mode de financement. Mais après trois ans et des retours que nous recevons, il faut dire qu’il y a des dysfonctionnements et le ministère, à travers la Direction des Arts, est attentif aux propositions que nous, acteurs, ferons. Aussi, il faut souligner que le fonds de développement des cultures urbaines a depuis 2017 permis de financer des centaines de projets au Sénégal. Nous nous sommes rendu compte que certains de ces projets disparaissent au bout d’une année d’existence parce que les porteurs ne sont pas outillés pour les rendre viables. Le forum n’a pas été un procès, mais une réflexion afin d’améliorer le FDCU pour qu’il ait l’impact durable que les autorités en attendent. Et quoi de mieux que les principaux bénéficiaires en fassent un état des lieux et des propositions concrètes et pragmatiques.
La directrice des Arts était présente à ce forum, comment appréciez-vous sa présence?
La présence de la Directrice des Arts au forum démontre que l’autorité est à l’écoute, que nous, acteurs, avons un interlocuteur direct. Je la remercie pour l’intérêt qu’elle nous a témoigné par sa présence. Nous saluons son implication dans le processus que nous avons mis en place afin de rendre équitable et plus impactant le FDCU sur les cultures urbaines à Dakar et surtout dans les régions. La Directrice a pu se rendre compte d’un certain nombre de problématiques liées au fonds dans les régions. Nous avons agréablement été surpris de nous rendre compte du nombre important de jeunes des régions qui initient des choses et se battent. Ils n’ont pas forcément attendu le fonds pour être actifs. Mais bénéficier du fonds leur serait profitable pour renforcer leurs structures, dynamiser les cultures urbaines et surtout être des créateurs pourvoyeurs d’emplois et renforcer la formation des jeunes.
Certains vous accusent d’être pourtant avec vos amis, Malal, Awadi, Matador, les principaux bénéficiaires de ce Fdcu.
Le fonds est destiné à tous les acteurs sénégalais des cultures urbaines. Que ce soit ceux qui sont présents dans les cultures urbaines depuis des années ou récents. L’important étant d’être porteur de projet, créateur d’emplois et d’opportunités de renforcement de capacité des jeunes dans les cultures urbaines. Nous ne faisons pas partie du comité de lecture, ni d’aucun organe pouvant influencer l’autorité pour nous octroyer un financement. Il faut souligner que nous sommes dans les cultures urbaines depuis 1998 et sommes constants dans nos démarches.
Grand producteur et découvreur de talents, on ne vous sent plus dans le secteur de la production. Qu’est-ce qui explique ce retrait ?
Pourtant, nous sommes toujours présents à travers des activités telles que : Festival international des musiques urbaines Yakaar, ex Hip Hop Award, la 21ème édition en 2021. Le concours tremplins Yakaar Jeunes Talents, Rustique, 5ème édition en octobre 2021. Et également des formations pour les métiers de la musique et du spectacle. Mais depuis un an avec la nouvelle orientation donnée à notre structure, plusieurs nouvelles activités ont vu le jour. Un système de sonorisation (son et lumière) pouvant couvrir un site de 15.000 personnes, une unité de confection et de sérigraphie qui nous permet d’être dans la logique d’entreprise. Enfin, des prestations de services en conception, gestion, régie et production d’évènements pour des entreprises, sociétés, salons, forums, conférences etc…
A votre avis, pourquoi les rappeurs sont souvent plus engagés que les autres musiciens. Surtout ceux qui font du « Mbalax?
Le Rap, depuis son apparition, a toujours été un moyen de revendication pour porter la voix des faibles et dénoncer les dérives dans la société. Et beaucoup plus encore au Sénégal parce que les premiers rappeurs étaient des jeunes issus de quartiers précaires. Et pour s’affirmer, ils n’avaient que leurs textes et le micro pour se faire entendre des politiques et de la population. Le Rap est la musique la plus écoutée par la jeunesse sénégalaise et africaine. Il est le meilleur canal par lequel les messages sociaux sont le plus diffusés. Le Rap aborde tous les thèmes de la société à travers une approche plus globale et lyriciste. Le mariage entre la mélodie, les textes, l’image du rappeur sont tous les éléments qui permettent au Rap d’être plébiscité afin d’être engagé.
On a noté une certaine virulence et des propos déplacés entre jeunes rappeurs…
Les clashs et la recherche de buzz constant nourris par les réseaux sociaux entre rappeurs ou acteurs sont un fait qui fait partie intégrante du paysage des cultures urbaines et plus précisément du Rap. Certes, c’est un fait mais, il faut que les rappeurs puissent modérer leurs propos parce qu’ils sont suivis par un jeune public et des adultes qui sont des pères et des mères de famille. Notre génération s’est battu corps et âme afin que la société sénégalaise puisse reconnaître que le Rap ou les cultures urbaines sont un milieu dans lequel on peut bâtir une vie, avoir une maison, s’occuper correctement d’une famille et être respectable. Les exemples sont là : Awadi, Daara J, Fou Malade, Simon, Docta. Les jeunes ne doivent pas réduire à néant tout ce travail qui s’est fait sur une dizaine d’années et qui commence par porter ses fruits.
Il y a également ce conflit latent entre anciens et nouveaux…
L’avenir du rap reste la responsabilité des rappeurs en activité. S’ils décident de s’unir, définir de réels objectifs et faire avancer la machine, les résultats seront positifs.
Ne pensez-vous pas qu’au-delà de quarante ans, on ne peut plus valablement faire du rap et parler au nom de jeunes majoritaires dans le milieu?
Les rappeurs sont des musiciens et la musique n’a pas d’âge. Si on se sent capable de produire du bon son, rien ne nous en empêche. Nous ne parlons au nom de personne, nous partageons des messages universels qui seront accueillis par ceux que cela intéresse. Des rappeurs comme JayZ, Dr Dree, Snoop ont plus de la cinquantaine et continuent de cartonner. Nous faisons du rap qui correspond à notre âge et qui reflète notre vécu et notre expérience.
L’avenir du rap au Sénégal selon vous?
Le Rap au Sénégal a beaucoup évolué et surtout grâce à Internet et les réseaux sociaux. Mais il faut qu’il puisse avoir une identité forte afin de pouvoir s’exporter. Sinon, il ne sera que du « Rap au Sénégal » et non du « Rap Sénégalais » comme l’on peut parler du Rap Nigérian, Américain ou Français. Il y a de nouveaux talents qui émergent chaque jour dans les quartiers du Sénégal. Il faut que ces jeunes se forment, sortent de leur cocon afin de découvrir, se confronter à ce qui se passe ailleurs et innovent pour que le Rap sénégalais renaisse et se remette à la conquête de l’Afrique comme l’ont fait PBS, Daraa J, le collectif Dakar All Star, Black Diamonds et Chronik 2 H etc.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
HOMMAGE À VIEUX SEYE QUI M’INOCULA LE VIRUS DU JOURNALISME
Entre « Vieux Sèye » et moi, c’est une relation de plus de 50 ans qui vient de s’achever avec sa mort, le weekend dernier, sur les bords de la lagune Ebrié, à Abidjan, capitale d’un pays, la Côte d’Ivoire, qui était celui de son cœur
Entre « Vieux Sèye » et moi, c’est une relation de plus de 50 ans qui vient de s’achever avec sa mort, le weekend dernier, sur les bords de la lagune Ebrié, à Abidjan, capitale d’un pays, la Côte d’Ivoire, qui était celui de son cœur. On s’est connus alors que moi, gamin, j’étais en culottes courtes et n’avais pas probablement dix ans tandis que lui était déjà au lycée.
C’est dans le mouvement scout, plus précisément celui des éclaireurs et éclaireuses du Sénégal, au sein de la troupe Bour Sine Salmone Faye que nos chemins se sont croisés. Formidable école de la vie, le mouvement des éclaireurs avait été formé par un aristocrate anglais, Lord Robert Baden Powell et introduit dans notre pays par un enseignant saint-louisien, Sarr Ousmane Thiané dit Sanglier.
A la fin des années 60, dans la lointaine banlieue de Dakar, Diamaguène, où j’habitais je voyais un groupe d’adolescents et d’adultes qui se réunissaient les jeudis ou samedis et dimanches dans une des clases de l’école. Ils chantaient souvent, jouaient au théâtre s’ils ne jardinaient pas. A certaines occasions, ils portaient des tenues kaki, avaient des foulards noués autour du cou, des sortes d’épaulettes dont j’ai appris plus tard qu’ils s’appelaient flots de patrouilles et aussi arboraient des écussons qui étaient des « insignes de province ». Admiratifs de ces « grands », je m’approchai craintivement d’eux un jour et leur fis part de ma volonté d’adhérer à leur mouvement. Naturellement, c’est avec enthousiasme qu’ils m’ont accueilli même si mon très jeune âge et, aussi, mon allure chétive les ont beaucoup fait hésiter.
Néanmoins, ils ont constitué une petite délégation pour aller solliciter l’autorisation de mon père qui n’y vit aucun inconvénient. C’est ainsi que je devins éclaireur ou, plus précisément, un louveteau du fait que je n’avais pas l’âge requis pour être un vrai éclaireur.
A l’époque, la troupe Boursine Salmone Faye comptait quatre « patrouilles » dont l’une, celle des faucons, était dirigée par celui dont j’ai découvert quelques années plus tard qu’il s’appelait en réalité Moriba Magassouba. C’est vrai que j’étais dans la même classe que son jeune frère, Massamba Magassouba, mort il y a quelques années, mais je pensais que ce dernier n’avait pas le même père que lui. J’avais donc d’autant plus de raisons de penser que l’homme qui vient de nous quitter s’appelait réellement « Vieux Sèye » que non seulement sa mère — qui me considérait comme son propre fils — l’appelait ainsi et qu’une de ses sœurs se nommait Ndèye Sèye. Etant donc le benjamin de la troupe, le chef de celle-ci, Pape Mamadou Sène dit Epervier, un homme d’une bonté exceptionnelle qui lui aussi me couvrait de mille attentions, m’avait confié à « Cobra » — tel était le nom de totem de Magass car, dans les règles du mouvement éclaireur, chaque membre devait être totemisé et porter généralement un nom d’animal ou d’oiseau. C’est ainsi que j’ai intégré la patrouille des « faucons » dont le chef de patrouille ou CP n’était autre que « Cobra » alias Vieux Sèye.
En compagnie de ces « grands » généreux, altruistes, bons, de ces joyeux drilles, j’ai pu découvrir la joie des campements en pleine brousse où nous passions des jours sous des tentes, cuisinant nous-mêmes — enfin, ce sont les « grands » qui le faisaient —, faisant la vaisselle ou la lessive, aidant les populations des villages voisins à accomplir diverses tâches dans le cadre des « BA » (bonnes actions) que chaque éclaireur était tenu d’effectuer chaque jour.
On a à l’époque campé à Bambilor, Sangalkam, Kounoune, Sébikotane etc. Pas dans les localités elles-mêmes mais en pleine brousse car à l’époque, la frénésie immobilière n’avait pas tout pris. Le soir, nous chantions et faisions des sketchs dans le cadre des « feux de camp » qui divertissaient quelque peu les villageois. Après le lycée, « Vieux Sèye » est entré à l’Université, plus précisément au Cesti, avant d’en sortir quelques années plus tard comme journaliste. Inutile de dire que c’est lui qui m’a donné la vocation. Dans ces années-là, en banlieue, c’est sans doute valable aujourd’hui encore, les chemins de la perdition étaient beaucoup plus accessibles aux gavroches que nous étions que les voies de la réussite scolaire. Il nous a donc fallu des symboles forts comme, justement, Moriba Magassouba pour nous inspirer et guider nos pas.
L’envie de leur rassembler, de devenir comme eux nous a stimulés. Si, donc, je suis devenu journaliste, c’est à « Magass » que je le dois et je lui en ai été éternellement reconnaissant. La même admiration que j’avais pour lui s’est poursuivie lorsqu’il travaillait au « Soleil », d’abord, où il signait « Magass » puis à « Jeune Afrique » et « Demain l’Afrique », des journaux prestigieux pour les lycéens ou les étudiants que nous étions alors. Naturellement, c’est toujours avec ravissement, fierté et un brin d’envie que je le rencontrais à chaque fois qu’il venait à Dakar en provenance de Paris, s’il ne faisait pas escale dans notre capitale en partance ou en venant d’un pays au bout du monde. Dès qu’il était de passage dans sa maison familiale, sa maman ou ses soeurs me faisaient prévenir pour dire « Vieux Sèye nieuwna » (Vieux est là). J’accourais pour venir discuter avec le « grand ». La parution de son livre « L’Islam au Sénégal, demain les Mollahs » m’avait rempli d’aise. Je m’écriais avec admiration : Waw, voilà un grand qui est non seulement journaliste à Paris mais qui, en plus, écrit des livres ! » Lorsque je l’ai rejoint dans le métier, il ne n’a jamais ménagé ses encouragements, ses conseils et son appui quand il le fallait.
Ainsi, lorsque le journal « Takusaan » a fermé en 1984, et jusqu’au lancement de « Sopi » cinq ans plus tard, alors que je traversais le désert, il m’a beaucoup soutenu en me faisant travailler. En tant que rédacteur en chef d’ « Africa International », le grand magazine panafricain de Joël Decupper édité à Dakar, il m’a commandé beaucoup de « papiers », comme on dit, bien payés et qui m’ont permis de survivre à ce moment-là. Par la suite, Magass s’est installé au Pays des Eléphants, en Côte d’Ivoire, où il a rejoint deux autres talentueux journalistes sénégalais : Henry Mendy, qui dirigeait le bureau de l’agence de presse britannique Reuter’s, et Babacar Diack, correspondant de plusieurs journaux et agences. Ce dernier était aussi le père de notre jeune consoeur et nièce, Toutane.
A eux trois, ils formaient une légion de journalistes « gorguis » parfaitement intégrés chez nos cousins baoulés. Ou Dioulas ! Et s’ils étaient Sénégalais de naissance, ils étaient incontestablement ivoiriens de cœur. Preuve de leur parfaite intégration au pays du Président Houphouët-Boigny, un pays havre de paix et modèle d’ouverture aux étrangers au point que les étrangers ont pu y bâtir fortune et y occuper les plus hautes responsabilités.
A propos d’intégration, justement, le dernier titre figurant sur la carte de visite que Magass m’avait remise, c’était celui de « conseiller spécial du ministre de l’Intégration africaine M. Aly Coulibaly ». Aly Coulibaly qui, comme par hasard, est celui-là même qui a escorté le corps de notre talentueux confrère et doyen, Moriba Magassouba, qui a effectué son dernier voyage hier sur l’itinéraire Abidjan-Dakar…
Il reposera à partir d’aujourd’hui, et pour l’éternité, au cimetière de Yoff. Adieu, Vieux Sèye et que Dieu t’accueille dans Son paradis !
LE PARTI SOCIALISTE ENGAGE LA BATAILLE ET DÉFIE MACKY SALL
Aminata Mbengue Ndiaye et les siens se sont disent prêts à conserver par tous les moyens leurs mairies mais également aller à l’assaut des municipalités sur lesquelles ils ont des visées
Le Parti socialiste engage la bataille des locales. Aminata Mbengue Ndiaye et Cie se sont dits prêts, au cours de la réunion de leur Secrétariat exécutif national (Sen) tenue hier, à conserver par tous les moyens leurs mairies mais également aller à l’assaut des municipalités sur lesquelles ils ont des visées...
Le Parti Socialiste a tenu la 74ème session de son Sen hier à son siège sis à Colobane. Sous la houlette de leur secrétaire générale nationale, Aminata Mbengue Ndiaye, les socialistes ont échangé rapidement sur la crise israélo-palestinienne, avant de se focaliser sur le sujet qui les intéressait vraiment à savoir les prochaines élections locales.
«Sur les élections locales, nous partagé unanimement le fait qu’elles sont décisives pour l’avenir du Parti socialiste. Jamais une élection n’a été aussi décisive pour notre formation. Parce que ces locales vont définir demain ce que nous serons dans la coalition. Elles nous permettront aussi de nous définir par rapport aux législatives et présidentielles prochaines. Dans nos discussions, il a été question de la mise en place de commissions pour réfléchir sur quelles stratégies de négociations, quelles approches pour encadrer nos potentiels candidats, mais aussi par rapport au découpage, comment faire pour qu’il puisse respecter les considérations culturelles, socioculturelles, mais aussi que cela sorte un peu du cadre des manipulations politiques en perspectives des élections locales», a informé Ousmane Faye, le porte-parole du jour.
Une rencontre du Bureau politique est d’ailleurs prévue pour déterminer la conduite du PS au sein de la coalition présidentielle en vue des locales samedi prochain 29 mai. Une rencontre élargie aux unions régionales et départementales. C’est la principale décision issue de la rencontre du Secrétariat exécutif national présidée hier par la présidente Aminata Mbengue Ndiaye, par ailleurs patronne du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct). Une rencontre qui, selon M. Faye, se serait déroulée dans la sérénité et aurait donné lieu à un débat riche sur toutes les questions d’actualité nationale. Selon M. Ousmane Faye, le Ps tiendra aussi une manifestation politique avant le 15 juin prochain. Ce, «pour recevoir toutes les coordinations au niveau national pour discuter avec elles afin de nous imprégner de leurs problèmes et des difficultés qu’ils ont par rapport à Benno.»
Et M. Faye de s’expliquer : «Je l’évoquais il y a deux semaines avec le problème de Wilane. Cela nous permettra de diagnostiquer notre compagnonnage au niveau de Benno Bokk Yaakar. Nos travaux vont permettre de faire le diagnostic pour renforcer notre position dans Benno mais surtout mesurer notre force. Le Parti socialiste demeure la deuxième force politique dans Benno Bokk Yaakar» a réaffirmé avec force Ousmane Faye, le porte-parole du jour du Ps au sortir de la réunion du secrétariat exécutif politique de cette formation.
Selon lui, les socialistes veulent que les mairies qu’ils contrôlent « restent entre les mains des socialistes et que nous nous donnions les moyens d’aller conquérir celles sur lesquelles nous avons des visées. » Et d’ajouter que « le département de Dakar est stratégique pour le PS. Il est aussi la force de Benno. Il s’agit d’un rapport de forces pour atteindre ses objectifs et nous allons nous en donner les moyens », a conclu le porte-parole d’hier du Parti socialiste.
BARTHELEMY DIAS, UN PORTAGE POLITIQUE POUR KHALIFA SALL
Le mutisme du leader de Manko Taxawu Dakar sur l’ambition de son compagnon de briguer la mairie de Dakar lors des prochaines locales, suscite une vive polémique au sein de l’opinion
Le mutisme du leader de Manko Taxawu Dakar, Khalifa Sall, sur l’ambition de son compagnon Barthélémy Dias de briguer la mairie de Dakar lors des prochaines locales, suscite une vive polémique au sein de l’opinion. Ceci en dépit du démenti de la représentante de Manko Taxawu Dakar au sein du comité du Dialogue politique relativement à d’éventuelles divergences politiques entre les deux hommes. Justement, ce supposé divorce entre les deux anciens socialistes n’a pas encore été manifesté publiquement par l’un ou l’autre des deux hommes... Les analystes, dans leur majorité, trouvent légitime la candidature de Dias-fils pour la mairie de Dakar, même si elle n’est pas encore « bénie » par Khalifa Sall. Cependant, ils estiment que la candidature annoncée de Barth n’est en réalité qu’un brouillage suspect au profit de Khalifa Sall dont la situation judiciaire peut être un handicap pour sa candidature à la mairie de Dakar. En attendant l’amnistie réclamée par l’opposition pour Karim Wade et Khalifa Sall, la déclaration de candidature de Barthélémy Dias serait une manière de sauver Taxawu Dakar d’une éventuelle forclusion pour la mairie de Dakar. Avis d’analystes…
Est-il prématuré d’évoquer un divorce entre le maire de Mermoz-Sacré Cœur et son mentor politique, le leader de Manko Tawaxu Dakar, Khalifa Sall ? Le moins que l’on puisse dire est que l’ancien maire de Dakar garde encore le silence sur la candidature de son fidèle compagnon. Dias-fils avait annoncé, lors de sa conférence de presse de la semaine dernière, sa candidature pour la mairie Dakar aux locales de janvier prochain. Quant à Khalifa Sall, il n’a pas mis publiquement une croix sur ses ambitions pour la ville de Dakar. Il n’a pas non plus porté son choix sur un responsable de sa coalition pour éventuellement défendre les couleurs de Manko Taxawu Dakar à la mairie de la capitale. Une attitude de l’ancien maire socialiste qui laisserait croire une mésentente entre les deux hommes.
MAMADOU SY ALBERT : « Une rupture de confiance ne peut se produire que si Barthélemy Dias persiste dans sa position sans qu’il avoir l’aval de Khalifa Sall »
Mamadou Sy Albert trouve que l’ambition de Barthélémy Dias pour la mairie de Dakar est tout à fait légitime. A l’en croire, « Barthélémy Dias est un proche de Khalifa, c’est également un responsable politique dans le département de Dakar. Il n’y a pas véritablement quelque chose qui pourrait l’empêcher de décliner son ambition. Maintenant, entre l’aspiration et la réalité, il y a une grosse différence. La réalité aujourd’hui est que Khalifa Sall est en train de reconstruire son organisation à travers le pays. Il est en train de reconstruire l’unité de l’opposition. Il n’a pas encore dit clairement s’il sera ou non candidat aux prochaines locales. Je pense qu’il y a quand même des préalables politiques auxquels tous les militants devraient se soumettre. Il faut que Taxawu Dakar détermine d’abord sa position pour les prochaines locales. Deuxièmement, il faut que Khalifa Sall exprime clairement son intention. Si ces deux conditions ne sont pas réunies, il est évident que si Barthélémy Dias ne se soumet pas à la discipline du parti et qu’il n’accepte pas l’autorité de Khalifa, on va vers une rupture de confiance. C’est inimaginable que Khalifa puisse accepter, au niveau de Taxawu, des initiatives perdantes. Il ne pourra pas gérer des divergences entre les responsables de son parti. Il sera obligé d’appeler Barthélémy à la raison. Maintenant, est ce qu’il trouvera les arguments pour le convaincre ? Le risque pour le moment est que Barthélémy Dias aille tout seul pour affronter l’autorité de Khalifa, l’autorité de Taxawu. Cela rappellerait l’épreuve de force qu’il a vécue au Ps. Dans cette éventualité, il risque d’y avoir au pire des cas une implosion de Taxawu. Si Barthélemy Dias persiste dans sa position sans avoir l’aval de Khalifa Sall, sans le soutien de Taxawu Sénégal, il y aura forcément une rupture » prédit l’analyste politologue Mamadou Sy Albert.
Le profil de maire qu’il faut à Barthélémy Dias !
Dakar, la mère des batailles politiques! Pouvoir comme opposition ont les yeux rivés sur la mairie de la capitale. Selon Mamadou Sy Albert, les choses seront compliquées pour le maire de Mermoz-Sacré-Coeur dans la bataille politique pour la conquête de Dakar. Il estime qu’il manque une certaine expertise politique. Une légitimité politique en quelque sorte pour mettre la main sur la ville de Dakar. « Cette rupture de confiance, si elle a lieu, ne ferait pas l’affaire de Barthélémy Dias. Parce qu’honnêtement, le rapport de force dans le département de Dakar est tel qu’aujourd’hui, il n’y a pas un parti dominant qui peut être sûr de gagner les prochaines élections. Que ce soit l’APR ou les autres partis, tous savent que ça va être une compétition très difficile. Barthélémy Dias n’a pas les moyens organisationnels et aussi les moyens financiers. En plus, Dakar c’est toute l’administration du département. Les populations sont très regardantes par rapport au profil des maires devant diriger la capitale. Vous regardez également la communauté lébou, les autres opérateurs privés qui ont des structures nationales au niveau de la capitale. Tous ces acteurs-là prêtent une grande attention à la compétition entre les maires. Si vous n’avez pas une organisation, vous n’avez pas les moyens financiers, vous n’avez pas l’expérience pour mobiliser tous les acteurs et l’opinion, vous ne pourrez pas gagner la mairie de Dakar. Barthélémy Dias doit se rendre compte qu’il est jeune, qu’il ne dispose pas d’expérience. Ce n’est pas un chef de parti. Dakar, quand-même, regroupe de fortes communes. Dans tous les cas, être maire de Dakar passe nécessairement pour lui par le soutien de Taxawu de Khalifa et de certaines organisations très bien implantées localement » conclut Mamadou Sy Albert.
BACARY DOMINGO MANE : « La sortie de Barthélémy Dias peut être un brouillage de piste dans la stratégie de Khalifa Sall… »
La sortie de Barthélémy de Dias ne traduit pas un clash avec son mentor d’après Bacary Domingo Mané. Il se demande même si le trublion ne se serait pas concerté avec l’ancien maire de Dakar. « Khalifa Sall a déjà été maire de Dakar. Il n’a plus besoin de cette station. Aujourd’hui, il a des ambitions présidentielles. Et parmi les plus fidèles de ses fidèles, il y a Barth qui a toujours été de tous les combats. Il a toujours affiché vraiment une opposition radicale. Je pense que Khalifa ne trouverait pas problème à le parrainer pour la mairie de Dakar. C’est tout à fait normal que Barthélémy présente sa candidature. A la limite, je me demande s’il est possible que Barthélemy puisse prendre une telle décision sans se concerter avec Khalifa. Ce n’est pas possible. Ça, il faut le dire, Khalifa est dans l’ombre. Celui que vous voyez sur la scène, c’est Barthélémy. Mais qu’est-ce qu’ils se disent entre eux ? Ça, personne ne le sait pour le moment. Dans tous les cas, ça ne présage en rien qu’il y ait une rupture entre les deux. Au contraire, Barthélémy peut être la carte de Khalifa. Voilà ! Khalifa ne va montrer sa stratégie tout de suite aux adversaires. La sortie de Barthélémy Dias peut être une sorte de brouillage de piste dans la stratégie de Khalifa Sall pour que les adversaires ne sachent ce qu’il est en train de mijoter. Tout ça peut être une stratégie de communication Ceux qui pensent qu’il y a un clash entre les deux se trompent lourdement » décrypte Bacary Domingo Mané. Selon qui les moyens politiques se cherchent et Barthélemy Dias sait pertinemment ce qui l’attend sur ce terrain en engageant la bataille politique pour la conquête de la ville de Dakar. « Dans tous les cas, ce qui est sûr et certain, c’est que Barthélémy ne peut pas aller seul à ces locales-là. D’ailleurs aucun candidat ne peut y aller seul. Il ne peut y aller que dans une coalition. Pour moi, Taxawu Dakar c’est dépassé. Parce que les ambitions de Khalifa sont larges. Il peut bénéficier d’une large coalition au sein de l’opposition. Il peut manœuvrer au sein de cette coalition de manière à positionner Barthélémy Dias. Les tenants du pouvoir ont perdu Dakar. D’ailleurs, il faut mettre tout cela en lien avec le changement du statut des villes de Dakar, de Rufisque, Pikine Guédiawaye et Thiès. Tout cela est à mettre sur le compte d’un avenir incertain pour le parti au pouvoir. Parce qu’il sait qu’il n’a pas trop de chances de l’emporter. Je pense que pour Barthélémy Dias peut avoir des chances s’il est propulsé par une large coalition. C’est-àdire-aujourd’hui, si l’opposition s’entend sur l’essentiel. En tirant les leçons de ce qui s’est passé en 2007 », soutient en conclusion le journaliste et politologue Bacary Domingo Mané.
Pr MOUSSA DIAW DE L’UGB : « Ce qui a motivé Barthélémy Dias à déclarer sa candidature à la mairie de DAKAR… »
Selon Pr Moussa Diaw, la situation entre Khalifa Sall et Barthélémy Dias est plus complexe qu’on ne le croit. Il explique que Khalifa Sall a une contrainte judiciaire qui n’a pas encore été levée et qui ne peut être levée que par le biais d’une amnistie. Barthélémy Dias, comprenant cela, ne veut laisser aucun pouce de liberté à d’autres acteurs politiques en annonçant sa candidature à la mairie de Dakar. A en croire le Pr de sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, c’est ce qui expliquerait la motivation du maire de Mermoz Sacré -Coeur à vouloir mener le combat politique. Le politologue pense que Barth a ses chances dans ce combat politique. Parce que, argumente-t-il, le maire de Mermoz SacréCœur présente un bon bilan dans sa mairie et fait beaucoup d’actions sociales. Les habitants de sa commune semblent satisfaits de la façon dont la mairie est gérée avec transparence, avec l’implication de l’ensemble des communautés locales pour l’aider à relever davantage un certain nombre de défis. « Le représentant de Taxawu Dakar dans le Dialogue national dit qu’il n’y a pas de divergences entre les deux hommes politiques. Je me demande si Khalifa a été informé de la candidature de Barthélemy Dias bien avant. Ça m’étonnerait. Il semble que Barthélemy Dias a pris les devants pour déclarer sa candidature sans discuter au préalable avec Khalifa Sall. Ce qui risque de créer un froid entre les deux hommes. Barthélémy Dias est conscient du fait que Khalifa Sall a une contrainte avec cette affaire judiciaire. Parce que ne peut être candidat celui qui n’est pas électeur. C’est ce que dit le code électoral. Alors, iI y a cette contrainte-là qui pèse sur Khalifa Sall, sa candidature à la mairie de Dakar comme celle de la prochaine présidentielle. Les enjeux sont importants. Le temps presse. Barthélémy, qui est très combatif politiquement, qui mobilise sur le terrain, ne veut pas laisser une parcelle de liberté à d’autres acteurs politiques. Il annonce déjà sa candidature. C’est très courageux de le faire. Il est ambitieux. Il a envie d’être positionné au sommet de la mairie de Dakar. C’est tout à fait normal dans ce combat-là qu’il puisse présenter sa candidature dans le cas où Khalifa n’aurait pas encore exprimé sa position pour les locales. Mais là, compte tenu de la situation, un homme politique comme lui, averti, a pris les devants pour se jeter à l’eau et mener le combat devant les Sénégalais » explique l’enseignant en sciences politiques à l’Ugb.
« Pourquoi Khalifa doit soutenir son fidèle compagnon »
Comme Bacary Domingo Mané, le Pr Moussa Diaw est d’avis que les moyens politiques se cherchent. « Barth a un bilan à la tête de sa mairie. Il pourrait être soutenu par d’autres mouvements. En tout cas, les dés sont jetés. Maintenant, il revient à Khalifa de comprendre ces enjeux et de le soutenir. Parce qu’il ne peut y aller, lui, Khalifa Sall. Pour l’instant, même s’il y a des négociations entre la majorité et les autres pour lever justement les contraintes judicaires, rien n’est moins sûr. Et la majorité, me semble-t-il, devant cette situation, ne me parait pas prête disposée de lever ces contraints-là. Parce qu’on est dans un rapport de force. La majorité, sa bataille principale est de gagner la mairie de Dakar. Toutes les stratégies menées comme le découpage de la carte électorale rentrent dans cette logique de mettre les atouts de son côté pour pouvoir gagner la mairie de Dakar qui sera une rude bataille d’où la mobilisation des uns et des autres. Barthélemy comprend bien les enjeux. Il est très actif, très déterminé dans son ambition de gagner la mairie de Dakar » conclut l’enseignant chercheur en sciences politiques à l’Ugb, Pr Moussa Diaw. Faites vos jeux, rien ne va plus…
Par Moussa KAMARA
DER, TER OU DAME
La date des élections locales que l’Opposition voulait en décembre de cette année a été fixée au mois suivant de l’année nouvelle. Au lieu d’un consensus, le président a choisi une date autre
La date des élections locales que l’Opposition voulait en décembre de cette année a été fixée au mois suivant de l’année nouvelle. Au lieu d’un consensus, le président a choisi une date autre.
Pour irriter ses contempteurs plus que pour affirmer son autorité, jureraient probablement les mauvaises langues. Ces locales, très importantes aux yeux de plusieurs candidats qui ont investi forces et fortune depuis belle lurette pour s’imposer dans leurs fiefs d’origine ou d’adoption. Et pas seulement qu’eux.
Tous les candidats à la présidence de la République suivront avec attention ces joutes où seront choisis les futurs maires de nos agglomérations. Puisqu’il n’y aura qu’un seul président de la République, aussi glouton qu’un politicien puisse l’être, aucun d’entre eux ne crachera sur le fauteuil de maire ! Est-il prématuré de parler d’élection présidentielle ? L’actuel président briguera-t-il un troisième mandat ? Aucune réponse ferme et définitive n’est servie pour le moment. Quand ses principaux adversaires sont convaincus qu’il franchira le Rubicon, les autres sont encore assez dubitatifs.
Les observateurs et les analystes qui vérifient et dissèquent les faits ne se prononceront que rarement de peur d’être démentis par des faits et peut-être des reniements. Parce que tous sont conscients que les vérités d’aujourd’hui cesseront de l’être dès le coucher du soleil.
Dans le monde politique bien évidemment ! Et certains faits nous poussent à croire que le mari de Marième ne dirait pas non si ses partisans et ses soutiens l’y inviteraient. Parce que ses tailleurs constitutionnels avaient prévu ces circonstances que le Président analysera comme propices ou défavorables. Pour décider. Wade avait forcé pour un troisième mandat que le peuple lui avait démocratiquement refusé.
Le dessein de Wade était de laisser le pouvoir à son fils par des artifices saugrenus et le niet du peuple a été retentissant. Le même personnel politique est toujours là. Au cœur du pouvoir et dans ses allées. Les Libéraux montrent la voie qu’il faut suivre même aux Socialistes et à la Gauche embarqués dans une coalition très hétéroclite plus somptuaire que téméraire.
L’Opposition, malgré sa détermination, sa fureur et sa virulence, n’ira nulle part sans budget balèze pour tenir tête à la toute-puissance de l’Etat. Alors la transhumance aura de beaux jours devant elle tant que cette question n’est pas réglée. Cela aide à comprendre pourquoi des quatre candidats à la dernière présidentielle, le deuxième et le quatrième ont rejoint la majorité !
Sonko qui fait rêver beaucoup de jeunes tiendra-t-il la route malgré toutes les vicissitudes de la vie ? Ou encore une dame, une de vraie, pour briguer le fauteuil présidentiel qui n’est point l’apanage des hommes.
Après soixante années de régression il est réellement temps de confier ce pays à une Dame !