Depuis quelques temps, le sucre en poudre est pratiquement introuvable sur le marché national. Une situation qui commence à préoccuper les consommateurs, car si cela perdure, on risque d’assister à une fluctuation du prix du sucre qui est homologué. Etant donné que sur le plan international, le prix n’est plus compétitif par rapport au prix homologué, empêchant ainsi les commerçants d’importer le produit, l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), demande à l’Etat de donner l’autorisation à la Css d’importer le sucre pour approvisionner le marché.
«Apareille époque, le stock de la Compagnie sucrière du Sénégal (Css) ne peut pas approvisionner correctement le marché. On devait distribuer les quotas aux commerçants pour qu’ils importent le sucre. Il s’est trouvé qu’on est confronté à un problème, car sur le plan international, le prix n’est plus compétitif par rapport au prix homologué. Ce qui fait que les quotataires ne peuvent pas aller chercher du sucre ».
Ces explications sont de Momath Cissé, vice-président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen) qui était interrogé sur la pénurie de sucre en poudre qui sévit actuellement à Dakar. Au regard de cette situation, M Cissé pense que c’est la Css qui doit obligatoirement reconstituer le stock de sucre et le plus rapidement possible. « On avait connu, il y a 3 ans dans le passé, la même chose. Le Ministère du Commerce d’alors avait distribué les quotas aux commerçants, mais finalement c’est la Compagnie sucrière qui avait assuré l’approvisionnement. Qu’il pleuve, vente ou neige, la compagnie doit approvisionner le marché du sucre. Donc si le marché n’est pas favorable pour les commerçants, il faut que la Css importe le gap jusqu’au mois de novembre. Parce que la production nationale commence au mois de décembre », a-t-il indiqué.
Selon lui, il appartient à la Css le plus rapidement possible de reconstituer le stock d’une manière conséquente. « Nous sommes en train de discuter avec les autorités pour qu’on puisse approvisionner le marché rapidement sans qu’il y ait fluctuation du prix de sucre. Parce qu’en ce moment, nous vivons une période très difficile avec la pandémie de la Covid19 et le pauvre gorgolou ne peut plus rallonger le blé. Les prix de certaines denrées ont flambé et ça devient une contagion. Si le sucre s’en mêle, nous allons vivre des moments très difficiles. Pour éviter cela, il faut donner l’autorisation à la Css d’approvisionner correctement le marché », suggère-t-il.
ANTOINE DIOME EXIGE 30 MILLIONS POUR LES MUNICIPALES ET DÉPARTEMENTALES
Fin de suspense et autres débats sur le montant de la caution pour les élections municipales et départementales du 23 janvier 2022 prochain
Le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique a rendu public hier, lundi 23 août, l’arrêté fixant le montant de la caution pour les élections municipales et départementales du 23 janvier 2022 prochaines. Dans ce document, Antoine Félix Abdoulaye Diome a indiqué que ce montant est fixé à trente millions F CFA, à raison de quinze millions F CFA, pour chaque type d’élection.
Fin de suspense et autres débats sur le montant de la caution pour les élections municipales et départementales du 23 janvier 2022 prochain. Moins d’une semaine après l’échec de la rencontre de dernière heure entre acteurs politiques, tenue dans les locaux de son département, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Antoine Félix Abdoulaye Diome, a rendu public hier, lundi 23 août, l’arrêté fixant le montant de la caution pour ces deux élections. « En application des articles L 247 et L 282, du Code électoral, le montant de la caution en vue de la participation aux élections départementales d’une part aux élections municipales, est fixé à trente millions F CFA, à raison de quinze millions F CFA, pour chaque type d’élection », a-t-il souligné dans le premier article de ce document.
Loin de s’en tenir là, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique a également précisé dans le deuxième article de cet arrêté que «cette somme est à verser à la Caisse des dépôts et consignations (CDC), pour chaque type d’élection, et par chaque liste quel que soit le nombre de départements ou de communes où la liste de candidats se présente». S’agissant du troisième article, il relève que « cette caution est déposée au nom d’un parti politique légalement constitué, d’une coalition de partis politiques légalement constitués ou d’une entité regroupant des personnes indépendantes. ».
A rappeler que lors de leur rencontre du vendredi 20 août dernier, les représentants des trois pôles n’avaient pas pu arrondir leurs angles sur un montant fixe. La majorité qui évoquait un souci d’«éviter la floraison de candidatures» pouvant rendre difficile l’organisation de ces prochaines élections a proposé 20 millions pour chaque type d’élection.
De son côté, accusant la majorité présidentielle de vouloir remettre en cause la liberté de candidature, l’opposition a mis, quant à elle, sur la table dix millions à raison de cinq millions pour chaque type d’élection. Une position partagée par le coordonnateur du Pôle des Non-alignés, Déthié Faye qui accuse la majorité de chercher à créer une diversion à travers sa proposition « pour laisser une large marge de manœuvre au ministre de l’Intérieur ».
«C’EST UNE COALITION DE PRESSION ET NON ELECTORALE»
C’est un Thierno Bocoum toutes griffes dehors qui a fait face à la presse pour dénoncer la coalition annoncée entre Ousmane Sonko de Pastef, Khalifa Sall de Taxawu Sénégal et Karim Wade du Pds
La large coalition de l’opposition annoncée entre Ousmane Sonko de Pastef, Khalifa Sall de Taxawu Sénégal et Karim Wade du Pds n’est rien d’autre qu’une « coalition de pression » et non une « coalition électorale ». C’est du moins la conviction du leader du mouvement Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir), Thierno Bocoum qui, lors d’un point de presse organisé hier, lundi 23 août, a invité ses derniers à revenir à de meilleurs sentiments.
C’est un Thierno Bocoum toutes griffes dehors qui a fait face à la presse hier, lundi 23 août, pour dénoncer ce qu’il considère comme une « coalition de pression » annoncée entre Ousmane Sonko de Pastef, Khalifa Sall de Taxawu Sénégal et Karim Wade du Pds.
Le président du mouvement politique Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir) qui reste convaincu que ladite plateforme n’est pas une « coalition électorale » pense en fait que l’idée d’une large coalition de l’opposition a été dévoyée par ces trois leaders. Pour cause, l’ex-camarade d’Idrissa Seck au parti Rewmi pense en réalité que ces derniers, qui parlent d’une large coalition de l’opposition, sont dans une logique de former un cadre, de le lancer, puis de mettre la pression contre les autres leaders de l’opposition pour qu’ils les rejoignent, au risque d’être qualifiés de pro-Macky Sall.
Poursuivant sa diatribe contre ce qu’il assimile à une trahison de leurs camarades, Thierno Bocoum confie que l’enjeu de la mise en place de cette coalition est non seulement pour les élections locales, pour les législatives, mais surtout pour la présidentielle. Il reste, en réalité, convaincu que c’est l’après Macky Sall qui se trame avec cette plateforme, alors qu’un projet commun de l’opposition était en gestation.
L’ancien député dénonce ainsi une démarche cavalière d’Ousmane Sonko, Khalifa Sall et Karim Wade dans la mesure où l’ensemble de l’opposition s’attendait à une démarche « inclusive ».
En effet, l’ex-poulain d’Idrissa Seck, actuel président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), informe que les discussions au sein des adversaires politiques du régime en place étaient avancées, dans la mesure où il avait été confié à Abdoul Mbaye, leader du parti Action pour la citoyenneté et le travail (Act), et Khalifa Sall de Taxawu Sénégal, la coordination du projet de cette large coalition.
Hélas, il se désole ainsi que ce trio mène des discussions en sourdine, sapant ainsi la dynamique unitaire enclenchée, non sans leur demander d’expliquer aux Sénégalais la pertinence de réunir les quatre (Pds, Pastef, Taxawu Sénégal et Pur) sans les autres partis de l’opposition. Pour autant, le leader du mouvement AGIR garde espoir que Sonko, Khalifa et Karim reviendront à de meilleurs sentiments. Il les appelle à prendre leur responsabilité pour assumer la place de leader qui leur a été accordé pour rassembler l’ensemble de l’opposition, afin de gagner les élections prochaines, dans le but d’alléger les souffrances des Sénégalais.
Parlant, par ailleurs, de la récurrence des inondations dans la banlieue Dakaroise, Thierno Bocoum est d’avis qu’il faudrait un audit de tous ces projets et plans lancés depuis lors, pour lutter contre ces inondations. Il pense qu’à la place d’une Mission d’information « qui a rendu hommage à Macky Sall sur 12 pages, dans son rapport », il faudrait la mise sur pied « d’une commission parlementaire ».
Macky à Darou Mouhty
Le Président Macky SALL poursuit ses visites auprès de ses alliés ayant perdu des proches. Il s’est rendu cet après-midi dans la région de Louga pour présenter ses profondes condoléances et celles de la Nation à la Famille de Mame Thierno Birahim Mbacké, suite au rappel à Dieu de Serigne Abass Mbacké, une perte pour le Sénégal et toute la Ummah. Un homme de foi avec qui il entretenait des relations exceptionnelles. Devant le nouveau khalife de Darou Mousty, Serigne Bass Anta Niang, le Chef de l’Etat lui a rendu hommage. Le Président Macky SALL a également renouvelé son engagement à renforcer et consolider ses relations avec la cité religieuse de Borom Darou. Après Darou Mousty, le Chef de l’Etat s’est rendu à Darou Marnane pour partager la douleur de la Famille de Serigne modou Makhtar Mbacké. A son grand frère, Mame Thierno Mbacké, le Président Macky Sall a présenté ses condoléances et celles du peuple sénégalais. Avec le défunt serigne Modou Makhtar, il a eu des relations privilégiées qui datent d’avant son accession au pouvoir.
Les vannes vont rouvrir au sud du pays
L’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) a livré ses prévisions pour la période du lundi au mardi 24 août 2021. Elle informe que des pluies accompagnées d’orages seront notées sur les régions sud avec des possibilités d’extension vers le centre-sud du pays. Sur la moitié nord du territoire, renseigne-t-elle toujours, le ciel sera nuageux avec des risques de pluie au courant de la nuit. Non sans préciser que la chaleur sera relativement sensible sur une bonne partie du pays, particulièrement sur les localités nord-est et centre où les pics de températures journalières évolueront entre 35 et 40° C.
Jotna se massifie
L’heure est à la massification et aux coalitions. Et Jotna est à la manœuvre. Après avoir noué une alliance avec le Congrès de la Renaissance Démocratique (Crd), elle continue de se renforcer. Or d’aucuns pensaient qu’après le départ de Ousmane Sonko, la coalition Jotna allait disparaître. Loin s’en faut ! Elle fait de la résistance. Mieux, Dr Abdoulaye Niane, Bruno d’Erneville et Cie sont en train de se frayer une vraie place dans le paysage politique. Mieux, Jotna a enregistré de nouveaux adhérents hier. Dans une note parvenue à «L’As», il est indiqué que Ads/Garap d’Amadou Sène Niang, Def Sa Wareef de Bassirou Sène, et Mtl/Le Changement de Abdoulaye Guèye ont rejoint la coalition. Ces trois organisations viennent ainsi renforcer ses rangs à cinq mois des élections locales. Même si ce ne sont pas de grosses pointures politiques, ce sont des adhésions quand-même. Et en politique, dit-on, l’addition vaut toujours mieux que la soustraction.
TAS indexe l’incompétence
Le président de la République des valeurs (Rv), Thierno Alassane Sall (Tas) s’est exprimé hier sur les inondations dans le pays avec leur lot de désagréments. L’ancien ministre de l’Energie sous Macky Sall n’y va par quatre chemins. Il estime que tout ceci reflète l’incompétence et l’impéritie du gouvernement. Comme d’incorrigibles récidivistes, dit-il, Macky Sall et ses hommes ne sont plus seulement à terre mais dans l’eau. Toujours, selon TAS, l’hivernage, saison d’espérances pour notre peuple d’essence paysanne, rime désormais avec les cauchemars. Il se désole des nombreux quartiers engloutis dans les eaux, comme ces milliards dans des programmes de prévention inefficaces. Après 9 ans, le plan décennal n’est exécuté qu’à 38%, a-t-il constaté amèrement.
Instituts Al Azhar : 22 mentions au bac
Fondés par Cheikh Mouhamadou Mourtada Mbacké, les instituts Al Azhar veulent être un creuset de l’excellence. Et le baccalauréat constitue un bon baromètre pour ces établissements qui, cette année, ont présenté au total 1154 candidats. Au final, 752 ont été déclarés admis, soit un taux de réussite de 65%, largement au-dessus de la moyenne nationale de 44%, lit-on dans un communiqué parvenu à la rédaction. En plus, ajoute-t-il, 222 mentions ont été obtenues. La direction dit vouloir hisser le Groupe au rang des meilleures écoles privées du Sénégal. Dans cette perspective et pour booster les opportunités des bacheliers en Arabe, l’Université Cheikh Ahmadou Bamba (UCAB) a été créée. Il vient ainsi compléter le dispositif de formation et d’enseignement islamique mis en place depuis 1974.
Visite à Kaolack d’une délégation ministérielle sénégalomalienne
Une forte délégation ministérielle sénégalo-malienne a effectué hier une visite à Kaolack pour présenter ses condoléances aux familles des victimes de l’accident survenu la semaine dernière dans la région et ayant fait quatre morts et des blessés. Un camion de transport de marchandises immatriculé au Mali était impliqué dans la tragédie. Furieuses, les populations s’en étaient prises aux camions maliens avant que de l’autre côté de la frontière, on s’en prenne également aux gros-porteurs sénégalais. Heureusement que les autorités des deux pays se sont très vite levés pour calmer les ardeurs et faire revenir le calme. Dans cette dynamique de renforcer la paix sociale entre les deux pays et les communautés, le ministre des Transports et des Infrastructures, Dembélé Madina Sissoko, et son collègue des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, Al Hamdou Ag Ilène ont fait le déplacement à Kaolack en compagnie du Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Sénégalais de l’extérieur, Moise Sarr, et du ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye. Le Mali remet 3 millions à chaque famille de victime A noter que la délégation malienne a remis à la famille des victimes une enveloppe financière symbolique en guise d’appui. Et d’après le site d’informations dakaractu, chaque famille de victime a reçu 3 millions Fcfa. Il faut relever par ailleurs que la visite ne va pas se limiter là. Après cette étape de Kaolack, la mission se poursuit aujourd’hui avec la rencontre des opérateurs économiques, des transporteurs, des chargeurs et des chauffeurs au siège des entrepôts maliens au Sénégal. Il est aussi prévu une réunion de travail avec les autorités sénégalaises sur la relance du trafic routier au corridor Bamako-Dakar.
Démarrage bientôt des travaux du chemin de fer Dakar-Bamako
Profitant de ce déplacement à Kaolack, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye, a annoncé hier le démarrage pour bientôt des travaux du chemin de fer Dakar-Bamako pour améliorer le transport entre le Sénégal et le Mali. Il estime que dans un premier temps, ils vont s’atteler à l’axe Dakar-Tambacounda. Il faut noter que ce projet, de façon globale, nécessite un investissement de 500 millions d’euros (325 milliards de FCFA environ). D’ailleurs, la réhabilitation de la ligne avait fait l’objet d’une étude, commandée par la Banque mondiale, qui devra évaluer les surcoûts consécutifs à la dégradation des installations et faire l’inventaire social de Dakar-Bamako ferroviaire (DBF).
Risque de pénurie d’engrais au Sénégal
Comment imaginer une bonne campagne agricole sans des engrais en quantité et en qualité ? En tout cas, des structures spécialisées dans la distribution d’engrais au Sénégal ont alerté sur les risques de pénurie durant la présente campagne. Selon l’Agence de presse sénégalaise, ces distributeurs, s’exprimant depuis Mbirkilane (Kaffrine), ont appelé l’Etat à réfléchir à des solutions à ce problème et à la situation jugée alarmante du monde rural sénégalais. Ils estiment que cette situation est imputable à une absence totale de planification dans le système de distribution des engrais fabriqués par les ICS. Ils précisent que l’état actuel des semis (mil, arachide, maïs) ne donne pas espoir pour de bonnes récoltes en 2021. Toutefois, souligne toujours l’Aps, le Directeur régional du développement rural (DRDR) de Kaffrine, Samba Tall Ndao, dit suivre avec inquiétude le déroulement de la distribution de l’urée tout en gardant espoir que d’ici la semaine prochaine, d’importantes quantités seront livrées.
Mbour : Le Kankourang va réapparaître
Après une année de pause forcée due à la Covid-19, l’organisation du Kankourang va reprendre à Mbour. L’autorité préfectorale a donné hier son accord pour l’organisation de cet évènement culturel grandeur nature. La décision a été prise suite à une rencontre entre l’autorité déconcentrée et la collectivité mandingue. Par le passé, cet évènement qui se déroule à chaque mois de septembre était souvent interdit du fait de la spirale de violences que cela engendrait. Mais l’année dernière, c’est la covid-19 qui l’avait frappé de plein fouet. A préciser que le Kankourang désigne à la fois un masque et un rituel célébrant la circoncision chez les Mandingues.
Dictionnaire sur le conflit et la paix en Casamance
Une initiative novatrice ! Le Laboratoire d’analyse des sociétés et pouvoirs / Afrique-Diasporas (LASPAD) de l’Université Gaston Berger, basé à Saint-Louis du Sénégal, compte publier au courant de 2022 un dictionnaire sur le conflit et la paix en Casamance. Sous la direction scientifique de Mame Penda Ba (sciences politiques) et de Rachid Id Yassine (sociologie et anthropologie), apprend-on, l’ouvrage entend apporter une perspective pluridisciplinaire pour la compréhension du conflit en Casamance. Le dictionnaire va aborder le conflit et le processus de paix en Casamance d’un point de vue historique, politique, économique, religieux, environnemental, géopolitique, militaire, juridique et socioculturel. Dans ce sens, un appel à contribution est lancé à destination des jeunes chercheurs, des doctorants avancés, etc. Les entrées thématiques principales suivantes ont été retenues : biographies et divers ; gestion du conflit ; accords, négociations, médiation, géopolitique ; origines lointaines et proches ; zones d’ombre et incertitudes ; résiliences ; géographies du conflit ; femmes ; dynamiques ; sociétés civiles et organisations humanitaires ; MFDC ; diasporas ; cultures ; forces de défense et de sécurité ; médias.
KEEMTAAN GI - TANGO SUR MISERE
Vous les avez vus ? Encore eux ! Toujours à nous vendre du vente. Mais cette fois-ci, c’est pour venir danser sur la misère des autres. Et, par ricochet, se présenter en sauveurs. C’est en tout cas ce qu’ils croient ou font croire. La politique du spectacle, c’est leur jeu favori. Ils ne font rien gratuitement. Lorsqu’ils donnent, ils attendent toujours quelque chose en retour. A voir ces ministres, directeurs de sociétés publiques courir pour soigner la misère de la banlieue par des motos-pompes et autres, l’on se surprend à s’arracher les cheveux face à leur manque de pudeur. Nous sommes toujours dans cet empire du mensonge. Quand on donne, on n’a pas besoin de mobiliser la presse. C’est même manquer d’égard aux bénéficiaires. Les ravaler au rang de miséreux alors qu’ils sont loin d’être des indigents. Ils sont victimes de l’incurie de ceux qui dirigent ce pays et qui sont toujours à plastronner avant d’être rappelés par la dure réalité du terrain. A les voir courir durant tout le weekend, se mettre sous les feux des projecteurs ou annonçant leurs dons sur les réseaux sociaux, l’on se demande sur quelle planète ils vivent. Une chose est sûre : l’argent qu’ils distribuent est pour la plupart le fruit de leurs rapines. Un manager d’une société publique qui finance à coup de millions doit inquiéter ce machin d’Office national de lutte contre la corruption. Mais on préfère fermer les yeux sur cette prodigalité bien calculée. Avec morgue, ils avaient laissé entendre que les inondations, c’était derrière nous, paradant dans la salle qui sert de ring à nos parlementaires. Sortant des chiffres mirifiques qu’ils sont les seuls à voir. Quelques gouttes de pluie et voilà leur incurie et leurs mensonges dévoilés au grand jour. Et plutôt que de se taire, ils viennent encore discuter du sexe des inondations. Dans un pays normal, on les foutrait tous dehors pour avoir raconté des mensonges à des populations déjà bien éprouvées par toutes sortes de catastrophes naturelles. KACCOOR BI
INONDATIONS L’AGEROUTE «LIBÈRE» LA NATIONALE 1
L’Ageroute a réussi hier à « libérer » la Nationale 1 à hauteur de Diaksao et Diamaguène des eaux pluviales. Un vrai calvaire pour les populations de la zone, mais aussi pour l’important trafic routier permettant d’entrer et de sortir de la capitale du fait que les pluies de jeudi dernier avaient réussi à couper totalement la Nationale 1. Tous les véhicules qui ont osé affronter les eaux sont tombés en panne. Les populations, surtout les riverains, ont vécu d’énormes difficultés pour se déplacer au cours du week-end. L’autoroute à péage avait subi les contrecoups de cette situation puisque la Nationale 1 étant impraticable, tous les véhicules avaient été sur cette artère. Laquelle était sous-dimensionnée pour accueillir tout ce trafic. Résultat : des bouchons énormes et cauchemardesques. Entre ce dimanche et ce lundi, les services du directeur général d’Ageroute, Ibrahima Ndiaye, sont donc entrés en action. S’ajoutant au dispositif du Plan Orsec déclenché le samedi par le ministre de l’Intérieur, Ageroute a mis en place un puissant arsenal de pompes de puissance de 3000 m3/heure pour faire évacuer les eaux. Devant cette énorme force de pompage, en moins de 24h, la Route Nationale N¨1 a été libérée de ses eaux. Au grand soulagement des populations riveraines, mais aussi des usagers de cette importante voie. Le directeur général d’Ageroute, Ibrahima Ndiaye, entend déployer les mêmes dispositifs au niveau de Keur Massar, Pikine et Guédiawaye. Ce qui permettra rapidement un retour à la normale. Le gouverneur de Dakar, Al Hassane Sall, a voulu constater de lui-même la situation. Il s’est déplacé hier sur les lieux. Il tiendra à remercier l’Ageroute pour son engagement, mais aussi à rassurer les populations que l’Etat fera tous les efforts requis à travers le Plan Orsec pour enlever partout les eaux pluviales et, ainsi, les soulager.
CONVOQUÉ À LA POLICE, BOUGANE GUÈYE DANI ÉTALE SA COLÈRE CONTRE MACKY
Le président du mouvement Gueum sa Bopp, Bougane Guèye Dany, est sorti hier de sa convocation au commissariat central très remonté contre la Police. Convoqué à 10h, le patron du Groupe D Média — venu avec ses avocats — a déféré à la convocation vers 11h 25mn avec beaucoup de sérénité. Après un peu plus d’une heure, Bougane Guèye Dany est sorti du commissariat avec une lettre et a « tiré » fort sur Macky Sall et son équipe. Il a informé que « cette convocation était pour la récupération d’une lettre » dont le contenu, selon lui, est que « les tableaux d’affichage peuvent être un acte de trouble à l’ordre public et de vandalisme ». Une chose qui démontre, selon lui, l’incompétence du ministre de l’intérieur. Car, selon le patron du groupe D média, « ces panneaux servent à sensibiliser la population surtout les jeunes pour qu’ils s’inscrivent sur les listes électorales ». C’est désolant de mobiliser toute une police pour un simple courrier », a regretté, pour finir, Bougane ...
VÉLINGARA LES TRAVAILLEURS DE FERA TIRENT SUR IBRAHIMA BARRY, LE SG DU RCD
Réunis à la municipalité de Vélingara, les agents du FERA (Fonds d’entretien routier autonome) se sont attaqués à Ibrahima Barry, le président du conseil départemental et par ailleurs secrétaire général du RCD, suite à ces propos tenus à leur encontre. Dans un média de la place, Ibrahima Barry avait soutenu qu'aucun agent du Fonds d'entretien routier autonome (FERA) ne perçoit plus de 35.000 francs CFA à la fin du mois. Des propos jugés non conformes à la réalité selon le superviseur Oumar Wopa Mballo. « Ce n’est pas vrai. C’est faux. Je dis bien, c’est archi faux. Ce n’est que des allégations. Les salaires sont virés à la banque Cnca. Les agents perçoivent plus de 35 000 mille francs à la fin du mois », a rétorqué M. Mballo. Il ajoute également que « dans chaque maison, on n’a recruté qu’un seul agent. Contrairement à ce qu’ils veulent croire à l’opinion. Il y a 200 concessions ici. Il y a aucune maison dans laquelle on a recruté plus d’une personne ». Lors de ce point de presse, Oumar Wopa Mballo n'a pas hésité à s'en prendre également aux opposants du maire, Mamadou Woury Bailo, qu'il qualifie de menteurs. "C’est très facile de rester à Dakar et de faire le tour des médias pour raconter des histoires. Ils passent tout leur temps à mentir. J’assume mes propos. Ils n’ont qu’à rendre publiques les preuves qu’ils détiennent", a t-il lancé à l’endroit des pourfendeurs du premier magistrat de la ville de Vélingara. « Le développement de Vélingara ne les intéresse point. Ce qu’on leur demande, c’est de faire quelque chose pour la localité, mais pas se rendre dans les plateaux de télévisions et studios de radios pour raconter des contre-vérités » a t-il conclu.
CHAMPIONNATS D’EUROPE DE JUDO LA PETITE BINTA NDIAYE CHAMPIONNE !
Binta Ndiaye, fille de notre confrère Abdoulaye Penda Ndiaye, un journaliste ancien collaborateur du « Témoin », a remporté mercredi la médaille d'or aux championnats d'Europe de Judo chez les cadets à Riga, en Lettonie. Elle s'est imposée chez les -52 kg pour le compte de la Suisse. Née à Lausanne, la collégienne de 16 ans a ainsi donné à la Suisse son premier titre européen chez les jeunes. Dommage pour le Sénégal ! Car la petite Binta, bien qu’elle soit de père sénégalais, est suissesse de naissance.
Avec les pluies qui ont coupé l’axe Poste Thiaroye-Diamaguène, les charretiers sont rois sur la route nationale. Ils assurent la « traversée » des zones critiques et s’en sortent avec des revenus estimés entre 15 000 et 20 000 FCfa par jour
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Avec les pluies qui ont coupé l’axe Poste Thiaroye-Diamaguène, les charretiers sont rois sur la route nationale. Ils assurent la « traversée » des zones critiques et s’en sortent avec des revenus estimés entre 15 000 et 20 000 FCfa par jour, au grand dam des usagers obligés de débourser deux fois plus.
« Poste Thiaroye-Diamaguène à 300 FCfa seulement », répète un jeune homme. En culotte noire et chaussures en plastique, Amady Ndao est « coxeur » (rabatteur) pour les cars rapides et taxi-clandos. Depuis samedi, il a changé de cap. Il a quitté les véhicules pour les charrettes à cause des importantes pluies enregistrées jeudi et vendredi et occasionnant la coupure de l’axe Poste Thiaroye-Diamaguène. Tout enthousiaste, il aide hommes et dames à monter sur une calèche. Il encaisse une pièce de 100 FCfa, puis autorise Modou à faire la navette. Tenant la corde, ce dernier y va « doucement et lentement », selon les mises en garde de ses passagers. « Nous ne sommes pas pressés, l’essentiel est de traverser la zone critique », avertit une dame. Ironique, le jeune homme porte immédiatement la réplique. « Vous ne serez pas mouillés », rigole-t-il. Scène cocasse qui provoque le sourire des voyageurs ou de simples badauds qui n’hésitent pas à brandir leurs téléphones pour immortaliser ces moments assez rares. Pendant ce temps, le cortège d’une dizaine de calèches est vite constitué. Le goudron est invisible. La chaussée et les trottoirs sont sous l’emprise des eaux. Du coup, les roues sont toutes immergées. Les passagers se débrouillent pour sauver leurs téléphones et objets précieux. Anta Ndiaye avait pris les devants en achetant un sachet en plastique pour y ranger son téléphone et son portefeuille. Amusée, elle compare la scène au trajet Dakar-Gorée. « Ça me fait penser à la chaloupe en partance pour Gorée. C’est inimaginable. Nous sommes tous obligés de prendre la charrette jusqu’à Poste Thiaroye pour pouvoir continuer notre chemin en véhicule ; ce qui occasionne des frais supplémentaires. Ainsi, le transport entre Diamaguène et Patte d’Oie passe de 250 à 500 FCfa. Il faut que l’État trouve des solutions sinon personne n’ira travailler lundi », avertit-elle. Assane Gaye, lui, déplore la situation, la jugeant « inacceptable ». « Les charretiers dictent leur loi, car l’État n’a pas su anticiper par des systèmes de canalisation et de pompage efficaces », regrette-t-il, prêt à rallier Diamaguène.
Des gains pouvant atteindre 17 000 FCfa par jour
Ils ont pris le relais des taxis, cars rapides et bus qui n’osent pas prendre le risque. Ainsi, ils nagent dans le bonheur au moment où des familles et les usagers sont dans le désarroi. Tenant la corde de son cheval et prêt à rallier Diamaguène, Samba Faye s’est fait plein les poches ces derniers jours. Son revenu journalier est passé du simple au triple. « Nous déplorons la situation comme tout le monde, mais en attendant un retour à la normale, nous en profitons. Au lieu de 4000 ou 5000 FCfa, je me retrouve actuellement avec 15 000, voire 17 000 FCfa par jour », dit-il. En sous-vêtement et culotte, Alassane Seck a quitté le marché aux poissons de Pikine pour s’installer à Poste Thiaroye. C’est sa base depuis jeudi et il se frotte les mains, priant pour que son bonheur– calvaire pour les autres– se prolonge. « Nous prenons notre revanche sur les automobilistes. Tous les jours, ils nous menacent sur la route. Aujourd’hui, l’activité est exclusivement pour nous. Je m’en sort bien au moment où les automobilistes se bousculent sur l’autoroute à péage », chahute-t-il, faisant état d’un revenu de 21 000 FCfa pour la journée du vendredi. Le malheur des autres fait le bonheur d’Alioune Mbaye. Il ne souffre plus dans les garages à l’attente des clients. Il est constamment en mouvement depuis jeudi. Une traite pour lui, car, dit-il, ça lui a permis de se faire plein les poches. « En trois jours, j’ai gagné le triple de mon revenu hebdomadaire. La pluie a béni notre activité », sourit-il.
La vente de motopompes fait recette, le prix des bottes passe du simple au double
« La situation est catastrophique. Des familles sont sous les eaux. Des murs s’affaissent. Il faut que l’État et ses démembrements prennent leurs responsabilités en augmentant la capacité de la station de pompage de Tableau Tivaouane pour évacuer les eaux », interpelle Gorgui Touré. En attendant ce travail, les citoyens se mobilisent depuis trois jours à travers l’achat de motopompes. Devant une quincaillerie, Mbaye Simal vient d’acquérir des motopompes qui, dit-il, permettent de soulager les populations en attendant l’intervention de l’État. « Nous en avons acheté quelques-unes et du matériel d’évacuation, comme par le passé, pour que certaines zones assez sensibles ou maisons soient libérées afin de permettre un retour à la normale », informe-t-il. Cet élan de solidarité dope la vente des motopompes. Selon Ousseynou Mbaye, installé en face de la station-service de Poste Thiaroye, une dizaine de motopompes sont vendues par jour depuis la semaine dernière à des prix variant entre 60 000 et 80 000 FCfa. « En temps normal, il est difficile de vendre deux motopompes par semaine, mais actuellement, j’en vends une dizaine à cause des inondations qui concernent quasiment toutes les parties de la banlieue », explique-t-il. Chauffeur à Poste Thiaroye, Abdoulaye Dione est assis à quelques mètres du bureau de Poste. Ayant acheté des bottes la veille, il regrette la hausse du prix en l’espace de trois jours. « Les bottes, très courues actuellement, sont vendues entre 4000 et 5000 FCfa alors qu’elles coutaient juste 2500 FCfa. Les vendeurs profitent de ces moments difficiles et c’est déplorable », regrette-t-il.
LES DAMNÉS DE LEUR TERRE, par Elgas
MONGO BÉTI, LE PAUVRE CHRIST D’AKOMETAM
EXCLUSIF SENEPLUS - Il s’est parfois trompé dans ces procès personnalisés, mais son œuvre est égale et la colonne qui lui tient de pilier, c’est le refus des assignations et la quête poétique, politique, littéraire, de la vérité et de la dire
Dans Le pauvre Christ de Bomba (1956), le révérend Père supérieur (RPS) Drumont, religieux affable, la main sur le cœur, entreprend d’évangéliser quelques villages africains. Flanqué de l’enfant de chœur Dénis, son boy qui tient le récit, et de l’impétueux Zacharie, son cuisinier, la trinité fait sa tournée pour professer la parole du Christ et étendre le royaume du Dieu chrétien dans les bandes de terre incroyantes de l’intérieur. Derrière, ils laissent Bomba, fief acquis à la cause nonobstant quelles poches à l’animisme têtu, une chapelle aussi, la Sixa, qui regroupe et veille sur les jeunes filles du village. On y fait vœu de chasteté et de piété. C’est ainsi fort de Bomba que le périple commence, pour accroître la communauté des fidèles.
Sur les routes de cette évangélisation à marche forcée, les fortunes du Père Drumont et de ses serviteurs sont tantôt touchées par la grâce, tantôt heurtées par la réalité brute, parfois brutale. Dans le récit satirique qui taille une belle place à Dénis, le cœur pur de l’enfance qui conte les aventures tel un tintin inversé, Mongo Beti présente le Père Drumont sous des traits avantageux : il est plutôt sincère, probe, et sa foi, réelle, portée par une candeur naturelle, et par la croyance obstinée dans sa mission. Mongo Béti remonte ainsi à toute l’architecture coloniale, les liens de l’église avec l’administration de tutelle, et malgré les gages de bons sentiments que répand le Père Drumont, victime de la cause qu’il professe, la désillusion est au bout du chemin. L’ecclésiaste jette l’éponge, rend la soutane dans un acte presque sacrificiel ; et derrière, c’est la chute de l’empire religieux qui émet ses premiers fracas, notamment dans la Sixa où la nature et la chair pécheresses ruinent le serment.
Sans jamais appuyer le trait, avec la finesse tranchante d’un texte suggestif, mais aussi puissamment dénonciateur, on se retrouve dans le même univers qu’à Umuofia, village et cœur de roman de Chinua Achebe, dans Things fall apart (1958). Un même contexte les unit, celui de la rencontre coloniale, elle et ses brutalités, symboliques et physiques, les prétentions exogènes face au mur des ancrages endogènes, et fatalement, l’hybridation très peu providentielle qui s’en suit qui s’achève en abâtardissement mâtiné de rancœur. Le jeune romancier laisse ainsi libre cours à son mauvais esprit drolatique, son ironie décapante, son art virtuose du récit, ses inspirations voltairiennes, pour porter le message critique contre la colonisation, ses alibis civilisateurs et surtout ses greffes forcées sur des populations qui n’ont rien demandé à personne. Un écrivain est né.
Le révérend Père supérieur « Biyidi » ?
Enfant, le petit Alexandre Biyidi avait déjà les graines d’insubordination qui feront sa légende. Exclu du séminaire d’Akono pour rébellion, le natif d’Akometam, repart à Mbalmayo poursuivre ses études. La confession l’ennuie et la voie de Dieu n’est pas tellement sa vocation, il le pressent très vite. L’exclusion est ainsi un compromis acceptable pour le jeune turbulent. S’est-il, bien des années plus tard, vengé, en se glissant sous les traits de Zacharie, de Dénis, ou des populations des routes insoumises et souvent insensibles à la parole du révérend père supérieur Drumont ? L’histoire ne le dit pas, mais sa description de cette tournée et la voix de Dénis laissent transparaître la malice du pied de nez à l’histoire. N’empêche, avec Le pauvre Christ de Bomba, le jeune Alexandre Biyidi, devenu Mongo Béti du nom de son peuple, « fils des Béti », signe son premier succès, qui inaugurera, d’essais en romans ou interviews, ses réquisitoires contre la colonisation, dont du reste il sera, malgré tout, un produit.
Dans les années 90, sa carrière atteint les sommets : romancier, essayiste, pamphlétaire, après un long exil, loin de la mère patrie, Mongo Béti entreprend, à son tour, une tournée chez lui. Et le voici désormais libraire, éditeur, et entrepreneur agricole dans son village, solidement accompagné par son soutien indéfectible, sa femme Odile Tobner. Seulement, au tableau des ombres, Mongo Béti grisé sans doute par la candeur de la redécouverte de chez lui, par l’énergie de la reconnexion imminente, a ironiquement les mêmes accents que le révérend Père Drumont. À Akometam, où il fourmille d’idées pour transformer un village resté apathique, la parole et l’acte ne font pas de miracle. Et dans ce Cameroun qu’il redécouvre, les violences sont partout, l’inertie accablante, les Hommes, surtout les mâles, perpétuateurs de cette léthargie, en prennent pour leur grade. Il écrit un essai, La France contre l’Afrique, retour au Cameroun (1993). Nul besoin de dire le désenchantement qui s’en suit. Le cahier retour de son voyage au village natal porte deux charges : l’ambition euphorisante, mais aussi le poison désagréable du sentiment de régression à rebours des discours porteurs de l’époque. Akometam n’est pas Rambouillet, commune de chasse royale des Yvelines où il fut longtemps maître, et Yaoundé et Douala ne sont pas Rouen, où il enseigna les lettres jusqu’à sa retraite.
L’entrepreneuriat est du reste une vraie constante chez les immigrés dont les départs annoncent toujours le vœu de retourner à la maison. Par le commerce, l’envoi de finances, l’initiative culturelle, les immigrés souhaitent rentrer. Pour enfin rembourser cette dette indéchiffrable du départ. Chez les hommes de lettres et les intellectuels, les livres deviennent la matérialisation de cet élan, où les thèmes, l’engagement, viennent soigner le Blues et le sentiment d’abandon du quotidien national. L’exil et la mélancolie, et c’est classique, sont la matière première des récits, surtout aux portes des indépendances. Seulement chez beaucoup, les livres ne suffisent pas, les professions de foi non plus, pas plus que les prophéties. Il faut faire, passer du discours aux actes. Donner corps à la politique, et des suites aux idées. Prêcher donc. Bâtir. C’est ce à quoi consent, à sa retraite, Mongo Béti en investissant à Akometam. Seulement comme le révérend Père Drumont, l’envie, le souhait, la détermination, la sincérité, ne sont pas des gages de transformation ni de succès. Comme l’ecclésiaste, l’écrivain se heurte à un corps social que le roman, malgré sa grande imagination, méconnaît et sous-estime. C’est avec tous ses projets envers les siens ainsi semés, sans garantie de voir éclore la toison des récoltes, que l’auteur s’éteint en 2001, faute de soins en temps opportuns, chez lui. Du pauvre Christ de Bomba à celui d’Akometam, il s’est écoulé un demi-siècle, longue parenthèse des belles intentions, légitimes ou non, qui se soldent par un échec. Mongo Béti aura pour lui le mérite, inattaquable, d’avoir ensemencé cette terre, et ce ne serait nullement surévaluer son impact que de lui prêter la paternité d’une certaine activité intellectuelle au Cameroun et dans le continent.
Le pamphlétaire et des prestigieux ennemis
Mongo Béti est un saré numéro il faut dire. Du Christ, il eut presque les mêmes ennemis. Rappel : Alexandre Biyidi naît à Akometam, il poursuit ses études au Cameroun. Décroche son bac et s’établit en France, tour à tour en Provence, puis dans la capitale. Diplômé, ensuite agrégé, il enseigne dans des lycées. Il écrit dans la revue Présence Africaine sa première nouvelle, Sans amour ni haine. S’en suit sous le nom de plume de Eza Boto, Ville cruelle (1954), où déjà la ville en proie aux transformations dues à la colonisation montre un odieux visage, puissants contre faibles, arbitraires, injustice. Il n’a que la vingtaine, mais tout est déjà là ou presque : un style, une langue, une éthique, une appétence pour la castagne et une érudition. Il monte au front et ne rechigne pas à donner des coups.
Il a la même trajectoire curieusement que Senghor. Césaire comme Alioune Diop son mentor de Présence Africaine, ont été profs dans des lycées français. Ça en ferait presque un club, n’eût été l’insolence de Mongo Béti qui ne manque pas une occasion de se payer Senghor, qui devient son ennemi préféré. Il lui voue une détestation cordiale, à ce premier de classe, lunettes sur le nez, avec ses inflexions académiques et son amour un poil prononcé par le colonisateur. De textes en interviews, Mongo Béti s’établit en tête de la cabale qui deviendra une mode suivie jusqu’à Wolé Soyinka, de se faire le poète. Mais Senghor ne sera pas le seul, Mongo Beti est un puncheur, il en a l’attirail, l’art de la formule, la croyance dans sa vérité et surtout, il a les munitions littéraires pour se prêter à ce bellicisme chatoyant et viscéral. Il attaque aussi Camara Laye quand paraît L’enfant noir (1953), dans un texte à la charge pointue : Afrique noire, littérature rose, paru dans la revue Présence Africaine. Il lui reproche de chanter Kouroussa quand la colonisation brûle l’Afrique. Un débat s’engagera du reste, avec des prises de positions, Senghor commettra Comme les lamantins vont boire à la source, en postface de Ethiopiques (1956), pour rappeler les grands traits de sa conception littéraire. Pas sûr que le Sénégalais s’en tire ainsi, car les griefs de Mongo Béti sont bien là, insensibles, et dans la parole de l’accusation, une littérature contemplative, dépolitisée, est un acte sinon de trahison de lâcheté et il en veut à ses passeurs et à ces passifs.
Au rayon des détestations et parfois du mépris, Mongo Beti ne se prive pas non plus de se moquer des jeunes pousses, de la relève. Il s’attaque dans une interview à « l’inculte » Kourouma et s’élève souvent en procureur contre son compatriote et pair, symbole même du fourvoiement pour lui, Ferdinand Oyono. D’où lui vient une telle fibre ? Probablement d’une légitimité et surtout celle d’avoir été un des premiers à affronter la Françafrique du temps de sa superbe et d’avoir subi la censure et manqué les honneurs réservés aux plus consensuels, comme le futur académicien et honorable ennemi, Senghor.
Le pourfendeur de la Françafrique
Aujourd’hui, Mongo Beti est l’auteur auquel se réfèrent volontiers les activistes du panafricanisme et à raison. Il fournit une matière inestimable, mais souvent irréductible à des seuls slogans, tant il a été généreux dans la critique, à la fois contre les élites de l’intérieur que celles de l’extérieur. Dès Le pauvre Christ de Bomba, mais surtout dans Main basse sur le Cameroun (1972)qui signe son retour après presque 15 ans de silence, il a débusqué toute l’inanité de la colonisation et la survivance de ses liens au détriment du continent. Pour le brûlot Main basse sur le Cameroun qui charge l’élite au pouvoir, marionnette d’une entité plus grande, la France, le livre est saisi et censuré. Si François Maspero, son éditeur courageux, s’entête, c’est quand même tous les quartiers diplomatiques avec Jacques Foccart en tête qui manœuvrent pour le bâillonner. Contre des alibis tortueux, il se débat en justice et obtient gain de cause. Avec le temps, la censure aura l’effet inverse et consacrera la vérité de cette dénonciation et le livre sera réédité avec un grand impact. Tenir tête à la Françafrique, au moment où elle installait, maintenait, chassait, à loisir, qui elle voulait à la tête des États africains, recourant au besoin au crime, tout cela fait de Mongo Beti un modèle, un héros, un Christ sauveur.
D’autant plus que le contexte camerounais est assez étrange. Voilà un pays, avec une tradition guerrière, des intellectuels réputés, avec une guerre de libération qui a consacré de grandes figures nationales (Ruben Um Nyobe, Roland-Félix Moumié, Ernest Ouandié…), mais un pays étrangement soumis, et bon élève de la Françafrique avec des présidents à la longévité incroyable et à la passivité pathologique. Comment rationnellement expliquer qu’un pays qui a donné au continent une bonne part de ses héros les plus prisés et les plus chantés, soit celui dans lequel, cette parole a si peu de portée ? Le mystère reste entier, on pourra se rassurer en faisant appel au mythe du prophète honni chez lui. Mongo Béti quant à lui, porte cette flamme.
Il peut sembler à beaucoup, au vu de cette obstination de l’écrivain camerounais, à dénoncer la crapulerie de la France que l’étiquette d’engagé, voire d’enragé, fut la plus saillante chez l’homme. On ferait erreur. L’acte d’accusation n’était jamais gratuit. Mongo Beti avait pour lui, une vraie palette d’écrivain, sans doute l’une des plus complète du champ francophone qui allie, la virtuosité du style, l’insolence de la pensée et l’humanisme des valeurs. Un écrivain qui marque et qui laisse des traces sur ses lecteurs. Ses essais comme ses romans, toujours porteurs de cette fibre politique, a donné la matière à d’innombrables exégètes très autorisés (Ambroise Kom, André Djiffack, Boniface Mongo-Mboussa…) pour lire la question de l’engagement de l’écrivain, et toutes ces dimensions. On ne compte pas le nombre d’articles, d’hommages, de travaux universitaires, sur cette question de l’engagement qui est devenue le cœur d’une querelle jamais résolue sur le continent : que doit écrire l’écrivain africain ? Les termes de cette controverse prennent avec l’œuvre assumée, criée partout, de Mongo Beti, une vraie tonalité rebelle. L’engagement est une éthique, mais doit-elle être une tyrannie ? Toute œuvre, même faite de silence, n’est-elle pas engagement ? Quelle est la part de la liberté si les créneaux sont déjà annoncés et le carcan inextricable ? Les questions, légitimes, peuvent fuser. On se risquerait à peine de trancher, en s’abritant dans la sagesse lumineuse de Toni Morisson : la littérature est le lieu même de la liberté.
Un auteur qui déjoue les tentatives de récupération
Comme Cheikh Anta Diop, l’héritage ne Mongo Beti ne manque pas de se faire propriété privée de certaines émules zélatrices, héritage qu’on instrumentalise au besoin, pour sa seule vertu panafricaine. Ce qui serait une hérésie, pour ceux qui l’ont lu, consciencieusement. Mongo Beti est souvent juste, ce qui est qualité rare, il s’est parfois trompé dans ces procès personnalisés, mais son œuvre est égale et la colonne qui lui tient de pilier, c’est le refus des assignations et la quête poétique, politique, littéraire, de la vérité et de la dire : la définition même du courage dans les termes de Jaurès. En faire donc un ennemi de la France, où il vécut relativement heureux, c’est faire un récit romancé de sa vie, car dans ses romans, la mesure de la critique était égale en destination de tout le monde. Il a prévenu contre les mythes enchanteurs de la décolonisation, et jamais on a intercepté une candeur incantatoire. Chez lui, plus que tous les autres, on perçoit à la fois une éthique et une équité des cibles. Et le rayon de son œuvre colossale couvre tous les champs et dans les trois tomes de Le Rebelle qui compile ses écrits de combats, se articles, ses interviews, on est frappé par son acuité et sa familiarité avec les sujets contemporains, où son regard humaniste domine.
Sur le plateau de Bernard Pivot, à Apostrophes, l’homme sanglé de son costume trois-pièces, livre dans un ton mélancolique, mais bien acéré, le sens de son œuvre et décrie la colonisation, mais jamais on interceptera un reniement aigre de la France. Pays dont il a gardé les manières, une part de la culture, dont il connaissait la littérature mieux que celle de son continent. Son deuxième pays en somme. Rayer cette part de son histoire, c’est manquer une part importante, du portrait et du legs.
Vers la fin de sa vie, dans les rues du Cameroun et d’Akometam qu’il voulait changer, on note une déception, elle sera présente, voire omniprésente, dans le tiers de sa vie. S’il n’a pas été tendre dans ses romans, un certain vernis poétique amortissait le choc du réel. Mais dans les trois tomes de Le Rebelle (2006), on note cette acrimonie, cette ambition à l’horizon un peu plombé. Sa critique du Cameroun, de ses hommes, de ses pesanteurs ; sa critique du continent plus globalement, dans sa part de responsabilité dans son destin, s’y feront au plus grand jour. C’est un texte recueil inédit où la variété des registres aboutit à un ensemble unique, comme un testament littéraire, sur ses goûts, ses lectures, ses origines, ses combats. Même si, dans sa grande œuvre romanesque, il l’a esquissé, c’est dans Perpétue et l’habitude du malheur (1974), l’un de ses plus grands romans, qu’il revient sur le destin funeste d’une femme, Perpétue en l’occurrence, qui subit comme l’acharnement du sort, la tragédie des siens. Un féminisme de première heure, un refus de l’obscurantisme. L’ouvrage est écrit quelques années après Main basse sur le Cameroun, et montre si besoin en était, la grande flexibilité d’une écriture qui pourchasse l’injustice, où elle se terre.
Le vocatus du Messager
L’extraversion de la littérature africaine est un serpent de mer. On s’y écharpe souvent. Logée à la même enseigne, la parole intellectuelle ne peut échapper à ce procès originel de la prééminence du chez-soi. Écrire de loin déforme dans un sens ou un autre, parce que sans doute la littérature transforme par essence. Mais la blessure possible, parfois narcissique, c’est méconnaître à terme, rêver et fantasmer son propre pays, l’imaginer en illusion, le comparer, s’en faire une image presque virginale ; et à partir d’un tel portrait tiré dans le silence et l’espoir au loin, mais tellement éloigné du réel dans son inaliénabilité, se faire comme le révérend Père Drumont, un entrepreneur du Bien, un messager, et une providence. Et on peut s’appeler Mongo Béti et pourtant, malgré tout, vivre cette tragédie à la métaphore presque christique. Parler et faire au nom du Bien ne sont jamais une garantie de succès. Mais il est heureux que la littérature n’échoue jamais, elle qui n’est pas une religion, ni un dogme, mais un transport d’émotions. Dans les deux cas, c’est aimer assez son prochain pour essayer de lui ouvrir les yeux.
Ce texte fait partie des "Damnés de leur terre", une série proposée par Elgas, publiée une première fois sur le site béninois Biscottes littéraires, en décembre 2020. Elle revient sur des parcours, des destins, vies, de cinq auteurs africains qui ont marqué leur temps et qui restent au cœur de controverses encore vives. Axelle Kabou, Williams Sassine, Bolya Baenga, Mongo Béti, Léopold Sédar Senghor. La série est une manière de rendre hommage à ces auteurs singuliers et de promouvoir une idée chère à Elgas : le désaccord sans l’hostilité, comme le fondement même de la démocratie intellectuelle et littéraire.
Le prochain épisode est à lire sur SenePlus lundi 30 août.