Les jeunes virés de la Lonase haussent le ton
Le collectif des jeunes suspendus de la Lonase déterre la hache de guerre après une longue. Ces jeunes recrutés par l’ancien directeur général de la boite, Amadou Samba Kane ont vu leurs contrats suspendus par son successeur, Lath Diop. Ce dernier, dans une note de service, informait que les décisions d’embauche établies depuis le 1er mars 2020 sont suspendues jusqu’à nouvel ordre. Depuis lors, les jeunes licenciés se battent pour retrouver leurs postes, mais en vain. Leur porte-parole Alassane Samba Sy annonce un plan d’actions qui sera déroulé à partir de jeudi prochain. Ce qui fait plus mal aux membres du collectif, selon M. Sy, c’est que parmi la cinquantaine de jeunes remerciés par Lath Diop au départ, aujourd’hui seuls 13 jeunes sont encore en chômage. Les autres, dit-il, sont recrutés par le Directeur général de la Lonase. Alassane Samba Sy et ses camarades sont déterminés à se battre jusqu’à leur recrutement.
Fermeture de l’Ambassade d’Israël au Sénégal
«Noo Lank» dénonce la mollesse de la communication du gouvernement du Sénégal à propos du bombardement israélien contre le peuple palestinien. En effet, le collectif citoyen a appelé l’Etat du Sénégal à plus de fermeté et de clarté dans sa position. Pour ses membres, le Sénégal qui se targue d’une position privilégiée dans la Ummah islamique doit fermement condamner les derniers évènements qu’ils considèrent comme une agression israélienne. Mieux, l’organisation de la société civile a invité l’Etat du Sénégal à envisager la fermeture de l’ambassade de ce pays en guise de protestation. Dans sa note, l’organisation qui condamne fermement le regain de violences noté ces derniers jours à Jérusalem a appelé les Sénégalais à répondre massivement à la marche prévue vendredi prochain pour soutenir le peuple palestinien.
Décès du journaliste Moriba Magassouba
Le journaliste Moriba Magassouba est décédé avant-hier, samedi 15 mai, en Côte d’Ivoire où il s’étaitinstallé depuis une trentaine d’années. Issu de la 2e promotion du Cesti, Moriba Magassouba qui était très présent sur les réseaux sociaux se faisait remarquer par ses positions sur la marche du pays. Le défunt a eu à travailler dans plusieurs organes de presse au Sénégal et dans la sous-région. M. Magassouba a exercé au quotidien national «Le Soleil», à l’agence «PanaPress» et au magazine «Africa international» en tant que rédacteur en chef. Il était jusque-là directeur de la communication du ministère des Affaires Etrangères de Côte d’Ivoire. Moriba Magassouba est aussi l’auteur du livre : «L’Islam au Sénégal : demain les mollahs ? ».
Le mouvement «MENTAL» quitte BBY
Le mouvement pour l’envol d’un nouveau Thiès ambitieux etlibre (MENTAL) a rompu les amarres avec la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby). C’est le président dudit mouvement El Hadji Khar Sène qui l’a fait savoir dans un communiqué qui précise que la page d’un compagnonnage de plus de 7 ans vient d’être tournée. Sans entrer dans les détails des raisons qui justifient une telle décision. Et après avoir jeté du sable dans le «mburu ak soow», il souligne que le mouvement «MENTAL» a décidé d’être toujours aux côtés des populations pour les accompagner par des programmes socio-économiques. En ce qui concerne les prochaines élections locales, ditil, le mouvement apportera son soutien à la coalition de son choix, à la suite de visites de proximité dont la cible principale est le primo-votant. Dans les prochains jours, une conférence de presse sera organisée, pour mieux présenter les nouvelles orientations politiques au grand public. Il s’y ajoute une tournée auprès des chefs religieux de la ville de Thiès et un grand meeting au stade Yatma Diouf de Médina Fall.
La Marine sauve un homme au large de Mbao
Il a dû son salut à la Marina Nationale. N’eurent été les éléments de la Marine nationale, un jeune homme âgé de 30 ans allait perdre la vie en mer. La direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) renseigne que la vedette «QM1 Ababacar Fall» de la Marine nationale a procédé avec succès, hier vers 11h00, au sauvetage d’un homme de 30 ans en train de se noyer au large de Mbao. Il a été repêché par les marins. Après les premiers soins à la Base navale Amiral Faye Gassama, l’individu a été transféré à l’hopital Principal de Dakar.
Marche pour des structures sanitaires dignes à Kolda
Les acteurs de la santé et la jeunesse koldoise maintiennent la dynamique pour que l’hôpital régional de Kolda sort de son coma. Après la première marche qui a été dispersée par la police, ils ont réédité ça le samedi. La mobilisation citoyenne appelée «la marche du Ras-le-bol 2» a débuté vers 9h00 à l’arbre Moussa Molo Baldé pour prendre fin à la gouvernance de Kolda. Les marcheurs ont réclamé des structures sanitaires dignes avec la disponibilité de toutes les spécialités. Les libéraux de Kolda sous la conduite de Ndiogou Dème s’étaient mobilisés pour soutenir les acteurs de la santé.
Violence juvénile à Kolda
Restons au Fouladou pour signaler que la violence juvénile s’y installe petit à petit. Le jeune Sambarou Baldé habitant au quartier Médina Chérif de la commune de Kolda a perdu la vie, à la suite d’une bagarre entre jeunes. L’élève a été poignardé au cours d’une soirée, vendredi dernier, au quartier Sikilo Hilèle. Avant d’être évacué à l’hôpital régional de Kolda où il a rendu finalement l’âme. Une enquête est ouverte par la police.
Marche à deux vitesses des jeunesses des Niayes
Les jeunes de l’Arrondissement des Niayes qui regroupe les Communes de Yeumbeul-Nord, Yeumbeul-Sud, Malika, Keur Massar veulent marcher le 22 mai prochain pour une reprise effective des travaux des 02 voies de l’axe Thiaroye-Yeumbeul-Malika bloqués depuis plus de 02 ans. Seulement, ils risquent de se frotter avec celles de la mouvance présidentielle qui promettent également d’investir les rues. Le collectif des jeunes desNiayes qui a déjà déposé une demande d’autorisation de marche sur la table de l’autorité préfectorale a choisi comme point de départ de la procession la station d’essence de Yeumbeul-Nord. Selon Oumar Sow membre de la Cojer de Yeumbeul-Nord, les jeunes de la mouvance présidentielle vont organiser une marche pour croiser ceux du collectif. A l’en croire, il s’agit d’une réponse politique au collectif qui n’a plus de raisons pour marcher. Puisque, dit-il, le Président Macky Sall a donné des assurances fermes pour la reprise des travaux de la route Thiaroye-Yeumbeul-Malika.
Des délégués de quartier de Keur Massar en rogne
Les délégués de quartier de la Commune de Keur Massar au nombre de 133 s’inquiètent sur leur sort depuis l’annonce du découpage administratif avec l’érection de leur localité en département. Ils ont tenu hier un point de presse pour étaler leurs difficultés, notamment le non-paiement de leurs indemnités par la Ville de Pikine. Ce, malgré les instructions du Chef de l’Etat au cours d’une audience au palais de la République. Ces auxiliaires de l’Etat, par la voix de leur président Assane Fall, exigent le paiement de leurs indemnités spéciales avant l’installation des délégations spéciales. Selon M. Fall, seuls 17 délégués perçoivent à la Ville de Pikine et les 116 autres broient du noir. Ces délégués de quartier sollicitent également la révision des limites Sud du département. Ils souhaitent que le département soit délimité au sud par le chemin de fer ou l’autoroute à péage tout en évitant la division des quartiers entre deux communes, surtout les quartiers traditionnels. Ils proposent les dénominations suivantes : Département de Keur Massar et Communes Keur Massar Ouest, Keur Massar Est. Les délégués saluent par ailleurs le démarrage des travaux de l’autopont et ceux de la seconde phase du Progeb.
La diffusion point covid-19 suspendu
Le fléchissement des contaminations de la covid-19 impose un changement de stratégie de communication du ministère de la Santé et de l’Action Sociale. Le directeur de la Prévention, Dr Mamadou Ndiaye, va observer une pause. En effet, après plus d’un an, le ministère de la Santé et de l’Action sociale informe de la suspension de la diffusion en direct du point quotidien sur la situation épidémiologique de la covid-19 depuis hier. Toutefois, le ministère précise que les informations sur l’évolution de la pandémie ainsi que le point sur la vaccination au Sénégal seront toujours disponibles à travers un communiqué de presse qui sera partagé avec l’ensemble des organes de presse.
1ère édition des soirs du jazz et des beauxarts
La première édition «Des Nocturnes de Dakar : les soirs du jazz et des beaux-arts » se tient à partir du vendredi prochain à la galerie nationale d’art. Il s’agit d’une célébration conjointe de la journée mondiale de l’art et celle du jazz qui ont connu un léger décalage. Le thème de la présente édition est : la musique Jazz et les Beaux-Arts, pour une influence réciproque. Au menu, il y a une exposition de l’artiste Baye Mballo Kébé qui a consacré un moment important de sa carrière au jazz. Et à côté, des tableaux qui sont de nouvelles créations. L’exposition se poursuivra jusqu’au 31 mai 2021. Deux projections d’un moyen métrage réalisé sur le festival de jazz de Conakry et une conférence filmée d’Aziz DIENG sur le jazz et ses multiples influences figurent au programme. La fête sera clôturée par un concert de la Guinéenne Hadja Kora et son orchestre.
Le Maire Abdoulaye Pouye Oboma perd un de ses plus fidèles lieutenants
Monsieur Abou Sy qui préfére rester au sein de la coalition Bénno Bokk Yakaar auprès du Ministre Abdou Karim Sall un coup dur pour le Maire à sept mois des élections. Il faut le rappeler cette décision fait suite après la déclaration publique du maire de Mbao de quitter la coalition BBY sans consulter aucuns membres de son staff. Abou sy est conseiller municipal depuis plus de 12 ans au niveau de Mbao secrétaire élu membre du bureau municipal il était un fidèle parmi les fidèles du maire de Mbao mais selon lui le président Macky Sall traverse de moments difficiles avec la problématique de l’emploi des jeunes et une situation politique nationale tendue il a besoin de soutien et d’être accompagner . Sur un autre registre Abou Sy motive sa décision avec les réalisations et les différents chantiers du président au niveau communal . Le visage de Mbao commence à changer sous le magistère du président Macky Sall (stade de Mbao , deux CEM supplémentaires à Mbao construction d’école élémentaires , construction de 20 km de routes projet d’aménagement de la forêt classée éclairage public et aussi la mise en place d’une gendarmerie à Keur Mbaye Fall et les projets de construction d’une police à la Zac de Mbao et d’un centre de santé). Pour beaucoup d’observateurs politiques le ministre Abdou Karim Sall ne peut pas avoir meilleur allié et ailier offensif pour aller droit au but , un jeune intellectuel un acteur du mouvement navetane qui est très proche des populations et qui une forte expérience dans la gestion des collectivités
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LIZ CHENEY, MARTYR DU PARTI RÉPUBLICAIN
Le Point USA aborde cette semaine : l'éviction de la numéro trois républicaine à la Chambre des représentants, le charme de Biden à l'endroit de l'opposition, le lâchage des Golden Globe par la NBC dont les organisateurs sont accusés d'entre-soi
Liz Cheney, évincée de la hiérarchie républicaine à la Chambre. Le parti est plus que jamais celui de Donald Trump, mais fait-il le bon choix ?
- Joe Biden invite les républicains à la Maison Blanche dans l’espoir d’obtenir leur soutien à son ambitieux plan d’infrastructure. L’écart reste grand.
- 28 milliards de dollars pour sauver la restauration, secteur le plus touché par la pandémie, mais cette manne du plan de relance vient-elle trop tard ? Entretien avec Hughes Cossard, chef et instructeur culinaire à l’université Stratford.
- La chaine NBC ne retransmettra pas les Golden Globe de 2022 : l’association de la presse étrangère de Hollywood qui les décerne est accusée de « racisme et de sexisme ». Pourquoi cette campagne de la part d’une industrie plus habituée à courtiser les journalistes étrangers qu’à les attaquer ?
Point USA est une émission hebdomadaire qui s’adresse plus particulièrement à un public francophone et francophile, avec pour objectif de discuter en français de l’actualité américaine en compagnie de René Lake, analyste politique et directeur de presse, Dennis Beaver, avocat et chroniqueur juridique à Bakersfield, en Californie, et Herman Cohen, ancien secrétaire d’Etat adjoint américain. La présentation est assurée par Claude Porsella et la réalisation par Serge Ndjemba.
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COMMENT LE MENSONGE A PROPULSÉ LA CARRIÈRE D'AKON
Le natif du Missouri est un des acteurs majeurs de la scène musicale des années 2000. Michael Jackson, Whitney Huston, Lady Gaga... l'artiste a produit beaucoup de monde. Pourtant son assise aux États-Unis semble s'éroder depuis 10 ans. Pourquoi ?
Le natif de Saint-Louis dans le Missouri est un des des acteurs majeurs de la scène musicale des années 2000. Michael Jackson, Whitney Huston, Lady Gaga... l'artiste a produit beaucoup de monde. Pourtant son assise aux États-Unis semble s'éroder depuis 10ans. Pourquoi ?
CES PAYS AFRICAINS SOUTIENS HISTORIQUES DES PALESTINIENS
Sous la présidence de Senghor, le président de l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) Yasser Arafat disposait d’un passeport diplomatique sénégalais qui lui permettait de voyager à travers le monde
TV5 Monde |
Ndiassé Sambe |
Publication 16/05/2021
Depuis le début des affrontements entre Israéliens et Palestiniens du mois de mai 2021, le Sénégal, la Tunisie, et l’Afrique du Sud, font partie des pays africains à avoir pris position officiellement, de façon neutre pour le premier et clairement en faveur des Palestiniens pour les deux autres. En réalité, ces trois pays africains se distinguent par les liens historiques tissés avec la cause palestinienne.
Sénégal : Senghor et le passeport diplomatique de Yasser Arafat
Le président de la République du Sénégal, Macky Sall, a profité de la fête de l’Aïd-el-Fitr pour lancer un « appel » aux Israéliens et Palestiniens « pour une désescalade, afin que la paix revienne et que les discussions saines et sereines puissent être engagées entre ces deux communautés dans le respect du droit international ».
Un message qui, pour une fois, ne donne pas l’impression d’être à 100% du côté palestinien. Car dans le passé, le Sénégal, peuplé à 95% de musulmans, n’a pas hésité à se positionner officiellement pour la cause arabe. Comme en décembre 2016 quand, l’État sénégalais avait co-parrainé la résolution 2334 du Conseil de sécurité condamnant la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens. Ce qui avait valu à l’époque des sanctions diplomatiques et économiques contre le Sénégal de la part d’Israël avant que les relations ne se normalisent à nouveau six mois plus tard.
Le soutien sénégalais à la cause palestinienne remonte à bien longtemps, dès la présidence de Léopold Sédar Senghor, premier chef de l’État du Sénégal indépendant. Sous la présidence de Senghor, le président de l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) Yasser Arafat disposait d’un passeport diplomatique sénégalais qui lui permettait de voyager à travers le monde. L’actuel ambassadeur de l’Autorité palestinienne au Sénégal Safwat Ibraghith l’a rappelé lors d’une conférence de presse à Dakar en juin 2017 révélant qu’une place portant le nom de l’ancien président sénégalais pourrait être construite dans les Territoires palestiniens. « C’est un projet qui était recommandé et transmis aux autorités palestiniennes, a confié Safwat Ibraghith. Les autorités compétentes de la ville de Ramallah ont pris la décision, à l’unanimité, de donner le nom de Senghor à une place centrale au cœur de Ramallah qui est aujourd’hui la capitale administrative de l’autorité palestinienne. »
Il faut également rappeler que le Sénégal a été l’un des premiers pays africains à ouvrir sur son sol une représentation diplomatique palestinienne et qu’aujourd’hui, c’est un Sénégalais, Cheikh Niang, qui préside, à l’ONU, le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.
Tunisie : Le souvenir du bombardement de Hammam Chatt
Depuis 1982, l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) avait établi ses quartiers à Tunis après avoir fui le Liban attaqué par Israël. Le 1er octobre 1985, la Tunisie est victime d’un bombardement israélien sur son sol. Des avions de chasse de l’État hébreu prennent pour cible le quartier général de l’OLP, installé à Hammam Chatt, à 25 km de Tunis. Bilan de l’attaque : 68 morts (50 Palestiniens et 18 Tunisiens). Selon les autorités israéliennes, l’opération est menée en représailles après «une série d’attaques terroristes» menée à l’été 1985 contre des cibles visant Israël. Le raid israélien eut pour conséquence de renforcer le sentiment pro-palestinien auprès de la population tunisienne.
Après le déclenchement des affrontements au Proche-Orient, d'une violence inédite depuis 20 ans, le gouvernement tunisien a condamné, le 11 mai, une « agression contre les Territoires palestiniens » menée par Israël et appelé la communauté internationale à « assumer ses responsabilités ». Et dépit du confinement lié à la pandémie de coronavirus, quelques dizaines de militants de la société civile ainsi que des responsables de partis de gauche et nationalistes arabes ont manifesté jeudi devant la Kasbah, siège du gouvernement tunisien, a rapporté l'AFP.
La Tunisie, qui siège actuellement au Conseil de sécurité de l'ONU, a également présenté avec la Norvège et la Chine un projet de déclaration réclamant « à Israël d'arrêter les activités de colonisation, de démolitions et d'expulsions » de Palestiniens, « y compris à Jérusalem-Est ». Cette déclaration n'a toujours pas été adoptée par le Conseil de sécurité, qui doit se réunir en urgence dimanche 16 mai.
Afrique du Sud : Mandela et Desmond Tutu en défenseurs
L’ANC (le Congrès national Africain), au pouvoir depuis la fin de l'apartheid en 1994, est un soutien historique de la cause palestinienne. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait condamné lundi 10 mai, au nom de l’ANC, « les expulsions illégales de Palestiniens de leurs maisons » et « les attaques brutales contre les manifestants palestiniens » sur le Dôme du Rocher.
Le mardi 11, plusieurs centaines de Sud-Africains, se sont rassemblés comparant l'occupation israélienne au régime honni qu'ils ont connu. Réclamant la « fin de l'occupation illégale de la Palestine » et munis de drapeaux palestiniens, le cortège, emmené par une fanfare d'écoliers en uniforme bleu, a scandé « Libérez, libérez la Palestine !», « A bas, à bas Israël !» dans les rues du Cap, deuxième ville du pays.
« Des gens meurent, des gens sont déplacés, des gens sont blessés et sont traités injustement. Nous avons subi la même chose ici », affirme à l'AFP Tasneem Saunders, une professeur de 31 ans.
Dans un communiqué, la Fondation Desmond Tutu a appelé à mettre fin à des décennies de soutien au régime israélien de l'apartheid.
En 1989, l’archevêque anglican de la ville du Cap Desmond Tutu, prix Nobel de la paix en 1984, attestait de la similitude des destins palestinien et sud-africain : « Je suis un Noir sud-africain, mais si on devait substituer des noms de lieux à d’autres, ce qui se passe aujourd’hui dans la bande de Gaza et en Cisjordanie peut parfaitement décrire la situation qui prévaut en Afrique du Sud […]. Je souhaite l’application contre Israël de mesures de boycott semblables à celles qui frappaient l’Afrique du Sud dans les années 1980 ». Cela en écho à la célèbre citation de Nelson Mandela : « Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens ».
« Jusqu’au début des années 90, pratiquement tous les pays africains, étaient pour la Palestine »
Ahmed Manai, président de l’Institut tunisien des relations internationales, évoque l’évolution des relations entre les pays africains et la Palestine, et la normalisation qui fait son chemin avec Israël.
Comment s’est fait l’évolution des soutiens des pays d’Afrique pour la Palestine ?
Ahmed Manai : Le soutien des pays d’Afrique à la Palestine a changé au cours de ces dernières années. Dans les années 1970, 80 et même jusqu’au début des années 90, pratiquement tous les pays africains, arabes ou du sud du Sahara, étaient pour la Palestine, le droit des Palestiniens. Cela a commencé à changer avec la chute du mur de Berlin. Beaucoup de pays, sous la pression des États-Unis et de certains pays européens, ont reconnu Israël et ont abandonné leur soutien à la Palestine. Actuellement, avec tous ces pays arabes qui essayent de normaliser leurs relations avec Israël, cela pousse d’autres pays africains à entamer des pourparlers pour des relations normales.
Parmi les pays qui ont normalisé leurs relations avec Israël, il y a le Maroc et le Soudan, quels pourraient être les prochains pays africains à suivre leur exemple ?
Ahmed Manai : Le Maroc a toujours eu de très bonnes relations avec l’État d’Israël pour une raison bien simple : beaucoup de juifs marocains sont partis en Israël même avant l’indépendance du Maroc. La communauté juive marocaine est l’une des plus importantes en Israël. Cela a facilité un peu les bonnes relations entre le Maroc et l’État d’Israël. En Afrique, à un certain moment, la Mauritanie a entamé des relations avant de se désengager, puis se réengager. Le Tchad a une relation pas très claire avec Israël, mais d’une manière générale la plupart des pays africains ont plus ou moins entamé une normalisation de leur relation avec Israël. Après, est-ce qu’il y a un risque que le processus soit stoppé au vu des événements actuels ? Tout dépendra de l’issue de cette situation. Si l’Intifada continue, il y aura, au moins, un arrêt de cette course à la normalisation parce qu’il y a des droits imprescriptibles que connaissent les Africains qui ont connu la colonisation.
Comment des pays comme le Sénégal, la Tunisie, et l’Afrique du Sud, différents à bien des égards, ont pu garder un lien de soutien historique avec la Palestine ?
Ahmed Manai : Le Sénégal, je connais moins, mais c’est sûr que les pays africains à majorité musulmane sont pour les Palestiniens, même quand leur gouvernement est un peu plus hésitant. En Tunisie, la relation remonte à longtemps dès 1948, j’avais 6 ans. Il y avait beaucoup de personnes de ma génération qui étaient sensibles à la cause palestinienne. Et je constate que parmi les jeunes d’aujourd’hui, le sentiment est beaucoup plus vivace. Les jeunes de 20-25 ans qui ne connaissent pas l’exode des Palestiniens de 1948, sont les plus engagés.
L’Afrique du Sud, déjà du temps de la lutte contre l’apartheid, Nelson Mandela et les Sud-Africains étaient pour le droit des Palestiniens. Cela continue. Aujourd’hui, j’ai envie de dire que la position de l’Afrique du Sud est beaucoup plus claire que celle de certains pays arabes.
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OBJECTION AVEC DJIM OUSMANE DRAMÉ
Le chef du laboratoire d'islamologie de l'Ifan est l'invité de Baye Oumar Guèye sur Sud FM
Le maire de Kaffrin et porte-parole du Parti socialiste, fait le tour de l'actualité au micro de Maodo Faye, dans l'émission dominicale en Wolof.
par Gilles Yabi
AU BÉNIN, UNE TRAJECTOIRE POLITIQUE DANGEREUSE
Est-on vraiment obligé d’instaurer un climat de peur digne des régimes autoritaires pour construire des routes, pour améliorer l’accès à l’eau, à l’électricité, pour créer des cantines scolaires, pour digitaliser l’administration ?
Peu de Béninois auraient pu imaginer il y a encore trois ans qu’un scrutin présidentiel puisse être marqué par un climat de tension, de craintes de violences et de déploiement impressionnant de forces armées. L’élection présidentielle du 11 avril dernier au Bénin a offert un spectacle comparable à celui dont sont coutumiers nombre de pays du continent : intimidations et arrestations d’opposants avant et après l’élection, sélection des candidats autorisés à se présenter par le jeu de réformes institutionnelles et/ou de procédures judiciaires… et donc élimination de tout suspense et de toute substance au rendez-vous électoral.
Réélu avec 86% des suffrages exprimés, et un taux de participation officiel de 51%, bien plus élevé que celui estimé par un collectif d’organisations de la société civile ayant observé le scrutin, le président Patrice Talon ne semble pas du tout embarrassé par le rapprochement que l’on peut faire avec ses homologues réélus avec des scores fleuves comparables dans les pays les moins démocratiques du continent. Élu en 2016 avec un engagement fort d’instaurer un mandat présidentiel unique dans la constitution, Patrice Talon sera investi le 23 mai prochain pour son second mandat dans un contexte de malaise sans précédent.
De la promesse du mandat unique à un contrôle sans précédent des institutions et de l’espace politique
Le président a renoncé à la promesse du mandat unique et semble avoir choisi ce qu’il avait lui-même décrit avec précision comme étant la stratégie habituelle qui permet à chef d’État sortant de gagner une élection avant même de l’avoir organisée : neutraliser tous les adversaires politiques sérieux en les privant de moyens et de soutiens et contrôler toutes les institutions et les leaders d’opinion influents. Patrice Talon expliquait avec une grande conviction qu’il proposait le mandat unique précisément pour éviter ces pratiques contraires aux principes démocratiques.
Le président n’a jamais expliqué pourquoi, même après le rejet de la proposition du mandat unique par le parlement, il n’a pas choisi de ne pas solliciter un second mandat, ce qui aurait été le meilleur moyen de montrer les vertus du mandat unique et de convaincre qu’il y croyait vraiment. On est passé en trois ans de la promesse du mandat unique qui eût été une nouvelle innovation démocratique béninoise, après la conférence nationale des forces vives de 1990, à une réalité inquiétante.
Pour le président et pour ses ministres, il n’y a plus de manifestants, de citoyens en désaccord avec la gouvernance politique du pays, mais seulement des agresseurs, des mercenaires recrutés par des acteurs politiques qui veulent déstabiliser les institutions du pays. Le Bénin a rejoint la longue liste des pays du monde où les adversaires politiques sont très vite accusés de terrorisme. Des figures de l’opposition, l’ancienne ministre Reckya Madougou, et le professeur de droit constitutionnel Joël Aïvo, et des dizaines d’autres personnes, sont en prison depuis plusieurs semaines, soupçonnés de financement du terrorisme, d’atteinte à la sûreté de l’État ou d’autres accusations graves.
Pas de convocation préalable des personnes soupçonnées. Les arrestations se sont faites de manière spectaculaire et l’emprisonnement immédiat est la règle. Lorsqu’on connaît les conditions dans les prisons au Bénin comme dans tous les pays de la région, le signal qui est donné est clair, et il est dissuasif. Personne n’a furieusement envie d’aller dormir avec les rats, même quelques nuits. Les personnes arrêtées vont rester en détention plusieurs mois avant la tenue des procès. La cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, la Criet, une des innovations institutionnelles du président Talon, lutte sans doute efficacement contre l’impunité, ce qui est utile pour le pays, mais elle aussi devenue un acteur redoutable et décisif dans la compétition politique. La lutte contre l’impunité, lorsqu’elle est perçue largement comme sélective, perd l’essentiel de ses vertus pédagogiques.
Faut-il choisir entre démocratie pagailleuse et autoritarisme dangereux ?
Un certain nombre de Béninois pensent réellement que la démocratie n’a rien apporté au pays, qu’elle s’est muée en pagaille, en corruption, en enrichissement illicite des acteurs politiques, en grand partage de privilèges entre ces derniers pendant les dernières décennies, et qu’elle n’a pas conduit au « développement ». Patrice Talon a su s’engouffrer dans la brèche ouverte par ce sentiment de désillusion démocratique, en grande partie légitime, et dont il en a été aussi accessoirement un artisan majeur, en bailleur discret mais puissant des acteurs politiques pendant des années.
Les Béninois qui clament préférer le développement à une démocratie improductive ne voient pas que la menace aujourd’hui est celle d’une fragilisation sans précédent de la paix, de la sécurité et de la cohésion nationale. C’est une perspective beaucoup plus grave que celle que dessinait une démocratie même pagailleuse et corrompue. Lorsqu’on a travaillé pendant des années sur les pays qui ont connu des conflits armés, ou des crises politiques violentes et récurrentes en Afrique de l’Ouest, et lorsqu’on examine la situation sécuritaire et politique actuelle de la région, on ne peut pas rester silencieux face au tournant dangereux pris par un des rares pays qui a échappé jusque-là à de graves violences politiques et à des fractures de son tissu social.
Partout où la violence a fini par s’installer durablement dans les pratiques politiques, partout où la société s’est divisée à cause de la compétition pour le pouvoir et du recours à tous les moyens par les acteurs politiques, partout où la peur de voir le cours de sa vie stoppé ou altéré par l’installation d’un régime autoritaire qui ne tolère aucune voix critique, partout où les détentions arbitraires et toutes les humiliations infligées par ceux qui détiennent le pouvoir politique sont devenues banales, cela a commencé par le déni de la réalité. Prétendre que les conditions politiques de la tension, de la violence, de la peur et de la division n’ont pas été largement créées par les décisions conscientes du pouvoir actuel relève bien du déni.
Se poser des questions sur les années à venir avant qu’il ne soit trop tard
Le président Talon a en cinq ans enclenché des réformes importantes dans moult domaines de l’action publique, avec une manière de gouverner manifestement façonnée par son parcours de chef d’entreprise moderne, déterminé, exigeant, focalisé sur ses objectifs. Beaucoup de jeunes cadres béninois dotés d’une solide formation, d’expériences professionnelles probantes et de bonne foi se félicitent des signes de modernisation de la gestion des affaires publiques sous le président Talon, et y concourent notamment au sein des nouvelles agences qui incarnent la vision réformatrice du président. Ils ne semblent pas s’inquiéter du recul des libertés, de la disparition de tous les contre-pouvoirs et de ce que cela pourrait signifier pour les cinq prochaines années… et encore davantage pour l’après.
C’est pourtant le bon moment pour se poser quelques questions. Est-on vraiment obligé d’instaurer un climat de peur digne des régimes autoritaires pour construire des routes, pour améliorer l’accès à l’eau, à l’électricité, pour créer des cantines scolaires, pour digitaliser l’administration ? Est-il nécessaire de ramener le Bénin dans le groupe des pays africains où les élections, la séparation des pouvoirs, le respect des droits de l’homme relèvent de la farce parce qu’on voudrait en faire un pays moderne et « développé » ?
Quand le président Talon aura achevé son second, et a priori dernier mandat, en 2026, laissera-t-il un pays en paix, aux institutions plus solides, à la société plus soudée ? Et est-ce le bon moment pour voir des terroristes partout dans le champ politique alors que le pays partage avec ses voisins du nord, le Burkina Faso et le Niger, des espaces forestiers où circulent des gens qui ressemblent beaucoup à de vrais terroristes ? C’est le bon moment de se poser des questions avant que le Bénin n’aille trop loin dans une direction qui a déjà éloigné dans tant de pays du continent, et pour longtemps, les perspectives de paix, de sécurité et de progrès collectif.
L'ÉCONOMIE FRANÇAISE CONTINUE DE RECULER EN AFRIQUE
Mais il y a un facteur irrationnel qui continue à présenter la France, l'ancienne puissance coloniale, comme "pillant” les richesses du continent. Et qui pourrait en faire le reproche à ceux qui brandissent cet argument ?
A l’occasion du sommet africain du 18 mai à Paris, la DW fait le point sur la présence de la France et des autres pays sur le continent.
Le président Emmanuel Macron n'a pas hésité à parler d'un "New Deal” du financement des économies africaines pour aider les pays à surmonter le ralentissement de leurs économies lié à la pandémie de Covid-19.
Au-delà de la référence, souvent utilisée, au plan de relance mis au point par le président américain Franklin Roosevelt pour sortir son pays de la grande dépression des années 1930, ce sommet du 18 mai, auquel vont participer une dizaine de chefs d'Etat africains, sera d'abord chargé d'aborder la question de la dette du continent.
Celle-ci a quasiment triplé entre 2006 et 2019, selon une étude conduite par le Trésor français qui rappelle que le Fonds monétaire international estime à 290 milliards de dollars les besoins de financement externe africain pour 2020-2023.
Mais ce sommet est aussi l'occasion de critiquer, avec passion parfois, la présence de la France qui, soixante ans après les indépendances, continuerait d'exploiter les richesses du continent.
Une bonne raison donc pour faire le point sur certaines idées reçues.
La France talonnée par l'Allemagne
Commençons par les exportations. En vingt ans, la France a perdu près de la moitié de ses parts de marché en Afrique par rapport à la concurrence, passant de 12% à 7%. "Les exportations françaises ont doublé sur un marché qui a quadruplé, d'où une division par deux de nos parts de marché”, affirme l'ancien ministre Hervé Gaymard dans un rapport rendu en 2019.
Entre 2000 et 2017, les exportations françaises vers le continent africain auraient ainsi doublé de 13 à 28 milliards de dollars mais "sur un marché dont la taille a quadruplé d'environ 100 à 400 milliards de dollars d'exportations”, poursuit le rapport.
En clair : le gâteau aurait quadruplé de volume mais les Français auraient progressé moins vite que la concurrence.
Il est difficile de vérifier si cette vision d'un marché allant plus vite que les capacités françaises est juste mais une chose est sûre : les chiffres sont confirmés par l'Observatoire de la complexité économique qui compile les données du commerce international.
Ainsi, avec un volume de 29,4 milliards de dollars de marchandises exportées sur le continent africain en 2019, la France est désormais talonnée par les Etats-Unis, l'Allemagne et même l'Afrique du Sud.
On est donc loin de l'image du domaine réservé, le recul Français étant même plus prononcé en Afrique francophone. Ceci explique peut-être pourquoi le président Emmanuel Macron cherche des alternatives en orientant sa stratégie vers les pays anglophones.
Par ailleurs, les exportations françaises sur le continent africain sont faibles en rapport de la totalité. Elles ne représentent que 5% de l'ensemble des biens et services exportés par la France chaque année.
Les Pays-Bas investissent plus que la France
Le chiffre des exportations est aussi à mettre en parallèle avec un autre : toujours en 2019, l'Afrique n'accueillait que 4% des investissements français (les IDE, investissement directs étrangers).
Selon l'Agence Ecofin, les intérêts économiques français sont logiquement d'abord dirigés vers les pays européens (67%), l'Amérique du Nord (17%), l'Asie (8%) et, détail inattendu, même l'Amérique latine, avec 5% des IDE français, devance l'Afrique, ce qui relativise l'image d'un pays tirant une grande partie de sa richesse de ce continent.
Si on considère cette fois les stocks de ces investissements (leur cumul), la France est une nouvelle fois distancée par la Chine et un autre acteur auquel on pense moins souvent : les Pays-Bas.
Pourquoi ce petit pays investit-il autant en Afrique ? La présence sur le sol néerlandais de nombreuses holdings et sièges de groupes internationaux, attirés par une fiscalité avantageuse, explique ce paradoxe.
Ces données sont à retrouver dans le World investment report 2020, établi par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).
Malgré tout, si la France est "bousculée” en Afrique, si elle ne cesse de perdre des parts de marché depuis le début du XXIe siècle, il faut tout de même constater que ce pays, même devancé, se classe toujours dans le trio de tête en matière d'exportations et d'investissements sur le continent.
Mauvaise image de la France
Mais il y a un facteur irrationnel dans ce dossier qui continue à présenter la France, l'ancienne puissance coloniale, comme "pillant” les richesses du continent. Et qui pourrait en faire le reproche à ceux qui brandissent cet argument ?
Les faits économiques démentent en partie, comme nous venons de le voir, cette réalité. Mais la mauvaise image de la France est avant tout entretenue par la présence de ses militaires dans le Sahel, une politique difficile à défendre auprès des populations qui se demandent pourquoi il y a encore des "bottes françaises” sur le sol africain.
La deuxième édition d'Africaleads, le "baromètre des leaders d'opinion en Afrique", réalisé par l'institut IMMAR auprès de responsables politiques, religieux, de représentants de la société civile mais aussi d'artistes et d'influenceurs, montre qu'au-delà de la réalité économique, c'est avant tout l'image de la France qui a été endommagée sur le continent.
Alors que parallèlement, celle de l'Allemagne se maintient au plus haut, seulement devancée par les Etats-Unis.
Interrogés sur les trois pays non-africains dont ils ont la meilleure image, le public ciblé par cette enquête donne des réponses qui illustrent un sérieux décrochage de la France vis-à-vis de l'ensemble des autres puissances.
L'Allemagne inflige à la France un écart de 19 points et le Royaume-Uni, lui aussi une ancienne puissance coloniale, devance désormais la France dans l'esprit des Africains interrogés. Ce qui n'était pas le cas lors du précédent sondage.
Ceci s'explique sans doute par le fait que l'échantillon de 2.400 personnes interrogées, qui ne couvrait que huit pays francophones lors de la précédente édition, s'est élargi cette fois au Nigeria, à l'Egypte, à l'Ethiopie et au Kenya.
L'ESPOIR RENAÎT À BISSINE
Ses habitants, déplacés un soir d’octobre 1992 à cause du conflit casamançais, débordent d’enthousiasme depuis qu’ils ont commencé à humer l’air de leur terroir retrouvé après bien des péripéties
Bissine revit. Ses habitants, déplacés un soir d’octobre 1992 à cause du conflit casamançais, débordent d’enthousiasme depuis qu’ils ont commencé à humer l’air de leur terroir retrouvé après bien des péripéties.
Bissine, terre de souvenirs douloureux et de grandes espérances. Le 9 octobre 1992, le cours de l’histoire de ce village, constitué à l’époque de cinq grands quartiers, a pris un tournant critique. Ce patelin a été le théâtre d’actions violentes pour déloger des combattants du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc). Des demeures avaient été bombardées, des villageois tués. « Ce fut un vendredi tragique », confie le coordonnateur du Comité de concertation pour le retour des populations déplacées, Malamine Diédhiou. Cinq jeunes avaient trouvé la mort ce jour-là à Bissine à l’issue de ces assauts. Les populations, traumatisées, ont pris la fuite vers le Sud, notamment à la frontière avec la Guinée-Bissau, abandonnant ainsi leur terroir. Les Bissinois étaient installés le long de l’axe San Domingo-Bissau et d’autres ont préféré rejoindre l’intérieur de ce pays voisin.
Craignant pour leur sécurité, ils avaient décidé de s’y installer en attendant que le calme revienne dans leur village. Mais que l’attente fut longue ! Les espoirs d’un retour ont été, pendant longtemps, déçus. Bissine tombe entre les mains des combattants du Mfdc qui contrôlent alors tout le territoire et les plantations. À la 25ème année de leurs interminables « errances », 18 Bissinois, sans le feu vert des éléments du Mfdc, tentent un retour risqué vers leur terroir. L’armée sénégalaise, qui avait pris l’initiative d’ouvrir l’axe Diagnon-Niadhiou, les accompagne dans ce processus. Les 18 cobayes, avec le soutien des soldats sénégalais, réussissent alors à s’installer à Bissine en 2008.
Ce retour aux sources n’a duré que 24 heures. La « colonie des 18 » n’a pas eu le temps de savourer ce come-back et de prendre leur petit-déjeuner sur place. Car les rebelles ont débarqué sur les lieux pour les déloger alors qu’ils dormaient encore. « C’était un samedi. Très tôt le matin, les combattants sont arrivés à Bissine pour nous amener manu militari vers le Sud. Pendant presque quatre jours, nous étions leurs otages. Quand ils ont su que l’État sénégalais n’allait pas intervenir dans ce dossier, ils nous ont relâchés de l’autre côté de la Guinée-Bissau. C’était éprouvant et terrifiant », se remémore Malamine Diédhiou.
Après cet échec, les villageois changent de fusil d’épaule en privilégiant la voie diplomatique. Ils décident ainsi d’engager des pourparlers avec les combattants du Mfdc et l’autorité administrative, notamment le sous-préfet de l’arrondissement de Niaguis d’alors (Mamadou Lamine Goudiaby) et le Gouverneur de la région de Ziguinchor.
Le courrier qui a tout changé
C’est en 2017 que la concertation a été formalisée en mettant en place un comité devant s’adresser aux villages désireux de retourner chez eux. Treize villages de l’arrondissement de Niaguis et un autre de la commune de Kaour (Singhère Diola), dans l’arrondissement de Djibanar, ont alors été concernés par les négociations. Mais, le Mfdc campe toujours sur sa position, demandant aux villageois de ne tenter aucune action pour un retour. L’engouement des populations est freiné. Mais le temps continue de faire son œuvre.
En 2019, le Comité de concertation pour le retour des populations déplacées adresse une correspondance au Chef de l’État, Macky Sall, avec une seule doléance : le retour des déplacés. Et rien que cela. Une requête à laquelle accède le Président Sall par le biais du Gouverneur Guédj Diouf. En 2020, l’autorité répond à l’appel des populations en organisant des opérations de sécurisation devant permettre aux habitants de rentrer. La zone est alors libérée par les forcées armées sénégalaises. Et le 5 juillet de la même année, les Bissinois, déterminés et accompagnés par l’armée, effectuent leur retour au bercail. Bissine devient ainsi le symbole du renouveau et d’une paix progressive.
Anéanti par le conflit vieux de près de quatre décennies, Bissine renaît progressivement de ses cendres. Pour se rendre dans ce village situé dans la commune rurale d’Adéane (département de Ziguinchor), il faut se tenir prêt à affronter, à partir de Diagnon, une piste latéritique et très poussiéreuse. Après quelques minutes de route, un site bien propre et abondant d’installations de huttes s’offre au visiteur. C’est le nouveau village de Bissine, jadis créé par les Bainounk. Un patelin paisible et calme qui, il y a près de 30 ans, avait été vidé de ses habitants, laissant derrière eux troupeaux et plantations d’anacarde. Mais, depuis juillet 2020, la donne a changé avec le retour imminent des populations. Aujourd’hui, 339 ménages sont sur place et tentent, avec le soutien de l’État du Sénégal et de ses partenaires techniques et financiers, de développer le terroir de leurs ancêtres. Ici, il n’y a pas encore de maisons en zinc. Par contre, dit-on, le Gouvernement, par le biais des services régionaux de l’Urbanisme et du Cadastre, y a déjà entamé un processus de lotissement pour offrir à plus de 2.000 personnes un cadre de vie convivial.
La renaissance d’une terre meurtrie
Pour faciliter le retour et améliorer les conditions de vie des populations, le Programme d’urgence de modernisation des axes et territoires frontaliers (Puma) a octroyé à 35 chefs de ménage trois tonnes de ciment, 120 tôles et des lattes de rônier, et une Ong américaine s’est occupée de la couverture.
Dans ce village, les premières demeures « modernes » sont attendues vers la fin de l’année. En attendant, les villageois entendent porter toutes les initiatives de développement au profit des générations actuelles et futures.
Doté d’un puits et de panneaux solaires, Bissine, surveillé de près par les « Jambaar » qui y ont érigé leur poste, se relève petit à petit. D’ailleurs, il est prévu dans ce village la construction d’un mini-forage afin de permettre aux populations de disposer de l’eau potable. D’après le coordonnateur du Comité de concertation pour le retour des populations déplacées, tous les habitants qui sont rentrés ont pour objectif de « travailler d’arrache-pied » pour faire de Bissine ce qu’il était avant le déplacement forcé : une terre paisible. Ici, on loue l’« implication décisive » du Chef de l’État et le « professionnalisme de l’armée », dixit Malamine Diédhiou. À Bissine, on entonne désormais l’hymne de la paix. Celle-ci se construit. Le village dispose d’une école publique élémentaire du CI au Cm2 construite avec des matériaux de fortune.
Le conflit en Casamance a provoqué 52.800 déplacés dont des réfugiés en Guinée-Bissau et en Gambie, a révélé, en 2014, l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance (Anrac). Peu à peu, des déplacés reviennent au bercail.