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26 juin 2025
LE FEU BRÛLE TOUJOURS À GADIAGA
3 mois après l'incendie, le feu n'est toujours pas maîtrisé en dépit du renfort de l'Américain Halliburton. Sur place, les communautés vivent dans le désarroi avec le sentiment d'être abandonnés à leur sort
Retour à gadiaga , sur les lieux de l'incendie du puits de gaz.
3 mois jour pour jour, le feu n'est toujours pas maîtrisé en dépit du renfort de l'Américain Halliburton.
Sur place, les communautés vivent dans le désarroi avec le sentiment d'être abandonnés à leur sort de devoir cohabiter avec un puits de gaz en flamme.
A son corps défendant, Adji Raby Sarr, cette jeune femme devenue célèbre malgré elle, est le révélateur d’une Nation qui couve un sacré quiproquo entre les générations, d’un peuple en rupture de confiance avec les décideurs d’une République à l’arrêt
Nous ne remercierons jamais assez madame Adji Raby Sarr de nous administrer la preuve que le débat public est tombé bien bas, au pays de …Senghor. A hauteur de ventre et de bas-ventre, précisément. Explication de sexe ?
A son …corps défendant, Madame Adji Raby Sarr, cette jeune femme devenue célèbre malgré elle, est le révélateur d’une Nation qui couve un sacré quiproquo entre les générations, d’un peuple en rupture de confiance avec les décideurs d’une République à l’arrêt. Les quelques jours fous, fous, fous de ce Sénégal si paisible habituellement nous mettent en face de nous-mêmes : on en a tant sur le cœur que ça ne peut plus continuer.
Les émeutes de la faim, qui se traduisent surtout par le saccage et le pillage des grandes surfaces, expriment le ras-le-bol d’une populace que la pauvreté déshumanise. En réalité, cela fait longtemps que notre économie tourne au ralenti… En plus des contreperformances d’un pays sous-développé en quête d’émergence, depuis les législatives de 2017, nous ne travaillons plus vraiment. Les politiciens qui ont le bon goût d’occuper les postes de décisions de la République, depuis lors, n’ont plus de temps à consacrer aux affaires courantes, surtout quand s’y ajoute la présidentielle, la mère des élections, celle par quoi tout commence et tout finit.
Et puis, alors qu’on se demande comment solder la dette intérieure de près de 1.000 milliards CFA tandis que les chefs d’entreprise tirent la langue, arrive le corona virus. Tant mieux ? Il est le bel habillage pour constater la crise profonde de notre économie. Pensez donc, dans un pays de tels croyants, les Sénégalais, qui ose s’indigner de la volonté divine de nous faire expier nos fautes ? Pleins-pouvoirs à celui qui en a déjà trop, couvre-feu, Etat d’exception, consensus contre-nature et interdiction de rechigner.
Et donc, le peuple est prié de rester cloîtré entre quatre murs pendant que les privilégiés circulent avec des laisser-passer aux heures indues et se font masser par des filles perdues.
La première des conclusions à en tirer : Sa Rondeur Sérénissime Macky Sall est mal réélu. Bien sûr, légalement, à 58 %, rien à dire, puisqu’il gagne haut la main la présidentielle de 2019. Nous n’en sommes plus à l’époque où le bourrage d’urnes fait gagner un scrutin. Seulement, il y a cette part d’ombre dans l’élection, sa négociation avec le Père Wade, titulaire de pas moins de 17 % des électeurs en 2017 et qui lui cède une bonne part de son électorat contre des promesses que Sa Rondeur semble avoir du mal à honorer. Premiers signes : dès son élection, le patron de Benno Bokk Yakkaar fait le vide de ses cadres… Dionne descend de son piédestal de Premier ministre, Aly Ngouille Ndiaye retourne dans ses champs, Amadou Bâ est exilé, Mimi Touré s’inscrit au chômage. Il supplie la classe politique de se mettre autour d’une table pour palabrer avant le casting, serre la vis de l’administration qui économise des bouts de chandelles depuis 2019. Mieux, il blinde son pouvoir exécutif contre un éventuel revers aux législatives, en coupant au Parlement toute possibilité de s’opposer au vote de ses budgets jusqu’en 2024.
Puis, Sa Rondeur recrute dans l’opposition… Il fait tant et si bien que même son challenger, l’arrogant Idrissa Seck soi-même, ne résiste pas aux chants des sirènes et s’oblige à des contorsions linguistiques pour expliquer ses reniements. Résultat des courses : avec ses 58 % de voix, auxquelles s’ajoutent les 20 % d’Idy2019, le futur candidat Macky Sall à la présidentielle de 2024 est quasiment assuré de rouler à tombeau ouvert vers la victoire. C’est le style qui fait l’homme, et la perspective d’un Ousmane Sonko, le dernier opposant irréductible en prison pour les prochaines années, quel que soit le motif, est devenue inacceptable : cela rappelle bien trop le sort qu’ont connu Karim Wade et Khalifa Sall avant 2019.
Sauf que la rue vient de lui signifier que sa supposée candidature pour 2024 est d’ores et déjà intolérable, en laissant 14 cadavres par morts violentes dans les rues, de Bignona à Dakar, obligeant l’Armée à sortir des casernes.
Quand la Grande Muette sort des casernes pour rétablir l’ordre, cela signifie que la République est au bord de l’abîme. Le message est-il assez clair ou faut-il augmenter le volume lors de la « deuxième vague » ?
En attendant, l’Etat de catastrophe sanitaire est levé et chacun peut retourner à ses activités normales. Les affaires reprennent donc, que veut de plus le peuple ?
Ça cause, ça cause et s’égare ? Tout ceci nous éloigne un peu de ce qui est à son origine : une bien glauque Sonkonnerie.
A part les juges ainsi que la société nationale des voyeurs, qui souhaite vraiment entendre l’honorable député s’exprimer sur le fond de cette sordide affaire ? Manifestement, il n’en sera rien et malgré la fanfaronnade, personne n’a envie de ce procès qui dénude la drôle de pudibonderie du principal concerné…
Pour l’heure, à défaut d’une explication de sexe, l’honorable Monsieur Ousmane Sonko nous sert plutôt une version sanglante et bien tragique de L’Os de Mor Lam : qu’on l’enterre avec son secret. Et son rapprochement avec Ahmed Khalifa Niasse permet de croire qu’une solution négociée à l’amiable se profile. On ne le dira jamais assez, n’est-ce pas, c’est le style qui fait l’homme.
En attendant, à chacune de ses sorties devant les médias durant lesquelles aucune question n’est permise, il renie sans sourciller ce qu’il annonce la fois précédente… Un premier communiqué pour rassurer tout le monde : c’est une affaire cousue de fil blanc. Puis, un face-à-face avec des journalistes aphones, pour annoncer son diplomatique mal de dos et les soins nécessaires que lui prodiguent avec dextérité Adji Sarr (toujours en tandem avec une autre masseuse si l’on comprend bien), et rappeler qu’il est député, jouit d’une immunité parlementaire et ne répondra devant la justice que lorsqu’elle sera levée. Il en profite pour appeler ses ouailles à un « mortal kombat », ce sont ses termes.
Petite précision quand même : la première épouse de l'honorable député Ousmane Sonko est ...kinésithérapeute. Le monde est décidément trop petit ! Qu’à cela ne tienne, la convocation doit lui être envoyée un lundi matin, en pleine pandémie… Ses partisans sont déjà là, oublient les gestes barrières, ceinturent son domicile et affrontent la police que l’on soupçonne de vouloir le kidnapper.
Premières échauffourées.
Qu’à cela ne tienne, puisque le khalife du PASTEF l’exige, faut donc lui faire cet insigne honneur : son immunité parlementaire est levée. Sauf qu’il n’est pas d’accord avec la manière dont la majorité parlementaire, du camp des comploteurs, procède. Donc, c’est nul et non avenu. Il ne répondra pas à un faiblard de juge, manipulé par un procureur louche, aux ordres d’un ministre taré, sous la coupe d’un président suspect… Ça en fait beaucoup, en effet, contre un seul honnête et faible concitoyen coupable d’une maladie de dos congénitale et d’être le chouchou de plus de 15 % de l’électorat en 2019.
Pour rappel, depuis 1960, seuls sept candidats à la présidentielle ont fait plus de 15 % : Léopold Sédar Senghor, Abdoulaye Wade, Abdou Diouf, Moustapha Niasse (par miracle au premier tour en 2000), Macky Sall, Idrissa Seck (tardivement, en 2019) et …Ousmane Sonko. Et donc, deuxième sortie pour annoncer qu’il faudra venir le chercher et le traîner de force devant le juge. Monsieur l’honorable pape de la Sonkonnerie prévient : il se porte comme un charme, ne traîne aucune maladie qui justifierait qu’on le retrouve mort pendant la prise d’assaut de son domicile, son transfert vers le palais de justice ou sa plus que prévisible incarcération.
La veille de sa convocation, coup de théâtre : son marabout et ses avocats le ramènent à la raison, il rappelle la presse qui accourt ventre à terre pour boire sa bonne parole… Conclusion : malgré les, euh, …vices de formes, il va gentiment déférer à la convocation du juge pour sauver la paix sociale et éviter une tragédie nationale… Tu m’étonnes ! Rien n’y fera : en cours de route, quiproquo avec les forces de l’ordre sur la route du tribunal et ça dégénère pendant trois jours. Garde-à-vue, et les « comploteurs » lui rajoutent de nouvelles charges pour « troubles à l’ordre public et participation à une manifestation non autorisée ».
Entre-temps, la rue s’embrase, le pays est mis à feu et à sang, et les bonnes volontés s’activent pour éviter l’irréparable alors que la République résiste difficilement à l’appel de l’abîme.
Tout est bien qui finit bien, puisqu’il s’en tire avec un contrôle judiciaire, et peut rentrer chez lui après son face-à-face avec le doyen des juges, le précédent, qualifié de « faible » jetant l’éponge sous prétexte qu’il a peur de sa femme, une Diola… Défense de ricaner !
Ousmane Sonko, une fois sorti des griffes de l’implacable Doyen des juges de sinistre réputation, parade partout depuis lors et crie victoire. Théâtral, il fanfaronne et pose ses exigences à Macky Sall, rencontre du beau monde, recueille des prières, compte ses nouveaux amis…
Mais ça ne nous dit pas ce qu’il se passe entre lui et Madame Adji Raby Sarr qui, elle, décide d’affronter la presse, servir sa version et répondre aux questions en présence de son avocat dont le profil fantasque n’inspire pas vraiment la commisération, même s’il est victime d’un saccage de son domicile.
La mise en scène également, laisse songeur : une masseuse voilée qui nous apparaît sous un habit de femme trop pieuse pour être honnête… Elle a les traits tirés, semble effrayée, épuisée et à bout de forces. Manifestement, elle veut en finir, procès ou pas, prête à retirer sa plainte si l’outrage que lui fait son bourreau est reconnu.
En fait, quand elle raconte son calvaire, elle n’a aucune chance d’être crue. Surtout qu’elle a de bien mauvaises fréquentations, dont, entre autres, un militant de l’APR…
C’est bien pour cela que je la crois quand elle nous raconte ce qu’elle vit dans sa chair. Personne ne peut se mettre à sa place ni le raconter mieux qu’elle. Je crois tout ce qu’elle dit, surtout parce qu’elle n’a que sa vérité pour elle, la société l’ayant déjà condamnée : pensez donc, une masseuse, cet autre nom de la prostituée !
VIDEO
DIANO BI AVEC MOUSSA BALDÉ
Le ministre de l'Agriculture fait le tour de l'actualité au micro de Maodo Faye, dans l'émission dominicale en Wolof
Il est omniprésent. A Brazzaville comme dans les villages les plus reculés de la République du Congo, son visage placardé partout affiche le même sourire confiant, le même air goguenard. Mur après mur, des dizaines de paires d’yeux fixent les passants, les exhortent à « poursuivre la marche », à opter pour « le changement dans la continuité ».
A 77 ans, dont presque trente-sept à la tête de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso brigue, dimanche 21 mars, un quatrième mandat. Et, contrairement aux apparences, il n’est pas le seul candidat.
Face à l’indéboulonnable président congolais, six hommes mènent une campagne plus discrète : les deux anciens ministres Guy-Brice Parfait Kolélas et Mathias Dzon, le député Joseph Kignoumbi Kia Mboungou, l’ancien officier Albert Oniangué, l’inspecteur des douanes Anguios Nganguia Engambé, et le benjamin, Dave Mafoula, 38 ans, sans étiquette. Dans les grandes villes, on croise parfois leur nom au détour d’une affiche. Pas de pick-up, de mégaphone tonitruant ou de distribution massive de tee-shirts pour les concurrents du président-candidat.
Peu importe. Le scrutin du 21 mars suscite peu d’enthousiasme. A l’exception des militants de la formation au pouvoir, le Parti congolais du travail (PCT), la plupart des Congolais sont résignés. Critiquant les conditions d’organisation du scrutin, et « l’impossibilité de garantir la crédibilité et la sincérité des résultats », l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), principale formation d’opposition du pays, n’a en effet présenté aucun candidat. « Tant que Denis Sassou-Nguesso est en vie, il n’y a rien à faire si on veut le changement », résume Jean, un fonctionnaire.
« L’Empereur »
L’abstention, faute de suspens, s’annonce donc élevée. « Je n’ai jamais voté parce qu’on connaît le résultat à l’avance ! », soupire David, 34 ans, sans emploi. Et comme le souligne Séraphin, un chauffeur de taxi de Pointe-Noire, « il n’y a pas d’opposant solide, aucun enjeu. Les vrais opposants sont ceux qui refusent de participer ». Les manifestations sont interdites depuis 2020 en raison de la pandémie de Covid-19.
L’ambiance était tout autre lors de la dernière élection présidentielle, en 2016. Porté par la contestation née en 2015 contre le remaniement de la Constitution permettant au président de briguer un troisième mandat, le général Jean-Marie Michel Mokoko avait réussi à mobiliser un grand nombre de Congolais derrière lui. Mais, après avoir appelé à contester la réélection de « l’Empereur », l’opposant a été arrêté et condamné à vingt ans de prison en 2018 pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ». Un autre ex-candidat, André Okombi Salissa, purge la même peine pour le même chef d’accusation.
EXCLUSIF SENEPLUS - Par quel bout prendre l’histoire de cette « légende » d’une Histoire riche d’un siècle bien rempli ? Avec l’art du chirurgien, Mamadou Lamine Sagna sait sortir des entrailles de son vieil ami, les tréfonds d’une histoire magnifique
Ousseynou Bèye de SenePlus |
Publication 21/03/2021
Raconter Amadou Matar Mbow ? Oui, mais comment raconter une Légende ?
« Amadou Mahtar Mbow, une légende à raconter ». C’est sous forme d’’Entretiens’ que Mamadou Lamine Sagna a choisi de nous conter cet éclaireur du siècle. Un pari, une gageure. Comment en effet, et par quel bout, prendre l’histoire de cette « légende » d’une Histoire riche d’un siècle bien rempli ?
Ce pari, Amadou Lamine Sagna le relèvera de la plus belle des manières. Avec l’art du chirurgien dont le bistouri ne laisse échapper aucun déchet, il sait sortir des entrailles de son vieil ami, les tréfonds d’une histoire magnifique, jusque dans ses moindres détails.
Mamadou Lamine nous confit d’ailleurs, dans son avant-propos, un aveu :
Eh oui, je ne pouvais rater aucune occasion d’aller à une source aussi limpide et puissante qui comme dans un jaillissement, m’offrait généreusement son enfance, son éducation, ses combats, ses pensées, et, qui en me les gratifiant, me racontait un siècle du Sénégal et du monde.
Il n’y a que des amis pour se parler de cette façon où les rêves, les idéaux et les convictions, les pensées intimes, sont étalés au grand jour ; mais aussi les défis, les difficultés, les déceptions, voire les doutes qui sont soumis à la lumière crue, au grossissement du microscope.
On pourra s’étonner de ce que cet homme, j’allais dire ce monument de cent ans, arrive, à travers ses plus lointains souvenirs, à démêler un tel écheveau, nous faisant même revivre les anecdotes les plus croustillantes des péripéties d’une jeunesse pas de tout repos ! Et avec quelle aisance, et avec quelle élégance !
Le mot de la fin, l’épilogue, nous sera gracieusement servi par madame Mbow. Si nous pouvions le dire trivialement, ‘cela vaut le détour !’ Et nous y reviendrons.
Mais n’allons pas trop vite en besogne : avant de rencontrer Amadou Mahtar Mbow, l’intellectuel, l’érudit, le politique, grand monsieur qui occupera pendant treize années le poste Secrétaire général de l’UNESCO (le plus long ‘règne’ à cette station dans l’histoire de cette institution), il va nous falloir d’abord découvrir le jeune homme intrépide, le baroudeur que très peu de ses admirateurs connaissent. Et encore avant cela, devrons-nous faire connaissance avec le garçon d’une rare intelligence qui a eu la chance de recevoir une éducation des plus exemplaires.
Au bout du compte, nous aurons notre compte : « un siècle du Sénégal et du monde » qui nous sera narré.
Une enfance et une adolescence sages
Amadou Mahtar Mbow est né à Dakar le 20 mars 1921. Citoyen français puisqu’ayant inspiré l’air de ce monde pour la première fois dans l’une des “Quatre Communes” de l’Afrique-Occidentale Française de l’époque. “J’ajouterai même à 17 heures”, confiera t-il, méticuleux. Le centenaire ira jusqu’à nous préciser le nom et l’histoire de la clinique qui l’a accueilli sur cette bonne vieille Ttrre !
La famille va déménager à Louga où le petit garçon va passer toute sa jeunesse. À 13 ans, il perd sa mère et sera élevé par une des épouses de son père. Cette tante qu’il considérera comme sa vraie mère car ayant reçu d’elle tout ce qu’un enfant pouvait attendre de sa mère biologique. “À dire vrai, c’était ma mère véritable’, confie-t-il encore, avec beaucoup d’émotion.
Ainsi, sa “mère véritable” qui prendra soin de son éducation ne manquera pas de l’abreuver de contes et légendes :
Till le chacal, Njamala la girafe, Lëg le lièvre l’animal malin, et Buki l’hyène l’animal bébête, méchant ; Ñay l’éléphant la force tranquille, Gaynde le lion, roi des animaux et qui est parfois rappelé à l’ordre par l’éléphant lorsqu’il outrepasse ou abuse de son pouvoir…
C’est à travers ces contes et légendes que les valeurs de la société étaient inculquées au jeune garçon, comme à tous ceux de son âge. La mère transmettait aussi à son enfant les connaissances et le sens écologiques, l’histoire des hommes dans ce Waalo si riche en faits d’armes, mais aussi en actes héroïques bâtis dans le sens de l’Honneur, le Ngor, le Jom…
Le baobab est en gestation dans la frêle plante.
Le Waalo ? Le professeur d’Histoire et de Géographie nous prodigue au passage, avec la complicité de l’impitoyable investigateur qui le soumet à une batterie de questions les unes plus perspicaces que les autres, des cours magistraux d’une préciosité rare sur le Gànjóol ; sur les ports fluviaux, les transports terrestres comme ferroviaires ; sur le développement de la ville de Louga, l’entrée dans la modernité, sans oublier les subtilités… de l’art culinaire !
Très tôt l’enfant commence ses humanités:
C’est à l’âge de 5 ans que mon père m’a envoyé à l’école coranique chez le grand érudit Malik Sall.
L’école coranique, c’est bien sûr l’apprentissage des versets du Livre saint. Mais c’était aussi les pérégrinations pour la recherche du bois de chauffe pour le maître coranique. C’était aussi la quête quotidienne de l’aumône. Cependant, qu’on ne s’y rompe pas, cette pratique n’avait rien à voir avec le spectacle désolant que nous offrent aujourd’hui les taalibe (enfants de la rue ?) qui mendient, dans la saleté la plus crasse, la pitance du maître, dans les rues de Dakar notamment !
L’école coranique était un vrai lieu d’éducation. La demande de charité s’inscrivait plutôt dans une forme d’éducation, c’est-à-dire qu’on nous enseignait l’humilité. On nous habituait d’abord à ne mépriser personne...
Le petit Mahtar fut envoyé à ‘l’école française’ en 1929, c’est à dire à l’âge de 8 ans, après moult hésitations de son père qui finit par céder, notamment aux demandes insistantes du député Blaise Diagne qui venait rendre visite au grand électeur qu’était le pater. Cette école française sera le premier théâtre où l’enfant sera confronté au racisme, face à un directeur d’école français qui tenait des discours méprisants qui étaient cependant loin d’impressionner le jeunot ; “Cela renforçait au contraire notre africanité.”
Le Certificat d’Études primaires en poche, les Cours commerciaux de la Chambre de Commerce lui furent ouvertes, sur sa demande à son père, pour se préparer à une carrière vers l’administration. À l’âge de 17 ans, le jeune homme sera recruté comme commis d’administration. Tout en suivant les cours du soir de… l’Aviation populaire. Il était en effet était “très attiré par l’Armée de l’Air”.
Il ne serait pas sans intérêt de relever que, dans le même temps, le jeune Mahtar était scout, chef de “clan” et commissaire des éclaireurs de Dakar.
Certes, une enfance et une adolescence bien remplies, mais somme toute, celles d’un garçon bien sage et bien couvé.
Là encore, avant de fermer cette séquence de vie, nous sommes gratifiés d’un cours magistral sous l’interrogatoire perspicace de l’auteur. Cette fois-ci nous avons droit à une monographie sur le système scolaire en vigueur à l’époque au Sénégal et dans l’ex-Afrique-Occidentale Française.
C’est dire que le tour que nous avons le bonheur de faire sur le cursus de ce géant du siècle dernier ne sera pas gratuit, au final; nous apprenons tout au long de ce parcours du combattant : l’histoire, la géographie, la géopolitique même, la politique et l’idéologie, le système scolaire, les techniques de dépannage dans l’aviation… l’art culinaire, tout y passe !
Une jeunesse tumultueuse d’engagement militaire
En 1939 éclate la Deuxième Guerre mondiale. Mahtar n’hésite pas: volontiers, il se présente “engagé volontaire”:
Moi j’avais décidé de m’engager, au lieu d’attendre qu’on m’appelle. Nous avions déjà des antécédents dans la famille, avec mon grand-père maternel et un de ses fils, qui furent tirailleurs. D’autre part, après avoir eu vent de la campagne de propagande nationaliste et raciste déclenchée dans l’Allemagne de Weimar et que l’on a appelée la Honte Noire, j’ai évidemment voulu m’enrôler pour lutter contre le racisme.
La nouvelle recrue quitte Dakar pour la France, pour la première fois, à l’âge de 19ans. Il arrive à Marseille par le bateau, plutôt dépaysé et angoissé. Le 10 mai 1940, c’est l’offensive allemande qui débute, les cours techniques sont suspendus pour laisser la place aux entraînements militaires. Face à l’offensive allemande, le repli de l’école est décidé et le soldat Mahtar Mbow est désigné en même temps que deux sergents pour assurer la liaison. Il s’en est fallu de peu pour que le groupe tombât dans le piège d’une unité allemande. Première chaude alerte.
Le groupe arrive à Dinard, ville qui vient d’être occupée par les Allemands, et il est demandé à tous les soldats français de se rendre à la caserne. Le soldat Mbow n’est pas de cet avis:
C’est à ce moment-là que j’ai dit à mes compagnons d’armes qu’il n’était pas question de me livrer aux Allemands comme ça pour trois raisons: « je suis Sénégalais, je suis engagé volontaire et vis-à-vis des Allemands je suis encore soldat » et que j’allais tenter de passer par l’Angleterre pour rentrer au Sénégal. Je leur ai demandé de me trouver une boussole et une lampe torche, et leur ai répété que la nuit tombée, j’essayerai de m’embarquer pour l’Angleterre.
Malgré des tentatives répétées, ce projet ne sera point couronné de succès. Accueillis dans une grande famille au bord de la mer, ils tombent pratiquement dans les bras d’une famille généreuse qui leur offre le gîte et le couvert, moyennant quelques menus travaux domestiques. Mahtar n’oubliera jamais tout au long de sa vie ses bienfaiteurs dont le souvenir lui reste encore comme une marque indébile dans un ‘coin de son esprit’.
Cependant, l’hospitalité remarquable de ses hôtes n’empêchera pas les Allemands de lui mettre le grappin dessus :
Je suis resté chez Mme Van Cutsem jusqu’au jour où, revenant, de la ville je suis arrêté par les Allemands en maillots de corps, en train de faire leur culture physique.
Il sera sauvé par l’incrédulité des soldats allemands devant ce Nègre qui sortait d’on ne sait où ?
Ces soldats allemands m’arrêtent et se mettent à toucher ma peau et à rire entre eux. Puis ils me laissent partir. J’arrive chez Mme Van Cutsem et lui signale que les Allemands sont arrivés dans le village. Il fallait que je reprenne la route.
Prochaine escale : Poitiers. Puis Limoges où “J’arrive comme tout le monde… banalement !”
Nous étions nombreux, beaucoup de gens étaient dans mon cas pour ne pas dire isolés par les Allemands.
Corvées. Balaie. Secretariat… Jusqu’à ce que la Commission d’Amniscie allemande le démobilise. Incorporation parmi les Tirailleurs sénégalais à Rivesaltes. Ensuite Fréjus, puis Alger, Orléansville, Casablanca.
Je suis rentré au Sénégal en juin 1940 et j’ai repris mon travail à la délégation… Employé comme commis local des échanges commerciaux.
Puis, à la faveur du débarquement des Américains le 8 novembre 1942 en Afrique du Nord, le Sénégal se retrouve dans la guerre :
Je suis convoqué cette fois-ci au service militaire obligatoire, car je ne suis plus volontaire.
Affecté à Thiès où il passe caporal, Mahtar est admis au concours dans une école de l’Armée de l’Air. Affecté au Maroc à l’école des spécialistes d’Agadir, il en sort major de sa promotion avec un Brevet supérieur en mécanique et électricité de l’Armée de l’Air.
Retour en France au Centre d’Instruction de la Chasse pendant quelques mois et à une escadrille nouvelle, l’Escadron B52, comme patron du service électrique, pour la maintenance des avions.
En mai et août 1945, l’Allemagne et le Japon capitulent. Le soldat Mbow est démobilisé et obtient de ses parents l’autorisation de joindre Paris pour y poursuivre ses études.
Après deux années d’études à l’École Supérieure de Mécanique générale et d’Électricité de Paris, il décide de changer d’orientation, “passant des études scientifiques et techniques aux Humanités ”
À la question du contradicteur pugnace, Amadou Mahtar Mbow décline sa motivation:
Mon changement d’orientation a été motivé par le goût d’en apprendre davantage.
Aussi simple que cela : la faim de savoir ! Après les intrépides aventures, les sages académies ?
EXCLUSIF SENEPLUS - La jeunesse a toujours eu une part belle dans les projets sociaux de nos gouvernants ; seulement, l’on a adopté jusqu’ici des méthodes managériales basées sur des critères très sélectifs quant à l’accès des bénéficiaires
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 21/03/2021
Partie nuitamment d’un salon de beauté privé une séance de massage a fini par entraîner le pays dans une tragique aventure. Une affaire privée entre deux citoyens, devenue subitement publique et virale juste parce que l’enjeu de la bataille était de situer de prime abord la réalité à laquelle rattacher les faits incriminés, parce que infamants :
1 - une réalité judiciaire d’un côté, fondée sur une relation ayant existé et une plainte en bonne et due forme
2 - une réalité populaire fondée sur des allégations de complot politique ourdi par le président de la République, comme réplique de la partie adverse.
Nous autres citoyens non concernés n’avons besoin que de la réalité ultime, fondée sur des vérités indubitables et l’attendons aujourd’hui d’une décision de justice. Chacun peut se ranger de quelque côté qu’il veut et penser ce qu’il veut en attendant, pourvu que l’expression des positions des uns et des autres soit empreinte d’assertivité. Cependant, le paradoxe flagrant en ce moment est qu’il y a des contempteurs de notre démocratie qui avec leurs acolytes, exercent en toute tranquillité une tyrannie sur ceux qui se révèlent d’une opinion différente de la leur.
Récuser la justice n’est pas une option
Quelles que soient les assertions de corruption, si pertinentes soient-elles, elles ne peuvent suffire à exclure la justice d’emblée. Il est impensable, tout comme l’est jeter le bébé avec l’eau du bain, de jeter l’institution judiciaire avec les accusations infâmes dont elle est le théâtre. De la corruption il y en a, cependant il n’y a d’ensemble plus vide, vide d’éléments, que l’ensemble qui regrouperait la chose « Justice corrompue ».
Il y a des subterfuges comme le populisme qu’il faut dénoncer clairement chaque fois qu’ils sont de mise si l’on ne veut pas qu’ils minent les fondements de la République et nous précipite dans le chaos. Taper dans la niche émotionnelle pour faire valoir ses arguments est une méthode rhétorique reconnue comme fallacieux depuis l’époque d’Aristote. Beaucoup d’hommes politiques sont très doués à en jouer et ne s’en privent pas pour abuser leurs audiences ; c’est de bonne tactique ! Toutefois, personne n’a l’apanage de l’émotionnel, la femme semble être dotée de cette puissante magie originellement. Adji Sarr, pour ne pas la nommer, est venue nous le rappeler en livrant pour la première fois sa version publiquement, retrouvant ainsi son adversaire sur son terrain favori. D’un état de conviction beaucoup de gens sont passés depuis à celui de scepticisme.
Heureusement que le calme et la paix sont revenus malgré les manœuvres captieuses d’hypocrites pyromanes. Car figurez-vous bien, ce retour à la normale n’arrange pas tout le monde. N’avez-vous pas constaté que c’est une génération de tout-jeune que l’on a surtout vu perpétrer les grabuges ? Cependant, à chaque fois qu’il s’est agi de revendiquer la paternité du mouvement, l’on a fait face à du « déjà vu », les mêmes figures d’une vielle génération de conspirateurs habituée à se greffer aux divers mouvements et dont l’ultime crédo est de damner le pouvoir quel qu’il soit. Curieux quand même que ce soient eux qui poussent l’idée de complot !
Alors merci de tout cœur aux vrais patriotes qui ont œuvré pour ramener le calme et la paix ; honneurs aux Khalifes religieux pour le rôle prépondérant qu’ils ont joué.
Les nuages prémonitoires de cette secousse grondaient sous nos pieds depuis des décennies
Point de méprise ! Nous avons simplement été rattrapés par les failles d’un système invariable. Ce n’est pas faute d’avoir oublié la jeunesse des programmes de développement que ces jeunes ont exprimé leur frustration par autant de violence. La jeunesse a toujours eu une part belle dans les projets sociaux de nos gouvernants ; seulement, l’on a adopté jusqu’ici des méthodes managériales basées sur des critères très sélectifs quant à l’accès des bénéficiaires. Or qui dit sélection dit implicitement exclusion de facto. De ce fait, une majorité de jeunes, exclue et oubliée des politiques ségrégatives des décennies durant, n’a cessé de grossir pour atteindre au finish une masse critique capable de transformer tout épiphénomène en catastrophe tragique. L’incident a Sweet beauty n’en a été que l’effet déclencheur. Le miracle aurait été une immunité à de telles manifestations. Alors aujourd’hui que cette masse se révèle à la face du monde, il n’y a d’autre priorité qu’elle. Je crois tout le monde l’a compris.
“Je vous ai compris” : paroles d’apaisement du président Macky
On ose espérer de bonne foi qu’avec le discours fondateur du président articulé autour d’une ample compréhension, qu’il ne sera pas question de se contenter de refaire davantage de ce que l’on a toujours fait. Il s’agit aujourd’hui d’instaurer rapidement un lien de confiance et susciter l’espoir d’une partie majoritaire de la jeunesse, dont le sentiment d’être des laissés pour compte n’autorisent pas une approche basée sur des concepts théoriques et débats abstraits. Il faut sortir des sentiers battus et des concepts illusoires pour partir de la réponse aux questions que tout être humain citadin ou rural se pose :
- quoi faire pour m’en sortir ?
- de quoi ai-je besoin pour me lancer dans ce que je veux faire ?
- que puis-je devenir demain de par mes propres efforts ?
Il faudrait aller chercher les réponses à ces questions à la couche basale de la société et dans les moindres recoins du territoire en passant par les leaders naturels actifs dans les Daras, dahiras, ASC, “Badienou gokh”, chefs de villages et de quartiers, garages automobiles etc... Ces réponses analysées permettraient de donner un contenu normatif pertinent à la politique à mener et la communication à tenir envers cette masse de jeunes.
Trois cents milliards, c’est relativement peu par rapport à la masse, mais si l’on s’attelle à créer avec chaque franc des opportunités qui en ouvrent d’autres, entraînant ainsi un effet domino, une bonne partie de la jeunesse y trouverait satisfaction.
Toutefois, pour qu’une approche du pouvoir ait un impact majeur sur cette jeunesse aujourd’hui, il semble nécessaire à l’aune des épreuves vécues récemment, que le président pose préalablement un acte fort d’affermissement du leadership au sommet. Un leadership fort est un leadership pluriel, constitué d’un pool de leaders soudés. L’environnement du pouvoir exécutif doit demeurer une forteresse inexpugnable de leadership. Il urge de raviver la relation d’empathie entre la jeunesse et le pouvoir. Cela passe nécessairement par un resserrement des rangs au sommet du pouvoir, qui n’a rien à voir avec un recrutement de jeunes tous azimuts, mais plutôt s’entourer que de personnes crédibles, loyaux, capables de sortir du tunnel et s’attaquer à l’essentiel. Il faudra également que les livrables dont la date est échue empruntent illico le fast track pour rattraper leur retard.
La tolérance zéro s’impose au sommet.
par Siré Sy
AHMADOU MAKHTAR MBOW RACONTÉ PAR MAHAMADOU LAMINE SAGNA
Dans son "Amadou Mahtar Mbow, une légende à raconter'', le sociologue est revenu sur les grandes étapes de la vie du dernier des mohicans, celui qui a vu venir Internet et a prôné l’intégration des nouvelles technologies dans le système éducatif
Quand la Sociologie rencontre l’Histoire et la Géographie
Ahmadou Makhtar Mbow, c'est l'un des sages du continent. Le samedi 20 mars 2021, le Sénégalais Amadou Mahtar Mbow a eu cent ans. Il a été enseignant, militant pour l’indépendance, directeur général de l’UNESCO et enfin président, à la fin des années Wade, des « Assises nationales ». Le parcours d'Ahmadou Mahtar Mbow a été marqué par l'engagement et l'humilité. Pour cet anniversaire, RFI a reçu le sociologue Mahamadou Lamine Sagna qui a publié un livre d’entretiens avec lui sur le titre ‘’Amadou Mahtar Mbow, une légende à raconter'', publié aux éditions Karan. Mahamadou Lamine Sagna est revenu avec Laurent Correau, sur les grandes étapes de la vie du dernier des mohicans, Ahmadou Makhtar Mbow, celui-là qui a vu venir Internet et a prôné l’intégration des nouvelles technologies dans le système éducatif, le premier a flairé que les questions d’écologie seront au cœur des enjeux du XXIème siècle. Ahmadou Makhtar Mbow raconté par Mahamadou Lamine Sagna, c’est tout simplement quand la Sociologie rencontre l’Histoire et la Géographie.
Le jeune Ahmadou Mahtar Mbow fait donc ses études en France. Il y jette les bases de ce qui deviendra plus tard la FEANF, la Fédération des étudiants d’Afrique noire. Et cette FEANF va être l’un des endroits où l’on réfléchit à l’indépendance, l’un des endroits où on la revendique. Ahmadou Mahtar Mbow, lorsqu’il est arrivé étudiant, en France, avait d’abord intégré l’Association des étudiants coloniaux. Ensuite, avec son ami Abdoulaye Ly, ils ont créé l’Association des étudiants africains. La Seconde Guerre mondiale a été très importante dans la vie et le parcours d’Ahmadou Mahtar Mbow, puisque c’est là qu’il s’est posé beaucoup de questions sur ce que veut dire être un être humain dans une société et comment faire face à l’injustice. Et je crois que c’était un point important de sa prise de conscience, par rapport à l’égalité des hommes, puisque quand on fait la guerre, on voit comment tous les hommes sont égaux face à la violence, dira Mahamadou Lamine Sagna.
Ahmadou Mahtar Mbow, l’enseignant et le pédagogue
Amadou Makhtar Mbow est ensuite enseignant. Il le sera en Mauritanie où le pouvoir colonial l’affecte, parce qu’il veut l’éloigner du Sénégal. Il le sera aussi, par la suite, au Sénégal, avec un vrai engagement dans ce que l’on appelle l’éducation de base. Pour l’action d’Ahmadou Makhtar Mbow, le sociologue Mahamadou Lamine Sagna dira que c’est l’un des fondements de sa vie. Cela lui a permis, non seulement de s’imprégner de la vie sociale et culturelle des populations, mais aussi de trouver des solutions adaptées à leur environnement. Par exemple, il a été dans un village qui s’appelle Badiana, en Casamance où beaucoup d’enfants mouraient du fait que, par exemple, lorsque l’on coupait le cordon ombilical, on le coupait des fois, avec des tessons de bouteille… Donc ce qu’il a fait à Badiana, c’est de montrer comment on peut utiliser des outils pour couper le cordon ombilical, ce qui a fait que dans ce village, il y a eu beaucoup moins de mortalité infantile, expliquera le sociologue Mahamadou Lamine Sagna.
Ahmadou Mahtar Mbow, le visionnaire
Et donc, le parcours d’Ahmadou Makhtar Mbow se poursuit. En 1974, il est élu directeur général de l’Unesco. C’est même le premier ressortissant de ce que l’on appelle alors le tiers-monde, à être élu à ce poste. On est en pleine Guerre froide. Que va-t-il impulser à cette organisation ? Et Mahamadou Lamine Sagna d’expliquer que le champ était très conflictuel. Dans ce champ de combat, il a su porter des idées et les mettre en œuvre. Par exemple, l’Histoire générale de l’Afrique, le retour des objets d’art sur le patrimoine mondial… Il a beaucoup aidé à ce que la culture de différents peuples soit représentée dans le patrimoine mondial. Il a fait libérer beaucoup de prisonniers politiques, notamment en Amérique latine.
Ahmadou Makhtar Mbow, c’est aussi une idée novatrice pour le début des années 1980 : le NOMIC, le Nouvel Ordre mondial de l’information et de la communication. De quoi s’agit-il ? L’auteur du livre-entretien ‘’Amadou Mahtar Mbow, une légende à raconter'' informe qu’à cette époque - en 1982 - il n’y avait pas Internet. Pour moi, le NOMIC, c’était extrêmement visionnaire, puisque l’idée c’était de dire qu’il y avait un déséquilibre au niveau de la production, de la distribution et de la circulation de l’information… et de dire qu’il y aurait, un développement technologique et scientifique qui ferait que le problème se poserait encore plus. Et je pense que tout ce qu’il a décrit, c’est presque ce que nous vivons avec internet. En lisant son livre sur « Les sources du futur », on se rend compte que la technologie a transformé complètement la distribution et la circulation de l’information. C’était visionnaire. Et cela a été d’ailleurs un point d’achoppement, je crois, avec les États-Unis de Reagan et le gouvernement de Thatcher. Cela a été l’un des points importants du retrait de Thatcher et Reagan de l’Unesco en 1987. Parce que remettre en cause l’ordre de l’information et de la communication, c’était remettre en cause leur volonté de puissance dans le monde. On l’a combattu pour cela.
Ahmadou Makhtar Mbow, un combattant de la liberté
Le dernier engagement en date, celui pour lequel les Sénégalais les plus jeunes le connaissent, c’est la présidence des Assises nationales, qu’il prendra en pleine période de contestation de la gouvernance d’Abdoulaye Wade en 2008. Quel sens donne-t-il à cet engagement demandera le journaliste Laurent Correau à Mahamadou Lamine Sagna ? Et le sociologue sénégalais de dire ‘’Ii donne un sens patriotique à cet engagement… une nécessité - en tout cas de son point de vue - puisqu’on lui a demandé de présider les Assises alors qu’il avait pris depuis longtemps sa retraite. Il avait 88 ou 89 ans à cette époque-là. Malgré tout, il ne voulait pas, mais vu l’insistance des partis d’opposition et de la société civile, comme son combat c’est, d’unir les populations pour affronter les grands défis qui se posent à la nation, il a accepté de diriger les Assises nationales. Il ne l’a pas fait contre Abdoulaye Wade, en particulier. Dans son discours, quand on l’entend, il a même beaucoup d’affection pour lui, puisque son grand-frère était son ami intime. Simplement, il fallait réfléchir sur les questions qui se posaient à la nation et trouver ensemble des solutions. Et je pense que sur ce plan aussi, il a été visionnaire, le fait d’avoir accepté cela, de présider les Assises… Parce qu’aujourd’hui, quand on voit le débat au Sénégal, cela tourne autour des institutions et de la gouvernance et les Assises nationales avaient fait de belles propositions là-dessus.
Siré Sy est président dy Think Tank Africa WorldWide Group.
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QUAND PAPE OUSMANE SAKHO VIOLE LA LOI
La décision du Conseil Constitutionnel concernant le recours portant sur la levée de l’immunité de Sonko du 17 mars 2021 est nulle, car sa composition est irrégulière
Les dispositions des articles 3 et 23 de la Loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel sont claires, nettes et précises :
Art. 3. – Le Conseil constitutionnel comprend sept membres nommés par décret pour six ans non renouvelables, dont un président et un vice-président.
Art. 23. – Le Conseil constitutionnel ne peut délibérer qu’en présence de tous ses membres, sauf empêchement temporaire de trois d’entre eux au plus, dûment constaté par les autres membres. Si l’un des membres du Conseil, temporairement empêché, est le président, le vice-président assure son intérim.
L’article 23 de la loi organique n ° 2016-23 du 14 juillet 2016 est extrêmement précis :
Le Conseil Constitutionnel ne peut délibérer qu’en présence de tous ses membres (7),
La seule exception concerne l’empêchement temporaire d’un ou de 3 membres au plus qui doit être dûment constaté par les autres membres.
Un empêchement temporaire, c’est une maladie, une incapacité physique ou une situation empêchant momentanément (pour un temps limité) la poursuite de la fonction.
Mme Bousso Diao Fall, Juge et membre du Conseil Constitutionnel est décédée dans le 03 janvier 2021. Il ne s’agit pas d’un empêchement temporaire, mais d’un décès. Un nouveau membre aurait dû être nommé pour remplacer la défunte Mme Boussou Diao Fall dont le poste est vacant depuis le 03 janvier 2021. En effet, L’article 5 de la Loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel dispose que « le membre du Conseil nommé pour remplacer un membre du Conseil dont le poste est devenu vacant achève le mandat de celui-ci. A l’expiration de ce mandat, il peut être nommé pour accomplir un mandat de six ans ».
Nous sommes le samedi 20 mars 2021, plus de 2 mois après que le décès de Mme Boussou Diao Fall ait été constaté et rendu public. Aucun membre n’a été nommé pour remplacer son poste devenu vacant. Par conséquent, la composition du Conseil Constitutionnel en sa séance du 17 mars 2021 est irrégulière. En effet, 6 juges et non 7 comme le prévoit les dispositions combinées des articles 3 et 23 de la Loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel ont statué sur le recours en annulation des députés de l’opposition portant entre autres, sur la violation des procédures établies par la loi organique portant règlement intérieur de l’assemblée. Une irrégularité flagrante et manifeste.
L’article 23 de la Loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016 ne souffre d’aucune ambiguïté « Le Conseil constitutionnel ne peut délibérer qu’en présence de tous ses membres, sauf empêchement temporaire de trois d’entre eux au plus, dûment constaté par les autres membres ». Le 17 mars 2021, le délibéré du CC mentionne 6 juges au lieu de 7.
Dans le cas d’espèce, il ne s’agit pas d’un empêchement temporaire, mais d’un décès d’un membre du Conseil Constitutionnel (Mme Boussou Diao Fall).
Dans sa décision n°1/C/2021, du 17 mars 2021 que le Conseil Constitutionnel s’est, une nouvelle fois, déclaré incompétent (cf les Considérants 4 et 8), prouvant son inutilité.
En effet, dans le Considérant 8, le Conseil Constitutionnel précise « qu’il ne tient ni de la Constitution, ni de la loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil, le pouvoir de statuer sur la procédure par laquelle l’assemblée nationale adopte la levée de l’immunité parlementaire d’un député ou celui de contrôler la conformité à la constitution de la résolution adoptée à cet effet ».
La décision du Conseil Constitutionnel du 17 mars 2021 est nulle, car sa composition est irrégulière (article 23 : le Conseil Constitutionnel ne peut délibérer qu’en présence de tous ses membres souvent être présents, sauf empêchement temporaire de trois d’entre eux au plus).
Que personne ne verse dans la sorcellerie juridique : dans la situation actuelle, Il n’y a pas eu un empêchement temporaire, mais un décès.
Par ailleurs, pour mettre fin à l’incompétence récurrente du Conseil Constitutionnel sénégalais, Il faut dissoudre cet organe et le remplacer par une cour constitutionnelle, dont les membres seront nommés suivant des critères de probité, d’impartialité et d’objectivité ; des membres animés par le souci de rendre la justice au nom du peuple, et non d’un tyran Macky Sall dont le régime est immaculé de sang (14 sénégalais morts lors du récent soulèvement populaire).
Le Sénégal, en retard, devrait s’inspirer de l’exemple Béninois, dont la Cour Constitutionnelle s’est illustrée par des jurisprudences « révolutionnaires ».
L’Union des magistrats sénégalais (UMS) organise le 25 mars 2021 à Dakar, un atelier portant entre autres, sur l’adoption de réformes indispensables au renforcement, à l’indépendance et à la crédibilité de la justice.
Il était temps, car la justice sénégalaise est à terre, avec ce régime déviant et liberticide.