Enfin ! Elle a parlé. Ceux qui lui réclamaient de donner sa version des faits en ont eu pour leurs oreilles. Ceux qui ne voulaient pas l’entendre, aussi. Inutile de revenir sur la teneur des propos, l’interview aurait dû être estampillée «Interdit aux moins de 18 ans». Intéressons-nous plutôt à la mise en scène, aussi grotesque que la démarche consentie. Dans un accoutrement qui se veut pudique et dont le synonyme wolof «yiwe» collerait mieux que le qualificatif français, voici que se livre, face aux Sénégalais, celle par qui le scandale est arrivé. L’association des femmes voilées ou des sympathisantes de la journée du hijab devraient porter plainte. Voici une nouvelle recrue. Mais, comme dirait l’autre : «l’habit ne fait pas le moine» que l’on pourrait contextualiser par : «le voile ne fait pas la violée… oups ! la voilée !».
Néanmoins, l’heure est à l’apaisement. Et c’est un bien mauvais timing que choisit la jeune femme pour délivrer sa parole, longtemps confisquée par d’autres. Ceux qui l’ont déjà jugée et condamnée. Ceux qui lui refusent son statut de présumée victime d’une agression devenue un crime. Ceux qui lui confisquent son droit à la justice.
Surmontant cette hostilité quasi générale, la voilà qui décide de parler et de livrer, avec force détails, les péripéties de son entrée en contact avec le député. Les yeux baissés, pendant presque toute la durée de l’interview-monologue (un nouveau genre journalistique est né !), la jeune femme raconte, se raconte et lève le voile sur ce qu’elle dit avoir vécu. Le bureau d’un juge ou une salle d’audience auraient été plus appropriés pour recueillir et entendre une confession de cette nature. Mais à une époque où la vie s’affiche sur les réseaux sociaux, comme un «live» non stop, l’objectif des caméras ou des smartphones est devenu le nouveau confessionnal. Cela démarre dès le réveil, avec des «bonjour» et des «bonne journée» à ses «followers», et cela se termine par des «bonne nuit», en passant par des « bon appétit », photo d’un petit déjeuner, d’un déjeuner ou d’une collation quelconque à l’appui.
Les Jummah Moubarak sont devenus le prétexte, souvent, de montrer sa nouvelle tenue du vendredi. Les anniversaires aussi y sont célébrés à tout va, tout comme le fameux smiley au thermomètre, en cas d’arrêt maladie, sans oublier les avis de décès. Les mariages et les baptêmes quant à eux, sont célébrés avec une avalanche de photos, le temps de publier, dans un décor copié à l’envi, entre ballons dorés ou colorés, des tenues dignes d’une «fashion week».
Après avoir porter plainte, la jeune femme peut «porter presse». Une expression bien sénégalaise qui signifie «dénoncer par voie de presse». Youssou Ndour en a fait une chanson. Faisant irruption, alors, dans les nouveaux tribunaux de la conscience que sont devenus les réseaux sociaux, voici une femme, presque hagarde, qui fait son mea-culpa à ses compatriotes. Le temps du repenti est arrivé alors que tout un pays a failli basculer dans l’anarchie, à cause d’une affaire somme toute privée.
En revanche, après la sortie de celle par qui le scandale est arrivé, la parole s’est libérée. Comme si tous ceux qui avaient jusque-là opté pour le silence ou le droit de réserve, s’autorisent à présent, à parler. Les terroristes de la pensée unique qui ne supportent pas la contradiction et versent dans l’intimidation, à coup d’injures et de menaces de mort, n’ont pas résisté à la deuxième vague.
La presse en a fait les frais et c’est à juste titre que le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics) et l’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (Appel) demandent aux journalistes victimes d’intimidation de porter plainte, parce que «porter presse» ne suffit plus. En ces temps de calme retrouvé, après la tempête, l’autre victime de cette affaire est sans doute cette pandémie de Covid-19 qui s’est vue ravir la vedette. C’est de bonne guerre. Après avoir été en haut de l’affiche pendant une année entière, son «buzz» lui a été confisquée. A cause de cette histoire qui finit par faire sauter tous les attributs de sa présence intra muros : adieu couvre-feu, état de catastrophe sanitaire, fermeture des lieux de détente et de loisirs. Décidemment ! Adji plus puissante que Covid ?
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DES «FOUTANKES» MANIFESTENT LEUR COLERE A DAKAR
Pendant qu’une partie de la population de Matam déroulait le tapis rouge à Farba Ngom, Me Malick Sall et Cie, des jeunes issus de cette localité ont improvisé une marche à Dakar pour dénoncer cette manifestation politique
Dans le but de fustiger le meeting organisé hier dans la région de Matam par les responsables du parti présidentiel, l’Alliance Pour la République, des jeunes ressortissants du Fouta se sont, après l’avortement de leur marche, exprimés devant la presse pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’opération de propagation de la pandémie de Covid-19.
Pendant qu’une partie de la population de Matam déroulait le tapis rouge à Farba Ngom, Me Malick Sall et Cie, des jeunes issus de cette localité ont improvisé une marche à Dakar pour dénoncer cette manifestation politique qu’ils trouvent malsaine au moment où la pandémie de Covid-19 continue de faire des ravages au Sénégal.
Ainsi, ces jeunes dont des étudiants à l’Université Cheikh Anta Diop se sont donné rendez-vous, dès le début de la journée, à la place de l’Obélisque pour organiser une marche. Finalement, ils n’ont pu scander en langue pulaar le slogan «Miin Tampi, ndlr : nous sommes fatigués» comme l’ont crié depuis Ourossogui des manifestants pour s’opposer à ce meeting politique. D’ailleurs, à peine après avoir terminé de s’adresser en français à la presse, la police les a interpellés avant de leur intimer l’ordre de quitter les lieux.
En effet, selon leur porte-parole du jour, Abdourahmane Ndiaye, ce méga meeting organisé par les responsables du pouvoir en place est inacceptable en cette période. «Dans ce contexte de Covid-19 où le Fouta manque de tout sur le plan médical, avec un pauvre plateau médical. Aujourd’hui, ils se permettent de se retrouver là-bas tandis que récemment, la localité avait enregistré des cas de Covid-19.
Et pendant ce temps, aucun des hôpitaux du Fouta ne dispose de matériels pour prendre en charge normalement les malades, notamment les cas graves. L’argent mobilisé pour cette activité politique aurait pu servir à relever le plateau médical de la région de Matam en appuyant les hôpitaux de Matam et Ourossogui», ont dénoncé les jeunes «Foutanké» devant la presse qui ajoutent que ce rassemblement des autorités politiques de l’Apr n’est rien d’autre qu’une opération de propagation de la maladie dans la région dont les seuls qui vont en pâtir sont les habitants qui n’ont pas de moyens pour se soigner. «Le Fouta est une partie intégrante du Sénégal. C’est pourquoi nous n’acceptons pas que pour des considérations politiques, le Fouta soit stigmatisé et ethnicisé. Il n’est le titre foncier d’aucune autorité politique», se font-ils entendre.
D’ailleurs, déclarent ces jeunes du Fouta, depuis l’apparition de la Covid-19, nombre d’acteurs politiques se sont illustrés en appuyant leurs localités soit en denrées alimentaires, soit en matériels de protection. Mais au Fouta, se désolent Abdourahmane Ndiaye et Cie, les acteurs politiques ont préféré rester sans rien faire. La population a été laissée à elle-même.
L’OPPOSITION EN ORDRE DE BATAILLE
Les incidents meurtriers du début de mois ont entrainé une reconfiguration soudaine de l’espace politique avec une légitimation du leader des Patriotes en tant que chef de l’opposition
Longtemps dispersée, l’opposition est en phase de former un grand bloc pour affronter le régime de Macky Sall. Elle est actuellement dans les tractations pour créer un grand cadre d’unité d’action pour certainement faciliter le rapport de force avec le pouvoir.
Les dernières manifestations notées dans le pays, aux allures de révolte populaire, ont eu pour effet immédiat la libération Ousmane Sonko. Ces incidents ont entrainé également une reconfiguration soudaine de l’espace politique avec une légitimation du leader des Patriotes en tant que chef de l’opposition. Les partis et coalitions, jusque-là en perte de vitesse, ont été remis dans le jeu. Ils sont redevenus tout d’un coup actifs. Parmi ceux-ci, on peut citer le Front de résistance nationale (Frn) qui avait perdu certains de ses membres tandis d’autres, sans le quitter, ne cessaient de remettre en cause ses décisions. Mais avec la nouvelle donne, le Frn retrouve une nouvelle âme. Il retrouve petit à petit son lustre d’antan.
C’est dans ce sens d’ailleurs que le Parti démocratique sénégalais (PDS) a repris ses activités en son sein. Aujourd’hui, le FRN est en pleine tractation pour créer un bloc solide et imposer un rapport de force au régime de Macky Sall. Le coordonnateur, Mouhamadou Moctar Sourang et Cie ont d’ailleurs tenu une rencontre samedi dernier avec les partis politiques de l’Opposition, le M2D, la coalition Jotna, le CRD, les mouvements et associations de la Société Civile, les syndicats de travailleurs, les Activistes et Lanceurs d’alertes de tous bords.
A l’issue de la réunion, il a été annoncé la mise en place prochaine d’un Grand Cadre d’Unité d’Action, conformément à la dernière résolution de la conférence des leaders du Frn. Un comité ad hoc a été mis en place pour proposer les règles de fonctionnement de ce cadre d’unité d’action ainsi que la stratégie qui seront soumis à la prochaine rencontre, lit-on dans la note parvenue à «L’AS». Et d’après le Frn, cette Plateforme unitaire se donnera pour tâches prioritaires l’élaboration d’un Plan d’Action en vue de mener des manifestations de contestation de masse pour la restauration de la Démocratie au Sénégal ; la visite et la sensibilisation des Chefs religieux et coutumiers ; et la sensibilisation de toutes les couches de la population.
Le FRN soutenait dans un communiqué signé le 4 mars dernier, que cette Plate-forme allait s’organiser en Coordinations locales, communales et départementales «pour arrêter et éradiquer la dictature rampante en cours dans notre pays ». Il est ainsi évident que si cette plateforme se crée et se densifie, les trois années restantes risquent d’être compliquées pour le Président Macky Sall. A moins qu’il joue les négociateurs et privilégie le dialogue et la concertation dans tout ce que qu’il va entreprendre sans l’assentiment au préalable de l’opposition. Cependant, la question de la viabilité de la plateforme demeure tout aussi entière.
En effet, un problème de leadership risque de se poser entre les différents leaders quand il s’agira de prendre certaines décisions phares. Sans compter les questions de confiance qui par le passé avaient sapé l’unité du Frn, particulièrement au niveau du dialogue politique. Finalement, le pôle de la majorité présidentielle était obligé de se positionner en arbitre entre les différents camps au sein même du pôle de l’opposition. Et l’histoire a montré que les pouvoirs en place ont toujours leurs pions dans les grandes coalitions de l’opposition. Il en était ainsi de Mankoo Wattu Senegaal qui a vu nombreux de ses adhérents rejoindre la majorité présidentielle aux législatives de 2017 et plus tard à la présidentielle de 2019.
LA BATAILLE RANGEE SE SOLDE PAR DEUX BLESSES
Pompes gaz, jets de chaises, échanges de coups de poing ont rythmé l’Assemblée générale.
La violence s’est invitée hier à l’assemblée générale de Benno Bokk Yaakar (Bby) du département de Pikine. Lors de cette rencontre qui s’est terminée en queue de poisson, il a été dénombré deux blessés. En effet, une bataille rangée a opposé les partisans de Abdoulaye Thimbo et de Abdou Karim Sall contre des jeunes membres de «Apr Pikine active».
Pompes gaz, jets de chaises, échanges de coups de poing ont rythmé l’Assemblée générale. Pourtant, tout allait bien jusqu’à ce qu’arrivent les jeunes de Apr Pikine active avec à leur tête Ibou Laye Ndiaye. Ce dernier, accompagné d’une forte délégation, voulait entrer avec tout le monde. Niet catégorique des éléments de la sécurité en faction devant la porte. Ce refus des organisateurs a été perçu comme une provocation par les jeunes de «Apr Pikine active» qui, déterminés à assister à la manifestation, décident alors de laver l’affront. Survient alors une bataille rangée entre les deux camps. Coups de poing, jets de chaises, pompes à gaz. Les différents belligérants font recours à toutes les armes à leur disposition.
Au bout du fils, un responsable local de Bby confie : « On n’a pas assisté à la manifestation, car on n’a pas été associé à l’organisation. Avant-hier, samedi, on avait une réunion pour tirer le bilan des émeutes et voir quelle stratégie politique adopter pour la remobilisation des troupes. Mais à notre grande surprise, nos alliés de l’Apr ont annoncé à la fin qu’il y avait une assemblée générale le lendemain. C’est comme s’ils nous prennent pour des sujets. Il est temps que Macky Sall parle avec ses responsables locaux à la base qui se croient tout permis ici à Pikine. Il faut un minimum de respect entre membres de la coalition», martèle notre interlocuteur.
Joints au téléphone, les jeunes de « Apr Pikine active » accusent les initiateurs de la manifestation (Pape Gorgui Ndong, Abdoulaye Thimbo et Abdou Karim Sall) d’être les principaux responsables de la violence pour avoir essayé de les liquider. Pour le moment, la tension est vive dans la mouvance présidentielle de Pikine.
Dakar, 22 mars (APS) – Les sujets politiques sont les plus en vue dans les quotidiens reçus lundi à l’APS.
L’Observateur s’est intéressé aux alliances ‘’contre nature’’ que l’opposant Ousmane Sonko est en train de nouer avec certains leaders de l’opposition faisant partie du ‘’système’’ contre lequel il s’est battu.
‘’Mis sous contrôle judiciaire, Ousmane Sonko noue des alliances politiques à coups de (…) visites de courtoisie. Mais ses dernières rencontres avec des figures de la politique politicienne ont suscité beaucoup d’interrogations pour un parti qui ne veut faire aucune concession au système’’, écrit le journal.
‘’Vers une liberté provisoire pour Guy Marius Sagna et compagnie’’, lit-on dans WalfQuotidien.
‘’Inculpés lors des manifestations, plus de 32 individus défileront les 22 et 23 mars devant le parquet. Ils seront entendus sur le fond de leur dossier par [un] magistrat (…) qui, au terme du face-à-face, décidera de leur sort’’, ajoute-t-il, précisant qu’il s’agit, en plus du célèbre activiste, d’Amadou Clédor Sène, de Biram Souley Diop, l’administrateur du parti d’Ousmane Sonko, et d’autres membres de ladite formation politique dont Mariame Mbengue et Abass Fall.
Le Quotidien relaye la dénonciation faite par la majorité présidentielle de ‘’volonté avérée de subversion de la République’’, une réaction aux violentes manifestations et aux pillages consécutifs à l’arrestation, début février, d’Ousmane Sonko à la suite d’accusations de viol et de menaces de mort contre l’opposant.
La coalition Benno Bokk Yaakaar, dirigée par le président de la République, Macky Sall, a dénoncé un ‘’projet antirépublicain, antidémocratique, antinational et antipopulaire’’, rapporte Le Quotidien, soulignant que les leaders de BBY parlent de la sorte des violences à l’origine de la mort d’une dizaine de personnes, sans toutefois nommer Ousmane Sonko.
Le journal Vox Populi s’est entretenu avec l’opposant Moussa Tine, selon lequel la majorité présidentielle va ‘’passer de nouveau à l’attaque’’, contre ‘’le projet antidémocratique’’ qu’il dénonce, malgré le discours d’apaisement de son leader, le chef de l’Etat, à la suite des heurts meurtriers.
‘’Comme une bête blessée, le pouvoir s’est terré (…) pour prendre le recul nécessaire’’, commente le même journal.
L’As s’intéresse au meeting de Benno Bokk Yaakar à Matam (nord), sous la présidence de Malick Sall, le ministre de la Justice, et du député Farba Ngom. ‘’Des centaines de jeunes ont participé hier à la réunion départementale de Matam organisée par les responsables de la coalition [BBY], finalement transformée en mega-meeting’’, écrit L’As.
Tribune évoque les violences survenues lors d’un meeting de BBY à Pikine (ouest), une rencontre qui s’est terminée ‘’en queue de poisson’’ et dans le ‘’sauve-qui-peut’’.
EnQuête s’est intéressé au rôle des chefs religieux dans la vie politique sénégalaise. Il constate que ‘’l’influence des chefs religieux sur les décideurs et la société est mise à mal depuis plusieurs années’’. La parole est donnée à des spécialistes, qui expliquent la perte d’influence des guides religieux sur les hommes politiques.
La célébration du centenaire d’Amadou-Mahtar M’Bow est également commentée par les quotidiens. ‘’Le monde entier salue la grandeur de l’homme’’, écrit Sud Quotidien.
Il donne des échos du colloque consacré, samedi, au Musée des civilisations noires de Dakar, à la vie et à l’œuvre de ce ‘’trésor humain vivant’’, ancien ministre de l’Education, puis de la Culture, ancien directeur général de l’Unesco et président des Assises nationales organisées au Sénégal en 2008-2009.
‘’Soyez fidèles à votre pays et à l’Afrique’’, lit-on dans Le Soleil, qui reprend ainsi un conseil donné par M. M’Bow à la jeunesse sénégalaise, lors de la célébration de son centenaire.
Le même journal publie les hommages rendus à l’universitaire et homme politique par diverses personnalités dont l’actuelle directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, Alpha Oumar Konaré, ancien président du Mali, et Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine.
‘’Des sommités de tous bords ont pris part à la cérémonie officielle de la célébration du centenaire d’Amadou-Mahtar M’Bow’’, rapporte EnQuête.
ABDOULAYE SENE «DEFOSSILISE» LE PROJET
«Le Fleuve Sénégal peut être mis en connexion avec le Fleuve Gambie. On est obligé de réactiver le projet des vallées fossiles. Les opérations de transferts d’eau s’imposent à tous les grands pays.» Abdoulaye Sène en est convaincu.
Le Sénégal est obligé de réactiver son projet de revitalisation des vallées fossiles. Mieux, non seulement les 10 milliards de mètres-cubes d’eau du Fleuve Sénégal déversés en mer par an peuvent être récupérés dans le cadre de ce projet, mais aussi les opérations de transferts d’eau s’imposent à tous les grands pays. C’est la conviction d’Abdoulaye Sène, le Secrétaire exécutif du 9e Forum mondial de l’eau Dakar 2022. Il était l’invité du Jury du dimanche sur iRadio, hier dimanche, veille de la célébration, ce lundi 22 mars, de la Journée mondiale de l’eau, sous le thème : «La place de l’eau dans nos sociétés et comment la protéger».
«Le Fleuve Sénégal peut être mis en connexion avec le Fleuve Gambie. On est obligé de réactiver le projet des vallées fossiles. Les opérations de transferts d’eau s’imposent à tous les grands pays.» Abdoulaye Sène en est convaincu. Le Secrétaire exécutif du 9e Forum mondial de l’eau Dakar 2022 qui était l’invité du Jury du dimanche sur iRadio, hier dimanche, plaide ainsi pour la réactivation de ce Projet de revitalisation des vallées fossiles. Un projet ambitieux classé sans suite, vers la fin des années 1990, par l’ancien président Abdou Diouf, du fait de l’opposition de la Mauritanie, membre de l’Organisation pour la mise en valeur du Fleuve Sénégal (OMVS), à sa réalisation. Selon lui, les milliards de mètres-cubes d’eau du Fleuve Sénégal déversés en mer par an peuvent être récupérés utilement pour ce projet. «Aujourd’hui, on a un fleuve Sénégal qui, chaque année, charrie et déverse dans la mer 10 milliards de mètres-cubes d’eau. Vous imaginez toutes les possibilités qu’il y a de transférer une partie, sans affecter la durabilité, sans affecter les écosystèmes, pour satisfaire des besoins cruciaux, urgents et fondamentaux de certaines zones notamment du bassin arachidier». M. Sène rassure que ce projet n’est pas fossilisé. Au contraire ! «Il n’est pas mort-né. Il est né, il est vivant et l’avenir lui réserve beaucoup de promesses. Parce que, quand on considère les scénarios du futur, quand on considère l’inégale répartition des ressources en eau en fonction des territoires, il y a des zones qui sont bien fournies en eau où, d’ailleurs, les populations ne sont pas souvent très nombreuses. Il y a des zones à forte concentration humaine sans eau. Nécessairement dans les scénarios du futur, il faudra organiser des transferts d’eau».
NON AU RETARD DE L’ACCES A L’EAU DES POPULATIONS, POUR DES QUESTIONS DE PROCEDURES DE MISE EN SERVICE D’UN CHATEAU D’EAU DEJA ACHEVE
Mieux, «c’est incontournable et les réflexions se poursuivent. A partir du lac de Guiers, vous pouvez irriguer partout», déclare-t-il. Persuadé qu’il est que le règlement de la question de l’eau aura pour avantage de surmonter la problématique de l’autosuffisance alimentaire. En ce sens que l’eau est centrale. C’est pourquoi elle doit non seulement être abordée de façon globale mais elle doit aussi être valorisée. «Le Sénégal est un pays qui a d’importantes ressources en eau. Il s’agit, certes, de travailler à donner de l’eau domestique, mais envisager la question de l’eau productive. Nous sommes en train de développer une stratégie de sécurité de l’eau à l’échelle nationale, pour accélérer l’action dans ce domaine.
En Afrique, si on regarde les chiffres, le Sénégal a une moyenne de 92% de taux d’accès à un point d’eau considéré comme potable. L’objectif est de 100%. Il faut accélérer», recommande-t-il. Dans un autre registre, il n’a pas manqué de déplorer le blocage ou retard dans mise en services d’ouvrages hydraulique achevés, à cause de problèmes de procédures, au détriment des populations bénéficiaires. «Ce n’est pas normal qu’un château d’eau qui coûte beaucoup d’argent soit terminé et que, pour des questions de procédures, l’accès pour les populations soit retardé. Je pense qu’il y a nécessité de renforcer l’engagement politique et des moyens dans le secteur de l’eau. Aujourd’hui, il faut se remobiliser et remettre l’eau au cœur de nos priorités».
QUAND COVID-19 EUT RAISON DU 9E FORUM MONDIAL DE L’EAU, INITIALEMENT PREVU CE LUNDI
M. Sène s’exprimait ainsi la veille de la Journée mondiale de l’eau, célébrée chaque année le 22 mars. «La place de l’eau dans nos sociétés et comment la protéger» est le thème de cette année. Il s’agit d’une adaptation de la principale promesse du Programme de développement durable à l’horizon 2030 : «tout le monde doit pouvoir bénéficier des progrès accomplis en matière de développement durable». Cette journée devrait être surtout marquée par la transformation du Sénégal, particulière Dakar, en capitale mondiale de l’eau.
Hélàs ! Du fait de la pandémie de la Covid-19 qui continue de dicter sa loi à tous les programmes, ou presque, le 9e Forum mondial de l’eau, initialement prévu en 2021 et qui devrait s’ouvrir ce lundi 22 mars dans la capitale sénégalaise, a été reporté en 2022 (Dakar 2022). Le Forum mondial de l’eau Dakar 2022, ce sera également la première fois que la plus grande rencontre au monde dédié au liquide précieux, regroupant tous les acteurs du secteur, se tiendra en Afrique Subsaharienne.
Revenant sur le choix du Sénégal, Abdoulaye Sène, le Secrétaire exécutif du 9e forum mondial de l’eau Dakar 2022 fera remarquer que notre pays est réputé pour son engagement, ses performances dans le domaine de l’eau. Et de rappeler que le Sénégal est le premier pays au monde à avoir organisé un débat, aux Nations Unies, en novembre 2016, alors qu’il assurait la présidence du Conseil, un débat sur «Eau, Paix et Sécurité». Il s’y ajoute des progrès et réalisation en termes d’infrastructures pour juguler des questions liées à la salinisation des eaux, aux inondations, à l’aménagement de terres agricoles, à la production électrique mais aussi à la préservation de l’environnement sahélien, relève Abdoulaye Sène.
LE MONDE ENTIER SALUE LA GRANDEUR DE MAHTAR MBOW
Les 100 ans du patriarche l’ont été ce samedi 20 mars au musée des civilisations noires à travers l’organisation d’un colloque international sur la vie et l’œuvre du parrain ouvert par un film
L’ancien directeur général de l’UNESCO a fêté ce samedi 20 mars ses cent ans. Le Sénégal et le monde entier lui ont rendu un hommage à travers l’organisation d’un colloque international et une exposition sur sa vie et ses œuvres au musée des civilisations noires. Une façon de rappeler que l’œuvre de ce trésor humain vivant reste très actuelle.
Un centenaire, ça se célèbre et les 100 ans du patriarche Amadou Makhtar Mbow l’ont été ce samedi 20 mars au musée des civilisations noires à travers l’organisation d’un colloque international sur la vie et l’œuvre du parrain ouvert par une projection de film. Ancien ministre de l’Education et de la Culture, ancien directeur général de l’UNESCO, ancien président des Assises Nationales, ancien président de la Commission nationale de réformes des institutions, c’est dire qu’Amadou Makhtar Mbow a marqué l’histoire du Sénégal, de l’Afrique et du monde entier. Un parcours exceptionnel qui a été retracé à travers une grande exposition qui se poursuit jusqu’au 20 avril prochain. Dirigeants et hommes de culture d’Afrique et du monde ont rendu un vibrant hommage à «l’enseignant émérite», au «visionnaire», à «l’- homme multidimensionnel», au «militant des causes de libération, de solidarité entre les peuples, de démocratie, de droits de l’homme». Les différents intervenants ont mis en lumière le riche parcours d’Amadou Makhtar Mbow et son apport considérable à la consécration et à la préservation des valeurs nobles de la culture et du patrimoine. Non sans souligner son combat mené notamment pour «un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication», la rédaction de l’histoire générale de l’Afrique, la circulation des biens culturels dans le monde et le dialogue des cultures. «Un grand africain, un citoyen africain, un citoyen du monde», c’est ainsi que l’ancien président de la République du Mali, Alpha Oumar Konaré a qualifié le parrain.
«NOUS POUVONS DEVENIR UN GRAND PAYS SI NOUS SAVONS NOUS UNIR POUR AGIR POUR L’INTERET…»
Malgré son âge avancé, Amadou Makhtar Mbow assis aux côtés de son épouse qu’il a rendu hommage, a rehaussé de sa présence l’évènement et a tenu à livrer son message. «Quoi qu’il puisse vous arriver, soyez vous-mêmes fidèles. Soyez fidèles à votre famille, à votre pays le Sénégal. Nous pouvons devenir un grand pays. Je le dis toujours si nous savons nous unir pour agir pour l’intérêt de notre pays. Soyez également fidèles à l’Afrique. Soyez aussi des citoyens du monde», a déclaré Amadou Makhtar Mbow. Poursuivant son message, il ajoute : «l’évolution du monde a fait que nous sommes devenus solidaires les uns les autres qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas mais cette solidarité implique que la justice soit appliquée à tous et que les inégalités qui caractérisent le monde actuel disparaissent. Ça a été mon combat à l’Unesco. Je le vois quand je relis mes discours à l’heure actuelle, j’aperçois que deux choses, l’injustice, la justice, les inégalités et la volonté aussi construire un monde où tout le monde s’épanouirait à travers un développement durable fondé sur la science et la technologie et la science parce que la science et la technologie les moyens de surmonter toutes les insuffisances les difficultés, les inégalités que nous connaissons dans le monde».
«JEUNESSE AFRICAINE, EMPAREZ-VOUS DE L’ŒUVRE DU PATRIARCHE»
Pour sa part, le Chef de l’Etat, Macky Sall qui a fait son discours par vidéoconférence, a appelé les jeunes à s’inspirer du patriarche. «Notre jeunesse, cher professeur Amadou Makhtar Mbow doit connaitre la trajectoire que voilà pour y trouver l’inspiration, le courage et un formidable encouragement à aller jusqu’aux confins du monde en quête de la science. Jeunesse africaine, emparez-vous de l’œuvre du patriarche. Elle vous appartient. Emparez-vous, jeunesse du Sénégal et d’Afrique, des leçons de courage, d’humilité, de générosité en somme d’humanisme de cet homme de 100 ans debout et émergeant et tourné vers l’avenir en dépit du vieil âge», a lancé Macky Sall. En effet, au cours de la célébration du centenaire d’Amadou Makhtar Mbow, beaucoup de personnes ont aussi réagi par vidéo conférence pour saluer le parcours de l’homme. On peut citer, par exemple, du président de la commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, de l’ancien président capverdien Pedro Pires, de l’écrivain nigérian et prix Nobel de la paix, Wolé Soyinka, de la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay. Des messages du président burkinabé Roch Marc Kaboré, de l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou et du roi du Maroc ont aussi été lus par leurs représentants.
MACKY SALL, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : «Cher patriarche, votre combat est plus qu’actuel»
«Le Pr Amadou Makhtar Mbow est un homme de pensée et d’action. A l’heure des enjeux cruciaux, il a su répondre aux fortes attentes de ses contemporains pour un monde plus juste et plus équitable. On connait votre engagement pour un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication. Vous aviez bravé les surdités. Vous aviez fait face aux incompréhensions. Vous aviez défié les diktats pour que l’information et la communication soient un bien public, plus équilibré, accessible à tous les peuples respectueux des droits des peuples indépendamment de l’ordre de puissance des nations. Des décennies après, très cher patriarche, votre combat est plus qu’actuelle. A l’heure des révolutions numériques malgré la croissance exponentielle des moyens technologiques de l’information et de la communication, des territoires entiers et leurs populations restent encore à la marge du progrès. En moins d’un quart de siècle, le monde a connu dans ce secteur des évolutions inouïes qui touchent à nos manières de penser, d’agir et de vivre. Les flux d’informations explosent tandis que chaque jour, l’intelligence artificielle éloigne les frontières du génie humain. Il y a un peu moins d’un demi siècle ne pouvaient penser à ce prodigieux espoir de ces moyens de mise à relation, de communiquer, d’échanger des idées et des biens, de créer, de produire et d’être. On parlait alors de village planétaire. Nous vivons aujourd’hui dans un monde devenu un vaste réseau remarquable par l’instantanéité et la vitesse de la circulation de l’information. Plus que jamais, le monde a besoin de plus d’équité et de d’équilibre dans un contexte où par sa puissance l’information est devenue un paramètre aussi bien dans les stratégies de développement que les relations internationales».
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REVUE DE PRESSE DU LUNDI 22 MARS AVEC AHMED AIDARA
LES DIX PAYS LES PLUS LIBRES ET DÉMOCRATIQUES EN AFRIQUE
Le Sénégal, autre « vitrine » de la démocratie en Afrique, dévisse de sept points entre 2017 et 2020 et ne fait plus partie des pays « libres », au nombre de 9 seulement en Afrique
Deux classements de référence signalent le recul de la démocratie partout dans le monde en 2020. En Afrique, les 10 pays les plus démocratiques ne comprennent plus le Bénin, mais intègrent le Malawi.
« Une lutte sans leaders pour la démocratie », tel est le titre peu complaisant du dernier rapport annuel de Freedom House. Ce think tank américain et indépendant mesure l’évolution des libertés publiques et de la démocratie dans le monde. Son classement, publié le 11 mars, s’inquiète d’un déclin général en 2020 sur fond de Covid-19.
L’Afrique n’échappe pas à la tendance globale, avec très peu de champions en progrès, selon les paramètres de Freedom House. Le Cap-Vert fait exception, avec un score de 92 sur 100, meilleur que celui de la France (90). L’archipel lusophone est suivi par deux autres États insulaires : Maurice affiche le même résultat que la Grèce (87) et São Tomé-et-Principe (84) devance d’un point les États-Unis.
Viennent ensuite le Ghana (82), ex æquo avec la Pologne et l’Afrique du Sud (79), trois points de plus qu’Israël. La Namibie et les Seychelles (77) font mieux que le Brésil (74), tandis que le Botswana (72), le Sénégal et la Tunisie (71) figurent un cran au-dessus de la Hongrie (69) et de l’Inde (67).
Mali, Bénin et Sénégal en net recul
Le Mali voit sa note dégringoler de 11 points, passant de 44 sur 100 en 2019 à 33 en 2020, année d’un nouveau coup d’État à Bamako. Le Bénin accuse quant à lui aussi le plus net recul, de 14 points, avec un score tombé de 79 à 65 entre 2019 et 2020, ce qui lui vaut de disparaître des dix premières démocraties en Afrique et de perdre le label de « pays libre ».