JEUX DE CARTES - Malheurs d’alternances...
Hier, c’était le 21ème anniversaire de la première alternance démocratique au Sénégal. Un 19 mars 2000, Abdou Diouf, après 19 ans au pouvoir, est vaincu par Abdoulaye Wade riche de 25 ans d’opposition. Le “Pape du Sopi” venait de mettre fin à 40 ans de régime socialiste dont 21 ans de Léopold Sédar Senghor premier président du Sénégal indépendant. Celui-ci, selon la légende, avait fait une fixation symbolique sur l’année 2000. “Atum naataange”, l’année de la prospérité, chantonnait-on. Même si on était loin du luxe et de la luxure, il y avait ce sentiment de fierté d’être sénégalais. Notre exemple démocratique a été cité partout, surtout en Afrique, continent des coups d’État, des coups d’éclats et des sales coups. On a certes connu une seconde alternance en 2012 mais nous sommes maintenant loin, très loin d’être les “meilleurs”, les “références”. Le Cap-Vert voisin a connu ses alternances sans bruit. Au Ghana, c’est devenu très ordinaire. Récemment, le Président Issoufou du Niger a quitté le pouvoir après deux mandats, sans aucune volonté de prolonger son “règne”. Ici, Wade avait tenté le “mandat de trop” avant d’être stoppé dans les urnes après une dizaine de morts lors des manifestations contre sa candidature. Avec le recul, il n’est pas superflu de s’interroger sur l’utilité de nos fameuses alternances. Qu’a-t-on réellement gagné ? Après 11 ans de Wade au pouvoir, le 23 juin 2011 a été un moment décisif qui a permis au peuple de retrouver sa souveraineté. Le fameux quart bloquant qui devrait être avalisé par une Assemblée nationale acquise aux gouvernants d’alors a été la bourde de trop. Wade était obligé de reculer. Les dégâts étaient déjà là. Après 9 ans de Macky au pouvoir, des manifestations massives et violentes ont empêché l’emprisonnement d’un opposant accusé de viol en jetant dans les rues de nombreuses frustrations longtemps accumulées. 2011 et 2021 sont des moments tragiques, douloureux pour un pays martyrisé, notre patrie devenue une “mère affligée” qui voit ses enfants peiner, mourir, souffrir. C’est malheureux d’assister à cette danse du scalp, cette danse autour de victimes innocentes. Cette indifférence devant les drames. Et rien ne nous indique que cette manière de gérer la cité va changer. Les promesses et les engagements des prétendants au pouvoir n’engagent que ceux qui y croient. Nous en avons les preuves. De multiples preuves. Miim Reew
Le Sénégal franchit la barre des 1 000 morts de covid-19
Le bilan macabre du coronavirus continue de s’alourdir de jour en jour. Malgré la diminution des cas ces derniers temps, le virus a tué 8 personnes ce jeudi dernier. Ce qui porte le nombre de décès liés à la pandémie à 1 003. Des morts enregistrés en grande partie durant la deuxième vague. Celle-ci avait d’ailleurs poussé les autorités étatiques à instaurer l’Etat d’urgence dans les régions deDakar et de Thiès, avant de le remplacer par l’état de catastrophe sanitaire qui a pris fin ce 19 mars. Le bilan du jour du ministère de la Santé et de l’Action sociale fait état de 113 cas positifs sur 1 655 tests, soit un taux de positivité de 6,82%. Les cas positifs sont composés de 44 cas contacts et de 69 cas issus de la transmission communautaire. Cependant, 288 patients sont déclarés guéris et 36 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation. Depuis le début de la pandémie, le Sénégal a recensé 37 541 cas de coronavirus, dont 33 931 guéris et 2 606 patients sous traitement. Pour ce qui est de la campagne de vaccination, 2 038 personnes ont été vaccinées jeudi portant le nombre total à 14 8246.
Sonko, haute autorité chargée de la paix en Casamance
L’ancien ministre d’Etat et président du parti de l’Espoir et de la Modernité/ PEM/ Yaakaar u Réew Mi, mise sur Ousmane Sonko pour le retour de la paix définitive en Casamance. Habib Sy rappelle que depuis l’avènement de l’affaire du «Sweet Beauté», Ameth Khalifa Niass n’a cessé d’insister sur l’idée de confier le règlement du conflit en Casamance au député Ousmane Sonko. Il appuie et prolonge l’idée de M. Niass en suggérant qu’Ousmane Sonko soit nommé haute autorité indépendante chargée de la paix en Casamance. A l’en croire, l’idée d’Ameth Khalifa Niass est d’autant plus pertinente qu’Ousmane Sonko lui-même a déclaré que la paix en Casamance est le seul et unique domaine dans lequel il peut travailler avec le Président Macky Sall.
Interrogation sur la capacité d’Halliburton d’éteindre le puits de gaz
La lenteur notée pour éteindre les flammes qui jaillissent du puits de gaz de Gadiaga depuis maintenant trois mois suscite des interrogations sur la capacité de la société américaine Halliburton de réussir l’opération. En tout cas, le doute s’est déjà installé chez le coordonnateur national du Forum civil, Birahime Seck. Il pousse la réflexion plus loin en se demandant quel est le coût de l’opération. «Combien est-il payé? A-t-il une obligation de résultat?» s’interroge Birahime Seck. Il se demande s’il n’y avait pas d’autres offres sur la table. En tout état de cause, le constat est que la société américaine peine à éteindre les flammes.
Découverte d’un nouveau-né à Thiaroye
Un nouveau-né de sexe féminin, enveloppé dans un drap, a été abandonné dans la rue au quartier Léona II de Thiaroye. Ce sont les riverains qui ont découvert le bébé. Ainsi ils ont saisi les limiers de la Police de Thiaroye. Les hommes du Commissaire Salif Kamara se sont déplacés sur les lieux pour faire le constat. Ils seront suivis par les sapeurs-pompiers qui ont pris le bébé et l’ont déposé vivant dans une structure sanitaire de la place. La Police de Thiaroye a ouvert une enquête.
Installation du nouveau commandant de la zone n°6
Le chef d’état-major général des armées, le Général d’armée aérienne Birame Diop, poursuit ses tournées d’adieux aux soldats. Après Ziguinchor, le général Birame Diop était hier à la zone militaire n°6, Kolda. Avant la cérémonie d’adieux, le chef d’état-major général des armées a installé le nouveau commandant de la zone n°6, le colonel Kamara qui a remplacé le colonel Sarr. Le général d’armée aérienne Birame Diop a également inauguré des infrastructures avant de faire ses adieux aux unités. Par ailleurs, le Commandant de la zone militaire 7, Thiès, a présidé hier la cérémonie de remise de diplômes aux 51 militaires gambiens, à l’issue de leur formation sur les véhicules blindés de combat de l’infanterie au Centre d’entraînement national ‘’Capitaine Gormack Niang’’.
Visite de courtoisie du Président Julius Madabio
Le Sénégal et la Sierra Leone entretiennent d’excellentes relations. A la suite de la visite d’une délégation gouvernementale, le président de la République de Sierra Leone débarque à Dakar. Le chef d’Etat Julius Madabio est en visite de courtoisie et d’amitié au Sénégal. Il a été accueilli à l’aéroport par le Président Macky Sall. Les deux chefs d’Etat ont magnifié les relations entre Dakar et Freetown.
Les lébous de Yoff réclament 250 h de l’aéroport L.S.S
Les terres de l’aéroport Léopold Sédar Senghor aiguisent des appétits. Depuis qu’ils ont eu échos de l’attribution de parcelles à des pontes de la République, les jeunes lébous de Yoff ont mis en place un collectif pour réclamer leurs parts de ces terres de leurs ancêtres. Le collectif des associations et mouvements pour la défense des intérêts de Yoff (CAMDIY) a tenu un point de presse pour dénoncer le partage de ces terres. Au regard de la croissance exponentielle de la population léboue de Yoff, le collectif réclame au moins 250 ha sur l’assiette foncière de l’aéroport (864 ha) afin de loger ses fils. Les membres du collectif alertent sur cette situation qui va impacter sans doute négativement sur leur avenir mais surtout celui des générations futures de Yoff. Amadou Camara Diène prévient qu’ils vont s’opposer au barrage de ces terres de leurs ancêtres d’une superficie de 864 ha. A l’en croire, la lutte sera menée par des dignitaires, des chefs religieux en plus du collectif. Les membres du collectif rappellent au président de la République sa promesse de mettre fin à la spoliation foncière. Ils craignent que le foncier qui est souvent source de violence au Sénégal ne soit l’étincelle qui risque d’embraser Dakar.
Beye et les administrateurs du PAD
Les administrateurs du Port autonome de Dakar (PAD) s’imprègnent des projets portuaires. Le Pca du Port Autonome de Dakar, Moussa Sy et le Directeur Général de la SONAPAD, Aboubacar Sedikh Bèye, ont lancé ce vendredi les travaux de l’atelier de partage entre les administrateurs et la Direction Générale. Cette démarche novatrice permettra aux administrateurs de s’approprier à la fois des projets et programmes de la société qu’ils administrent afin de disposer de tous les éléments leur permettant d’accompagner le PAD dans la mise en œuvre de son plan stratégique 2019-2023. Ainsi, les administrateurs et la direction générale estiment que le moment est venu pour traduire en actes la vision de faire du port de Dakar un «Port moteur de l’émergence Sénégal». D’autant que le port dispose d’énormes atouts pouvant lui permettre d’être le moteur du développement de notre pays. Au-delà du partage du plan stratégique 2019-2023, les administrateurs et la direction générale ont partagé des informations sur un certain nombre de projets. Il s’agit du Concept de Ndayane et ZIP, du Guichet unique portuaire électronique, du Port sec Pout et de la base logistique pétrolière et gazière. Il est attendu également une présentation sur les réformes phares en cours de préparation et sur les 10 programmes du pacte de Saly.
Un Guinéen tombe avec 100 kg de cannabis à Kolda
Un convoyeur de drogue de nationalité guinéenne est tombé dans les filets des éléments du démembrement de la Direction de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (Docrtis) de Kolda, avec 100 kg de cannabis. Les flics ont mis la main sur les deux motocyclettes qui servaient au convoyage de la drogue dans la nuit du jeudi au vendredi, à Kolda. Ils ont interpellé l’un des deux convoyeurs de nationalité guinéenne qui est présentement en garde à vue pour trafic international de drogue et association de malfaiteurs. Selon la même source, l’un des trafiquants a réussi à s’échapper. Il est activement recherché par la brigade régionale des stupéfiants.
Spéculations sur les prix du ciment
Le ministre du Commerce et des Petites et Moyennes Industries, Aminata Assome Diatta, met en garde les commerçants véreux. Elle a remarqué que des commerçants ont profité de la perturbation dans l’approvisionnement du ciment aux points de vente pour hausser le prix. Les services du ministère du Commerce ont constaté des difficultés d’ordre technique dans la distribution qui ont conduit à une baisse de l’offre. Cette situation s’explique par les récentes manifestations dans notre pays. Pour des raisons de sécurité, l’essentiel des camions était immobilisé, perturbant l’approvisionnement en ciment des points de vente. Contrairement aux règles d’éthique, dénonce Aminata Assome Diatta, certains opérateurs économiques s’adonnent à des spéculations sur les prix et à des rétentions de stocks, prenant ainsi le risque de perturber le marché du ciment. Dans un communiqué parvenu à «L’As» le ministère du Commerce menace de sanctionner les commerçants qui violent les règles sur les prix et la distribution. Elle rassure, toutefois, que toutes les mesures sont mises en œuvre pour un retour rapide à la normale de la distribution et de la disponibilité du ciment.
PLUS DE 81 MILLIARDS DE LA BOAD À TROIS PAYS DONT LE SÉNÉGAL
Le média précise que dans ce cadre, il a été approuvé pour le Sénégal un prêt de 21,106 milliards de francs CFA (38,74 millions de dollars) pour l’amélioration de la qualité et de l’équité dans l’éducation avec la construction de 1.528 salles de classe.
Dakar, 19 mars (APS) - La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) va apporter un financement total de 81,106 milliards de francs CFA aux économies de trois de ses pays membres, dont 21,106 milliards CFA reviendront au Sénégal sous forme de prêt, a appris l’APS.
La BOAD apportera un financement total de 81,106 milliards de francs CFA, soit 148,88 millions de dollars, aux économies de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Sénégal, annonce l’agence Chine nouvelle, citant un communiqué de cette institution financière de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) dont le siège se trouve à Lomé (Togo).
"Ce sont six propositions de prêts qui ont été approuvées, en faveur de ces trois pays, par le Conseil d’administration de la BOAD lors de sa session ordinaire le 17 mars dernier", rapporte Chine nouvelle.
Le média précise que dans ce cadre, il a été approuvé pour le Sénégal un prêt de 21,106 milliards de francs CFA (38,74 millions de dollars) pour l’amélioration de la qualité et de l’équité dans l’éducation avec la construction de 1.528 salles de classe.
Pour le Mali, trois prêts ont été approuvés pour un montant total de 40 milliards de francs CFA (environ 73,43 millions de dollars), dont 15 milliards sont destinés à financer un projet routier dans la ville de Sévaré.
Quinze milliards vont servir à financer un tronçon urbain à Bamako et une ligne de refinancement de 10 milliards de francs CFA a été approuvée en faveur de Coris Bank International Mali, selon Chine nouvelle.
La Côte d’Ivoire pour sa part a obtenu l’approbation de deux lignes de refinancement pour un total de 20 milliards de francs CFA (environ 36,71 millions de dollars), en faveur respectivement de Bridge Bank Group Côte d’Ivoire et BGFIBank Côte d’Ivoire.
Les nouvelles approbations portent à 6.335,168 milliards de francs CFA (environ 11,63 milliards de dollars) le total des engagements toutes opérations confondues de la BOAD depuis le démarrage de ses activités opérationnelles en 1976, selon la même source.
La BOAD est l’institution financière regroupant les huit Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) que sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Mali, la Guinée-Bissau, le Sénégal et le Togo.
Dakar, 19 mars (APS) - La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) va apporter un financement total de 81,106 milliards de francs CFA aux économies de trois de ses pays membres, dont 21,106 milliards CFA reviendront au Sénégal sous forme de prêt, a appris l’APS.
La BOAD apportera un financement total de 81,106 milliards de francs CFA, soit 148,88 millions de dollars, aux économies de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Sénégal, annonce l’agence Chine nouvelle, citant un communiqué de cette institution financière de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) dont le siège se trouve à Lomé (Togo).
"Ce sont six propositions de prêts qui ont été approuvées, en faveur de ces trois pays, par le Conseil d’administration de la BOAD lors de sa session ordinaire le 17 mars dernier", rapporte Chine nouvelle.
Le média précise que dans ce cadre, il a été approuvé pour le Sénégal un prêt de 21,106 milliards de francs CFA (38,74 millions de dollars) pour l’amélioration de la qualité et de l’équité dans l’éducation avec la construction de 1.528 salles de classe.
Pour le Mali, trois prêts ont été approuvés pour un montant total de 40 milliards de francs CFA (environ 73,43 millions de dollars), dont 15 milliards sont destinés à financer un projet routier dans la ville de Sévaré.
Quinze milliards vont servir à financer un tronçon urbain à Bamako et une ligne de refinancement de 10 milliards de francs CFA a été approuvée en faveur de Coris Bank International Mali, selon Chine nouvelle.
La Côte d’Ivoire pour sa part a obtenu l’approbation de deux lignes de refinancement pour un total de 20 milliards de francs CFA (environ 36,71 millions de dollars), en faveur respectivement de Bridge Bank Group Côte d’Ivoire et BGFIBank Côte d’Ivoire.
Les nouvelles approbations portent à 6.335,168 milliards de francs CFA (environ 11,63 milliards de dollars) le total des engagements toutes opérations confondues de la BOAD depuis le démarrage de ses activités opérationnelles en 1976, selon la même source.
La BOAD est l’institution financière regroupant les huit Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) que sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Mali, la Guinée-Bissau, le Sénégal et le Togo.
PLAIDOYER POUR UN QUOTA JEUNES DE 25 À 30% ...
''Aussi, est-il apparu urgent et important, après les bouffées de violences engendrées lors des récentes manifestations, de prendre des mesures historiques, fortes et concrètes à l’effet de corriger dans des délais raisonnable''
« Je plaide pour un quota obligatoire de 25 à 30% des jeunes dans les instances de décisions et sur les listes électorales »
Après une froide radioscopie des récentes bouffées de violences perpétrées à Dakar dans plusieurs régions par des jeunes gens désorientés, désespérés et livrés à eux-mêmes, Dr Cheikh Omar Diallo propose une forte représentation des jeunesses du Sénégal dans les espaces d’expression, d’élaboration, de conception et de mise en oeuvre des politiques publiques. Il milite ouvertement pour l’adoption d’une loi rendant obligatoire le quota des jeunes dans les instances de décisions nationales, régionales et locales. Soit par un projet de loi (initiative gouvernementale) soit par une proposition de loi (initiative législative).
EXPOSE DES MOTIFS
En dépit des efforts de politiques publiques et des avancées législatives marquées notamment par la Constitution du 22 janvier 2001 dont des articles précisent que : « L’État et les Collectivités publiques créent les conditions préalables qui garantissent l’éducation des enfants » (article 21) ; « L’État a le devoir et la charge de l’éducation et de la formation de la jeunesse » (article 22) ; « Chacun a le droit de travailler et le droit de prétendre à un emploi (article 25) ; force est de constater que les jeunes, de loin les plus nombreux, soit plus de 70% de la population restent pourtant ultra-minoritaires dans les institutions et assemblées électives dans lesquelles leur participation minime dans les prises de décisions est loin de correspondre à leur contribution nationale dans la marche du pays, soit en tant que potentiel de développement, soit en tant qu’accélérateur d’émergence et d’espérance.
Aussi, est-il apparu urgent et important, après les bouffées de violences engendrées lors des récentes manifestations, de prendre des mesures historiques, fortes et concrètes à l’effet de corriger dans des délais raisonnables, la sous-représentation des jeunes dans les instances gouvernementales, étatiques et les assemblées électives et semi-électives telles que l’Assemblée nationale, le Haut conseil des collectivités territoriales, le Conseil économique, social et environnemental, les conseils régionaux, départementaux et municipaux, en exigeant un quota obligatoire de 25 à 30% de candidatures des jeunes, hommes et femmes, dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives.
Telle est l’économie du présent plaidoyer que nous voudrions humblement soumettre au Président Macky Sall, aux députés et aux Sénégalais afin qu’ils l’examinent et l’approfondissent.
Article premier. – Un quota obligatoire de 25 à 30% des jeunes est institué au Sénégal dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives.
Art. 2. – Sont considérées comme jeunes, celles et ceux qui sont dans la tranche d’âge des 18 à 35 ans.
Art. 3. - Les listes de candidatures continueront d’être alternativement composées de personnes des deux sexes.
Lorsque le nombre de membres est impair, la parité s’applique au nombre pair immédiatement inférieur.
Les listes de candidatures doivent être conformes aux dispositions ci-dessus sous peine d’irrecevabilité.
Art. 4. - Les conditions d’application de la présente loi seront définies et précisées par décrets.
Art. 5. - La présente loi et ses décrets d’application seront insérés au Code électoral.
La présente loi abrogera toutes dispositions contraires.
Dr Cheikh Omar Diallo
Juriste, Docteur en Science Politique
Directeur de l’Ecole d’Art Oratoire et de Leadership
Expert et Formateur en Communication.
VIDEO
NE DÉSESPÉREZ PAS DE L’AFRIQUE
Amadou Makhtar Mbow parle à la jeunesse. À l’occasion de la célébration de son centenaire, il a adressé un message d’espoir à tous ces jeunes, tentés de quitter le Sénégal et l’Afrique de manière générale pour rejoindre l’Eldorado.
Amadou Makhtar Mbow parle à la jeunesse. À l’occasion de la célébration de son centenaire, il a adressé un message d’espoir à tous ces jeunes, tentés de quitter le Sénégal et l’Afrique de manière générale pour rejoindre l’Eldorado. Dans une vidéo, l’ancien Directeur de l’UNESCO encourage les jeunes à s’abreuver à la source du savoir. "Lisez, apprenez, rien ne vous est interdit. Et surtout ne désespérez pas de l’Afrique", leur conseille-t-il.
AMADOU MAHTAR MBOW RACONTÉ PAR PENDA MBOW
Sa proximité avec l’ancien Directeur général de l’UNESCO lui a permis de bien le connaître. Dans cet entretien, elle revient sur le parcours de cet éminent homme de culture qui doit faire la fierté de tout le peuple sénégalais
Le doyen Amadou Mahtar Mbow aura 100 ans ce samedi 20 mars 2021. Né le 20 mars 1921, il fut parmi les artisans de notre indépendance. Homme politique, il a été plusieurs fois ministre et Directeur général de l’UNESCO pendant 13 ans. Pour célébrer cette grande figure, Le Témoin s’est rapproché de Mme Penda Mbow, maître-assistante d’histoire médiévale à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Sa proximité avec l’ancien Directeur général de l’UNESCO lui a permis de bien le connaître. Dans cet entretien, elle revient sur le parcours de cet éminent homme de culture qui doit faire la fierté de tout le peuple sénégalais.
M. Amadou Mahtar Mbow célèbre, ce 20 mars 2021, ses cent ans. Connaissez- vous le patriarche ?
Absolument ! Je le connais très bien. Je peux même affirmer que je suis un membre de sa famille. Je le fréquente depuis très longtemps. Je l’ai fréquenté, je l’ai apprécié, lui, sa femme ses enfants et toute la famille.
Vous l’avez alors côtoyé en famille. Quel père et grand-père il est ?
C’est un homme extraordinaire. J’ai l’habitude de le dire à Marie Amy qui m’est très proche dans la famille. Quand je les fréquentais à Paris dans leur appartement à l’UNESCO, je regardais M. Mbow et sa femme, un couple fusionnel. J’ai eu à demander à Marie Ami est ce qu’il arrive que son père et sa mère se chamaillent. Elle s’était mise à rire et me répondit : « Oui, absolument ! Comme tous les couples ». M. Mbow, depuis le temps que je le connais, que je le fréquente- et j’étais très jeune- je n’ai jamais entendu, en ce qui le concerne, quelque chose sur sa vie privée. Je n’ai jamais rien entendu concernant sa vie privée. Je l’ai toujours vu avec sa femme. Et quand on les voit ensemble, tous ceux qui ont eu à apprécier M. Mbow l’ont apprécié avec sa femme. Ils l’ont apprécié en tant que couple. C’est quelqu’un qui, à mon avis, ne fait rien sans sa femme. Ils échangent. Ils sont toujours ensemble. D’ailleurs, je me mets toujours à taquiner Mme Mbow en lui disant que si M. Mbow est malade, elle devient plus malade. Pas en tant que tel, mais parce que son mari est malade. Je n’ai jamais vu un couple pareil. C’est quelqu’un qui a éduqué ses enfants. Il n’a que deux filles et un garçon. Fara, l’ainé qui vit à Paris, Marie Ami Mbow qui est archéologue et Awa qui est médecin et dirige sa clinique médicale. Elle est diabétologue. Ils sont partis très tôt en France dans les années 70 alors que nous, nous étions au lycée. Ils sont partis en France alors que Awa était en cinquième, peut être que Marie Ami en sixième au Lycée Van Vollenhoven. Ils ont vécu très, très longtemps là-bas. Mais il a veillé à ce que ses enfants puissent avoir une éducation par rapport à leurs traditions, leurs valeurs et leur propre culture. Directeur Général de l’UNESCO, donc ayant tous les moyens, il envoyait Marie Amy de temps en temps vivre à Dakar. Elle prenait une chambre d’étudiante avec uniquement la bourse d’étudiant. Parce M. Mbow disait, on ne sait pas de quoi demain sera fait…Marie Amy est souvent dans les villages d’origine de son père comme Ndialakhar Louga. Sur les traces de son père. Elle est en interaction avec les femmes de Mékhé. Un moment elle a essayé de faire de l’artisanat traditionnel, de l’artisanat d’art parce qu’elle est muséologue. Ce qu’elle sait du Sénégal, moi-même, parfois, j’en suis étonnée. C’est également le cas pour ses petits-enfants. M. Mbow est un père aimant, un mari aimant, un vrai patriarche dans sa famille. Je ne le vois pas thésauriser sur le plan matériel. Je lui connais sa seule maison du Point E. J’en connais pas d’autres. Et pourtant, peut-être, il avait les moyens et les possibilités de construire des immeubles. Il ne l’a jamais fait. C’est quelqu’un qui vit bien, qui vit très bien même avec sa famille. Et tous les gens de sa génération. J’ai de l’admiration pour les gens de cette génération. Ce sont des gens en général monogames avec un nombre limité d’enfants. Donc la famille nucléaire. Et en plus, ils se sont évertués à donner la meilleure éducation possible à leurs enfants. Si vous voyez tous les gens de cette génération, je vous assure que c’est le même modèle que l’on retrouve presque chez eux. Donc ça, je trouve que c’est un modèle qui a tendance à disparaître... C’est une génération qui a pris résolument l’orientation de fonder leurs actions sur la rationalité, mais aussi sur la volonté d’une modernisation exceptionnelle de leur société.
Est-il attaché aux traditions et valeurs africaines ?
C’est quelqu’un qui est extrêmement ouvert sur le monde. Il est également très enraciné. Non seulement il parle un très bon wolof, mais il connaît très bien le Sénégal…C’est le premier à développer l’éducation de base. Il a été dans toutes les régions les plus reculées du Sénégal. Il a séjourné à Darou Mousty... Ce qu’il sait de la Casamance, je vous assure que très peu de gens le connaissent. Il m’a aidé dans nos discussions à comprendre certains aspects de la crise casamançaise. Ce qu’on ne trouve pas chez beaucoup. C’est quelqu’un qui a une grande connaissance du Sénégal…
Parlez- nous un peu de son engagement politique ? Quel homme politique il était ?
Les gens de cette génération étaient tous des militants. Je n’en connais pas en tous cas parce que ce sont des gens que j’ai eu la chance très jeune de côtoyer. Je n’en connais pas qui ne soient pas engagés politiquement. Il a commencé d’abord quand il était étudiant à la Sorbonne au lendemain de la deuxième Guerre mondiale à être parmi les membres fondateurs. Il a même présidé la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire. La FEANF où se retrouvaient à la fois des étudiants africains mais aussi de la diaspora. D’abord, en tant que président de la FEANF. C’est une étape décisive dans son engagement. Mais comme à l’époque les partis que l’on connaissait, le premier parti qui était créé par Lamine Guèye, la SFIO (Section française de l’Internationale Ouvrière). Donc il était membre de la SFIO et il a eu à transposer un peu la SFIO au Sénégal… Amadou Mahtar Mbow avait choisi d’être du PRA Sénégal. Le Parti du Regroupement Africain -Sénégal. Il était dans le PRA avec Assane Seck, Abdoulaye Ly, le premier Docteur d’État sénégalais. Ils étaient membres du PRA Sénégal... C’est quelqu’un qui a toujours milité. Mais pour comprendre le militantisme d’Amadou Mahtar Mbow et de ceux de sa génération, il faut se référer à l’époque. Pourquoi sont- ils devenus militants ? Ça me parait fondamental. Parce que simplement, ils étaient les premiers à prendre conscience véritablement de ce qu’était la colonisation.
Quelle a été son empreinte au département de l’Éducation. Autrement dit, qu’est-ce qu’il a apporté à ce secteur ?
Si je devais choisir un seul mot pour définir Amadou Mahtar Mbow, je dirais Education. C’est un missionnaire de l’Education. Il avait commencé d’abord dès qu’il était à la Sorbonne. C’est là où il a rencontré sa femme. Ils se sont retrouvés pour jouer un rôle extrêmement important dans l’éducation. Et les Français, pour des raisons vraiment qu’on peut facilement comprendre, l’avaient d’abord affecté à Rosso en Mauritanie. Parce qu’ils estimaient que c’était peut être quelqu’un qu’on ne maîtrisait pas et que ce n’était pas bien pour l’envoyer au Sénégal. Finalement, il s’est retrouvé au Sénégal en 1953. Essentiellement en 1954. Je ne dis pas qu’il était le père de l’éducation de base, mais il a joué un rôle déterminant dans cette éducation de base. Il y a deux exemples pour étayer cela. Il a été à Darou Mouhty mais aussi en pays diola, en Casamance. A partir de là, il a été un très grand pédagogue. Parce que les populations étaient réticentes à l’école française. Comme quand on avait créé l’Ecole des fils de chefs. Les chefs envoyaient plutôt les fils de leurs anciens esclaves ou leurs subalternes dans ces écoles plutôt que leurs propres enfants. Donc il a été pour l’éducation de base….Il faisait ses enquêtes et filmait les populations. Et le soir, quand il projetait ses films par l’image, il a convaincu les chefs. Il n’y avait pas beaucoup de films à l’époque. Il leur montrait des films de Charlie Chaplin par exemple. Et ça lui permettait de faire adhérer les populations et leurs chefs à ce projet d’éducation de base. C’est comme ça qu’il a pu implanter quelques écoles qui deviendront finalement des lycées. Ça, c’était l’étape qui a été décisive dans sa vie future concernant l’éducation. Il était en contact avec les programmes de l’UNESCO. Ministre de l’Education Nationale, cela lui a permis d’avoir une vision de l’Education… Il est passé de l’éducation de base au niveau de son pays dans les villages les plus reculés à une dimension internationale… Il a expérimenté l’éducation sous différentes facettes. Et dans l’éducation, n’oublions pas certains combats qu’il a eu à mener. Par exemple, le combat sur la Diversité Culturelle et l’Introduction des langues nationales…Il y a d’autres aspects. Quand il arrivait à l’éducation, il n’y avait pas de manuels, il n’y avait rien. Amadou Mahtar Mbow a commencé par fabriquer avec sa femme des polycopies pour enseigner. Il a commencé par les polycopiés et aussi par faire des manuels d’histoire et de géographie. Dans ses enquêtes, il s’intéressait beaucoup à la géographie. Il est historien, mais il s’intéressait beaucoup à la géographie. C’est un observateur extraordinaire. Il est d’un empirisme véritable et ça a beaucoup aidé…Quand on voit là où nous sommes, cela veut dire que ces gens ont eu à faire un travail extraordinaire, exceptionnel. Rien que pour ça, quand on voit là d’où nous sommes venus et d’où nous arrivons, cela mérite qu’on fête et qu’on pense véritablement à ce qu’Amadou Mahtar Mbow a fait... J’étais étudiante, je venais juste d’avoir ma maîtrise en 1979. Je suis allé à un cours à la Bourguiba School à Tunis et j’ai rencontré sa fille, Marie Ami. Quand j’ai rencontré Marie Amy, je devais rentrer. J’avais un billet qui m’amenait à Marseille. Je devais prendre, à partir de Marseille, un vol pour aller à Dakar. Nous étions au mois d’août et Marie Amy me dit : « Nous allons à Paris ». Elle a changé mon billet et nous avons pris le train. A l’époque, le train mettait des heures et des heures pour arriver à Paris. Nous sommes arrivés à Paris et je n’ai pas trouvé son père. J’ai juste trouvé Awa sa sœur parce que le papa et la maman étaient aux Îles Galapagos pour le lancement de la campagne de sauvegarde internationale des caïmans, des reptiles des Iles Galápagos. La première question que Marie Ami m’a posée quand nous sommes arrivées à l’appartement des rues de Sèvres est : Qu’est- ce que tu veux voir dans Paris? Évidemment comme j’avais lu Victor Hugo, le Monument qui m’intéressait c’était Notre Dame de Paris. Mais quand son Papa est rentré, chaque semaine, durant tout le temps que je suis restée là-bas et ce n’est pas la seule fois qu’il faisait cela. Chaque semaine, il remettait à Marie Ami Cinq cent Francs. A l’époque c’était beaucoup d’argent. Et chaque nuit, on me faisait un plan de ce que je devais visiter. Les théâtres que je devais voir, les pièces de théâtre que je devais voir, les opéras. Rien ne m’est étranger à la vie culturelle de Paris. Il y avait aussi tous les livres que je devais acheter. Je dois énormément à M. Mbow. Dans mon encadrement culturel, voilà ce que je dois à Amadou Mahtar Mbow. Pratiquement, chaque année, je passais mes vacances chez eux. Et à chaque fois, c’était la même chose jusqu’à ce que je quitte Paris pour rentrer au Sénégal. Sa femme qui est une personne que je considère comme un exemple du bon goût et du raffinement. Rien que comment tenir une maison. Comment se comporter dans la maison. Pour ça, je peux vous dire que j’ai beaucoup appris auprès de Raymonde Mbow. C’est vous dire à quel point ils étaient regardants sur l’éducation des enfants. J’y étais une fois à un mois du ramadan et Mme Mbow, à l’époque elle n’était même pas encore musulmane, elle était chrétienne, mais elle nous a dit : « vous n’allez pas manger parce que vous allez jeuner. Vous êtes au mois de ramadan et elle avait fermé à clef toute la nourriture de la maison. Et Dieu sait qu’il n’en manquait pas. Tout cela pour nous obliger à jeûner. A mon avis, ça c’est être respectueux des valeurs et de l’éducation de ses enfants. Honnêtement, Amadou Mahtar Mbow, je ne vois chez lui aucun excès. Il a une hygiène de vie assez exceptionnelle. Et c’est cette hygiène de vie qui explique quand même sa longévité Ma Challa Yala yala khèp Doly. Il a une hygiène et des convictions. Et là d‘ailleurs, il le dit dans sa vidéo. Il est resté lucide. Rien n’a changé dans sa façon d’analyser, d’approcher la vie et les choses. C’est un être exceptionnel il faut le reconnaître.
Il a participé au combat pour l’indépendance et a vu passer 4 présidents de la République. Pensez- vous que l’on s’est servi de l’expérience de l’homme ?
Entre les hommes d’une génération, et même ceux qui viennent après, et les hommes de pouvoir et ceux qui peuvent aspirer au pouvoir, il y a toujours une méfiance, une crainte etc. Et c’est vrai qu’il a travaillé avec Senghor en tant que ministre. Moi je me souviendrai de la cérémonie de lancement de la campagne internationale de Sauvegarde de Gorée. A l’époque, j’étais jeune conseillère au Ministère de la Culture. Et le Directeur du patrimoine étant en voyage, j’avais assuré son intérim et j’avais préparé pratiquement toute la campagne de lancement de Sauvegarde de Gorée. Et peut-être c’est le dernier acte qu’il a eu à faire avec Senghor. C’était un moment sublime et je me souviendrai toujours de la soirée de gala à Sorano avec la pièce l’Os de Mor Lam de Birago Diop. Il y a aussi le spectacle Sons et Lumières de Gorée où on a repris, retravaillé ou refait le tableau sur « Toussaint Louverture ». A l’époque, on avait de grands hommes comme Douta Seck au théâtre. Donc c’était des moments fabuleux. J’ai beaucoup travaillé avec Assane Seck sur beaucoup de choses. Ce sont des gens quand on a du recul, on voit que tous ils ne sont pas riches. Ces gens-là, c’étaient des gens qui ont vécu normalement, mais qui ne sont pas riches. Ils ont vécu avec un certain nombre de valeurs parce qu’ils avaient honte de renoncer à ces valeurs par rapport à leur engagement.
Connaissez- vous ses relations avec les différents présidents du Sénégal?
Avec Senghor, ils ont eu des rapports intellectuels très, très poussés. C’est vrai aussi sous Diouf. Ils sont tous les deux de Louga. Donc il y a une certaine relation de terroir qui les a liés, si vous voulez.
Quels étaient leurs rapports personnels et qu’est- ce qu’ils ont eu à entretenir ?
Je ne saurai vous le dire. Peut-être M. Mbow pourra vous le dire lui-même ou Abdou Diouf en personne. En revanche, Abdoulaye Wade, ils se sont connus depuis très longtemps. Parce que Abdoulaye Wade, ne l’oublions pas, il faisait partie de la même génération. La génération de Présence Africaine. Mais quelque chose qui a beaucoup dégradé leurs relations, à mon avis, ce sont les Assises nationales. Là, il a été voir Abdoulaye Wade pour l’informer de la tenue des Assises, mais Abdoulaye Wade n’a pas du tout digéré. Je crois qu’avec Macky cela ne peut être que des relations filiales de père de quelqu’un à qui il peut donner des conseils et qu’il peut aider. Sauf qu’il y a tout ce travail autour des Assises nationales et de la CNRI qui peut profiter au Sénégal et qui est aujourd’hui devenu plus que jamais actuel, au sortir de cette crise. Et je crois que là vraiment, peut être que Monsieur Mbow pourra aider Macky sur certains aspects en discutant avec lui. Parce que Macky ne peut être que son fils voire son petit-fils.
Qu’est-ce qu’il aurait pu donner à son pays qu’il n’a pu faire ?
Je pense qu’à chaque fois qu’il a été sollicité, il a répondu présent. Et malgré son âge avancé, quelqu’un me disait qu’il est admiratif de M. Mbow. Parce qu’une fois assis, il ne se levait pas. Il n’est jamais en retard à une réunion. Il est toujours ponctuel. Il dirige les réunions. Et c’est aussi quelqu’un qui a une capacité de travail, mais aussi de concentration. Savez-vous que jusqu’à présent il travaille sur son ordinateur ? Il répond à ses mails. Et jusqu’à présent, il continue à lire et à écrire comme avant. C’est quelqu’un d’une simplicité extraordinaire, qui aime la conversation, qui aime partager. Qu’est-ce qu’il n’a pas donné à son pays. Moi je pense qu’il a tout donné à son pays. Et je crois que si nous sommes arrivés en 2012 à avoir une sortie de la crise qui commençait sur le plan politique. C’est parce qu’on a eu les Assises nationales. Ne serait –ce que dans l’élaboration, la façon de mener ces Assises. Et une fois que Monsieur Mbow a donné son accord, car il a mis du temps à réfléchir avant de prendre la décision de diriger les Assises. Mais une fois qu’il a pris la décision, il n’a jamais reculé devant son engagement. Moi je me dis un homme comme ça, nous devons le donner en modèle. Et la vie n’a pas toujours été facile pour lui, ni simple pour lui. Il est parti de rien. Quand il me raconte par exemple comment il a fait pour ne pas être pris par les Nazis au moment de la Seconde Guerre Mondiale, je me suis dit celui- là, c’est Dieu qui l’a protégé. Et à chaque fois qu’il est devant une difficulté majeure, il y a quelque chose qui lui vient en aide. C’est ce que je vois chez des gens comme Mandela et autres .Quand on a une mission, on est protégé par Dieu lui-même jusqu’à ce que la mission soit accomplie. C’est comme ça que je vois véritablement le parcours de Amadou Mahtar Mbow.
Il n’a pas été déçu de voir les conclusions des Assises nationales ignorées par le pouvoir ?
Non, c’est un homme de convictions et je sais comme lui, il sait que tôt ou tard, on aura recours à ce travail -là. Parce que ce travail a été fait sur la base d’une générosité extraordinaire. Personne n’a financé les Assises nationales. Ce sont les membres, les Sénégalais qui se sont cotisés. Je n’ai jamais vu un élan de patriotisme identique. Ils ont passé des nuits blanches pour réfléchir, pour travailler, pour écrire et à assurer. Et là, c‘est le lieu de saluer ma collègue et amie Aminata Diaw qui a été rapporteur de ces Assises à côté du Général Keita. Tout le monde s’est engagé. Mais si tout le monde s’est engagé et donné de cette manière, c’est parce qu’il y avait le courage d’Amadou Mahtar Mbow qui a été un catalyseur pour tout le monde. Et mieux, à chaque fois qu’il y avait des moments de doute, quand on regardait Amadou Mahtar Mbow, on cessait de douter. Moi je trouve qu’on lui doit beaucoup. Il est un ciment et un fédérateur. On l’a vu au moment des crises. 68 était une crise extrêmement difficile. Il a eu à négocier et quand il a su que quitter le Ministère de l’Education Nationale est la meilleure façon de trouver une solution, il est parti. Et c’’est comme ça qu’il faut voir les charges.
Amadou Makhtar Mbow reste également un des pionniers du Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (Nomic). Quel bénéfice le continent en a tiré ?
Moi je me dis qu’Amadou Mahtar Mbow est exceptionnel. Venir en ce moment, non seulement de la guerre froide, où la toute-puissance des Etats Unis était incontestable ainsi que l’Union Soviétique qui lui faisait face. Déjà ouvrir ces débats importants. Parce qu’il a toujours ouvert des débats précurseurs. Il y a le Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication. Il y a la question des biens culturels. C’est quelqu’un qui a passé sa vie à suivre les traces que l’être humain a laissées pour en faire des monuments historiques, des trésors vivants, des éléments du patrimoine mondial. Ce qui fait que je n’ai jamais vu quelqu’un avoir autant de Doctorats Honoris Causa. Il en a plus d’une cinquantaine de diffé rentes universités et de différents continents. Ça prouve quelque chose quand même. Je peux témoigner qu’il y a des dirigeants du monde qui lui vouaient une admiration incroyable. C’est le cas du Roi du Maroc Hassan II. Quand il a quitté l’UNESCO, il est allé au Maroc et le Roi l’avait désigné comme membre de l’Académie Royale. C’était son grand ami. Quelqu’un comme Mme Indira Gandhi avait une admiration et aimait la femme d’Amadou Mahtar Mbow. Je peux aussi citer le Roi Fayçal. Parce que les Américains l’ont accusé de tiers- mondiste au sein de l’Unesco. Et il a eu à partir de là une sympathie extraordinaire de la part de tous les autres pays. Il fallait être courageux pour le faire. Surtout qu’il y avait en face Reagan qui était au summum de sa puissance. Jeane Kirkpatrick et aussi tous ces gens- là qui essayaient de lui mettre des bâtons dans les roues. Il a su faire face parce qu’il était un homme de conviction et qu’il savait qu’il avait la vérité, qu’il était visionnaire et qu’il anticipait sur ce qui allait se passer. Et c’est ce que nous sommes en train de vivre aujourd’hui. Et moi, en tant que Sénégalaise, je suis absolument fière qu’un Sénégalais ait pu jouer ce rôle dans le monde. Et c’était le moment où l’Unesco était au summum de son rayonnement. Depuis lors, c’est fini. Parce que les occidentaux se sont dit que si on laisse celui-là, nous occidentaux, nous n’aurons plus de pouvoir sur les idées et dans le monde. Notre culture et notre civilisation vont être renversées. C’est ça le vrai débat. Moi je me dis que il n y a pas plus grand contributeur à la civilisation de l’universel au nom de l’Afrique que Amadou Mahtar Mbow. Et mieux, il y a quelque chose que nous, Africains, lui devons énormément. Et ça, c’est l’aspect panafricaniste que nous devons continuer à mon avis à perpétuer. C’est lui qui a lancé, encadré et réuni tous les historiens du continent pour la réécriture de l’Histoire Africaine de l’Unesco. Et ça n’a pas de prix. Je voudrais aussi souligner un fait. Une fois, j’étais à une réunion de l’Unesco en Lituanie. Je vois un Monsieur, un philosophe iranien, qui avait l’air un peu malade. Quand j’ai dit à Doudou Diène qui est ce Monsieur il m’a dit que c’est un Iranien qui, au moment de la révolution iranienne, a fait la prison parce qu’en ce moment les intellectuels ont payé un très lourd tribut et il y en avait beaucoup dans les geôles. Amadou Mahtar Mbow est allé jusque là-bas pour négocier sa sortie de prison et il l’a amené à l’UNESCO. Il l’a fait pour des latinos américains et des intellectuels un peu partout à travers le monde. Et au moment où on n’avait même pas cette ouverture sur le plan des idées. C’est un précurseur dans le domaine de la protection des droits des intellectuels. Ce Monsieur- là les Sénégalais ont intérêt à le connaître. Moi, je suis très fière de cette génération. Que ce soit lui en premier, parce qu’au-delà de ce qu’il représente pour le Sénégal, j’ai une relation personnelle avec lui et sa famille. Mais il y a aussi Alioune Diop de Présence Africaine. Ah, ce monsieur aussi, je n’arrête pas de lui rendre hommage ! Le président Senghor, Cheikh Anta Diop. Cette génération est un trésor. C’est pourquoi au Sénégal aussi, il faut que les Sénégalais prennent conscience d’une chose. Ce pays a un legs qui ne nous permet pas et qui ne nous autorise pas de nous comporter de n’importe quelle manière. Nous devons à l’Afrique, nous devons au Tiers -Monde, nous devons au monde et le Sénégal est un pays que tout le monde regarde à cause de son parcours, de son intelligentsia et du rôle que nous avons toujours su jouer dans les affaires du monde. Je pense qu’avec cette célébration du centenaire, nous devons réaffirmer cela. Parce que simplement, c’est un pays qui, depuis la période coloniale, a eu à jouer un rôle essentiel depuis Blaise Diagne. Par exemple, Amadou Mahtar Mbow vous dira que c’est Blaise Diagne qui a incité son père à l’envoyer à l’école. Parce qu’avant, son père voulait l’envoyer faire des études de droit islamique ou de religion en Mauritanie. Il est entré à l’école, il avait treize ans ou quatorze ans. Il y a aussi Cheikh Hamidou Kane, Jacques Diouf de la FAO. Tous ce gens- là dont nous devions être très fiers et tirer le maximum de cette génération. Ce qui me fait mal, c’est que nous perdons aujourd’hui cette position sur le plan international. Mais quand on voit la crise qui s’est passée et les réactions qui nous sont venues d’ailleurs, nous devons encore prendre conscience de ce que nous sommes et de ce que nous avons fait jusque-là. En tous cas, si je devais choisir d’appartenir à une génération, j’aurais choisi celle- là. Je les connais, je suis proche d’eux. Je les aime beaucoup. Les Pathé Diagne et avec ces gens-là, j’ai beaucoup appris. Là, vous me voyez en train de lire le premier numéro de Présence Africaine avec des textes très anciens. Et là encore, je continue d’apprendre.
par Abdou Latif Coulibaly
LES CINQ ILLUSIONS D'UNIVERSITAIRES SÉNÉGALAIS POUR SORTIR DE LA CRISE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un contentieux judiciaire surdimensionné par ceux qui en ont intérêt, a servi de prétexte à certains pour contester l’ordre établi. Crier au complot ne suffit pas à démontrer l’existence d’un complot
Des intellectuels et universitaires sénégalais résidant en France pour certains sont signataires d’une tribune publiée dans Jeune Afrique, laquelle tribune a été consacrée aux événements qui ont secoué le Sénégal ces temps derniers. Ils ont, ce faisant, énoncé des préconisations qu’ils ont cru devoir adresser aux Sénégalais pour leur indiquer le chemin à prendre afin d’aboutir à une sortie de crise solide et durable. Une telle initiative, dans la forme, constitue l’expression même d’un devoir citoyen de participation à l’effort collectif de réflexion autour des questions publiques.
Toutefois dans le fond, à la lecture du contenu, le texte m’a laissé un sentiment persistant d’incrédulité. Incrédule, car je connais la plupart des signataires, toutes et tous dotés d’un niveau intellectuel exceptionnel. Ainsi, je saisis difficilement la naïveté manifeste qui entoure les préconisations rendues publiques sous leur nom. Avec leur aimable autorisation, je souhaiterais leur exprimer un profond désaccord, formulé non point par rapport à leur prise de position mettant principalement en cause les autorités du pays, déclarées sans réserve, comme étant les responsables des graves incidents qui ont secoué le pays dernièrement. C’est leur droit de le dire, si cela est leur conviction. Je ne leur ferai pas querelle d’avoir partagé leurs pensées. En revanche, je leur marque mon étonnement réel, face à cette vanité assumée qui les a amenés à faire des préconisations si discutables, tant dans leur formulation que dans la substance des idées charriées. Et dire que ces préconisations ont pour ambition de guider tout un peuple, invité à éviter certains errements qui pourraient, selon eux, le conduire au désastre. Vraiment ?
Que dire de la première préconisation dans la série de cinq ? Précisons d’emblée qu’il s’agit plutôt d’un rappel, car celle-ci n’est pas, en tant que telle, une nouveauté dans le débat public national. C’est depuis la fin de la décennie 2000-2010 que l’idée a été enchâssée dans la Charte de la Gouvernance démocratique qui a été adoptée par les conclusions spécifiques des Assises nationales. Il est posé, ici, le principe de la nomination dans le gouvernement d’un ministre de l’Intérieur qui ne serait d’aucune obédience politique. Sauf que pour tenter de faire dans l’originalité, les signataires ont élargi le champ d’application de l’idée en l’étendant au ministre de la Justice qui viendrait ainsi rejoindre celui de l’Intérieur dans cette singularité. Dans ce sens, les signataires ont pu écrire : « la nomination à la tête des ministères de la Justice et de l’Intérieur, de personnalités de la société civile chargées d’élaborer des réformes ambitieuses ». À ce niveau, on entrevoit clairement une grave insuffisance dans la connaissance de la doctrine de fonctionnement de notre République, qui indique les responsabilités et les charges liées aux fonctions. Dans leur traversée intellectuelle, les signataires y ont oublié que dans notre système politique, un ministre quel qu’il soit, est responsable devant le chef de l’État, qui le charge de l’exécution d’une politique sectorielle que le premier élu de la Nation définit. Ce principe, tiré de notre loi fondamentale, organise à ce jour le schéma directeur du fonctionnement du pouvoir exécutif et trouve son application pratique dans le contenu des décrets fixant les attributions des ministres. Pourquoi alors chercher à faire croire qu’un ministre de l’Intérieur ou de la Justice, issu de la société civile pourrait se soustraire au contrôle politique du président de la République et opérer en électron libre vis-à-vis de cette autorité instituée par le suffrage universel ? Cette idée semble clairement manquer de fondement et dégénère ainsi en une illusion intellectuelle.
La deuxième préconisation interpelle l’existence de structures de l’État de type budgétivore et inutile. Cette caractérisation a amené les auteurs de la tribune à demander la suppression d’institutions telles que le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et le Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT). Cette préconisation procède d’une erreur commise souvent, y compris par nous-mêmes. En effet, le cas échéant, cette mesure n’aurait pas procuré à l’État un quelconque avantage économique décisif, tout au plus, elle n’aurait été que d’un effet psychologique. Poursuivant, les signataires avancent l’idée que ces institutions supprimées soient « remplacées par un Conseil d’orientation de la jeunesse, plateforme d’écoute, de dialogue et de recommandations stratégiques qui réunirait des jeunes de la société civile chargés d’éclairer bénévolement les pouvoirs publics sur certains sujets : santé, formation, emplois, entrepreneuriat, innovation, etc. ». J’ai envie de leur demander pourquoi ce fétichisme, ou culte démesuré de la société civile ? On ne s’y prendrait pas autrement si on voulait faire avaler à tous l’idée que les citoyens se réclamant de la société civile seraient nécessairement plus vertueux et plus compétents que tous les politiques volontairement engagés au service d’un idéal de développement ? Non, évidemment ! Ceci étant, la question interpelle la problématique de la rationalisation des dépenses publiques. Or, cette rationalisation est fortement prise en compte par la dynamique politique actuelle de l’État. Ainsi, pour booster l’allocation budgétaire destinée aux investissements, des efforts importants de réduction du train de vie de l’État ont été consentis. Les mesures relatives à la suppression de l’essentiel des lignes téléphoniques mobiles de l’État en constituent l’illustration parfaite. Cette mesure a permis la diminution de la facture téléphonique de l’État, qui est passée de 22 milliards FCFA en 2014 à 3,5 milliards FCFA en 2020, soit une économie annuelle de 18,5 milliards FCFA. La même orientation a été appliquée aux véhicules administratifs avec la suspension de toute commande systématique ou acquisition de véhicules. Pour information, de 2012 à 2020, l’État a dépensé 246 851 794 189 FCFA pour l’achat de véhicules, l’entretien, la réparation et l’achat de carburant, soit une moyenne annuelle de 27,4 milliards FCFA. C’est dans ce sens que le récent décret n° 2021-05 du 6 janvier 2021, est venu attribuer une indemnité forfaitaire globale couvrant les frais pour les ayants droit et délester l’État de cette lourde charge à compter du 1er mars 2021. Avec une incidence budgétaire de 4,4 milliards FCFA, la nouvelle mesure permettra une économie d’environ 22,7 milliards FCFA sur l’année.
Chers amis intellectuels, nous mesurons à sa juste hauteur le patriotisme enfoui en chacun d’entre vous. Cependant, il me semble utile de vous demander un effort d’humilité, qui vous permettra de reconnaître facilement les efforts inlassables de l’État en direction de la rationalisation continue de la dépense publique. Par ailleurs, soyez conscients que sur cette question, le gouvernement du président Macky Sall n’a enregistré aucun retard à l’allumage, en se saisissant très tôt de l’enjeu et du besoin contemporain d’un regain plus affirmé de rationalité dans les choix d’allocation des ressources publiques afin d’impacter au mieux le plus grand nombre et le plus faible d’entre nous. Ceci est une option fondamentale d’application d’une doctrine d’économie politique plus adaptée à servir l’intérêt général et à desservir la précarité. La même logique a sous-tendu la décision d’édification réussie des sphères ministérielles de Diamniadio, qui abritent à ce jour quinze ministères et d’autres services, signifiant la résiliation d’autant de contrats de location réputés onéreux pour les finances publiques, avec un coût global oscillant auparavant entre 30 et 40 milliards FCFA. Ce programme présidentiel de rénovation et de développement du parc immobilier de l’État offre des solutions économiques et écologiques viables basées notamment sur les innovations technologiques et le développement d’un modèle économique social et environnemental inclusif. Il s'inscrit dans le cadre du Partenariat Public Privé (PPP) recourant aux financements innovants par la contractualisation avec des opérateurs privés nationaux et étrangers, et permettre de réduire de manière considérable les charges locatives de l’État et de renouveler son parc immobilier. Le building administratif président Mamadou Dia pour sa part, abrite différents départements ministériels et services centraux de l’État, tous soustraits de la location. Tout cela, j’imagine, n’a pu encore accrocher l’intérêt des signataires de la tribune.
Ces derniers ont avancé vers une quatrième préconisation : « la révision du mode de gestion du budget de l’État. Une part substantielle de celui-ci serait allouée en priorité au capital humain (santé, éducation et formation professionnelle). L’État instaurerait aussi une communication transparente sur la dette publique et la gestion des ressources naturelles ». Pour être vraiment honnête avec vous, je ne comprends pas trop la signification pratique d’une telle préconisation qui rechercherait la réallocation des ressources en faveur du capital humain : éducation nationale, formation et santé. Je rappelle que le gouvernement a investi plus de 300 milliards en infrastructures et équipements entre 2012 et 2017, comme relevé par le Professeur Mary Teuw Niane dans la préface du document de travail co-produit par l’État du Sénégal et l’UNESCO, contre moins de la moitié de 1960 à 2012. Une petite consultation des documents officiels et des chiffres statistiques en éducation aurait suffi à démontrer que cette quatrième préconisation des universitaires et intellectuels enfonce des portes largement ouvertes, car les progrès enregistrés en ce domaine par le Sénégal sont reconnus et salués au niveau mondial. Je vous renvoie également à l’excellent document de synthèse des programmes de construction des infrastructures scolaires de 2012 à 2016, les réalisations et perspectives au 30 octobre 2016, réalisées sous la conduite du ministre Serigne Mbaye Thiam. Vous y verrez la répartition des investissements dans le secteur de l’Éducation selon la source de financement (BCI État, BCI décentralisé, APIX, PAISD, KOICA, JICA, Banque mondiale, KFW, AFD, USAID, PME, Privés, ONG, Fondation, Mécènes), la répartition des investissements per capita et par région des investissements dans les sous-secteurs de la Petite Enfance, de l’Enseignement élémentaire, de l’Enseignement moyen, de l’Enseignement secondaire général, dans le sous-secteur des Daara, dans les infrastructures administratives et de formation. Au moment où je produis ce texte, ce jeudi 18 mars 2021, le Conseil d’Administration de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) réuni en visioconférence pour sa 122e session ordinaire, a accordé au Sénégal une enveloppe estimée à 21,106 milliards FCFA pour la construction de 1528 salles de classe, en remplacement d’abris provisoires, et d’ouvrages annexes afin de poursuivre la mise en œuvre de la politique d’amélioration de la qualité et de l’équité dans l’éducation au Sénégal.
Que dire maintenant de la cinquième préconisation des universitaires ? « L’établissement d’un cadre national de soutien au développement inclusif des villes intermédiaires et zones rurales, fondé sur un soutien massif aux PME et sur des mécanismes innovants d’investissement et de finance durable ». Cette belle rhétorique à l’accent résolument volontariste renvoie à peu de choses concrètes, sinon à la phraséologie des discours altermondialistes. On a évidemment besoin de ces discours du fait de la générosité qui les caractérise. Les programmes et projets de promotion de l’équité sociale et territoriale (PUMA, PUDC, PROMOVILLE, PROMISE, 100 000 logements, Cités administratives dans les régions, Fonds vert climat, etc.) en cours d’exécution ne vous disent certainement rien à ce propos. Je voudrais conclure en attirant l’attention sur la notion de faillite collective servant de postulat à la critique des signataires de la tribune. À ce titre, rien n’a été évidemment démontré pour établir cette faillite collective. On a simplement choisi de clouer au pilori les autorités pour établir leur faillite. En vérité, un contentieux judiciaire surdimensionné par ceux qui en ont intérêt, a servi de prétexte à certains pour contester l’ordre établi et inciter vers le chemin de l’aventure. Cette orientation emprunte maladroitement la voie de la remise en cause de la légalité en tentant d’organiser l’empêchement des autorités judiciaires, par le moyen de la pression du public, ce qui est à contre sens d’un Etat démocratique. C’est en cela qu’il a été tenté de porter atteinte à l’indépendance de la Justice. Crier au complot ne suffit pas à démontrer l’existence d’un complot, comme mettre toutes les souffrances sur le dos de l’État ne suffit pas à effacer tous les efforts de celui-ci en faveur des populations. Restons, tous ensemble dans le dialogue, l’échange courtois, le rejet de la violence sous toutes ses formes et la sauvegarde de notre Nation. Travaillons à l’édification d’un Sénégal performant pour tous ; certes la compétition est le propre de l’individu et des groupes, mais efforçons-nous de « compétir » dans le respect mutuel et surtout dans le respect des lois et règlements qui gouvernent notre commune appartenance au Sénégal.
Faudra-t-il se résoudre à adopter le néologisme d’opposophage, mangeur d’opposition pour désigner les actes posés par le Président Macky Sall ? Lui-même nous y accule
Les événements que vit le Sénégal sont sans précédent dans l’histoire politique de ce pays de par la détermination, l’engagement de toute une jeunesse frustrée et indignée par l’incurie de la classe politique gouvernante complètement inconsciente des enjeux sociaux. Faudra-t-il se résoudre à adopter le néologisme d’opposophage, mangeur d’opposition pour désigner les actes posés par le Président Macky Sall ? Lui-même nous y accule.
L’évidence n’est que trop criarde quand on peut arpenter la galerie de ses liquidations politiques : Karim Wade en 2015, Khalifa Sall en 2018 et maintenant cette tentative maladroite et grossière sur Ousmane Sonko. En réalité, depuis son accession au pouvoir, il n’a eu de cesse de persécuter, et pour leur barrer le chemin ses différents challengers réels ou supposés dans la course au pouvoir. C’est de bonne guerre diraient ceux qui n’envisagent l’Etat en Afrique dans une perspective néocoloniale : celle de la reproduction de l’Etat colonial.
Mais notre peuple a-t-il besoin de tourner en rond dans ce type de cercle vicieux ? Force est de constater donc, en observateur assidu et analyste de l’histoire de la vie politique de ce pays qu’il s’agit d’un sous-système Macky et dont mécanismes et rouages peuvent être aisément démontés, mis à nue. Macky Sall a beaucoup appris des erreurs d’Abdoulaye Wade et identifié les facteurs qui ont été à l’origine de sa chute. Les maîtres mots sont maîtriser, neutraliser, réprimer. L’un des éléments déterminants ayant contribué à la grogne qui a emporté le pouvoir Wade, c’est la résistance frondeuse d’une certaine classe moyenne qui ne pouvait plus accepter corruption, démagogie, gabegie et gestion frauduleuse du pouvoir. Stratégie ? Ourlet cousu de fil blanc ! D’abord neutraliser les potentiels empêcheurs de tourner en rond. C’est le cas d’une importante frange de la presse si prompte auparavant à clouer au pilori le Président Wade et qui est brusquement devenue aphone !
Les mauvaises langues parlent d’arguments sonnants et trébuchants. C’est aussi une partie de classe maraboutique qui a eu à bénéficier, elle aussi, des largesses du régime louant au passage la générosité du bienfaiteur et lui accordant sa prière pour qu’il continue, avec sa bénédiction, de régner ad vitam aeternam sur le Sénégal. C’est aussi, ayons la décence de le dire, ce monde universitaire auquel j’appartiens et qui a bénéficié d’un relèvement de ses indemnités, de la pension de retraite, certes fruit d’une longue lutte !
A moins de considérer la situation pleine d’incertitudes et paralysante générée par la pandémie, l’on peut s’étonner de l’aphonie du nombre d’universitaires habituellement contestataires et qui ont mis leur plume au service de l’alternance contre Wade. L’on est subitement devenus silencieux, très silencieux. L’effet soporifique du gain les a –t-il amener á se désintéresser des affaires de la respublica ? Peut-être simple coïncidence !
L’on ne peut que déplorer qu’une réhabilitation salariale soit perçue par les bénéficiaires non comme un droit du travailleur mais une rente destinée à inhiber toute réflexion et action sociale solidaire. Second temps. Ces facteurs maitrisés, Macky Sall se dote d’une armada répressive paradant le 4 avril afin de faire peur. L’espèce de torpeur ambiante, le culte de la prétendue « chiffre de croissance » aidant, l’ont convaincu que personne n’oserait contester son pouvoir.
Enfin, l’on ne peut ignorer l’extraordinaire et grandiose transhumance politique qui a quitté les prairies bleues et vertes pour des haciendas marron-beige beaucoup plus luxuriantes : les ralliements d’Idrissa Seck, d’Aissata Tall Sall, de Cheikh Tidiane Gadio pour ne citer que ceux-là. Mutation ou variant, pour reprendre le discours des circonstances, qui ont achevé de hisser au rang de « génie politique », ce despote léger et maladroit. Dès lors, rien ne pouvait résister à ce « génie des Carpates », version tropicale dont le programme s’est fixé comme horizon, 2035. Le vertige du pouvoir, les moyens colossaux dont dispose le régime, les gadgets électroniques estampillés Big brother et les lois liberticides de la COVID 19 constituent des écrans de fumée. Fort du parrainage dont il s’est doté, il ne pouvait que se sentir le droit et le luxe de choisir ses adversaires. Auto-illusion : c’est le propre de la naïveté politique lorsque soufflent les vents de la vassalisation !
Ainsi pouvait-il jouer à l’autruche, pour ne voir ni les « hordes d’une jeunesse sans emploi » déambuler oisivement dans les rues lorsqu’elles ne tentent pas le saut suprême et fatal dans l’océan ou le désert ; ni entendre le cri sourd, le grondement d’une jeunesse désabusée ; ni sentir le catalyseur d’une rancœur légitime prônant la rupture. La toute-puissance instruit souvent l’acte de trop : la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Pas drôle, dans tous les cas, cette affaire de mœurs ourdie par des comploteurs sans grande imagination.
Spectaculariser l’obscène, faire des tribunaux une fois de plus le théâtre du lynchage public. Mais le diable parfois se cache dans le détail d’une mise en scène très peu crédible. Normal qu’il s’ensuive cette bourrasque qui emporte tout sur son passage. Le monarque pittoresque est finalement descendu finalement de son piédestal pour dire à son peuple « je vous ai entendu, je vous ai compris » ! Ce qui est désormais sûr c’est que rien ne sera comme plus avant ! Ce peuple, à chaque fois qu’il a été confronté à ses démons, il a su relever la tête pour les regarder en face !
ADJI SARR EST UNE VICTIME REVICTIMISÉE D’UNE SITUATION DONT LES POLITIQUES SE SONT EMPARÉS
A ce moment crucial de l’affaire de viol opposant l'employée de Sweet Beauté à Ousmane Sonko, la jeune masseuse devrait bénéficier aujourd’hui d’une assistance psychologique, selon le psychologue Serigne Mor Mbaye
A ce moment crucial de l’affaire de viol opposant Adji Sarr à Ousmane Sonko, la jeune masseuse devrait bénéficier aujourd’hui d’une assistance psychologique, selon le psychologue Serigne Mor Mbaye qui parle d’une victime ‘’revictimisée’’ d’une situation dont les politiques se sont emparés » pour certainement régler leurs comptes. Par ailleurs, le psychologue-clinicien s’indigne de la façon dont cette affaire de viol opposant cette jeune fille de 20 ans, masseuse au salon « Sweet Beauty », au leader du Pastef Ousmane Sonko, a été traitée.
Elle est devenue tristement célèbre pour la rocambolesque histoire de viols répétitifs dont elle se prétend victime de la part de l’opposant Ousmane Sonko. Adji Sarr, masseuse travaillant dans le salon de massage « Sweet beauty » s’est adressée à nos compatriotes par l’entremise d’un site d’informations pour donner sa version des faits sur cette affaire de mœurs qui l’oppose au leader de l’opposition Ousmane Sonko. Visiblement, elle n’est pas arrivée à convaincre nos compatriotes de la réalité de ces viols qu’elle prétend avoir subis ! Du moins, si on se fie aux commentaires qui ont suivi son interview, et qui ont émis la thèse d’une théâtralisation d’un complot. Des commentaires qui ont abreuvé la masseuse d’injures et portant des jugements de valeur négatifs sur sa personne…
La prétendue violée n’a, en fait, bénéficié d’aucune empathie à la suite de sa sortie médiatique de mercredi. Presque tout le monde a parlé d’une mise en scène burlesque, d’un manque de respect à l’endroit des médiateurs et autres chefs religieux qui ont prôné l’apaisement à la suite des douloureux événements du début de ce mois. Des événements ayant entraîné une quinzaine de morts dont elle, Adji Sarr, est la responsable indirecte pour avoir failli permettre, suite à sa plainte devant la justice, de jeter en prison un opposant très gênant pour le président de la République. Pourtant, cette sortie semble donner du baume à cette pauvre fille qui continue de subir un lynchage sur les réseaux sociaux. Une sortie médiatique qui lui a, semble-t-il, au moins, permis de faire une digression pour parler de sa privation de liberté depuis un bon bout de temps au moment où Sonko — ce sont ses termes —, est aujourd’hui libre de tout mouvement. Elle est même allée jusqu’à inviter son supposé « violeur » à mettre la main sur le Saint Coran, et jurer n’avoir jamais entretenu des rapports sexuels avec elle. « Si Sonko le fait, je retire ma plainte. Advienne que pourra », a-t-elle dit. Une chose est sûre : beaucoup de gens disent avoir décelé des failles, des incohérences et des zones d’ombres dans la communication de Adji Sarr. Certains sont allés jusqu’à soutenir que son cas relève de la psychanalyse voire de la psychiatrie ! Pour dire que la pauvre fille ne bénéficie toujours pas de la clémence de ceux qui refusent de croire à cette affaire, malgré sa version des faits. Et bien que, aussi, elle semble un peu désemparée. Les nombreux morts qu’elle a sur la conscience ? N’aurait-elle pas aujourd’hui besoin d’une « assistance psychologique » ? « Une assistance psychologique, c’est une évidence », estime effectivement le psychologue Serigne Mor Mbaye. « Elle est otage d’une situation où, au-delà de ce qui peut lui arriver, elle est lynchée quotidiennement. Elle va en avoir des séquelles éternellement. C’est le côté horrible de cette affaire. Je suis dans la souffrance lorsque j’observe cette fille qui est aujourd’hui entre la souffrance et la souffre-errance. Et surtout comment elle est actuellement désignée à la vindicte populaire comme un bœuf du sacrifice. Pour un enfant, c’est une lourdeur. Cela va profondément peser sur sa vie. Elle est otage d’une chose. On aurait pu mieux faire pour assurer sa protection. Elle a 20 ans. 20 ans dans une trajectoire de vie avec beaucoup de souffrances. Le deuil d’une mère surtout. Elle est également dans une mobilité extraordinaire… Ce qui la confine dans une situation éventuelle de maltraitance. Nous ne pouvons pas être fiers qu’une telle situation soit traitée de cette façon, surtout avec la démarche utilisée. Alors qu’elle n’y est peut-être pour rien. Ou qu’elle a été victime de manipulation. Cela va de soi ? Cela ne veut pas dire aussi que le viol n’y est pas. Tout ça, c’est lamentable».
« Adji Sarr est devenue notre ‘’deum national’’
On ne m’a pas commis pour me demander mon avis par rapport à sa situation du point de vue psychologique. Mais Adji, elle est devenue notre ‘’deum national’’. Elle vit une situation angoissante. Or, cela ne devrait pas se passer ainsi. Ne serait-ce que du point de vue des droits de l’enfant. L’Etat aurait dû faire autrement. Et surtout écarter de l’affaire cet ennemi (Ndlr, de son prétendu violeur) qui est son avocat très décrié et qui alimente les rumeurs. Au-delà de tout ça, je pense qu’elle est doublement meurtrie : par son enfance et cette situation d’errance. Au salon de massage, je pense qu’elle y est allée avant ses 18 ans. C’est extraordinaire. C’est une victime ‘’revictimisée’’ d’une situation dont les politiques se sont emparés. C’est horrible. Nous sommes dans le pays de l’horreur, et cela ne nous rend pas fiers », s’est indigné le clinicien.
Se prononçant sur la manière dont cette affaire a été traitée, le psychologue Serigne Mor Mbaye parle d’un « recul extraordinaire » par rapport aux avancées liées, selon lui, à la criminalisation du viol. « Nous avons progressé en criminalisant le viol mais, hélas, Il y a aujourd’hui une décrédibilisation de tous nos acquis. Pour la vindicte populaire, a menti. Or ceux qui soutiennent cette idée ne sont pas des experts. Nous qui sommes experts savons pertinemment qu’une personne peut dire une chose et son contraire dans ces mauvais moments. C’est vraiment l’horreur pour la République, pour le pays, la façon dont nous avons géré cette histoire de viol. Or, Adji était déjà victime de son parcours. Une fille qui, déjà dans sa trajectoire, était en situation de rupture affective avec cette perte de sa maman qui constitue un facteur énorme de risque », explique encore le psychologue. Selon lui, les médecins ne peuvent pas évaluer la mythomanie chez Adji. « C’est faire de la sorcellerie que de dire j’évacue la mythomanie ou de traiter le tableau psychologique de Adji sans la connaitre. On ne peut pas scientifiquement se fonder sur cette passion folle sur les réseaux sociaux pour déterminer la situation de cette fille. C’est une fille à risques. Le salon de massage, ce n’est pas sa place. Cela ne nous rend pas fiers que cette jeune fille ait servi dans un salon de massage. C’est une honte pour le pays ! », s’est-il indigné, en conclusion, le psychologue Serigne Mor Mbaye.