SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
23 septembre 2025
LA REGION DE DAKAR, TERREAU DE LA BARBARIE
Renforcer davantage la prise en charge des enfants victimes de violences. C’est là le but du référentiel de détection de violence par les professionnels de santé qui a été lancé jeudi
Renforcer davantage la prise en charge des enfants victimes de violences. C’est là le but du référentiel de détection de violence par les professionnels de santé qui a été lancé hier par la Direction générale de la santé. Ce mécanisme est d’une importance capitale dans la mesure où on compte, pour la seule région de Dakar, 300.000 enfants victimes de violences.
D’après le référentiel de détection de violence, les traumatismes constituent à l’heure actuelle la deuxième cause de mortalité infantile au Sénégal, tout juste après la malnutrition. Il s'agit notamment des dommages physiques et psychologiques causés soit par un acte de violence, soit par un accident. En 2018, les dommages physiques et psychologiques ont été responsables pour 8% des décès des enfants de moins de 5 ans. Mais c’est dans la région de Dakar que la situation est beaucoup plus alarmante. D’autant que 25% des enfants de moins de 15 ans sont victimes de violences physiques graves, soit 300.000 enfants pour la seule région de Dakar. A l'échelle nationale, 3% des filles de 15-17ans interrogées dans le cadre d’une enquête ont indiqué qu’elles ont été victimes de violences sexuelles dans l'année écoulée, soit 16.740 adolescentes. Ces données sont loin de traduire réellement l’ampleur du phénomène, compte tenu des nombreux cas qui ne sont pas identifiés et rapportés. Cette situation constitue un problème sérieux pour la santé actuelle et future des enfants et des familles.
Pour la Directrice Générale de la Santé, Dr Marie Khemess Ngom Ndiaye, 7% de la mortalité infantile est imputable aux traumatismes. «Les cas de violences sont relayés dans les médias ou dénoncés par la communauté, mais ne sont pas suffisamment documentés. Les données disponibles sont collectées de manière parcellaire et ne permettent pas de cerner l’ampleur du phénomène et ses causes profondes. De même, il est noté une insuffisance des services offerts aux victimes et un manque de coordination des activités de prévention», se désole Dr Marie Khemess Ngom Ndiaye. Elle trouve que ces problèmes identifiés dans la gestion de l’information et de la coordination des activités constituent un frein à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation de stratégies efficaces pour lutter contre les traumatismes dus essentiellement aux accidents et aux actes de violence. «La prévention et la lutte contre les traumatismes dus à la violence ne peuvent être entreprises par un seul département ou institution dans un pays. Des actions concertées faisant appel aux différents secteurs qui œuvrent dans le domaine sont nécessaires pour une réussite des efforts», affirme-t-elle.
En attendant Dr Marie Khemess Ngom Ndiaye se réjouit de l’élaboration de ce manuel à l’intention des professionnels de la santé. D’autant qu’il décrit les différentes formes de maltraitance et de l’abus sexuel sur l’enfant et sensibilise les acteurs de la santé sur la détection des victimes et la prise de mesures pour protéger la santé et la sécurité de l’enfant.
L’UNICEF HAUSSE LE TON
Représentante de l’Unicef au Sénégal, Silvia Danailov indique qu’en 2020, près d'un milliard d'enfants âgés de 2 à 17 ans dans le monde étaient victimes de violence physique, sexuelle ou émotionnelle ou de négligence. Au Sénégal, souligne-t-elle, des milliers d’enfants sont victimes de violence chaque année. «Ces chiffres ne sont que la partie visible de l’iceberg, et derrière chacun d’entre eux, se trouve un garçon ou une fille en souffrance. L'expérience de la violence dans l'enfance a un impact sur la santé et le bien-être tout au long de la vie. Elle augmente les risques de maladies, soulève des problèmes de santé mentale, grève les capacités d’apprentissage et d’insertion sociale, et perpétue aussi le cycle de la violence d’une génération à l’autre. Elle entraine aussi un coût majeur pour les sociétés et les Gouvernements. On estime à 7000 milliards de dollars et 8% du PIB mondial le coût généré par la violence à l’encontre des enfants», affirme-t-elle. C’est pourquoi, elle considère que les professionnels de la santé ont un rôle et une contribution majeurs à jouer dans ce domaine. «Aucun enfant ne doit être laissé pour compte. Un enfant victime de maltraitance qui a pu être détecté par un professionnel de santé, et pris en charge, est un enfant qui a une chance supplémentaire de s’en sortir, de vivre et de grandir en bonne santé», dit-elle. Directrice de la Protection sociale et de l’Education surveillée du ministère de la Justice, Abibatou Siby Youm souhaite l’application rigoureuse des lois puisque, dit-elle, c’est-là où le bât blesse. «Les Sénégalais doivent avoir l’habitude aussi de dénoncer les auteurs des actes de violence sur les enfants. Ce document est rassurant, mais si l’information n’est pas portée au niveau des autorités sanitaires et que la loi de l’omerta continue à persister dans notre société, il y aura des enfants qui vont toujours souffrir», affirme-t-elle.
Audition de deux danseurs de Wally Seck
La brigade des mœurs n’a pas pris du temps pour convoquer les danseurs de l’artiste Wally Balago Seck. Ahmet Thiou et Amady Badiane qui sont visés par une plainte de Jamra et de Nitu Dëug pour attentat à la pudeur, outrage public aux bonnes mœurs et actes contre-nature ont été auditionnés hier par les enquêteurs de la brigade des mœurs à la Sûreté urbaine. Pour rappel, les deux danseurs s’étaient livrés, en public, à une danse avec du «bouche-à-bouche» lors du concert de Wally Seck à l’esplanade du Grand Théâtre. D’après Seneweb, les deux ont été placés en garde à vue par la Sûreté urbaine.
La gendarmerie accueille 30 sous-lieutenants
Trente sous-lieutenants ont grossi hier les rangs de la Gendarmerie. La cérémonie de sortie de la 13e promotion de l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale, baptisée promotion Lieutenant Patrick Sagna, a été présidée par le ministre des Forces armées Me Sidiki Kaba en présence du Haut commandant de la gendarmerie, le Général Moussa Fall et le chef d’état-major général des armées. L’Ecole des Officiers de la Gendarmerie nationale a également six ressortissants des pays amis du Sénégal et sous-lieutenants de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (BNSP). Le major de la promotion, le sous-lieutenant Madjimbi Diagne, a indiqué lors de sa prise de parole que le militaire incapable d’obéir n’est pas digne de commander.
Karim Xrum Xaax et Cie interpellés devant l’Assemblée
Les choses commencent à s’emballer avant même que l’Assemblée nationale n’examine les deux projets de loi portant modification du code pénal et du code de procédure pénale. Après la sortie de l’opposition parlementaire pour dénoncer « une loi liberticide qui restreint les libertés de manifester », des activistes se sont rendus dans la soirée devant les grilles de l’Assemblée nationale pour dénoncer ces projets. Karim Xrum Xaax et ses 8 compagnons ont été interpellés par les forces de l’ordre. Des confrères actu221 ont vu leurs matériels confisqués par le commissariat du Plateau. D’après Moustapha Ndiongue, Pdg du site Actu221, le commissaire central a aussi confisqué le papiers du véhicule de ses reporters sans même leur délivrer une attestation. Quoi qu’il en soit, le nouveau haut commandant le général Moussa Fall fera son baptême du feu face au M2d qui promet de manifester ce matin.
La proposition de Seydi Gassama sur les projets de loi
Le directeur exécutif d’Amnesty international pense qu’on ne devait pas arriver à cette polémique sur les deux projets de loi portant modification du code pénale et du code de procédure pénale. La majorité et l’opposition parlementaire ont des lectures différentes du texte. Pour Seydi Gassama, l’Assemblée Nationale vote les lois au nom du peuple et nul n’est censé ignorer les lois. En vertu de ce principe, dit-il, tous les projets de lois et toutes les propositions de lois devraient être accessibles aux citoyens, sur le site internet de l’Assemblée Nationale, pendant une période suffisamment longue avant leur adoption. Selon le défenseur des droits humains, les citoyens ont le droit de prendre connaissance des projets et propositions de lois, d’en débattre et leurs points de vue pris en compte par les députés pendant les débats au moment du vote. Pour Seydi Gassama, notre démocratie doit passer de l’ère de députés de partis à celle de députés du peuple.
Viol de mineure et diffusion de données obscènes
L’école française Jacques Prevert sise à Saly est éclaboussée par une affaire de mœurs opposant deux élèves du lycée. Le nommé P. S. S, âgé de 19 ans et demi est accusé par sa camarade de classe, une fille de 15 ans, de viol. En effet, ce jour, les deux camarades qui ont des relations d’amitié avaient un devoir dans l’après-midi. Ainsi, la jeune fille qui habite loin s’est vue convaincre par son camarade de passer le reste de la journée pour des révisions. La fille a donc accepté cette invitation de réviser ensemble, du fait surtout que le domicile du jeune S. se trouve en face de l’école alors que la sienne est à Mbour. Une fois les deux camarades de classe dans la maison, le jeune homme conduit la victime dans sa chambre et ferme la chambre à clé. Puis il la force à entretenir des rapports sexuels avec lui. Après avoir commis son forfait, P. S. S. qui avait filmé leurs ébats, en plus de la menacer de mort, a aussi menacé de divulguer les images si jamais la jeune fille s’aventurait à en piper mot. Ainsi, quelques jours après, la jeune fille qui a été traumatisée par cette affaire avait complément changé de comportement, évitant les hommes qu’elle croisait dans la rue, de sorte qu’elle a fini par abandonner la voiture qui la transportait à l’école. Ayant gardé le secret pour elle, grande a été sa surprise lorsqu’elle a entendu ses camarades de classe dire avoir regardé la vidéo dans laquelle le sieur S. le forçait à entretenir des rapports sexuels avec elle.
Viol de mineure et diffusion de données obscènes (bis)
La nouvelle se répand très vite et finalement, l’administration de l’école est mise au courant de l’affaire. Dès lors, une plainte est déposée au Commissariat urbain de Saly. Seulement, après audition, il n’y a eu aucune arrestation. Pourtant, renseignent nos sources, le PV n 116 du 22 juin 2021 a été remis au parquet. Joint par téléphone, le président de l’association du lycée français Jacques Prevert, Yanick Merjanopoulos, a confirmé que l’acte s’est déroulé en dehors de l’établissement. Donc la seule chose que leur établissement pouvait faire était de prendre la décision de ne pas inscrire l’élève incriminé (qui est majeur) dans leur école pour la prochaine année scolaire. La maman de la jeune fille, M Sagna, se sent doublement victime. D’abord, c’est sa fille mineure qui est victime de viol et de diffusion d’images obscènes par son bourreau, mais pire, c’est que le dossier est en train d’être étouffé. D’ailleurs, un ministre de la République est en train de faire des pieds et des mains pour étouffer cette affaire en proposant à l’oncle de la fille de l’argent. Pour éviter que cette affaire ne prenne d’autres proportions, le père de P. S. S. qui est une personnalité publique veut envoyer son fils en France avant que l’affaire ne connaisse une autre tournure. Hier, la maman de la gamine est repartie au bureau du procureur du TGI où elle a déposé une autre plainte mais jusque-là, rien n’a été fait car le prévenu semble être protégé
La Sodav a collecté 369, 492 millions en 2020
La Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav) a pu s’en sortir grâce à la subvention de 375 millions de francs CFA que lui a octroyée l’Etat du Sénégal pour l’année 2020, a déclaré, hier, la présidente de son conseil d’administration, Ngoné Ndour. Cette subvention d’exploitation de l’Etat de 375 millions de francs Cfa et ‘’le travail colossal’’ qu’elle a abattu ont permis à la Sodav de se tirer d’affaire, a-t-elle expliqué à l’APS, lors de l’assemblée générale de présentation du rapport annuel de ladite société, au théâtre national Daniel Sorano. Ngoné Ndour indique qu’il a été procédé à un report de trésorerie de presque 300 millions de CFA de manière à ‘’diminuer les charges de fonctionnement. C’est grâce à cela qu’on s’en est sorti, a-t-elle insisté. Le rapport annuel de la Sodav, présenté devant les sociétaires venus nombreux, montre une régression de 58,46% des perceptions en 2020. «Nous avons collecté 369 492 067 millions de francs CFA au titre de l’année 2020, soit une baisse au regard des collectes de 2019 qui s’élèvent à 889 536 490FCFA», a indiqué Aly Bathily, le directeur-gérant de la Sodav. Il précise que la Sodav a procédé à la répartition de 431 270 131 millions de francs CFA pour l’année 2020. Ngoné Ndour a déclaré sa candidature à sa propre succession
Etude sur la fiscalité des collectivités territoriales
Une réflexion sur la fiscalité des collectivités territoriales est engagée par la Direction Générale des Impôts et Domaines (DGID) et le programme USAID Gouvernance locale pour le développement (USAID Gold). Un atelier a été tenu à cet effet pour le partage et le cadrage des termes de référence de l’étude sur la réforme de la législation de la fiscalité des collectivités territoriales. Les acteurs ont partagé hier le contenu et les grandes orientations des termes de référence de l’étude, mais aussi la planification des tâches de mise en œuvre et du processus de suivi de l’étude. Selon le chef du bureau des collectivités territoriales à la DGID, Mamadou Lamine Diallo, la fiscalité locale constitue un jalon essentiel de l’accès au financement pour les investissements urbains et ruraux. Il pense que la fiscalité locale va corriger les inégalités entre les collectivités en redistribuant les revenus du patrimoine et de l’activité économique au sein de la société.
Un professeur de maths décède dans un véhicule
Abdourahmane Guèye, professeur de mathématiques, a perdu la vie de manière mystérieuse hier, à Mbour. Selon nos confrères de Dakaractu, le professeur de mathématiques au Collège 4 (CES) de Mbour traînait une maladie que personne ne soupçonnait. L’enseignant est dépeint comme quelqu’un de taciturne. Hier, M. Guèye avait loué un taxi pour honorer son rendez-vous chez le guérisseur traditionnel, précisément à Nguerigne. À la surprise générale, il piquera un malaise qui lui coûtera la vie. Les passagers ont signalé au chauffeur de taxi les mouvements de l’enseignant qui a rendu l’âme. Le corps sans vie est déposé à l’hôpital de Grand-Mbour pour une autopsie
Les Saint-Cyriens dans le social
Les officiers sénégalais formés à l’école Saint-Cyr (France)font du social à travers l’association la Saint-Cyrienne Sénégal. Cette association dirigée par le Général Babacar Gaye, ancien chef d’état-major général des armées, a réceptionné hier les travaux de réfection du lycée El hadji Ibrahima Diop de Yeumbeul. Cette rénovation a été rendue possible grâce au partenariat entre les éléments français au Sénégal (EFS) et l’association qui regroupe les anciens élèves sénégalais de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr. La rénovation des blocs sanitaires du même lycée en 2019 a été aussi le fruit du même partenariat. L’association la Saint-Cyrienne Sénégal déroule un programme de soutien à l’école sénégalaise. Pour rappel, elle avait rénové les CEM Martin Luther King, David Diop et Hann Maristes.
La Cour d’Appel déboute Me Moussa Diop
Le verdict de la Cour d’appel de Dakar est tombé hier. L’ex-Directeur général de Dakar Dem Dikk, Me Moussa Diop, a enregistré un second revers face au Directeur de Dakar Dem Dikk, Omar Bounkhatab Sylla. Il avait fait bloquer les comptes de Dakar Dem Dikk à la suite d’une décision de justice en première instance pour récupérer une prétendue créance liée à l’indemnité de départ de 120 millions que lui devrait la société de transport public. Mais cette décision a été vite cassée. Cette première défaite ne l’avait pourtant pas empêché d’interjeter appel. Par un jugement rendu hier, la Cour d’Appel de Dakar l’a encore débouté et condamné aux dépens. Autrement dit, Me Moussa Diop devra payer les frais de justice à la société Dakar Dem Dikk.Il faut rappeler que l’ex-directeur général de Dakar Dem Dikk avait déjà, une deuxième fois, mordu la poussière face à son successeur qu’il avait accusé de diffamation. Le tribunal s’était déclaré incompétent pour juger le magistrat qu’est l’actuel directeur général de Dakar Dem Dikk. Mais on est loin de l’épilogue de son bras de fer avec Omar Bounkhatab Sylla. Il fait l’objet d’une plainte pour faux et usage de faux en écritures publiques. Le dossier est sur la table du juge d’instruction. Il lui est reproché d’avoir usé de faux pour s’octroyer des indemnités faramineuses d’un montant de 120 millions de francs CFA. Il est accusé d’avoir lui-même contresigné la résolution qui lui ouvrait droit à ces indemnités indues alors qu’une telle prérogative revenait à deux autres administrateurs.
Par Palmira Telésforo Cruz
DE L'ŒUF NAÎT LE POUSSIN... OU LE SERPENT
plus les symboles sont libérateurs plus ils nous rapprochent de la compréhension de la réalité. On ne peut pas chanter à la pluie si on n’en sent pas les gouttes tomber
«Tous les inventaires fixes nous trahiront.» (Stuart Hall) Les symboles sont importants car ils sont une création collective de l’homme. Ils nous assignent une identité et une forme culturelle. À cause des symboles, il y a des hommes qui jouent les idiots, tuent ou meurent : « Pour Dieu, la patrie et le roi Nos ancêtres se sont battus. Pour Dieu, la patrie et le roi, nous nous battrons aussi » (Marche Oriamendi, Saint-Sébastien, 1837). * Les symboles sont également libérateurs et créateurs d’espoir : « La République du Congo a été proclamée et l’avenir de notre cher pays est désormais entre les mains de son propre peuple. Ensemble mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur. Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir lorsqu’il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière. Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. (Patrice Emey Lumumba Discours lors de la cérémonie de proclamation de l’indépendance du Congo, 30 juin 1960. ) Les symboles livrent à la misère ou à la douleur, justifiant poétiquement la spoliation coloniale :
« Prenez le fardeau de l’Homme Blanc/Les guerres cruelles de la paix/Remplissez la bouche de Famine/Et demandez à la maladie de cesser ;/Et quand vous êtes au plus près du but/La fin que vous recherchez pour les autres,/Regardez Paresse, et Bêtise la païenne/Réduire tout votre espoir à néant. »
Rudyard Kipling dans : The White Man’s Burden, publié à l’origine dans McClure’s Magazine, 1899. Et il y a les symboles qui sont investis de modernité pour pardonner les péchés coloniaux et légitimer la poursuite du pillage par des moyens plus modernes et moins coûteux : « C’est la raison pour laquelle il faut cesser de lier les luttes pour la mémoire aux luttes pour l’identité comprise comme différence insurmontable. Là où la colonisation, l’esclavage, le sexisme nous ont trop longtemps divisés, nous devons remplacer la politique de la différence par la politique de l’en-commun. Comment réarticuler les mémoires des souffrances humaines afin qu’elles deviennent toutes des éléments fondamentaux pour rebâtir le monde en commun ? » :Achille Mbembe : « Les relations entre l’Afrique et la France arrivent à la fin d’un cycle «13-06-2021 ; A Coumba Kane, lemonde.fr En définitive le fait est qu’il y a donc des symboles qui sont utilisés pour soumettre les hommes au pouvoir et d’autres qui sont utilisés pour les en libérer. Et comme les frontières ne sont pas étanches et que les symboles ne sont pas statiques, ils nous tiennent en alerte permanente, même à propos de nousmêmes. Pour éviter le contrôle autoritaire du symbole, l’on doit alors en négocier l’efficacité symbolique, l’interroger, l’agiter et même la subvertir surtout si le sacerdoce autoproclamé cherche à imposer au groupe une vision prétendument irréfutable, la sienne et dont le dessein réside dans la poursuite de ses propres et seuls intérêts. Les symboles libérateurs sont ceux qui permettent aux communautés de comprendre de façon aiguë leurs propres réalités et non ceux qui leur exigent la soumission à un pouvoir incontesté. C’est en cela que le sens s’impose dans l’arène de la lutte politique. De tout mouvement culturel, nous devrons tirer des significations pour interpréter nos réalités et prendre des décisions.
En criant liberté
Les cloches sonneront
Depuis les clochers
Les chants déserts
Se remettront à grainer
Des épis hauts
Prêts pour le pain
Pour le pain qui durant des siècles
Ne fut jamais partagé
Parmi tous ceux qui firent leur possible
Pour propulser l’histoire
Vers la liberté
José Antonio Labordeta, Canto a la libertad (Hymne à la liberté)
Il faut donc pousser sans cesse l’histoire vers la liberté, sans jamais y renoncer. C’est la tâche ardue des colonisés. Et nous avons dû trimer dur, simplement pour que l’on nous considère comme des êtres humains ; nous avons dû investir des siècles de parlotes et de confrontations : du rejet du pape catholique et de ses encycliques où Dieu parle et confie aux Européens la tâche de prendre par la main les créatures païennes pour les tirer vers le royaume des cieux, en échange des terres, des matières premières, de main-d’œuvre corvéable à souhait et des marchés pour l’industrie manufacturière. Nous avons même dû essayer de nier la mission civilisatrice qui n’a jamais été remplie nulle part : pour nous, colonisés, il n’y a toujours pas eu ni siècle des lumières, ni renaissance. Ou encore pour résister maintenant à la vision utopique d’un monde merveilleux commun entre ex-colonisés putatifs et ex-colonisateurs putatifs, alors que Orange S.A. qui se déploie en Afrique est une multinationale française de télécommunications basée à Paris, juste pour donner un exemple rapide illustrant le fait que le futur merveilleux est encore bien inégal...
Des siècles de dur labeur pour essayer de rééduquer l’Europe, ses gens ! Cependant, aujourd’hui encore leurs constantes explosions racistes, montrent qu’ils ont la tête aussi dure que le cœur. L’on ne pourrait taire le fait qu’avant même de penser à regarder vers l’Afrique ou de fondre sur l’Amérique, ils s’étaient déjà accusés et s’étaient construits les uns les autres comme des «barbares» ou des «envahisseurs», cela pour justifier les razzias dans les villages lorsqu’ils voulaient voler la nourriture, le bétail, les femmes, les territoires et les routes des autres. Leur « conception du racisme » provient de ces traditions familiales de construction de l’»altérité».
Combien donc cela a-t-il été difficile de passer par la guerre des symboles pour leur démontrer que les Lumières ont jeté les bases du racisme scientifique et philosophique ! Ah, cette blague tant lumineuse: quand quelqu’un dit que Kant était un raciste, Dieu tue immédiatement un Européen blond d’une crise cardiaque. Heureusement, des exemples plus grossiers a l’instar de Gobineau et Chamberlain facilitent la lutte politique, tant il y a toujours de grands imbéciles qui disent de grosses bêtises. Mais, comme il est souvent difficile de désavouer parmi les racistes les plus fins et endurcis tels que Linné, Leclerc, Camper, Blumenbach, Cuvier !
Chacune des propositions européennes d’explication du monde, du darwinisme social aux anthropologies postmodernes, sont devenues des champs de discussion du symbolique où nous ne savons même plus clairement pourquoi nous continuons à nous perdre en conjectures. Sans doute parce que dans notre concession certains jouent en faveur de l’équipe adverse.
Ainsi, lorsque nous nous appuyons sur Cheikh Anta Diop comme sur du roc, il se trouvera toujours l’un ou l’autre intégriste qui claironnera pour le traiter d’ « alchimiste solitaire et presque halluciné ». Nous aurions un Aimé Césaire en face que le médiocre l’interrogera sur le métissage et non sur ce qu’il a écrit. On accusera Fanon de tendances violentes alors qu’il n’y a rien de plus violent que la domination de certains hommes par d’autres !
Sans cesse, nous parcourons le monde en exigeant nos propres référents par la subversion symbolique. Nous nous donnons naissance à nous-mêmes dans nos textes, nous célébrons notre propre philosophie, la récupération de nos langages et langues locales ; nous résistons aux assimilations faciles, nous remettons en question nos hybridations.
C’est pourquoi, de temps à autre, nous nous joignons les mains pour en pousser un plus haut, afin qu’il récolte les mangues les plus mûres de l’arbre. Nous en faisons de lui un symbole de nos luttes politiques, de nos résistances… C’est de cette façon que nous y avons cru et avons renforcé les philosophies locales et, par la même, nous avons été lents et condescendants, par nécessité politique. Puis, convaincus que ces nouvelles propositions féministes, anthropologiques, philosophiques, didactiques sont aussi les nôtres... nous avons omis d’y exercer de la rigueur avant de les applaudir ou de les célébrer. Nous avons ainsi laissé passer entre les mailles du filet les problèmes de structure, d’ontologie, de discours, les problèmes de fond, de forme ou de contenu, les irrégularités entre ce que l’auteur dit et ce qui est écrit, pire encore, le manque d’intégrité entre les propositions libératrices et l’exemplarité éthique que commande la vie de la communauté.
Négligents quant à écouter notre soif de nous-mêmes, notre soif de notre propre source de pensée, nous avons a priori supposé que tout ce qui se disait et se faisait sur le continent devrait être intrinsèquement une fontaine où boire. Et nous le payons cher, car voilà que l’un de nos prêtres intellectuels, ébloui par le reflet des pierres de cristal qu’il remue dans le creux de la main, nous saisit par l’anneau des naseaux, par le bout du nez et nous invite à discuter de la colonisation au Quai Branly, le plus colonial des musées français dont les collections et les taxonomies muséographiques nous ramènent deux siècles en arrière. Les symboles sont importants : bien des personnes sont mortes pour empêcher le troupeau d’aller à une fête dans la tanière du loup. L’image de cet espèce de livraison volontaire au Quai Branly nous a déjà conduits à nous demander si nous devions recommencer à répondre à tout comme avant, avec un « Oui papa » immanent ?
Et comme toute histoire d’horreur peut devenir plus horrifiante, pendant que nous étions occupés à remettre le trésor de la parole entre les mains de notre chaman, Macron lui a proposé de nettoyer le Palais de Montpellier, de polir ces mauvaises relations colonisé-colonisateur, de polir la mémoire jusqu’à ce qu’elle soit vide de souvenirs, d’habiller le mort avec de nouveaux vêtements, de baigner le mendiant et d’attacher les chiens au fond du jardin. Voici que le sacerdote investit le capital symbolique que ses fidèles lui ont confié pour nous faire croire que l’avenir justifie tout, que nous sommes passés de la mission civilisatrice à la mission des relations dans un monde commun, et de surcroit insiste sur le fait que la Françafrique a perdu son sens et sa forme et qu’elle est désormais laissée pour compte, relevée aux oubliettes, et que nous devons nous souvenir sans rancune au nom d’un avenir partagé, que les différences insurmontables entre les deux continents ne le sont plus ?
Mais réitérons-le : plus les symboles sont libérateurs plus ils nous rapprochent de la compréhension de la réalité. On ne peut pas chanter à la pluie si on n’en sent pas les gouttes tomber : et l’on pourrait bien se demander quand donc le capitalisme a-t-il pris fin sans qu’on s’en rende compte... Alors que notre missionnaire clame tout haut que nous vivons un aggiornamiento, une mise a jour, les conséquences d’un long continuum d’exploitation vorace sont toujours vivaces et peignent un avenir sombre sans aucun doute : le franc CFA est bien vivant et pille le taux de change sur nos côtes, la pauvreté est toujours en hausse, la maladie, la faim et le changement climatique menacent la vie sur le continent ; il n’y a pas de vaccins ; la santé, la science, la technologie, l’éducation, sont toujours considérés comme des privilèges qui laissent leur empreinte sur les indicateurs GINI comme nulle part ailleurs sur terre.
Et lui, le chaman, qui a joué au maître de la parole a trouvé du boulot. Il convoque l’Afrique pour parler du destin de l’Afrique en dehors de l’Afrique et le comble chez un hôte qui est le pire interlocuteur possible au pire moment possible de l’Europe. Cette Europe qui a lancé des avis pour solliciter des porteurs pour endosser la terrible crise économique que la pandémie et son assouplissement quantitatif apporteront à l’Atlantique Nord. Mais le boulot c’est le boulot, et notre sacerdoce a répondu avec véhémence que celui qui peut le manipuler n’est pas encore né et que nous devons l’accepter ainsi.
Ce qu’il faut relever ici c’est que manipuler n’est pas la même chose qu’acheter. Ce qui se déroule sous nos yeux c’est qu’ils ont acheté le capital symbolique que nous avions offert à notre chaman en l’écoutant et en conservant ses paroles dans nos cœurs. Et les symboles sont importants, la réalité s’impose, parfois on croit que de l’œuf va éclore un poussin, alors qu’en réalité c’est un serpent qui incube.
Heureusement, que nous autres ne croyons pas aux inventaires fixes. Nous savons comment bousculer l’histoire, et de l’étonnement nous savons migrer vers l’action politique. Nous savons surtout comment détruire les symboles s’ils nous conduisent à l’abattoir de l’oppression. Et ce moment grave ne fera pas exception ! La forfaiture ne passera pas. Plus jamais de 1884-85. Plus jamais une Afrique sans nous.
VIDEO
DUMANAKO, FUTIKO
À sa sortie de l’hémicycle, le député de l’opposition, Ousmane Sonko, est revenu en détails sur son altercation avec son collègue de la mouvance présidentielle Modou Mbery Sylla
À sa sortie de l’hémicycle, le député de l’opposition, Ousmane Sonko, est revenu en détails sur son altercation avec son collègue de la mouvance présidentielle Modou Mbery Sylla, assurant que ce dernier, qui l’aurait menacé à plusieurs reprises, a cette fois-ci franchi le pas en l’attaquant physiquement. Mais Sonko affirme qu’il ne s’est pas laissé faire et l’a tabassé au point qu’il n’ait pas eu le temps d’assister à la séance plénière. "Duma nako futi nako féké wul sax séance bi..."
GUY MARIUS, ALIOU SANE ET NITT DOFF ARRÊTÉS
Ça chauffe à la place de la Nation (ex-Obélisque), prise d’assaut par des manifestants, exigeant le retrait des projets de loi, portant modification du code pénal et du code de procédure pénale
Ça chauffe à la place de la Nation (ex-Obélisque), prise d’assaut par des manifestants, exigeant le retrait des projets de loi, portant modification du code pénal et du code de procédure pénale.
La Place Soweto abritant l’Assemblée nationale bunkerisée, la place Soweto, les membres du Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D) et des activistes ont décidé de rallier la place de Nation.
Parmi les manifestants, les activistes Guy Marius Sagna, Nitt Doff, et Aliou Sané. Aux dernières nouvelles, ils ont été interpellés, pour participation à une manifestation sans autorisation.
Par Babacar GAYE
POUR UNE RE-NATIONALISATION DE L’ESPACE PUBLIC
Depuis quelques jours le débat sur la présence de «nervis» dans l’espace public revient dans l’actualité, avec acuité.
Depuis quelques jours le débat sur la présence de «nervis» dans l’espace public revient dans l’actualité, avec acuité. A mon humble avis, il est aussi parfois un peu manichéen du fait de l’engagement partisan d’une grande partie de ceux qui l’alimentent, d’où l’urgence de le recentrer pour qu’il soit plus serein et moins clivant. Pour cela, il faut une profonde introspection afin de trouver les bonnes réponses aux vraies questions. Cependant, devons-nous nous conformer aux opinions des autres par conformisme ou nous comporter comme ceux avec qui nous partageons l’espace public politique, sans y défendre les mêmes valeurs? Sommes-nous obligés de nous accommoder des positions ubuesques de ceux avec qui nous sommes en totale opposition et qui sapent les fondements de ce bien que nous avons en partage: la République? Et sans réfléchir, accepter aveuglément ce qui ressemble à du négationnisme ou à de la manipulation des esprits? Non, j’estime qu’il y a mieux à faire. La raison? Elle est toute simple: nous ne devons ni hurler avec les loups encore moins déserter le champ de nos devoirs. Parce que nous ne sommes ni loups affamés, ni agneaux en errance. Nous sommes des êtres résonants, doués d’intelligence, capables de comprendre les phénomènes sociaux complexes et de produire du sens et des idées. Ensuite, ce débat sur l’immixtion d’individus indésirables dans les contradictions du moment, somme toute normales entre acteurs politiques, n’est pas un fait nouveau. La violence s’est toujours manifestée dans la quotidienneté de nos confrontations. Elle n’est pas que physique. Elle émaille nos propos, nos gestes et comportements aussi bien dans la vie courante, de plus en plus dans les médias traditionnels et dans les réseaux sociaux.
Mais il est temps de prendre très au sérieux la privatisation de la violence légitime.
D’autant que la problématique de la sécurité des personnes et des biens prend une tournure inquiétante. De plus en plus, des individus ou des personnes morales privées s’emparent des espaces traditionnellement réservés à la puissance publique, sur invitation d’illuminés sans légitimité attestée, obnubilées que par leurs seules ambitions démesurées. Ce hiatus constitue une réelle menace pour la stabilité de notre pays. Le Sénégal pourrait devenir la cible de forces occultes non contrôlées ou par des apatrides délégataires de projets funestes. Leurs mandants ont les yeux rivés sur nos ressources minières, pétrolière et gazières réelles ou supposées. Sans hurler avec les loups, posons nous, donc, les bonnes questions pour cerner les contours de la crise. Qui sont ces «nervis» dont on a parlé durant les événements du Sweet Beauté Gate, lors de la tournée du Président de la République ou du Tibb Tànk de Bougane?
Sont-ils des héritiers des Comités d’action qui, au sein du même parti, l’UPS, ont incendié, violenté et tué. Naguère des «Tontons Makhoutes», en référence aux «tontons macoutes» de Duvalier, refusaient à l’opposition toute expression plurielle. En réaction à une telle terreur, des «Calots bleus» ont été recrutés et formés parmi les militants du Pds à des fins dissuasives. On connaît les avatars qui se sont ensuivis. Aujourd’hui, ce sont les «Marrons du feu» de l’Apr, les «éléments» de Pastef, de Gëm sa bopp ou ceux du Grand Parti qui font l’actualité. Apparemment, la mort de Ndiaga Diouf n’a servi de leçon aux uns et aux autres. Même des chefs religieux entretiennent des milices privées au vu et su d’un État devenu complice.
Qui ne se souvient pas des événements de Dianké à l’occasion des renouvellements ensanglantés de l’UPS, des traquenards de Maka Kolibantang, de Loro contre Me Wade, de l’attaque du domicile de Idrissa Seck, des attentats contre des personnalités, des embuscades de Ndiognick contre Macky Sall, des jets pierres de Joal sur le cortège du Président Wade, des échauffourées lors de l’interpellation de Sonko, etc. Rappelons-nous des actes de violence perpétrés sur des militants de l’Apr par des gros bras du candidat du PUR lors de la présidentielle de l’année 2019. Il y eut mort d’homme.
Récemment, une vidéo impliquant des hommes de main qui arrachent des foulards rouges hostiles au président Sall et une autre vidéo où l’on voit les éléments de Bougane poursuivre des manifestants qui scandaient «Macky Macky», sont des preuves incontestables que les «nervis» sont au service de pas mal de leaders politiques et de certaines personnalités de la société civile. Historiquement, le recours à ces gros bras pour intimider, repousser ou violenter des adversaires politiques fait partie du décor de nos manifestations politiques. Ce n’est plus acceptable dans notre démocratie. De manière itérative dans les lycées, à l’université et dans les organisations syndicales, des comités de bastonnades ont souvent été constitués pour dissuader les défaillants lors des piquets de grève. C’est ainsi que l’usage de la force privée s’est incrusté dans nos mentalités. Il faut les en extirper par l’éducation, l’instruction civique et la culture de la paix. L’administration doit affirmer sa neutralité et reprendre les cartes en main pour mettre de l’ordre Mieux, notre rapport à la démocratie est tellement biaisé que nous avons perdu le sens de l’altérité, nos facultés à accepter l’autre, ses positions, à tolérer l’expression de la différence et la liberté de critique. L’esprit démocratique qui est profondément dynamique, doit être entretenu par un débat permanent. Certes, il se manifeste parfois sur une lisière très fluctuante. Mais, c’est toujours la diversité qui engendre l’unité.
L’interdépendance étant la somme des libertés et droits de chacun. Malheureusement, les enjeux de pouvoir ont fini par créer un climat de méfiance entre les acteurs. La fracture devenue béante est lourde de conséquences. Cela transparaît dans la manière conflictuelle avec laquelle les acteurs s’emparent du discours et de l’espace politiques. D’ailleurs, dans la plupart des partis politiques et des organisations de type syndical, il est désigné un «Responsable chargé de la Sécurité». C’est celui-ci qui recrute, en cas de besoin, des hommes de main sans qualification particulière ni formation adéquate dans les métiers de gestion de la sécurité des activités privées. Ils les trouvent dans des écuries de lutte, des salles de sport (arts martiaux, body building etc), dans les quartiers chauds ou dans des grottes nichées sur la corniche de Dakar. Pourtant, au regard des dispositions du décret N°2003- 447 du 18 juin 2003, l’exercice de toute activité privée assimilable à une activité de police pour la surveillance, le gardiennage et l’escorte de biens privés et la protection rapprochée des personnalités, est soumis à une autorisation préalable du ministre de l’Intérieur en application de la loi n° 78-40 du 6 juillet 1978.
Aucun politicien ne respecte ce cadre juridique. L’Etat doit appliquer de la réglementation en vigueur avec efficience et de manière non discriminée. Devons-nous continuer à nous accommoder de cette vacuité de la puissance publique, au risque de compromettre durablement la stabilité du pays et la paix civile? Selon moi, la réponse est évidemment non. En attendant de trouver les voies et moyens d’éradiquer l’anarchie qui règne dans ce secteur, acceptons d’en parler sereinement et objectivement et remettons les choses à l’endroit. Il ne faut pas se voiler la face; le recours à la violence est érigé en système de règlement des conflits. Tous les leaders politiques, ceux du pouvoir comme ceux de l’opposition, ont recours aux services de ces colosses. Il ne serait pas juste de les appeler «nervis» quand ils travaillent pour l’Apr et «gardes de corps» quand ils sont avec Bougane ou Talibés s’ils accompagnent Kara.
Une telle indignation sélective est, à mon avis, inacceptable. Cependant, c’est aux tenants du pouvoir de laisser à l’opposition, «le monopole de l’irresponsabilité» en donnant le bon exemple pour sauvegarder l’image d’un État fort qui concentre ses efforts sur la résolution des problèmes qui nous assaillent. Afin de dé-privatiser l’espace public et jouer son rôle régalien de sécurisation des personnes et des biens en dehors de toute considération partisane. Impersonnel, l’Etat doit être à équidistance des partis politiques et se mettre au service exclusif du citoyen. Pour relever ce défi, il est urgent de créer à nouveau les conditions d’un dialogue sincère sur les pré-requis d’une République pour tous et d’une démocratie pluraliste afin de redonner confiance aux acteurs concernés. Il est temps de remodeler la législation qui encadre toutes ces activités totalement illégales dans un contexte de péril multiforme. En France, les péripéties de l’affaire impliquant Alexandre Benalla et Vincent Crase, deux anciens éléments de la garde rapprochée d’ Emmanuel Macron, alors fraîchement élu à l’Elysée, ont failli précipiter le pays dans une crise politique inattendue. L’opinion publique française n’a pas toléré l’implication de collaborateurs civils du chef de l’Etat dans le maintien de l’ordre et l’interpellation d’un manifestant le 1er mai 2018. C’était le début d’une escalade de scandales impliquant un cabinet privé dans la gestion de la sécurité du Président de la République française.
En son temps, les français, dans un esprit républicain, ont dit non avec une rare détermination. Si ce sursaut national a été facile, c’est aussi parce qu’une presse impartiale avait su jouer un rôle de premier plan dans la mobilisation de l’opinion publique et celle des différents corps de l’Etat français pour que le dispositif législatif et réglementaire en vigueur soit appliqué. Une prise en charge efficace de la crise a pu endiguer le mal et tuer ces dérives dans l’œuf. J’estime que notre élite est à la hauteur d’un tel défi.
A mon avis, au Sénégal, tout démocrate républicain devrait encourager l’assainissement d’un tel secteur avec vigueur et sans discrimination.
Pour cela, il faut revoir les textes régissant la profession dans notre pays, d’autant que les hommes politiques ne s’interdisent plus des discours va-t-en-guerre, font dans la surenchère et profèrent des menaces à peine voilées. Naturellement ces postures engendrent toujours un climat de terreur. Pour se prémunir d’éventuels risques supposés, ces irresponsables profitent de la précarité causée par le chômage endémique et l’absence de perspectives pour une jeunesse peu outillée pour l’enrôler. Leur incurie encourage l’émergence de milices privées dont la présence dans l’espace public est une plaie de la démocratie. Ensemble, nous devons refuser cette fatalité que l’histoire récente veut nous imposer. Et c’est aussi ensemble que nous devons désencombrer l’espace public et construire un Etat de droit sur des bases assainies, dans la concorde et la tolérance mutuelle. Quand bien même, je continue d’assumer mon appartenance à la majorité et le soutien de mon parti à l’action du Président Macky Sall, ce serait peine perdue de me vouloir confiner dans une posture partisane ou dans ces clivages politiciens qui divisent mon pays en deux fractions qui se regardent en ennemis. Ces antagonismes mettent le pays en péril. Nous ne devons pas l’accepter.
Au demeurant, ni la violence verbale, ni les quolibets et autres cris d’orfraie encore moins les attaques «ad personam» que l’on constate dans les réseaux sociaux, ne devraient réussir dévier de cette trajectoire. D’avance, rejetons en bloc un tel dessein pour que seule la construction de la convergence des intelligences positives soit le sens de notre engagement au service de la patrie.
Babacar Gaye
Homme politique
Ancien ministre d’Etat
LES ACTEURS DES PRODUITS PÉTROLIERS NE S’ACCORDENT SUR RIEN
Le mercredi 26 mai, s’est tenu, au 10ème étage du building administratif du président Mamadou Dia, un atelier de restitution des rapports du cabinet Mazars sur l’étude de la structure du prix des produits pétroliers, présidé par M. Adama Diallo
Le cabinet Mazars prié de revoir sa copie sur plusieurs points.
Le mercredi 26 mai, s’est tenu, au 10ème étage du building administratif du président Mamadou DIA, un atelier de restitution des rapports du cabinet Mazars sur l’étude de la structure du prix des produits pétroliers, présidé par le secrétaire général du ministère du Pétrole et des Energies (SG/MPE), M. Adama Diallo. Etaient présents, selon nos sources, des représentants du ministère des Finances et du budget (MFB), du ministère du Commerce et des PME ainsi que du ministère de l’Environnement et du développement durable, les acteurs aval des hydrocarbures regroupés au sein du Groupement des professionnels du pétrole (ASPP), de l’Association sénégalaise du pétrole, SENSTOCK, de la SAR, de Pétrosen trading et services, de l’Association des gérants des stations service du Sénégal (AG3S) et de l’Union des grossistes du gaz du Sénégal (UNAGAZ), la société nationale du Port autonome de Dakar (SNPAD), le Terminal pétrolier de Dakar (TPD), la Société générale de surveillance (SGS) et les associations consuméristes représentées par ASCOSEN.
Cette rencontre d’une demi-heure avait pour objectif la restitution technique du rapport de l’étude sur la structure des prix des produits pétroliers aux acteurs de la filière afin que ceux-ci puissent y apporter des commentaires, observations et suggestions. Plusieurs points ont été abordés de même que des observations, commentaires et recommandations. La présence de l’incoterm CIF a été le premier point abordé. Et le commentaire et observation des acteurs a été la question de la pertinence de l’application de l’incoterm CIF dans le calcul du PI. Ce point a été soulevé par la représentante du Ministère en charge du commerce. En réponse à cette question, le cabinet Mazars a indiqué que le CIF/NWE n’est pas la référence de CIF rendu port de Dakar ; mais un CIF zone ARA, marché liquide de provenance des importations de produits pétroliers. Le calcul du fret des produits pétroliers liquides avec la réintroduction du taux AFRA a été aussi posé par les représentants de la Sar qui craignent que cette information (taux AFRA) ne soit pas disponible car aussi bien le SP-CNH que la raffinerie n’ont pas encore souscrit à l’abonnement. Sur ces problématiques, Mazars a considéré que la formule de calcul actuelle qui fait appel à des constances ne permet pas de déterminer avec exactitude le prix de fret. Par ailleurs, le cabinet estime les taux AFRA sont publiés par London Tanker Brokerspanel et sont par conséquent accessibles à tout abonné. Après avoir expliqué la formule proposée pour le calcul des surestaries qui sont évalués en fonction des taux correspondant au «demurrage rate» issu des publications, la représentante du ministère en charge du Commerce a soutenu que ce poste « frais financier de stock de sécurité » doit être supprimé de la structure des prix car le consommateur, finalement, paie un service qui n’est honoré par les acteurs.
Le cabinet Mazars est également d’avis que ces frais financiers sur stock de sécurité ne doivent pas être prévus tant que toutes les dispositions ne sont pas prises pour la constitution de ce stock. Le haut commandant du Port autonome de Dakar (PAD) a rappelé avoir transmis un mémorandum au cabinet Mazars tout en précisant que 39 pour cent des investissements réalisés par le Port sont relatifs au secteur pétrolier. Ainsi, il a indiqué que le taux unique de 551F CFA/tonne proposé ne reflète pas la réalité des dépenses effectuées par le port. Par rapport à la proposition du cabinet, le GPP considère qu’elle devrait faire l’objet d’une validation préalable. Le tarif cabinet Mazars soutient avoir obtenu le résultat de 9.733 FCFA/tonne sur la base des éléments fournis par SAR. Ce montant s’établit à 551 FCFA/tonne. Les représentants de la SAR ont considéré que ce coût est sous-estimé par Mazars qui a proposé 9.733 FCFA/tonne à la place de 10.500 FCFA/tonne (tarif actuel dans la structure des prix). Or la SAR estime que 9.733F CFA /tonne est le coût de revient (sans marge). Ainsi, les charges liées aux opérations d’approvisionnement de Senelec en fuel HTS sont bien au-delà des 10.500F CFA/tonne. Le cabinet Mazars estime avoir obtenu le résultat de 9.733 FCFA/tonne sur la base des éléments fournis par la SAR. Ce montant n’intègre effectivement pas de marge. Le directeur général de TDP a insisté sur la problématique du tarif de passage aux terminaux pétroliers et s’est interrogé sur son intégration dans la structure des prix. Le cabinet Mazars a rétorqué que cette problématique peut être résolue définitivement avec la modification de la structure des prix et l’intégration du tarif négocié 1492 FCFA/tonne.
Les représentants de l’UNAGAZ ont estimé que les conclusions des consultants ne reflètent pas les informations sur l’activité des grossistes qui ont été fournies. Ils ont expliqué qu’avec les modernisations en cours dans le système de transport des bonbonnes de gaz vers le consommateur (acquisition de camionnettes pour remplacer les charrettes à traction par chevaux), leur activité est devenue fortement déficitaire malgré la ristourne que leur accordent les distributeurs. Le consultant, après être revenu sur rencontre avec l’UNAGAZ et les données reçues de cette association, a expliqué que les informations collectées n’ont pas permis de confirmer le déficit déclaré par les acteurs ni de justifier une proposition de révision de marge grossiste. Les représentants de AG3S se sont félicités de la recommandation du consultant de revoir à la hausse la marge détaillant tout en fustigeant l’attitude de certains distributeurs qui utilisent des pratiques pour grignoter une partie (pourcentage sur la vente par carte TPE, signature de contrats de gestion léonins etc.). Ils reconnaissent également avoir refusé de fournir des données au cabinet à cause de la pression des distributeurs. Sur ce point, le cabinet Mazars a informé avoir recouru à un benchmark qui révélé que le Sénégal a des marges détaillants relativement faibles. Devant la difficulté de collecte des données pour adopter la méthode CMO, le cabinet a suggéré le statuquo. Les acteurs de la filière, au même titre que le cabinet Mazars, sont d’avis que la fiscalité a un impact dans l’activité pétrolière et suggèrent de la revoir. Par ailleurs, ils partagent le même point de vue quant à la délégation de la gestion du FSIPP et du PSE au ministère du Pétrole et des Energies pour une meilleure prise en charge des difficultés du secteur, notamment le remboursement des pertes commerciales des acteurs et des factures de combustible de Senelec. Le cabinet Mazars conseille de déléguer la gestion du FSIPP et du PSE au ministère des Pétroles et des Energies mais aussi de veiller à l’application des objectifs de ces fonds.
Les acteurs refusent plusieurs propositions du cabinet Mazars
Au terme de cet atelier, des points de désaccord ont été relevés. En effet, certaines propositions du cabinet Mazars n’ont pas été acceptées par les acteurs. Il en ainsi des marges : sur ce point, à part la marge détaillant, le consultant propose de garder le statuquo. En effet, l’asymétrie des données collectées n’ayant pas permis la mise en œuvre de la méthode CMO et la position des niveau de marge au Sénégal par rapport aux autres pays (cf. benchmark) sont à la base de cette proposition du consultant. Ces explications n’ont pas convaincu les acteurs qui réclament une augmentation de leurs marges.
Par ailleurs, UNAGAZ considère qu’il y a une différence fondamentale entre les résultats obtenus par son groupe et ceux du cabinet Mazars dans la détermination de la marge brute et des charges externes. S’agissant des frais de gestion de la Sar sur le FO380, la raffinerie conteste la proposition de Mazars réduisant le coût de 10500 FCFA/T à 9733 FCFA/T n’intégrant pas de marge sur les coûts estimés. Pour ce qui est des frais de passage dans le pipeline, le niveau proposé par le consultant a été réfuté par Sentock qui le considère comme insuffisant pour prendre en charge l’entretien, la maintenance et le renouvellement. Au sujet des surestaries, le ministre du Commerce considère que ce poste devrait être supprimé de la structure des prix des produits pétroliers. Enfin, relativement aux frais portuaires, la proposition du Mazars n’a reçu l’assentiment ni du Port ni des activeurs qui estiment que les frais portuaires devraient faire l’objet d’une validation en amont par les ministères techniques sectoriels (ministères en charge des Finances, de l’Economie maritime et du Commerce) », informent nos sources qui avaient part à cette rencontre.
Par Moussa KAMARA
DEUX TROIS
Le 23 juin est célébré dans la division par des acteurs entreprenants et décisifs. Par la jeunesse qui avait été aux premières loges et faire avorter le projet sinistre de Wade d’un ticket et d’un quart bloquant.
Le 23 juin est célébré dans la division par des acteurs entreprenants et décisifs. Par la jeunesse qui avait été aux premières loges et faire avorter le projet sinistre de Wade d’un ticket et d’un quart bloquant.
Les étudiants et les élèves, les commandos intrépides de cette mouvance spontanée qui comptait dans ses rangs la presse, les rappeurs, Y en a marre et d’autres jeunes très courageux et quelques politiciens opportunistes en diable ont fait de cette journée une des plus belles pages de notre démocratie.
Et comme d’habitude, les véritables héros ont gardé le silence, laissant la parole à ceux qui en ont le plus besoin et qui ne se sont guère privés pour s’exprimer sur tous les tons et dans tous les supports. Personne n’ignore que le Président a freiné des quatre fers pour mettre en branle les recommandations des Assises. D’ailleurs, ceux qui sont restés avec lui savent pertinemment ce que Macky pense des Assises.
Partir ou rester est un toujours un dilemme. Quitter le pouvoir la tête haute n’est pas donné à n’importe qui. Ils sont alors chassés et souvent humiliés, les politiciens, qui se muent souvent en opposants virulents et parfois violents jusqu’aux prochaines retrouvailles !
Le Président a toujours joué dans ce registre qui lui a souri jusqu’à présent. L’on s’étonne aujourd’hui de voir célébrer le 23 juin à la fois par le pouvoir et par l’opposition, chaque partie réclamant une prétendue paternité de cet événement vieux d’une dizaine d’années. Les chapelles idéologiques ne semblent plus être de mise sous nos cieux puisque les conditions politiques du moment exigeaient le regroupement opportuniste de partis aux doctrines diamétralement différentes.
Macky le libéral était allé démarcher les socialistes, les marxistes et beaucoup d’autres mouvements pour pouvoir gagner et gouverner ensemble. Ce qui a créé le Benno qui crapahute, tangue mais vit bon an mal an.
Le 23 juin est bien derrière nous et aujourd’hui, ce qui nous importe par-dessus tout, c’est le dernier ou le troisième mandat. Partir ou rester, la grande aventure !
CHAUDES EMPOIGNADES À L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Que ce soit la majorité présidentielle ou l’opposition, chacun de son côté essaie de convaincre l’opinion sur le projet de modification du Code pénal polémique
C’est la guerre des mots. La majorité présidentielle et l’opposition parlementaire, chacun de son côté essaie de convaincre l’opinion et le faire adhérer à ce projet de modification du Code pénal et du Code de procédure pénale. Si la majorité estime qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, l’opposition, elle, crie au scandale et parle de projet machiavélique.
Ainsi ils (les opposants) appellent les populations à la manifestation. C’est le cas du député, Déthie Fall. L’ancien n°2 du parti Rewmi estime que cette réforme cache des coups bas. « Pourquoi il veut faire passer cette réforme en procédure d’urgence au moment où tous les esprits étaient concentrés sur le 23 juin ? Le président Macky Sall, quand il pose un acte, il faut toujours voir ce qui est derrière. Il nous l’a montré en 2019 avec le parrainage quand il a voulu éliminé des adversaires politiques. Nous voulons tout simplement qu’il retire ce projet. Nous attendons également une forte mobilisation chez les populations », a déclaré, devant l’Assemblée, l’ancien poulain d’Idrissa Seck.
La réplique d’Abdou Mbow ne s’est pas faite attendre. Le vice-président de l’Assemblée nationale estime que les détracteurs de la réforme sont dans la désinformation. C’est ce qui justifie la décision de transmettre en direct la séance plénière du jour pour que nul n’en n’ignore. « Depuis 78h, la loi est passée en commission. Si elle avait un problème, vous allez entendre des députés la dénoncer. Les opposants parlent de l’article 279-1. Je vous renvoie à la loi de 2016 et celle de 2007. Aucune mot, je dis bien aucun mot, n’a changé par rapport à cette loi sur la définition du terrorisme dans le Code pénal sénégalais. Aujourd’hui, nos amis de l’opposition sont dans la manipulation, dans la calomnie, dans le déni de la vérité. C’est pourquoi nous disons que cette séance plénière soit transmise en direct partout au Sénégal et dans le monde pour que les Sénégalais sachent qu’ils n’y a absolument rien à cacher », a déclaré le porte parole de l’Apr.
UNE OPPOSITION FORTE VA VIRER DE DAKAR PLATEAU CE PIÈTRE MAIRE NOMMÉ ALIOUNE NDOYE
Natif de Dakar-Plateau, Cheikh Ahmed Tidiane Sall est le coordinateur de l’opposition sénégalaise en France
Propos recueillis par Pape NDIAYE |
Publication 25/06/2021
Natif de Dakar-Plateau, Cheikh Ahmed Tidiane Sall est le coordinateur de l’opposition sénégalaise en France. Conseiller municipal à la mairie de Dakar-Plateau, il est également coordinateur du Front pour le départ de Macky Sall (Fdm) regroupant plusieurs partis politiques et mouvements citoyens à Paris. A travers cette interview exclusive, il se démarque de certains dignitaires de la Collectivité Lebou et manœuvre pour un candidat d’une opposition forte dans le but de virer le très contesté maire de Dakar-Plateau, le ministre Alioune Ndoye.
Le Témoin : Comment un coordonnateur de l’opposition en France, vous en l’occurrence, peut-il avoir disparu si subitement de la circulation alors qu’il était pourtant très présent dans les médias ?
Cheikh Tidiane Sall : D’abord, permettez moi de rappeler que je suis aussi le coordinateur du Front pour le départ de Macky Sall (Fdm) à Paris. C’est un cadre voire une plateforme qui regroupe des partis politiques et mouvements citoyens, à savoir le Pds, le Ps ou Taxawu-Senegal avec Khalifa Sall, Bok Guiss-Guiss, Démocratie Républicaine d’Aguibou Soumaré, la République des valeurs, Tekki, la société civile avec Bengelloun, Daffa Djott, Frapp France dégage et autres. Vous voyez, la liste n’est pas exhaustive ! Pour revenir à votre question, je tiens à préciser qu’au sortir de l’élection présidentielle de 2019, nous avons subi une déception énorme à la suite de la défaite de notre candidat Idrissa Seck. J’étais le coordinateur de la coalition « Idy 2019 » en France. Naturellement, j’avais du mal à me remettre de cette défaite puisque nous avons dépensé beaucoup de nos propres moyens constitués de cotisations pour battre la campagne partout en France. Comme durant tout lendemain de défaite amère, j’avais pris volontairement le choix du silence et du repli politique tactique. Un recul politique provoqué également par des soucis d’ordre privé. Donc, il me fallait lâcher du lest du côté de l’engagement politique et citoyen. A travers cet entretien dans les colonnes du « Témoin », je vous annonce mon retour dans l’arène politique pour sauver ma ville natale qu’est Dakar-Plateau des mains d’imposteurs…
D’imposteurs ? Nous y reviendrons ! Mais comment se porte l’opposition sénégalaise en France?
Je crois qu’il ne faut pas faire dans la langue de bois, les gens me connaissent par rapport à une certaine franchise. On ne peut pas nier les problèmes internes au niveau des composantes du Fdm et de l’opposition qui entravent la bonne marche du cadre de lutte. Sans oublier les tentatives vaines d’un petit groupuscule en mal de reconnaissance politique qui voulait s’accaparer de la coordination, mais suite à l’échec de ses animateurs, ils ont quitté le navire. Ce serait malhonnête de ma part de ne pas assumer une partie de la léthargie du fonctionnement du Fdm. Jai tenté de me faire remplacer, mais avec le Covid, cela n’a pas pu aboutir. Souhaitons que les parties prenantes aillent s’organiser au sein du Fdm pour un nouveau souffle afin de faire repartir la machine de guerre. D’ailleurs, j’en ai discuté avec certains responsables pour qu’on puisse convoquer une réunion visant à trouver les voies et moyens de la mise en place d’une nouvelle dynamique. Justement, je saisis l’opportunité de cette interview qui m’est offerte pour remercier toutes ces femmes et ces hommes qui m’ont toujours fait confiance contre vents et marées.
On dit que vous avez été viré de la tête de la coordination de l’opposition en France ! Donc comment avez-vous manœuvré pour revenir ?
Non, je suis désolé, personne ne m’a viré de cette coordination ! C’est moi qui avais démissionné sous le coup de la colère. Et cette démission n’a jamais été acceptée par les responsables et militants de l’opposition sénégalaise de France. Juste pour vous dire que ma démission avait fait l’objet d’un rejet massif par la majorité des membres. Et ce refus de me laisser partir a été confirmé au cours d’une réunion par vidéoconférence avec 40 participants-responsables dont 35 ont voté pour me reconduire à la tête de l’opposition en France. Cette marque de confiance venant des autres est la meilleure des reconnaissances et cela n’a pas de prix.
On s’achemine vers les élections locales en janvier prochain. Êtes-vous candidat à la mairie de Dakar-Plateau ?
Etre maire n’a jamais été une fin en soi pour ma modeste personne, je ne suis pas venu dans la politique par hasard. Je suis né à Dakar-Plateau dans une maison renfermant une gorgée d’histoires politiques. Et j’ai en mémoire encore la phrase de ma voisine en ces termes : « Vous, dans votre maison, vous apprenez à dire non avant de savoir marcher ». Permettez-moi de vous rappeler qu’en 2009, nous étions un groupe de cinq personnes parmi lesquelles mon frère Djiby Sylla et Berthé à aller à la conquête de la commune de Dakar-Plateau. Cette année là, nous avons engrangé plus de 800 voix au milieu des deux grandes coalitions Sopi et Bss. Ces deux mastodontes ne tournaient guère qu’aux alentours des 3.000 voix. En 2014, je suis revenu en force en constituant ma propre liste. Malheureusement, je n’ai pas pu être présent pendant la campagne électorale. Et pourtant, nous avions réussi à obtenir, mes camarades et moi, 383 voix à cause d’une erreur de casting de la part de mon mandataire qui s’était trompé sur la constitution de notre liste en me mettant en tête de la proportionnelle, ce qui a fait de moi un conseiller municipal de Dakar-Plateau. C’est juste un rappel pour mieux vous convaincre que je ne suis pas obnubilé par le poste de maire. A quelques mois des prochaines locales, mon objectif est de rassembler et fédérer toutes les forces politiques de l’opposition au sein d’une de coalition de feu dans Dakar-Plateau. D’ailleurs, certains leaders de l’opposition m’ont choisi dans ce sens. Maintenant, il reste à convaincre d’autres leaders de partis politiques à nous rejoindre dans ce combat. Et le moment opportun, l’opposition désignera un candidat pour Dakar-Plateau. Quel que soit le profil du candidat, je crois toujours aux vertus du collectif car « On vit et on meurt ensemble ! »
Pensez-vous pouvoir détrôner le maire Alioune Ndoye ?
(Rires) Le terreau est fertile pour gagner, car le maire actuel, après deux mandats et près de douze années à la tête de la commune, ne peut présenter qu’un bilan calamiteux. Comme l’ont si tristement constaté toutes les populations de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye a échoué à faire renaître le Plateau. Donc, le bon sens voudrait qu’il s’en aille ! D’ailleurs, je me demande comment le président Macky Sall a-t-il pu nommer ministre quelqu’un qui est techniquement et politiquement limité comme Alioune Ndoye. Mais cela se comprend dès lors qu’Alioune est nommé par quota (Ndlr, c’est le Ps, parti allié qui l’a désigné) et non du fait de sa compétence. Allez visiter le ministère des Pêches et de l’Economie maritime, vous y verrez de brillants technocrates voire d’excellents conseillers techniques compétents et chevronnés qui font pratiquement tout à sa place. Ce sont ces hauts fonctionnaires-là qui méritaient d’être promus. Dommage qu’au Sénégal, on politise certains ministères clés et stratégiques qui devaient être le fer de lance de notre économie. Comme tout habitant de Dakar-Plateau, j’estime que détrôner Alioune Ndoye sera une promenade de santé pour l’opposition. Dans ce sens, j’ai eu à discuter avec certains leaders de l’opposition et du Frn (Front de résistance nationale). Et nous ferons bloc afin de créer une dynamique unitaire au niveau des locales pour virer ce piètre maire Alioune Ndoye de Dakar-Plateau. Je prends l’opinion nationale et les lecteurs à témoin, Dakar Plateau et Ville de Dakar auront de nouveaux maires issus des rangs de l’opposition le 22 janvier prochain.
Que pensez-vous justement des deux candidats investis par la Collectivité Lebou à savoir Alioune Ndoye et Diouf Sarr ?
(Rires) Vous savez, l’Imam Samba et le Grand Serigne Abdoulaye Makhtar Diop qui les ont désignés sont nos « Kilifeu ». Non seulement, ils sont de hauts dignitaires religieux et coutumiers, mais aussi ils symbolisent le respect, la dignité et fierté de la collectivité lebou. Que Dieu leur donne longue vie et santé pour qu’ils puissent encore nous guider et nous bénir. Malheureusement, je suis désolé de dire que le choix d’un maire ne se fait pas au sein d’une communauté sociale ou religieuse puisque nous sommes en politique. D’ailleurs, je vais vous raconter une anecdote : en 2014, j’étais allé voir l’Imam pour qu’il bénisse ma candidature. Ce jour-là, il m’avait très bien reçu en tenant dans sa main mon prospectus de campagne sur lequel figurait ma photo. Après avoir examiné le document, l’Imam m’avait dit ceci : « C’est bien d’avoir des ambitions, mais Cheikh, ce n’est pas encore le bon moment ! » avait-il estimé. Je profite de cette occasion pour saluer l’Imam au passage. Et avant les élections prochaines, j’irai lui demander si le bon moment pour moi est arrivé ou pas ? Ce même s’il a déjà fait son choix. Pour la petite histoire, j’ai la chance d’être issu de l’ethnie Halpulaar par le biais de mon père et lebou de par ma défunte mère. Et je suis fier de ce métissage ethnique qui est l’avenir de l’humanité…
Si Cheikh Sall est élu maire de Dakar Plateau, quelles seraient ses priorités ?
Moi ! Amine…Si par la grâce de Dieu et le soutien de l’opposition, je suis élu maire, je ferais de l’emploi une sur-priorité car ne sont pas les opportunités de créer des milliers d’emplois qui manquent. Le Plateau est une commune qui reçoit un million de personnes par jour, c’est quasiment une île. Mieux, Dakar-Plateau est le siège de grandes multinationales et institutions qui sont des vecteurs de création d’emplois. Avec mon équipe, nous ferons de la Santé, l’Education et de l’Economie également des priorités. Sans oublier le Sport qui est un maillon incontournable du développement.
Comment un membre fondateur de l’Apr en France, comme vous, est-il si radical contre le régime de Macky Sall ? Pourquoi avez-vous quitté le parti du président ?
Je n’étais pas uniquement membre fondateur de l’Apr en France. J’étais aussi responsable de l’Apr à Dakar-Plateau. Juste pour rappeler que je suis le principal artisan de la victoire du président Macky Sall au Plateau en 2012. A preuve, les deux autres responsables ayant bénéficié des retombées de cette victoire sont Salif Keita et René Pierre Yehoume qui est mon neveu, il était à Londres. A l’époque, pendant trois mois, j’ai déserté mon travail en France pour venir battre campagne à Dakar. Sans compter les autres jours où je retournais en France pour y présider des meetings et des tournées de campagne avant de revenir encore à Dakar. Je connais très bien la sociologie de ma commune de Dakar-Plateau et ses coins et recoins abritant des niches de voix. En 2012, je suis allé chercher ces voix pour faire élire Macky Sall. Ce, malgré le manque de moyens. Parfois, je quémandais des sandwiches dans les restaurants et « chawarmas » de Dakar-Plateau pour les distribuer aux jeunes de mon équipe de campagne. Donc si j’ai quitté l’Apr de Macky Sall, c’est parce que je me sentais ostracisé. J’avais attaqué Alioune Sall dans le dossier Petrotim et beaucoup de cadres hypocrites m’en avaient voulu jusqu’à me dire ouvertement ceci « Tu oses attaquer le frère du président, tu n’auras pas de poste ! ». Face à cette situation inconfortable, j’ai quitté l’Apr pour prendre mon destin politique en mains. Certes, quand on fait de la politique, il faut savoir avaler des couleuvres. Mais parfois, on du mal à les avaler dans la vérité…
Selon nos informations, des responsables de l’Apr manœuvrent pour vous enrôler dans la mouvance présidentielle en vue des prochaines élections locales et législatives. Est ce vrai ?
C’est faux ! C’est une fausse information pour torpiller notre future coalition….Il est vrai qu’en 2019, bien avant la présidentielle, certains responsables de l’Apr avaient tenté de me faire revenir dans ce parti, mais j’avais déjà donné ma parole à la coalition « Idy 2019 ». Et je n’ai aucun regret d’avoir porté le drapeau de cette coalition malgré la défaite. Ironie du sort, dernièrement, j’avais entrepris des démarches pour rencontrer Idrissa Seck juste pour le saluer. J’ai envoyé un message à son directeur de cabinet, il n’a pas daigné me répondre. Je le rappelle, il ne décroche pas. Pire, je contacte le responsable du parti Rewmi en France, il me dit être incapable de me trouver un rendez-vous tout en faisant le mort. Vous voyez comment l’hommepolitique est ingrat dès son accession au pouvoir ou au mini-pouvoir ! Bref, la leçon qu’il faut tirer de cela, c’est que les leaders en général sont très mal entourés avec des collaborateurs méchants, jaloux et ingrats comme leur mentor. Heureusement que j’ai mon travail en France et je gagne très bien ma vie. Parfois, il m’arrive même de dire que la politique est une épine dans le pied qui a ralenti ma course dans la vie professionnelle. Mais que faire, j’ai la politique dans le sang !