Parmi les bénéficiaires, on peut noter les secrétaires généraux adjoints du gouvernement. Ces bienheureux parmi d’autres recevront 700 000 au titre de cette indemnité. Les secrétaires généraux de ministères bénéficieront de 650 000 francs. Quant aux directeurs de cabinet des ministres, ils pourront se refaire une seconde vie avec leurs indemnités de 650 000 francs.
Les directeurs généraux dans les ministères, les directeurs généraux ou directeurs d’établissements publics, de sociétés nationales, d’agences et organismes publics similaires et assimilés et les autorités administratives indépendantes percevront quant à eux 600 000 francs. Des indemnités qui ne sont pas maigres, on en conviendra ! Au contraire, de quoi donner le sourire à tous ces bienheureux ! Y a une autre faune de fonctionnaires qui est logée dans les rubriques de ces privilégiés de la République. Il s’agit des présidents des organes délibérants des établissements publics, des société nationales, des agences et organismes publics similaires et assimilés, des autorités administratives indépendantes.
Le premier avocat général et le secrétaire général de la Cour suprême. Les présidents de section à la Cour suprême, le premier avocat général près de la Cour des comptes, le secrétaire général de la Cour des comptes, le secrétaire général et les présidents de chambres à la Cour d’Appel, les présidents de chambre à la Cour des comptes , les présidents et procureurs des tribunaux de grande instance et d’instance, le doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance hors classe de Dakar et les conseillers au secrétariat général du gouvernement font également partie de ces happy few chouchoutés par la République.
Pour cette classe de fonctionnaires, l’indemnité se monte à un demi -million de francs. Les directeurs et chefs de services à compétence nationale se « contentent » de 400. 000 francs pendant que le secrétaire général de la Médiature aura droit, lui, à 300 000 FCFA. Les mêmes indemnités sont accordées aux secrétaires généraux des établissements publics, des sociétés nationales, des agences et organismes publics similaires et assimilés, des autorités administratives indépendantes. Quant aux directeurs des agences régionales de développement, secrétaires généraux des départements et secrétaires généraux des communes chefs-lieux de département (circonscription administrative) ils ne vont certainement pas cracher sur leurs 250 000 francs d’indemnités. Et au bas de l’échelle, on retrouve les secrétaires municipaux avec 150 000 FCFA.
Toutes affaires cessantes, le ministre des Finances et du Budget et le Ministre, Secrétaire général du gouvernement, sont chargés, chacun en ce qui concerne, de l’exécution du présent décret. La République est bonne fille !
LA CUAPLCC FORMULE DES RECOMMANDATIONS POUR LE SENEGAL !
Faire sortir le Sénégal de son rang de 45 /100 le plaçant dans la liste rouge des pays où la corruption est beaucoup plus perceptible, voire éradiquer totalement ce fléau dans le pays.
Faire sortir le Sénégal de son rang de 45 /100 le plaçant dans la liste rouge des pays où la corruption est beaucoup plus perceptible, voire éradiquer totalement ce fléau dans le pays. C’est l’ambition que se donne la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption au Sénégal (Cuaplcc) en initiant un projet pour la mise en application des engagements anti-corruption de l’Afrique. Pour y arriver, les organisations de la société civile comme le Forum civil et Transparency international sont appelées à renforcer le plaidoyer pour l’harmonisation du dispositif de lutte contre la corruption.
Dans son rapport, la Cuaplcc souligne que le dispositif sénégalais de prévention et de lutte contre la corruption comporte de nombreux aspects positifs dont certains ont été réalisés après l’adhésion à la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption (Cuaplcc). Cependant, il en résulte, d’après cette convention dont l’objectif est de freiner la corruption en Afrique, des insuffisances nécessitant des efforts en vue de la conformité et de l’efficacité des actions entreprises relevées dans plusieurs domaines.
En ce qui concerne notre pays, pour le faire sortir du point clignant de la corruption, 30 recommandations issues de l’analyse de l’état de mise en œuvre de la Cuaplcc lui ont été formulées. Le processus d’adhésion aux instruments juridiques internationaux pertinents doit être plus inclusif afin de recueillir les avis des acteurs surtout des Organisations de la société civile (OSC) et des médias que l’Etat engage implicitement par sa signature et sa ratification. « L’implication doit faire l’objet d’une procédure simplifiée et harmonisée de consultation prenant en compte toutes les phases du processus (Négociation/Identification de Réserves éventuelles/Signature/ Ratification), le critère de la représentation des OSC et médias dans ce processus et la recherche de consensus sur les avis à émettre.
Au plan des incriminations, les acteurs doivent mener le combat pour l’adoption conforme des incriminations relatives à la corruption dans le secteur privé, l’abus de fonction et la corruption d’agents publics étrangers. La démarche consistera à élaborer ou faire élaborer des avant-projets de lois », lit-on dans le projet. Les domaines ciblés ! La convention ne veut rien laisser en rade, surtout en ce qui concerne les organes de contrôle et cours juridictionnels où les hommes politiques, en tous cas la plupart, ceux du pouvoir, ont été épinglés par ces corps du contrôle.
A cet effet, au chapitre du renforcement des organes de prévention, la Cuaplcc indique que la Cour de répression de l’enrichissement Illicite (Crei) gagnerait à intégrer dans ses procédures le droit à un recours effectif. Une réforme de la loi 81-54 du 10 juillet 1981 est la voie pour y arriver. L’autonomie financière de l’OFNAC aura besoin d’un renforcement en vue d’une gestion directe et « dé-rattachée » de son budget et le Sénégal doit modifier la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 afin de la doter de pouvoirs de sanction contre les assujettis qui ne font pas leur déclaration de patrimoine. « Les membres de l’OFNAC doivent, eux-aussi, se soumettre à la déclaration de patrimoine avant et après cessation de fonction. Les attributions de police judiciaire de l’OFNAC doivent être renforcées, notamment en le dotant du pouvoir de décider de l’arrestation et de la garde à vue des personnes sur qui pèsent des indices sérieux de corruption et le pouvoir de saisir et de geler, pendant l’enquête, les instruments et produits du crime.
L’Etat doit systématiser la publicité des rapports de l’IGE et de l’IGF et tous autres organes de contrôle ou de supervision de la gestion du bien public. Il doit doter ces organes du pouvoir d’auto-saisine et de l’habilitation à transmettre directement des rapports aux autorités de poursuite en ce qui concerne les faits de corruption décelés lors des inspections », ajoute le rapport. La convention de l’Union africaine de lutte contre la corruption s’est également penchée sur le renforcement de la transparence dans les marchés publics.
Elle estime que l’ARMP doit prendre les mesures nécessaires pour faire respecter la publication des avis d’attribution définitive des marchés publics telle qu’aussi la constitution régulière des listes restreintes dans les procédures d’appel d’offre restreintes. D’autres domaines comme l’éducation ou les des procédures judiciaires ont été également les cibles de renforcement. Bref c’est toute une réforme d’un système qu’a proposé la Cuaplcc au Sénégal pour freiner la corruption.
LES VOITURES SANS PLAQUES D’IMMATRICULATION, UN DANGER PERMANENT
La direction des Transports routiers, policiers et douaniers se prononcent sur le phénomène
Elles sont nombreuses et de toutes tailles et de toutes marques. Elles circulent de nuit comme de jour à Dakar et à l’intérieur du pays. Le directeur des Transports routiers, Cheikh Oumar Guèye, déplore l’usage excessif que ces conducteurs font du certificat de mise en consommation et lance un cri du cœur aux autorités pour mettre fin à la circulation anarchique de véhicules sans plaques d’immatriculation. Une situation dont les conséquences sont à la fois sécuritaires et psychologiques. Interpellée sur la présence massive de ces véhicules à Dakar, la Douane se disculpe en expliquant que son rôle se limite au dédouanement. La police également se défausse car, selon elle, ces véhicules bénéficient de passavants délivrés par la douane.
C’est une évidence. Il y a trop de voitures qui circulent à Dakar. Ce qui explique sans doute les nombreux bouchons constatés un peu partout dans la capitale. Mais dans ce lot de voitures, celles qui circulent sans plaques d’immatriculation deviennent chaque jour plus nombreuses. En plus d’être nombreuses, elles sont plus rutilantes les unes que les autres. Certaines parmi ces voitures ont les vitres teintées et circulent de jour comme de nuit, créant une certaine psychose surtout dans un environnement d’insécurité sociale et routière avec les nombreuses disparitions de personnes et accidents sur les routes. « La nuit de samedi dernier, j’allais à Mbour et j’ai failli perdre la vie au niveau du rond-point de la station de Mbour. Un véhicule 4x4 noir sans plaque d’immatriculation est sorti de nulle part. Imaginez-vous si par malheur, il m’était arrivé quelque chose de dramatique, cette voiture pourrait disparaitre sans laisser de traces » s’inquiète Amath Faye, un jeune chauffeur habitué de l’axe Dakar-Kaolack.
A l’en croire, des scènes de ce genre sont récurrentes et les chauffeurs roulant de nuit y sont habitués. D’où leur cri de détresse face à ces voitures qui peuvent provoquer des accidents — ou leurs conducteurs commettre des actes de banditisme — et disparaitre. Aussi, interpellent-ils la police afin qu’elle mette de l’ordre dans la circulation de ces voitures « anonymes » et qui sont de plus en plus nombreuses. Les chauffeurs ne sont pas les seuls à s’inquiéter de la présence de ces voitures dans la circulation. Elle est également source d’angoisse chez les piétons surtout avec les nombreux cas de personnes qui disparaissent régulièrement. « Personnellement, j’ai peur avec ces voitures qui sont de plus en plus nombreuses dans la ville. Et puis, nous sommes dans un contexte d’insécurité totale. Chaque jour, à travers la presse, nous entendons des récits de crimes ou d’enlèvements voire de braquages. En tout cas, il est temps que la police se charge de cette problématique avec toute la rigueur qu’il faut » interpelle Abdou Diouf, entrepreneur rencontré au niveau des Almadies 2 de Keur Massar.
Cheikh Oumar Guèye, directeur des Transports terrestres : « Ces voitures sont sources d’insécurité routière et publique ! »
Conscient du danger que représentent ces véhicules, Cheikh Oumar Guèye, le directeur des Transports routiers, n’a pas manqué de hausser le ton et reconnaitre qu’il est temps qu’il y ait un peu d’ordre à ce niveau où règnent une véritable anarchie et une situation d’insécurité routière. A l’en croire, même si la loi n’interdit pas la présence de ces voitures, les textes sont clairs. « Normalement, le certificat de mise en consommation ne dure qu’un mois. Ceci, afin que le propriétaire profite de ce délai pour être en règle. Il doit faire usage de ce véhicule sans immatriculation dans le seul but de chercher les papiers d’immatriculation. La durée était de 15 jours, mais avec le covid-19, le code de la route a changé. C’est ainsi que la durée a été prolongée à 31 jours. Cependant, il faut reconnaitre que les gens en abusent » fustige Cheikh Oumar Guèye, le directeur des Transports routiers. Et c’est le cas. Ces particuliers qui circulent avec ces véhicules usent et abusent du délai légal qui leur est accordé. En effet, il est fréquent de voir des personnes circuler avec une voiture sans plaque d’immatriculation sur une très longue période en toute impunité en se jouant des policiers par de multiples subterfuges. Pour sortir de cette situation d’insécurité, le Directeur des Transports routiers préconise l’installation d’un guichet unique d’immatriculation au niveau du Port comme cela se fait en Côte d’Ivoire. « Ces voitures sans immatriculation sont sources d’insécurité routière et publique. De ce fait, la police doit jouer son rôle » estime M. Guèye qui pense que la présence de ces voitures ne rassure pas les usagers, surtout en cas d’accident. Il déplore également la légèreté dans le contrôle de ces voitures. Aussi appelle-t-il à plus de vigilance dans un contexte d’insécurité dans le pays, mais également dans la sous-région.
Le jeu de pingpong entre la Police et la Douane
Au niveau de la police, la hiérarchie reconnait la présence de ces voitures de toutes marques et sans immatriculation dans la circulation « C’est vrai qu’il y a une forte présence de ces véhicules sans immatriculation. A notre niveau, nous ne délivrons pas les papiers autorisant la circulation de ces véhicules ayant souvent les vitres teintées. Ils bénéficient de passavants leur permettant de circuler. Dans ce cas de figure bien précis, la police ne peut rien faire. En plus, ils ont des papiers attestant la procédure de mutation en règle. Même si le danger existe, nous ne pouvons faire que le contrôle.
Toutes les fois qu’ils ne sont pas en règle, nous n’hésitons pas à appliquer la loi dans toute sa rigueur » fait savoir un haut gradé de la police sous l’anonymat. Lui-même ne cache pas ses inquiétudes par rapport à cette situation sur la sécurité routière. Interpellé sur la présence de ces véhicules, un policier chargé de réguler la circulation, nous oriente au niveau des services habilités à délivrer ces papiers. Tout en dégageant toute la responsabilité de la police sur la présence de ces véhicules dans la circulation. « Ces voitures commencent à être nombreuses dans la circulation. Et puis, c’est dangereux car les malfrats préfèrent utiliser ces voitures de couleur noire et aux vitres teintées. Qu’est ce qui peut retarder l’immatriculation de ces voitures ? En tout cas, ça ne dépend pas de la police. La Direction des mines doit régulariser la situation de ces voitures » consent à dire le préposé à la régulation.
Au niveau de la Douane, les soldats de l’économie se dédouanent et disent que leur champ de compétence se limite à délivrer des passavants. « Notre rôle n’est pas de gérer la circulation des véhicules sans immatriculation. Notre rôle est d’assurer le dédouanement afin que la voiture puisse être en règle par rapport aux exigences de la douane. Il y a trois bureaux de dédouanement : Dakar Port Nord, Dakar Port Sud, Dakar Port centre. Ces voitures prennent le bateau ou bien la voie terrestre en passant par le Maroc et la Mauritanie, une fois à Rosso Saint Louis, la douane met en pratique toute la procédure de dédouanement. Mais il y a également le système Gaindé qui facilite le travail. Les passavants ont une durée d’un mois » explique un douanier. Mais malgré toutes ces procédures, un fait demeure. Beaucoup de ces véhicules circulent en toute impunité dans la ville. Et, fait notable, une bonne proportion de ces voitures sont conduites par des dames. Qu’on ne vienne surtout pas nous taxer de misogynes. Certainement des cadeaux de nos « Modou-Modou » pour leurs « sokhnas » !
L'AFFAIRE DE LA PHARMACIE DE LA NATION PORTÉE DEVANT LA COUR SUPRÊME
A l’heure où le peuple tout entier manifeste contre les injustices du régime en place, il n’est pas superflu de rappeler celle dont est victime une brave pharmacienne…
Un dicton wolof dit qu’il est facile de voler un tam-tam mais bien difficile de le battre ! Sous-entendu, sans que le son ou le bruit qu’il produit ne parvienne aux oreilles du propriétaire. Eh bien, de la même façon, on peut dire que s’il a été relativement facile à l’Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal (IPRES), plus particulièrement son PCA, et la Direction de la Pharmacie et du Médicament (DPM), d’arracher à la pharmacienne Dr Aïcha Goundiam Mbodj le site qu’elle occupait depuis 1978 pour l’attribuer à sa consœur Dr Aïcha Gassama Baldé, eh bien il s’avère bien difficile pour cette dernière d’en joui
Comme nous l’avons déjà raconté dans ces colonnes, la première nommée gérait l’officine à l’enseigne de « Pharmacie de la Nation » depuis 1982 après y avoir exercé comme employée durant les quatre années précédentes. Mais en réalité cette pharmacie, l’une des plus anciennes de Dakar, était établie sur ce site — d’abord à l’angle de la rue puis sur l’emplacement actuel de l’hôtel Indépendance — depuis 1953. En 2015, l’IPRES, propriétaire de l’immeuble abritant cet hôtel, fait savoir au Dr Aïcha Goundiam Mbodj qu’elle doit déménager pour cause de travaux.
Après avoir informé la Direction du Médicament et de la Pharmacie et s’être assurée, comme la loi lui en donne droit du reste, de revenir dans les locaux qu’elle occupait après la fin des travaux, elle emménage à quelques rues de l’emplacement où elle était, en face de la Mairie de Dakar. En acceptant le préavis servi par l’IPRES, elle avait tenu à avertir qu’« Il reste entendu que le déménagement que j’accepte d’effectuer en exécution du préavis signifié ne vaut pas renonciation de ma part à mes droits sur le bail en cours et au droit prévu par l’acte Uniforme de l’OHADA de me voir attribuer en priorité un bail dans l’immeuble réfectionné ».
Cause toujours, a-t-on semblé lui dire… Toujours est-il que les travaux terminés, elle avait adressé des lettres à l’Institution pour lui faire part de son intention de reprendre le local qu’elle occupait auparavant. Dans sa réponse, en date du 17 Décembre 2018, le directeur général de l’IPRES lui confirmait la réservation du local de 66,02 m2 pour un nouveau loyer de 25.000 FCFA/m2 et lui demandait de se rapprocher de sa Direction du Patrimoine pour accomplir les formalités nécessaires. C’est là que les choses se sont gâtées puisque, après l’avoir fait lanterner pendant des semaines, on a fait comprendre à la brave pharmacienne — officieusement bien sûr — que le local qu’elle avait réservé allait finalement être donné à une de ses consoeurs. Laquelle n’est autre que l’épouse de l’ancien ministre Abdoulaye Baldé, aujourd’hui député appartenant à la majorité présidentielle ! Nous avons raconté à satiété les péripéties relatives à cette injustice flagrante.
Dr Aïcha Goundiam Mbodj espérait pouvoir compter sur la Direction de la Pharmacie et du Médicament mais hélas, douche froide de ce côté là ! En effet, le Pr Yérim Mbagnick Diop, le DPM, lui a demandé de produire, si elle voulait regagner son ancien local, un bail de location signé par l’IPRES. Tout en sachant bien sûr que ledit bail — « sur intervention du président de la République » avait-on dit en off à Dr Aïcha Goundiam Mbodj — avait déjà été attribué au Dr Aïcha Gassama Baldé. Laquelle, la veinarde, avait déjà eu à exploiter une officine dans le quartier très prisé du Plateau, sur l’avenue du président Lamine Guèye plus précisément, non loin de l’Assemblée nationale. Bref, au terme d’un feuilleton qu’on ne vous raconte pas, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a signé au début de cette année un arrêté N° 000270/MSAS/DGS/DPM du 13 janvier 2021 portant autorisation de transfert d’une officine de pharmacie accordée à Madame Aminata GASSAMA docteur en pharmacie.
La bataille des médocs est engagée !
Après quoi, la bienheureuse s’est installée tranquillement dans les locaux qu’occupait auparavant la « Pharmacie de la Nation » après les avoir aménagés. Mais, comme nous l’écrivions, facile de voler un tam-tam et bien difficile de le battre loin des oreilles de son propriétaire ! La raison du plus fort ayant prévalu dans cette affaire aussi, Dr Aminata Gassama a tranquillement commandé des médicaments pour commencer à les commercialiser. A elle les bénefs ! Des grossistes se sont précipités pour vouloir les livrer. Seulement voilà, le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, qui avait pris fait et cause pour Dr Ngoundiam Mbodj et organisé une conférence de presse pour mettre en garde le gouvernement contre la forfaiture dont elle était l’objet, eh bien ce syndicat a sommé le seul grossiste qui l’avait fait de reprendre ses produits. Motif : Dr Gassama n’est pas inscrite par l’Ordre et n’a donc pas le droit de vendre des médicaments.
Précision : l’inscription au tableau est annuelle mais cela fait cinq ou six ans que la distinguée dame n’a pas satisfait à cette formalité. Fureur du Directeur de la Pharmacie et du Médicament, Pr Yérim Mbagnick Diop, qui a convoqué les quatre grossistes de la place pour les sommer d’approvisionner l’officine de Dr Gassama. Ce que ces grossistes, ne voulant pas se mettre à dos le puissant Syndicat des Pharmaciens privés, se sont bien gardés de faire. Mieux : le seul parmi eux qui avait livré des médocs à cette pharmacienne s’est empressé de les rependre. Décidément bien intentionné à l’endroit de l’épouse de l’ex-ministre Baldé, le DPM a alors actionné le ministère du Commerce pour sanctionner ce « refus de vente ».
Avec un zèle suspect, un fonctionnaire du Commerce intérieur a appelé Dr Aïcha Goundiam Mbodj pour lui faire des menaces à peine voilées. Il a fallu qu’un avocat de cette dernière lui vole dans les plumes pour qu’il se calme. Ce n’est pas tout puisque les conseils de la propriétaire de la « Pharmacie de la Nation » ont saisi la Cour suprême d’une requête aux fins d’annulation de l’arrêté du ministre de la Santé et de l’Action sociale en date du 13 janvier dernier. Il est intéressant de noter que le Syndicat des Pharmaciens privés du Sénégal s’est associé courageusement à cette requête ! Mieux, le Collectif de veille des pharmaciens, constitué pour lutter contre les magouilles dans le secteur, porte le combat de la propriétaire de la « Pharmacie de la Nation ».
En attendant que la plus haute juridiction de notre pays statue sur le fond de cette demande d’annulation introduite par les avocats de Dr Goundiam Mbodj et du Syndicat des Pharmaciens privés, une autre requête lui a été adressée pour suspendre l’arrêté ministériel accordant l’autorisation de transfert d’une officine de pharmacie à Mme Abdoulaye Baldé oups Dr Aminata Gassama. Qui éprouve décidément bien des difficultés à battre son tam-tam…pardon à exploiter son officine acquise de la manière que l’on sait !
Par A. .S. G
SILENCE, ON TOURNE !
Dans d’autres coins du monde où l’on se préoccupe de la santé mentale d’un citoyen, surtout si celui-ci est jeune et innocent, Adji Sarr aurait droit à un bon psychologue. Un clinicien qui l’aurait aidée à retrouver sa quiétude psychique.
Dans d’autres coins du monde où l’on se préoccupe de la santé mentale d’un citoyen, surtout si celui-ci est jeune et innocent, Adji Sarr aurait droit à un bon psychologue. Un clinicien qui l’aurait aidée à retrouver sa quiétude psychique. Mais voilà que, plutôt que de la soutenir, la sortir de la souricière où l’ont mise des voyous, on l’expose.
A la mise en scène, un avocat plus bouffon que sérieux. Objectif ? Enfoncer davantage un adversaire sous contrôle judiciaire et à qui on a interdit formellement de se prononcer sur le dossier. Il doit subir et se taire. Le mettre en mal avec l’opinion, faire douter les esprits. Le pousser à la faute afin qu’il n’ait aucune prétention politique. Bref, l’anéantir !
Pendant qu’ils sont à leur funeste exercice de mise à mort et que celui qu’ils veulent « tuer » est interdit de parole sur le dossier, l’autre partie est dans son show médiatique. La sortie d’Adji Sarr est scandaleuse. Des voyous lui font jouer un rôle qu’elle ne maitrise pas. Quand c’est le cas dans le monde du septième Art, on s’attend toujours à un navet.
Sa version des faits montre qu’elle a mal appris son texte et que le scénariste est un piètre écrivain. Le dialogue est mal conçu. Surtout quand l’actrice raconte la scène du viol qui nous parait surréaliste. Le gestuel trahissant ses craintes et ses doutes. Adji Sarr est une victime. Victime de crapules dont le seul objectif est de « tuer » un opposant. Il nous faut en finir avec cette affaire qui a déjà fait trop de victimes. Plus de 15 morts !
Le juge qui a déjà entendu les deux parties ne doit pas assister en spectateur à la violation flagrante du secret de l’instruction. La justice a l’impérieux devoir d’en finir avec ce dossier en toute indépendance afin qu’on passe à autre chose. Et, surtout, plus de navets du genre de celui d’hier sur nos écrans. On a droit à mieux !
A.S.G
LES FEMMES DE BBY RECLAMENT JUSTICE
La justice doit impérativement faire son travail dans le dossier qui oppose Ousmane Sonko à Adji Sarr. C’est ce qu’ont indiqué hier les femmes de coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), lors d’une rencontre avec la presse…
La justice doit impérativement faire son travail dans le dossier qui oppose Ousmane Sonko à Adji Sarr. C’est ce qu’ont indiqué hier les femmes de coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), lors d’une rencontre avec la presse…
Les femmes de la coalition Benno Bokk Yaakar (Bby) veulent que la justice aille jusqu’au bout pour élucider le dossier concernant les accusations de viols et de menaces de mort portées contre l’opposant Ousmane Sonko par la masseuse Adji Sarr. «Nous femmes de BBY et de la grande majorité présidentielle, rappelons que pour cette affaire privée, civile et pénale entre deux citoyens sénégalais égaux devant la loi, il est impératif que la justice fasse son travail pour l’éclatement et la manifestation de la vérité», a déclaré la vice-présidente des femmes de Bby, Aminata Mbengue Ndiaye. La présidente du Haut Conseil des Collectivités territoriales (Hcct) et Cie, «conscientes de la réelle séparation des pouvoirs au Sénégal», affirment faire confiance à la justice «libre», «indépendante» et «toujours au service de la vérité».
Poursuivant, les partisanes de Macky Sall ont abordé les récentes manifestations qui ont secoué le pays ces derniers jours. «Le Président Macky Sall, dans son adresse à la nation a non seulement apaisé le climat, mais a bien pris la pleine mesure des enjeux en permettant d’apporter des réponses concrètes aux revendications économiques, sociales qui sous-tendaient ces manifestations. Faut-il le rappeler, la crise économique est consécutive aux mesures de restrictions prises pour enrailler la propagation de la pandémie. Ce minuscule virus a annihilé les efforts considérables opérés dans tous les secteurs en installant une récession économique qui, du reste, n’a épargné aucun pays dans le monde entier», a indiqué la remplaçante d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du Parti Socialiste (PS).
Condamnant fermement la violence sous toutes ces formes, le saccage des édifices publics, des biens privés et des organes de presse, elles ont salué la «ferme volonté du Président Macky Sall à préserver l’autorité de l’Etat en toute circonstance». «On en attendait pas moins de lui, en tant que dépositaire de la confiance populaire, surtout à la suite de la mission de bons offices menée par les régulateurs sociaux. Nous femmes de Bby, sommes convaincues que notre pays est sorti grandi de cette situation et n’en sera que plus fort grâce à la solidité de nos institutions et à l’efficacité de nos mécanismes internes de régulation sociale qui ont bien joué leur rôle. Aussi, sommes-nous inscrites dans cette dynamique d’apaisement et nous y appelons tous les acteurs de la vie politique, économique, sociale et culturelle de notre cher Sénégal», ajoutent les femmes des Bby. Elles expriment leur soutien indéfectible au chef de l’Etat et l’encourageant à continuer à prêter une oreille attentive «aux pulsions du peuple et à apporter les réponses adéquates attendues».
Estimant que les « malheureux évènements seront qu’une parenthèse vite refermée dans la longue marche de notre vaillant peuple uni par un même destin qui nous mènera inéluctablement à l’émergence», les femmes de Bby t de la grande majorité présidentielle appellent le peuple sénégalais à rester debout et vigilant pour défendre la démocratie et la concorde nationale. «Nous femmes de Bby, mobilisons-nous pour défendre notre idéal républicain, nos valeurs de paix et de tolérance qui font la marque de fabrique du Sénégal», clament-elles.
LES NOUVELLES DECOUVERTES DE COACH CISSE
Abdou Diallo (PSG), Pape Matar Sarr (Metz) et Youssouph Dabalay (Club Bruges) vont découvrir l'équipe nationale A de football. Zoom sur les recrues d'Aliou Cissé.
Aliou Cissé qui prône la continuité a tenu à apporter du sang neuf dans son groupe. Sur la liste des 26 joueurs retenus pour la clôture des phases de groupe des qualifications de la Can 2022, six sont des novices. Il s'agit des défenseurs Abdoul Diallo (PSG), Abdoulaye Seck (Antwerp), Fodé Ballo Touré (Monaco), des milieux de terrain Nampalys Mendy (Leicester), Pape Matar Sarr (Metz) et de l’attaquant Youssouph Badji (Club Bruges). Si certains d’entre eux ont déjà connu les autres sélections (U20), tel n'est pas le cas pour Nampalys Mendy, Abdoul Diallo, Fodé Touré. Qui sont ces nouveaux invités du sélectionneur national ?
ABDOUL DIALLO, UN CHOIX PAR DEFAUT ?
Sa présence dans la liste d’Aliou Cissé avait fuité ces derniers jours. Et à l'arrivée, le défenseur du Paris Saint-Germain est convoqué. Agé de 27 ans, le gaucher est formé dans différents clubs. Mais c'est à l'AS Monaco que Diallo termine sa formation et signe son premier contrat professionnel. Il quitte le club de la Principauté pour s’envoler en Allemagne et joue dans l’équipe de Mayence. Considéré comme un titulaire, le défenseur a été récupéré par le Borussia Dortmund après seulement une saison. Avec le Borussia, il a participé à 35 rencontres en Bundesliga. Depuis la saison dernière, Abdou Diallo a rejoint le Paris Saint-Germain où il est en train de réaliser de belles choses.
PAPE MATAR SARR, LA RELEVE ASSUREE?
Il est sans doute l'un des joueurs les plus prometteurs de sa génération. Constant et talentueux, Pape Matar Sarr a marqué de précieux points ces dernières années. Avec les sélections jeunes du Sénégal, il a tout écrasé sur son passage. Le milieu de terrain de Metz rejoint l'équipe nationale locale sous les ordres de Youssouph Dabo et gagne le Tournoi Ufoa organisé par le Sénégal. Au terme de la compétition, il a été même désigné «Meilleur joueur». Aliou Cissé qui suivait le garçon depuis des années pense que le moment est venu de lui accorder une chance.
YOUSSOUPH BADJI, LA SURPRISE D’ALIOU CISSE
L’attaquant de Club Bruges est sans doute l’une des grandes surprises de la liste de Aliou Cissé. Auteur d’une saison correcte avec le Club Bruges, l’ancien joueur du Casa Sport commence à imprimer ses marques en Belgique. Auteur de 7 buts toutes compétitions confondues, Youssouph Badji a marqué la sélection des moins de 20 ans. En seulement 11 rencontres, il s’est illustré en marquant 4 buts. Il est également un atout non négligeable dans le groupe du sélectionneur national. Âgé seulement de 19 ans, l’ancien pensionnaire du Casa Sport va honorer sa toute première sélection.
NAMPALYS MENDY, UN SOLIDE RELAYEUR
Longtemps annoncé au Sénégal, Nampalys Mendy va connaître sa toute première sélection dans la Tanière. Révélé en France, il brille, cette saison, en Angleterre sous les couleurs de Leicester. Né le 23 juin 1992 en France, le milieu défensif est remarqué grâce à sa distribution simple et son style de jeu fiable. Formé à Monaco, il est considéré comme une pièce maîtresse du jeu dans le club anglais. Athlétique, le joueur a tapé dans l'œil d’Aliou Cissé.
«LE PARTI AU POUVOIR A LA PROPENSION D’ETOUFFER TOUT CE QUE FONT SES NERVIS»
Momar Diongue, journaliste analyste politique se prononce sur la présence des nervis aux côtés des forces de l’ordre lors des manifestations contre l’arrestation d'Ousmane Sonko
Quand les forces de sécurité et de défense, qu’ils soient policiers ou gendarmes, sont appelées sur le terrain des manifestations, elles se gardent de bastonnades, elles ne peuvent pas se le permettre. Parce qu’on peut crier très vite à la dérive ou à la bavure policière. Et donc tout ce qu’ils peuvent faire, c’est de maintenir l’ordre. Et quand on parle de maintien de l’ordre, il s’agit de maîtriser, disperser une foule en cas de manifestation. Cela est encore plus valable dans le contexte actuel où avec le développement des numériques, il est très facile d’accuser de bavures policières un élément des forces de l’ordre, donc ils font attention à cela.
Contrairement aux partis politiques qui, lorsqu’ils vont dans ces confrontations, ils veulent montrer au camp adversaire qu’ils ne vont pas se laisser faire. A ce moment, ils font recours à des nervis qui ne s’embarrassent pas de bastonner ceux qui se lèvent contre le parti au pouvoir. C’est pour cette raison qu’ils s’arment de gourdins, pour montrer qu’ils sont venus pour bastonner, pour faire mal. Une chose qu’un policier où un gendarme ne se serait pas permis. Donc, les partis au pouvoir savent qu’ils ne peuvent pas attendre des policiers qui sont régis à des règles strictes de maintien de l’ordre, des bastonnades de cette nature. C’est pour ces raisons donc qu’ils font recours à des civils qui sont armés pour la circonstance de gourdins pour taper sur les manifestants.
En quelque sorte, on peut dire que c’est pour effectuer le sale boulot. La deuxième chose qui explique ce phénomène de la part des pouvoirs (parce qu’on a connu ce phénomène sous le Ps avec les tontons macoute, les calots bleus à l’époque du Pds, aujourd’hui on a affaire aux marrons du feu), c’est tout simplement que ces partis ont la certitude d’une impunité quelle que soit la nature des actes qu’on peut coller à ces nervis. Il y a un sentiment d’impunité, c’est à dire comme c’est le parti au pouvoir qui les recrute, alors qu’il a une prégnance sur la justice, tant est si que ces actes quelles que soient leur gravité et leur flagrance restent impunis. Parce que le parti au pouvoir a la propension d’étouffer tout ce que font ces nervis. Mais ce qui doit alerter sur ce qui s’est passé dernièrement, c’est qu’on a l’impression que tout s’est passé sous le regard bienveillant ou passif des forces de l’ordre. Parce qu’elles étaient aux côtés de ces nervis qui opéraient au vu et au su de tout le monde. Donc, on a eu l’impression que les forces de défense et de sécurité acceptent à côté des interventions qu’elles des nervis recrutés par le parti au pouvoir pour opérer à leur côté. Et ce qui est extrêmement grave et inquiétant, c’est quand des institutions comme la Police ou la Gendarmerie acceptent d’opérer sur le terrain avec des hors la loi, parce que ce n’est ni plus ni moins que des hors la loi.
Dans la mesure où ils ne sont pas chargés de faire revenir l’ordre, de maintenir la paix ou même d’arrêter une manifestation. Ce sont des civils, ils n’ont pas été formés pour. Ils n’ont aucune qualification pour. Normalement, ils doivent être autant des fauteurs de troubles que les manifestants sur le terrain. Donc, les policiers de la même manière qu’ils essaient de maîtriser les fauteurs de troubles, devraient également se charger de museler ces nervis.
J’AI EU UNE GRANDE HONTE DE VOIR DES NERVIS À CÔTÉ DE LA POLICE
Une véritable honte pour nos forces régaliennes ! C’est ainsi que le commissaire Boubacar Sadio perçoit la présence des nervis lors des manifestations du début mars
La présence des nervis aux côtés des forces de l’ordre lors des manifestations contre l’arrestation de Ousmane Sonko révolte l’ancien commissaire de police, Boubacar Sadio. Ce dernier dit avoir ressenti un mal profond en voyant ces gros bras intervenir aux côtés des forces de défense et de sécurité.
Une véritable honte pour nos forces régaliennes ! C’est ainsi que le commissaire Boubacar Sadio perçoit la présence des nervis lors des manifestations du début 05 mars. Selon le policier à la retraite, chaque régime à eu ses nervis. «On avait les tontons macoute avec le Ps, les calots bleus avec le Pds, et les marrons du feu avec l’Apr», affirme-t-il avant de se désoler du recrutement des gros bras qu’il juge «anormal dans un Etat de droit et dans une République qui se respecte».
Toutefois, Boubacar Sadio indique qu’il y a une certaine tolérance de la part des autorités qui considèrent qu’un homme politique, dans le cadre d’une activité électorale, puisse avoir sa propre sécurité d’autant que les forces régaliennes ne peuvent pas assurer la sécurité de tout le monde. «Mais, il faut reconnaître que cette fois-ci (Ndlr, récentes manifestations), cela a dépassé vraiment les bornes», souligne le commissaire Sadio qui dit avoir éprouvé «une grande honte à voir des nervis à côté de la police».
Par ailleurs, il tient à rassurer qu’il n’y a pas de nervis dans la Police contrairement aux déclarations du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome. Mais, il reconnaît la présence de gros bras à côté de la police. «On peut dire que leur présence était acceptée et cautionnée par la Police. Et on avait l’impression que la Police encadrait ces nervis-là. Cela participe à ternir la réputation des institutions régaliennes. On avait l’impression que la Police et la Gendarmerie avaient prêté leurs missions régaliennes d’assurer la sécurité des personnes et des biens et de veiller au maintien et au rétablissement de l’ordre», clame-t-il.
Quid de l’identité de ces nervis ? Il estime que ces derniers n’ont aucun signe d’identification. Alors que certains soutiennent qu’ils s’agit de policiers en civil, le commissaire Boubacar Sadio bat en brèche cette thèse. «Un policier en civil qui intervient dans le cadre d’un maintien de l’ordre doit avoir un signe distinctif tel qu’un gilet où il est marqué de manière claire et nette : Police ou Gendarmerie, ou un brassard», explique le policier à la retraite avant d’ajouter : «On a vu des gens qui ne pouvaient pas être identifiés, de gros bras qui avaient la carrure de lutteur».
«AUJOURD’HUI, CE SONT DES BATONS, MAIS DEMAIN, CELA PEUT ETRE DES MACHETTES»
De l’avis du policier à la retraite, il faut mettre un terme à cette situation qui peut avoir des répercussions très graves sur la sécurité du pays. De l’avis de Boubacar Sadio, ces gens étaient armés de bâtons et de gourdins. «Au cours des dernières manifestations, on a assisté à des actions de barbarie, avec des gens qui étaient armés de gourdins, de fusils et il faut rappeler que le gourdin ne fait pas partie des équipements de la police. Aujourd’hui, ce sont des bâtons, mais demain cela peut être des machettes. Ce sont ces genres de situations qui conduisent à la guerre civile», dit-il avant d’appeler l’Etat à prendre ses responsabilités. Pour lui, l’Etat doit procéder à un recrutement massif des forces de l’ordre, mais également miser sur la formation
QUAND DES NERVIS SE SUBSTITUENT AUX FORCES DE L’ORDRE
Le régime socialiste a eu ses «Tontons Macoutes». Les «Calots bleus» ont accompagné le règne du Parti Démocratique Sénégalais. Les apéristes sont arrivés au pouvoir avec «les Marrons du feu»
Depuis quelques années, l’espace politique sénégalais est infesté de gros bras communément appelés nervis. Ces milices d’un type nouveau sont souvent recrutées par les partis au pouvoir lors d’élections ou de manifestations organisées par l’opposition. Cette pratique longtemps décriée par les populations a refait surface durant les évènements malheureux liés à l’arrestation d’Ousmane Sonko.
Le régime socialiste a eu ses «Tontons Macoutes». Les «Calots bleus» ont accompagné le règne du Parti Démocratique Sénégalais (Pds). Les apéristes sont arrivés au pouvoir avec «les Marrons du feu». Quelle que soit leur appellation, les nervis ont accompagné les différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays. Une pratique qui donne l’impression d’avoir deux armées au Sénégal : celle légale et une autre qui n’intervient qu’en période de tension. C’est la lecture que l’on peut faire des derniers évènements provoqués par l’arrestation d’Ousmane Sonko. Au cours de ces manifestations, de nombreux nervis ont été mobilisés.
Armés de coupe-coupe, machettes, bâtons, ces miliciens sont intervenus aux côtés des forces de défense et de sécurité pour mater du manifestant. Une situation qui a choqué et sidéré une bonne partie de l’opinion. Surtout que cette prérogative appartient aux forces de défense et de sécurité. Cependant, il urge de préciser que l’intervention des gros bras lors des manifestations est antérieure aux manifestations nées de l’affaire «Sweet Beauty», et pour cause. En mars 2015, alors que Karim Wade est traduit devant la Cour de Répression et d’Enrichissement Illicite (Crei), des nervis auraient été recrutés par le lutteur Bathie Seras et Aminata Nguirane (présidente de Horizon 2017) pour s’en prendre à la mairie d’Aliou Sall et aux différents points stratégiques de la banlieue tels que Bountou Pikine, Patte d’Oie, le Rond-point des Parcelles etc...
Deux ans auparavant, le lutteur Boy Nar avait été accusé d’avoir recruté des nervis pour le compte du Pds. Le 04 mars 2012, alors que le Sénégal s’achemine vers le second tour de la présidentielle, la coalition Macky 2012 dénonçait, dans un communiqué, «des pratiques de rapine perpétrées par des responsables des Forces Alliées 2012 et tendant à perturber le bon déroulement du second tour de l’élection présidentielle». Et les partisans de Macky Sall d’alerter à l’époque sur «le recrutement de nervis pour perturber le vote dans les bastions de la Coalition Macky 2012».
A la veille des évènements du 23 juin 2011, des nervis s’étaient attaqués à la mairie de Sacré-Cœur/Mermoz dirigée par Barthélémy Dias. Ce qui avait déclenché des échanges de tirs ayant occasionné la mort de Ndiaga Diouf, l’un des supposés nervis recrutés par les tenants du régime de Me Abdoulaye Wade. A l’époque, le maire socialiste de Sacré-Cœur n’avait pas hésité à lancer : «Des nervis envoyés par le PDS se sont attaqués à la Mairie et ont voulu s’attaquer à mon domicile pour y mettre le feu. Je suis sorti, je me suis mis devant la Mairie, nous nous sommes regardés en chiens de faïence pendant quelques instants et puis à un moment donné, nous avons déclenché les hostilités. Comme ils étaient venus pour se battre, on ne pouvait les laisser partir… Ce ne sont pas des responsables ou des jeunes du Pds. Ce sont des nervis. Pourquoi Abdoulaye Wade n’envoie pas les jeunes de l’Ujtl? Ce sont des nervis qui ont été recrutés».
Agissant en légitime défense, Barthélémy Dias avait reconnu avoir ouvert le feu : «J’ai tiré deux coups en l’air, c’est ce que dit la loi. J’ai ouvert le feu sur les gens. Je reconnais avoir touché trois personnes, j’espère qu’elles ne sont que blessés, si elles sont mortes, je présente mes condoléances anticipées à leurs familles. Comme Abdoulaye Wade a dit œil pour œil, dent pour dent, je lui souhaite la bienvenue au Far West.» Des lutteurs recrutés pour faire la police Souvent, ce sont des lutteurs qui sont recrutés pour faire office de nervis. D’ailleurs, dans une de ses récentes sorties sur «France24», le ministre de la Justice, Me Malick Sall, avait déclaré que «les jeunes qui sont sortis sont des lutteurs. Ils fréquentaient les écoles pour s’entraîner matin, midi et soir. Cela fait un an qu’il n’y a plus de combat de lutte, c’est pourquoi ils sont sortis pour manifester. On les a privés de la lutte. C’est pourquoi, ils sont fâchés et sont sortis pour tout saccager.» Bien que des voix se soient élevées pour démentir cette assertion du garde des Sceaux, il n’en demeure pas moins que les seuls à être recrutés jusque-là pour faire «le sale boulot» des hommes politiques sont des lutteurs.
Force est de constater que des lutteurs sont souvent cités dans des histoires pareilles. L’on se rappelle que Bathie Séras et Boy Nar avaient tous été arrêtés pour avoir recruté des gros bras à la solde d’un quelconque régime.