JEUX DE CARTES - Tensions et attentions...
Nous vivons une situation anxiogène. Les appels au calme, les discours responsables du président de la République et du leader de Pastef, la compréhension affichée par les manifestants, ont baissé la tension. Mais ils n’ont pas pour autant réglé le problème. La situation reste très tendue. Pas encore de paix définitive même si l’on s’éloigne des violences et de leurs lots de méfaits. Pourvu que ça dure ! Le Mouvement pour la défense de la Démocratie (M2D) qui appelle l’ensemble des sénégalais à observer une journée de deuil national vendredi, suspend les deux jours de manifestations initialement prévus ce mardi 9 et mercredi 10, mais invite le peuple sénégalais à un rassemblement pacifique à la Place de la Nation à Dakar, samedi. Une manifestation qui risque d’être interdite. Ce qui pourrait entraîner des heurts. La libération sans condition des prisonniers et la mise en place d’une commission nationale indépendante sont entre autres les exigences de la revendication. Le président de la République qui a montré des dispositions tendant à décrisper les choses devrait pouvoir poursuivre sa démarche apaisante. Au-delà des mesures fortes attendues relatives à la bonne gouvernance, à l’indépendance de la justice, au réajustement des relations avec le peuple, Macky Sall doit changer les acteurs de sa communication. Surtout ceux qui sont visibles. Certaines têtes ne passent plus à la télé. Certaines voix ne portent plus. Leurs messages passent difficilement. Ces gens doivent se taire. Aller à contre-courant de leur dirigeant, c’est étaler une arrogance repoussante. C’est ne pas rendre service au chef de l’État garant de la sécurité nationale et à tous ceux qui prônent la sérénité. Ils risquent de maintenir la flamme de la colère. La flamme n’est pas encore éteinte. Les arrestations qui se poursuivent ne sont pas rassurantes. Le feu couve. Et la Covid-19 ? Les cas sont là. La mort est là. Les vaccins sont oubliés. La communication déployée contre cette pandémie a été boiteuse. La crise actuelle l’a mise à l’eau. Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Miim Reew
Le tribunal de Mbour ferme ses portes
Le système judiciaire est paralysé à Mbour pour une semaine. Les audiences, qui devaient se tenir hier, ont été renvoyées à la semaine prochaine. Selon nos sources, ce report est motivé par les émeutes qui ont éclaté, ces dernières semaines, dans le territoire national. Craignant que le tribunal soit la cible de manifestants, les autorités judiciaires n’ont pas pris le risque d’organiser des audiences.
Décès de Yaya Bodian de la Mairie de Dakar
L’ancien maire de Dakar perd son ancien collaborateur. Khalifa Sall est endeuillé par le décès de Yaya Bodian avec qui il avait fait la prison dans l’affaire de la Caisse d’avance de la Maire. Yaya Bodian est entré à la mairie de Dakar en 984 en tant que comptable. Selon Khalifa Sall, le défunt était un homme loyal et intègre qui a servi, avec dévouement, la Ville de Dakar. L’ancien maire de Dakar, qui n’oublie leur incarcération, soutient que Yaya Bodian est victime de l’arbitraire du régime actuel et d’une justice instrumentalisée qui l’a condamné pour des faits qu’il a réfutés jusqu’au bout. En bonne santé au moment de sa mise en détention, renseigne Khalifa Sall, Yaya Bodian est tombé malade en prison et ne s’en est jamais remis. Il rend hommage à cet homme digne en toutes circonstances et surtout dans l’épreuve.
La Dic enquête sur le meurtre du manifestant aux Parcelles
La Division des Investigations Criminelles (Dic) hérite du dossier du jeune Modou tué avant-hier (lundi 08 mars) lors des manifestations violentes ayant opposé forces policières et militants du Pastef aux Parcelles Assainies. Les enquêteurs de la DIC vont tenter d’édifier le peuple sur les circonstances de la mort du jeune Modou. En tout cas, d’aucuns avancent que la victime a reçu une balle des forces de l’ordre. Mais, nos sources soutiennent que pour le moment le résultat de l’autopsie n’est pas encore délivré aux enquêteurs pour déterminer les circonstances de la mort de Modou.
93 manifestants interpellés dans la banlieue
Dans la banlieue, les commissariats de police sont bondés de jeunes qui manifestaient contre l’arrestation de Ousmane Sonko. Selon nos sources, 93 personnes ont été interpellées entre Pikine et Guédiawaye au cours de la série de manifestations violentes infiltrées par des agresseurs qui ont mis à sac des commerces. Parmi ces 93 personnes interpellées, 86 ont été déférées au parquet pour divers délits. Et 15 individus sont poursuivis pour vol en réunion, association de malfaiteurs, participation à une manifestation non déclarée, actes de vandalisme entre autres.
Inhumation Baye Cheikh Diop
L’apprenti mécanicien, Baye Cheikh Diop, qui avait reçu une balle le 03 mars dernier à Yeumbeul-Nord dans le cadre des manifestations pour la libération de Sonko, a été inhumé hier au cimetière de Thiaroye. Sa famille qui s’en remet à Dieu, réclame tout de même justice. Toutefois, l’autopsie révèle une plaie traumatique frontale des lésions cérébrales, une hémorragie interne et externe à la suite de coups et blessures, provoquées probablement par un projectile.
Guy Marius Sagna, Abass Sall, Birame S. Diop en diète
Après les manifestations, des responsables du Pastef et l’activiste, Guy Marius Sagna, tous en prison, vont entamer une nouvelle lutte. Il nous revient que Guy Marius Sagna va observer une grève de la faim à partir de lundi pour exiger la libération de tous les détenus politiques arrêtés dans l’affaire politico-judiciaire Ousmane Sonko-Adji Sarr. L’administrateur général du Pastef, Birame Soulèye Diop, et le coordonnateur du Pastef Dakar, Abass Sall en détention, vont entamer une diète le même jour pour les mêmes motifs.
Moustapha Fall «Ché» a perdu son fils
Au moment où le pays était secoué par de violentes manifestations, le Secrétaire Général du parti Action Patriotique de Libération (APL) «DOG BUUMU GACCE» Moustapha Fall «Ché» pleurait la disparition de son fils, Aliou Badara Fall. Le fils du président du Conseil d’Administration (PCA) de la SNHLM est décédé mercredi dernier à l’âge de 34 ans. Il a été inhumé samedi. «L’As» présente ses condoléances au «Ché» de Kaolack et sa famille.
L’appel de Birahime Seck du Forum civil
Le Coordonnateur général du Forum Civil continue d’appeler au calme et à l’apaisement. Birahime Seck craint que la manifestation de M2D ravive la tension politique. Sur Twitter, il indique que l’appel à manifester du Samedi de M2D n’a aucun sens, parce que le contexte ne s’y prête pas. Pour le coordonnateur général du Forum Civil, la demande de libération des détenus doit se faire autrement qu’à travers des manifestations. Dans le même sillage, il demande à l’Etat de faciliter aussi la tâche en arrêtant les poursuites contre d’honnêtes citoyens. L’heure est à l’apaisement, dit-il avant d’appeler les autorités à joindre la parole à l’acte. En définitive, Birahime Seck dira que de la même façon qu’il demande la libération de Guy Marius Sagna et compagnie, il demande aussi au M2D de surseoir à sa marche et que la chasse à l’homme s’estompe.
Liberté de la presse
Les différentes organisations de la presse se penchent aujourd’hui sur la situation des médias et l’exercice de la liberté de presse dans le contexte actuel de crise. A ce propos, la Coordination des associations de presse (CAP) va livrer son diagnostic aujourd’hui à l’occasion d’un point de presse.
Vol à l’arraché
L’élève en électricité de bâtiment M. Nd opère sur sa moto pendant ses heures perdues pour voler. Ainsi que la dame F. B. qui regagnait à pied son domicile à l’Unité 22 des Parcelles assainies, le téléphone collé à l’oreille, a été surprise de l’acte de l’élève en électricité. Après avoir repéré la dame, M. Nd. et son acolyte qui étaient sur une moto arrachent le téléphone de la dame en toute vitesse. Mais déterminée à récupérer son portable, elle a crié de toutes ses forces au voleur. Des témoins de la scène ont volé à son secours en poursuivant les voleurs. Ils ont alpagué M. Ndour, mais son acolyte a réussi à disparaître grâce à la moto. C’est ainsi que le téléphone est retrouvé sur M. Nd qui a été conduit au Commissariat des Parcelles assainies. Face aux enquêteurs, l’élève en électricité de bâtiment a tenté de se disculper en chargeant son ami qui lui avait demandé de le déposer au rond-point case-bi. Des allégations qui n’ont pas convaincu les limiers qui l’ont placé en garde à vue avant de le déférer au parquet pour association de malfaiteurs, vol en réunion avec usage de moyen de transport.
Pressions de Macron sur Macky Sall
La déclaration du journaliste politique français, Éric Zemmour, sur les manifestations au Sénégal est devenue virale sur les réseaux sociaux. Invité sur «Cnews » pour parler de la crise au Sénégal, le journaliste dira que, d’après les informations dont il dispose le Président Macron avait voulu envoyer la marine française avant de se rétracter. Apparemment, ajoute le sulfureux journaliste, c’est Macron qui a fait pression sur le Président Sall pour que Ousmane Sonko soit immédiatement libéré. Ce qui veut dire à ses yeux que la France a essayé d’apaiser la tension au Sénégal en disant qu’elle soutient la jeunesse et que la démocratie est indispensable. Mais en réalité, selon lui, c’est vieux discours de François Mitterrand des années 1989 disant qu’il faut la démocratie dans les pays africains, alors qu’il y a un double discours de la France. Car d’un côté, il y a ses beaux discours sur la démocratie et de l’autre, la France soutient des tyrans et dictateurs. En agissant ainsi, souligne Zemmour, la France est en train de se mettre à dos toute la jeunesse des pays africains.
Un véhicule calciné
C’est un dommage collatéral qui a été évité de justesse par les soldats du feu. Un véhicule a pris feu à hauteur de Grand Yoff juste après le rond-point 6 sur la route menant vers Patte d’Oie créant un énorme bouchon pendant plusieurs minutes. Mais il y a eu plus de peur que de mal, puisqu’aucune perte en vie humaine n’a été déplorée. Seulement, le chauffeur du véhicule s’est enfui après être sorti indemne de l’incendie. Alertés vers 21 heures, les éléments de la 12e compagnie des sapeurs pompiers de Dieuppeul n’ont fait que trois minutes pour arriver sur les lieux. Ainsi, ils ont éteint le feu qui se propageait sur un autre véhicule garé sur le trottoir. A signaler que les soldats du feu n’ont pas pu déterminer les causes du feu, puisque le chauffeur censé les renseigner a pris la foudre d’escampette.
Une première partie des vaccins AstraZeneca de l'initiative mondiale Covax – 324 000 doses – est arrivée au Sénégal le mardi 2 mars. Le pays avait déjà reçu deux semaines plus tôt 200 000 doses du vaccin chinois Sinopharm, achetées dans une stratégie parallèle nationale. La campagne de vaccination a commencé mais se pose alors la question de la conservation des vaccins et du respect de la chaîne du froid. C’est un enjeu anticipé au Sénégal. Le pays a investi dans 1 117 nouveaux réfrigérateurs homologués en vue de la campagne de vaccination contre le coronavirus.
D'une petite glacière bleue, l’infirmière Khady Sarr sort les doses de vaccins Sinopharm une à une pour les injecter dans le bras de ses patients. « On range dans les glacières pour pouvoir utiliser les vaccins et ne pas trop ouvrir le réfrigérateur, nous dit-elle. On les conserve à la même température entre +2°C et +8°C. Comme tous les autres vaccins qui sont ici dans la salle. »
Ravitaillées par le centre de santé Gaspard Kamara, des équipes ont parcouru les cliniques privées et cabinets médicaux du district pour distribuer les 4 900 vaccins chinois destinés au personnel de santé. Pape Ndiaye, responsable du dépôt, doit s’assurer du respect de la chaîne du froid alors que les frigos de stockage sont équipés d’un système de surveillance continue. « Pour l'approvisionnement, il faut avoir une glacière et des accumulateurs pour chaque glacière, explique Gaspard Kamara. Ma mère a 79 ans, si les vaccins ne sont pas bien conservés, elle ne pourra pas en bénéficier. On fait tout notre maximum pour que les vaccins soient bien conservés et que la population en bénéficie. »
LES AUTOMOBILISTES CONFRONTÉS À UNE PÉNURIE DE CARBURANT
De Diacksao à Pikine, quatre stations-service sur cinq ont été saccagés, provoquant une pénurie de carburant au grand dam des automobilistes. La seule qui fonctionne se trouve à Poste Thiaroye, et elle accueille une horde de véhicules, depuis vendredi
De Diacksao à Pikine, quatre stations-service sur cinq ont été saccagés, provoquant une pénurie de carburant au grand dam des automobilistes. La seule qui fonctionne se trouve à Poste Thiaroye, et elle accueille une horde de véhicules, depuis vendredi dernier. Devant cette situation, certains automobilistes préfèrent garer leurs véhicules dans l’espoir d’un apaisement du climat social.
Cette matinée du lundi est bien différente des autres. En lieu et place des longues queues d’usagers à l’attente des transports en commun pour rallier le centre-ville, c’est le grand désert sur les routes. Le rond-point Poste Thiaroye, d’habitude en proie aux bouchons, est dégarni. Les rares véhicules qui font le tour n’ont pas besoin des ordres des agents préposés à la circulation. L’absence des tabliers et certains marchands ambulants au bord de la chaussée ouvre aux automobilistes un boulevard. Assis à côté d’une station-service, Bamba et Ousseynou observent ce spectacle si inhabituel. « C’est du jamais vu. On se croirait en pleine fête de Tabaski. Tout est calme, tout est plat », constate Bamba, doigt pointé vers le dispositif sécuritaire. La station-service contiguë au dépôt de la société Dakar Dem Dikk, qu’ils fréquentent tous les jours, a subi la colère de certains manifestants. D’ailleurs, elle garde les stigmates des jours de tension. La pompe est à terre, les vitres et enseignes lumineuses cassées et les rayons de la boutique vidés. Debout devant la porte, l’un des agents en uniforme rouge déplore une casse aux multiples conséquences. « Depuis jeudi soir, nos activités sont à l’arrêt. Impossible pour les automobilistes d’avoir du carburant. Quatre stations sur cinq ont été saccagées », regrette-t-il tout en replaçant quelques bouteilles vides. À quelques mètres, Pathé Fall a garé son véhicule devant un restaurant saccagé. Devant cette scène de destruction, il fait part de son étonnement. « La situation est chaotique, le carburant devient une denrée rare », déplore M. Fall d’une petite voix. Conducteur de taxi clando, Abdou Gaye a déjà constaté les dommages collatéraux de la série de manifestations. La disponibilité du carburant constitue un problème pour lui. « Pour avoir du carburant, il faut parcourir des kilomètres. C’est déplorable. Si cela continue, nous serons obligés de garer nos véhicules », explique-t-il. Bras croisés et écoutant l’édition spéciale d’une radio, Assane Ba regrette, lui aussi, des agissements qui exposent tout le monde. « Nous sommes confrontés à une pénurie de carburant. Ici, à Poste Thiaroye, il n’y a qu’une station d’essence qui fonctionne actuellement. Celles de Thiaroye-sur-Mer et de Sips ont également été saccagées. Cela devient intenable pour nous. Actuellement, j’ai moins de cinq litres dans mon réservoir. Notre activité sera impactée les prochains jours », craint le conducteur.
De longues files constatées
Épargnée par les pilleurs, cette station-service installée à Poste Thiaroye reçoit simultanément quatre véhicules dont un bus. Pompes en mains, une dame et un jeune homme en tenue bleue remplissent les réservoirs. Depuis vendredi soir, ils constatent un regain de l’activité avec de longues files de véhicules. « De Fass Mbao à Sicap Mbao en passant par Keur Massar, les chauffeurs font des kilomètres à la recherche de carburant. Les saccages ont provoqué une pénurie. Nous sommes à l’attente d’un camion d’approvisionnement pour la continuité du service, car la demande est plus forte », édifie Mamadou Guèye, recevant deux billets de 10 000 francs Cfa d’un client. Barbe blanche, bonnet sur la tête, le monsieur a acheté 20 litres d’essence. Pour s’approvisionner, il a du faire le grand tour. « C’est catastrophique. J’ai fait le trajet Sicap Mbao-Poste Thiaroye dans l’unique but d’acheter du carburant. Plusieurs stations-service ont été saccagées. Si la situation perdure, tous les véhicules seront à l’arrêt », craint Abdourahmane Gaye. Prêt à démarrer, Ousseynou Gaye embouche la même trompette. Vêtu d’un blouson noir, le quinquagénaire est dépassé par la situation. « Je n’ai jamais vécu pareille situation. Il est presqu’impossible d’avoir du carburant de Fass Mbao à Pikine. La plupart des stations ont cessé toute activité ce lundi matin ; la situation est chaotique pour nous, chauffeurs, qui tournons en rond pour remplir nos réservoirs », regrette-t-il la mine triste. Au garage clando d’à côté, l’ambiance est terne. Plus d’une vingtaine de véhicules sont à l’arrêt. Si certains chauffeurs sont plongés dans les commentaires de l’actualité judiciaire, d’autres en profitent pour laver les voitures. Ce lundi matin est une journée morte, selon Pape Ndiaye. Le visage poussiéreux, les mains noircies par l’huile du moteur, il se plaint d’une tension sociale qui, à son avis, a provoqué la pénurie de carburant. « La clientèle est absente au moment où on constate de longues files dans l’unique station qui fonctionne actuellement à Poste Thiaroye. Devant cette situation, nous préférons garer les véhicules pour plus de sécurité. Dans la mesure où la vente du carburant au détail est interdite, nous jouons la carte de la prudence en observant l’évolution de la situation », souligne-t-il, le regard dirigé vers la station-service qui ne cesse d’accueillir les automobilistes.
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ARRETEZ VOS DISCOURS DE COMPLAISANCE
Ababacar Sadikh Top sur la frustration des jeunes, les manifestations et le discours du président Macky Sall
L’Organisation humanitaire précise que ses interventions ont été menées au niveau de plusieurs points de manifestations comme l’Avenue Cheikh Anta Diop, UCAD, Dakar Plateau, Colobane, entre autres
La Croix-Rouge sénégalaise annonce avoir porté secours à 590 blessés lors des manifestations enregistrées entre mercredi et lundi à Dakar et dans d’autres localités du pays, a appris l’APS mardi.
’’Cette assistance humanitaire a été assurée par 316 secouristes auprès de 590 manifestants blessés, dont 288 à Dakar, 109 à l’UCAD, 77 à Pikine, 33 à Bignona, 29 à Ziguinchor, 25 à Guédiawaye, 21 à Rufisque, 8 à Mbacké et Touba’’, a précisé la Croix-Rouge dans un communiqué.
Elle signale qu’au total, 232 victimes ont été évacuées vers les structures sanitaires : 109 à l’UCAD, 60 à Dakar, 21 à Bignona, 15 à Rufisque, 15 à Ziguinchor, 8 à Mbacké et Touba, 2 à Pikine, 2 à Guédiawaye.
La Croix-Rouge assure avoir mobilisé 36 équipes de volontaires, dont 7 à Bignona, 6 à Dakar, 6 à Pikine, 6 à Ziguinchor, 4 à l’UCAD, 4 à Rufisque, 2 à Guédiawaye, 1 à Mbacké et Touba.
Ces équipes ont pu recenser des cas de brûlures, de saignements, de fractures, de traumatismes crâniens, d’inconsciences ou de pertes de connaissance, de blessures légères, ouvertes ou graves, entre autres, selon le communiqué.
’’Ces équipes d’intervention opérationnelles ont aussi dénombré 6 pertes en vies humaines dont un sans-abri intercepté à la Place de l’Indépendance à Dakar, deux corps sans vie à Keur Massar, un à Yeumbeul Nord, un décès enregistré à Colobane et un autre aux Parcelles Assainies’’, précise la Croix-Rouge sénégalaise.
L’interventions des 316 volontaires dont 74 à Dakar, 60 à Ziguinchor, 50 à l’UCAD, 35 à Pikine et Bignona, 32 à Rufisque, 20 à Guédiawaye, s’inscrivent dans le cadre de la mission de la Croix-Rouge pour ’’prévenir et alléger les souffrances des hommes en portant secours sans discrimination aux blessés des champs de bataille, de troubles sociaux et autres situations de violences’’.
L’Organisation humanitaire précise que ses interventions ont été menées au niveau de plusieurs points de manifestations comme l’Avenue Cheikh Anta Diop, UCAD, Dakar Plateau, Colobane, Canal 4 de Fass, Parcelles Assainies, Rond-Point Case Bi, Keur Massar, Yeumbeul Sud et Nord.
Elle dit avoir mis à la disposition de ses secouristes, cinq véhicules de secours, dont une ambulance à l’UCAD, un Pick Up à Mbacké et Ziguinchor, deux véhicules (Land Cruzer) octroyés par la Délégation régionale du CICR à Dakar et Ziguinchor.
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LA POLITIQUE AUTREMENT
La vice-présidente du conseil département de Bignon, Ndeye Gnima Goudiaby démissione de l'Apr et de Benno Bokk Yakkar suite aux émeutes qui ont éclaté au Sénégal.
La vice présidente du conseil département de Bignon, Ndeye Gnima Goudiaby démissione de l'Apr et de Benno Bokk Yakkar suite aux émeutes qui ont éclaté au Sénégal.
LA CONTESTATION SUSPEND SON APPEL À MANIFESTER
Même si les blindés de l'armée restaient mardi positionnés au quartier du Plateau, centre du pouvoir, Dakar offrait un semblant de retour à la normalité ce mardi, après plusieurs jours de violences
Le mouvement de contestation au Sénégal a suspendu mardi son appel à manifester massivement jusqu'au lendemain, après des jours de troubles qui laissent le président Macky Sall face à un adversaire comptant profiter du nouveau rapport de forces créé selon lui, pour "imposer" son agenda.
Même si les blindés de l'armée restaient mardi positionnés au quartier du Plateau, centre du pouvoir, Dakar offrait un semblant de retour à la normalité, après plusieurs jours de violences qui ont fait au moins cinq morts - dix selon l'opposant Ousmane Sonko.
Malgré de nouveaux affrontements, la journée de lundi, redoutée, a produit certaines des conditions d'une décrispation dans un pays dont la réputation de rare îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest a été malmenée.
Ousmane Sonko, dont l'arrestation a mis le feu aux poudres le 3 mars, a certes été inculpé dans une affaire de viols présumés, mais a été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Et le président est sorti de son silence pour appeler à "l'apaisement".
Les travailleurs ou les passants du Plateau, désert la veille, attendaient les prochaines heures avec plus de sérénité, à défaut d'oublier la dureté des conditions de vie.
Grace Baramoto, femme au foyer de 37 ans, est restée deux jours à la maison parce qu'elle "avait peur".
"Je pense que ça va se calmer parce que Sonko a été relâché. Il avait été arrêté de manière injuste. Les boutiques et supermarchés ont rouvert, ça rassure", dit-elle.
Le collectif Mouvement de défense de la démocratie (M2D), qui inclut le parti de M. Sonko, a annoncé suspendre l'appel à manifester "massivement" jusqu'à mercredi, lancé alors que M. Sonko était encore gardé à vue.
Mais il tiendra une conférence de presse pour annoncer "la date, le lieu et la forme des prochaines manifestations".
- Rapport de forces -
M. Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux concurrents de celle de 2024, a été arrêté le 3 mars, officiellement pour trouble à l'ordre public. Il est aussi visé par la plainte pour viols déposée par une employée d'un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos.
Il crie au complot ourdi par le président pour l'écarter de la présidentielle, ce que M. Sall a réfuté.
Loin de faire profil bas après sa remise en liberté, M. Sonko a continué à défier le pouvoir devant la presse, au cours d'un monologue en forme de réquisitoire contre le président.
Il a appelé à renforcer la mobilisation, demandant qu'elle soit "pacifique", et formulé une série d'exigences, parmi lesquelles celle que M. Sall déclare "publiquement et sans ambiguïté" qu'il ne briguera pas un troisième mandat en 2024. M. Sall entretient le flou sur ses intentions.
"Nous pensons que nous devons aujourd'hui imposer un agenda à Macky Sall parce que le rapport de forces nous le permet", a dit M. Sonko.
- "Démerde-toi" -
Après le ralliement au pouvoir d'Idrissa Seck, deuxième de la présidentielle de 2019, et la mise à l'écart de Karim Wade et Khalifa Sall, condamnés pour des malversations, M. Sonko est devenu de fait le principal opposant.
Des analystes mettent en garde contre le délai lointain jusqu'à la présidentielle de 2024 et estiment que la contestation actuelle ne permet pas seule de mesurer l'importance du soutien à M. Sonko.
Dicter son agenda au président, c'est beaucoup s'avancer, commente Maurice Soudieck Dione, universitaire en sciences politiques.
La conjugaison des épreuves socio-économiques, aggravées par le Covid-19, et des pratiques autoritaires d'un président qui a perpétué celles de ses prédécesseurs a provoqué une crise exceptionnelle à laquelle l'arrestation de M. Sonko a servi de déclencheur, dit-il.
"Pendant longtemps, on a laissé le président dérouler, certains pensaient même le peuple sénégalais amorphe", dit-il. L'un des enseignements de la crise, c'est que "si le président a bien compris le message, les pratiques autoritaires doivent cesser".
Lundi soir, M. Sall a parlé de "vivre ensemble" et de "main tendue". "Je comprends vos inquiétudes et vos préoccupations", a-t-il dit aux jeunes. Les moins de 20 ans représentent plus de la moitié de la population et ont constitué l'immense majorité des manifestants.
Il a annoncé un allègement du couvre-feu qui affecte durement ceux qui travaillent dans l'économie informelle et a promis de réorienter des moyens financiers en direction des jeunes.
"Tous les jours je me lève, je dépose des CV partout et je ne trouve rien", se désole Adama Kane, 27 ans, fraîchement diplômé en droit. "Ils nous forment mais il n’y a aucun suivi: +Tiens, voici ton diplôme. Maintenant, démerde-toi+. Si tu ne connais personne, c’est impossible de trouver un emploi".
par Hamidou Anne
FREE SÉNÉGAL, NOUS DISENT LES ENFANTS DE LA RÉPUBLIQUE
L’énergie de ce peuple dans les rues est nourrie par l’absence de justice dans le naufrage du Joola comme dans les affaires Karim Wade et Khalifa Sall, les scandales Petrotim, le luxe insolent dans lequel une infime partie du pays vit
Les morts, les destructions de biens publics et privés, les emprisonnements massifs, les brutalités policières à l’encontre d’enfants et surtout la vitrine démocratique qui se craquèle à la face du monde nous disent que quelque chose a vacillé dans notre pacte républicain. Les racines des violences observées sont profondes et dépassent le strict cadre partisan.
Je ne peux pas ne pas comprendre la colère des jeunes qui caillassent et brûlent. Dans des livres et des articles, j’ai toujours essayé de documenter les drames ordinaires du peuple, celui de Pikine, de Thiaroye ou de Guédiawaye. Je le connais, ce peuple, car je suis issu de ses entrailles. Ce peuple n’est gouverné ni dans la vertu ni dans le respect dû à sa simple humanité. On lui nie tout jusqu’à la possibilité de vivre dans la décence.
Ce peuple, avec son avant-garde juvénile, après des décennies de complaintes, exige la justice, l’exemplarité et la fin de l’arrogance d’une caste corrompue et immorale. Ces jeunes qui manifestent sont des enfants de la République. Ils posent des questions légitimes auxquelles il faut apporter des réponses sérieuses autres que des accusations fantaisistes de terrorisme, de complot étranger ou d’instrumentalisation par des forces occultes.
Ce peuple souffre et voit la politique devenir un moyen d’enrichissement rapide par une caste arrogante et méprisante. L’énergie de ce peuple dans les rues du Sénégal est nourrie par l’absence de justice dans le naufrage du Joola comme dans les affaires politiques Karim Wade et Khalifa Sall, les scandales comme Petrotim, le luxe insolent dans lequel une infime partie du pays vit, l’immixtion de la famille dans les affaires publiques, les images de séances privées de vaccination organisées alors que les étudiants en médecine exposés au Covid-19 sont ignorés. Il faut aussi interroger le rôle de la Rts, média de propagande digne de la Pravda et l’impact de tous ces incompétents que la politique a conduit au cœur de l’appareil d’État.
Les exemples sont nombreux et disent quelque chose du rapport au pouvoir qui s’est instauré dans notre pays ; un rapport de jouissance pendant que la misère engloutit les masses. Il y a eu environ 500 jeunes qui ont péri en voulant fuir notre pays par la mer. Le silence du gouvernement fut éloquent. La seule voix entendue fut celle du Délégué à l’entreprenariat, qui profane la mémoire de ces morts en les accusant «d’être seuls responsables en voulant partir de manière frauduleuse».
Ce qui se passe en ce moment n’est pas d’une sédition, encore moins un soutien à Ousmane Sonko. Ces jeunes expriment un ras-le-bol général que chacun d’entre nous peut comprendre s’il est de bonne foi.
Nous sommes dans une profonde crise. La crise, selon Gramsci, est ce moment où le vieux se meurt et le neuf tarde à arriver. Le théoricien italien précise que dans cet entre-deux surgissent les montres. Aujourd’hui, ces monstres sont autant dans le pouvoir que dans l’opposition. Ils ont des noms, des militants et des thèmes. Ces monstres veulent prendre en otage notre pays et le retirer aux vrais républicains et aux authentiques patriotes.
A court terme, le chef de l’État doit réparer le lien abimé entre la jeunesse et les institutions, respecter le calendrier républicain, organiser rapidement des élections locales et annoncer clairement qu’il va respecter la constitution en quittant le pouvoir en 2024. À long terme, il faudra radicalement changer de modèle et passer de cette démocratie procédurale à une démocratie substantielle pour que cette république ne soit plus celle, comme le dit Alioune Badara Cissé, du «citoyen à part entière face au citoyen entièrement à part».
J’ai suivi pendant un mois, presque de manière quotidienne, cette affaire. J’en tire une conclusion qui m’effraie : la digue a cédé sans que nous nous en rendions compte. La République est devenue un signifiant vide qu’il faut à nouveau remplir de sens et incarner. Il est illusoire de vouloir une République quand il n’y a plus de républicains. La médiocrité de notre classe politique était un fait établi, désormais son écrasante majorité n’est plus républicaine, et ceci est un danger encore plus grave que les émeutes actuelles, car la république est notre ultime rempart contre les abus et les passions tristes.
Je finis par une pensée pour mon ami Guy Marius Sagna, qui croupit dans des geôles déjà surpeuplées inutilement. J’espère revoir vite Guy, pour le prendre dans mes bras, l’embrasser et lui redire combien je l’aime, combien il est précieux.