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28 juin 2025
LE SAMES EN GRÈVE LUNDI ET MARDI PROCHAINS
Le SAMES dit avoir constaté des ‘’violences physiques et verbales de la part d’une partie de la population depuis le début de la lutte contre le Covid-19’’.
Dakar, 10 mars (APS) - Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (SAMES) a décidé de décréter une grève de quarante-huit heures, lundi et mardi prochains, en vue de l’obtention d’une ‘’charte pour le respect de l’inviolabilité de l’intégrité physique, morale et matérielle et de la neutralité des agents de santé’’.
‘’Cette grève concerne les activités de soins et d’administration, y compris celles en mode virtuel. Les médecins ne délivreront ni certificat médical, ni certificat de genre de mort ou tout autre document médico-légal’’, précise-t-il dans un communiqué.
Le texte précise que les membres du SAMES vont, pendant la grève, assurer les examens de laboratoire et les services liés aux médicaments, pour les ‘’urgences’’ seulement.
‘’La grève ne concerne pas les urgences, la prise en charge des malades de Covid-19 et les activités de vaccination contre le Covid-19’’ vont se poursuivre, affirme le syndicat.
Ses membres vont mener cette grève pour la signature, par les responsables des partis politiques et de la société civile, d’‘’une charte pour le respect de l’inviolabilité de l’intégrité physique, morale et matérielle, et de la neutralité des agents de santé’’.
Le SAMES dit avoir constaté des ‘’violences physiques et verbales de la part d’une partie de la population depuis le début de la lutte contre le Covid-19’’. Il souligne que ces violences ont ‘’connu’’ leur ‘’apogée cette semaine, avec l’attaque de structures de santé publique, des cabinets, de pharmacies, d’ambulances, de véhicules de supervision, d’agents de santé jusque dans leur domicile’’.
A cet égard, le SAMES réclame ‘’la prise, par les autorités étatiques, de mesures concrètes qui garantissent la sécurité des agents de santé’’.
Il estime que ‘’le Sénégal se distingue singulièrement dans le mauvais sens en s’attaquant aux agents de santé alors qu’ailleurs, ces derniers sont portés au pinacle’’.
En raison de cette situation, le syndicat annonce qu’il a décidé de mener une campagne de communication dénommée ‘’Touche pas à mon docteur’’.
‘’La vaccination immédiate de la totalité des étudiants de la faculté de médecine et des médecins en spécialisation’’ fait également partie des revendications du SAMES, indique le communiqué.
MACKY SEUL CONTRE TOUS
D’un seul claquement de doigt, le président hyper puissant, autoritaire et intrépide, a montré des signes de fébrilité. Il n’a pas tenu cette fois-ci face à la vague de soulèvement d’une population qui lui a démontré son ras-le bol généralisé
D’un seul claquement de doigt, Macky Sall, hyper puissant, autoritaire et intrépide, a montré des signes de fébrilité. Il n’a pas tenu cette fois ci face à la vague de soulèvement d’une population qui lui a démontré son ras-le bol généralisé.
Macky Sall doit se sentir seul au monde. Depuis qu’il est à la tête du pays, il a toujours géré des crises avec des personnalités reconnues et identifiées. Même s’il a toujours des hommes de l’ombre qui aident à peaufiner les stratégies, des acteurs de premier plan, une task force naturelle formait souvent un bouclier autour de lui et assurait en même temps le travail de communication. Mais quand l’affaire Adji Sarr a éclaté et qu’Ousmane Sonko a commencé à parler de machination politique, ses partisans sont restés muets, laissant l’espace public aux Sonkistes. Il a fallu que le leader du Pastef impose la levée de son immunité parlementaire pour que certains membres de la m o u v a n c e présidentielle, jusque-là «neutres», entrent dans la danse, cachant mal leur volonté de voir le député périr dans cette affaire.
Le manque de coordination dans le discours et le nombre très limité de défenseurs du président de la République dans les médias montrent une solitude du chef de l’Etat dans cette crise. Finalement, Sonko et Cie ont gagné la bataille d’opinion, réussissant ainsi à faire croire à une tentative de liquidation d’un adversaire politique. Souvent très loquaces, certains pontes du régime ont déserté, sur ce coup-ci, l’espace public refusant de mêler leur nom à cette affaire.
Rares sont les apéristes qui sont montés au front pour défendre le président de la République et nier son implication dans cette sordide affaire. Quant à Idrissa Seck, il est sorti tardivement en essayant de démontrer vainement une certaine neutralité. En fin de compte, Macky Sall était seul apparemment à gérer cette patate chaude. Le seul pare-feu qui est monté au créneau en pleine crise, en l’occurrence Antoine Félix Diome, l’a terriblement enfoncé. Tout ce grabuge était prévisible. D’autant que dès sa réélection en 2019, il a éliminé toutes les personnes qui lui servaient de fusibles en pareilles circonstances aussi bien sur le plan politique qu’administratif.
En effet, il a supprimé le poste de Premier ministre qui, normalement, connu pour être le dernier rempart lui permettant de ne pas s’exposer. Ensuite, il a écarté de nombreux caciques qui pèsent lourd sur le plan politique : Aly Ngouille Ndiaye, Amadou Ba, Aminata Touré, Makhtar Cissé, etc. Par conséquent, ces derniers sont restés indifférents dans la gestion de cette crise alors qu’ils pouvaient lui être d’un grand apport. Même quand le médiateur de la République, Me Alioune Badara Cissé, un de ses compagnons de première heure, a fait une sortie pour calmer le jeu, il s’est montré équidistant entre le Président Macky Sall et Ousmane Sonko.
GOLIATH A CEDE DEVANT DAVID
D’habitude droit dans ses bottes et imperturbable, Macky Sall a été obligé lundi dernier de jouer la carte de la négociation et de calmer le jeu. Craignant un bain de sang et conscient de cette lourde responsabilité qui va le suivre toute sa vie, Macky Sall a «abdiqué». Tout au moins, il a desserré l’étau autour de Sonko inculpé pour trouble à l’ordre public en plus des chefs d’inculpation de viol et d’appel à l’insurrection. Manifestement, le rapport de force a été favorable au leader des Patriotes.
A l’image de David et de Goliath, Macky Sall avec l’appareil répressif d’Etat a cédé face à un Ousmane Sonko protégé par la jeunesse sénégalaise et toutes les forces vives de la nation. Les jeunes en ont d’ailleurs profité pour régler leurs comptes avec un président de la République qui, le 31 décembre dernier, soutenait ne pas céder à une quelconque pression et qu’il était daltonien face aux nombreux brassards rouges brandis devant lui.
Un discours arrogant et provocateur dans un contexte où le chômage endémique et le système éducatif sont pratiquement à terre. Cette situation fut pour les autres forces politiques du pays l’occasion rêvée pour remettre sur la table leurs dossiers. Khalifistes comme Karimistes se sont joints naturellement au combat pour enfin exiger que leurs leaders soient rétablis définitivement dans leurs droits civiques et politiques.
En outre, de nombreux observateurs épris de justice ont été choqués d’entendre Macky Sall se vanter, lors de sa dernière adresse à la nation, d’avoir mis le coude sur des dossiers qui risquent de saper la stabilité du pays. Et qu’au même moment, il refuse d’intervenir sur l’affaire «Sweet Beauté» que beaucoup d’observateurs trouvent vide, truffée d’incohérences et proche d’une machination politique. Mais avec la démonstration de force montrée ces dernières semaines par les jeunes, la désapprobation des chefs religieux, coutumiers et traditionnels ainsi que des mouvements et organisations de la société civile concernant la gestion de ce dossier Sonko, Macky Sall, finalement seul contre tous, a cédé.
DES FILLES VIOLEES, PLUSIEURS BLESSES ENREGISTRES, TOUT LE MATERIEL EMPORTE
Au-delà de la violence, l’attaque perpétrée le vendredi vers 21 heures 30 au complexe hôtelier «Le Bélier» de km 50, commune de Keur Mousseu, se passe encore de commentaires.
Au-delà de la violence, l’attaque perpétrée le vendredi vers 21 heures 30 au complexe hôtelier «Le Bélier» de km 50, commune de Keur Mousseu, se passe encore de commentaires. En effet, au moment où la tension avait fortement baissé dans le pays, un groupe d’individus ont pris d’assaut l’établissement avec des jets de pierres, violant au moins trois filles et emportant tout sur leur passage. Un plainte contre X a été déposée et un huissier commis pour évaluer l’ampleur des dégâts.
Le propriétaire, les employés et les clients du complexe hôtelier à l’enseigne « Le Bélier » de Km 50, commune de Keur Mousseu, n’oublieront pas de sitôt la journée mouvementée du vendredi 5 mars dernier. L’affaire est toujours sur toutes les langues, tellement l’attaque a été brusque et violente. En effet, au moment où le calme était pratiquement revenu sur l’ensemble du territoire national, un groupe d’individus a fait irruption dans le complexe, prenant au dépourvu le personnel.
Selon les témoignages recueillis sur place, lesdits individus sont arrivés aux environs de 21 heures 30, telle une bande organisée. Il suffit de s’approcher de l’établissement, pour se rendre compte des dégâts. Le gérant étant absent des lieux hier, c’est son intérimaire qui a expliqué les circonstances de l’attaque. Selon lui, ils ont commencé par lancer une pluie de pierres sur l’édifice, au moment où la porte centrale était déjà barricadée. Comme s’ils étaient des habitués des lieux, ils ont eu recours à la porte de secours qu’ils ont défoncée, avant d’accéder à l’intérieur de l’établissement hôtelier, non sans interrompre la fourniture d’électricité.
Des portes de chambres ont été à leur tour défoncées une à une et les assaillants ont abusé d’au moins trois filles qui ont atrocement subi leurs assauts sexuels. Tout s’est déroulé sur fond de violence et c’est ainsi qu’il y a eu des blessés dont le propriétaire de l’hôtel. Les assaillants se sont aussi emparés des bouteilles d’alcool et si certaines ont été bues sur place, d’autres ont été bonnement emportées et cassées.
En quittant les lieux, les agresseurs ont tout emporté, en servant un spectacle désolant dans la rue, avec des jeunes s’enfuyant avec des matelas et d’autres objets volés dans le complexe. Selon notre interlocuteur, ce n’est que le lendemain que la gendarmerie est venue procéder aux constats et une plainte contre X a été déposée. Un huissier a également été commis pour faire l’évaluation des dégâts estimés à plusieurs millions de Fcfa.
Hier, les employés trouvés sur place étaient encore sous le choc et l’hôtel, avec sa quinzaine d’employés, porte encore les stigmates de cette attaque. Pour l’heure, tous les services sont momentanément suspendus etles employés s’affairent autour du nettoyage et de la remise en ordre. Cette affaire a posé sur la table l’autre visage de la motivation des violentes manifestations qui ont accompagné l’arrestation du leader du PASTEF Ousmane Sonko.
Selon des témoins, il s’agit d’une bande d’agresseurs qui ont profité de la situation pour faire leur sale besogne. « J’appelle la jeunesse de Keur Mousseu à ne plus verser dans de sinistres schémas de ce genre », réagit Momar Ciss Maire de Keur Mousseu. Pour lui, ce qui s’est passé dans ce complexe est regrettable parce que surtout, il appartient à un sénégalais habitant la commune de Keur Mousseu, qui a investi dans son terroir et qui emploie des jeunes de la commune. « Donc le vandaliser, c’est vandaliser notre dû », dit-il, avant d’appeler la jeunesse à la retenue et qu’elle sache que c’est l’avenir du pays, qui du reste leur appartient, qui est en jeu. « C’est vrai que nous vivons des moments très difficiles depuis le début de cette pandémie, mais si on y ajoute des clichés de ce genre, notre pays risque d’être complètement à genoux » martèle-t-il.
De l’avis de Momar Ciss Maire de Keur Mousseu, ce qui s’est passé au Sénégal ces derniers jours est plus que regrettable, ce sont des actes méconnus au Sénégal jusqu’ici, d’autant plus qu’il s’agit d’un pays qui vit une démocratie apaisée, malgré les divergences politiques. Il a lancé un appel du pied à toute la jeunesse, mais aussi aux parents qui se doivent de s’occuper davantage de l’éducation de leurs enfants, pour que pareille situation ne se reproduise plus. En effet, dit-il, ce sont les mêmes parents qui vont payer les pots cassés des pillages perpétrés par leur progéniture. C’est un pillage aveugle et irréfléchi, qui ne peut en tout cas se justifier, d’autant plus que ce sont des sénégalais qui dirigent les stations d’essence Total et les magasins Auchan et ce sont aussi des sénégalais qui y travaillent.
LES DERNIERS RESSORTS QUI ONT SAUVE LE SENEGAL
Le Sénégal était au bord du gouffre il y a seulement quelques jours. Heureusement pour le pays de la «Teranga», des hommes de valeurs ont pris leurs bâtons de pèlerin pour décanter la situation.
Le Sénégal était au bord du gouffre il y a seulement quelques jours. Heureusement pour le pays de la «Teranga», des hommes de valeurs ont pris leurs bâtons de pèlerin pour décanter la situation.
L’ancien chef d’Etat sénégalais, Léopold Sédar Senghor, n’avait pas tort de considérer le Sénégal comme « un pays de dialogue ». Plusieurs années après sa disparition, l’histoire semble lui donner raison. Avant-hier, le président de la République a affirmé avoir rencontré, ces derniers jours, des émissaires envoyés par les Khalifes généraux, des membres du clergé catholique et des autorités coutumières qui l’avaient sollicité pour trouver les voies et moyens de mettre fin aux manifestations afin que le pays retrouve son calme.
Le locataire du Palais a également indiqué avoir reçu des membres de la classe politique, des syndicats, du patronat et de la société civile. Une démarche qui s’est avérée payante, car le Sénégal a retrouvé son calme et sa quiétude alors qu’il était au bord du précipice. Durant tout le processus ayant abouti à la fin des manifestations violentes, des hommes et des femmes de valeurs ont pris de leur temps pour discuter avec les protagonistes.
C’est le cas du fondateur d’Afrikajom Center, Alioune Tine, qui n’a ménagé aucun effort pour la réussite de sa mission. D’ailleurs, avant même que la situation ne prenne des proportions inquiétantes, il avait convaincu le leader de Pastef de répondre à la convocation de la justice. « Je viens de sortir de chez Ousmane Sonko après une discussion très fructueuse pour le conjurer au nom des organisations de la société civile d’aller répondre à la convocation du juge demain matin. Ce qu’il a accepté pour la paix civile et la stabilité», avait annoncé Alioune Tine sur son compte Twitter, le 02 mars dernier. D’autres organisations de la société ont également joué des rôles d’alerte et de veille pour que la paix puisse revenir sur l’étendue du territoire national.
Il s’agit de l’Observatoire de Suivi des Indicateurs de Développement Economique en Afrique (OSIDEA), de la Ligue Sénégalaise des Droits Humains (LSDH), du Cadre Unitaire du Sénégal, de l’ONG 3D, de la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO), du Réseau Paix et Sécurité pour les Femmes de l’Espace Cedeao (REPSFECO), du Réseau Siggil Jigéen (RSJ), de la Ligue Africaine des Blogueurs et Web activistes pour la Démocratie (AfricTivistes) et du Groupe de Recherches et d’Appui Conseil pour la Démocratie Participative et la Bonne Gouvernance (GRADEC). Des religieux ont aussi pris leurs bâtons de pèlerin.
Avant les émissaires des khalifes généraux qui ont été reçus en audience par le chef de l’Etat, le Collectif des religieux pour la préservation de la Paix civile, coordonné par Abbé Jacques Seck et assisté par Jamra, s’étaient investis pour rapprocher les positions.
En plus du khalife général de Médina Baye, Cheikh Mahi Ibrahima Niass, qui avait appelé à la paix, demandant aux « acteurs de tous bords d’adopter une attitude qui incite à la paix, à l’apaisement, à la stabilité nationale et à la cohésion sociale », le marabout de Sonko était également intervenu auprès du leader du Pastef quand ce dernier avait refusé de répondre à la convocation du juge du huitième cabinet, Mamadou Seck. Ainsi donc, grâce à ces ressorts que tous les pays envient à notre pays, le Sénégal a échappé de peu à une effusion de sang.
LE JARAAF POUR L’EXPLOIT A TUNIS
Pour son entrée en lice en Coupe CAF, le Jaraaf va défier ce mercredi celle de l’Etoile sportive du Sahel. Le club de Médina aura l’ambition de créer l’exploit à Tunis afin de réussir ses premiers pas dans cette compétition.
Pour son entrée en lice en Coupe CAF, le Jaraaf va défier ce mercredi celle de l’Etoile sportive du Sahel. Le club de Médina aura l’ambition de créer l’exploit à Tunis afin de réussir ses premiers pas dans cette compétition.
Pour sa première participation en phases de poules de la Coupe CAF, le Jaraaf de Dakar ira à l’assaut de l’Etoile Sportive du Sahel (ESS) avec l’objectif de frapper un premier grand coup face à un des favoris de ce groupe C. en dépit de deux défaites d’affilée en championnat (0-2 contre Génération Foot et 0–1 face à Gorée), la bande à Albert Lamane Diéne essaiera de stopper l’hémorragie avec ce déplacement périlleux face au club phare de la station balnéaire de Sousse. Il faudra pour cela montrer plus de discipline tactique mais également retrouver cette efficacité offensive qui les a propulsés à ce niveau de cette compétition. Avec l’arrivée Cheikh Gueye sur le banc, le club de la Médina espère se remettre d’aplomb pour réussir cette première.
L’ancien entraineur de l’As Kaloum (Guinée) va d’ailleurs effectuer son baptême du feu ce mercredi dans un match où le Jaraaf ne part pas favori. Le technicien sénégalais mettra tous les atouts de son côté afin que son équipe décroche un résultat positif à Rades. « Nous connaissons les points forts et les faibles de l’adversaire et nous avons travaillé de telle sorte qu’on puisse minimiser les forces de celui-ci et maximiser nos forces. Nous savons aussi que notre adversaire a un jeu très dynamique et qu’il alterne un jeu pluriel en jouant aussi bien de manière horizontale que de manière verticale. Sur le plan tactique nous avons travaillé des principes offensifs et défensifs aussi bien individuellement que collectivement pour pouvoir contrecarrer le jeu offensif de notre adversaire. Ceci étant dit, nous ne sommes pas venus ici en terrain vaincu. Nous avons nos arguments et demain nous mettrons tout en œuvre pour les faire valoir » a indiqué Cheikh Gueye en conférence de presse d’avant-match.
Cheikh Gueye pourra s’appuyer sur les bonnes performances des coéquipiers de Madické Kane qui n’ont pas encore perdu à l’extérieur. Entre le nul contre Kano Pillars (0-0) lors du 1er tour et les succès contre San Pedro (2-1) au 2ème tour puis contre Platinum (1- 0) pour le compte du tour de cadrage de cette Coupe CAF, les « Vert et blanc » ont toujours tenu la dragée haute lors de leurs déplacements. Un argument non négligeable dont Cheikh Gueye compte s’appuyer. « Nous avons certes gagné deux matchs à l’extérieur et il est vrai aussi que, pour une équipe qui joue à l’extérieur, c’est un renforcement positif. Nous savons que dans le football, il y a l’aspect technique, l’aspect physique et l’aspect mental qui peut être déterminant. C’est pourquoi, le fait de ne pas perdre à l’extérieur est un avantage pour moi-même et pour tout le groupe. Mais cela ne veut pas dire que nous allons prendre le match à la légère. Ce match a été préparé d’une manière très sérieuse et très professionnelle pour faire valoir nos arguments et pouvoir continuer sur notre dynamique. C’est un championnat et ne pas perdre à l’extérieur et gagner chez soi te permettra de te qualifier » assure-t-il. Le Jaraaf devra s’employer face au leader du championnat tunisien qui essaiera pour sa part de faire respecter son rang. Malgré l’absence de quatre joueurs positifs au Covid-19 (Walid Kechrida, Malek Baayou, Walid Kridene et Fakhri Aouji), l’ESS ne vise que la victoire puisque tout autre résultat sera perçu comme une contre-performance.
Programme
Mercredi 10 février 2021
Stade Taieb Mhri
13h00 CS Sfaxien – Salistas FC
Stade Hamadi Agrebi de Rades
16h00 Etoile Sportive du Sahel – Jaraaf
Par Mahmoudou WANE
LE JEU DE LA MORT
Retour sur l’édito publié dans journal « enquête » en juin 2020. Une lecture qui avait prédit ces récentes émeutes consécutives à l’affaire Sonko
Nous reproduisons l’édito de notre confrère Mahmoudou Wane publié dans journal « enquête » en juin 2020. Une lecture qui avait prédit ces récentes émeutes consécutives à l’affaire Sonko. Comme quoi, le dirpub d’Enquête avait très tôt attiré l’attention du président Macky Sall sur son mauvais entourage.
‘’Un homme qui veut être parfaitement honnête au milieu de gens malhonnêtes ne peut manquer de périr tôt ou tard.’’ Machiavel (Le Prince). Depuis trois à quatre mois, l’atmosphère médiatico-politique a changé au Sénégal. Coïncidence ? Cela s’est fait en même temps que l’arrivée sur scène du virus dénommé Covid19. Qui n’a pas senti cet éclair vif dans le regard de ‘’Prince’’, lorsque le virus s’est invité fin février à Dakar ? Comme un flash. Le président s’est-il dit que les conditions étaient favorables pour réorganiser les rapports de force en fonction de ce qu’il veut ? En tout cas, il a décidé d’engager certains de ses proches sur la pente raide. Que cherche-t-il réellement ? Sait-il réellement où il va ? A-t-il toutes les cartes en main ? Le pouvoir a ceci de bien commun avec la vie qu’il n’émet pas tous les signes avant-coureurs, lorsqu’il vous déserte.
De la même façon qu’un corps, même bien portant, peut à tout moment prendre congé de la vie sans crier gare, un pouvoir peut montrer tous les signes de bonne santé, alors qu’il engage véritablement sa phase raide, déclinante. Est-ce le cas du régime Sall, quinze mois seulement après sa réélection pour un second mandat ? Certains signes peuvent le laisser croire. Il faut sans doute retourner à la campagne électorale de 2012, pour comprendre à quel point ce que nous appelons ‘’nguur’’ en wolof, ‘’laamu’’ en pulaar (pouvoir) peut être déroutant, dans ses multiples cycles de vie. On ne sait ni comment il arrive ni quand il déserte la place. Le chant du cygne, lorsqu’il s’invite à nos oreilles, ne s’entend généralement pas. Replongeons dans la fameuse journée du 7 février 2012, pour comprendre à quel point ses voies savent être insondables. Les convois du ‘’florantin’’ d’alors, Abdoulaye Wade, Président sortant, et de Macky Sall (outsider incertain) se croisent, en une douce après-midi du 7 février 2012, sur l’avenue Bourguiba. La ‘’suite’’ du candidat Sopi dégage une puissance et un éclat sans commune mesure, comparé au convoi de Macky Sall. Lamine Faye a ses biceps bien au point.
Les rutilantes 8X8 en imposent. L’image est frappante. Le commentaire de Me Wade, rapporté par ‘’le Populaire’’, au soir de débriefing, après sa tournée, est tout aussi évocateur : ‘’J’étais très content de voir qu’il (Macky Sall) était là et qu’il n’y avait personne avec lui (…) Il était avec un petit camion avec quelque dix personnes qui étaient avec lui. La foule était avec moi…’’ Et pourtant quelques jours plus tard, le puissant ‘’Prophète du Sopi’’ se faisait expédier, par celui qu’il raillait, au second tour de l’élection présidentielle. Un coup, presque Ko. Niasse, Tanor (Dieu ait pitié de son âme) et Idy perdaient toutes leurs illusions au profit de l’actuel Président. Depuis, le Président Macky Sall déroule avec des forces sociales et politiques issues de sa propre lutte, mais aussi mobilisées grâce au travail de Benno et du coup des Assises nationales qui avaient diverti et affaibli Wade. Au fond, pourrait-on dire à la lumière des faits, que le résultat n’est pas mauvais pour lui, puisque 8 ans après son accession au pouvoir, le voilà qui continue encore à trôner du haut de l’avenue Léopold Sédar Senghor. Cela veut dire que la base politique et sociale qui l’a porté au pouvoir est solide. Mais le temps passe. Et les feuilles se fanent. La situation actuelle peut-elle réellement résister à l’épreuve des multiples périls qui se donnent à voir ? L’énigme est grosse, puisqu’elle interroge les ressources réelles comme imaginaires de l’actuel pouvoir aux manettes. A-t-on réellement conscience de la montée de la colère, surtout chez les plus jeunes, impactés bien avant la Covid ? Sait-on réellement de quoi peut accoucher la conjonction du virus, de la crise économique (qui n’a même plus besoin d’être mesurée tant elle est à fleur de peau).
Le Président Sall sait-il réellement ce qu’il fait ? La question se pose d’autant plus qu’il a enclenché, depuis que sa Majesté Covid19 s’est invitée quelque temps, une réelle offensive politique pour neutraliser ou renforcer des camps, selon qu’ils lui soient favorables ou pas. Saisit-il l’impact de la crise de l’eau dans l’opinion et les inquiétudes du monde rural avec l’arrivée de l’hivernage ? Le tout avec le machiavélisme, certains diront la finesse politique que même ses adversaires lui reconnaissent désormais. Le virus a visiblement joué le rôle d’accélérateur des plans de sa Majesté. Posons la question sans ambages : cherche-t-il à rempiler en 2024 ? Est-il plutôt en train de travailler pour un dauphin caché en lui balisant le chemin, comme le supposent certains observateurs ? Ce qui est clair, c’est qu’on cherche à affaiblir des acteurs majeurs dont on pense qu’ils pourraient mettre du sable dans le couscous. En le faisant, il se prive en même temps de forces politiques et sociales sans commune mesure. Et clin d’œil sur la forme qui ne peut manquer de choquer, les moyens utilisés sont bien aux antipodes des règles élémentaires de l’éthique politique. L’essentiel est de noircir au maximum les personnes ciblées. Que Mouhamadou Makhtar Cissé puisse, par exemple, être traîné dans cette mare glauque alors que tous ceux qui savent, comprennent que les vrais scandales de la République sont à fleur goudron, découle inéluctablement de cette stratégie. Les esprits avertis auront remarqué que six mois avant la fronde contre le ministre du Pétrole, Macky Sall chantait ses capacités d’apprentissage ‘’fast-track’’. ‘’Je tiens à féliciter Makhtar Cissé pour l’excellent travail en si peu de temps, depuis qu’il a été nommé à la tête de ce département ministériel. Je sais qu’il apprend vite, trop vite même’’. C’est no comment. A la différence de son devancier Me Wade qui nomme ses cibles avant de les attaquer, comme ce fut le cas avec Idrissa Seck qualifié de ‘’serpent venimeux’’, la Sall formula consiste à encenser ses futures victimes pour les endormir d’un profond sommeil pour mieux les surprendre. L’exécution n’en devient que plus facile. En vérité, Mouhamadou Makhtar Cissé n’est pas le seul dans la ligne de mire. Il faut être naïf pour le croire. D’autres scandales, dans le foncier et peut-être ailleurs dans les semaines à venir, agrémentent la place pour mettre certaines têtes dans le collimateur.
Comme Akilee ! Amadou Bâ devra lui aussi surveiller ses arrières. La présidente du Conseil économique, social et environnemental Aminata Touré et le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye aussi. Bref, tout ce qui semble briller aura droit à sa part de ténèbres. Cette cacophonie a un fond qui est cohérent. Elle procède d’une volonté de détourner le regard des vraies oasis où l’on se prélasse sous les cocotiers en comptant les liasses, pour l’orienter dans la direction qu’on veut et pour l’objectif qu’on vise : détruire. Il faut non seulement empêcher les petits ambitieux de dormir pour dérouler son plan de façon implacable, mais aussi divertir le peuple à longueur de scandales. Ceux qui agissent ainsi, dans l’ombre, connaissent sans doute très bien la politique. Suffisamment, croyons-nous, pour que la prudence soit de mise. Car la Covid-19 qui semblait, malgré les apparences et la rhétorique politicienne, être un allié au départ, ne l’est plus tant que cela. Le virus semble aujourd’hui ‘’muter’’ en fonction de son programme propre et non selon les desiderata de ceux qui veulent s’en servir pour casser de ‘’jeunes loups’’. Déconfinement forcé et le volcan bout à nouveau. Attention donc au retour de flamme !
«MBOUR EST DANS LE TABLEAU DES DISTRICTS LES PLUS INFECTES DE LA COVID-19»
Entretien exclusif avec le médecin-chef de district Dr Jean –Jacques Malomar
Entretien réalisé par Pape Mbar Faye (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 10/03/2021
2 mars 2020/2 mars 2021. Le Sénégal vit depuis un an avec le coronavirus. Le district sanitaire de Mbour a enregistré son premier deux semaines après l’apparition de ce cas zéro. Du 16 mars 2020 au 2 mars 2021, 661 cas de coronavirus y ont été recensés dont 7 importés. Ces cas ont été relevés sur 3107 prélèvements. Ce qui fait un taux de prévalence de 21,27%. Pour 18 décès déplorés, le taux de létalité est de 2, 72%. Lors d’une rencontre de prise de contact avec la presse en début de mois, Dr Jean –Jacques Malomar, Médecin – Chef de district, a fait le point sur l’évolution de la pandémie dans le district depuis bientôt un an. Entretien.
Le Témoin : Dr Malomar le district sanitaire que vous avez l’honneur de diriger figure dans le peloton de tête des districts les plus infectés par le Covid -19 au niveau national. Nouvellement affecté, vous n’avez pas fait plus de quatre mois à la tête du district mais vous vivez cette réalité. Aujourd’hui, le Sénégal vient de faire un an de lutte contre la pandémie depuis le premier cas enregistré le 2 mars 2020. Pouvez-vous faire le point dans votre district justement ?
Dr Jean –Jacques Malomar : Le premier cas dans le district remonte au 16 mars 2020. Depuis, nous sommes à 3107 prélèvements effectués dont 661 sont revenus positifs. Parmi ces cas, il y a eu 7 cas importés et le reste étant réparti entre les cas communautaires et les cas contacts. Parmi ces 661 personnes infectées, il y a eu 18 décès que nous déplorons et nous en profitons pour présenter nos condoléances aux familles éplorées. Ce qu’il faut globalement préciser, c’est qu’actuellement nous avons deux créneaux. Il y a des patients ou des personnes qui appellent directement au niveau des plateformes dédiées, notamment les services d’intervention. Et il y a le système de santé qui, à travers ses activités de base au niveau des postes de santé, des cliniques, des cabinets et autres, détecte les cas et nous les envoie pour un prélèvement. Ou alors, il y a à côté un dispositif parallèle qui porte sur les voyageurs sortants : tout individu candidat au voyage pour certains pays qui doit forcément présenter un test négatif. C’est de ce point de vue qu’on a pu sérier les malades pour lesquels nous recevons des résultats et il est clair que la part des voyageurs sortants dépasse largement les 70% des cas de malades soit testés à domicile ou testés dans les structures de santé pour une symptomatologie bien précise ayant conduit à un respect de la définition de cas suspects. Et ayant aussi autorisé ou déclenché l’éligibilité au prélèvement.
Le Témoin : Comment se passe la prise en charge ?
Dr Jean –Jacques Malomar : Globalement, nous avons trois mécanismes. Le premier consiste à l’isolement après suspicion de la Covid-19. Cela veut dire que l’individu vient, on monitore, on fait le screening. Si les signes sont en faveur de la Covid, au moins dans les structures de santé, le patient est mis dans un service dédié et testé. En attendant les résultats, il y bénéficie d’une prise en charge symptomatique et d’une gestion en attendant l’arrivée du résultat. Après le test revenu positif, il faut évaluer ; les médecins chargés de la prise en charge complètent l’examen clinique, les informations liées à la maladie et ils classent pour déterminer s’il s’agit d’un cas simple asymptomatique ou avec peu de signes ou alors, si c’est un cas qui est grave pour lequel il y a un besoin de prise en charge. Et conformément à cette classification, on décide si les conditions sont réunies pour une prise en charge à domicile pour les cas simples ou à peu symptomatiques. Et pour ça, il faut disposer au moins d’un environnement dédié qui doit être personnel et pouvoir réduire au grand maximum les contacts avec les autres membres de la famille pour éviter la propagation de la maladie. Par contre, si nous sommes devant un cas grave, nous avons une plateforme dans laquelle nous saisissons les informations portant sur le malade et ensuite, les signes ou les raisons pour lesquels il a été classé comme malade grave. Et c’est à travers le Samu que l’on procède à la ventilation de ces malades, à la régulation vers les services dédiés. Et une fois la place obtenue, nous nous occupons du transport du malade jusqu’au site de prise en charge. Maintenant, il y a un traitement symptomatique et parfois, un traitement spécifique en fonction des problèmes que présentent les malades. Mais l’un dans l’autre, il n’y a que deux issues possibles : soit c’est la guérison qui doit être confirmée par un test négatif ou alors, c’est ce que nous craignons, nous redoutons le plus et que nous regrettons souvent, c’est la perte de malades. Mais c’est une chose qui est très rare si vous voyez que pour le district de Mbour, nous sommes à moins d’un 1% de taux de létalité. Nous avons actuellement 439 malades guéris et des perdus de vue ; c’est-à-dire des personnes malades qui n’ont pas été prises en charge et qui sont au nombre de 11. Et pour les décès, nous sommes à 18. Donc actuellement, nous sommes à 202 malades qui sont suivis dont 5 au niveau des CTE et 197 à domicile.
Le Témoin : Docteur, pouvez –vous nous faire la cartographie des cas à Mbour ?
Dr Jean –Jacques Malomar : Une stratification avait été faite il y a trois semaines et nous n’avons pas encore terminé le rapport annuel conséquent. Et nous avons sélectionné les cinq premières communes les plus touchées avec Mbour qui vient en tête avec 83 cas, suivi de Saly (67), Ngaparou (13), Somone (9), Malicounda (6), Nguékokh (3) ; Mballing (1) et Sindia (1). Les autres cas nous proviennent de la zone de Thiadiaye notamment Ndiaganiao, Djilor. Il y a aussi les cas qui nous sont parvenus de Foundiougne et d’autres de Ngor et Palmarin. C’est globalement la cartographie des cas mais je précise qu’elle date de plus de trois semaines.
UN MEDECIN LEGISTE PROPOSE LA CREATION D’UNITES MEDICO-JUDICIAIRES DANS LES REGIONS
A la police ou à la gendarmerie, on exige parfois à une victime ou un plaignant un certificat médical pour pouvoir déposer une plainte.
A la police ou à la gendarmerie, on exige parfois à une victime ou un plaignant un certificat médical pour pouvoir déposer une plainte. Un document qui limite les possibilités de saisir la justice à temps à cause du coût ou d’une absence de ressources humaines pour le faire. Le médecin légiste Dr Amadou Sow, qui s’interroge sur la pertinence d’exiger un certificat médical pour le dépôt d’une plainte, plaide pour la formation des acteurs judiciaires et la création d’Unités Médico-Judiciaires dans chaque hôpital régional pour une meilleure prise en charge de ces cas.
« L’Etat doit renforcer la formation des agents judiciaires, d’une part, à la prise en charge des victimes de violences sexuelles et, d’autre part, à mener des investigations adaptées à ces types d’infraction » ! Un cri de cœur lancé en 2018 par le Dr Oumoul Khaïry Tandian Coulibaly qui plaidait ainsi pour le renforcement des capacités des agents judiciaires pour la gestion des cas de violences sexuelles. Elle insistait notamment sur l’urgence de former les acteurs. Trois ans après, Dr Amadou Sow monte au créneau pour rappeler cette nécessité de mieux outiller les acteurs notamment les policiers et les gendarmes sur les questions d’agressions sexuelles. Ce médecin légiste, en citant les travaux de recherches d’un sociologue à l’université El Hadj Ibrahima Niass du Sine Saloum, disponible en ligne, précise n’être donc « ni le premier ni le seul » à avoir parlé de cette nécessité de formation au profit des acteurs judiciaires.
Encore que, dit-il, les policiers et les gendarmes ne sont pas les seuls à devoir bénéficier d’un renforcement de capacités, les médecins, les magistrats et tous les acteurs étant concernés. Il dit partir de son expérience personnelle, et raconte qu’en 2014, alors qu’il était médecin au Centre de santé Philippe Maguilène Senghor de Yoff, il recevait assez souvent des patients ou plaignants qui, sur orientation d’un policier ou d’un gendarme, venaient demander des certificats médicaux pour coups et blessures afin de pouvoir porter plainte. Il se demandait alors s’il fallait nécessairement avoir un certificat médical pour pouvoir porter plainte, dès lors que le coût du document — 10 000 francs— pourrait être un facteur limitatif. « C’est ressorti même dans le rapport de Dr Oumoul Khaïry qui disait qu’effectivement le coût même de ce certificat peut être un facteur limitatif. Si on se met dans le cas où la victime n’a pas cette somme, ou n’a pas vu de médecin qui puisse lui faire ces constations, ou bien même la temporalité, la survenue des évènements est tellement ancienne par rapport à la décision de porter plainte, est-ce que à l’instant T, si on décide de se faire consulter par un médecin, ce certificat médical pourra retracer toutes les lésions ? Une question qu’on peut se poser pour dire voilà la valeur que l’on donne au certificat médical, ou la compréhension qu’on en a, et même après rédaction, la compréhension et l’interprétation qu’il faudra faire de ce certificat médical » poursuit le Dr Amadou Sow.
Ouvrir le débat à tous les acteurs intervenants
Après avoir fait part de ses préoccupations par rapport à cette problématique, Dr Sow pense qu’il serait intéressant que ses collègues médecins légistes puissent discuter de ce problème de certificats médicaux avec les autres acteurs de la justice à savoir les officiers de police judiciaire, les magistrats qui sont censés juger, et ensuite avec toutes les personnes qui interviennent dans une procédure judiciaire. Parce que, à ses yeux, il y a des choses à revoir dans la formation des magistrats et policiers, des médecins… par rapport à l’établissement du certificat médical. « Je suis même en train de proposer à l’ordre des médecins de mettre en œuvre un projet d’organisation de séminaires d’une journée sur les règles de rédaction des certificats médicaux par zone de concentration de médecins. J’avais même prévu d’inviter, au-delà des médecins légistes les autres acteurs tels que les procureurs, les juges ou les avocats. C’est pour dire qu’il y a une transition comme on l’observe du point de vue épidémiologique.
Les maladies ont changé. Ce ne sont plus uniquement des maladies infectieuses. On a des maladies non transmissibles. De cette même manière aussi, il y a une urbanisation qui a son corollaire, la criminalité qui va augmenter… Aussi notre système doit s’adapter avec une police scientifique performante, outillée. Les autres acteurs devront suivre. Et c’est dans ce sens qu’il faut avoir une unité médico-judiciaire dans laquelle y aura un médecin légiste, mais audelà, des psychologues et toutes les autres entités qui peuvent être sollicitées dans la prise en charge d’une personne victime de violence ». Le Dr Amadou Sow, en tant que médecin légiste, trouve qu’au-delà même de cette nécessité de renforcement de capacités, il faut aujourd’hui aller vers la réorganisation du système.
Création d’unités médico-judiciaires
« On doit aller vers ce qu’on appelle des unités médico-judiciaires. Au moins chaque capitale régionale, pour ne pas dire chaque hôpital régional, devrait avoir une unité de référence en matière de prise en charge des victimes d’agressions, des questions médicolégales ou des questions pour lesquelles la justice aura à intervenir ». Mais, est ce que ces unités médico-judiciaires n’entraveraient pas la bonne marche de la justice dans ces affaires de viols ou autres agressions ? Au contraire, dit-il, ce sont des structures sur lesquelles la justice pourra s’appuyer pour pourvoir aboutir à une manifestation de la vérité. Et l’intérêt général résidera dans le fait que ce sont des personnes formées à prendre en charge ce type de patients qui seront dans ces unités. Aussi, là où l’on devrait peut-être trouver un gynécologue ici, un psychiatre dans un autre hôpital, ou un médecin dans un autre service, avec les unités médico-judiciaires, l’avantage se trouvera dans le fait que ces spécialistes vont intervenir en même temps dans les mêmes locaux. « Par exemple une fois que la victime est là, présente, si elle a besoin d’un psychologue, celui-ci intervient. Pareil pour un légiste… Il y aura cette coordination.
Aussi, il y a un point qui me parait plus important. Il y a plusieurs types de certificats, il y a des certificats à visée judiciaire qui n’ont pas les mêmes implications qu’un certificat qu’on délivre pour la caisse de sécurité sociale par exemple. Ensuite, il faut souligner que, le plus souvent, ce ne sont pas tous les médecins qui sont formés dans cette démarche ». D’où l’intérêt de ces unités médico-judiciaires. Avec ces centres, « ce sera comme dans le cadre des actes notariés, ou certifiés par un huissier de justice, on aura affaire à des documents que la justice va prendre en compte les yeux fermés. Parce qu’on considère que c’était bien fait parce qu’il y a en amont quelqu’un à qui on a délégué une certaine responsabilité sur laquelle on peut se baser pour rendre un jugement. Si on arrive à avoir ces unités agrées par la justice et qu’on veille à avoir de bons éléments là-bas, un certificat qui sera délivré dans ces unités à priori, jusqu’à la preuve du contraire, ne fera pas l’objet d’une contre-expertise parce qu’on sait que si on la réalise on aboutira à la même conclusion », explique le médecin légiste Dr Amadou Sow.
Selon lui, ces unités médico-judiciaires dédiées aux victimes de viols ou d’agressions, au lieu d’entraver son fonctionnement, vont plutôt faciliter le travail de la justice. « Parce qu’il faut savoir qu’il y a beaucoup de certificats. Et beaucoup de juges n’accordent aucun crédit à ces certificats délivrés parce que, justement, ils les considèrent comme des certificats de complaisance ou bien il y a des manquements qui font que les juges ne peuvent pas les utiliser. Le fait de disposer des unités que je préconise permettra, quand on a un problème pour lequel on devra partir d’un document délivré par un médecin, de disposer de bons certificats médicaux ». Il attire ainsi l’attention sur le fait que, bien qu’il y ait le « mot judiciaire » dans l’appellation de ces unités, il n’y a pas un besoin de présence d’un élément de la justice en leur sein. On n’y retrouvera que le personnel qu’on aurait dû retrouver d’une manière éparpillée dans différents services ou structures médicales de prise en charge des personnes victimes de violences. Mais en le faisant, est-ce que les personnels de ces unités-là ne verront pas leur liberté ou les règles de leurs métier entravées ? Réponse du Dr Amadou Sow : « Non ! Le médecin qu’il soit dans un hôpital privé, public ou militaire, les règles de la médecine ne changent pas, les principes ne changent pas.
Et s’il délivre un certificat, quel que soit son statut ou la structure à laquelle il appartient, cet avis-là ne lie pas le juge. Ce dernier peut le prendre comme il peut le récuser. Ce n’est pas uniquement le juge qui a cette prérogative-là, mais aussi les parties au procès qui peuvent dire par exemple que ‘moi je ne suis pas d’accord sur telle expertise’. A ce moment-là, on aboutira à ce qu’on appelle une contre-expertise ». En des termes plus simples, ces unités, de l’avis de Dr Sow, ne feront qu’apporter une plusvalue par rapport à ce qui existait déjà.
«CES MORTS NE VONT PAS PASSER PAR PERTES ET PROFITS… »
Le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (Lsdh), Me Assane Dioma Ndiaye, n’est pas resté insensible par rapport aux événements meurtriers des derniers jours.
Le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (Lsdh), Me Assane Dioma Ndiaye, n’est pas resté insensible par rapport aux événements meurtriers des derniers jours. Selon lui, toute société qui connait ce genre de conflit doit diagnostiquer la situation afin d’en tirer le meilleur profit pour l’avenir. Cependant, il a précisé que ces pertes en vies humaines ne doivent pas être passées par pertes et profits.
Très remonté face au nombre de morts enregistrés lors des manifestations politiques survenues ces derniers jours, l’avocat défenseur des droits de l’homme a tenu à rappeler que le principal combat de la Ligue sénégalaise des droits humains est d’éviter que des conflits arrivent à leur paroxysme et même des guerres de manière générale. « Nous savons que le plus grand facteur de violation des droits humains est les périodes de conflit. C’est pourquoi, dans notre démarche pédagogique, nous essayons d’amener les gouvernants à poser des actes qui puissent permettre d’avoir une paix durable, solide. C’est pourquoi, nous insistons toujours sur un Etat de droit efficient et sur le nécessaire respect des paradigmes de la démocratie.
Malheureusement, souvent en Afrique, les gouvernants ne prennent pas conscience des germes qui peuvent engendrer des conflits meurtriers et des drames humains comme on vient d’en connaître au Sénégal » a regretté d’emblée Me Assane Dioma Ndiaye.
Poursuivant, le défenseur des droits de l’homme a soutenu que naturellement, pour lui, il ne s’agit jamais de passer par pertes et profits des… pertes en vies humaines surtout si ces pertes atteignent une certaine proportion. « Comme nous l’avions fait durant les événements de 2011, nous sommes en train de faire un appel à témoins par rapport au nombre de victimes. Nous demandons aux familles impactées de se manifester. C’est vrai que le président de la République a déjà donné le ton en promettant d’indemniser les familles des victimes. Mais, pour nous, ce qui est le plus important c’est que des enquêtes impartiales et indépendantes se fassent et qu’on sache dans quelles conditions ces décès sont intervenus. S’il y a eu usage d’armes à feu, dans quelles circonstances y en a-t-il eu et s’il y a des culpabilités, qu’elles soient établies.
Pas dans une optique de rétribution pénale ou de répression mais qu’on en tire les leçons pour l’avenir. Parce que le conflit est inhérent à la société mais toute société qui connait ce genre de conflit doit diagnostiquer la situation afin d’en tirer le meilleur profit pour l’avenir. Si on ne tire pas de plus-value par rapport à des crises de cette nature, c’est que notre société est vouée au dépérissement. Donc, il est important qu’on fasse des enquêtes et que justice se fasse. Que les familles des victimes sachent pourquoi il en est ainsi.
A partir de ce moment-là, ces familles pourront faire leur deuil, exorciser leurs traumatismes et, éventuellement, pardonner. Mais, nous disons la vérité d’abord et ensuite le pardon. La vérité d’abord pour la non réitération des faits pour que demain il n’y ait plus jamais cela » a-t-il ajouté.
Saisine de la CPI
Selon l’avocat défenseur des droits de l’homme, il y a des initiatives qui sont allées dans ce sens de rendre justice aux victimes. « Il y a eu déjà des accusés de réception venant de la Cour pénale internationale (CPI), des citoyens sénégalais individuellement ont déjà saisi la CPI. Nous, à notre niveau, nous avons une démarche beaucoup plus documentée. Nous voulons d’abord avoir suffisamment d’éléments, savoir ce qui s’est réellement passé. Il faut comprendre que la CPI a une compétence subsidiaire. Il appartient aux justices nationales d’abord de faire leur travail d’autant plus que le Sénégal a ratifié le traité de Rome mais aussi notre pays a transposé dans son droit positif les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et les crimes de génocide qui relèvent de la compétence de la CPI.
En principe, la cour ne se saisit que si la juridiction nationale refuse d’ouvrir une enquête ou ne veut pas mettre en branle la justice » explique Me Assane Dioma Ndiaye. A en croire le président de la LSDH, en saisissant la CPI, celle-ci dit accuser réception car elle ne peut pas rester insensible mais elle va toujours poser cette condition : « prouvez-moi que la justice nationale a refusé de poursuivre les plaintes qui ont été déposées ou n’a pas la capacité de faire en sorte que justice se fasse. C’est à partir de ce moment qu’on peut parler d’une substitution de la Cpi aux juridictions nationales. C’est pourquoi on parle de subsidiarité de la Cour pénale internationale. C’est une pression supplémentaire sur les justices nationales car, si elles ne font pas leur travail, la Cour pénale va se substituer à elles. C’est bien qu’il y ait cette épée de Damoclès qui pèse sur la justice nationale et ce n’est pas l’œuvre d’organismes de droits de l’homme sénégalais mais d’initiatives de Sénégalais. Nous, on fait d’abord la documentation, le contact avec les victimes, les enquêtes internes à notre niveau, l’accompagnement des victimes … Après quoi, nous déciderons de la procédure appropriée » a conclu Me Assane Dioma Ndiaye.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
UN NOUVEL ORDRE POLITIQUE S’IMPOSE
Quand Ousmane Sonko a été appréhendé et enlevé en pleine rue sur ordre du ministre de l’Intérieur, Félix Antoine Diome, son mentor Macky Sall pensait que les choses allaient se passer facilement pour liquider un adversaire politique dangereux
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 10/03/2021
Quand Ousmane Sonko a été appréhendé et enlevé en pleine rue sur ordre du ministre de l’Intérieur, Félix Antoine Diome, son mentor Macky Sall pensait que les choses allaient se passer facilement pour liquider un adversaire politique dangereux. Karim Wade a été accusé d’enrichissement illicite et embastillé et ses droits civils et politiques lui ont été retirés. Khalifa Sall a été accusé d’«escroquerie aux deniers publics », « faux et usage de faux dans des documents administratifs » et de « complicité en faux en écriture de commerce », emprisonné et privé, lui aussi, de ses droits civils et politiques. Toutes ces deux personnalités disposant de bases politiques qui pouvaient compromettre la réélection de Macky Sall ont été tout bonnement écartées de l’élection présidentielle de 2019. Macky Sall savait bien que Karim Wade, qui bénéficiait du legs électoral de son père, et l’alors maire de Dakar pouvaient le conduire à un second tour synonyme de défaite.
S’appuyer sur des béquilles judiciaires pour éliminer ses adversaires
Une seule solution s’offrait à lui dès lors : s’appuyer sur ses béquilles judiciaires pour éliminer ces deux adversaires coriaces. Les partisans de Wade fils qui ont manifesté et fait quelques actions de saccage et de pyromanie ont été traqués et jetés au gnouf. Plus de 26 libéraux ont été incarcérés sur de faux chefs d’infraction. Les partisans de Khalifa Sall, qui ont osé protester, ont été tabassés et, pour certains, jetés en prison. Quelques femmes khalifistes ont occupé l’avenue menant à la Présidence pour se faire entendre. Elles ont été arrêtées avant d’être libérées. Bamba Fall et huit autres socialistes proches de Khalifa Sall ont été arrêtés et mis en prison sous l’accusation d’avoir été les auteurs du saccage du siège du PS. Barthélémy Dias s’est retrouvé à Rebeuss après la condamnation de son leader. La permanence des Khalifistes a été gazée par les forces de l’ordre. Tout cela montre que Macky Sall emprisonne ses opposants et n’hésite pas à en faire de même avec leurs partisans. Depuis que le leader de Rewmi, Idrissa Seck, a rejoint avec armes et bagages le président de la République, la configuration politique nationale a changé.
De facto, Ousmane Sonko, arrivé 3e à la dernière présidentielle, devient le premier adversaire de Macky Sall. Ce dernier, qui a constaté la montée en puissance du leader de Pastef, a voulu saisir cette histoire de viol présumé pour se défaire du danger Sonko. Adji Sarr a été utilisée par des responsables de Bennoo Bokk Yaakaar pour mettre en branle l’exécution politique de l’inspecteur des Impôts radié. Mais ce dernier, sachant que la même guillotine qui a décapité impitoyablement Karim et Khalifa risquait de s’abattre sur lui, a très tôt fait d’appeler à la résistance. Et la manœuvre a payé depuis le premier jour où la gendarmerie a voulu l’entendre au niveau de la Section de recherches sans passer par la procédure légale de levée de son immunité parlementaire. Il s’en est suivi une traque des militants patriotes. Birame Soulèye Diop, Abasse Fall, leaders respectifs des Pastéfiens de Thiès et de Dakar, sont jetés en prison pour le délit de « menaces de diffusion d’images obscènes ».
De jeunes militants « patriotes » subissent le même sort carcéral. 17 femmes de Pastef sont arrêtées et gardées à vue pendant plusieurs jours avant d’être libérées. Guy Marius Sagna, Assane Diouf et Clédor Sène sans motif sérieux sont envoyés en prison. Des enseignants « patriotes » sont partout arrêtés et des méthodes qui rappellent celles de la Gestapo sont mises en branle contre des militants de ce parti mais aussi des activistes et des militants de la société civile. Dès lors, la voie était balisée pour mettre le Pastéfien en chef en prison. Fin politique, il a appelé à la résistance pour se défendre. Cet appel à la résistance, réitéré la veille de son rendez-vous avec le juge du 8e cabinet, a encore prospéré puisque le jour de son kidnapping sur la route de Mermoz, le peuple sénégalais, dans son entièreté, s’est fait entendre.
Une violence s’est métastasée
Comme un effet boule de neige, la violence s’est métastasée dans tout le pays. Des morts sont enregistrés dès le premier jour, les intérêts français attaqués, les maisons des hommes du pouvoir incendiés. Les télévisions Walf TV et Sen-TV ont quant à elles aussi subi la violence institutionnelle de Babacar Diagne tandis que la RFM et le Soleil subissaient la loi des manifestants. Certains membres du pouvoir ont fait vite d’évacuer leurs familles dans des endroits discrets. Malgré leur déploiement en masse, la police, la gendarmerie, les Tontons Mackytes (milice marron) et l’armée n’ont pas pu refréner les ardeurs des manifestants. Des brigades de gendarmerie, des commissariats de police, des palais de justice sont caillassés s’ils ne sont pas incendiés. Pendant trois jours, le pays est à feu, à sang et en larmes. Comme si cela ne suffisait pas, voilà que le très puéril et irresponsable ministre de l’Intérieur rajoute une louche d’huile sur un feu déjà difficile à éteindre en menaçant ce qu’il appelle des « forces occultes », des « terroristes » et des « grands bandits » d’être à l’origine de toute cette violence populaire.
La sortie du ministre de l’Intérieur a exacerbé les colères et les rancœurs. Elle était d’autant plus inopportune qu’elle intervenait au moment où les morts du fait des forces de l’ordre augmentaient. Comme il fallait s’y attendre, le lendemain de sa sortie malheureuse, la tension est montée d’un cran. L’opposition et les forces citoyennes ont saisi la balle au bond pour se réorganiser et repartir à l’assaut du pouvoir. L’accalmie du week-end a heureusement poussé le pouvoir à reculer et à commencer les premières libérations des partisans de Sonko. Des libérations qui annonçaient celle de Sonko, intervenue le lendemain 8 mars, date symbolique dédiée à la femme. Cette libération de Sonko est finalement une victoire du peuple. Dans les affaires Karim Wade et Khalifa Sall, Macky n’avait eu cure des interventions des khalifes généraux de confréries et des personnes de bonne volonté.
La libération du leader du Pastef a donc été arrachée par le peuple au corps défendant du Prince. Sous la pression populaire, Macky a reculé. La marée humaine qui a accompagné Sonko chez lui quand le doyen des juges Samba Sall lui a notifié son contrôle judiciaire prouve à suffisance qu’en République, la force et la loi appartiennent au peuple. Pourtant, il y a un arrêté de Diome qui interdit tout rassemblement en cette période de pandémie. Pourquoi ne l’a-t-il pas brandi comme il l’a fait le premier jour de la convocation à l’issue de laquelle des pastéfiens ont été arrêtés et emprisonnés pour le même motif de rassemblement non autorisé ? C’est fort de cette déferlante populaire que Sonko s’impose aujourd’hui comme le seul leader de l’opposition. Un nouveau jour s’est levé et un nouvel ordre politique s’impose. Le ton menaçant et ferme, Sonko a fait savoir à Macky Sall que, désormais, ses partisans sont prêts à en découdre avec lui au cas où il lui chercherait noise. Il a compris que la politique est une affaire de rapport de forces.
Abdou Diouf n’a jamais cherché à éliminer Abdoulaye Wade
Abdou Diouf n’a jamais cherché à éliminer judiciairement son principal adversaire Abdoulaye Wade parce qu’il savait que le peuple ne l’accepterait jamais. Sonko prend une belle revanche sur celui qui l’a radié de la fonction publique et qui a failli le mettre en prison à l’issue d’un complot d’Etat. Aujourd’hui, c’est le leader de Pastef qui donne le tempo à l’opposition. Le roi est nu, il est dans une mauvaise posture. La peur a changé de camp. Macky Sall vient de se rendre compte que ses 58 % ajoutés aux 20 % de voix d’Idrissa Seck ne sont qu’un trompe-l’œil. Désormais, il devra prendre en compte la nouvelle configuration politique du Sénégal. La question du 3e mandat est réglée puisque, sur les pancartes et calicots des manifestants, apparaissait, en sus des doléances relatives à la libération de Sonko, l’aversion d’un 3e mandat. Macky n’a jamais su que les chars anti-émeutes, les camions lance-eau et les grenades offensives ne peuvent pas retenir une furie populaire.
La première armée de l’Afrique qu’est l’Egypte n’a pas tenu devant la détermination des populations de se défaire de Moubarak. Idem pour Ben Ali de la Tunisie tout comme Yaya Jammeh de Gambie. Macky a cru que les exemples de ses pairs de la Guinée et de la Côte d’Ivoire, dont les armées tirent implacablement sur les populations, peuvent prospérer au Sénégal. Nos forces de sécurité et de défense sont très matures. La preuve, certaines d’entre elles ont fraternisé avec les manifestants après des moments de rudes échanges de pierre et de gaz lacrymogènes. Après cinq jours de violence intense, la paix s’installe à nouveau avec un nouvel ordre politique qui s’impose et un nouvel espoir qui germe chez ces jeunes qui ont arrosé fertilement de leur sang le champ de bataille. Que Sonko comprenne que ces revendications populaires transcendent sa personne et que demain, s’il lui arrive de prendre les rênes du pouvoir, les acclamations d’aujourd’hui se transformeront en huées et jets de pierres si les engagements sont trahis !