L’Organisation humanitaire précise que ses interventions ont été menées au niveau de plusieurs points de manifestations comme l’Avenue Cheikh Anta Diop, UCAD, Dakar Plateau, Colobane, entre autres
La Croix-Rouge sénégalaise annonce avoir porté secours à 590 blessés lors des manifestations enregistrées entre mercredi et lundi à Dakar et dans d’autres localités du pays, a appris l’APS mardi.
’’Cette assistance humanitaire a été assurée par 316 secouristes auprès de 590 manifestants blessés, dont 288 à Dakar, 109 à l’UCAD, 77 à Pikine, 33 à Bignona, 29 à Ziguinchor, 25 à Guédiawaye, 21 à Rufisque, 8 à Mbacké et Touba’’, a précisé la Croix-Rouge dans un communiqué.
Elle signale qu’au total, 232 victimes ont été évacuées vers les structures sanitaires : 109 à l’UCAD, 60 à Dakar, 21 à Bignona, 15 à Rufisque, 15 à Ziguinchor, 8 à Mbacké et Touba, 2 à Pikine, 2 à Guédiawaye.
La Croix-Rouge assure avoir mobilisé 36 équipes de volontaires, dont 7 à Bignona, 6 à Dakar, 6 à Pikine, 6 à Ziguinchor, 4 à l’UCAD, 4 à Rufisque, 2 à Guédiawaye, 1 à Mbacké et Touba.
Ces équipes ont pu recenser des cas de brûlures, de saignements, de fractures, de traumatismes crâniens, d’inconsciences ou de pertes de connaissance, de blessures légères, ouvertes ou graves, entre autres, selon le communiqué.
’’Ces équipes d’intervention opérationnelles ont aussi dénombré 6 pertes en vies humaines dont un sans-abri intercepté à la Place de l’Indépendance à Dakar, deux corps sans vie à Keur Massar, un à Yeumbeul Nord, un décès enregistré à Colobane et un autre aux Parcelles Assainies’’, précise la Croix-Rouge sénégalaise.
L’interventions des 316 volontaires dont 74 à Dakar, 60 à Ziguinchor, 50 à l’UCAD, 35 à Pikine et Bignona, 32 à Rufisque, 20 à Guédiawaye, s’inscrivent dans le cadre de la mission de la Croix-Rouge pour ’’prévenir et alléger les souffrances des hommes en portant secours sans discrimination aux blessés des champs de bataille, de troubles sociaux et autres situations de violences’’.
L’Organisation humanitaire précise que ses interventions ont été menées au niveau de plusieurs points de manifestations comme l’Avenue Cheikh Anta Diop, UCAD, Dakar Plateau, Colobane, Canal 4 de Fass, Parcelles Assainies, Rond-Point Case Bi, Keur Massar, Yeumbeul Sud et Nord.
Elle dit avoir mis à la disposition de ses secouristes, cinq véhicules de secours, dont une ambulance à l’UCAD, un Pick Up à Mbacké et Ziguinchor, deux véhicules (Land Cruzer) octroyés par la Délégation régionale du CICR à Dakar et Ziguinchor.
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LA POLITIQUE AUTREMENT
La vice-présidente du conseil département de Bignon, Ndeye Gnima Goudiaby démissione de l'Apr et de Benno Bokk Yakkar suite aux émeutes qui ont éclaté au Sénégal.
La vice présidente du conseil département de Bignon, Ndeye Gnima Goudiaby démissione de l'Apr et de Benno Bokk Yakkar suite aux émeutes qui ont éclaté au Sénégal.
LA CONTESTATION SUSPEND SON APPEL À MANIFESTER
Même si les blindés de l'armée restaient mardi positionnés au quartier du Plateau, centre du pouvoir, Dakar offrait un semblant de retour à la normalité ce mardi, après plusieurs jours de violences
Le mouvement de contestation au Sénégal a suspendu mardi son appel à manifester massivement jusqu'au lendemain, après des jours de troubles qui laissent le président Macky Sall face à un adversaire comptant profiter du nouveau rapport de forces créé selon lui, pour "imposer" son agenda.
Même si les blindés de l'armée restaient mardi positionnés au quartier du Plateau, centre du pouvoir, Dakar offrait un semblant de retour à la normalité, après plusieurs jours de violences qui ont fait au moins cinq morts - dix selon l'opposant Ousmane Sonko.
Malgré de nouveaux affrontements, la journée de lundi, redoutée, a produit certaines des conditions d'une décrispation dans un pays dont la réputation de rare îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest a été malmenée.
Ousmane Sonko, dont l'arrestation a mis le feu aux poudres le 3 mars, a certes été inculpé dans une affaire de viols présumés, mais a été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Et le président est sorti de son silence pour appeler à "l'apaisement".
Les travailleurs ou les passants du Plateau, désert la veille, attendaient les prochaines heures avec plus de sérénité, à défaut d'oublier la dureté des conditions de vie.
Grace Baramoto, femme au foyer de 37 ans, est restée deux jours à la maison parce qu'elle "avait peur".
"Je pense que ça va se calmer parce que Sonko a été relâché. Il avait été arrêté de manière injuste. Les boutiques et supermarchés ont rouvert, ça rassure", dit-elle.
Le collectif Mouvement de défense de la démocratie (M2D), qui inclut le parti de M. Sonko, a annoncé suspendre l'appel à manifester "massivement" jusqu'à mercredi, lancé alors que M. Sonko était encore gardé à vue.
Mais il tiendra une conférence de presse pour annoncer "la date, le lieu et la forme des prochaines manifestations".
- Rapport de forces -
M. Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux concurrents de celle de 2024, a été arrêté le 3 mars, officiellement pour trouble à l'ordre public. Il est aussi visé par la plainte pour viols déposée par une employée d'un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos.
Il crie au complot ourdi par le président pour l'écarter de la présidentielle, ce que M. Sall a réfuté.
Loin de faire profil bas après sa remise en liberté, M. Sonko a continué à défier le pouvoir devant la presse, au cours d'un monologue en forme de réquisitoire contre le président.
Il a appelé à renforcer la mobilisation, demandant qu'elle soit "pacifique", et formulé une série d'exigences, parmi lesquelles celle que M. Sall déclare "publiquement et sans ambiguïté" qu'il ne briguera pas un troisième mandat en 2024. M. Sall entretient le flou sur ses intentions.
"Nous pensons que nous devons aujourd'hui imposer un agenda à Macky Sall parce que le rapport de forces nous le permet", a dit M. Sonko.
- "Démerde-toi" -
Après le ralliement au pouvoir d'Idrissa Seck, deuxième de la présidentielle de 2019, et la mise à l'écart de Karim Wade et Khalifa Sall, condamnés pour des malversations, M. Sonko est devenu de fait le principal opposant.
Des analystes mettent en garde contre le délai lointain jusqu'à la présidentielle de 2024 et estiment que la contestation actuelle ne permet pas seule de mesurer l'importance du soutien à M. Sonko.
Dicter son agenda au président, c'est beaucoup s'avancer, commente Maurice Soudieck Dione, universitaire en sciences politiques.
La conjugaison des épreuves socio-économiques, aggravées par le Covid-19, et des pratiques autoritaires d'un président qui a perpétué celles de ses prédécesseurs a provoqué une crise exceptionnelle à laquelle l'arrestation de M. Sonko a servi de déclencheur, dit-il.
"Pendant longtemps, on a laissé le président dérouler, certains pensaient même le peuple sénégalais amorphe", dit-il. L'un des enseignements de la crise, c'est que "si le président a bien compris le message, les pratiques autoritaires doivent cesser".
Lundi soir, M. Sall a parlé de "vivre ensemble" et de "main tendue". "Je comprends vos inquiétudes et vos préoccupations", a-t-il dit aux jeunes. Les moins de 20 ans représentent plus de la moitié de la population et ont constitué l'immense majorité des manifestants.
Il a annoncé un allègement du couvre-feu qui affecte durement ceux qui travaillent dans l'économie informelle et a promis de réorienter des moyens financiers en direction des jeunes.
"Tous les jours je me lève, je dépose des CV partout et je ne trouve rien", se désole Adama Kane, 27 ans, fraîchement diplômé en droit. "Ils nous forment mais il n’y a aucun suivi: +Tiens, voici ton diplôme. Maintenant, démerde-toi+. Si tu ne connais personne, c’est impossible de trouver un emploi".
par Hamidou Anne
FREE SÉNÉGAL, NOUS DISENT LES ENFANTS DE LA RÉPUBLIQUE
L’énergie de ce peuple dans les rues est nourrie par l’absence de justice dans le naufrage du Joola comme dans les affaires Karim Wade et Khalifa Sall, les scandales Petrotim, le luxe insolent dans lequel une infime partie du pays vit
Les morts, les destructions de biens publics et privés, les emprisonnements massifs, les brutalités policières à l’encontre d’enfants et surtout la vitrine démocratique qui se craquèle à la face du monde nous disent que quelque chose a vacillé dans notre pacte républicain. Les racines des violences observées sont profondes et dépassent le strict cadre partisan.
Je ne peux pas ne pas comprendre la colère des jeunes qui caillassent et brûlent. Dans des livres et des articles, j’ai toujours essayé de documenter les drames ordinaires du peuple, celui de Pikine, de Thiaroye ou de Guédiawaye. Je le connais, ce peuple, car je suis issu de ses entrailles. Ce peuple n’est gouverné ni dans la vertu ni dans le respect dû à sa simple humanité. On lui nie tout jusqu’à la possibilité de vivre dans la décence.
Ce peuple, avec son avant-garde juvénile, après des décennies de complaintes, exige la justice, l’exemplarité et la fin de l’arrogance d’une caste corrompue et immorale. Ces jeunes qui manifestent sont des enfants de la République. Ils posent des questions légitimes auxquelles il faut apporter des réponses sérieuses autres que des accusations fantaisistes de terrorisme, de complot étranger ou d’instrumentalisation par des forces occultes.
Ce peuple souffre et voit la politique devenir un moyen d’enrichissement rapide par une caste arrogante et méprisante. L’énergie de ce peuple dans les rues du Sénégal est nourrie par l’absence de justice dans le naufrage du Joola comme dans les affaires politiques Karim Wade et Khalifa Sall, les scandales comme Petrotim, le luxe insolent dans lequel une infime partie du pays vit, l’immixtion de la famille dans les affaires publiques, les images de séances privées de vaccination organisées alors que les étudiants en médecine exposés au Covid-19 sont ignorés. Il faut aussi interroger le rôle de la Rts, média de propagande digne de la Pravda et l’impact de tous ces incompétents que la politique a conduit au cœur de l’appareil d’État.
Les exemples sont nombreux et disent quelque chose du rapport au pouvoir qui s’est instauré dans notre pays ; un rapport de jouissance pendant que la misère engloutit les masses. Il y a eu environ 500 jeunes qui ont péri en voulant fuir notre pays par la mer. Le silence du gouvernement fut éloquent. La seule voix entendue fut celle du Délégué à l’entreprenariat, qui profane la mémoire de ces morts en les accusant «d’être seuls responsables en voulant partir de manière frauduleuse».
Ce qui se passe en ce moment n’est pas d’une sédition, encore moins un soutien à Ousmane Sonko. Ces jeunes expriment un ras-le-bol général que chacun d’entre nous peut comprendre s’il est de bonne foi.
Nous sommes dans une profonde crise. La crise, selon Gramsci, est ce moment où le vieux se meurt et le neuf tarde à arriver. Le théoricien italien précise que dans cet entre-deux surgissent les montres. Aujourd’hui, ces monstres sont autant dans le pouvoir que dans l’opposition. Ils ont des noms, des militants et des thèmes. Ces monstres veulent prendre en otage notre pays et le retirer aux vrais républicains et aux authentiques patriotes.
A court terme, le chef de l’État doit réparer le lien abimé entre la jeunesse et les institutions, respecter le calendrier républicain, organiser rapidement des élections locales et annoncer clairement qu’il va respecter la constitution en quittant le pouvoir en 2024. À long terme, il faudra radicalement changer de modèle et passer de cette démocratie procédurale à une démocratie substantielle pour que cette république ne soit plus celle, comme le dit Alioune Badara Cissé, du «citoyen à part entière face au citoyen entièrement à part».
J’ai suivi pendant un mois, presque de manière quotidienne, cette affaire. J’en tire une conclusion qui m’effraie : la digue a cédé sans que nous nous en rendions compte. La République est devenue un signifiant vide qu’il faut à nouveau remplir de sens et incarner. Il est illusoire de vouloir une République quand il n’y a plus de républicains. La médiocrité de notre classe politique était un fait établi, désormais son écrasante majorité n’est plus républicaine, et ceci est un danger encore plus grave que les émeutes actuelles, car la république est notre ultime rempart contre les abus et les passions tristes.
Je finis par une pensée pour mon ami Guy Marius Sagna, qui croupit dans des geôles déjà surpeuplées inutilement. J’espère revoir vite Guy, pour le prendre dans mes bras, l’embrasser et lui redire combien je l’aime, combien il est précieux.
LA NBA ET LA BAL POUR L’EGALITE DES GENRES EN AFRIQUE
Dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale de la femme, la Nba et la Basketball Africa League (Bal) s’engagent à promouvoir l’égalité des sexes et l’inclusion économique à travers le continent.
Dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale de la femme, la Nba et la Basketball Africa League (Bal) s’engagent à promouvoir l’égalité des sexes et l’inclusion économique à travers le continent.
A travers le lancement de plusieurs initiatives, les deux structures comptent mettre l’accent sur «la sensibilisation à la violence sexiste, le soutien à l’éducation des filles et la participation croissante des femmes au basket-ball à tous les niveaux», selon un communiqué de la Nba. «Les ligues utiliseront chacune leurs plates-formes et ressources individuelles pour promouvoir l’égalité des sexes parmi les fans et les principales parties prenantes, et collaboreront avec des partenaires corporatifs et communautaires sur de nouveaux programmes et initiatives de renforcement des capacités qui aident à minimiser l’écart entre les sexes dans les opérations des deux ligues.»
En outre, selon le communiqué, «la Nba et la Bal cherchent à travailler et à s’associer avec davantage d’entreprises appartenant à des Africains dans leurs activités commerciales sur le continent.» «La Basketball Africa League s’est engagée à lutter contre les stéréotypes, les préjugés et les barrières qui empêchent trop souvent les femmes africaines de réaliser leurs rêves», a déclaré le président de la Bal, Amadou Gallo Fall. «Ces initiatives contribueront à garantir que les jeunes filles et femmes de tout le continent disposent des opportunités et des ressources qui les aideront à grandir sur le terrain et dans la vie.»
La Nba a une longue histoire en Afrique et a ouvert son siège social africain à Johannesburg en 2010. Grâce à Nba Cares, le programme mondial de responsabilité sociale de la ligue, la famille Nba a créé plus de 90 endroits en Afrique où les enfants et les familles peuvent vivre, apprendre et jouer en toute sécurité.
La Jr. Nba, le programme mondial de basketball des jeunes de la ligue pour les garçons et les filles, a été mis en œuvre dans 15 pays africains. Basketball Without Borders (Bwb) Africa, le programme mondial de développement et de sensibilisation de la communauté de la Nba et de la Fiba, a été organisé 17 fois, avec 10 anciens campeurs de Bwb Africa recrutés dans la Nba.
En 2018, le projet Nba et Seed a ouvert la Nba Academy Africa, un centre d’entraînement d’élite de basket-ball à Saly, au Sénégal, pour les meilleurs espoirs masculins de toute l’Afrique et le premier du genre sur le continent. Depuis lors, neuf participantes au programme pour femmes Nba Academy Africa et Nba Academy Africa se sont engagées dans les écoles de la division 1 de la Ncaa aux États-Unis
Par Cheikh Anta BABOU
SORTIR DE L’IMPASSE AU PLUS VITE
L’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr n’est que l’étincelle qui a mis le feu à la poudrière. Malheureusement, le président Macky Sall et ses alliés refusent de faire face à la réalité
Le Sénégal indépendant a connu son lot de crises, de 1962 à 2011, en passant par Mai 68 et 1988, pour ne citer que les moments les plus difficiles. Mais les violences qui secouent notre pays depuis le 3 mars sont sans précédent. Elles sont l’expression d’une crise multiforme et profonde dont il convient de prendre la juste mesure.
L’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr n’est que l’étincelle qui a mis le feu à la poudrière. Malheureusement, le Président Macky Sall et ses alliés refusent de faire face à la réalité. Au lieu de reconnaitre la profondeur de la crise et leurs propres responsabilités, ils cherchent des boucs émissaires parmi des terroristes qui n’existent que dans leur imagination, des ennemis extérieurs du Sénégal qu’ils se gardent bien de nommer, une société civile dont ils minimisaient l’influence politique hier et qui s’avère subitement capable de mobiliser des centaines de milliers de Sénégalais à travers le territoire national. C’est insulter l’intelligence des Sénégalais que de vouloir nous faire croire que les jeunes et moins jeunes qui ont envahi les rues de nos cités, du nord au sud, de l’est à l’ouest, seraient des marionnettes à la merci d’une main invisible qui veut du mal à notre pays.
La vérité est que ces révoltés sont des citoyens qui aiment leur pays mais auxquels l’Etat a tourné le dos. Ils n’ont pas besoin d’être convaincus de la réalité de la corruption qui gangrène le gouvernement du Sénégal, des inégalités économiques et sociales criardes, d’une justice aux ordres, d’un parlement en rupture de ban avec le peuple qu’il est pourtant supposé représenter, parce que ce sont là des réalités qu’ils vivent quotidiennement dans leur chair et qui ont fini de faire du désespoir leur pain quotidien.
D’ailleurs, pour tout observateur lucide, les cibles des violences déplorables qui ont marqué les manifestations de ces derniers jours offrent la clé pour comprendre la colère légitime de ces Sénégalais. Les attaques contre les symboles de l’Etat comme les maisons de justice, les mairies et les forces de sécurité montrent la rupture du contrat social qui lie le gouvernement aux citoyens et qui est au centre de la légitimité de l’Etat de droit.
L’assaut contre les intérêts français comme les magasins Auchan, les stations Total, l’autoroute gérée par Eiffage etc. ne traduit pas un sentiment xénophobe contre la France (à ce que je sache jusqu’à présent aucun citoyen français n’a été attaqué). Il signifie un rejet du capitalisme néo-libéral incarné par la mainmise des entreprises françaises sur l’économie du Sénégal et qui sert les intérêts exclusifs de la France, au détriment de ceux du peuple sénégalais.
Les attaques regrettables contre la presse soupçonnée de soutenir le gouvernement et des maisons de certains membres du parti au pouvoir, sont l’expression d’un ras-le-bol contre une oligarchie arrogante devenue sourde et aveugle face aux souffrances du peuple. Mais tout n’est pas encore perdu. Notre pays a une profonde culture démocratique et il a en lui les ressources pour surmonter la crise. Cependant, la balle est dans le camp du Président Macky Sall. Il a le devoir de se réconcilier avec le peuple sénégalais qui lui a tout donné.
Et la voie lui est tout indiquée. Il lui suffit de retourner au programme qui lui avait valu la confiance des millions de Sénégalais qui l’avaient élu quatrième président du Sénégal.
1- Il doit “mettre la patrie avant le parti” comme il l’avait promis. Cela signifie renoncer à briguer un troisième mandat et s’engager à organiser en 2024 des élections libres et transparentes, et passer le témoin à son successeur démocratiquement élu.
2- “Instaurer une gestion sobre et vertueuse”. Cela signifie dissoudre immédiatement son cabinet pléthorique et toutes les institutions inutiles et budgétivores (Cese, Hcct etc.) qui n’ont été créées que pour caser des alliés politiques, et utiliser les ressources économisées pour alléger les souffrances du peuple.
3- “Ne protéger personne.” Cela veut dire mettre fin au système judiciaire à deux vitesses au service exclusif des puissants, renoncer à l’ingérence de l’exécutif dans l’exercice du pouvoir judiciaire, et poursuivre devant les tribunaux tous les prédateurs épinglés dans les rapports des corps de contrôle de l’Etat et de l’Ofnac.
4-Renégocier tous les contrats léonins signés avec des entreprises étrangères pour prendre en compte les intérêts du pays. Président Macky Sall, vous avez un rendez-vous avec l’histoire, ne le ratez pas.
Vous pouvez aider le Sénégal à dépasser cette impasse politique qui constitue la plus grosse menace à la stabilité de l’Etat sénégalais postcolonial, ou vous pouvez conduire le pays vers le chaos. Il n’y a pas une troisième alternative.
Cheikh Anta Babou est rofesseur d’histoire University of Pennsylvania Usa
LES ARTISTES DONNENT DE LA VOIX
Le 6 mars, au plus fort des tensions qui agitent le pays suite à l’arrestation de Ousmane Sonko, le rappeur Dip Doundu Guiss prend le chemin de son studio pour sortir FreeSenegal.
Les artistes sénégalais sont restés un moment groggy face aux évènements violents que le pays a traversés ces derniers jours. Mais le rappeur Dip Doundou Guiss est sorti du silence le 6 mars pour proposer un son, «FreeSenegal» qui tire à boulets rouges sur le «tyran» qui gouverne le pays. Le rappeur est aussi un des signataires d’un manifeste rédigé par un collectif d’artistes, de cinéastes et d’universitaires.
Le 6 mars, au plus fort des tensions qui agitent le pays suite à l’arrestation de Ousmane Sonko, le rappeur Dip Doundu Guiss prend le chemin de son studio pour sortir FreeSenegal. L’opus est incendiaire et déverse un flot de paroles sur le «tyran» qui dirige le pays et sa gouvernance. «Trop c’est trop», chante l’artiste, visiblement excédé par l’escalade de ces derniers jours avec les arrestations de certains activistes, le ralentissement d’internet et autres. Dip entonne un hymne qui raconte au détail près, les misères du peuple. Il fustige ainsi le chômage endémique des jeunes, les hôpitaux sans moyens, les accords de pêche qui ont dépouillé l’économie locale aux profits des navires occidentaux. «Le palais est le temple des voleurs tandis que Rebeuss regorge d’innocents», entonne l’artiste de Grand Yoff qui une fois de plus, dévoile son engagement au moment où les artistes de ce pays étaient plongés dans un silence prudent. Ce cri du cœur a sans doute inspiré d’autres artistes puisque quelques réactions timides ont été entendues sur la toile.
Un collectif d’artistes et d’universitaires
«Il faut que cesse l’impunité internationale du régime de Macky Sall», c’est le titre d’un nouveau manifeste signé par des artistes dont Dip Doundu Guiss et des enseignants. «Chômage massif des jeunes, accroissement des inégalités, scandales de corruption, le tout accentué par une gestion répressive de la crise sanitaire : il s’agit bien d’un ras-le-bol généralisé d’une population qui désavoue la gestion du pays par sa classe politique dirigeante», écrivent les signataires de ce collectif. Parmi eux, des cinéastes, Moussa Sene Absa, Maky Madiba Sylla, Bamba Diop, des musiciens, Wasis Diop, Nit Doff, Fou Malade, Alune Wade, des écrivains comme Khalil Diallo et des professeurs d’université. «Depuis plus d’un mois, pas un jour ne passe sans que les forces de l’ordre n’arrêtent des opposants au régime, aussi bien militants du Pastef, membres du mouvement Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp) que divers citoyens engagés. La torture, legs de l’administration coloniale maintenu par tous les régimes depuis l’indépendance, est également utilisée comme arme de renseignement», dénonce le collectif qui exige que cesse l’impunité dont ils identifient la cause. « Un système hyperprésidentialiste hérité d’une part de la Vème République française de 1958, et d’autre part de la Constitution sénégalaise de 1963 qui supprima le poste de Premier ministre après l’éviction du chef de gouvernement d’alors, Mamadou Dia, concentrant ainsi les pouvoirs dans les mains de l’exécutif», indiquent-ils.
Par Assane MBAYE
LE TRIOMPHE DE LA VOLONTE POPULAIRE
L’affaire Ousmane Sonko aura montré en effet le vrai visage des populations sénégalaises. Elles peuvent être stoïques et résilientes dans l’épreuve, mais elles savent prendre leurs responsabilités le moment venu
Dans l’histoire des luttes démocratiques, aucun régime au monde n’est parvenu à bout de la volonté populaire. Le peuple finit toujours par triompher quelle que soit la durée des luttes politiques. Le Sénégal n’a pas et n’a jamais fait exception dans ce sens. Le même peuple qui a déboulonné le régime socialiste après quarante ans de règne, défait le tout puissant Abdoulaye Wade, a fait halte au Président Macky Sall dans sa tentative avortée de museler un adversaire politique dans un contexte mondial et local de crise sanitaire ayant des répercussions néfastes dans tous les secteurs d’activité. Qu’on ne s’y trompe pas surtout. Ce ne sont pas les militants du parti Pastef, mais le peuple sénégalais dans ses différentes composantes, qui a triomphalement fait reculer le régime en place avec la libération du député Ousmane Sonko, par ailleurs, président des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef).
Dans un élan de solidarité et de soutien au leader des patriotes, il a fait barrage à une vaste opération de restriction et de violation des libertés individuelles marquée par des arrestations tout azimut de citoyens sénégalais dont le tonitruant Assane Diouf, l’activiste Guy Marius Sagna, Cyril Touré alias Thiat du Mouvement Y en a marre, et tant d’autres. Inculpé et placé sous contrôle judiciaire dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Adji Sarr, du nom de la jeune fille qui a accusé le leader de Pastef de viol, Ousmane Sonko a recouvré la liberté hier après 96h de garde à vue dans les locaux de la Section de recherche de la gendarmerie de Colobane pour troubles à l’ordre public et participation à une manifestation non autorisée. Chefs d’inculpation derrière lesquels d’ailleurs, l’écrasante majorité des citoyens soupçonnaient une volonté du régime Macky Sall de le mettre en prison dans le seul but de museler un adversaire politique devenu de plus en plus imposant sur l’échiquier politique sénégalais. Cette affaire qui a tenu en haleine l’opinion publique toute la semaine écoulée et bien avant, a en effet charrié un lot de dégâts collatéraux avec en sus, une liste macabre d’une dizaine de jeunes sénégalais, souvent tombés sous les balles des forces de l’ordre sensées pourtant encadrer les mouvements de foule. Cette situation du reste déplorable dans une démocratie comme la nôtre, est pleine d’enseignements pour les deux camps en litige et pour les citoyens sénégalais que nous sommes tous.
De la démarche bancale du ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome qui a plus fait dans la menace que dans l’apaisement de la tension pesante sur la paix civile et la cohésion nationale, à la proposition de médiation louftingue du néo transhumant Idrissa Seck (leader de Rewmi), les tenants du pouvoir ont multiplié des actes qui ont participé à envenimer la situation. De quatre morts en quatre jours, on est passé à 11 morts selon le bilan provisoire paru dans la presse nationale. Des maisons saccagées, des magasins, boutiques et essenceries pillés…C’est la triste image que le Sénégal a renvoyé au reste du monde ces derniers jours. Amenant la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest à titrer la sonnette d’alarme non sans inviter les deux parties à plus de retenue et de responsabilité. Cette situation conflictuelle trouve ses origines dans le mode de gestion même du pouvoir par Macky Sall.
Aux origines de la menace sur les libertés…
Porté à la tête de la magistrature suprême en mars 2012, le Président Macky Sall a aussitôt initié une politique de reddition des comptes sous la houlette de Aminata Touré, alors toute puissante ministre de la Justice. Dans un temps record, une vingtaine de caciques du régime défait d’Abdoulaye Wade ont été ciblés, parmi lesquels, Oumar Sarr, Ousmane Ngom, Abdoulaye Baldé aujourd’hui dans le giron immédiat de Macky Sall, et le fils de l’ancien président de la République. Si l’objectif de départ a été salué par les populations sénégalaises alors avides de reddition des comptes après douze ans de gestion chaotique et partisane du pouvoir par le régime d’Abdoulaye Wade, il a été dévoyé en cours de route. De tous les barons libéraux ciblés au départ, seul Karim Meissa Wade a été inculpé et jugé pour enrichissement illicite et condamné à six ans de prison ferme par une juridiction d’exception, en sus d’une amende de 138 milliards à rembourser au contribuable sénégalais. Libéré après trois ans d’emprisonnement, il a été finalement exilé au Qatar et écarté de la course à la présidentielle de 2019. Le dossier Karim Wade plié, le maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall a été le prochain sur la liste des personnalités politiques à abattre. L’édile socialiste s’est en effet mis à dos tout l’establishment du PartiEtat après la cuisante raclée qu’il leur a donnée à l’issue des élections locales de 2014 où sur les 19 communes d’arrondissement que comptait Dakar, il a mis les 16 dans son escarcelle.
Pour venir à bout de l’ex-Chargé de la vie politique du Parti socialiste, le Président Sall, tout comme dans les affaires Karim Wade et Sonko, a opté pour des armes non conventionnelles. Avec le soutien du tout puissant Ousmane Tanor Dieng, il monte une affaire de détournement de deniers publics contre le maire de Dakar après avoir lancé à ses trousses, l’Inspection générale d’Etat. Accusé d’avoir détourné 1 milliard dans la caisse d’avance de la ville de Dakar, Khalifa Ababacar Sall est inculpé et placé sous mandat de dépôt le 3 mars 2017. Malgré ses cris au complot pour liquider un adversaire politique, il est jugé et condamné à une peine d’emprisonnement de 5 ans ferme. Tout comme Karim Wade, il a été libéré après une condamnation qui l’empêcherait d’être candidat à une quelconque élection au Sénégal. C’est ce même procédé que le Parti-Etat a voulu user contre le leader de Pastef. Seulement, contrairement aux dossiers Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall, le régime de Macky Sall a mal choisi le moment pour instruire l’affaire Ousmane Sonko. Qu’à cela ne tienne, l’arrestation puis la garde à vue d’Ousmane Sonko a été certes le déclic des manifestations violentes enregistrées un peu partout à travers le pays et même sur l’international. Mais les véritables raisons qui ont fait sortir l’écrasante majorité des populations sénégalaises, vont au-delà de cette affaire. Les Sénégalais ont exprimé leur ras-le-bol des difficultés économiques auxquelles ils font face depuis plus d’un an. Ils ont en effet faim et ils l’ont montré à travers les actes de pillage des magasins, boutiques et autres banques. Ils ont besoin de mesures économico-sociales beaucoup plus pertinentes pour assurer leur survie dans un contexte de crise sanitaire qui a mis à genou le tissu économique national et mis à terre la majeure partie des entreprises, occasionnant du coup, beaucoup de perte d’emplois.
L’affaire Ousmane Sonko aura montré en effet le vrai visage des populations sénégalaises. Elles peuvent être stoïques et résilientes dans l’épreuve, mais elles savent prendre leurs responsabilités le moment venu. Elles ont certes mis beaucoup de temps, mais elles se sont défait du régime socialiste, elles ont bouté Abdoulaye Wade hors du pouvoir quand sa gestion de l’Etat était devenue très partisane. Ces derniers jours, elles ont envoyé un premier signal fort que devra décrypter avec humilité et subtilité le régime de Macky Sall. S’il n’a pas déjà ouvert la boite de pandores le conduisant à sa perte programmée.
Assane Mbaye est journaliste
LE GROUPE BBY PARLE D’«AGITATIONS PUERILES» DE L’OPPOSITION
L’Assemblée a levé l’immunité parlementaire de Sonko «en toute responsabilité» et à une «large majorité».
L’Assemblée a levé l’immunité parlementaire de Sonko «en toute responsabilité» et à une «large majorité». C’est pourquoi la majorité parlementaire qualifie le dépôt de la demande de suspension des poursuites contre Sonko d’«agitations puériles».
Les députés de l’opposition ont déposé hier une demande de suspension des contre Ousmane Sonko. Ce que le groupe parlementaire Benno bokk yaakaar qualifie d’«agitations puériles». Dans un communiqué signé par son président, Aymérou Gningue, la majorité rappelle que «c’est en toute responsabilité que l’Assemblée nationale, à une très large majorité, a décidé de lever l’immunité parlementaire de l’intéressé».
Au surplus, ajoute-t-elle, «la décision prise par le juge de placer Monsieur Ousmane Sonko sous contrôle judiciaire n’entame en rien les capacités de l’intéressé à assumer les charges liées à son mandat». Le groupe Bby appelle, par ailleurs, au «respect» des acteurs de justice et de leur indépendance et reste «convaincu que le débat public loyal et contradictoire devant le tribunal fera jaillir la vérité».
Alors que d’aucuns considèrent la libération du leader de Pastef comme une reculade du chef de l’Etat, Aymérou Gningue et ses camarades voient plutôt en Macky Sall «un exemple achevé de cette générosité républicaine», qui érige la lutte contre les discriminations sociales et les disparités territoriales en «marqueur de toutes les politiques publiques».
Le groupe Bby qui constate les «moments d’une extrême gravité» de ces jours, souligne que «nous ne construirons jamais notre pays, de manière durable, dans la violence et la défiance aux Institutions». A ceux qui se sont attaqués aux édifices publics et plus particulièrement ceux qui ont en charge la sécurité des personnes et des biens, la majorité parlementaire rappelle que cela peut «fragiliser notre capacité de réaction face à la menace terroriste».
A ceux qui ont voulu déstabiliser les institutions et semer le chaos dans notre pays, il leur fait comprendre que «c’est ouvrir la voie à des forces prédatrices, tapies dans l’ombre, qui ont les richesses naturelles du Sénégal pour cible».
C’est pourquoi le groupe Bby, qui renouvelle sa «confiance» au Président Macky Sall, en appelle à la «responsabilité de chacun et de tous» d’œuvrer «pour le retour de la paix, dans la vérité», mais aussi «pour trouver les solutions qu’appelle la situation de l’heure».