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28 juin 2025
LA CONTESTATION S'ARRETERA-T-ELLE?
Difficile de dire pour l'instant si sa libération mettra un terme à la tourmente en cours à Dakar et dans d'autres villes. Pour de nombreux Sénégalais, cette contestation dépasse désormais la personne d’Ousmane Sonko.
Avant la décision du juge de libérer le député, l’opposition et les organisations de la société civile avaient lancé un appel à la désobéissance civile.
Un juge de Dakar a ordonné lundi la libération sous contrôle judiciaire du député Ousmane Sonko dont l'arrestation la semaine dernière a déclenché des émeutes meurtrières à travers le Sénégal.
M. Sonko, 46 ans, avait été arrêté mercredi alors qu'il se rendait au tribunal pour répondre à une convocation dans une affaire où il est soupçonné de viol. Il clame son innocence et devra répondre devant le tribunal à une date ultérieure, vu qu'il a été inculpé.
Difficile de dire pour l'instant si sa libération mettra un terme à la tourmente en cours à Dakar et dans d'autres villes. Pour de nombreux Sénégalais, cette contestation dépasse désormais la personne d’Ousmane Sonko.
"Nous avons faim, nous avons soif, cette situation est plus qu’insupportable". Ces mots sortent de la bouche d'un père de famille qui crie au secours. Il a du mal, dit-il, à joindre les deux bouts, à cela s'ajoute une situation socio-politique délétère.
Il n'est pas le seul Sénégalais qui dit vivre un certain malaise en ce moment. Des personnes tuées, des centaines de blessés, des biens publics et privés saccagés, cet habitant de Dakar dénonce le discours du ministre de l'Intérieur qui a attisé le feu, d’après lui.
"Le discours du ministre de l'Intérieur n'a aucun sens. On s'attendait à ce qu'il nous tienne un discours de paix, d'apaisement. Mais au contraire il a envenimé la situation", fustige-t-il.
Le président sénégalais Macky Sall fait un geste en s'adressant à la réunion d'été de l'association patronale MEDEF au complexe hippique de Longchamp, à Paris le 27 août 2020.
Les plus jeunes sont entrés dans la danse et dénoncent la mauvaise conjoncture économique, le chômage, entre autres calamités.
"Ce combat va au-delà de l'affaire Ousmane Sonko. Il y a tellement de choses à pointer du doigt. Rien ne marche dans ce pays", affirme un jeune ayant requis l’anonymat.
Ailleurs, Doudou Diop, un menuisier, dit qu'il n'apprécie guère les violences, les agressions et les cas de vols constatés au quotidien. Pour lui, il faut préserver la paix sociale qui a toujours été la force du Sénégal.
"Il faut que les Sénégalais se calment un peu et surtout qu’ils arrêtent les pillages. Prenons l'exemple de Auchan ou encore de Total, de nombreux Sénégalais y travaillent et risquent de tout perdre. Cela va plonger davantage le pays dans une crise économique sans précédent. Tout ceci me fend le cœur, il faut qu’on se calme", supplie-t-il.
Avant la décision du juge de libérer le député, l’opposition et les organisations de la société civile avaient lancé un appel à la désobéissance civile. Le mot d'ordre sera-t-il annulé ? Difficile de le dire pour l'instant. Entre temps, l’armée sénégalaise a été déployée à Dakar avec des blindés pour parer à toute éventualité.
ON NE VA PLUS NÉGOCIER NOS LIBERTÉS
Le leader du Grand Parti a fait face à la presse après la libération de l'opposant Ousmane Sonko
"Nous sommes debout pour que la démocratie et la liberté puissent triompher au Sénégal", a déclaré Malick Gakou face à la presse. Pour le leader du Grand Parti, il s'agit d'une victoire du Sénégal.
"Nous célébrons une victoire, la victoire des Sénégalais. Le peuple s'est mobilisé pour que la liberté, le droit et la justice puissent triompher", a souligné Malick Gakou après la libération du leader de Pastef Ousmane Sonko placé sous contrôle judiciaire.
Malgré tout, "Nous allons continuer à nous battre pour que tous les détenus politiques puissent être libérés", ajoute Malick Gakou selon qui "les victimes ne doivent pas être sacrifiées".
SONKO APPELLE À LA MARCHE
L’information vient d’être livrée par le porte-parole du parti Pastef / Les Patriotes, Me Abdoulaye Tall, intervenant au domicile de l’opposant, à la Cité Keur Gorgui.
A peine retourné chez lui, après son placement sous contrôle judiciaire, ce lundi, 8 mars, l’opposant Ousmane Sonko lance une invitation à participer à la marche prévue cet après-midi, à la Place de la Nation, ex-Obélisque. C’est d’ailleurs à la fin de cette marche qu’il fera sa déclaration, vers 18 heures.
L’information vient d’être livrée par le porte-parole du parti Pastef / Les Patriotes, Me Abdoulaye Tall, intervenant au domicile de l’opposant, à la Cité Keur Gorgui.
DÉCLARATION DE MACKY SALL CE SOIR À 20 HEURES
Selon des sources, le chef de l’Etat va, aussi, lever les mesures restrictives, notamment le couvre-feu. Des mesures fortes sont attendues lors de cette allocution.
Macky Sall s’adresse à la Nation, ce lundi, à 20 heures. Le chef de l’Etat va se prononcer sur la série de manifestations suite à l’arrestation de Ousmane Sonko. Près de 10 morts ont été déplorés depuis le début de ces manifestations.
Selon des sources, le chef de l’Etat va, aussi, lever les mesures restrictives, notamment le couvre-feu. Des mesures fortes sont attendues lors de cette allocution.
Le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome avait déjà annoncé l’allègement du couvre-feu dans une déclaration à la Nation, vendredi.
LE COMPLOT A AVORTÉ
Selon Me Ciré Clédor Ly le procureur de la République doit démissionner le doyen des juges pareillement et tous les magistrats qui ont toujours été à la solde du pouvoir exécutif et qui ont fait que l’Etat de droit a reculé
Ousmane Sonko placé sous contrôle Ousmane Sonko. Selon son avocat, Me Ciré Clédor Ly, son client est inculpé pour viol et pédophilie. Le doyen des juges a visé l’article 320 bis du Code Pénal. En sus de ces charges, il lui est également reproché de menaces de mort.
Mais pour son avocat, Me Ciré Clédor Ly, Ousmane Sonko a été sous détention arbitraire ces derniers jours. « C’est le rapport de force qui a empêché que l’escalade continue contre Ousmane Sonko. C’est cela la réalité », a déclaré Me Ciré Clédor Ly qui n’a pas manqué de critiquer le doyen des juges et le procureur. « Il est temps qu’on se débarrasse des juges et procureurs qui pervertissent notre système judiciaire.
Le procureur de la République doit démissionner. On doit l’enlever de ce poste. Le doyen des juges aussi pareillement et tous les magistrats qui ont toujours été à la solde du pouvoir exécutif et qui ont fait que l’Etat de droit a reculé », a expliqué la robe noire.
A la question de savoir si Ousmane Sonko a répondu aux questions du doyen des juges ou s’il a gardé le silence, l’avocat de répondre : « Il a fait sa déclaration conformément aux dispositions de la loi. La loi lui permettait de faire une déclaration », a indiqué Me Ciré Clédor Ly, signalant que le placement sous contrôle judiciaire n’est pas un cadeau offert à leur client.
Cela, selon lui, conforte la thèse du complot. Car, dit-il : « en matière criminelle, la liberté provisoire, de mémoire d’homme, n’a jamais été accordée. Il faut qu’on le sache, le viol est criminalisé. Donc, tout cela permet de dire que le complot a avorté et ils reconnaissent l’existence de complot ».
par El Hadji Abdourahmane Diouf
LETTRE AU PRÉSIDENT MACKY SALL
Cette distance du père serait-elle de l’indifférence ? Avez-vous encore le cœur à l’ouvrage ? Vous devez gérer nos frustrations. C’est un devoir . Vous êtes un président sortant. Et les sortants ont vocation à sortir !
El Hadji Abdourahmane Diouf |
Publication 08/03/2021
A M. Macky Sall, président de la République du Sénégal,
M. le président,
Comme à l’accoutumée, vous ne nous parlez pas ! Quand bien même nous gémissons de la douleur profonde de voir défiler l’une des pires troubles de notre jeune pays, nous ne vous entendons pas. Notre pays bascule et nous sommes à la recherche de notre pater familias. Vous ne nous fixez pas de ligne de conduite. Vous ne nous indiquez pas de direction. Vous ne nous donnez pas de consignes. Vous ne nous donnez pas des explications. Vous nous sevrez d’instructions pendant que votre famille se déchire. À plusieurs reprises qu’il nous est donné de faire face à des malheurs de dimension nationale, nous subissons la double peine de devoir souffrir dans nos chairs et de gérer la frustration de ne pas vous entendre murmurer à nos oreilles. Vous vous auto-confinez dans un silence profond, au-delà des exigences de votre mission qui est aussi de nous rassurer.
M. le président,
Les conflictualités croisées que nous subissons ne sont ni un simple petit tourment à surmonter, ni des fulgurances colériques avec un effet de bulles de savon, encore moins de simples bravaches de salon. C’est la substantifique moelle de notre nation et de la démocratie corollaire que nous voulons bâtir qui sont en jeu. Ce scénario de l’horreur ne s’accommode pas d’un quant à soi présidentiel de très mauvais aloi. Cette distance du père serait-elle de l’indifférence ? Avez-vous encore le cœur à l’ouvrage ? Les pouvoirs qui vous sont conférés par notre Constitution font de vous le premier d’entre nous. A l’échelle de l’Etat, vous pouvez tout savoir. Vous pouvez tout. Mais en retour, vous nous devez tout. Le prestige, les privilèges et le pouvoir exorbitant attachés à vos fonctions sont assortis de sujétions compensatrices. Votre pouvoir émane des tréfonds de nos êtres. Il ne vous est pas intrinsèque. Vous devez nous aimer, nous dorloter et nous protéger. Vous ne pouvez pas nous ignorer ou nous mépriser. Vous devez gérer nos frustrations. C’est un devoir !
M. le président,
Nos morts ne sont pas fictifs. Ils sont connus et identifiés. Certains ont déjà une sépulture. Ils auraient mérité un tweet, un mot, un égard, une compassion. Ils sont de votre famille et méritent le deuil de la nation que vous incarnez. Ils ont récemment été des centaines à se noyer au fond des océans. Un pudique silence d’Etat a semblé accompagner les larmes de leurs familles. Tous décédés qu’ils sont, quelles que soient la forme et les circonstances, auraient mérité un peu plus d’empathie de la nation qu’ils avaient choisi de servir, sous votre conduite. Sans jeu de substitution malsain, je présente mes condoléances à mes compatriotes et aux familles des disparus. À vous M. le président, je vous présente mes condoléances les plus attristées en espérant ne pas avoir à les réitérer les prochains jours.
M. le président,
Quand nos jeunes déversent leur trop plein de frustration dans la rue, ils ne vous défient pas, ils vous appellent au secours. Quand nos forces de sécurité tentent de maintenir un minimum d’ordre dans la rue, ils sont loyaux à la République que vous incarnez. Quand ces jeunes et ces forces de l’ordre s’embrassent sous des effluves d’émotion, ils vous font un clin d’œil. Ils demandent à avoir un intercesseur institutionnel, vous en l’occurrence, pour leur rendre la fierté de leur stabilité nationale perdue. Nos jeunes sont frustrés. Ils n’ont pas de réponse à leurs problèmes. Ils ne comprennent pas les inégalités sociales grandissantes. Ils vous ont fait confiance. Leur énergie débordante doit être canalisée, par vous ! Leurs frustrations doivent être encadrées, par vous ! Et même leurs irresponsabilités ponctuelles, nées des atermoiements d’un tourbillon infini d’incertitudes doivent être prises en charge, par vous ! Cette jeunesse qui se trémousse dans la rue depuis quelques jours n’est pas dans la défiance gratuite de votre autorité. Elle vous demande de changer de cap vers une gouvernance plus inclusive, moins partisane. Elle vous exhorte à transcender nos différences et à rassembler votre famille. Elle vous rappelle que les 2.555.426 Sénégalais qui vous ont élu ne doivent avoir aucune prise exclusiviste sur l’institution que vous incarnez. Elle vous rappelle que la prise en compte des minorités est un impératif d’une gouvernance éthique et juste. Elle vous rappelle qu’il faut honorer les aspirations des vaincus, pans entiers de la famille qu’il ne faut surtout pas marginaliser. Elle vous rappelle que vous avez l’obligation d’organiser nos pluralités pour assouvir notre dessein commun.
M. le président,
Quand des femmes, mères de famille, sœurs, cousines, tantes, sont embastillées pour délit de militantisme et négation d’un simple droit à l’expression, l’autorité qui les brime et qui puise sa force du même corpus constitutionnel qui nous oriente tous met en danger son impartialité et trace les sillons de l’arbitraire. C’est votre responsabilité ! La flamme de ces femmes n’est pas à éteindre. C’est le socle de notre fierté nationale. C’est la puissance de notre nation. Elles sont les dignes sœurs des femmes casamançaises qui, dans la même séquence temporelle, ont administré au monde entier une belle leçon de patriotisme et de responsabilité, en marchant pacifiquement et en chantant l’hymne de l’amour. Elles sont toutes de la lignée des femmes de Nder que nous célébrons aujourd’hui. Vous devez les honorez !
M. le président,
Notre démocratie procède d’une quête perpétuelle. Elle est de jour en jour affinée et la presse de notre pays y joue un rôle majeur. Elle a besoin de respect et de considération. Vous devez la valoriser en en faisant votre interlocutrice privilégiée. Elle n’est pas moins glorieuse que la presse internationale qui semble avoir vos faveurs. Elle est digne, en progression continue, et a besoin d’être soutenue. Elle ne mérite pas vos foudres, comme elle ne mérite pas aussi celles des hordes déchainées de pilleurs qui les caillassent et les incendient. Maintenez la debout et vous aurez la reconnaissance du peuple. Rallumez les signaux ! Laissez émettre les fréquences ! Veillez à ce que nos connexions internet et nos réseaux sociaux ne souffrent d’aucune restriction. Laissez votre peuple s’exprimer, y compris pour vous manifester ses désaccords. Veillez à ne pas les jeter dans la rue. À défaut, vous aurez tout perdu d’avoir gagné.
M. le président,
Notre pays vit des transitions économiques douloureuses au-delà de la normale. La Covid-19 nous impacte tous au-delà des prévisions. Et ce n’est pas encore fini. Les efforts faits par l’Etat sont très en deçà des attentes et votre gouvernement semble ne pas avoir compris les subtils décrochages socio-économiques qui nous vexent au quotidien. L’Etat ne semble pas avoir bien cerné les méandres de sa responsabilité, sans faute certes, mais responsabilité quand même dans la profonde précarité de ses citoyens. Nous subissons des dures conditions économiques par amour de la patrie, par solidarité à notre Etat dans des circonstances exceptionnelles et de force majeure sanitaire. Nous subissons des dures dégradations sociales par patriotisme en nous laissant administrer par des règles contradictoires qui se superposent à l’infini. Acceptez que nous puissions être inquiets et que nous vous demandions des comptes. Nos misères économiques, fines ou criardes, demandent à être contenues. À défaut, elles se muent en frustrations et se déversent dans la rue, sans pillages ni actes de banditisme qu’aucun patriote ne saurait cautionner.
M. le président,
Depuis 2012 au moins, la gestion de la compétition électorale dans notre pays cristallise des frustrations aigues. Vous ne les percevez sûrement pas, tant vous avez le privilège de fixer les règles du jeu, à votre convenance, et d’être du camp des vainqueurs. Nous aurions aimé avoir une palette large de choix de profils à qui confier nos destins. Cela n’a pas été le cas. Nous avons été aiguillonnés à notre corps défendant. Nous aurions aimé que le corps électoral s’exprimât dans son entièreté. Il a été mutilé de sa partie jeune, électeurs potentiels sans possibilité d’exprimer leur choix. Cette frustration se déverse aujourd’hui dans la rue. Ce double rétrécissement du corps électoral et des profils de présidentiables sont les ferments d’une légitimité tronquée qui s’exprimera tant qu’ils ne seront pas corrigés. C’est la même situation dans la gouvernance de nos collectivités locales. Il arrive que les gouvernés s’accommodent des errements de leurs gouvernants, avec la jubilation intérieure de pouvoir opérer les changements voulus à date échue. La dépossession de cet agenda, en l’occurrence par les forces du pouvoir central, est une frustration qui se déverse aussi dans la rue.
M. le président,
Comme nous l’enseigne la doxa démocratique, « Nemo Natus Ad Imperieum, Nul n’est né pour commander » ! Vous non plus ! Nos frustrations viennent aussi du manque de prévisibilité de la prochaine élection présidentielle. Ce pays et son peuple sont las de devoir mener les mêmes batailles, faire les mêmes sacrifices et verser régulièrement des larmes et du sang, à intervalles réguliers, juste pour se choisir leur serviteur suprême. Ce pays est malade de n’avoir pas de conscience historique qui lui serve à capitaliser ses expériences. Ce pays est malade de devoir toujours assumer des leçons non sues. Par-delà notre Constitution avec ses clauses d’éternité d’une fugacité inquiétante. Par-delà notre justice constitutionnelle seule habilitée à examiner et à déclarer la liste des candidats à l’élection présidentielle. Par-delà les éternels jeux électoraux, égotiques et partisans, vous devez vous déterminer quant à votre candidature, ou pas, à la prochaine élection présidentielle. Mieux, vous avez le devoir moral de vous déterminer dans le sens d’une non-candidature. Vous avez le devoir d’éviter à notre pays le scénario d’horreur des années 2011/2012. Vous devez démêler tous les écheveaux politiques et nous préparer à une passation fluide du pouvoir le 3 Avril 2024, dans 1122 jours précisément. Vous n’avez plus la possibilité de vous représenter. Vous êtes un président sortant. Et les sortants ont vocation à sortir ! Vous rendrez alors un grand service à ce pays qui vous a tant donné et vous entrerez dans l’histoire avec le mérite d’avoir balisé un chemin à votre successeur. Et vous élargirez le champ des possibles à votre peuple ! Et nous vous en serons éternellement reconnaissants.
M. le président,
Vous vous essayez à des réformes économiques, parfois heureuses, d’autres fois malheureuses. Vous semblez accorder beaucoup de crédit aux investisseurs étrangers, à juste titre. L’image que nous leur projetons n’est cependant pas reluisante. Elle va contribuer à rendre vains tous vos efforts. Plus que jamais, notre pays fait l’objet de fortes convoitises. Il doit gérer des transitions commerciales, pétrolières, gazières. Il devra subir les assauts de la réalité de paradigmes géopolitiques qui nous laissent peu de marges. Notre salut viendra du bloc de granit que nous devons constituer, cimenté par des forces internes, avec un capitaine d’équipe inébranlable. Ce bloc national pourrait vaciller si les ajustements internes nécessaires ne sont pas opérés, pour que cette situation de chaos cesse le plus rapidement. Cela relève de votre responsabilité !
M. le président,
Je vous prie de remercier de notre part nos forces de défense et de sécurité qui gèrent nos frustrations pendant que nous restons à macérer nos rancunes et nos rancœurs bien sénégalaises. Nos forces de sécurité et de défense sont républicaines. Elles ont été loyales à Senghor, à Diouf, à Wade et aujourd’hui à vous. Elles seront loyales au cinquième président, et au sixième et au septième. C’est leur culture, leur âme, leur rôle et leur devoir. Elles n’y dérogeront pas. Nous n’attendons pas d’eux une rupture de la légalité constitutionnelle. Elles le savent et elles ne failliront pas. Nos espoirs sont en elles. Elles sauront nous protéger. Pour que le Sénégal vive !
M. le président,
Nous sommes un peuple uni. Nous sommes un peuple ingénieux. Nous sommes un peuple qui a toujours su déjouer les pièges de l’histoire. Nous avons beaucoup de difficultés, mais nous tendons vers le meilleur avec la certitude d’y arriver. Nous aspirons à un avenir radieux pour nos enfants. C’est pour cela que nous pensons que la raison va prévaloir. Nous savons que ce pays ne sera jamais jeté en pâtures. Nous sommes responsables et patriotes. Et nous vous avons confié notre destin. C’est de votre responsabilité de nous protéger !
Que la paix soit avec nous et que Dieu préserve le Sénégal !
LES AMBASSADEURS DE L'UE APPELLENT À LA RETENUE
Ils rappellent que "le Sénégal a une longue histoire d’Etat de droit, de démocratie participative, de tolérance et de respect des droits humains, autant de valeurs que nous partageons"
Les ambassades de l’Union européenne et de ses Etats appellent à la retenue et à éviter la violence dans l’affaire du député Ousmane Sonko, le leader de PASTEF/les Patriotes
L’opposant, arrêté mercredi pour trouble à l’ordre public, a bénéficié d’une levée de sa garde à vue.
Il doit être présenté ce lundi au doyen des doyens des juges, après une plainte d’une employée d’un salon de massage dakarois pour viols et menaces de mort.
Après son arrestation, de nombreuses manifestations ont éclaté à Dakar et dans plusieurs autres villes du pays, entrainant des destructions de biens publics et privés. Au moins cinq personnes ont été tuées.
Un nouvel appel à manifester a été lancé pour une durée de 72 heures, par des partis d’opposition et des mouvements de la société civile.
Dans un communiqué rendu public dimanche, les ambassadeurs de l’UE et de ses Etats membres appellent à "la retenue, à éviter la violence, à la protection des personnes et des biens ainsi qu’à une restauration pacifique du calme et du dialogue".
Il rappelle que "le Sénégal a une longue histoire d’Etat de droit, de démocratie participative, de tolérance et de respect des droits humains, autant de valeurs que nous partageons".
Ils disent observer "avec préoccupation les incidents de violence" de ces derniers jours dans le pays. "Nous déplorons les victimes et exprimons nos condoléances à leurs familles et à leurs proches."
DÉCÈS DE DJIBRIL TAMSIR NIANE
L’écrivain et historien guinéen est mort dans la nuit de dimanche à lundi à Dakar, des suites d’une longue maladie
L’écrivain et historien guinéen Djibril Tamsir Niane est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à Dakar, des suites d’une longue maladie, indiquent plusieurs médias sénégalais.
Spécialiste de l’Empire du Mali, Djibril Tamsir a notamment écrit Soundjata ou l’épopée mandingue.
Djibril Tamsir Niane est le père de Katoucha Niane, l’une des premières mannequins noires internationale.
PAR Tariq Ramadan
LE SÉNÉGAL SUIT LES TRACES DE SON COLONISATEUR
Ce n'est pas le calme au Sénégal qui est en jeu, c'est surtout les intérêts de l'Etat français ou de PDG de multinationales, comme Bolloré, qui sont à risques
La France est historiquement une habituée de l'élimination juridique, médiatique et même parfois physique des personnalités politiques qui la gênent. On sait ce qu'il est advenu de certains leaders, de Lumumba à Ben Barka, ou à Sankara...
Voilà que le Sénégal, bon élève et aux ordres, suit les traces de son ancien et continuel colonisateur. Ce n'est pas le calme au Sénégal qui est en jeu, c'est surtout les intérêts de l'Etat français ou de PDG de multinationales, comme Bolloré, qui sont à risques.
Les quelques mots de Sonko lèvent le voile sur la force de sa pensée et le danger de son propos. Le reste, c'est de la mise en scène pour l'écarter... ou peut-être pire.
FEMINISTE PAR CONVICTION
Si on a choisi de militer pour le respect des droits des femmes et les violences basées sur le genre, il ne devrait pas y avoir «d’exception même si la situation est très compliquée»,selon Fatou Warkha Samb
Si on a choisi de militer pour le respect des droits des femmes et les violences basées sur le genre, il ne devrait pas y avoir «d’exception même si la situation est très compliquée». C’est la conviction de Fatou Warkha Samb du collectif «Dafa doy» et fondatrice de la plateforme Warkha Tv. Cette militante pour les droits des femmes et la lutte contre les violences, rappelle qu’elle lutte par «conviction mais pas par convention». A travers sa chaine de télévision en ligne, elle mène la lutte pour le respect des droits des femmes contre les violences.
C’est l’un des visages des nouvelles militantes pour le respect des droits des femmes et des enfants au Sénégal. Agée de 32 ans, Fatou Warkha Samb aime répéter qu’elle s’est engagée dans cette lutte pour le droit des femmes par «conviction mais pas par convention». La preuve avec cette affaire Sonko-Adji Sarr dans laquelle même les organisations féminines les plus connues ont choisi de ne pas se prononcer publiquement pour apporter leur soutien comme elles l’ont toujours fait, à une présumée victime de viol. Tout le contraire de Fatou Warkha Samb et d’autres jeunes militantes. Cette jeune femme estime que la première réaction en tant que militante, c’est d’apporter « soutien et solidarité » à Adji Sarr. «Les politiques sont dans leur rôle de théoriser le complot mais ils devraient nous laisser, nous qui sommes des militantes, nous qui nous sommes engagées à soutenir les victimes, d’être dans notre rôle d’alerte, d’écouter Adji Sarr. Maintenant, être avec Adji Sarr, cela ne veut pas dire que Adji Sarr a raison, mais cela veut juste dire qu’elle doit être entendue et soutenue jusqu’à preuve du contraire. Parce que si on se rend compte qu’on a fait du tort à Sonko, cela va nous faire mal parce qu’à la base nous sommes des militantes pour le respect des droits humains. Nous voulons que le droit de toutes les parties soit respecté». Voilà qui est dit, pour Fatou Warkha Samb. Dans le militantisme, pas de demi-mesure, il ne devrait pas y avoir «d’exception même si la situation est très compliquée».
Engagement pour les femmes
Sa détermination et son engagement pour la cause des femmes en bandoulière, cette militante informe que, déjà très jeune, même au sein de sa famille, elle considérait qu’elle devait être traitée au même pied d’égalité que ses frères. A ce propos, elle se rappelle avoir refusé en rentrant de l’école, de faire la vaisselle, estimant que ce n’était pas juste parce que pendant ce temps, ses frères étaient devant la télé. Cet engagement, elle le poursuit également au sein de sa communauté à Pikine, dans la banlieue dakaroise. Alors qu’elle n’était encore qu’en classe de Cm2, Fatou Warkha Samb s’est engagée au sein d’une association communautaire de base pour lutter contre les violences faites aux enfants. Après son Bac, Fatou Warkha Samb est orientée au département de Philosophie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar où elle va s’arrêter en année de licence.
A un moment donné elle décide d’arrêter ses études à l’Ucad. Pour elle ayant toujours voulu être journaliste, il fallait trouver les moyens de continuer son militantisme tout faisant sa passion. Après sa formation en journalisme, elle crée Warkha Tv, une chaine de télé en ligne. Même si au début elle révèle qu’elle n’avait «aucune idée du contenu», ayant constaté par la suite que le contenu dans les chaines de télé par rapport à la femme n’était pas assez valorisant, et surtout le mutisme autour du viol et des violences faites aux femmes, Fatou Warkha Samb décide de faire de cette plateforme un espace communautaire de communication pour la promotion des droits des femmes. Un pari selon elle, risqué, «si on veut avoir des revenus». Parce que pour cela, déclare-t-elle il faut « mettre un contenu qui va attirer les internautes, faire le buzz, parler de politique». L’engagement pour le respect des droits des femmes ayant pris le dessus, elle choisit comme contenu «des discussions autour du féminisme, l’engagement des femmes dans des associations communautaires de base et aussi de donner la parole aux victimes de viol et violence». Membre fondatrice et vice-coordonnatrice du collectif Dafa doy, elle a porté avec d’autres associations féminines le combat pour la criminalisation du viol. Après plusieurs années de plaidoyer, la loi a été votée en décembre en 2019. Une satisfaction pour elle, même s’il reste encore beaucoup de choses à faire pour le respect des droits des femmes. Fatou Warkha Samb pense «notamment au code de la famille, qui prône la puissance paternelle au détriment des femmes, à l’avortement médicalisé».
Son plaidoyer aujourd’hui, c’est l’autorisation de l’avortement médicalisé en cas de viol et d’inceste. «Les avortements clandestins sont une réalité. Beaucoup de femmes en souffrent, des femmes, des filles sont emprisonnées à cause d’infanticide, des fœtus sont découverts au niveau de Mbeubeuss. Malheureusement, ce sont celles qui n’ont pas assez de moyens qui en souffrent, les autres, quand elles veulent avorter, elles le font dans des cliniques ou sortent du pays. Pour moi, pour plus d’équité et de justice sociale, on devrait autoriser l’avortement en cas de viol et d’inceste», plaide-telle. Autre appel lancé parce cette jeune dame, c’est le changement dans la célébration du 8 mars. Pour elle, il faut mettre fin au folklore et aux animations et se concentrer sur les revendications. D’après Fatou Warkha Samb, c’est plutôt l’occasion pour faire le point sur le respect des droits des femmes, sur la lutte sur les violences basées sur le genre.
Mettre fin au folklore du 8 Mars
En tant que féministe assumée, des critiques elle en reçoit à la pelle. Mais pour elle, pas question d’y prêter attention. Fatou Warkha Samb rappelle que le féminisme ne vient pas de l’occident, parce que les femmes au Sénégal ont toujours été des battantes. « Je n’ai pas lu Simone De Beauvoir et je l’ai fait exprès, parce que mon militantisme je ne le tire pas de son influence. Moi, mon féminisme vient de ce que mes grands-mères faisaient. Peutêtre que je suis Walo Walo. J’ai vu aussi ma mère se battre pour l’éducation de ses enfants. C’est de là que viens mon militantisme», tient-elle à rappeler. A ceux qui disent que les féministes sont des révoltées ou pas assez belles, elle répond : « Révoltés ? Non on est juste conscientes de nos droits. Vilaines ? Je ne le pense pas. Je fais le choix de ne pas me maquiller. Il s’agit d’aider les femmes à s’affirmer telles qu’elles sont. Les critiques ne m’affectent pas je sais qui je suis, je sais ce que je suis capable de faire et je suis ouverte d’esprit ».