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28 juin 2025
par Mamadou Bamba Ndiaye
JEAN-LUC MÉLENCHON, IL FAUT ÉCOUTER AVANT D’ENTENDRE
Comment pouvez-vous appeler à « assumer tranquillement » une histoire faite d’esclavage et de colonisation ? Nos jeunes ont quitté le 20ème siècle. Mais vous, pas encore. La France s’accroche encore aux facilités du parasitisme colonial
Monsieur le président, je fais partie de ceux qui souhaitent que les Français aient la lucidité de vous choisir à l’occasion de la prochaine élection présidentielle. Sans doute la France y gagnerait-elle une réconciliation avec elle-même, c’est-à-dire une acceptation de son identité composite lui permettant d’éloigner les menaces d’affrontements intercommunautaires qui pointent à son horizon.
Je comprends que mon vœu est celui d’un homme formaté en « ami de la France » depuis son plus tendre âge. Sans l’avoir choisi. La colonisation nous a rendus « presque » Français, contrairement à nos enfants qui apprennent la langue chinoise ou savourent les séries sud-coréennes. La fraction scolarisée de notre génération – ultra minoritaire il est vrai – a milité dans toutes les sensibilités et nuances de la gauche française. Et le 10 mai, j’étais à La Bastille. Comme vous, j’imagine.
Mais, étant devenu comme vous « patriote et internationaliste », je n’ignore pas que, si vous pouvez être un meilleur président pour la France, vous pourriez, pour nous autres des colonies – ou semi colonies ou néo colonies, c’est strictement pareil – n’être qu’un président français comme les autres.
Quelques passages de votre texte le font craindre. Pour l’histoire, retenez qu’aucun député sénégalais n’était présent aux États-Généraux de 1789. Juste un cahier de doléances envoyé par quelques esclavagistes de Saint-Louis qui râlaient contre l’abolition de la Traite des Nègres. Comment pouvez-vous appeler à « assumer tranquillement » une histoire faite d’esclavage et de colonisation ? Pourquoi ne pas simplement dénoncer ces crimes contre l’humanité ? Pour autant, nul ne vous réclamerait des excuses ou des indemnités. Sauf pour rire bien sûr.
Monsieur le président, le discours macroniste avait rendu nos chefs d’État coupables et punissables de l’existence d’un « sentiment antifrançais » dans nos pays. Vous, vous avez corsé l’addition en parlant de « haine antifrançaise ». Qu’est-ce qui vous fait parler de haine ? Les Auchan que l’on pille ?
Apprenez en passant qu’ici Auchan ne symbolise pas la vie chère, comme vous le dites, mais plutôt le contraire, la baisse des prix comme technique de dumping permettant d’asphyxier à mort le petit commerce local. Les propriétaires d’Auchan, Total, Orange, Eiffage, etc., ne perdent pas un sou avec les pillages. Ils pourraient en gagner en grugeant les assurances. Ces propriétaires ne sont peut-être même plus des Français aujourd’hui. Pensez-vous vraiment que, comme vous l’écrivez, ils « aiment le Sénégal non pour le piller mais comme on peut aimer un lieu et une population » ? En réalité, Auchan symbolise simplement la perception d’une présence étouffante, insatiable et appauvrissante du colonisateur.
Si vous écoutez le saccage des Auchan, vous entendrez un cri de douleur qui n’est même pas de la haine. Nos jeunes – à qui personne n’a inculqué à coup de trique que « nos ancêtres les Gaulois avaient les cheveux blonds et les yeux bleus » – s’en moquent éperdument. Ils ne se définissent plus par rapport à la France, ni pour la haïr, ni pour l’aimer, encore moins pour se faire traiter gentiment de « pays phare de la Francophonie », comme vous l’avez écrit. Écoutez ce proverbe d’ici : « Préférer mes intérêts aux vôtres ne signifie pas que je vous hais ».
Nos jeunes ont quitté le 20ème siècle. Mais vous, pas encore. La France s’accroche encore aux facilités du parasitisme colonial. Elle refuse de consentir les reconversions déchirantes qu’elle aurait dû engager depuis la seconde guerre mondiale. Elle pense qu’elle pourra vivre éternellement du siphonage des économies « francophones » captives. C’est une illusion. Il lui faudra apprendre à vivre autrement que sur le dos des autres. Par exemple apprendre à se passer du Franc CFA qui est déjà irréversiblement condamné par l’histoire. Votre collègue Lecoq a dénoncé à la tribune du Palais Bourbon « une fausse réforme du franc CFA faite pour mieux maintenir les intérêts économiques français en Afrique de l’Ouest ». Sur ce sujet crucial, nous vous avons écouté mais à peine entendu.
Vous dites vrai, monsieur le président. Les vents mauvais qui soufflent sur le Sénégal en ce début mars sont porteurs de messages très puissants. Ils nous parlent d’abord à nous-mêmes, Sénégalais. Ce sont des messages sur les changements profonds que nous devons apporter dans tous les domaines de la gouvernance de notre pays. Nous les entendons.
C’est pourquoi nous ne pouvons entendre que vous sembliez réduire la crise sociale que nous traversons au dossier judiciaire concernant un opposant accusé de viol par une jeune fille qu’il reconnaît avoir fréquentée. Dites-moi, comment réagissez-vous en France quand un député est accusé de viol ? Vous dites que c’est un complot politique ? Vous faites des émeutes pour obliger le président de la République à enterrer le dossier judiciaire ?
Je précise que, pour ma part, je reste totalement neutre par rapport au fond du dossier. Je ne sais ni ne peux savoir ce qui s’est réellement passé entre ce député et cette fille. J’attends que la justice sénégalaise, qui n’est ni plus parfaite ni plus pourrie qu’une autre, se prononce.
Je sais cependant que le député en question ne joue pas dans nos folles « journées de mars » un rôle plus important que celui du fameux pope Gapone qui a déclenché tout seul la révolution russe de 1905 avant de s’éclipser poliment de la scène de l’histoire.
La tragédie que vous vivons présentement au Sénégal pourrait bien n’être qu’un prologue de l’ère nouvelle ouverte par la durée inhabituelle de la pandémie, par l’étendue des désastres économiques et sociaux qu’elle provoque et par l’entêtement des puissants qui font passer leur volonté d’enrichissement devant l’exigence de soulager la détresse humaine. Les vents mauvais pourraient demain souffler ailleurs. Comme si nous revenions à l’époque de l’imminence de la révolution.
Nos pays sont pris au piège. Nous y avons nos propres responsabilités. Le nier nous rendrait incapables de rectifier et progresser. Mais la meilleure gouvernance du monde serait sans effet significatif tant que subsisterait le nœud coulant que représente le Franc CFA. Le nœud coulant que représente cette abjecte dette extérieure que, malgré toutes les promesses faites ces derniers mois, on refuse d’annuler. Le nœud coulant du chantage exercé par les institutions financières internationales au nom des multinationales capitalistes. Les nœuds coulants qui nous étranglent jusqu’à l’explosion.
Nous sommes payés pour le savoir : l’éradication de la pauvreté est impossible « dans un seul pays ». Elle requiert l’action conjointe de forces dépassant largement le cadre étriqué de nos micro États ouest-africains. Cette observation laisse cependant entière notre responsabilité d’imaginer les solutions rationnelles pouvant nous permettre de survivre ici et maintenant. Comme par exemple mettre un bémol à nos stériles déchirements autour du pouvoir d’État afin de protéger notre pays de la destruction totale, à l’heure où des géo-stratèges de tout acabit estiment qu’il est temps d’en finir avec le « verrou » de la stabilité politique de l’Ouest-africain que représente le Sénégal. Et tant pis si des pyromanes nous collent l’épithète de « transhumants » !
Comme beaucoup de leaders politiques, Mimi Touré demande au président de la République, Macky Sall, de se prononcer sur les manifestations consécutives à l'arrestation d'Ousmane Sonko. Il lui demande d'exercer son statut de père de la Nation. Voici, in extenso, sa déclaration.
"En cette veille de 8 mars, Journée Internationale de la Femme se célébrant dans un contexte difficile pour notre pays, je voudrais tout d’abord m’incliner devant la mémoire de ceux qui ont malheureusement perdu la vie durant les évènements douloureux qui secouent notre pays depuis quelques jours. En tant que mère, je partage la douleur de celles qui les ont mis au monde. Aucune mère ne souhaite enterrer son enfant, ce n’est pas dans l’ordre naturel de la vie. Notre pays admiré pour sa stabilité devrait très rapidement retrouver la sérénité et la cohésion qui lui sont reconnues dans le monde entier. Tout doit être mis en œuvre pour y arriver car la stabilité et la paix n’ont pas de prix.
70% des sénégalais ont moins de 35 ans. Le Sénégal est un pays jeune et la Jeunesse doit être au cœur des préoccupations quotidiennes de nos décideurs. La Jeunesse c’est notre présent, c’est notre avenir immédiat. La crise de la Covid 19 qui sévit depuis plus d’un an a eu un impact économique terrible sur toutes les catégories sociales et tout particulièrement sur notre Jeunesse qui s’active essentiellement dans le secteur informel mais aussi sur les nombreux jeunes en quête d’emploi.
Il est urgent que le désespoir de cette Jeunesse qui s’est exprimé y compris par des actes de violence regrettables soit entendu par le Président de la République, le Père de la Nation. Aussi, je recommande au Président de la République de s’adresser à la Jeunesse de son pays afin que celle-ci comprenne qu’il les a compris. Je suggère aussi au Président de la République d’opérer dans l’urgence toutes les économies budgétaires possibles pour mettre en place un programme spécial d’urgence pour la Jeunesse avec la participation effective et transparence des organisations de jeunes et la société civiles en veillant à son exécution effective au niveau le plus décentralisé que sont les quartiers.
La commande publique de plus de 1000 milliards doit être le levier pour redynamiser le secteur informel où s’activent de nombreux jeunes. Il faut que cette crise Covid 19 qui a charrié tant de désespoir soit transformée en une opportunité pour notre pays afin de produire des emplois pour notre Jeunesse.
Pour cela, il faut d’abord que la Paix revienne et rapidement.
Au Président de la République qui détient les clés de la désescalade, nous demandons solennellement d’exercer son statut de Père de la Nation afin de renouer les fils d’un dialogue direct et franc avec sa Jeunesse et tous les segments de la Nation en vue de dépasser rapidement cette situation grosse de tous les dangers pour notre pays respecté jusqu’ici monde comme un modèle de paix et de stabilité en Afrique.
A toutes les femmes du Sénégal, je souhaite une journée du 8 mars de paix.
L'HEURE EST GRAVE !
Comme beaucoup d'acteurs, le professeur Amsatou Sow Sidibé s'est prononcé sur les manifestations qui secouent le pays depuis l'arrestation d'Ousmane Sonko.
Comme beaucoup d'acteurs, le professeur Amsatou Sow Sidibé s'est prononcé sur les manifestations qui secouent le pays depuis l'arrestation d'Ousmane Sonko.
"Monsieur le Président de la République, Monsieur Macky Sall, l’heure est grave ! Le pays est fortement secoué! En tant que Chef de l’Etat, vous êtes face à une grande responsabilité, vous êtes face à votre destin et surtout, vous êtes face au destin de votre peuple ! " interpelle l'universitaire dans un communiqué.
Professeur Amsatou Sow Sidibé lance ainsi un appel solennelle au chef de l'État mais également au peuple sénégalais.
"Votre Peuple saigne et est dans le désarroi. Vous avez l’obligation de décrisper la situation ! Prenez les décisions sages et justes, pendant qu’il est encore temps! Au peuple sénégalais, je demande de préserver notre unité et notre bien commun, le Sénégal. Que la paix revienne rapidement au Sénégal !", prie Amsatou Sow Sidibé.
JE TRANSMETS AUJOURD’HUI MA DÉMISSION AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Le capitaine Oumar Touré, Officier de police judiciaire (OPJ), en résidence à la Caserne Samba Diéry Diallo, enquêteur dans l’affaire Sonko-Adji Sarr, annonce sa démission de la Gendarmerie nationale
Le capitaine Oumar Touré, Officier de police judiciaire (OPJ), en résidence à la Caserne Samba Diéry Diallo, enquêteur dans l’affaire Sonko-Adji Sarr, annonce sa démission de la Gendarmerie nationale. Dans sa déclaration, il dit craindre pour sa sécurité ainsi que celle de sa famille. "Depuis la fuite du procès-verbal concernant cette enquête je suis suivi par des individus dont j’ignore la vraie motivation jusqu’à ce qu’on m’apprenne qu’il s’agissait des éléments de la Direction Nationale du Renseignement Sénégalais. Pour une affaire privée, j’ai été plutôt très surpris par cette mesure", a justifié celui qui a mené les auditions des concernés par le dossier dans le cadre de la plainte pour viols.
Selon plusieurs sources proches de capitaine Touré, interrogées par Emedia.sn, la lettre est bien authentique. Il avait d’ailleurs voulu faire une vidéo il y a quatre jours, mais un de ses proches à qui nous avons parlé, l’en avait dissuadé pour éviter qu’il ne s’expose. Le Capitaine Touré a ainsi confié à ses proches qu’il n’avait pas peur pour lui mais pour sa famille. "Il se sent épié, suivi, soupçonné et traqué". Nous avons contacté des autorités de la gendarmerie, mais aucune d’elles ne confirme la lettre de démission même si elles ne nient pas son authenticité. L’une d’elles, qui a accepté de nous en parler en off, veut continuer à prendre l’information avec des pincettes en nous soulignant que le capitaine Touré « était en mission et il se dit que son compte (Facebook) serait piraté. » Sauf qu’après vérification faite auprès de ses proches, Oumar Touré a lui même écrit la lettre, l’a partagée sur son compte Facebook avant de privatiser la publication. Puis, il a même partagée la lettre dans des groupes WhatsApp dont il est membre, notamment celui de ses camarades de promotion à la faculté de Droit. En rapportant ces faits à notre contact à la gendarmerie, ce dernier nous a rétorqué : « On en saura plus en l’écoutant. » Nos tentatives de joindre le Capitaine Touré sur ses deux numéros, professionnel comme privé, sont restées vaines. Les deux étant sous boîte vocale.
Aussi, Emedia a tenté de joindre le service communication de la Gendarmerie sans succès. En attendant, voici la déclaration du capitaine Oumar Touré !
"Je m’appelle Oumar Touré. Mon nom ne vous ai pas inconnu car il apparaît dans le procès-verbal de l’affaire Opposant Mademoiselle Adji SARR a l’honorable député Ousmane SONKO.
Je ne suis qu’un capitaine de Gendarmerie, qui est dans l’obligation de parler au risque de ma vie car à l’impossible, nul n’est tenu.
Depuis la fuite du procès-verbal concernant cette enquête je suis suivi par des individus dont j’ignore la vraie motivation jusqu’à ce qu’on m’apprenne qu’il s’agissait des éléments de la Direction Nationale du Renseignement Sénégalais. Pour une affaire privée, j’ai été plutôt très surpris par cette mesure.
J’ai ainsi saisi ma hiérarchie par correspondance en date du 03 mars 2021 de mes craintes pour ma sécurité et celle de ma famille.
Depuis lors, aucune mesure n’a été prise et les individus continuent leur forfaiture en suivant tous mes déplacements, allant même jusqu’à mettre sous écoute mes communications en anticipant tous mes faits et gestes. Ce qui constitue une violation de mes droits constitutionnels. Tout cela parce que je suis soupçonné à tort d’être à la solde d’un opposant que je n’ai rencontré que le jour de la remise de sa première convocation dont j’étais porteur, donc en faisant mon travail conformément aux ordres de mes chefs.
Il est vrai que je suis astreint au droit de réserve. Toutefois lorsque l’Etat n’applique pas la réciprocité en respectant ses engagements envers moi, en mettant en danger ma vie et celle de ma famille, je suis en droit de dénoncer et de prendre les sénégalais à témoin. Je tiens à informer la Communauté nationale et internationale que tout ce qui m’arrivera à moi ou à un membre de ma famille sera de la responsabilité exclusive de l’Etat du Sénégal et de la gendarmerie nationale qui n’a rien fait pour faire cesser la violation de mes droits. Qui ne dit mot, consent alors je ne peux pas rester inerte face à tout ce qui peut m’arriver dans les jours à venir.
Je défie quiconque de produire la preuve matérielle de mon contact avec le député Ousmane SONKO hormis pour le motif cité plus haut.
Rien ne justifie qu’on me surveille comme un vulgaire criminel en tant qu’un officier public. Si un officier de gendarmerie peut subir une telle discrimination pour faire plaisir à un individu je me demande comment le Sénégalais lamda sera traité. Toutes ces personnes qui prennent la fonction comme un gagne-pain, en voulant coûte que coûte se maintenir même s’il faut magouiller pour faire plaisir au chef doivent prendre exemple sur ce qui m’arrive aujourd’hui. Le jour où vous changerez de camp ou soupçonné d’être à la solde d’un opposant vous subirez le même traitement.
Par conséquent, je transmets aujourd’hui, ma démission au Président de la République du Sénégal par voie hiérarchique en renonçant volontairement et d’une manière absolue aux prérogatives attachées à mon grade.
Je préfère la faim avec la conscience tranquille que l’opulence en perdant mon sommeil et ma sécurité.
Toute ma vie, je me suis battu contre l’injustice et, maintenant c’est moi qui en ai l’objet.
Mon plus grand honneur fut de servir la patrie par le biais de la Gendarmerie, constituée en grande partie d’hommes intègres et de valeur que je n’oublierai point jusqu’ à mon dernier souffle.
Je déplore tout ce qui est en train de se passer dans notre pays pour une simple affaire. Je présente mes condoléances à toutes ces familles qui ont perdu leurs proches durant ces derniers jours.
Jeunesse Sénégalaise n’écoutez pas le discours incitateur de ce ministre de l’intérieur irresponsable, n’écoutez pas non plus le discours endormant de monsieur Idrissa SECK qui a fini d’être la risée de l’histoire et n’écoutez pas aussi ceux qui par des mots manipulent l’opinion public. Regardez plutôt le legs de Cheikh Ahmadou Bamba, de Elhadj Malick SY et de Baye NIASS et tant d’autres.
Ne demander pas la démission du Président de la République car il a été élu, attendons l’échéance électorale pour ne pas entacher notre démocratie mais toutefois, le ministre de l’intérieur, le ministre de la justice et le Procureur de la République de Dakar doivent démissionner de leur fonction.
Je tiens à apporter mon soutien à tous ces sénégalais qui ont perdu un être ou un bien. J’apporte également mon soutien à tous ces personnes qui ont demandé que justice soit faite dans ce pays.
Je remercie le commandant Mbengue et tous mes collaborateurs de la Section de Recherches. Toutes les personnes avec qui j’ai servi savent que j’aime et je respecte la gendarmerie mais pas au prix de ma dignité
J’espère que la paix reviendra dans notre cher pays merci."
par Nioxor Tine
RESTAURER LES FONDAMENTAUX DÉMOCRATIQUES
Les partis de la majorité font preuve de mauvaise foi manifeste en voulant réduire cette gigantesque équation sociopolitique posée à la gouvernance de leur mentor à une affaire de mœurs opposant deux citoyens sénégalais
Disons-le tout net ! La situation préoccupante qui règne dans notre pays depuis plusieurs jours est essentiellement le résultat de la politique mise en œuvre par président Macky Sall depuis son accession au pouvoir en 2012. Dans l’exécution de cette politique reposant sur le trépied composé d’un hyperprésident, d’un parlement croupion, non représentatif et d’une justice aux ordres, la répression, la corruption et le complot sont les éléments déterminants.
Si les recettes machiavéliques de gouvernance ont pu se montrer efficaces lors du premier mandat, c’est précisément parce que la perspective du deuxième mandat suffisait pour fédérer les entrepreneurs politiques de la majorité présidentielle.
Les choses seront différentes en 2024, parce que plusieurs partis de la majorité ont annoncé leur désir de présenter leur propre candidat aux prochaines élections présidentielles, étant entendu que la grave crise politique actuelle rend de plus en plus chimériques les rêves d’obtention d’un troisième mandat illégal pour l’actuel président.
Pour preuve, le remaniement de la Toussaint avec le débauchage d’opposants en vue n’aura visiblement pas servi à étoffer la base sociale de la coalition au pouvoir, ni à empêcher la déflagration sociale en cours, au moment où les manœuvres de succession sont à l’œuvre au sein du parti présidentiel.
Et si nous manquons cruellement de repères pour résoudre pacifiquement la crise sociopolitique en cours, c’est bien parce que la majorité Benno Bokk Yakaar s’est employée, ces dernières années, à briser les ressorts démocratiques de la Nation et à mettre en œuvre une gouvernance autoritaire et manœuvrière faite de complots incessants contre la démocratie.
La dernière conspiration en date est cette histoire mal ficelée de viol, qui pourrait se révéler beaucoup plus préjudiciable pour le pouvoir en place que pour Ousmane Sonko, l’un de ses potentiels challengers, incriminé dans cette sordide affaire.
De fait, l’arrestation du leader de Pastef a servi de déclencheur à des émeutes d’une ampleur inédite dans notre pays, traduisant des frustrations multiples particulièrement marquées au sein de la jeunesse de notre pays et qui ont occupé le devant de l’actualité vers la fin de 2020 avec les dernières vagues d’émigration clandestine.
Face à cette déferlante de défiance populaire, qui envahit le pays, les partis de la majorité ne semblent pas encore prendre la mesure des enjeux. Ou alors ils font preuve de mauvaise foi manifeste en voulant réduire cette gigantesque équation sociopolitique posée à la gouvernance de leur mentor à une affaire de mœurs opposant deux citoyens sénégalais.
Il y a fort à craindre que, pour cette fois ci, les politiciens de la majorité doivent quitter leur zone de confort faite d’un soutien aveugle d’une majorité parlementaire écrasante, de l’instrumentalisation itérative de la justice, sans oublier une propagande bien huilée, mensongère et manipulatrice.
Nous voulons parler de cette fable sur une prétendue menace terroriste, sorte d’épouvantail agité pour imposer l’immobilisme social aux masses populaires, alors que le problème réside plutôt dans un autoritarisme étatique qui fragilise le tissu social et compromet la cohésion nationale et donc la sécurité nationale.
Il est devenu plus qu’urgent pour le président Macky Sall de rompre définitivement avec son style de gouvernance actuel, d’assurer la transition vers la restauration des fondamentaux démocratiques de notre Nation, qui ont toujours agi comme des soupapes de sécurité. Lesquelles nous ont permis, jusqu’à présent, de préserver la paix civile dans notre pays et d’éviter les solutions extrêmes comme les coups d’état militaires.
Nous lançons un appel à la raison aux hommes politiques de la majorité, surtout ceux se réclamant de la gauche, afin qu’ils œuvrent à l’arrêt de la logique infernale de la violence d’État et à la décrispation politique.
par Karim Wade
LE RÉGIME DE MACKY SALL EST DEVENU ILLÉGITIME
Depuis la présidentielle truquée de 2019, il n’a qu’une seule idée en tête : se maintenir au pouvoir par tous les moyens. Tout est mis en œuvre pour servir cette forfaiture que notre Constitution exclut et que les Sénégalais réprouvent
Depuis le lieu de mon exil forcé qui m’est imposé arbitrairement par Macky Sall, j’exprime ma consternation et mon indignation face à la situation tragique dans laquelle notre pays est plongé par la folie meurtrière d’un régime aux abois. C’est l’ensemble du territoire qui est aujourd’hui secoué par cette tempête que souffle le pouvoir.
Je condamne avec force cette escalade de la violence d’État, que rien, vraiment rien, ne saurait justifier et qui va bien au-delà du cas d’Ousmane Sonko, que je salue et à qui je témoigne toute ma solidarité. J’exige la libération immédiate de tous les détenus politiques.
Je m’incline devant la mémoire de nos frères victimes d’un régime devenu illégitime et je dis toute ma compassion aux familles qui sont dans la douleur.
J’éprouve également de la peine pour tous les blessés souvent graves aussi bien du côté des manifestants que de celui des forces de l’ordre. Ces dernières doivent redoubler de vigilance et bien qu’elles soient en service commandé, faire preuve de retenue quelles que soient les circonstances dans lesquelles elles interviennent.
Je connais vos difficultés, vos frustrations et vos angoisses. Vos protestations actuelles sont significatives des problèmes des Sénégalais et des Sénégalaises qui, pour leur survie, doivent faire face à une politique peu inspirée, incohérente, sans vision pour l’avenir du pays.
Depuis l'élection présidentielle truquée de 2019, Macky Sall n’a qu’une seule idée, une idée fixe : se maintenir au pouvoir par tous les moyens.
De l'intimidation de ses alliés à la répression de ses adversaires politiques, il met tout en œuvre pour servir cette forfaiture que notre Constitution exclut et que les Sénégalais réprouvent.
Les événements en cours sont l’expression de souffrances accumulées depuis neuf ans.
Chers compatriotes,
J’accuse un pouvoir qui donne la priorité à des manœuvres politiciennes et à des manipulations électorales.
Le Sénégal a besoin de gouvernants soucieux du respect des libertés, de la démocratie et des aspirations légitimes des Sénégalais. Le Sénégal nouveau devra se faire avec des dirigeants mus par la défense de l’intérêt général, capable d’assurer le bon ordre et la sécurité publique et qui auront pour seule priorité : l’amélioration de la vie quotidienne des Sénégalaises et des Sénégalais.
Je ne peux terminer sans adresser mes respectueuses salutations à nos vénérés chefs religieux dont les prières et sages conseils contribuent à la préservation de la paix et de la stabilité de notre pays.
Je prie pour que le Sénégal retrouve la paix et la sérénité.
Vive le Sénégal, Vive l’Afrique.
VIDEO
ALIOUNE BADARA CISSÉ TANCE MACKY SALL
Discours empreint d'empathie et de responsabilité ce dimanche de la part du médiateur de la République qui a appelé le chef de l'Etat à écouter le cri de désespoir de la jeunesse. "C’était prévisible que le couvert allait sauter", a-t-il déclaré
Le médiateur de la Médiature, Alioune Badara Cissé, a souhaité dimanche que le président de la République s’adresse au peuple sénégalais pour appeler au calme, à la suite des violentes manifestations survenues dans le pays.
‘’C’est la vôtre (votre voix, celle du président de la République) que le peuple veut entendre. Ces Sénégalais d’ici, dans tous les coins et recoins de ce pays, veulent vous entendre’’, a déclaré M. Cissé.
‘’Pourquoi diable ne leur parlerait-on pas ? Nous ne sommes pas meilleurs qu’eux. Ils nous ont confié leur destin. Nous avons l’obligation de rendre compte’’, a-t-il dit.
Alioune Badara Cissé a ajouté, parlant du président de la République : ‘’Vous avez cette capacité (…) de vous faire entendre et vous faire écouter. Faites-le avant qu’il ne soit trop tard.’’
‘’La litanie de vos réalisations est énorme (…) Mais un seul grain dans la machine pourrait faire dérailler celle-ci’’, a averti le médiateur de la République.
Il s’adressait à la presse à la suite des violentes manifestations qui ont éclaté après l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, leader des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef).
M. Sonko, candidat à l’élection présidentielle de 2019, est visé par des accusations de ‘’viols répétés’’ et de ‘’menaces de mort’’ portées sur lui par une employée d’un salon de beauté et de massage situé à Dakar.
Il est également poursuivi en justice ‘’trouble à l’ordre public’’ et ‘’participation à une manifestation non autorisée’’.
L'ÉTAT SUSPEND LES ENSEIGNEMENTS SCOLAIRES
Le gouvernement a annoncé une suspension des cours, du lundi 8 mars au samedi 13 mars, dans les établissements publics et privés d’enseignement général, technique et professionnel
Le gouvernement a annoncé une suspension des cours, du lundi 8 mars au samedi 13 mars, dans les établissements publics et privés d’enseignement général, technique et professionnel.
La décision concerne les cycles préscolaire, élémentaire, moyen et secondaire se trouvant dans ‘’l’étendue du territoire national’’, selon un communiqué des ministères chargés de l’Education nationale et de la Formation professionnelle.
Cette mesure a été prise ‘’dans le souci de protéger les élèves, les enseignants et l’administration scolaire des manifestations accompagnées de scènes de violence, qui ont fortement perturbé le déroulement des enseignements et apprentissages’’ durant cette semaine.
‘’Les ministres de l’Education nationale et de la Formation professionnelle recommandent fortement aux parents d’élèves de garder un œil vigilant sur les enfants, afin de les préserver des risques de dérives d’éventuelles manifestations’’, ajoute le communiqué.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
LE TROIS MARS DE MACKY SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce qui fait la singularité des acteurs du soulèvement en cours, c’est leur désarroi qui frise le désespoir face à l’insignifiance de leur vie. Le président doit sans tarder parler au peuple et lui proposer un « nouveau deal » politique
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 07/03/2021
Le président Macky Sall est-il un patriote ? Est-il capable de placer effectivement la patrie avant le parti comme il l’a proclamé naguère ? De placer les intérêts de ce pays, c’est-à-dire sa stabilité, son intégrité et sa sécurité au-dessus de sa propre personne et des intérêts de sa famille, de son clan et de ses partisans ?
Le président Macky Sall est-il un homme d’État ? Et pas seulement un homme politique qui pense au-delà des prochaines élections, aux générations futures, selon le bon mot d’Abraham Lincoln ? Qui est préoccupé avant tout par la pérennité de l’État dont le peuple sénégalais lui a confié la charge pendant un laps de temps déterminé !
Le président Macky Sall réalise-t-il que le 3 mars 2021 marque un tournant décisif dans l’histoire de ce pays ? Non pas que ce pays n’ait jamais connu des soulèvements populaires !
Depuis l’indépendance de ce pays, les Sénégalais se sont soulevés à plusieurs reprises contre la carence de souveraineté, le déficit de démocratie et la patrimonialisation de l’État.
Ainsi, du mouvement d’étudiants, d’élèves et de travailleurs, du « Mouvement de mai 68 » face au président Senghor. Ainsi des luttes des années 1975 à 2000 pour le multipartisme, la reconnaissance des libertés démocratiques, le pluralisme de l’information et l’adoption d’un système électoral transparent.
Il y a eu aussi en 2011 « le Mouvement du 23 juin » contre le projet de troisième mandat et de ticket présidentiel du président Abdoulaye Wade.
Cependant, le soulèvement populaire qui a commencé ce 3 Mars et qui se poursuit encore est particulier du fait à la fois du contexte historique dans lequel il s’inscrit et du profil singulier de ses acteurs.
Le contexte historique, c’est celui du désenchantement de la jeunesse de ce pays, à l’instar de celle de tous les pays d’Afrique, face à la situation de dépendance politique, économique et culturelle dans lequel notre pays se trouve soixante ans après son indépendance.
Ce qui fait la singularité des acteurs du soulèvement en cours, c’est leur désarroi, qui frise souvent le désespoir, face au chômage chronique et à l’insignifiance de leur vie quotidienne pour lequel il n’entrevoyait jusqu’à présent d’autre solution que l’émigration à tout prix. Au prix même de leur vie ainsi qu’en témoigne leur slogan « Barça am Barzakh ».
Le président Macky Sall comprend-il que pour cette jeunesse, à tort ou à raison, M. Ousmane Sonko apparait tel un Messie, comme l’unique espoir de vivre enfin un jour prochain des vies dignes d’être vécues ?
Si le président Macky est un vrai patriote, un homme d’État préoccupé avant tout par le destin de ce pays, qui apprécie donc lucidement le contexte géopolitique dans lequel le Sénégal se trouve, qui sait les écueils qui menacent plus que jamais notre fragile esquif Sunugal, qu’il agisse donc rapidement avant qu’il ne soit trop tard !
Il doit sans tarder parler au peuple sénégalais sans fard et lui proposer un « nouveau deal » politique. Il s’agit de faire libérer toutes les personnes accusées de délits politiques, mais également Ousmane Sonko, en précisant qu’en ce qui concerne l’accusation de viol dont il fait l’objet, la justice poursuivra son action sans entrave et sans pression. D’appeler à l’organisation d’élections législatives anticipées couplées aux élections municipales et départementales initialement prévues en juin 2019 et reportées au 28 mars 2021.
Le président de la République indiquera également au cours de cette adresse que le parti vainqueur des prochaines élections législatives désignera au président de la République le Premier ministre qui lui proposera les membres du prochain gouvernement, avec lequel il cohabitera jusqu’à la fin de son mandat en 2024. Il indiquera bien entendu qu’il respectera les dispositions constitutionnelles actuelles et ne sera pas candidat à un troisième mandat.
Le président Macky Sall annoncera dans les jours qui suivront cette adresse à la nation un remaniement ministériel qui verra la nomination d’un officier supérieur de l’Armée comme ministre de l’Intérieur en charge de l’organisation des élections, comme le président Abdou Diouf l’avait fait à la veille des élections présidentielles de février 2000. Il annoncera également les mesures appropriées pour établir et garantir l’indépendance de la Justice par rapport à l’Exécutif.
Ceci est-il de la politique-fiction ?
Le président Macky Sall est-il capable de se libérer des lobbies et des « tasks forces » qui pèsent sur lui et de prendre ces mesures hardies qui pour parler comme M. Abdou Diouf sembleraient scier la branche sur laquelle il est assis ?
Je voudrais croire que comme le général de Gaulle, qui après la grave crise de Mai 1968 avait organisé un référendum pour rélégitimiser la fonction de président de la République et l’ayant perdu avait démissionné tout en laissant à la France des institutions revigorées, M. Macky Sall mettra en avant les intérêts supérieurs du pays pour le sortir d’une crise qui pourrait le handicaper durablement.
S’il adoptait cette stature d’homme d’État, le président Macky Sall se donnerait une dimension qui lui voudra surement l’immunité quelque soient les forfaits et même les crimes dont il se serait coupable au cours de sa présidence.
Par contre s’il s’enfermait dans cette attitude de mépris du peuple et continuait de vouloir réprimer l’insurrection dans le sang, comme le récent discours de son ministre de l’Intérieur le laisse entendre, alors le nom de ce président restera dans l’histoire comme celui qui aura détruit cet ersatz de démocratie et cette Téranga pour la construction desquels des générations d’hommes et de femmes de ce pays ont lutté.
Les Sénégalais se souviendront de lui, comme les Somaliens se souviennent sans doute de Syad Barré et les Burkinabè de Blaise Compaoré, comme celui par qui la descente aux enfers du pays a été amorcée.
Il se fait tard monsieur le président de la République : déjà au moins cinq personnes ont été tuées et chaque jour désormais fera son lot de morts et de destructions.
Le Sénégal a enregistré 919 décès liés à la Covid-19, depuis le début de la pandémie, le 2 mars 2020. Les 11 victimes ont été comptabilisées lors des dernières 24 heures, d’après le bulletin épidémiologique. Le document, lu par le directeur de la Prévention au ministère de la Santé et de l’Action sociale, rapporte 225 nouveaux cas sur 2057 tests réalisés, soit un taux de positivité de 10,94%.
A noter l’accalmie au niveau des cas importé après leur retour hier.
En effet, les nouvelles contaminations sont ainsi réparties : 99 cas contacts suivis, aucun cas importé, et 126 issus de la transmission communautaire. Dont 67 à Dakar, et 59 dans les autres régions. Dans leur décompte des cas communautaires à l’intérieur du pays, Thiès rafle toujours la mise.
Par contre, 236 patients suivis ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris.
38 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
A ce jour, 35 mille 857 cas ont été déclarés positifs au Sénégal, dont 30 mille 605 guéris, 919 décédés et donc 4 mille 332 patients sous traitement.
Depuis le début de la campagne de vaccination anti-Covid-19, 64 mille 117 personnes ont reçu leur première dose.