Face à la crise actuelle qui secoue le Sénégal, Partners West Africa Sénégal (PWA Sénégal) lance un appel au calme, à la retenue et à la sérénité à tous les acteurs en vue d’un rétablissement effectif de la paix et de la cohésion sociale sur toute l’étendue du territoire national.
Convaincu que sans la sécurité aucun développement n’est possible, PWA Sénégal recommande à tous les leaders d’opinion ( socio-politiques, chefs traditionnels, religieux, jeunes, femmes) et à toutes les communautés à adopter des attitudes privilégiant le dialogue social en toutes circonstances afin d’aboutir à une sortie de crise rapide.
PWA Sénégal exhorte toutes les sénégalaises et tous les sénégalais sans distinction ethnique, religieuse, politique ou classe sociale à œuvrer à la promotion d’un environnement propice, au rétablissement de la cohésion sociale.
Dakar, le 06 mars 2021
par Momar Dieng
IDRISSA SECK, LE DEAL D'ÉTAT PERMANENT
L’homme s’est tellement habitué à ce jeu qu’il se croit obligé de proposer un arrangement à Ousmane Sonko pour offrir une porte de sortie au président Macky Sall empêtré dans un scandale d’Etat inédit dans l’histoire du pays
Idrissa Seck est l’archétype de la tortuosité en politique, c’est son choix. Ses propos de ce samedi nous rappellent à quel point la pratique politique dominante au Sénégal est teintée de magouilles et de petits arrangements entre amis au dessus du fonctionnement de l’Etat de droit, notamment dans son versant judiciaire. L’homme s’est tellement habitué à ce jeu qu’il se croit obligé de proposer un deal à Ousmane Sonko pour offrir une porte de sortie au président Macky Sall empêtré dans un scandale d’Etat inédit dans l’histoire du pays.
En gros, Seck adjure Sonko de poser un acte d’apaisement en faveur de la paix sociale afin que Sall, à son tour, favorise «un rapide retour au calme». Les termes sont politiques, mais la finalité est triviale : ‘’on clôt le dossier judiciaire pour «viols répétés» et «menaces de mort» pour lequel tu es poursuivi’’.
Cette démarche renseigne sur la liberté qu’ont les gouvernants au pouvoir de transformer l’Etat et ses institutions en instruments au service de leur fourberie, au gré des circonstances et des opportunités. Dans sa «médiation politique», Idrissa Seck suggère ainsi que le président Macky Sall, chef de l'Exécutif, est disposé à mettre un terme aux procédures judiciaires ouvertes contre le chef de l’opposition sénégalaise. Or, des voix autorisées du régime et d’autres plus subalternes officiant à la périphérie insistent sur la «nécessité» pour tous les Sénégalais de «faire confiance» à la justice. Cherchez l’erreur !
UN GRAND DISTRIBUTEUR FRANÇAIS AU COEUR DES TROUBLES À DAKAR MALGRÉ LUI
Au magasin Auchan des Almadies, à proximité des ambassades, des hommes, des femmes, des enfants qui invoquent leur dénuement emportent ce qui reste à emporter sous le regard de salariés consternés qui se disent victimes d'évènements qui les dépassent
Livré au pillage deux fois en deux jours, le magasin dévasté d'une grande enseigne de distribution internationale dans un quartier opulent et ensoleillé de Dakar offre un instantané des troubles qui secouent le Sénégal depuis quelques jours, avec les intérêts français au milieu.
Au magasin Auchan des Almadies, à proximité des ambassades et du siège d'organisations internationales, des hommes, des femmes, des enfants qui invoquent leur dénuement emportent ce qui reste à emporter sous le regard de salariés consternés qui se disent victimes d'évènements qui les dépassent. Si c'est la France qui est visée, on se trompe de cible parce que le personnel d'Auchan est Sénégalais, disent-ils.
"Nous ne sommes pas des pillards. On n'a pas les moyens de nous amortir", dit une femme en boubou orange qui fouille parmi les produits jetés à terre, au milieu des rayons vidés et renversés et des équipements vandalisés.
Le magasin a été pillé et incendié la veille. Dehors, des adultes et des enfants visiblement démunis considèrent le butin transporté dans des sachets en papier ou des sacs poubelles: conserves, boissons, jouets.
"Ils disent: +Auchan dégage+. Mais c'est nous qui gagnons notre pain à la sueur de notre front", constate un employé dépité.
Le Sénégal, considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest, est en proie à des troubles depuis mercredi. L'arrestation de l'opposant Ousmane Sonko a provoqué la colère de ses partisans. Elle a aussi libéré, disent de nombreux Sénégalais, l'exaspération accumulée, au moins depuis l'apparition du Covid-19, devant la dégradation des conditions de vie dans ce pays déjà pauvre.
- "Ras-le-bol" -
La pandémie a frappé l'économie de plein fouet, stoppé des années de croissance soutenue et éprouvé durement cette population très majoritaire qui travaille dans le secteur informel. Beaucoup ont perdu leur emploi. Le couvre-feu, les restrictions imposées aux rassemblements ou aux déplacements ont réduit l'activité.
Un calme précaire est revenu samedi, jour de relâche, dans Dakar aux rues jonchées de pierres et de cartouches vides de gaz lacrymogène. Officiellement, quatre personnes ont trouvé la mort à travers le pays.
Les manifestants réclament la libération d'Ousmane Sonko. Ils croient qu'on cherche à écarter le député, troisième de la présidentielle de 2019, de celle de 2024.
Les autorités disent qu'il doit répondre à une plainte pour viols et que s'il est gardé à vue, c'est pour trouble à l'ordre public. Il doit être à nouveau présenté au juge lundi et la décision de le relâcher ou de l'écrouer pourrait être lourde de conséquences.
Dans la bouche des manifestants s'expriment aussi la fatigue des épreuves quotidiennes, la lassitude du pouvoir du président Macky Sall et la défiance envers la France, considérée comme un des principaux soutiens de ce dernier.
"L'essentiel de ces jeunes ne travaillent pas. Ce sont pour 90% des chômeurs (...). Au-delà de la question de l'arrestation de Sonko, c'est une situation économique morose qui a fait que les gens sont sortis manifester leur ras-le-bol", disait vendredi Ndeme Dieng, un opposant s'employant à calmer les esprits lors de heurts.
- Faim et misère -
De nombreux locaux sous enseigne française (Auchan, Total, Eiffage...) ont été attaqués. Toutes les écoles françaises du pays ont fermé vendredi.
Malgré le déclin face à la concurrence de la Chine, de la Turquie ou de l'Inde, la France est le premier partenaire commercial et le premier investisseur direct. Depuis l'indépendance, les relations sont restées fortes. Mais une partie de la population est attentive au discours faisant de la France l'un des responsables des maux sénégalais.
Le "patriotisme économique" préconisé par M. Sonko résonne. M. Sonko dénonce la mainmise qu'auraient les étrangers sur les ressources sénégalaises et la production de richesses qui sortirait du pays sans réduire la pauvreté ni créer d'emplois.
Papa Samaba Diouf, un responsable d'Auchan au Sénégal, s'est inscrit en faux sur Facebook: "Ce n'est pas la France qui a été attaquée, ce sont des Sénégalais qui ont été agressés". Il invoque les milliers de Sénégalais qui travaillent à Auchan et les dizaines de milliers d'agriculteurs dont Auchan distribue les produits.
Auchan a fermé ses magasins. Elle dénombrait vendredi des attaques contre 14 de ses 32 supermarchés. De nouvelles ont été rapportées samedi.
"C'est la catastrophe. On sait que ce sont des étrangers qui ont investi ici, mais c'est nous les Sénégalais qui travaillons. C'est écoeurant", dit le même employé des Almadies. Dans sa consternation, il montre de la compréhension: "Les gens ont faim, et ça se voit. C'est la faim, la misère".
Comme d'autres venus se servir, la dame en boubou orange semble loin de la politique: "Le malheur des uns, c'est le bonheur des autres. On n'a même pas les moyens de nous approprier (pourvoir à nos besoins), c'est pourquoi on est venu prendre ce qu'on peut".
LA CONTESTATION APELLE À DE NOUVELLES MANIFESTATIONS
Le Sénégal va au-devant de nouvelles journées à haut risque à partir de lundi. Le M2D, comprenant le Pastef et des organisations contestataires de la société civile a appelé "à descendre massivement dans les rues"
Le Sénégal va au-devant de nouvelles journées à haut risque à partir de lundi, un collectif formé après l'arrestation du principal opposant au pouvoir ayant appelé samedi à de nouvelles manifestations.
Des actes de saccage et de pillage ont cependant continué à être rapportés, y compris contre des enseignes françaises.
La tension n'est pas retombée pour autant. Le collectif Mouvement de défense de la démocratie (M2D), comprenant le parti de l'opposant arrêté, des partis d'opposition et des organisations contestataires de la société civile a appelé à descendre massivement dans les rues à partir de lundi.
Le même jour, Ousmane Sonko, dont l'arrestation a mis le feu aux poudres mercredi, doit être présenté à un juge. La décision du magistrat de le relâcher ou de l'écrouer s'annonce lourde de conséquences.
Le collectif réclame la libération immédiate de tous les prisonniers politiques illégalement et arbitrairement détenus, le rétablissement du signal suspendu de deux chaînes de télévision accusées d'avoir diffusé en boucle des images des troubles, et une enquête sur ce qu'il appelle un complot du pouvoir.
Une arrestation qui ne passe pas
Le collectif, donnant lecture d'un communiqué dans les locaux du parti de M. Sonko, s'en est durement pris au président Macky Sall, qualifié d'apprenti dictateur. Il a perdu l'autorité morale pour rester président, a dit un des leaders du mouvement, Cheikh Tidiane Dieye. Il s'en est tenu à ces mots quand la presse lui a demandé si le collectif appelait les Sénégalais à réclamer la démission de M. Sall, président depuis 2012.
Le Sénégal est le théâtre depuis mercredi d'affrontements entre jeunes et forces de sécurité, de pillages et de saccages. L'arrestation de M. Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux concurrents pour celle de 2024, a provoqué la colère de ses partisans, mais aussi, disent de nombreux Sénégalais, porté à son comble l'exaspération accumulée par la dégradation, au moins depuis le début de la pandémie de COVID-19 en 2020, des conditions de vie dans un pays déjà pauvre.
Quatre personnes ont été tuées, disent les autorités, chiffres difficilement vérifiables auprès d'autres sources, étant donné que prolifèrent les informations non vérifiées.
M. Sonko a été arrêté officiellement pour trouble à l'ordre public, alors qu'il se rendait en cortège au tribunal où il était convoqué pour répondre à des accusations de viol portées contre lui par une employée d'un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos.
Personnalité au profil antisystème, le député crie au complot ourdi par le président pour l'écarter de la prochaine présidentielle.
Les manifestants croient au complot. Ils expriment individuellement l'usure des épreuves quotidiennes et la lassitude vis-à-vis du pouvoir. Un certain nombre montrent la France du doigt, premier partenaire commercial vu comme l'un des principaux soutiens étrangers de M. Sall.
Le gouvernement maintient le cap
Le Mouvement de défense de la démocratie a désigné les parrains étrangers à qui Macky Sall s'emploierait à faire plaisir.
Le président élu sur la promesse de mettre son pays sur la voie de l'émergence a démenti fin février avoir quoi que ce soit à voir avec les ennuis judiciaires de M. Sonko. Il a depuis gardé le silence, mais la pression augmente pour qu'il prenne la parole.
Samedi, c'est son ministre de l'Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, qui a tenu un langage vigoureux. Il a appelé au calme et fait miroiter la perspective d'un allègement du couvre-feu instauré contre la pandémie et qui pèse sur l'activité d'un grand nombre. Mais il a aussi dit que l'État emploierait tous les moyens nécessaires pour rétablir l'ordre.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) a appelé toutes les parties à la retenue et au calme. L'Union africaine a exprimé sa préoccupation et son attachement à une solution par la voie pacifique, le dialogue et dans le strict respect de l'ordre.
par Ndèye Aram Dimé
NE PLEUREZ PAS TROP POUR LE SÉNÉGAL, VOS LARMES POURRAIENT LUI PORTER MALHEUR
Les Sénégalais qui manifestent sont là pour se rappeler au souvenir d'un régime amnésique et ingrat. Mais plus important encore, ils sont également là pour rétablir le lien qui s'est rompu entre le Sénégal d'en-bas et celui d'en haut
Qu’il s’agisse d’accusations sincères dans une affaire strictement privée, d’un coup monté de toutes pièces par la dame Adji Sarr seule ou le fruit d’un vil complot politicien, les hypothèses nous mènent au même fait simple : dans un système qui fonctionne, un tribunal seul devrait être le lieu du débat contradictoire, entre demanderesse et défendeur, et de la vérité.
Si autant de citoyens ont jugé nécessaire de se rendre en premier lieu chez Ousmane Sonko et de le soutenir, c’est bien parce qu’ils ne placent aucune confiance dans une justice qui a achevé de démontrer son manque d’indépendance et son camp.
Que des hommes politiques et qu’un régime cherchent à entacher la réputation et la trajectoire d’un opposant, le fait est on ne peut plus banal. Cela s’inscrit presque dans le cours normal des choses et dans la longue tradition de manœuvres et bassesses politiques. Mais alors, les institutions doivent pouvoir jouer leur rôle ; si l’opinion peut être manipulée, la justice doit pouvoir être un rempart.
Soyons naïfs ! L’affaire Sonko-Adji Sarr, à supposer qu’elle ne fût pas à son origine politique mais strictement privée, l’eût été fatalement devenue une fois devant les juges. C’est précisément là que le bât blesse. Un tribunal qui accueille en son lieu même la politique et ne parvient pas à claquer sa porte au nez de l’opinion publique, est une institution vide, qui se dessaisit de sa mission.
Une institution ne peut jamais être qu'un pouvoir constitué, pour emprunter leur logique aux juristes. Lorsqu'elle faillit à protéger, à maintenir la stabilité, à garantir justesse et justice, les Constituants sont alors légitimes de la remettre en cause.
Il faut sans doute se méfier de l'opinion publique, de ce qu'elle est, de ce qu'elle paraît et, en tout état de cause, de sa réelle puissance. Pour autant, il ne faut pas lui nier son utilité. Et cette capacité à remettre en cause, à bouleverser et forcer le mouvement est le signe d'une vitalité et la condition même de la survie.
Que le régime ait des choses à se reprocher ou qu'il soit totalement extérieur aux faits reprochés à Ousmane Sonko, l'intelligence mineure aurait suggéré, dans le premier cas, de la prudence, un jeu plus fin, sans acharnement grossier et, dans le second cas, le silence.
Dans les deux cas, l'Etat n'a pas su faire montre du recul nécessaire que la situation exigeait. Il s'est directement jeté dans la gueule populaire, en espérant pouvoir éteindre le feu. C'est ignorer qu’un peuple sans réel espoir, dans une précarité gratuite qui frôle l’absurde, ne se mate pas. Il n’a plus grand-chose à perdre et ne possède plus que sa misère et sa dignité. Il est indécent de lui laisser la première pour lui arracher jusqu'à la seconde. Mais cela le régime l’ignore. Pour pleurer avec le peuple, il faut être capable de voir avec ses yeux.
Les Sénégalais qui manifestent sont là pour se rappeler au souvenir d'un régime amnésique et ingrat. Mais plus important encore, ils sont également là pour rétablir le lien qui s'est rompu entre le Sénégal d'en-bas et celui d'en haut. C'est leur seule façon de se faire entendre. Pour cette raison, ne pleurez pas pour le Sénégal, cela pourrait lui porter malheur. Il ne rayonne et ne se porte jamais aussi bien que lorsqu’il lutte.
L'affaire Sonko-Adji Sarr aura bien été le fait déclencheur de l'indignation populaire mais c’est mépriser les Sénégalais que de penser qu’elle se réduit à cela. Elle est l'expression d'un ras-le-bol social général. Et si, le régime actuel s'illusionne de pouvoir "réduire l'opposition à sa plus simple expression", agiter une loi écrite par une caste de privilégiés et museler la presse, qu'il s'en amuse le temps que cela lui plaira. L'espace de la politique politicienne est le seul qu'il considère et les pairs politiques sont curieusement les seuls qu'il daigne reconnaître au point de souhaiter l'anéantir. Il oublie que la seule réelle opposition reste le peuple et qu'à chaque fois que cela sera nécessaire, celui-ci cueillera, par la force et la violence, sa liberté et la bouffée d'oxygène pour se dégager des mains criminelles qui l'étranglent et de la gueule qui veut l’engloutir.
Ndèye Aram Dimé est Consultante en affaires publiques et politiques.
[1] Citation tirée de Karmen Geï, film de Joseph Gaï Ramaka.
LES BLACK SATELLITES DU GHANA REMPORTENT LA CAN U20
L’équipe du Ghana U20 a gagné ce samedi l’édition 2021 de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de la catégorie après la victoire 2-0 aux dépens de celle de l’Ouganda.
L’équipe du Ghana U20 a gagné ce samedi l’édition 2021 de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de la catégorie après la victoire 2-0 aux dépens de celle de l’Ouganda.
Les deux buts ont été marqués par Daniel Afriyie Barney.
En plus du titre champion, le 4-ème de son histoire en CAN U20, le Ghana a remporté celui de meilleur buteur avec Abdul Fatawu et celui de meilleur gardien Danlab Ibrahim.
C’est l’attaquant ougandais Kakooza Derrick qui est le meilleur buteur de la compétition avec 5 réalisations.
L’Ouganda se console avec le titre de l’équipe la plus fair-play.
iGFM - (Dakar) Face à la tension ambiante dans le pays avec son lot de morts, le Khalife de Médina Baye a fait une déclaration. Il a lancé un appel au calme aux différents acteurs.
par El Hadji Malick Sy Camara
OÙ VA LA RÉPUBLIQUE ?
L’échec des différents régimes qui se sont succédés depuis 1960 montre l’urgence d’une refondation de notre nation. Elle doit placer l’homme au centre de tout projet de développement inspiré des valeurs morales, éthiques, religieuses et traditionnelles
El Hadji Malick Sy Camara |
Publication 06/03/2021
Permettez-moi de reprendre le titre de l’ouvrage « Où va la République ? », publié en 2014 par le professeur Malick Ndiaye qui s’inquiétait de l’avenir de la démocratie sénégalaise deux ans après de la deuxième alternance présidentielle. Ce titre illustre le mieux la situation actuelle du pays. Déjà à l’an 2 de l’alternance, Malick Ndiaye avait constaté les signes annonciateurs d’une « République couchée », à bout de souffle. Sous une plume alerte, le Pr. Malick Ndiaye avait très tôt relevé les errements impardonnables de son ex-allié Macky Sall dont il fut le ministre-conseiller avant d’être démis de ses fonctions pour son indocilité au prince qui avait vendu aux Sénégalais sa fameuse rhétorique de « gouvernance sobre et vertueuse ».
Selon l’auteur, « les vérités sur la seconde alternance, — tant ses acquis irréfutables que ses erreurs impardonnables —, nous ne les attendons pas des oppositions ouvertes ou sibyllines ni des pourfendeurs attitrés du Sénégal sous Macky Sall, mais bien de la propre capacité critique et autocritique des acteurs et protagonistes qui, entre le 23 juin 2011 et le 25 mars 2012, avaient modifié le cours de l’histoire sénégalaise contemporaine, en élisant le président de la coalition Macky 2012 à plus de 65% des suffrages exprimés, contre son ex-mentor, Me Abdoulaye Wade [1]».
Aujourd’hui, nous devons, plus que jamais, nous rendre à l’évidence que la démocratie et l’État de droit sont malmenés par ceux qui sont censés en être les garants de première ligne. Où va la République ?
La situation actuelle est assez bavarde pour témoigner de l’ampleur du malaise social et politique qui a fini de faire tache d’huile au niveau national.
En réalité, la question que tout le monde se pose est la suivante : pourquoi une « affaire privée » est-elle devenue subitement une « affaire politique » ? Pourquoi le président de la République, clé de voûte des institutions, s’est-il empressé de demander aux militants de l’APR de ne pas se prononcer à ce sujet, avant de laisser les langues se délier plus tard ? Nous n'obtiendrons certainement pas de réponses formelles de leur part, mais « Ku wax feeñ » (qui parle se dévoile), comme le dit le proverbe wolof.
Si la thèse du complot défendue par le leader du parti Pastef/ Les Patriotes est réfutée par le parti au pouvoir et ses alliés, les faits et les actes posés par le ministère de l’Intérieur et le déploiement de la machine judiciaire semblent confirmer l’idée de conspiration. Au regard des faits et de l’actualité brulante, nous constatons que cette machinerie est cousue de fil blanc. Notre silence serait donc complice et coupable. À la place de ce que notre regretté frère et ami Dr. Iba Fall (que le paradis soit sa demeure éternelle) qualifie de « mercenaires de la plume », toujours prêts à brader leur dignité contre un vil prix, nous voulons être parmi ceux qui écrivent pour dire la vérité de leur peuple.
Les libertés sont menacées par les interdictions tous azimuts. Il est donc grand temps de sonner le glas de l’instrumentalisation de la justice et s’indigner devant les arrestations arbitraires d’honnêtes citoyens dont le seul crime est d’avoir dit tout haut, dans le respect des prescriptions de la Constitution, ce que beaucoup de Sénégalais pensent tout bas.
Pourtant, l’actuel président Macky Sall, alors opposant, soutenait avec force en 2011 qu’« il ne valait pas la peine de mobiliser les forces de l’ordre contre des citoyens qui manifestent pacifiquement leurs opinions ». Quelle contradiction !
La décision du Front de Résistance National (FRN) de braver l’interdit du préfet de Dakar et marcher le 5 mars a encore montré que les citoyens sont capables d’exprimer librement leurs opinions dans la paix sans porter atteinte aux biens publics et privés. Par la même occasion, nous condamnons les actes de vandalisme orchestrés contre le groupe Futurs médias. La suspension par le CNRA du signal de Walf TV et celui de SEN TV sur la TNT est inacceptable dans une démocratie. Le droit à l’information est garanti par notre charte fondamentale.
Il convient de rappeler que si Macky Sall est parvenu à être élu président de la République, c’est parce que les citoyens se sont arrachés la liberté d’expression et de manifester que son prédécesseur a voulu remettre en cause en se servant de son ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom, actuel allié de son ancien opposant. Antoine Félix Diome est en train de suivre les pas d’Ousmane Ngom, sillon par sillon. Quatorze de nos concitoyens avaient perdu la vie en 2011 pour la préservation de la démocratie et l’État de droit qu’ils pensaient définitivement sauvegarder en donnant leur vie. Quelle que soit la débilité de notre mémoire, nous ne devrions pas oublier ce sacrifice dont la deuxième alternance de l’histoire politique sénégalaise de 2012 fut la recette posthume.
Le Mouvement du 23 juin (M23) avait montré la ferme volonté du peuple de s’affranchir des abus perpétrés au nom de la République. Auparavant, les « Assises nationales » de 2009, qui ont rassemblé des partis politiques (de l’opposition), des organisations de la société civile et des acteurs religieux, qui avaient ouvert un vaste chantier de réflexion dans tous les domaines de la vie politique, économique et sociale. D’ailleurs, les conclusions issues des consultations citoyennes, avaient abouti à la production d’un document dénommé Charte de gouvernance démocratique dont les prescriptions sont malheureusement rangées aux oubliettes.
En réalité, « la revendication du titre de démocratie est une hypocrisie, une imposture si ne sont pas affirmées, assurées et protégées les libertés des citoyens » parce que « la société démocratique est celle dans laquelle peuvent effectivement s’exercer les libertés[2] ».
Par ailleurs, les agissements de nervis aux côtés de la police et de la gendarmerie sont révélateurs d’un désordre dans l’accomplissement d’une mission régalienne de l’État : la sécurité des citoyens. L’État étant sensé disposer du monopole de la violence légitime, il est inadmissible qu’il soustraite ce qui explique sa raison d’être. Il faut déplorer les pertes en vies humaines de nos concitoyens et regretter les actes de violence très dommageables à la République. Six jeunes sont morts et plusieurs blessés sont dénombrés durant ces trois journées de manifestations.
Le président de la République, doit savoir que les priorités sont ailleurs que dans les agissements qui restreignent les libertés civiles et politiques. Il ferait mieux de consacrer son énergie à arrêter la promenade funeste de la Covid-19 plutôt de que d’instrumentaliser la justice en se servant d’une accusation injustifiée de viol contre le principal opposant du régime qu’il cherche à liquider politiquement et moralement. S’il faut chercher un coupable, il faut traquer les commanditaires de cette forfaiture nauséabonde qui est sur le point de mettre le pays dans une instabilité inouïe et indescriptible. Mais hélas ! entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, c’est la justice qui opprime ; c’est la loi qui affranchit.
L’échec des différents régimes qui se sont succédés depuis 1960 montre l’urgence d’une refondation de notre nation et de nos institutions. Cette refondation doit placer l’homme au centre de tout projet de développement inspiré des valeurs morales, éthiques, religieuses et traditionnelles. Cette entreprise passe inéluctablement par le recentrage du discours sur le citoyen, la citoyenneté et le savoir, ferments de toute République soucieuse d’être citée parmi les grandes nations.
Aujourd’hui, l’État doit privilégier la promotion de la paix sociale et la stabilité nationale en tournant rapidement cette page sombre de l’histoire sénégalaise qui, à mon avis, découle de l’explosion d’une constellation de frustrations politiques, économiques et sociales. Le chef de l’État se doit de rétablir la confiance des citoyens envers la justice et de rassurer la population en veillant à sa sécurité des Sénégalais. Quant aux acteurs politiques et aux mouvements citoyens, nous lançons un appel à davantage de responsabilité. Aussi, invitons-nous les jeunes à ne pas détruire les biens publics et privés.
Vive la République !
Vive le Sénégal !
[1] Malick Ndiaye, Où va la République ? Paris, Le Harmattan, 2014.
[2] Charles Debbasch, dans « Introduction à la politique »
VIDEO
BIDEN SUR LES RUINES DE LA GOUVERNANCE TRUMPIENNE
Collaboration entre Démocrates et Républicains, un leurre ? Trump candidat en 2024 ? Anthony Blinken annonce une politique étrangère pour le peuple américain - L’actu de la semaine aux USA avec : Claude Porsella, René Lake, Dennis Beaver et Herman Cohen
Donald Trump à la grand-messe conservatrice : “je ne fonderai pas un nouveau parti. Mais se représentera-t-il ? il laisse planer le doute ;
- L’offre de Joe Biden d’une collaboration bipartisane avec les républicains pourrait bien être une grande illusion ;
- Anthony Blinken annonce une politique étrangère pour le peuple américain : qu’est-ce que cela veut dire exactement ?
- Ce mois-ci, tous les Américains parlent français…ou presque. Entretien sur le mois de la francophonie aux Etats-Unis avec Sarah Diligenti, directrice de l’Alliance française à Washington.
Le Point USA présenté par Claude Porsella avec comme éditorialistes René Lake, analyste politique et directeur de presse, Dennis Beaver, avocat et chroniqueur judiciaire à Bakersfield et Herman Cohen, ancien secrétaire d’Etat adjoint américain sous Bush père.
"Point USA" est une émission de French Buzz TV, basée à San Francisco en Californie.
LA CEDEAO LANCE UN APPEL AU RESPECT DE LA LIBERTÉ DE MANIFESTER PACIFIQUEMENT
La Commission de la CEDEAO dit suivre ‘’avec attention l’évolution de la situation au Sénégal et condamne les violences survenues dans plusieurs villes du pays, qui ont entraîné des morts, des blessés et des destructions de biens’’
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) invite à la retenue les parties concernées par les violentes manifestations au Sénégal et appelle les autorités sénégalaises à ‘’apaiser les tensions’’ et à garantir le droit à la liberté de manifester pacifiquement.
‘’La Commission de la CEDEAO appelle toutes les parties à la retenue et au calme’’, déclare l’institution d’intégration économique dans un communiqué reçu samedi à l’APS.
‘’Elle invite les autorités à prendre les mesures nécessaires pour apaiser les tensions et garantir les libertés de manifester pacifiquement, conformément aux lois en vigueur’’, ajoute-t-elle.
La Commission de la CEDEAO dit suivre ‘’avec attention l’évolution de la situation au Sénégal et condamne les violences survenues dans plusieurs villes du pays, qui ont entraîné des morts, des blessés et des destructions de biens’’.
Action humaine pour le développement intégré au Sénégal (AHDIS) a également réagi à l’actualité politique sénégalaise en déplorant ‘’une montée de la violence entraînant des pertes en vies humaines, des pillages d’unités économiques (supermarchés, stations d’essence, institutions financières, etc.) ou la destruction d’infrastructures socioéconomiques de base et de biens privés’’.
Dans un communiqué, elle invite les ‘’forces politiques de tous bords et de la société civile militante, ainsi que la presse nationale et étrangère [à] un débat utile et serein [et à] une communication axée sur le retour au calme’’.
Son président de conseil d’administration, Amacodou Diouf, appelle le gouvernement sénégalais à faire ‘’une lecture sereine de la tension actuelle qui (…) est symptomatique d’une frustration généralisée, d’une jeunesse pauvre et en quête d’un avenir meilleur’’.
Des violences ont éclaté dans plusieurs villes du Sénégal après l’arrestation, mercredi 3 mars, de l’opposant Ousmane Sonko, accusé par une employée d’un salon de beauté et de massage de ‘’viols répétés’’ et de ‘’menaces de mort’’.
M. Sonko, député et candidat à l’élection présidentielle de 2019, est également accusé de ‘’trouble à l’ordre public’’ et de ‘’participation à une manifestation non autorisée’’. Inspecteur des impôts et domaines, il a été radié en 2016 de la fonction publique par le président de la République, Macky Sall, pour non-respect de l’obligation de réserve et de discrétion professionnelle.