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28 juin 2025
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BIDEN SUR LES RUINES DE LA GOUVERNANCE TRUMPIENNE
Collaboration entre Démocrates et Républicains, un leurre ? Trump candidat en 2024 ? Anthony Blinken annonce une politique étrangère pour le peuple américain - L’actu de la semaine aux USA avec : Claude Porsella, René Lake, Dennis Beaver et Herman Cohen
Donald Trump à la grand-messe conservatrice : “je ne fonderai pas un nouveau parti. Mais se représentera-t-il ? il laisse planer le doute ;
- L’offre de Joe Biden d’une collaboration bipartisane avec les républicains pourrait bien être une grande illusion ;
- Anthony Blinken annonce une politique étrangère pour le peuple américain : qu’est-ce que cela veut dire exactement ?
- Ce mois-ci, tous les Américains parlent français…ou presque. Entretien sur le mois de la francophonie aux Etats-Unis avec Sarah Diligenti, directrice de l’Alliance française à Washington.
Le Point USA présenté par Claude Porsella avec comme éditorialistes René Lake, analyste politique et directeur de presse, Dennis Beaver, avocat et chroniqueur judiciaire à Bakersfield et Herman Cohen, ancien secrétaire d’Etat adjoint américain sous Bush père.
"Point USA" est une émission de French Buzz TV, basée à San Francisco en Californie.
LA CEDEAO LANCE UN APPEL AU RESPECT DE LA LIBERTÉ DE MANIFESTER PACIFIQUEMENT
La Commission de la CEDEAO dit suivre ‘’avec attention l’évolution de la situation au Sénégal et condamne les violences survenues dans plusieurs villes du pays, qui ont entraîné des morts, des blessés et des destructions de biens’’
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) invite à la retenue les parties concernées par les violentes manifestations au Sénégal et appelle les autorités sénégalaises à ‘’apaiser les tensions’’ et à garantir le droit à la liberté de manifester pacifiquement.
‘’La Commission de la CEDEAO appelle toutes les parties à la retenue et au calme’’, déclare l’institution d’intégration économique dans un communiqué reçu samedi à l’APS.
‘’Elle invite les autorités à prendre les mesures nécessaires pour apaiser les tensions et garantir les libertés de manifester pacifiquement, conformément aux lois en vigueur’’, ajoute-t-elle.
La Commission de la CEDEAO dit suivre ‘’avec attention l’évolution de la situation au Sénégal et condamne les violences survenues dans plusieurs villes du pays, qui ont entraîné des morts, des blessés et des destructions de biens’’.
Action humaine pour le développement intégré au Sénégal (AHDIS) a également réagi à l’actualité politique sénégalaise en déplorant ‘’une montée de la violence entraînant des pertes en vies humaines, des pillages d’unités économiques (supermarchés, stations d’essence, institutions financières, etc.) ou la destruction d’infrastructures socioéconomiques de base et de biens privés’’.
Dans un communiqué, elle invite les ‘’forces politiques de tous bords et de la société civile militante, ainsi que la presse nationale et étrangère [à] un débat utile et serein [et à] une communication axée sur le retour au calme’’.
Son président de conseil d’administration, Amacodou Diouf, appelle le gouvernement sénégalais à faire ‘’une lecture sereine de la tension actuelle qui (…) est symptomatique d’une frustration généralisée, d’une jeunesse pauvre et en quête d’un avenir meilleur’’.
Des violences ont éclaté dans plusieurs villes du Sénégal après l’arrestation, mercredi 3 mars, de l’opposant Ousmane Sonko, accusé par une employée d’un salon de beauté et de massage de ‘’viols répétés’’ et de ‘’menaces de mort’’.
M. Sonko, député et candidat à l’élection présidentielle de 2019, est également accusé de ‘’trouble à l’ordre public’’ et de ‘’participation à une manifestation non autorisée’’. Inspecteur des impôts et domaines, il a été radié en 2016 de la fonction publique par le président de la République, Macky Sall, pour non-respect de l’obligation de réserve et de discrétion professionnelle.
IDRISSA SECK PROPOSE SA MÉDIATION
‘’J’incite mon jeune frère Ousmane Sonko, directement ou à travers ses conseils, à s’adresser à ses partisans pour les inviter à cesser toutes activités insurrectionnelles, de pillage ou de déstabilisation du pays’’, a dit le président du CESE
Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Idrissa Seck, a déclaré samedi être prêt à mener ‘’une médiation politique’’ dans l’affaire judiciaire concernant l’opposant Ousmane Sonko, arrêté depuis mercredi pour ‘’trouble à l’ordre public’’ et ‘’participation à une manifestation non autorisée’’.
‘’J’incite mon jeune frère Ousmane Sonko, directement ou à travers ses conseils, à s’adresser à ses partisans pour les inviter à cesser toutes activités insurrectionnelles, de pillage ou de déstabilisation du pays’’, a dit M. Seck, s’exprimant sur Iradio (privée).
‘’S’il le fait, j’accéderai alors aux nombreuses demandes à moi adressées, dont celle de notre compatriote Alioune Tine, membre éminent de la société civile africaine, d’entreprendre une médiation politique pour le retour rapide au calme’’, a promis le président du CESE.
Idrissa Seck dit ‘’bénéficier, auprès [du] président de la République, d’une écoute attentive et respectueuse qui [lui] fait espérer des résultats positifs pour cette médiation, le cas échéant’’.
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QUATRE MORTS DANS LES PIRES ÉMEUTES DEPUIS DES ANNÉES
La situation préoccupante au Sénégal, après que l'arrestation de l'opposant Ousmane Sonko a cristallisé la colère de certains habitants.
La situation préoccupante au Sénégal, après que l'arrestation de l'opposant Ousmane Sonko a cristallisé la colère de certains habitants. Des scènes de pillages et guérilla urbaine ont éclaté partout dans le pays. J-15 avant l'élection présidentielle en république du Congo, coup d'envoi de la campagne ce vendredi. 7 candidats en lice, dont Denis Sassou Nguesso qui cumule 37 ans de pouvoir et qui brigue un 4ème mandat.Et dans cette émission, nous recevons Fatou Diome, grande écrivaine sénégalo-française avec son nouvel ouvrage "De quoi aimer vivre".
PAR JEAN-LUC MÉLENCHON
LE SÉNÉGAL NOUS PARLE, SACHONS L'ENTENDRE
La contestation contre la dérive autoritaire du président Macky Sall est profonde. Il est connu pour avoir écarté plusieurs concurrents politiques, comme le Maire de Dakar Khalifa Sall, via des procédures s’apparentant à une guerre judiciaire en politique
Pour d’innombrables raisons qu’il serait trop long d’énumérer ici, les Sénégalais et les Français ont une relation singulière. Les députés des quatre grandes communes siégèrent aux États généraux de 1789. Les Sénégalais ont pris une lourde part cruciale aux souffrances subies dans les grandes guerres européennes, aux côtés des Français. La langue que nous avons en usage commun est désormais sans cesse davantage une œuvre sénégalaise et pas seulement à cause de l’académicien chef et fondateur de l’État, le poète Leopold Sédar Senghor.
Dans cette histoire, il y a une part peu glorieuse pour nous et une autre bien plus nette. Et beaucoup d’affects. C’est tout cela qu’il faut assumer tranquillement. C’est le meilleur qu’il s’agit de cultiver. Le Sénégal est dans l’épreuve. Nous devons nous y intéresser et voir comment nous rendre utile à son peuple, notre ami de longue main.
Depuis quelques jours, le pays, longtemps modèle démocratique africain, est en ébullition populaire. L’arrestation le 3 mars de l’opposant Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et possible candidat à celle de 2024, a entraîné la plus grande vague de manifestations et émeutes depuis plusieurs années. Au moins un jeune manifestant a été tué dans des affrontements avec les forces de répression jeudi. Les autorités gouvernementales ont également suspendu pour soixante-douze heures deux télévisions privées, Sen TV et Walf TV, accusées de troubles à l’ordre public « de nature à constituer une menace sur la stabilité nationale ou la cohésion sociale ». On croirait lire un communiqué du préfet Lallement.
Évidemment, ces mesures répressives ont attisé la mobilisation. Elle n’est pas superficielle. Elle vient de loin. La contestation contre la dérive autoritaire du Président Macky Sall est profonde. Il est connu pour avoir écarté plusieurs concurrents politiques, comme le Maire de Dakar Khalifa Sall, via des procédures s’apparentant à du Lawfare, guerre judiciaire en politique. Les conditions de la procédure contre Ousmane Sonko, accusé d’un viol qu’il nie fermement, et finalement arrêté pour « trouble à l’ordre public », ont un goût évident d’instrumentalisation de la justice.
Le Sénégal est loin d’être un cas unique. L’hybridation entre libéralisme économique et autoritarisme politique est la caractéristique la plus partagée par les différents régimes sur la planète. Ici, une fois de plus, tout a commencé à mal aller avec le tournant néo-libéral il y a plusieurs décennies, comme presque partout ailleurs dans le monde. Mais l’imaginaire de la population révoltée, composée majoritairement de jeunes, ne remonte pas toujours aussi loin. L’année écoulée suffit. Comme dans la majeure partie du monde, la pandémie a polarisé au Sénégal les positions sociales antérieures. Elle a exacerbé les inégalités préexistantes. L’oligarchie profite de la crise quand le peuple en pâtit. D’autant plus que 80 % de la population sénégalaise vit ou survit de l’économie informelle, comme ailleurs, mise à l’écart des (maigres) « filets sociaux » mis en place pendant la crise sanitaire. L’Union européenne a joué son rôle néfaste et prédateur avec des accords de pêche ruineux pour la réserve halieutique et pour les petits pécheurs côtiers sénégalais. Et depuis octobre, 480 jeunes gens sont morts en mer dans leur tentative de rejoindre l’Europe. De tout cela, les Sénégalais sont bien informés et révoltés. Ils savent que le gouvernement français ne fait rien pour aider le Sénégal dans sa relation à l’Europe.
C’est donc la masse de la population sénégalaise, et tout particulièrement de la jeunesse, qui se sent concernée de proche en proche par ces événements déclenchés par l’arrestation d’un opposant politique. Le collectif citoyen Yenamarre est d’ailleurs au rendez-vous. Créé par des rappeurs et des journalistes lors de la vague de révolutions citoyennes déclenchées en 2011, il dénonçait dans un premier temps les coupures d’électricité attribuées à la calamiteuse gestion des néolibéraux. Comme ailleurs, l’impossibilité d’accéder à tout ou partie des réseaux et ressources essentiels à la vie est un facteur majeur de soulèvement populaire. La situation n’a fait qu’empirer depuis 2011. La contestation s’est donc élargie au-delà des « seuls » partisans d’Ousmane Sonko. C’était prévisible. Tout comme il est prévisible que l’arrestation le 5 mars du rappeur Thiat, un des fondateurs de Yenamarre, ne fera que tendre davantage la situation.
En écrivant ces lignes je n’attise aucune contestation. Seul souverain au Sénégal, le peuple sénégalais sait ce qu’il a à faire. Je décris des faits et une situation qui ne peuvent nous laisser indifférents. Le Sénégal, pays phare de la francophonie en Afrique, et la France sont liés par une histoire commune. De nombreux Sénégalais ou Franco-Sénégalais vivent en France. De nombreux Français vivent au Sénégal. Comme dans de nombreux autres pays d’Afrique, l’intérêt du peuple français et l’intérêt du peuple sénégalais convergent vers le respect des principes démocratiques et des droits humains fondamentaux. Je tiens à l’affirmer pour qu’une autre voix française soit entendue que celle du gouvernement français. Ce dernier a pour seule seule ligne politique en Afrique le soutien aux oligarchies locales, dont les intérêts sont le plus souvent liés avec ceux de l’oligarchie française. D’une pierre deux coups.
Cette politique, concrétisée ici par le silence d’un gouvernement français pourtant prompt à donner des leçons de démocratie dans telle ou telle partie du monde, n’aura fait qu’alimenter les rumeurs. Y compris les plus folles et infondées, comme celle d’un soutien possible à Macky Sall de l’armée française, qui dispose d’une base au Sénégal. Cette politique à courte vue ne fait qu’alimenter la colère. Elle se tourne alors contre une France perçue comme le soutien indéfectible de dirigeants locaux de plus en plus détestés, au Sénégal comme dans le reste de l’Afrique francophone. Si 14 magasins Auchan ont été pillés, ça n’est pas seulement parce qu’ils symbolisent la cherté de la vie. C’est aussi parce qu’il s’agit d’une enseigne française. Incapables de la moindre inflexion sérieuse quant à la politique de la France dans la région, les autorités françaises dénonceront peut-être, comme elles ont pris l’habitude de le faire, l’influence de plus telle ou telle puissance concurrente pour expliquer la haine antifrançaise. Ces manœuvres existent parfois. Et je les condamne. Mais soyons clairs : telle ou telle propagande anti-française diffusée sur internet n’aurait aucune influence si elle ne rencontrait pas une colère préexistante contre la politique du gouvernement français. C’est bien cette dernière qui est le cœur du problème.
Patriote et internationaliste, je ne peux me résoudre à une telle situation. Dès mercredi j’ai tweeté mon inquiétude lors de l’arrestation d’Ousmane Sonko. Les ricanements n’ont pas manqués côté macroniste. À présent la situation a bien dérapé et les ricaneurs ne savent plus quoi faire. J’ai l’habitude. J’ai déjà vécu cette situation en appuyant le mouvement populaire au Mali. Le gouvernement et le correspondant de RFI ont tenu jusqu’au bout une ligne aveuglée qui a enfoncé notre pays dans une impasse lors du coup d’État militaire. Si je m’exprime de nouveau ici, c’est en premier lieu pour affirmer l’urgence d’une vision radicalement nouvelle des relations entre la France et l’Afrique. Et pour lancer un appel aux Sénégalais. Ne confondez pas la France avec son oligarchie. Mes compatriotes sur place aiment le Sénégal non pour le piller mais comme on peut aimer un lieu et une population. Comme en France, les binationaux français et sénégalais aiment la France. Ne soyons pas les marionnettes des puissants qui s’arrangent très bien du fait que les peuples se détestent et se battent Je souhaite entre la France et l’Afrique une relation basée sur la coopération mutuellement profitable entre des peuples souverains. Une relation qui corresponde aux intérêts communs des peuples, non à ceux des oligarchies. Et cela commence aujourd’hui même par notre respect et appui comme Français au mouvement populaire sénégalais. Et je forme le vœu qu’il en aille de même au Sénégal entre Sénégalais et Français qui y vivent ensemble.
par Jean-Luc Mélenchon
LE SÉNÉGAL NOUS PARLE, SACHONS L'ENTENDRE
La politique à courte vue de l'Etat français ne fait qu’alimenter la colère. Elle se tourne contre une France perçue comme le soutien indéfectible de dirigeants locaux de plus en plus détestés, au Sénégal comme dans le reste de l’Afrique francophone
Pour d’innombrables raisons qu’il serait trop long d’énumérer ici, les Sénégalais et les Français ont une relation singulière. Les députés des quatre grandes communes siégèrent aux États généraux de 1789. Les Sénégalais ont pris une lourde part cruciale aux souffrances subies dans les grandes guerres européennes, aux côtés des Français. La langue que nous avons en usage commun est désormais sans cesse davantage une œuvre sénégalaise et pas seulement à cause de l’académicien chef et fondateur de l’État, le poète Leopold Sédar Senghor.
Dans cette histoire, il y a une part peu glorieuse pour nous et une autre bien plus nette. Et beaucoup d’affects. C’est tout cela qu’il faut assumer tranquillement. C’est le meilleur qu’il s’agit de cultiver. Le Sénégal est dans l’épreuve. Nous devons nous y intéresser et voir comment nous rendre utile à son peuple, notre ami de longue main.
Depuis quelques jours, le pays, longtemps modèle démocratique africain, est en ébullition populaire. L’arrestation le 3 mars de l’opposant Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et possible candidat à celle de 2024, a entraîné la plus grande vague de manifestations et émeutes depuis plusieurs années. Au moins un jeune manifestant a été tué dans des affrontements avec les forces de répression jeudi. Les autorités gouvernementales ont également suspendu pour soixante-douze heures deux télévisions privées, Sen TV et Walf TV, accusées de troubles à l’ordre public « de nature à constituer une menace sur la stabilité nationale ou la cohésion sociale ». On croirait lire un communiqué du préfet Lallement.
Évidemment, ces mesures répressives ont attisé la mobilisation. Elle n’est pas superficielle. Elle vient de loin. La contestation contre la dérive autoritaire du Président Macky Sall est profonde. Il est connu pour avoir écarté plusieurs concurrents politiques, comme le Maire de Dakar Khalifa Sall, via des procédures s’apparentant à du Lawfare, guerre judiciaire en politique. Les conditions de la procédure contre Ousmane Sonko, accusé d’un viol qu’il nie fermement, et finalement arrêté pour « trouble à l’ordre public », ont un goût évident d’instrumentalisation de la justice.
Le Sénégal est loin d’être un cas unique. L’hybridation entre libéralisme économique et autoritarisme politique est la caractéristique la plus partagée par les différents régimes sur la planète. Ici, une fois de plus, tout a commencé à mal aller avec le tournant néo-libéral il y a plusieurs décennies, comme presque partout ailleurs dans le monde. Mais l’imaginaire de la population révoltée, composée majoritairement de jeunes, ne remonte pas toujours aussi loin. L’année écoulée suffit. Comme dans la majeure partie du monde, la pandémie a polarisé au Sénégal les positions sociales antérieures. Elle a exacerbé les inégalités préexistantes. L’oligarchie profite de la crise quand le peuple en pâtit. D’autant plus que 80 % de la population sénégalaise vit ou survit de l’économie informelle, comme ailleurs, mise à l’écart des (maigres) « filets sociaux » mis en place pendant la crise sanitaire. L’Union européenne a joué son rôle néfaste et prédateur avec des accords de pêche ruineux pour la réserve halieutique et pour les petits pécheurs côtiers sénégalais. Et depuis octobre, 480 jeunes gens sont morts en mer dans leur tentative de rejoindre l’Europe. De tout cela, les Sénégalais sont bien informés et révoltés. Ils savent que le gouvernement français ne fait rien pour aider le Sénégal dans sa relation à l’Europe.
C’est donc la masse de la population sénégalaise, et tout particulièrement de la jeunesse, qui se sent concernée de proche en proche par ces événements déclenchés par l’arrestation d’un opposant politique. Le collectif citoyen Yenamarre est d’ailleurs au rendez-vous. Créé par des rappeurs et des journalistes lors de la vague de révolutions citoyennes déclenchées en 2011, il dénonçait dans un premier temps les coupures d’électricité attribuées à la calamiteuse gestion des néolibéraux. Comme ailleurs, l’impossibilité d’accéder à tout ou partie des réseaux et ressources essentiels à la vie est un facteur majeur de soulèvement populaire. La situation n’a fait qu’empirer depuis 2011. La contestation s’est donc élargie au-delà des « seuls » partisans d’Ousmane Sonko. C’était prévisible. Tout comme il est prévisible que l’arrestation le 5 mars du rappeur Thiat, un des fondateurs de Yenamarre, ne fera que tendre davantage la situation.
En écrivant ces lignes je n’attise aucune contestation. Seul souverain au Sénégal, le peuple sénégalais sait ce qu’il a à faire. Je décris des faits et une situation qui ne peuvent nous laisser indifférents. Le Sénégal, pays phare de la francophonie en Afrique, et la France sont liés par une histoire commune. De nombreux Sénégalais ou Franco-Sénégalais vivent en France. De nombreux Français vivent au Sénégal. Comme dans de nombreux autres pays d’Afrique, l’intérêt du peuple français et l’intérêt du peuple sénégalais convergent vers le respect des principes démocratiques et des droits humains fondamentaux. Je tiens à l’affirmer pour qu’une autre voix française soit entendue que celle du gouvernement français. Ce dernier a pour seule seule ligne politique en Afrique le soutien aux oligarchies locales, dont les intérêts sont le plus souvent liés avec ceux de l’oligarchie française. D’une pierre deux coups.
Cette politique, concrétisée ici par le silence d’un gouvernement français pourtant prompt à donner des leçons de démocratie dans telle ou telle partie du monde, n’aura fait qu’alimenter les rumeurs. Y compris les plus folles et infondées, comme celle d’un soutien possible à Macky Sall de l’armée française, qui dispose d’une base au Sénégal. Cette politique à courte vue ne fait qu’alimenter la colère. Elle se tourne alors contre une France perçue comme le soutien indéfectible de dirigeants locaux de plus en plus détestés, au Sénégal comme dans le reste de l’Afrique francophone. Si 14 magasins Auchan ont été pillés, ça n’est pas seulement parce qu’ils symbolisent la cherté de la vie. C’est aussi parce qu’il s’agit d’une enseigne française. Incapables de la moindre inflexion sérieuse quant à la politique de la France dans la région, les autorités françaises dénonceront peut-être, comme elles ont pris l’habitude de le faire, l’influence de plus telle ou telle puissance concurrente pour expliquer la haine antifrançaise. Ces manœuvres existent parfois. Et je les condamne. Mais soyons clairs : telle ou telle propagande anti-française diffusée sur internet n’aurait aucune influence si elle ne rencontrait pas une colère préexistante contre la politique du gouvernement français. C’est bien cette dernière qui est le cœur du problème.
Patriote et internationaliste, je ne peux me résoudre à une telle situation. Dès mercredi j’ai tweeté mon inquiétude lors de l’arrestation d’Ousmane Sonko. Les ricanements n’ont pas manqués côté macroniste. À présent la situation a bien dérapé et les ricaneurs ne savent plus quoi faire. J’ai l’habitude. J’ai déjà vécu cette situation en appuyant le mouvement populaire au Mali. Le gouvernement et le correspondant de RFI ont tenu jusqu’au bout une ligne aveuglée qui a enfoncé notre pays dans une impasse lors du coup d’État militaire. Si je m’exprime de nouveau ici, c’est en premier lieu pour affirmer l’urgence d’une vision radicalement nouvelle des relations entre la France et l’Afrique. Et pour lancer un appel aux Sénégalais. Ne confondez pas la France avec son oligarchie. Mes compatriotes sur place aiment le Sénégal non pour le piller mais comme on peut aimer un lieu et une population. Comme en France, les binationaux français et sénégalais aiment la France. Ne soyons pas les marionnettes des puissants qui s’arrangent très bien du fait que les peuples se détestent et se battent Je souhaite entre la France et l’Afrique une relation basée sur la coopération mutuellement profitable entre des peuples souverains. Une relation qui corresponde aux intérêts communs des peuples, non à ceux des oligarchies. Et cela commence aujourd’hui même par notre respect et appui comme Français au mouvement populaire sénégalais. Et je forme le vœu qu’il en aille de même au Sénégal entre Sénégalais et Français qui y vivent ensemble.
par Anta Spills The Tea
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TROUBLES AU SÉNÉGAL, DÉCRYPTAGE D'UNE CRISE DÉMOCRATIQUE DANS SON CONTEXTE SOCIOPOLITIQUE
Mieux comprendre les dynamiques sociopolitiques qui ont mené à une telle situation de tensions dans le pays de la Teranga si tranquille d’habitude
C’est pourtant un pays relativement bon élève de la démocratie, un des rares pays d’Afrique a avoir connu des alternances fréquentes avec 4 Présidents depuis l’Indépendance en 1960. Seulement la détérioration des conditions de vie est notable, et on peut observer un certain sentiment de ras-le-bol chez les populations. Les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux ces derniers jours ont montré un bien sombre visage du Sénégal aux antipodes de celui qui est déjà connu. Cette crise est la cristallisation des frustrations et des injustices que subissent la jeunesse, désespérée qui souvent, décide de partir de ce pays en lequel il n’ont plus aucun espoir. C’est ce désarroi, ce désespoir qui les pousse souvent à émigrer pour réussir à l’étranger. J’ai décidé de m’attaquer à ce sujet épineux et complexe afin de planter le contexte et de mieux comprendre les dynamiques sociopolitiques qui ont mené à une telle situation de tensions dans le pays de la Teranga qui est si tranquille d’habitude.
Les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux ces derniers jours ont montré un bien sombre visage du Sénégal aux antipodes de celui qui est déjà connu.
Cette crise est la cristallisation des frustrations et des injustices que subissent la jeunesse, désespérée qui souvent, décide de partir de ce pays auquel il n’ont plus aucun espoir. C’est ce désarroi, ce désespoir qui les pousse souvent à émigrer pour réussir à l’étranger.
J’ai décidé de m’attaquer à ce sujet épineux et complexe afin de planter le contexte et de mieux comprendre les dynamiques sociopolitiques qui ont mené à une telle situation de tensions dans le pays de la Teranga qui est si tranquille d’habitude.
par la chroniqueuse de seneplus, Rama Salla Dieng
UNE LECTURE FÉMINISTE DES ÉVÉNEMENTS POLITIQUES RÉCENTS
EXCLUSIF SENEPLUS - Le cas Adji Sarr est allégorique du traitement des victimes de viol et de violences sexuelles, dans notre pays. Un pays dans lequel, le corps des femmes est depuis toujours une arène de batailles politiques
Rama Salla Dieng de SenePlus |
Publication 06/03/2021
« Ôter l’âme à chacun, à tous la liberté » : le silence du temps et le temps de l’action, une lecture féministe des événements politiques récents
L’Etat de droit et les tares de l’Etat face au droit : les vigies citoyennes
Ceci est un article en colère, un article qui ne pouvait plus se contenter d’admirer les déflagrations de courage d’une jeunesse qui n’a plus que la rue pour apostropher leurs gouvernants aux pieds d’argile. Puis l’admiration a cédé le pas au regret de constater que la rue est devenue le théâtre ultime d’expression des populations. Ce qui, immanquablement alimente les discours politiciens visant à nous diaboliser, nous, la jeunesse pour nous peindre en une masse homogène sans conscience (politique), nous mutiler, et pis nous tuer.
Ceci est un article qui applaudit le manifeste salutaire des 102 sur la crise de l’État de droit au Sénégal, note avec surprise la réaction du secrétaire général Abdou Latif Coulibaly, constate avec délectation le brillant texte, à mon sens, de Hady Ba et Oumar Dia. Ce dernier texte soulignait justement deux points importants :
i) que, quelles que soient les circonstances, une accusation de viol est une accusation sérieuse qui doit faire l’objet d’une enquête ;
ii) que cette affaire a été politisée depuis le début non seulement par l’attitude de l’accusé, mais également par l’interférence d’acteurs politiques proches du pouvoir qui ont encadré l’accusatrice. Le texte concluait qu’en « instrumentalisant la justice à des fins électorales, il (M. Macky Sall) nous a installés dans une instabilité juridique qui fait que toute décision de la justice sera interprétée non pas comme un acte légal, mais comme un acte politique ».
Ces débats faisaient écho à une autre conversation que nous avions tenue quelques jours plus tôt sur le Covid-19, la gouvernance et les droits humains avec Drs Oumoul Khairy Coulibaly, Ousmane Aly Diallo et Hady Ba qui alertait sur cette crise de l’État de droit au Sénégal, qui loin d’être une exception, n’a plus de démocratie que de nom depuis une ou deux décennies.
Des viols sous silence et le corps des femmes comme arène politique
Ceci est donc un article qui recontextualise le besoin de continuer à libérer la parole, car le danger du discours dominant actuel est de censurer la parole des prochaines victimes de viol ou de violences sexuelles. Depuis le début de cette affaire, nous avons constaté un traitement inique de part et d’autre. D’une part, Adji Sarr, trainée dans la boue de la presse et sa vie étalée au grand public tandis que Sonko était lavé à grande eau avant toute instruction du dossier. De l’autre, le même Ousmane Sonko faisant face à un pouvoir judiciaire pressé de traiter cette affaire de viol avec un zèle qu’on ne lui connaissait pas qui l’a mené en prison pour des motifs fallacieux, bien différents de ceux qui ont été à l’origine de cette affaire. Cette combinaison de facteurs lève le voile sur un trait de caractère socioculturel bien sénégalais, et mène la majorité de l’opinion à victimiser le présumé oppresseur (Sonko), lui-même oppressé par un bourreau commun au peuple sénégalais aux allures de Léviathan (le régime de plus en plus présidentialiste sénégalais) et à blâmer la prétendue victime (Adji Sarr, la fille de 20 ans accusée d’être au cœur d’une machination fomentée par les proches de Benno Benn Yaakaar. Cet article ne se satisfait donc pas d’une émotion, qui trop vite et maintes fois, mène à l’omission des faits (en l’état, une accusation de viol) qui ont constitué l’étincelle au départ de ce feu qui se propage, s’amplifiant et se nourrissant de frustrations qui se sont sédimentées depuis 2012. Ceci est le fruit d’une combinaison de facteurs :
i) l’érosion perpétuelle de notre architecture de droit par le viol de notre charte fondamentale ;
ii) l’instauration d’une République des privilèges au profit d’une minorité heureuse, et enfin
iii) le floutage progressif des frontières entre les domaines de l’exécutif, du judiciaire et du parlement.
Il convient donc de rappeler que dans tous les cas, Adji Sarr est et reste soit une victime, ou de Sonko, ou de son employeur Sweet Massage, ou une coupable avec ceux et celles qui auraient ourdi cette prétendue machination de viol. Dans tous les cas, son cas est allégorique du traitement et de la stigmatisation des victimes de viol et de violences sexuelles, de la culture du viol dans notre pays. Notre pays, dont la gouvernance reste désespérément masculine et dans lequel, le corps des femmes est depuis toujours une arène de batailles politiques. Je m’intéresse et m’interroge ici sur les activités et la posture du salon Sweet Massage, qui dans certains passages du procès-verbal faisait état des ‘formes généreuses’ de ‘ses masseuses sexy’, des ‘diongomas sénégalaises’ qui promettaient des ‘séances de détente inoubliables’. Un autre passage du texte du Facebook de Sweet Massage dans le procès-verbal, était une invite à ‘venir goûter aux délices de nos mains de fée sensuelles et caressantes qui (ne) laisseront aucune partie de votre corps’ avant de lister les types de massage offert. En outre, certaines images du compte Facebook de Sweet Massage du PV montrent des jeunes femmes aux formes rondes et généreuses dans des postures suggestives. Même si Sweet Massage n’est pas le seul salon de massage à recourir à ces procédés de marketing, pourquoi mettre l’accent sur le corps attirant et les formes généreuses de ces femmes plutôt que sur les vertus desdits massages ? S’il est établi que l’offre du salon de massage et ses activités sont licites, elles ne concerneraient que les demandeurs de ces services (ceux et celles qui fréquentent le salon) et les offreurs de ces services (les propriétaires du salon et ceux qui y travaillent). Loin de moi, toute tentative de décider ce qu’il convient de juger comme ‘bonnes’ ou ‘mauvaises’ mœurs, mais il convient à la police et à la justice de creuser au-delà des discours de respectabilité de part et d’autre pour caractériser les faits qui se sont produits. Peu importe la classe sociale ou l’identité des plaignants ou des accusés, il est normal d’espérer un traitement égal de tou.te.s citoyen.ne.s devant la loi.
Au-delà de l’Affaire Sarr-Sonko : Les défis de gouvernance politique : la rue et les médias sociaux comme nouveaux sites d’expression populaire des jeunesses sénégalaises
Cette affaire est une opportunité non seulement de regarder de près ce qui se passe dans ces salons de massage sous l’œil parfois complice de ceux qui sont censés les réglementer, mais au-delà, il ne faut pas prendre l’arbre pour la forêt. Le traitement de cette affaire, non seulement par la justice, mais aussi par le tribunal populaire de la société sénégalaise, fera cas d’école et pourra encourager ou étouffer la libération de la parole de milliers de victimes de viols et d’abus sexuels. Il peut potentiellement et tragiquement, dés-inciter ces dernières à ester en justice, car l’opprobre social, le décompte de sa parole en public, et le lourd tribut réputationnel sont un prix bien trop lourd à payer pour que ces dernières osent continuer à faire confiance en leur justice.
Il convient donc de veiller au respect des droits et libertés fondamentales garanties par notre constitution en son article 7 pour un traitement équitable des deux parties en présence (autant Adji Sarr, qu’Ousmane Sonko) pour une instruction impartiale et juste :
« La personne humaine est sacrée. Elle est inviolable. L’État a l’obligation de la respecter et de la protéger. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité, au libre développement de sa personnalité, à l’intégrité corporelle notamment à la protection contre toutes mutilations physiques.
(…) Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Les hommes et les femmes sont égaux en droit.
(…) Il n’y a au Sénégal ni sujet ni privilège de lieu de naissance, de personne ou de famille. »
C’est donc le lieu à travers cette affaire qui n’a que trop débordé, car instrumentalisée à des motifs politiques (électoraux) de montrer que la justice pour les pauvres n’est pas une pauvre justice, et d’abolir les privilèges de classe et les violations de notre charte sacrée qui nous rappelle en son article 42 que :
« Le président de la République est le gardien de la Constitution. Il est le premier protecteur des Arts et des Lettres du Sénégal. Il incarne l’unité nationale. Il est le garant du fonctionnement régulier des institutions, de l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire. »
Ceci est donc un texte qui dit non à l’élusion de trop qui veut faire illusion et usage de raccourcis faciles pour étouffer d’un côté les paroles d’une énième dénonciatrice de violence sexuelle (qu’il revient à la justice d’évaluer et de trancher) et de l’autre, le discours et l’action d’un ministre de l’Intérieur aux allures pétainistes, bras armé de l’exécutif, prompt à user et de la rhétorique de la terreur et du monopole de la violence légitime pour surveiller, et punir ; tuer aussi s’il le faut.
En effet, au terme de plusieurs semaines de débats houleux, le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome, a surpris par le ton de son adresse publique télévisée. Dans un discours bilingue à géométrie variable, le ministre a donné une version française peu ou prou politiquement correcte, se terminant avec une promesse ‘déplacée’ d’alléger les mesures de couvre-feu sous peu comme si tel était la source des tensions. Le discours en Wolof, en revanche, était plus menaçant et alarmant sur les circonstances de l’arrestation de Sonko et à l’endroit des manifestants. Le ministre de l’Intérieur s’exprimant alors qu’une sortie présidentielle aurait été plus appropriée, a fait usage de termes inappropriés à la limite de l’insulte pour encore une fois caractériser les jeunesses sénégalaises de masses terroristes. Ceci prouve une fois de plus le fossé qu’il existe entre ceux qui nous gouvernent et nous-mêmes, leur incapacité à lire les actes posés.
Les privilèges du temps et de la parole face aux leçons de l’Histoire : Une opportunité ratée de communiquer et de communier
Prendre le recul obligatoire, l’urgence de réagir ou de sembler agir et résister aux instincts grégaires, pour laisser aux idées le temps de la maturation nécessaire est pour moi une quête. Un privilège aussi, je le concède. Alors qu’approche le 8 Mars, il convient aussi de reconnaître que le temps semble être la devise rare, un énième privilège qui ne fait pas défaut à la majorité d’hommes politiques affables qui ont pris d’assaut les médias de leur belle ballade du sabador depuis le début de cette affaire. La pauvreté du temps est un phénomène bien connu de la plupart des femmes qui combinent moult casquettes et rôles sociaux. Pour ma part, bien que le sursaut d’indignation était présent depuis les premiers jours de ce qu’il est convenu d’appeler “l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko”, il me fallait trouver un créneau entre l’enseignement à l’université, le labeur de mère et le temps du recueillement et du repos que je m’impose, pour m’indigner comme je le souhaite sans qu’aucun événement externe ne vienne troubler ce silence temporaire et salutaire du temps.
Dans le même temps, je souhaitais aussi résister à l’urgence d’agir ou de réagir qui caractérise souvent le temps des réseaux sociaux. Mais de rester fidèle au temps du chercheur qui ne doit aucunement se mouler dans la hâte, mais épouser le temps de l’investigation méticuleuse, la nonchalance féconde, le loisir de la lenteur, de l’introspection et de la rétrospection, basée sur une analyse scrupuleuse des faits et parfois nécessairement, de l’intime conviction, aussi.
Mon intime conviction est que l’actuel gouvernement sénégalais n’a pas su lire clairement les actes de son peuple. Il n’a surtout pas su voir au-delà de cette affaire Sarr-Sonko et comprendre qu’elle ne fait que cristalliser des frustrations et des rancœurs plus anciennes, à l’endroit du président actuel qui suit les pas de son prédécesseur pour se dédire au sujet d’un probable troisième mandat, traitant ceux et celles qui l’ont porté au pouvoir comme une masse insignifiante. Que de pertes inutiles en vies humaines face à un mutisme d’un dirigeant au mieux amnésique qui n’ignore nullement que l’histoire peut se répéter soit en tragédie, soit en farce. Il semble que l’on a emprunté le premier chemin.
Je termine donc avec ces quelques vers des Châtiments de Victor Hugo :
« Le plus haut attentat que puisse faire un homme (…)
C'est, quel que soit le lieu, le pays, la cité
D'ôter l'âme à chacun, à tous la liberté.
Dans la curie auguste, entrer avec l'épée,
Assassiner la loi dans son temple frappé,
Mettre aux fers tout un peuple est un crime odieux
Que Dieu, calme et rêveur, ne quitte pas des yeux.
Dès que ce grand forfait est commis, point de grâce
La Peine au fond des cieux, lente, mais jamais lasse
Se met en marche, et vient ; son regard est serein.
Elle tient sous son bras son fouet aux clous d'airain. »
Victor Hugo, Jersey. Les Châtiments, novembre 1852.
Dre Rama Salla Dieng est citoyenne sénégalaise, Maitresse de conférence en Développement international et études africaines à l'Université d'Édimbourg, Royaume-Uni.
L'ÉTAT EN VEUT À OSIWA
Le gouvernement a décidé de retirer son agrément à l’ONG Open Society West Africa au Sénégal. En cause, le soutien financier qu'elle apporterait à des organisations comme Y en a Marre
L’affaire Sonko continue de produire des effets jusque-là où on s’y attend le moins. Le Quotidien a appris que le gouvernement a décidé de retirer son agrément à l’Ong Open Society West Africa au Sénégal (Osiwa Sénégal). La cause, le soutien financier que cette organisation apporterait à des organisations comme Y en a Marre. Dans ces moments troubles, marqués par des violences de rue, où l’on note la grande implication des membres de cette structure dans le combat pour la libération de Ousmane Sonko ainsi que d’autres détenus, les pouvoirs publics chercheraient à réduire leur capacité de nuisance en les privant de ressources économiques.
Il serait reproché à Osiwa d’avoir fait transférer au moins 70 mille dollars américains (environ 45 millions de Cfa), à Y en marre, à travers TrustAfrica. La décision de suspendre l’organisation de George Soros au Sénégal sera, disent certaines personnes bien informées du dossier, rapidement notifiée à la représentation diplomatique des Etats-Unis d’Amérique au Sénégal. Et c’est en ce moment qu’elle va devenir effective. Ce que Le Quotidien a pu vérifier, c’est que c’est au cours d’une rencontre avec les principaux ministres concernés, de l’Intérieur, de la Justice, des Affaires étrangères, et des Finances et du Budget notamment, que le président de la République Mack Sall lui-même, a pris la décision de retrait de l’agrément.
Cette décision va intervenir alors que c’est à la fin de l’année que doit se négocier le renouvellement de l’agrément entre Osiwa et les autorités sénégalaises. Si cet agrément venait à être retiré avant la date d’expiration, on peut s’attendre à de nombreuses polémiques sur la question. Le gouvernement serait également en train de pister d’autres sources de financement de Y en A marre, notamment par le biais de Leetchi, ainsi que par le réseau des activistes d’Afrique et de sa diaspora, Afrikki network.
Le gouvernement du Sénégal n’a jamais vraiment fait mystère de sa volonté de priver Y en a Marre et d’autres organisations d’activistes de leurs financements extérieurs. S’agissant du mouvement dirigé par Aliou Sané, il a été officiellement à la base de la décision de l’Etat du Sénégal de retirer son agrément à l’Ong Enda Lead Afrique francophone, à la fin de l’année 2018. Il avait été dit à l’époque, que Enda Lead Afrique «participait à des opérations de financement extérieures» du mouvement Y en a Marre. Les responsables de l’Ong avaient eu beau protester de leur bonne foi, cela n’avait pas empêché le gouvernement de maintenir sa décision. Et à cette occasion d’ailleurs, Osiwa avait été également indexé, mais aucune décision n’avait été prise en son encontre. Sans préjuger de ce que la décision de retirer l’agrément de Osiwa pourrait entraîner comme conséquences juridiques, on pourrait s’avancer que sur le plan financier, ce sera un autre coup dur porté, non seulement à Y en a Marre, mais à plusieurs autres mouvements de la Société civile sénégalaise, dont les activités reçoivent régulièrement des financements de cette structure. Et dans les circonstances actuelles de polarisation du discours politique, le gouvernement devra avoir le dos large pour supporter les critiques.
L’APR RECLAME DES SANCTIONS
Les Apéristes jugent totalement inacceptable que ce qui se passe au Sénégal depuis le 03 Mars.
L’Alliance pour la République (APR) ne joue pas la carte de l’apaisement. Après les vives manifestations notées hier dans le pays, le parti au pouvoir réclame des sanctions et prend Ousmane Sonko pour responsable de tous ces troubles.
Les Apéristes jugent totalement inacceptable que ce qui se passe au Sénégal depuis le 03 Mars. Ils pensent que les scènes de violence et autres provocations qui visent à installer le chaos, l’insécurité et l’instabilité sont indignes dans un pays comme le Sénégal. «Notre pays restera une démocratie modèle qu’il nous faut consolider en respectant et défendant ses institutions, un État de droit respecté de par le monde et protecteur, sans discrimination de droits de tous ses citoyens», soutiennent les partisans de Macky Sall dans un communiqué signé le Secrétariat Exécutif National de l’Apr.
Ainsi, ils condamnent avec la plus grande fermeté les actes de violence et de vandalisme sous quelque forme que ce soit. «De tels actes de pillages sont d’autant plus graves qu’ils sont dirigés contre des biens publics, des biens privés, des groupes de presse (RFM, Le Soleil…), et notamment des installations et entités privées de droit sénégalais, où travaillent des Sénégalais même si celles-ci portent les enseignes d’entreprises originaires d’un pays – partenaire du Sénégal, en même temps qu’ils écornent l’image du Sénégal», indiquent-ils.
L’Apr appelle tous les Sénégalais particulièrement les organisations politiques et citoyennes à la retenue, à la sérénité, au calme, à faire confiance à la justice de notre pays et surtout à refuser que cette affaire de mœurs ne serve de prétexte pour déstabiliser notre cher pays. Le Sen de l’Apr exprime également son soutien total aux forces de défense et de sécurité, dans leur mission de maintien de l’ordre public, et demande Gouvernement de prendre toutes les dispositions requises pour garantir la sécurité et la tranquillité des populations et que la lumière soit faite sur ces accusations de viol, en toute impartialité, par la justice de notre pays, qui garantit le respect des droits humains et des droits de chaque citoyen.
Revenant auparavant sur l’affaire « Sonko-Aji Sarr», les apéristes ont indiqué que leader des Patriotes devait se rendre à la convocation du juge après la levée de son immunité parlementaire, à sa demande. Aussi, l’accusent-ils de persister dans une stratégie de déni, de discréditation des institutions de la République et de refus de toute forme de confrontation avec la plaignante. Ils lui reprochent aussi d’appeler de façon répétée à mettre le pays à feu et à sang. «Dans un État de droit, comme le Sénégal, il appartient à la justice de trancher les conflits entre citoyens. Nul ne peut se prévaloir d’un quelconque statut pour chercher, par subterfuge ou défiance à se mettre hors de portée de la justice», tranchent les apéristes.