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28 juin 2025
Par Maurice Soudieck DIONE
SAUVER LE SENEGAL, PRESERVER L’ETAT DE DROIT ET LA DEMOCRATIE
Le Sénégal traverse l’une des crises politiques les plus graves de son histoire dans un contexte particulier de crise sanitaire doublée d’une crise économique. Les manifestations qui ont éclaté les 3, 4 et 5 mars ont été d’une extrême violence
Le Sénégal traverse l’une des crises politiques les plus graves de son histoire dans un contexte particulier de crise sanitaire doublée d’une crise économique. Les manifestations qui ont éclaté les mercredi 3, jeudi 4 et vendredi 5 mars ont été d’une extrême violence. Des Sénégalais y ont perdu la vie. Que le Tout Puissant les couvre de sa miséricorde et les accueille au paradis.
De nombreux autres ont été grièvement blessés, y compris dans les rangs des forces de l’ordre, qu’ils soient tous promptement rétablis. De nombreuses destructions de biens publics et privés ont été effectuées. Des signaux de médias privés coupés, et d’autres médias publics et privés attaqués avec des véhicules brûlés.
Les scènes de pillage notamment des magasins Auchan et des stations d’essence Total ont donné une face hideuse de notre pays à l’étranger. Un pays en développement comme le Sénégal a pour vocation d’accueillir tous les investisseurs, qu’ils soient africains, français, américains, allemands, chinois, brésiliens, indiens, japonais ou coréens... Il appartient aux citoyens que nous sommes d’exiger de nos gouvernants, par tous les moyens démocratiques, de nouer avec les partenaires extérieurs des mécanismes de coopération gagnant-gagnant. Les symboles les plus forts de l’État sont atteints, avec notamment des tribunaux incendiés comme à Diourbel ou des locaux de gendarmerie comme à Diaobé.
La confrontation des manifestants avec les forces de l’ordre à Colobane en direction de la caserne Samba Diéry Diallo a révélé une réelle détermination de la foule. Il convient d’écouter, d’entendre et de comprendre ce que le peuple exprime. La répression ne peut et ne saurait régler la situation. Car, comme l’affirme Jean-Jacques Rousseau : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir », parce que comme en rajoute Tallerand : « On peut tout faire avec une baïonnette, sauf s’asseoir dessus ».
Les Anciens disaient « Gladius legis custos » (le glaive gardien de la loi). Blaise Pascal dans sa dialectique entre la justice et la force atteste : « La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique ». Donc, il faut mettre ensemble la justice et la force, afin que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste. La puissance publique se fonde certes sur la force matérielle, mais elle repose encore plus sur la force immatérielle de sa légitimité. Autrement dit, la puissance de l’État n’est pas seulement un phénomène juridique, institutionnel et matériel, elle trouve essentiellement son fondement sur l’adhésion des gouvernés, et sur sa finalité de préservation et de perpétuation des droits et libertés.
La force brute et brutale, à elle seule, est inapte et inepte à assurer la pérennisation de l’ordre sociopolitique, car il y a une dimension culturelle, idéologique et cognitive qui doit la sous-tendre et la soutenir. L’investissement de confiance des gouvernés sur les institutions est donc crucial et suppose qu’elles reposent sur la légalité et l’égalité, la crédibilité et l’impartialité afin d’asseoir leur autorité, au sens étymologique de l’auctoritas (ce qui fait augmenter), en l’occurrence d’assurer au mieux le plein épanouissement matériel et moral des citoyens. Au-delà de l’affaire Ousmane Sonko, il y a un questionnement profond sur la démocratie et l’État de droit au Sénégal.
En substance, la démocratie selon David Beetham est une pyramide composée de trois blocs : un Gouvernement ouvert et comptable, des élections libres et transparentes et des droits civils et politiques. L’État de droit est le cadre d’expression, de protection et de promotion des libertés, comme pouvoirs d’agir reconnus et encadrés par la loi ; des droits comme intérêts juridiquement protégés ; et des devoirs, comme obligations prévues et garanties par la loi.
La grave crise politique qui secoue le pays est liée à la nécessité de réformer notre système démocratique. Les dérives du Président Wade ont été fortement décriées avec notamment le Mouvement du 23 Juin et la lutte contre une troisième candidature anticonstitutionnelle, avec son cortège de morts et de destructions en 2011-2012.
Le combat de l’opposition et de la société civile a abouti à la deuxième alternance démocratique. Cependant, les réformes pour renforcer la démocratie sénégalaise n’ont pas été effectuées malgré les promesses de rupture, malgré les conclusions des Assises nationales jetées aux oubliettes, malgré le rapport de la Commission nationale de réforme des institutions dont le travail a englouti 700 millions de francs CFA.
En définitive, aucune réforme sérieuse n’a été faite pour corriger l’hyper-présidentialisation du régime politique sénégalais, pour renforcer l’indépendance de la justice, pour redéfinir les rapports entre l’exécutif et le judiciaire à travers le parquet, pour limiter les pouvoirs du procureur de la République afin de mieux préserver les droits et libertés des citoyens, pour démanteler les dispositions liberticides contenues dans le Code pénal et le Code de procédure pénale qui datent tous de 1965, au plus fort de l’autoritarisme modéré du Président Senghor, et qui ne sont plus en phase avec l’évolution politique de notre pays. Pour sortir de cette impasse, il convient de rappeler certains fondamentaux : l’opposition est un rouage essentiel dans une démocratie qui est un système à l’opposé du consensus mou qui empêche de voir, de prévoir et de canaliser les revendications et le mécontentement du peuple.
L’opposition joue un rôle de régulation institutionnelle pour éviter un débordement du système politique. L’opposition joue une fonction de catharsis qui permet l’expression et la sublimation de la colère du peuple. L’opposition aide les tenants du pouvoir à être plus vigilants, en se remettant en cause et en corrigeant leurs actions. Le contrôle des citoyens et de la société civile s’inscrit également dans cette perspective ; l’instrumentalisation des institutions répressives contre les opposants est anti-démocratique, sape les fondements de l’État de droit et menace les équilibres du vivre-ensemble ; le pouvoir autocratique ne prospère pas dans la durée au Sénégal.
En effet, il y a une moyenne de 8 ans environ pour l’essoufflement des entreprises de construction du pouvoir personnel. Le Président Senghor s’y est pris de 1962 à 1968- 69 pour ensuite ouvrir le jeu par la création du poste de Premier ministre en 1970 et le retour au multipartisme limité, à trois en 1976 après la création du PDS en 1974, et ensuite à quatre en 1978 avant de quitter le pouvoir le 31 décembre 1980.
Le Président Diouf construit son pouvoir personnel de 1981 à 1988 ; 1988 date de la crise politique ardue sur fond d’ajustement structurel qui mène finalement à des réformes démocratiques. Le Président Wade a bâti son pouvoir personnel de 2000 à 2008 environ, avant que la tendance ne soit renversée avec l’organisation des Assises nationales, la mise en place du Front Siggil Senegal et de Benno Siggil Senegaal pour aboutir à l’alternance de 2012. Le Président Sall a également atteint le seuil des 8 ans au-delà desquels il est difficile de poursuivre des pratiques autoritaires. Le respect des principes de la démocratie et de l’État de droit est nécessaire à la paix, à la sécurité et à la prospérité du Sénégal.
MAURICE SOUDIECK DIONE
DOCTEUR EN SCIENCE POLITIqUE ENSEIGNANT-CHERCHEUR à L’UNIvERSITé GASTON BERGER DE SAINT-LOUIS
GUY MARIUS SAGNA REPREND LA GREVE DE LA FAIM
Guy Marius Sagna, après s’être entretenu avec son avocat, Me Moussa Sarr, a annoncé qu’il va démarrer une grève de la faim en début de semaine prochaine.
Guy Marius Sagna, après s’être entretenu avec son avocat, Me Moussa Sarr, a annoncé qu’il va démarrer une grève de la faim en début de semaine prochaine.
Après avoir obtenu gain de cause suite à son isolement nu dans une cellule, il entame une nouvelle diète pour exiger la libération de tous les détenus politiques arrêtés dans l’affaire Ousmane Sonko/Adji Sarr, rapporte Emédia.
Guy Marius Sagna, coordonnateur de Frapp/France Dégage est en détention préventive à la prison de Cap Manuel. Il lui est reproché des chefs d’association de malfaiteurs, organisation d’un mouvement insurrectionnel et menace de trouble à l’ordre public.
D’ailleurs, l’avocat de l’activiste, Me Moussa Sarr ne cesse de clamer l’innocence de son client. «Guy a été arrêté sur la base de faits imaginaires. Mon client a été enlevé et séquestré. Il n’a commis aucune infraction. Il a été arrêté parce qu’il est membre de France Frapp Dégage, parce qu’il a été directeur de campagne du candidat Ousmane Sonko à la dernière élection présidentielle. Jusqu’à présent, il n’y a pas de faits concrets sur lesquels on peut dire ce que Guy a fait», avait déclaré Me Moussa Sarr
LE M2D EXIGE UNE «ENQUETE INDEPENDANTE» CONTRE LES AUTEURS DE MEURTRES
Le M2D qui avoue avoir « entendu les nombreux appels, y compris ceux des Guides religieux », a pris l’option de la suspension de ses deux jours de manifestations initialement prévus entre mardi 9 et mercredi 10 mars
Le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) qui avait décrété lundi 72 heures de mobilisation nationale au Sénégal, suspend son mot d’ordre. En point de presse tenu hier, à Dakar, il a par ailleurs exigé d’ouvrir une enquête indépendante pour retrouver et traduire devant les juridictions nationales et/ou internationales les auteurs et/ou commanditaires de meurtres, lors des manifestations.
Le M2D qui avoue avoir « entendu les nombreux appels, y compris ceux des Guides religieux », a pris l’option de la suspension de ses deux jours de manifestations initialement prévus entre mardi 9 et mercredi 10 mars.
Toutefois, le mouvement qui s’est dit « guidé exclusivement par l’intérêt supérieur vital du peuple sénégalais et entendant l’appel nos concitoyennes et concitoyens à résister à la dictature, l’oppression et l’injustice », a assumé toute sa responsabilité pour mobiliser, organiser et conduire la lutte pacifique du peuple pour la démocratie et l’État de droit.
Par ailleurs, le M2D a dit observer que la « répression aveugle qui s’est abattue sur les jeunes manifestants, ayant causé la mort de 11 personnes et occasionné des blessures graves pour près de 590 autres citoyennes et citoyens sénégalais est sans précédent dans l’histoire du Sénégal. Il note aussi avec regret que les arrestations et la traque des opposants se poursuivent dans le pays ».
Quoique soucieux de préserver la paix et la stabilité du pays, le M2D a réaffirmé, lors de son face-à-face avec la presse, « sa détermination à poursuivre la lutte démocratique et pacifique sur la base des exigences ci-après Libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers politiques encore incarnés ; mettre en place une Commission nationale indépendante, inclusive et ouverte à la société civile et à l’opposition, entre autres, pour évaluer les réparations et les indemnités à accorder aux familles des victimes et surveiller leur bonne exécution ».
Dans la même mouvance, il importe pour les membres du M2D d’ « Ouvrir une enquête indépendante pour retrouver et traduire devant les juridictions nationales et/ou internationales tous ceux qui, dans les forces de l’ordre comme parmi les nervis et miliciens recrutés par le pouvoir, se sont rendus coupables de meurtre dans les manifestations ainsi que leurs commanditaires ».
A noter que le Mouvement pourla Défense de la Démocratie (M2D) a appelé par ailleurs l’ensemble des Sénégalais à observer une journée de deuil national, ce vendredi 12 mars, pour « prier, partout dans le Sénégal, pour le repos des âmes des victimes des violences ».
Pour marquer cette journée, le M2D appelle dans la foulée « les Sénégalaises et Sénégalais à s’habiller en blanc, mettre des foulards blancs sur les devantures des maisons, sur les véhicules, en leur mémoire ». Le M2D a informé par ailleurs qu’il compte « organiser un Téléthon pour récolter des fonds destinés à aider de manière urgente les familles dans la prise en charge des malades ».
LA SOCIETE CIVILE DEMANDE L’OUVERTURE D’UNE «ENQUETE INDEPENDANTE ET CREDIBLE»
Les manifestations meurtrières de ces derniers jours qui ont causé près d’une dizaine de morts dans le rang des manifestants ne peuvent être passées à perte et à profit.
Les manifestations meurtrières de ces derniers jours qui ont causé près d’une dizaine de morts dans le rang des manifestants ne peuvent être passées à perte et à profit. Pour la société civile qui continue de condamner vivement l’utilisation de nervis aux côtés des forces de l’ordre, il y a nécessité de mener une « enquête indépendante et crédible, pour situer les responsabilités dans ces morts et condamner les auteurs et autres commanditaires».
SEYDI GASSAMA, AMNESTYINTERNATIONAL : «Nous avons demandé, lorsque nous avons été informés des décès, qu’il ait une enquête indépendante et crédible»
«Avant même la déclaration d’Ousmane Sonko avant-hier, lundi, nous de la société civile avions déjà demandé, lorsque nous avons été informés des décès, qu’il ait une enquête indépendante et crédible. Afin de faire la lumière sur les circonstances des décès de ces personnes. Evidemment, pour poursuivre ces auteurs, parce que c’est une exigence de la société civile, de la loi, chaque fois qu’il y a des décès, des morts d’hommes au Sénégal. Alors pour ce, il esttenu de mener une enquête et de poursuivre les auteurs. Et nous sommes en train d’entrer en contact avec les familles des victimes, et nous comptons mettre les avocats à leur disposition pour les assister dans les procédures. Malheureusement, dans ce pays, le parquet a tendance à protéger les membres des forces de sécurité. Parce que ces membres sont protégés doublement par des ordres de poursuite que doit délivrer leur ministère au procureur pour qu’il puisse engager les poursuites. Mais même quand les ordres de poursuite sont donnés, le parquet a tendance à trainer les pieds et ensuite sera classé le dossier sans suite. Donc, nous allons assister les avocats, déposer une plainte avec constitution de partie civile. Ensuite, nous allons faire campagne pour que les auteurs de ces actes soient poursuivis en justice…Je voudrais aussi dire que le premier pas d’une enquête dans ce cadre, c’est l’autopsie…Nous avons eu des informations qu’à Ziguinchor, des certificats de genre de mort sont délivrés par des médecins généralistes. Lorsqu’une personne décède ; que ce soit pour le certificat de genre de mort ou d’autopsie, il faut un médecin légiste et spécialisé. Or, le procureur à Ziguinchor est en train de se faire délivrer des certificats de genre de mort par des médecins généralistes non qualifiés pour ce genre de chose… La société civile demande que tous les corps des personnes décédées dans ces circonstances soient autopsiés parce que partout ce n’est pas fait, nous considérons que c’est déjà une volonté de l’Etat de ne pas faire la lumière sur ces actes».
SADIKH NIASSE, SECRETAIRE GENERAL DE LA RADHHO : «Il faut une enquête indépendante et sérieuse pour situer les responsabilités sur les victimes»
« Notre avis sur cette affaire est claire, il faut une enquête indépendante et sérieuse pour situer les responsabilités sur les victimes, dont on dénombre même plus de dix (10) morts… On a vu des gens participer aux manifestations et on ne sait pas s’ils sont de la police ou pas ou bien si ce sont des milices, qui tiraient à bout portant sur des manifestants avec des armes à feu. C’est ce que tout le monde a vu et ça a fait beaucoup de dégâts. Ce que nous, société civile, nous demandons, c’est qu’il faudrait clarifier et effectivement situer le rôle et l’identité de ces personnes par une ouverture d’enquête. Et voir s’il y a utilisation de balles réelles, situer les responsabilités et traduire les auteurs devant la justice… Nous mettons toujours en garde la police contre l’utilisation de la force abusive pour réprimer les manifestants, même si c’est des manifestations violentes…Nous ne comprenons pas l’utilisation des armes à feu pour tirer à bout portant sur des innocents »
ABABACAR FALL, SECRETAIRE GENERAL DU GRADEC : «Il y a lieu de mener dans les meilleurs délais une enquête indépendante afin d’identifier les auteurs et les commanditaires de ces meurtres qui ne doivent pas rester impunis»
« Les manifestations qui ont suivi l’arrestation d’Ousmane Sonko ont été d’une rare violence avec son lot de pillages et de saccages de biens publics et privés. Le fait notoire dans cette situation est l’utilisation de nervis ou gros bras que tout le monde a vu à travers des vidéos et des reportages où on a vu des personnes dans des voitures de types pick-up ou à pied, armées de gourdins et machettes, en découdre avec les manifestants. Ce qui est inacceptable dans un Etat de droit ou l’utilisation de la violence est du seul ressort des forces de défense et de sécurité. Dès lors, peut s’expliquer le nombre de morts qui a été dénombré. Comment ils ont été tués ? Qui les a tués ? Qui a donné l’ordre de tirer ? Tout cela constitue des interrogations légitimes que nous devons nous poser car nous avons des forces de défense et de sécurité connus pour leur professionnalisme. Au-delà de l’émotion que cela suscite, des interrogations et de la décision d’indemniser les familles des victimes, il y a lieu de mener dans les meilleurs délais une enquête indépendante afin d’identifierles auteurs et les commanditaires de ces meurtres qui ne doivent pas rester impunis. Dans une déclaration en date du 7 mars d’ailleurs, notre organisation, le Gradec, a déploré l’utilisation de nervis armés dans des tâches de maintien de l’ordre et avons exigé que des enquêtes soient menées pouridentifier et sanctionner ces nervis ainsi que les auteurs des tueries. Il est également attendu que le ministre de l’Intérieur qui a affirmé publiquement que ces personnes ne sont pas des nervis mais des policiers en civil soit entendu dans la mesure où on les a tous vus agir au vu et au su des forces de sécurité ; ce qui est inacceptable. Même s’il peut arriver quelquefois une bavure, quand ily a un nombre aussi important de manifestants morts par balles, cela est inquiétant ».
ME ASSANE DIOMA NDIAYE, PRESIDENT DE LA LSDH : «Il est important... d’ouvrir des enquêtes impartiales et indépendantes»
Joint au téléphone par la rédaction de Dakaractu, Maitre Assane Dioma Ndiaye souligne que « si on en arrive à dénombrer autant de morts, c’est parce que la démocratie a failli. Donc, aujourd’hui, au-delà de tout ce qui a été dit, je pense qu’on doit avoir la lucidité de ne pas chercher des faux-fuyants, invoquer des forces étrangères ou autres prétextes me paraît dérisoire face au drame humain que nous avons vécu. C’est le peuple sénégalais qui a été victime. Un seul mort déjà c’est trop, maintenant qu’on en arrive à dix morts officiellement est inimaginable pour le Sénégal qui était jadis paisible et stable du point de vue du fonctionnement social », a-t-il expliqué avant d’ajouter : « C’est pourquoi en tant que militant des droits de l’homme, nous avons très tôt réagi pour déplorer, demander l’ouverture d’une enquête indépendante mais appeler au calme et à la retenue. Que chacun sache que la vie humaine est sacrée et l’État a l’obligation de protéger la vie humaine comme le souligne la Constitution sénégalaise. » Selon le juriste, l’État ne doit pas se limiter à indemniser les familles des victimes comme il a eu à le faire avec ceux du bateau ‘’Le Joola’’. « Car, dit-il, ces dysfonctionnements démocratiques engendrent une réitération des faits. Chaque fois qu’on n’a pas le courage d’affronter un dysfonctionnement démocratique, on risque de générer encore de tels faits qui entravent l’efficience de la démocratie. C’est important pourles victimes de pouvoir pardonner mais pour pardonner, il faut que justice se fasse. Mais, si vous refusez une justice à la victime, vous êtes dans ce qu’on appelle un déni de justice qui engendre une frustration qui est la source de violence et on est dans une sorte de cercle infernal. C’est pourquoi il est important quelles que soient les circonstances, la volonté d’apaisement de s’arrêter quand il y a des faits aussi graves surtout d’atteinte à la vie humaine, d’ouvrir des enquêtes impartiales et indépendantes de situer les responsables. Et à partir de là, la société en tire une plus-value»
DES FEMMES APPELLENT À LA CONSOLIDATION DE LA STABILITÉ DU PAYS
La Plateforme des femmes pour la paix en Casamance (PFPC) a appelé, mardi, à la consolidation de la stabilité dans le pays, en estimant qu’on en connaît la valeur qu’après avoir traversé une période d’instabilité.
Ziguinchor, 9 Mars (APS) – La Plateforme des femmes pour la paix en Casamance (PFPC) a appelé, mardi, à la consolidation de la stabilité dans le pays, en estimant qu’on en connaît la valeur qu’après avoir traversé une période d’instabilité.
‘’On ne connait mieux la valeur de la paix qu’après avoir vécu les conséquences de l’instabilité. Notre pays a failli basculer dangereusement (…) Notre souhait est que la paix et la stabilité soient maintenues et nourries dans toutes les régions’’, lit-on dans un communiqué transmis à l’APS.
Magnifiant l’élan d’apaisement du climat social et politique depuis le lundi 8 mars, la PFPC a surtout insisté sur ‘’la responsabilité jouée par des leaders politiques, religieux et membres de la société civil avec les appels au calme et à la préservation de la stabilité’’.
Des pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériels ont été enregistrés à travers le pays lors de manifestations violentes consécutives à l’arrestation de l’opposant, Ousmane Sonko, pour trouble à l’ordre public et participation à une manifestation non-autorisée.
Il a été libéré lundi après avoir été placé sous contrôle judiciaire dans une autre affaire de viols et de menaces de mort. Cette libération a ouvert la voie à une cessation des manifestations violentes et au retour au calme dans le pays.
Durant les périodes de troubles, des images frappantes n’ont cessé de montrer que le visage du Sénégal réside dans la paix et la fraternité, a fait remarquer la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance.
Pour la PFPC les accolades entre manifestants et policiers à la Médina (Dakar), la marche pacifique des femmes et des jeunes à Ziguinchor (sud), l’image d’un jeune homme sur le monument de la paix à la place Jean Paul II à Ziguinchor brandissant le drapeau du Sénégal, sont des images symboliques du profond désir de paix ancré dans le cœur des Sénégalais.
par Ibrahima Thioye
DERRIERE LA CRISE, LES OMBRES D’UNE DUALITÉ PEUR VS COURAGE
Tout porte à croire que Macky Sall est habité par une anxiété de type contre-phobique. Il doute de beaucoup de choses. Il est en proie à la suspicion qui peut aller jusqu’à la paranoïa quand la personnalité se désintègre
« Il est très facile de casser et de détruire. Les héros, ce sont ceux qui font la paix et qui la bâtissent. », Nelson Mandela.
Je continue dans cette série des couples de contraires complémentaires en abordant la dualité peur/courage. Mais cette fois-ci, je l’examine en utilisant comme objet de réflexion : le contexte actuel de crise aiguë qui secoue notre pays et interpelle tous les intellectuels. Cet article va dans le sens de l’apaisement. Il y a eu déjà beaucoup de pertes en vies humaines et des dégâts matériels considérables.
Plusieurs personnes ont dit que le président Macky Sall est habité par de l’anxiété. Y a -t- il un rapport entre ladite anxiété et cette situation ? Comment peut-on sortir intelligemment de cette crise ?
Y a -t-il une relation entre ladite anxiété et cette situation ?
Nombreux sont ceux qui disent que le président Macky Sall est anxieux. Je suis son ancien camarade de la Faculté des Sciences. Je ne prétends pas le connaître. Très honnêtement, le seul souvenir que je garde de lui est celui d’un étudiant combatif que je rencontrais dans les assemblées générales, à côté d’autres camarades comme Mbathie, Mbodji, Diabakhaté, feu Meïssa Touré, etc.
De nombreuses voix ont évoqué cette anxiété (que je confonds avec la peur, par souci de simplification, bien qu’elle soit définie par certains comme une peur sans objet ou une peur « mentalisée »). La liste de ces voix est longue : Idrissa Seck, la Première Dame, le Commissaire Sadio (qui a plus mis en exergue son côté hermétique), Bacary Domingo Mané, Ousmane Sonko, Moustapha Guirassy, etc. Je retiendrai juste deux voix qui me semblent extrêmement importantes : celle de la Première Dame et celle de Moustapha Guirassy.
Dans un entretien avec Vincent Hugueux, Marième Faye Sall dit : « Moi je gère, lui, il est tellement stressé. » (1)
Voici ce que dit Moustapha Guirassy, à travers les ondes de SenTV : « Macky Sall est un être humain avec ses peurs et ses ombres. Il faut qu’on l’aide à apprivoiser ses ombres… » (2) L’analyse de Moustapha Guirassy est d’une grande lucidité. Je la partage intégralement. Bacary Domingo Mané avait abordé la question dans le même sens. (3) Sans avoir la prétention de décrypter toute la situation avec cette seule grille de lecture psychologique, je crois qu’elle a un poids significatif pour comprendre certains éléments du contexte.
Tout porte à croire que notre président est habité par une anxiété de type contre-phobique (décrite simplement par de la peur dans l’inconscient couplée à la bravoure dans la conscience). Cette anxiété silencieuse pilote les éléments conscients sans en avoir l’air. L’individu de ce type de personnalité vit une situation d’ambivalence. Il voit de l’incertitude partout. Il voit des dangers partout. Il doute de beaucoup de choses. Il est en proie à la suspicion qui peut aller jusqu’à la paranoïa quand la personnalité se désintègre. On le voit dans le cas de Macky Sall, qui n’est en odeur de sainteté ni avec ses opposants, ni avec ses « ennemis internes ». La seule chose qui le hante en ce moment, c’est la question du troisième mandat avec toutes les projections dangereuses et menaçantes qu’il en perçoit pour lui et/ou les siens (condamnation, prison, dépossession, etc.). Son principal ennemi, en réalité, c’est son mental.
La dialectique peur/courage n’est pas toujours facile à percevoir. Aristote définit le courage à partir de la crainte. « L’homme courageux est celui qui supporte et sait craindre ce qu’il faut craindre et supporter ; qui le fait pour une juste cause ; de la manière et dans le moment convenables… » (4). Le courage se rapporte bien aux émotions de peur et de calme. La peur est une émotion normale qui nous avertit de la présence ou de l’imminence d’un danger. Elle est largement connectée au cerveau reptilien. Elle nous permet surtout de faire face à l’insécurité.
Toutes les personnalités sont en proie à l’anxiété, mais il existe un type de personnalité qui a peur de quasiment tout. Ce dernier présente une version phobique qui refoule la peur au niveau de son inconscient, et présente, à l’extérieur, un comportement absolument cordial et bienveillant. Il existe une autre version contre-phobique (celle de notre Président) qui refoule la peur au niveau de l’inconscient, et présente, à l’extérieur, une vitalité qui ressemble beaucoup à du courage ou de l’agressivité, selon l’intensité avec laquelle elle est perçue.
Face à la peur, la personne de la première version met en place une « forteresse » d’amis, de gens acquis à elle et qui sauront la protéger ; la personne de la seconde version ne compte que sur elle-même pour répondre à la peur. La peur, silencieusement (logée au niveau de l’inconscient), pilote ces deux individus avec des points aveugles qu’ils ne perçoivent pas. Ces deux versions ne sont pas complètement séparées.
On dit des gens de ce type de personnalité « qu’ils sont faciles à aimer, mais difficiles à connaître ». La clé pour comprendre ce type d’individu est l’ambivalence vis-à-vis des autres et vis-à-vis de lui-même. La personnalité oscille entre agressivité et cordialité : fort et faible, indépendant et dépendant, acerbe et doux, etc. Il est capable de s’aimer, mais également il se dénigre en s’estimant inférieur aux autres. Il a confiance en lui-même, mais se sent des fois désespéré et sans appui. Ces deux pôles oscillent en permanence dans sa tête lorsque la personnalité se situe dans un niveau de développement moyen ou bas. Ajoutons que ce personnage épouse le paradigme de la mentalité de pénurie ou du jeu à somme nulle. « Si je gagne, il perd. Si je perds, il gagne. » En poussant très loin ce jeu, il peut être très cynique. Si vous êtes avec moi, vous me protégez, je vous protège. Si vous êtes contre moi, la seule perspective qui m’offre de la sérénité est de vous abattre. L’intimidation est le meilleur moyen pour assurer son équilibre quand il est en proie à ces mécanismes égotiques.
Quand la personnalité évolue vers la maturité, ces deux pôles fonctionnent main dans la main et le personnage gagne en stabilité : il se sent sécurisé, accepté, confortable et en paix avec lui-même. Cette sécurité vient de l’intérieur de lui-même. Mais dès qu’il quitte ce niveau, cette ambivalence reprend de plus belle et il cherche dans le monde extérieur des appuis (autorité, système de croyances, etc.). C’est là que les problèmes s’amplifient, car il cherche sa stabilité intérieure dans le monde extérieur.
Comment peut-on sortir intelligemment de cette crise ?
Des deux côtés du pouvoir comme du mouvement démocratique qui fait face, nous retrouvons la mentalité de pénurie (très répandue chez les personnes anxieuses). Les uns, appelés des « faucons », vont entraîner le Président Macky Sall dans le déni total : « Vous avez l’Armée, vous avez la Police, vous avez l’État. Il faut mater ces éléments subversifs ». Les jusqu’au-boutistes de l’autre camp vont dire « qu’il n’y a rien à espérer du président Macky Sall, il faut que le peuple maintienne la pression jusqu’à son départ ». Pourtant, il existe un autre paradigme plus intelligent, qui contribue à la sauvegarde de la démocratie, mais qui demande de la part de tous les acteurs un vrai sens du dépassement. Seuls les vrais courageux, les magnanimes peuvent défendre cette option. C’est la mentalité d’abondance.
Voici une série de propositions de sortie de crise s’appuyant sur ladite mentalité :
1. Libération de Sonko et de tous les prisonniers politiques ou d’opinion.
2. Renoncement au troisième mandat de façon explicite.
3. Nomination d’un Premier ministre neutre, crédible, et engagement ferme à créer toutes les conditions de transparence pour les futures élections (législatives, municipales et présidentielles) ; remaniement ministériel avec des changements au niveau des postes du ministre de l’Intérieur et du ministre de la Justice. Les trois années à venir seront largement consacrées à la mise en œuvre des programmes économiques.
4. Prise en charge spécifique des dossiers sur lesquels le Président a mis son coude avec une option de non-poursuite judiciaire (comme le suggère Abdoul Mbaye) et mise en place d’un comité ad hoc chargé du recouvrement à l’amiable ; ce comité devrait intégrer de grands leaders reconnus pour leur « mandute » et leur hauteur de vue, comme Fatou Sow Sarr, Hélène Tine ou Nafy Ngom Keita. Les modalités de fonctionnement et les mécanismes de recouvrement devront être définis exceptionnellement par ce comité. Ce point est extrêmement important, car il permet d’exorciser les différentes peurs.
5. Acceptation de changements dans le dispositif institutionnel ou légal qui ne permet plus au chef de l’État de mettre le coude sur des dossiers de détournement de deniers publics ; l’État sera dorénavant implacable sur les nouveaux dossiers transmis par les corps de contrôle. Cette mesure doit être accompagnée de modifications institutionnelles qui garantissent l’indépendance des juges vis-à-vis de la chancellerie.
6. Échange avec l’opposition pour réparer tous les torts et tous les dégâts collatéraux liés à cette crise et ouverture de chantiers de développement ou de transformation avec l’opposition et la société civile (inondations, immigration, etc.).
En un mois, Ousmane Sonko a peut-être accumulé en capital sympathie plus que ce que Macky Sall a obtenu en trois ans. Il est devenu un acteur incontournable de la scène politique. Accepter de travailler avec cette force – sans entrisme – serait pour le président Macky Sall une voie qui lui permettra de sortir par la grande porte de l’histoire. Le schéma proposé ci-dessus procède d’une mentalité d’abondance de type gagnant-gagnant qui exige de la part de tous un sens du dépassement. C’est l’une des solutions de sortie de crise qui présentent le moins de risques.
KEEMTAAN GI - Une tour de Babel !
Dans la Bible, on raconte que les gens de Babylone, orgueilleux en diable, avaient voulu construire une tour qui serait tellement haute qu’elle atteindrait le Ciel. Ils se mirent sans tarder au travail. Dieu les laissa faire puis, à un moment donné, leur fit parler des langues différentes si bien qu’ils finirent par ne plus se comprendre entre eux. Incapables de communiquer, ils étaient bien en peine de continuer à travailler ensemble eux qui, au moment où ils lançaient leur folle idée, parlaient une seule langue commune. Ils se résolurent donc à abandonner leur ouvrage. Cette histoire, pour dire que les ministres du Chef sont comme les gens de Babylone : ils ne parlent pas le même langage, à plus forte raison la même langue ! Exemple, à propos des émeutes que notre pays vient de connaître. Tandis que l’un accuse des « grands bandits », des « terroristes » et des « forces occultes » de les avoir suscitées, une autre parle de « main de l’étranger » et de « pays qui n’aiment pas le Sénégal du fait de sa réussite » comme instrumentalisant ces troubles. Comme si cela ne suffisait pas, un troisième larron déboule pour s’écrier : « pas du tout, ce sont des lutteurs qui n’ont pas disputé de combat depuis un an qui ont manifesté ! » Le Chef, lui, avait soutenu lundi que c’est la pandémie qui est à l’origine de tout le grabuge noté. Comme les gens de Babylone, Dieu a-t-il puni les ministres du Chef et ce dernier lui-même en leur faisant parler des langues différentes ? KACCOOR BI
REVELATIONS DE ERIC ZEMMOUR MACRON A FAIT PRESSION SUR MACKY POUR QUE SONKO SOIT LIBRE
Les émeutes survenues dans notre pays ces derniers jours ont été suivies en direct par le monde entier du fait de l’instantanéité des médias et, aussi, de la magie des réseaux sociaux. Depuis lors, chaque jour apporte son lot de révélations. Et cette fois-ci, c’est le très controversé, certes, mais brillant journaliste et polémiste français Eric Zémmour qui s’invite dans ce dossier. Sur le plateau de Cnews, il a jeté un pavé dans la mare en révélant que c’est Emmanuel Macron qui aurait fait pression sur Macky Sall pour qu’Ousmane Sonko soit libéré. « D’après les informations que j’avais cet après-midi (Ndlr, mardi soir), on me disait que Macron avait hésité, qu’il avait songé d’envoyer la marine française d’intervention militaire puis il s’est rétracté, apparemment c’est lui qui a fait pression sur le président pour que l’opposant soit immédiatement libéré. Manifestement la France a essayé d’apaiser, de tenir un discours d’apaisement» a soutenu le journaliste français. Eric Zemmour a profité de l’occasion pour démolir l’accusation de « viol » portée contre Sonko. « C’est une accusation un peu bidon de viol. Tout le monde a compris que c’est pour s’en débarrasser parce que le président Macky Sall, il ne peut pas, constitutionnellement, se représenter. Mais il peut prendre exemple sur l’ami de Dimitri Medvedev, Poutine, et modifier la constitution et pouvoir se présenter (…) En tout cas, ça a été pris pour les soutiens de l’opposant comme une accusation bidon, pour un truc politique » souligne le célèbre homme de média.
ERIC ZEMMOUR, LA FRANCE ET L’AFRIQUE
Restons toujours avec Zemmour qui a aussi cherché à déconstruire les « clichés » — c’est son mot mais nous, nous savons qu’il ne s’git nullement de clichés ! — sur la présence française en Afrique. « On accuse la France de tout et de tous les maux, de néocolonialisme, de corruption etc. Maintenant oui les sociétés françaises gagnent beaucoup de marchés publics mais non les sociétés françaises ne gagnent pas tous les marchés publics. On voit de plus en plus la Chine avoir ses marchés, construire des routes, des ponts etc. ». Et d’ajouter que « Moi, je me méfie beaucoup quand il y a des révolutions spontanées. Il y a souvent, parfois, la main de puissances étrangères. Et là on voudrait se débarrasser de la présence française en Afrique on ne ferait pas mieux. Qui serait derrière ? Peut-être personne. Peut-être qu’il y a les Chinois, les Russes ou les Américains ? Peut-être qu’il n’y a pas de puissances étrangères. Peut-être aussi qu’il y en a». Et par rapport au discours français, il a aussi sa petite idée. « En vérité, ce discours a vieilli. Le double discours français se voit. D’un côté on fait un beau discours sur la démocratie, de l’autre côté on soutient bien souvent des tyrans, dictateurs corrompus etc. La France doit mettre au clair sa politique africaine. On est en train de se mettre à dos toute la jeunesse africaine » conclut-il. Au fait, dans quelle catégorie classe-t-il le président Macky Sall, l’ami Zemmour : du côté des démocrates ou de celui des tyrans ?
APRES SA SORTIE SUR FRANCE24 LE MINISTRE ME MALICK SALL EST-IL BIEN COMPRIS !
Interrogé avant-hier par France 24 suite aux récentes émeutes qui ont secoué le pays, le ministre de la Justice, Me Malick Sall, s’était exprimé en ces termes : « Ce sont des lutteurs privés de leur passion qui ont manifesté dans les rues de Dakar. Beaucoup d’entre eux étaient dans les écuries de lutte. Les conséquences de l’état d’urgence sanitaire suivi d’un couvre-feu ont poussé nos lutteurs à aller se défouler dans la rue…» avait déclaré en substance le garde des Sceaux. Malheureusement, certains détracteurs n’ont pas bien compris Me Malick Sall qui au delà de son statut de ministre de la République, est un avocat qui sait très bien parler. Et qui sait, surtout, de quoi il parle ! En analysant sa sortie sur France24, « Le Témoin » quotidien reste convaincu que Me Malick Sall voulait juste faire comprendre que les écuries de lutte sont d’une grande utilité dans la vie sociale et économique du pays. Comme quoi, Me Malick Sall plaidait pour que l’État lève rapidement cet état d’urgence sanitaire afin de permettre aux footballeurs, lutteurs, artistes, chanteurs et chauffeurs de taxis nocturnes — les « siroumanes » — de reprendre leur vie normale. Sans doute c’est l’objectif recherché dans ses propos. Car, bien avant cette sortie sur France24, « Le Témoin » a appris que Me Malick Sall avait récemment soutenu un ancien lutteur malade dont il ne ratait jamais les combats. Peut-être aussi ses propos ont-ils trahi sa pensée dans son zèle de défendre le président de la République !
LES LUTTEURS DU SENEGAL PORTENT PLAINTE CONTRE LE MINISTRE DE LA JUSTICE
Gris Bordeaux, président des lutteurs du Sénégal, indique que l’association des lutteurs en activité va porter plainte contre le ministre de la Justice. Au micro de ZIK FM, le leader de l’écurie de Fass a exprimé toute sa colère à l’endroit du ministre. Ce dernier, invité par la chaine française France24 à se prononcer sur les évènements qui se sont produits récemment au Sénégal, a indexé les lutteurs du pays, affirmant qu’ils sont les responsables car étant au chômage à cause de la pandémie. Ce que Gris Bordeaux fustige. « Un ministre de la République ne doit pas faire porter le chapeau aux lutteurs dans cette situation chaotique où le peuple, composé de jeunes, hommes et femmes, s’est levé pour manifester », déplore le lutteur pour qui ce genre de discours est inadmissible.
MANIFESTATIONS À BIGNONA BOUNAMA SYLLA SAGNA, 14 ANS, EST DECEDE
La ville de Bignona a connu un 4ème décès lié aux évènements de ces derniers jours. Un autre décès causé par les manifestations de la semaine dernière y a été enregistré. Il s’agit d’un jeune de 14 ans, qui répondait au nom de Bounama Sylla Sagna. Il était interné au service de réanimation de l’hôpital de Ziguinchor depuis vendredi où il a finalement rendu l’âme lundi nuit. Le défunt, selon la plateforme multi-luttes dénommée «Doy Na/Casamance», était grièvement blessé par balle lors des manifestations à Bignona. Il était admis au service de réanimation de l’hôpital de Ziguinchor et c’est, malheureusement, dans la nuit du lundi 8 mars au mardi 9 mars 2021, qu’il a rendu l’âme. « A cet effet, la plateforme exige toute la lumière autour des nombreux morts enregistrés lors des manifestations » peut-on lire dans un communiqué de cette plateforme.
TUÉ LORS DES MANIFESTATIONS À YEUMBEUL BAYE CHEIKH DIOP INHUME CE MARDI
Baye Cheikh Diop, 17 ans, faisant partie des victimes enregistrées lors de la série de manifestations qui ont suivi l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko a été enterré hier au cimetière de Thiaroye Kao. L’adolescent, apprenti mécanicien, travaillait dans son atelier le jour du drame. Le certificat de genre de mort délivré ce lundi, 8 mars, a indiqué que sa mort a été provoquée par un projectile reçu sur le front. En effet, l’autopsie a montré une plaie traumatique frontale, et une fracture du crâne, avec enfoncement interne et externe. L’examen du corps du défunt fait également état d’une lésion cérébrale. Il est décédé jeudi dernier, lors des affrontements à Yeumbeul Nord, dans la banlieue de Dakar.
NECROLOGIE DECES DE YAYA BODIAN, UN CODETENU DE KHALIFA SALL
Yaya Bodian, l’ex codétenu de l’ex maire de Dakar Khalifa Sall est décédé hier. Il avait été arrêté en même temps que l’ancien édile de la capitale dans l’affaire de la Caisse d’avance de la mairie. Yaya Bodian était comptable à la DAF de la ville de Dakar. Il fut arrêté et emprisonné en même temps que Khalifa Sall et d’autres membres de son service dont Mbaye Touré, le frère du défunt avocat Me Khassimou Touré. D’après ses proches, Yaya Bodian avait une santé fragile depuis sa sortie de prison.
KHALIFA SALL REGRETTE LA PERTE D’UN ETRE CHER
Le décès de Yaya Bodian a été vivement ressenti par Khalifa Sall. Ce dernier regrette la perte d’un être cher. Dans un communiqué, l’ancien maire de Dakar rend hommage au défunt comptable dont la santé, rappelle-t-il, s’est dégradée suite à son séjour carcéral. « C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le rappel à Allah de Yaya Bodian. Entré à la mairie de Dakar en 1984 en tant que comptable, Yaya Bodian nous laisse le souvenir d’un homme loyal qui a servi, avec dévouement, la Ville de Dakar. Par l’exemplarité de sa carrière, il nous laisse également le souvenir d’un homme intègre. Yaya Bodian est victime de l’arbitraire du régime actuel et d’une justice instrumentalisée qui l’a condamné pour des faits qu’il a réfutés jusqu’au bout. En bonne santé au moment de sa mise en détention, il est tombé malade en prison et ne s’en est jamais remis. Je tiens à rendre hommage à cet homme digne en toutes circonstances et surtout dans l’épreuve. Sa famille et ses proches à qui j’adresse mes condoléances attristées, peuvent être fiers de Yaya Bodian. Qu’Allah lui accorde Sa Miséricorde et l’élève au rang des méritants qui accèdent au Paradis. Amine. Repose en paix, cher ami » indique l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall.
DEUX RESPONSABLES DE FRAPP SOUS MANDAT DE DEPOT
Frapp annonce que deux de ses membres, Amadou Sow (coordonnateur de Frapp Ucad) et Amadou Oury Barry (coordonnateur de Frapp Koumpentoum/Koungheul), ont été placés sous mandat de dépôt ce mardi. Ces derniers, qui ont fait l’objet de plusieurs retours de parquet, ont été placés sous mandat de dépôt après une information judiciaire pour association de malfaiteurs, tentative d’incendie volontaire et tentative de troubles à l’ordre public. Ce que dénonce Frapp qui évoque une liquidation en cours du mouvement en citant aussi l’arrestation de Guy Marius Sagna.
JEUX DE CARTES - Tensions et attentions...
Nous vivons une situation anxiogène. Les appels au calme, les discours responsables du président de la République et du leader de Pastef, la compréhension affichée par les manifestants, ont baissé la tension. Mais ils n’ont pas pour autant réglé le problème. La situation reste très tendue. Pas encore de paix définitive même si l’on s’éloigne des violences et de leurs lots de méfaits. Pourvu que ça dure ! Le Mouvement pour la défense de la Démocratie (M2D) qui appelle l’ensemble des sénégalais à observer une journée de deuil national vendredi, suspend les deux jours de manifestations initialement prévus ce mardi 9 et mercredi 10, mais invite le peuple sénégalais à un rassemblement pacifique à la Place de la Nation à Dakar, samedi. Une manifestation qui risque d’être interdite. Ce qui pourrait entraîner des heurts. La libération sans condition des prisonniers et la mise en place d’une commission nationale indépendante sont entre autres les exigences de la revendication. Le président de la République qui a montré des dispositions tendant à décrisper les choses devrait pouvoir poursuivre sa démarche apaisante. Au-delà des mesures fortes attendues relatives à la bonne gouvernance, à l’indépendance de la justice, au réajustement des relations avec le peuple, Macky Sall doit changer les acteurs de sa communication. Surtout ceux qui sont visibles. Certaines têtes ne passent plus à la télé. Certaines voix ne portent plus. Leurs messages passent difficilement. Ces gens doivent se taire. Aller à contre-courant de leur dirigeant, c’est étaler une arrogance repoussante. C’est ne pas rendre service au chef de l’État garant de la sécurité nationale et à tous ceux qui prônent la sérénité. Ils risquent de maintenir la flamme de la colère. La flamme n’est pas encore éteinte. Les arrestations qui se poursuivent ne sont pas rassurantes. Le feu couve. Et la Covid-19 ? Les cas sont là. La mort est là. Les vaccins sont oubliés. La communication déployée contre cette pandémie a été boiteuse. La crise actuelle l’a mise à l’eau. Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Miim Reew
Le tribunal de Mbour ferme ses portes
Le système judiciaire est paralysé à Mbour pour une semaine. Les audiences, qui devaient se tenir hier, ont été renvoyées à la semaine prochaine. Selon nos sources, ce report est motivé par les émeutes qui ont éclaté, ces dernières semaines, dans le territoire national. Craignant que le tribunal soit la cible de manifestants, les autorités judiciaires n’ont pas pris le risque d’organiser des audiences.
Décès de Yaya Bodian de la Mairie de Dakar
L’ancien maire de Dakar perd son ancien collaborateur. Khalifa Sall est endeuillé par le décès de Yaya Bodian avec qui il avait fait la prison dans l’affaire de la Caisse d’avance de la Maire. Yaya Bodian est entré à la mairie de Dakar en 984 en tant que comptable. Selon Khalifa Sall, le défunt était un homme loyal et intègre qui a servi, avec dévouement, la Ville de Dakar. L’ancien maire de Dakar, qui n’oublie leur incarcération, soutient que Yaya Bodian est victime de l’arbitraire du régime actuel et d’une justice instrumentalisée qui l’a condamné pour des faits qu’il a réfutés jusqu’au bout. En bonne santé au moment de sa mise en détention, renseigne Khalifa Sall, Yaya Bodian est tombé malade en prison et ne s’en est jamais remis. Il rend hommage à cet homme digne en toutes circonstances et surtout dans l’épreuve.
La Dic enquête sur le meurtre du manifestant aux Parcelles
La Division des Investigations Criminelles (Dic) hérite du dossier du jeune Modou tué avant-hier (lundi 08 mars) lors des manifestations violentes ayant opposé forces policières et militants du Pastef aux Parcelles Assainies. Les enquêteurs de la DIC vont tenter d’édifier le peuple sur les circonstances de la mort du jeune Modou. En tout cas, d’aucuns avancent que la victime a reçu une balle des forces de l’ordre. Mais, nos sources soutiennent que pour le moment le résultat de l’autopsie n’est pas encore délivré aux enquêteurs pour déterminer les circonstances de la mort de Modou.
93 manifestants interpellés dans la banlieue
Dans la banlieue, les commissariats de police sont bondés de jeunes qui manifestaient contre l’arrestation de Ousmane Sonko. Selon nos sources, 93 personnes ont été interpellées entre Pikine et Guédiawaye au cours de la série de manifestations violentes infiltrées par des agresseurs qui ont mis à sac des commerces. Parmi ces 93 personnes interpellées, 86 ont été déférées au parquet pour divers délits. Et 15 individus sont poursuivis pour vol en réunion, association de malfaiteurs, participation à une manifestation non déclarée, actes de vandalisme entre autres.
Inhumation Baye Cheikh Diop
L’apprenti mécanicien, Baye Cheikh Diop, qui avait reçu une balle le 03 mars dernier à Yeumbeul-Nord dans le cadre des manifestations pour la libération de Sonko, a été inhumé hier au cimetière de Thiaroye. Sa famille qui s’en remet à Dieu, réclame tout de même justice. Toutefois, l’autopsie révèle une plaie traumatique frontale des lésions cérébrales, une hémorragie interne et externe à la suite de coups et blessures, provoquées probablement par un projectile.
Guy Marius Sagna, Abass Sall, Birame S. Diop en diète
Après les manifestations, des responsables du Pastef et l’activiste, Guy Marius Sagna, tous en prison, vont entamer une nouvelle lutte. Il nous revient que Guy Marius Sagna va observer une grève de la faim à partir de lundi pour exiger la libération de tous les détenus politiques arrêtés dans l’affaire politico-judiciaire Ousmane Sonko-Adji Sarr. L’administrateur général du Pastef, Birame Soulèye Diop, et le coordonnateur du Pastef Dakar, Abass Sall en détention, vont entamer une diète le même jour pour les mêmes motifs.
Moustapha Fall «Ché» a perdu son fils
Au moment où le pays était secoué par de violentes manifestations, le Secrétaire Général du parti Action Patriotique de Libération (APL) «DOG BUUMU GACCE» Moustapha Fall «Ché» pleurait la disparition de son fils, Aliou Badara Fall. Le fils du président du Conseil d’Administration (PCA) de la SNHLM est décédé mercredi dernier à l’âge de 34 ans. Il a été inhumé samedi. «L’As» présente ses condoléances au «Ché» de Kaolack et sa famille.
L’appel de Birahime Seck du Forum civil
Le Coordonnateur général du Forum Civil continue d’appeler au calme et à l’apaisement. Birahime Seck craint que la manifestation de M2D ravive la tension politique. Sur Twitter, il indique que l’appel à manifester du Samedi de M2D n’a aucun sens, parce que le contexte ne s’y prête pas. Pour le coordonnateur général du Forum Civil, la demande de libération des détenus doit se faire autrement qu’à travers des manifestations. Dans le même sillage, il demande à l’Etat de faciliter aussi la tâche en arrêtant les poursuites contre d’honnêtes citoyens. L’heure est à l’apaisement, dit-il avant d’appeler les autorités à joindre la parole à l’acte. En définitive, Birahime Seck dira que de la même façon qu’il demande la libération de Guy Marius Sagna et compagnie, il demande aussi au M2D de surseoir à sa marche et que la chasse à l’homme s’estompe.
Liberté de la presse
Les différentes organisations de la presse se penchent aujourd’hui sur la situation des médias et l’exercice de la liberté de presse dans le contexte actuel de crise. A ce propos, la Coordination des associations de presse (CAP) va livrer son diagnostic aujourd’hui à l’occasion d’un point de presse.
Vol à l’arraché
L’élève en électricité de bâtiment M. Nd opère sur sa moto pendant ses heures perdues pour voler. Ainsi que la dame F. B. qui regagnait à pied son domicile à l’Unité 22 des Parcelles assainies, le téléphone collé à l’oreille, a été surprise de l’acte de l’élève en électricité. Après avoir repéré la dame, M. Nd. et son acolyte qui étaient sur une moto arrachent le téléphone de la dame en toute vitesse. Mais déterminée à récupérer son portable, elle a crié de toutes ses forces au voleur. Des témoins de la scène ont volé à son secours en poursuivant les voleurs. Ils ont alpagué M. Ndour, mais son acolyte a réussi à disparaître grâce à la moto. C’est ainsi que le téléphone est retrouvé sur M. Nd qui a été conduit au Commissariat des Parcelles assainies. Face aux enquêteurs, l’élève en électricité de bâtiment a tenté de se disculper en chargeant son ami qui lui avait demandé de le déposer au rond-point case-bi. Des allégations qui n’ont pas convaincu les limiers qui l’ont placé en garde à vue avant de le déférer au parquet pour association de malfaiteurs, vol en réunion avec usage de moyen de transport.
Pressions de Macron sur Macky Sall
La déclaration du journaliste politique français, Éric Zemmour, sur les manifestations au Sénégal est devenue virale sur les réseaux sociaux. Invité sur «Cnews » pour parler de la crise au Sénégal, le journaliste dira que, d’après les informations dont il dispose le Président Macron avait voulu envoyer la marine française avant de se rétracter. Apparemment, ajoute le sulfureux journaliste, c’est Macron qui a fait pression sur le Président Sall pour que Ousmane Sonko soit immédiatement libéré. Ce qui veut dire à ses yeux que la France a essayé d’apaiser la tension au Sénégal en disant qu’elle soutient la jeunesse et que la démocratie est indispensable. Mais en réalité, selon lui, c’est vieux discours de François Mitterrand des années 1989 disant qu’il faut la démocratie dans les pays africains, alors qu’il y a un double discours de la France. Car d’un côté, il y a ses beaux discours sur la démocratie et de l’autre, la France soutient des tyrans et dictateurs. En agissant ainsi, souligne Zemmour, la France est en train de se mettre à dos toute la jeunesse des pays africains.
Un véhicule calciné
C’est un dommage collatéral qui a été évité de justesse par les soldats du feu. Un véhicule a pris feu à hauteur de Grand Yoff juste après le rond-point 6 sur la route menant vers Patte d’Oie créant un énorme bouchon pendant plusieurs minutes. Mais il y a eu plus de peur que de mal, puisqu’aucune perte en vie humaine n’a été déplorée. Seulement, le chauffeur du véhicule s’est enfui après être sorti indemne de l’incendie. Alertés vers 21 heures, les éléments de la 12e compagnie des sapeurs pompiers de Dieuppeul n’ont fait que trois minutes pour arriver sur les lieux. Ainsi, ils ont éteint le feu qui se propageait sur un autre véhicule garé sur le trottoir. A signaler que les soldats du feu n’ont pas pu déterminer les causes du feu, puisque le chauffeur censé les renseigner a pris la foudre d’escampette.