JEUX DE CARTES - Sale temps de guerre...
Ousmane Sonko qui était jeudi à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, officiellement pour rendre visite à des étudiants blessés lors des manifestations qui ont suivi sa convocation, a bien mesuré la portée de sa démarche. Officieusement, cette “improvisation bien préparée” était une manière de mesurer sa popularité dans ce temple du savoir. Manifestement, il a bien réussi son coup même si l’on peut dénoncer les rassemblements irresponsables en pleine pandémie de Covid-19. Si les étudiants qui s’étaient massés, criant à tue-tête son nom, sont de Pastef, comme semblent le dire ses détracteurs, il peut se targuer d’avoir une bonne représentativité à l’Ucad. Ce qui est d’une grande importance pour une jeune formation politique qui n’a, à son actif, que des législatives et une présidentielle. Si ces étudiants qui ne seraient d’aucune chapelle sont spontanément sortis pour acclamer un leader politique accusé gravement de viols et menaces de mort, c’est un signe symbolique à décrypter. Si on ne peut pas qualifier ces jeunes de naïfs, leurs actes peuvent être analysés comme un rejet d’une politique, d’une manière de gérer la cité dénoncée ailleurs. L’université a été toujours un espace de contestations souvent violentes. Sonko y va, sans nul doute, pour avoir le soutien de cette “immense force inemployée”, pour reprendre le mot de François Mauriac. A la guerre comme à la guerre. Les étudiants du pouvoir, apparemment pris au dépourvu, menacent et comptent “faire face” la prochaine fois. Le coup est déjà parti ? Sur les traces du serpent. Le Gouverneur de Dakar lui aussi veut la paix. Il prépare sérieusement la guerre. En interdisant, pour un mois, la vente de carburant“ en détails”, il veut parer à toutes les éventualités susceptibles de “mettre du feu”. Ne soyons pas surpris si on déclenche dans les prochaines heures une opération “ramassage de pneus d’occasion ou abîmés”. On assiste déjà à une opération de “traque aux brûleurs” ou futurs leaders de manifestations. Se prépare-t-on à une arrestation de Ousmane Sonko après la levée de son immunité parlementaire ? Tout porte à le croire. Le cas échéant, l’État veut être prêt pour une confrontation avec les soutiens de Sonko qui ne sont pas négligeables. Des pas de géants vers une escalade de tous les dangers. Un combat à mort qui risque d’avoir des dégâts collatéraux énormes. Le pouvoir si géant, si puissant, peut bien gagner devant Sonko. Mais il pourrait y laisser des ailes. Il pourrait être affaibli par un combat à plusieurs incertitudes dans un contexte de crises multiformes. Une certitude: le pays en perd. En énergie et en temps. Miim Reew
Le huis clos de la commission ad hoc
Le débat autour de plainte contre X n’est pas près de s’estomper, même au sein de la commission ad hoc chargée de statuer sur la demande de levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko exprimée par la chancellerie, à la suite de la plainte de la masseuse Adji Sarr. D’après des sources de «L’As», la réunion a duré plus de trois tours d’horloge et a vu la présence même des députés Moustapha Guirassy , Bamba Dièye et le président du groupe du Pds Cheikh Mbacké. Ces derniers ont exprimé leur étonnement que X soit subitement transformé en Ousmane Sonko. À ce niveau, Pape Birame Touré a convié les membres dans son bureau pour leur permettre de voir tous les documents cités par le parquet. D’après toujours notre interlocuteur, ils se sont rendu compte que nulle part il ne figurait la lettre X dans les demandes formulées aussi bien par le procureur de la république que celle du procureur général. Il y est bien mentionné le nom d’Ousmane Sonko. Il faut préciser que pour éviter un coup tordu, tous les parlementaires ont été sommés de laisser leurs portables dehors. Le trio favorable à l’accusé a ainsi demandé que l’Assemblée entende Adji Sarr et la deuxième masseuse. Niet catégorique de Birame Touré qui a signifié à leurs collègues que la commission ad hoc n’a pas pour vocation de juger et que sa mission se limite à statuer sur le cas d’un collègue. Sur ces entrefaites, la convocation a été faite de commun accord et envoyé via la gendarmerie à Ousmane Sonko qui a poliment rejeté le document.
Adji Sarr sous protection policière
Le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, a mis à la disposition de la présumée victime de viols et menaces de mort Adji Sarr des policiers pour sa protection. Ceci, après que les avocats de la plaignante ont été reçus en audience par le ministre de l’intérieur à leur demande. Selon «Dakaractu», le ministre de l’Intérieur a reçu hier dans l’après-midi le collectif des avocats de Adji Sarr qui lui a adressé une demande de protection pour leur cliente. Selon les avocats d’Adji Sarr, depuis l’éclatement de cette affaire «Sweet Beauté», leur cliente subit une pression énorme et reçoit des menaces de mort tous les jours. A en croire le collectif, le ministre de l’Intérieur garant de la sécurité publique a accédé à sa demande en décidant de mettre à la disposition de la présumée victime du député Ousmane Sonko des policiers pour sa protection.
102 morts de covid19 à Touba
La pandémie de covid-19 fait des ravages à Touba. En effet, sur les 787 décès liés à la pandémie du coronavirus, plus d’une centaine sont enregistrés dans le district sanitaire de Touba. La capitale du mouridisme a enregistré depuis le début de la pandémie 1.298 cas positifs dont 102 décès et 780 guéris. Pour la journée d’hier, le district a enregistré 06 nouveaux dont 02 cas contacts et 04 issus de la transmission communautaires. Actuellement, 13 patients sont hospitalisés dont 04 dans un état graves. Deux décès sont enregistrés et 05 malades sont déclarés guéris.
Les élèves protestent contre l’invasion de serpents
D’habitude très calme, le centre-ville de Mbacké a été hier le théâtre de violents heurts entre policiers et lycéens. Tout est parti d’une manifestation organisée par les élèves du Collège d’Enseignement Moyen (Cem) Mbacké 2 pour dénoncer l’invasion de serpents à sonnette dans l’établissement. D’autant que cette situation a provoqué un sentiment d’insécurité chez le personnel enseignant et les apprenants. Malgré les nombreuses alertes de ces derniers, le problème n’a pas connu de solution. Excédés par l’inertie des autorités compétentes, les élèves ont déclenché une grève. Et hier, ils sont allés déloger leurs camarades des autres établissements privés et publics de la ville. C’est là que les éléments du commissariat urbain de police de Mbacké sont entrés en jeu pour disperser les manifestants qui battaient le macadam dans les artères de la ville. Aussitôt, il y a eu des courses poursuites entre limiers et manifestants avec des jets de pierres d’un côté, et de grenades lacrymogènes de l’autre. Le bilan des affrontements ? Une vingtaine de blessés chez les manifestants qui ont été évacués au centre de santé de Mbacké. En attendant, les élèves et leurs professeurs sont condamnés à cohabiter avec ses dangereux reptiles. Pour l’instant, les autorités contactées n’ont pas voulu s’épancher sur le sujet.
Interdiction de vente de carburant au détail
La tension politico-judiciaire qui prévaut ces temps-ci a poussé le gouverneur de Dakar à prendre des mesures sécuritaires préventives. Al Hassan Sall a pris un arrêté pour interdire la vente de carburant au détail dans la région pour une période de deux mois. Le chef de l’exécutif régional justifie cette décision pour des raisons de sécurité. L’interdiction concerne également la vente de carburant dans des récipients autres que les réservoirs des véhicules ou des cyclomoteurs. Cependant, les Préfets peuvent accorder une dérogation aux personnes disposant de récipients spécialement prévus à cet effet et dont les activités professionnelles le justifient.
Visite technique des véhicules
Le ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement attenue la souffrance des conducteurs au Centre de Contrôle Technique de Hann pour passer la visite technique des véhicules. Mansour Faye a pris une décision importante pour soulager les usagers et diminuer les flux de véhicules qui fréquentent quotidiennement le Centre de Contrôle Technique de Hann. Ainsi, pour faciliter la visite technique des véhicules automobiles, le ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement annonce qu’à compter de lundi prochain, les opérations de contrôle visuel de tous les véhicules légers de moins de 10 ans se dérouleront au CICES. Mais la première visite technique des véhicules âgés de plus de 3 ans se fera au service des mines de Colobane. En outre, deux lignes sont réservées au centre de contrôle technique de Hann pour un contrôle visuel des véhicules de catégorie taxis urbains ou interurbains pour la durée de l’opération. Ces mesures restent valables jusqu’au 21 mars 2021.
Des illuminés arrêtés à Touba
Fait inédit à Touba. Un groupe d’illuminés s’est rendu hier à la grande mosquée de Touba pour faire le Tawaaf comme à la Mecque. Tout de blanc vêtus, ils voulaient faire sept tours de la grande mosquée avant de faire des ziarra. Mais les éléments de «Maxadamatoul Xidma», qui assurent l’entretien et la sécurité de la mosquée, ont eu l’écho avant l’arrivée de ces illuminés. Dès que ces derniers ont mis les pieds à l’esplanade de la mosquée, ils ont été invités à décliner les raisons de leur présence. Sans gêne, ils ont décliné leur volonté de faire le tawaaf. Mais le président du comité «Maxadamatoul Xidma», Serigne Fallou Mbacké leur signifie que cela est inacceptable et que le Tawaaf se fait autour de la Kaba. Il s’en est suivi une altercation occasionnant 05 blessés. Le comité «Maxadamatoul Xidma» avait pris le soin d’aviser la police qui a effectué une descente à la mosquée. Avant de procéder à l’interpellation de 04 membres dudit groupe.
Wakhinane Nimzaat
Le corps d’un homme non identifié a été découvert hier, en état de décomposition avancée à la plage de Wakhinane, non loin de la Vdn 03. En tout cas, tout laisse croire à un corps de pêcheur qui a échoué à la plage. La dépouille a été inhumée sur place sur ordre du procureur de la République par les sapeurs-pompiers en présence du corps médical, des agents du service d’hygiène de Guédiawaye et de la Police de Wakhinane-Nimzaat.
Découverte macabre à Malika
Restons à la plage pour dire qu’à Malika aussi, deux corps sans vie ont échoué à la plage. L’une des victimes est originaire de Gokhou Mbathie. Il a été porté disparu depuis plus d’une semaine. Les dépouilles sont déposées dans les morgues des structures sanitaires de la place suite à des réquisitions de la Police de Malika qui a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de ces décès.
La famille d’Elimane Touré réclame justice
Les circonstances de la mort du jeune Elimane Touré dans les locaux du Commissariat du Port restent toujours un mystère. L’affaire qui a eu lieu depuis plusieurs années maintenant semble rangée dans les tiroirs de la justice. La famille et les proches du défunt qui ont organisé hier une séance de récital de Coran réclame toujours justice. Ils sollicitent l’aide du président de la République et de son ministre de la justice pour que la lumière jaillisse.
L’appel des élèves du lycée Limamou Laye
Les élèves du Lycée Limamou Laye exigent des solutions durables face aux grèves récurrentes de leurs enseignants affiliés au Cusems d’Abdoulaye Ndoye, dans la région de Dakar. Les enseignants continuent de réclamer le paiement des indemnités de déplacement des examens. Pourtant leurs collègues des autres régions ont perçu leurs indemnités depuis longtemps. Face à ces perturbations, les élèves du lycée Limamou Laye se sont adressés à la presse pour demander aux autorités de payer les indemnités de déplacement de l’année 2020 qui devaient être payées, selon le protocole signé, au plus tard le 30 novembre dernier.
SEXE ET POLITIQUE, L'ENGRENAGE
Au Sénégal, difficile de se relever, indemne, après une affaire de mœurs. Avérée ou non. Ousmane Sonko réussira-t-il là où plusieurs personnalités publiques avaient échoué ?
Sexe, argent, complot, pouvoir… Voilà un champ lexical qui a souvent rythmé la vie politique et publique aussi bien au Sénégal qu’ailleurs. Dans ces dossiers où se mêlent souvent pauvreté, abus de pouvoir et valeurs morales, il a toujours été difficile de différencier le blé de l’ivraie. Mais pour la plupart des cas, le plus difficile, pour les hommes politiques, c’est le défi de l’oubli.
‘’The Human Stain’’ (Tache humaine). C’était le titre du roman consacré par Philippe Roth au ‘’Monicagate’’, du nom de l’ancienne ‘’maitresse’’ du président américain Bill Clinton. La tache, c’était non seulement pour illustrer la réputation salie de l’ancien président. Mais aussi, c’était pour montrer la trace de son sperme resté sur la robe bleue de Monica Lewinsky. Après plusieurs dénégations, le mari d’Hilary Clinton a été confondu par un test ADN, réalisé grâce à la fameuse tache de sperme. Finalement, devant les preuves irréfutables de son infidélité, il avoue son ‘’crime’’. Plongeant l’Amérique dans une sorte d’ébullition qui aura duré plusieurs mois.
Une affaire de sexe et de parjure, qui a failli coûter cher au très charismatique président. Même si tout a été fait par consentement mutuel. Les Républicains avaient enclenché une procédure de destitution qui n’avait pas abouti.
Plus de 20 ans après, le Sénégal vit son ‘’Adjagate’’ qui ressemble, à bien des égards au ‘’Monicagate’’. Même si, contrairement à Clinton, Ousmane Sonko n’est pas président de la République. Contrairement à Monica Lewinsky (22 ans au moment des faits en 1998) qui a longtemps tenté de disculper son ‘’partenaire’’ de président, Adji Sarr (20 ans), elle, a déclenché les hostilités et tenté, avec véhémence, d’enfoncer l’opposant radical qu’elle accuse de viols répétitifs….
Cela dit, pour le ‘’Adjagate’’ comme pour le ‘’Monicagate’’, il est beaucoup question de tache de sperme, de test ADN, mais aussi et surtout de la réputation d’un homme politique qui a toujours fait campagne autour des thèmes de la probité et de la morale. Comme M. Clinton, Sonko a plus qu’une condamnation à fuir dans ce dossier. Il joue sa carrière, selon beaucoup d’observateurs. Soit il en sort bonifié, soit anéanti à jamais sur le plan politique. Un combat qui est loin d’être gagné d’avance et qui va au-delà de la sphère politique.
Au Sénégal, difficile de se relever, indemne, après une affaire de mœurs. Avérée ou non. Ousmane Sonko réussira-t-il là où plusieurs personnalités publiques avaient échoué ?
Il faut rappeler que nombre, parmi ses prédécesseurs cités dans des affaires de mœurs, ont essayé de rebondir. Mais souvent, cela s’est révélé très difficile.
Du ‘’Monicagate’’ américain au ‘Adjagate’’ sénégalais
L’on se souvient encore de ce débat houleux entre un des lieutenants de Sonko (Bassirou Diomaye) et Me El Hadj Diouf. Dans un face-à-face portant sur une affaire supposée de détournement et de diffamation, le patriote lui balance en pleine figure pour le déstabiliser : ‘’Quand il est allé en France violer une petite fille…’’ Suffisant pour faire sortir Me Diouf de ses gonds. ‘’Vous êtes des bâtards. Je ne lui permets pas de m’insulter ou de me manquer de respect… Moi, si j’avais fait quelque chose en France, je serai mis en taule’’. Quelques jours plus tard, en allant au tribunal déposer une plainte dans l’affaire des 94 milliards opposant Sonko à son client Mamour Diallo, il recevait encore un comité d’accueil bien spécial. Qui scandait : ‘’El Hadj Diouf violeur… !’’
Les faits à lui reprochés remontent pourtant à mars 2012. C’était à l’hôtel Méridien Porte Maillot de Paris. Vers les coups de 20 h, le tonitruant avocat avait reçu la visite d’une belle jeune fille franco-sénégalaise âgée de 23 ans. Visite en principe de courtoisie que lui avait annoncée la maman de cette dernière. Dans un premier temps, Me Diouf avait été accusé de viol, mais au finish, l’accusation s’est muée en agression sexuelle et il a été condamné pour 6 mois avec sursis par les juridictions françaises. L’avocat a été sauvé par un test ADN.
Dès le soir de son arrestation, il accepta des prélèvements. Et finalement, la dame confia : ‘’Il m’a caressé la cuisse gauche’’, rappelle une source à ‘’EnQuête’’. Pour lui, le test ADN reste le meilleur moyen de montrer son innocence, quand on n’a rien à se reprocher.
Savoir rebondir
C’est le plus dur, quand on sort d’une accusation aussi dégradante aux yeux d’une bonne partie de l’opinion. Et souvent, ce verdict de la rue est beaucoup plus craint par les personnalités publiques. C’est d’ailleurs pour y échapper que le président Clinton avait commis le parjure, un crime abject aux USA. Au Sénégal, les rescapés d’accusations de mœurs ont souvent eu toutes les peines pour exister dans une société au jugement implacable. Cheikh Yerim Seck ne dira sans doute pas le contraire. Pourtant, il était convaincu d’avoir réussi à remonter la pente.
Libéré de prison en janvier 2014, à la suite d’une condamnation pour viol, le journaliste avait lancé, en avril de la même année, son mouvement dénommé C221. Il disait : ‘’Après mon arrestation, des Sénégalais ont créé des pages de soutien sur Facebook. Elles ont rapidement réuni 30 000 membres. Il ne fallait pas laisser ce réseau se disloquer.’’
Hélas, pour lui, ce capital sympathie ne s’est jamais transformé en machine électorale. Son mouvement a fait long feu, avant de fondre comme du beurre au soleil. Et aujourd’hui encore, ses adversaires ne ratent pas une occasion de lui rappeler son passé. Pourtant, pour beaucoup, sa relation avec son accusatrice procédait d’un consentement mutuel.
Justifiées ou non, les relations extraconjugales impliquant des autorités ont toujours laissé des traces. Parmi les plus retentissantes, il y a l’affaire Diombass Diaw. Filmé nu par une demoiselle payée par des adversaires politiques se réclamant du camp de l’ancien n°2 du Parti démocratique sénégalais Oumar Sarr (actuel ministre des Mines), l’homme politique en est sorti dévasté, comme il le disait au tribunal. Politiquement comme socialement, ces accusations laissent des traces. Au procès, son bourreau confessait : ‘’Abdou Salam et ses amis voulaient que je déshabille Diombass, avant de le filmer avec un téléphone portable. Pour la mission, ils (les proches d’Oumar Sarr) m’avaient proposé 5 millions (de francs), une maison, un passeport diplomatique et un emploi au ministère de l’Habitat. Le tout, d’après Salam, devait provenir du ministre de l’Habitat d’alors, Oumar Sarr.’’ Lequel film a été publié et avait presque ‘’détruit’’ la victime Diombass Diaw. Victime, il a dû prendre son courage à deux mains pour porter l’affaire devant la justice.
Les histoires de mœurs et de pouvoir ne datent pas d’aujourd’hui. De Thomas Jefferson (3e président des Etats-Unis) à Ousmane Sonko, en passant par Clinton, Dominique Strauss Kahn pour ne citer que ceux-là, ils sont nombreux les hommes politiques et de pouvoir à avoir été accusés d’avoir des affaires extraconjugales. Le point commun de toutes ces grosses affaires, c’est leur capacité à scinder l’opinion publique, locale comme internationale, en deux principaux camps : pro ou anti la personnalité publique impliquée.
Entre l’abus des forts et le dénuement des faibles
Quant à l’autre partie, elle est souvent la matérialiste, la provocatrice ou tout simplement la fille facile qui a voulu profiter de sa situation. En atteste ce sondage réalisé par la chaîne Fox dans l’affaire Clinton : ‘’Lewinsky est-elle une traînée ou une Américaine ordinaire ?’’, demandait-on aux Américains. La première option était plébiscitée à 54 %. La même tendance se vérifie dans le cadre de l’affaire Ousmane Sonko qui continue de défrayer la chronique. On pourrait en dire autant dans l’affaire Strauss Kahn contre la Guinéenne Nafissatou Diallo. Le faible a souvent été jugé ‘’consentant’’ à l’acte sexuel. Dans les cas où cet acte a été constaté.
Plus de 15 ans après sa liaison avec Bill Clinton, Monica a jugé utile, en 2014, de sortir de son mutisme et de crier son amertume. Dans le magazine ‘’Vanity Fair’’, elle confiait avoir été ‘’la personne la plus humiliée au monde’’ et la première victime de cyber-harcèlement. Dans la foulée, elle lançait sa marque de sacs à main. Et en 2015, elle devient l'ambassadrice et la conseillère d'une organisation de lutte contre le cyber-harcèlement créée par des étudiants américains. En plus de l’acharnement des internautes, celui des humoristes, il lui fallut également faire face à l’imagination des stars. Même Beyonce avait chanté l'ancienne stagiaire de la Maison-Blanche dans le morceau ‘’Partition’’. Elle disait : ‘’Il a Monicalewinské sur ma robe.’’ Ce que l'intéressée avait jugé approprié de corriger en : ‘’Il a Billclintoné sur ma robe.’’
Vouée aux gémonies, elle porte la réplique dans ses confessions, en plaidant l’abus de pouvoir : "Nous pouvons au moins admettre qu’il s’agissait d’un grave abus de pouvoir. (...) Aujourd’hui, à 44 ans, je ne fais que commencer à comprendre la relation de pouvoir qui se jouait alors entre un président et une stagiaire de la Maison-Blanche. Je me dis que la notion de consentement était discutable."
LE FINANCEMENT DES PARTIS POLITIQUES AU SÉNÉGAL, UN SUJET TABOU
Sans financement public ni organe de contrôle, le clientélisme et les financements occultes sont-ils inévitables ? Les partis d’opposition sont en tout cas soumis à une pression certaine
Le ministère de l’Intérieur a menacé de dissolution le parti de l’opposant Ousmane Sonko, qui venait de lancer une campagne internationale de levée de fonds. L’appel aux contributions des militants est pourtant l’un des seuls moyens (officiels) dont disposent les partis pour renflouer leurs caisses.
Au cours de la campagne pour l’élection présidentielle de 2019, il est arrivé plusieurs fois que les convois de Pastef restent bloqués. Les véhicules étaient à cours de carburant et, faute d’argent pour remplir les réservoirs, les responsables du parti ne pouvaient reprendre la route. Cette anecdote, c’est Ousmane Sonko qui la raconte, lui qui se décrit volontiers comme « le plus pauvre des présidents de partis politiques ».
Ancien contrôleur des impôts, le leader de Pastef revendique une indépendance totale vis-à-vis des lobbys et répète à l’envi son refus de « l’argent sale ». Un positionnement antisystème difficile à tenir financièrement. Le 2 janvier, le parti lançait donc une campagne de levée de fonds internationale et récoltait 125 millions de F CFA en quelques heures. De quoi « secouer le baobab » de la majorité, glisse un observateur de la vie politique sénégalaise. Suffisamment en tout cas pour que le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, publie un communiqué la nuit même pour menacer le parti de dissolution.
Qu’est-il reproché à Pastef ? D’avoir reçu des « subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal », selon le ministre. « Nous nous sommes toujours financés de la sorte, rétorque le responsable de la communication du Pastef, El Malick N’Diaye. La seule différence, c’est que cette campagne-là a beaucoup mieux marché. » Réputé pour sa maîtrise de la communication digitale, le parti a choisi pour la première fois d’utiliser une plateforme sénégalaise de paiement en ligne et des moyens de paiement locaux, de type Orange money.
« Parler d’argent est tabou en politique. Des milliards circulent pourtant, mais on ne sait pas d’où provient cet argent », taclait Ousmane Sonko au lancement de la campagne. Sans financement public ni organe de contrôle, le clientélisme et les financements occultes sont-ils inévitables ? Les partis d’opposition sont en tout cas soumis à une pression certaine. En particulier en période électorale.
Système D
La majorité des responsables des partis (opposition et majorité) contactés par Jeune Afrique présentent les cotisations des partisans et des militants comme leurs principales sources de revenus. En dehors des ventes de cartes d’adhésion, les cotisations varient selon la hiérarchie des membres. Au Parti socialiste (PS) par exemple, un cadre évoque une cotisation mensuelle d’environ 100 000 FCFA pour un député, la moitié pour un maire.
« Il ne faut pas se voiler la face : les gens n’ont pas cette culture de la cotisation. Les leaders, déjà sollicités par leur base, ont tendance à refuser de cotiser », tempère toutefois Ababacar Fall, le secrétaire général du Groupe de recherche et d’appui-conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec). Les comptes du parti et ceux de son leader ont alors bien souvent tendance à se confondre.
LES DIASPORAS AFRICAINES DANS LE MONDE À L'HONNEUR D'UN PROJET DOCUMENTAIRE
Décryptage des deux premiers épisodes de la série «Black in the world» réalisée par Alain Foka. Rencontre avec des Africains de Washington via une multitude de témoignages
Décryptage spécial à l’occasion des deux premiers épisodes de la série «Black in the world» réalisée par Alain Foka. Nous vous emmenons à la rencontre des Africains de la capitale américaine Washington, via une multitude de témoignages.
Comment ont-ils vécu leur intégration ? Quels rapports entretiennent-ils avec l’Afrique ?
Avec notre invité Alain Foka, journaliste et rédacteur en chef adjoint à RFI, producteur de documentaires.
Souadou Niang a été femme de chambre dans un hôtel de renom aux Etats-Unis, elle y gravit les échelons et en devient l’un des managers. Fort de cette expérience, elle revient dans son pays, le Sénégal, et crée son propre hôtel-boutique
“Je nettoyais les toilettes d’un hôtel, aujourd’hui je suis propriétaire d’un hôtel de luxe ‘’. Souadou Niang a été femme de chambre dans un hôtel de renom aux Etats-Unis, elle y gravit les échelons et en devient l’un des managers. Fort de cette expérience, elle revient dans son pays, le Sénégal, et crée son propre hôtel-boutique. Aujourd’hui, elle ambitionne de conquérir le monde.
«IL FAUT VIVRE DES EMOTIONS POUR POUVOIR LES PARTAGER»
Riche d’une carrière international, Naby Ibrahima Condé veut être prophète chez lui. Au Sénégal depuis un an, il a concocté un album de 15 titres.
Riche d’une carrière international, Naby Ibrahima Condé veut être prophète chez lui. Au Sénégal depuis un an, il a concocté un album de 15 titres. En prélude à la sortie officielle de cet opus, il compte mettre dans les bacs un EP Extended Play de cinq titres. Entretien
Quelle est la dernière actualité de Naby?
Je suis très heureux de me retrouver au Sénégal. Je veux juste retranscrire et transmettre tout ce que j’ai vécu dans l’Art. Je comptabilise vingt ans de carrière musicale… Il y a un peu de vécu et de bagage derrière ce parcours. Je veux partager tout cela avec les jeunes artistes sénégalais. Je veux aussi faire plaisir à mon public qui demande tout le temps ce que je deviens et ce que je fais. Je suis toujours en quête d’inspiration pour pouvoir parler au public.
Depuis votre premier album, «Demna», publié en 2009 et le Prix découvertes RFI, vous avez disparu des radars
Après avoir remporté le Prix découvertes RFI, j’ai eu à gagner d’autres prix. C’est ainsi que j’ai reçu le « Prix Francophonie du Canada » et le « Prix Visa pour la Création ». J’ai aussi remporté un autre prix qui m’a permis de me produire en Asie, au Canada dans ses dix-huit régions, au Vietnam et au Cambodge. J’ai également fait un album avec Passi. Il s’agit de son dernier album, « Air Afrique ». Ce qui nous a permis de faire des concerts un peu partout et dans la sous-région. Après tout cela, je me suis mis en retrait pour pouvoir mieux travailler. Je voulais surtout avoir de l’inspiration et repartir sur de nouvelles bases et faire la paix avec moi-même. Le Prix découvertes RFI a un peu freiné mon inspiration. Parce que c’est venu trop vite et juste comme ça. C’est après la sortie de mon premier album solo que j’ai pu remporter tous ces prix-là. Il fallait que je me remette en place pour aller chercher de l’inspiration. Il me fallait aussi chercher un vécu, parce que tout ce que tu ne vis pas, tu ne peux pas en parler. C’est tout cela qui a fait que j’ai été en retrait pour un bon moment.
Certains disent que le succès a été très difficile à gérer et cela s’est particulièrement ressenti sur la suite de votre carrière…
Effectivement c’est vrai et je le concède. Je n’ai pas pu et su gérer tout ce qui m’est arrivé en 2009. C’était brusque. Ça m’a un peu fait peur. Ça a amené des problèmes dans mon groupe. On ne s’est pas compris sur beaucoup de choses. C’était trop intense. On avait trop de boulot.
N’avez-vous pas prêté le flanc ?
Non, pas du tout ! Je ne peux pas faire cela car je suis un talibé et un vrai Baye Fall
Des erreurs ?
Bien sûr ! Tout le monde fait des erreurs. Mais en ce qui me concerne, cela m’a servi énormément. C’est grâce à mes erreurs que je suis devenu ce que je suis aujourd’hui. J’ai commis des erreurs qui m’ont bien massacré et mis presque à terre. La vie quotidienne m’a bien éprouvé. La vie familiale aussi m’a vraiment causé du souci.
Issu du mouvement Hip Hop, vous avez par la suite continué dans le sillage du reggae…
J’ai librement opté pour le Reggae. C’est quelque chose qui est bien ancré en moi. J’aime bien le « One Drop » qui symbolise le battement du cœur. Le reggae est une musique qui aime user de paraboles et de devinettes. Il délivre des messages codés qu’il faut aller déchiffrer et c’est cela qui me plait dans ce genre musical popularisé par Bob Marley. C’est ce jeu de questions réponses qui force l’artiste à penser à celui qui écoute la musique. C’est pour cela que j’aime le reggae. C’est une musique vraie et de vérité.
Comment comptez-vous faire la promotion de cet album dans un contexte de crise sanitaire?
C’est une situation difficile qui a surpris tout le monde. Cette pandémie a perturbé énormément de choses dans le monde entier. Cependant elle nous a trouvé en pleine phase de création. On était donc assez éloigné de la scène. Nous étions plutôt confinés en studio pour travailler dur. Ce qui signifie que cette situation ne nous a pas trop affectés, car on était en phase de création et de labeur. N’empêche, c’est une situation dure pour nous tous. Quelque part, ça brise ton élan. En tant qu’artiste, tu es bloqué sur beaucoup de choses et tu ne peux plus maîtriser ton calendrier. Cela pose problème. Mais je trouve que c’est un mal pour un bien. Il faut s’adapter et surtout apprendre beaucoup de choses de cette situation. Je ne parle pas seulement du monde artistique, mais de tout le monde. Je pense que le Sénégal a besoin d’un artiste comme moi. Partout où je me rends, on me demande de revenir. Pour certains, je leur ai fait goûter quelque chose avant de les sevrer brusquement.
Qu’est-ce qui vous fait dire cela ? N’est-ce pas de la prétention ?
Pas du tout ! On ne peut pas du tout parler de quelque chose que l’on ignore. Le premier album « Demna », je l’ai fait en dix ans. Celui-ci aussi m’a pris dix ans de travail. Il faut vivre des émotions pour pouvoir les partager. La création ne se décrète pas. Cela prend énormément de temps. Si vraiment on veut proposer des œuvres intemporelles et de qualité, il ne faut pas que l’on se trompe. Je me rappelle les sages paroles de Djibril Diop Mambety qui disait qu’un tableau qui n’accroche pas pendant dix ans, n’est pas du tout un tableau. L’album « Demna » a fait plus de dix ans sur le marché et jusqu’à présent, on continue de l’écouter. C’est la même démarche que j’ai adoptée pour cet album. Je veux toujours produire des œuvres classiques que l’on peut écouter durant de nombreuses années.
Vous avez assuré des premières parties de grands artistes comme Tiken Jah Facoly et Angélique Kidjo. Qu’avez-vous appris à leurs côtés ?
C’était déjà grandiose d’assurer les premières parties de Tiken Jah Facoly et d’Angélique Kidjo. Nous avions tissé de très bons rapports. Ils sont devenus des amis et à chaque fois que l’occasion se présentait en Europe, on allait manger ensemble. Cela m’a donné de la « niac » et de trouver du tonus sur scène. Cela m’a permis d’être vrai. Tiken Jah est quelqu’un de très vrai. Angélique Kidjo est une très grande dame. Ces gens-là ne te disent que la vérité. Ils sont francs et très entiers. Ils te disent toujours comment tu dois être toi-même. Donc tu apprends énormément de choses avec eux. J’ai surtout appris la sagesse auprès d’Angélique. Cette dame est très sage. Après cela, il y a aussi beaucoup de choses à apprendre. Tu atteints un autre niveau. Tu vois une autre couleur. Il y a vraiment du professionnalisme à toutes les étapes.
Pouvez nous parler un peu de cet album ?
C’est un album dans lequel j’ai tout mis. J’ai vraiment utilisé toute ma force, tout mon cœur et toute mon âme pour le confectionner. J’ai sorti tout ce que j’avais appris sur le tas. C’est tout ce que j’ai vécu sur la route que j’ai voulu transmettre à mon public. Nous avons décidé de partager car c’est un travail d’équipe. Même si on reste dans le reggae, il y a beaucoup de couleurs dans ce disque. Pour l’EP qui va sortir en premier, nous allons publier cinq titres avant de mettre sur le marché l’album complet avec quinze morceaux…
Durant vos nombreux voyages qu’avez-vous appris au niveau des pays visités ?
C’était souvent trop rapide et le rythme était infernal. Cependant, j’ai appris beaucoup de choses au Congo Brazzaville. Au moment de notre passage, il y avait la guerre. Mais les jeunes avaient décidé de tout prendre en main. J’y ai rencontré un vieux qui m’a dit que l’Afrique est bancale. On devait reconstruire notre continent. J’ai vraiment appris cela auprès de ce vieux et c’était au Congo. Même notre clip avec Passi on l’a fait à Dolisie, la troisième ville du Congo, là où il y a eu la guerre. Je les ai trouvés en train de revivre et de reconstruire le pays. Au Vietnam aussi, j’ai trouvé que malgré la guerre, les gens refusaient de baisser les bras. Cela m’a beaucoup marqué.
Est-ce qu’être Baye Fall constitue un refuge pour toi ?
La religion n’est pas un refuge. C’est quelque chose qui m’appartient et je l’accepte. C’est un legs de mes parents que j’ai trouvé sur place. Comme je suis musulman, je me vois bien dans la peau d’un Baye Fall. Le concept du Baye Fall est trop profond. C’est « Degeul », »Joubeul », »Leral », »Souk ». C’est juste se prosterner et accepter la Toute-Puissance divine. Je crois que c’est ce qui me plait le plus dans cette vision. Il ne faut surtout pas oublier que j’ai un très grand nom : je m’appelle Naby. Le Prophète des musulmans.
Avez-vous été soutenu par les autorités culturelles de votre pays.
Non ! Non et non ! Je le dis haut et fort. Je n’ai jamais été soutenu par qui que ce soit dans ma carrière. Je n’ai même pas été reçu par une autorité du ministère de la Culture après avoir gagné le Prix découvertes RFI et tous les autres. Malgré mon parcours et tout ce que j’ai fait, je n’ai jamais été reçu ou félicité par un agent du ministère de la Culture ou une autorité étatique. Pourtant au Gabon, j’ai eu à rencontrer le ministre de la Culture. J’ai eu à rencontrer l’ancien Président Abdou Diouf bien après son départ du pouvoir. Nous étions dans le même hôtel. Il n y a que l’institut Français qui était à mes côtés.
N’est-ce pas frustrant ?
Bien sûr ! A la limite, c’est révoltant... Au Sénégal chacun ne pense qu’à sa propre personne et c’est vraiment dommage. Il y a trop de copinage et de favoritisme dans la musique et cela tue notre Art. C’est pour cela que ça ne marche pas.
Que pensez-vous de cette nouvelle tendance des jeunes rappeurs à travers des histoires de clash ?
(Rires) Je trouve qu’ils sont perdus ! Ces clashs n’apprennent rien à personne. Toi qui n’as aucun vécu, comment peux-tu te permettre de raconter ta connerie ? C’est du n’importe quoi. Il faut être généreux et avoir le souci de partager son savoir. Ce n’est pas parce que tu as un audimat et que tu es suivi sur les réseaux sociaux, que tu dois te permettre de toiser ton monde et de faire du n’importe quoi. Ce n’est pas cool du tout. On ne devrait même pas les montrer à la télévision. Ils n’apportent rien au public. Nous n’avons pas besoin de faire comme les Américains. Eux, ils ont tout ce qu’il faut. Nous, on n’a rien. Nous avons besoin d’être un peu plus civilisés. On manque de civisme. C’est pourquoi tout ce qu’on fait, c’est vraiment un peu bancal et cela ne nous apporte rien. Ils ont besoin d’apprendre encore. Comme moi aussi j’ai besoin d’apprendre encore, car je ne sors pas du lot. Je n’ai pas atteint les sommets, mais eux ils n’ont pas encore atteint ce niveau et ils font leur malin…
Êtes-vous alors disposé à travailler avec eux ?
Je suis très ouvert. Je suis disposé à travailler avec eux, mais ça ne sera pas pour faire ce qu’ils font. Mais il y a aussi un autre mal pernicieux dans ce pays. Il suffit qu’un artiste plaque quelques accords, apparaisse à la télé pour qu’on en fasse une star. C’est vraiment des choses à éviter. On a tendance à encenser trop et très vite nos artistes. Cela leur rend un très mauvais service. Pour que les choses puissent marcher, il faut que chacun reste à sa place. Il faut éviter de toujours se focaliser sur l’argent car cela ne fait pas avancer les choses. Il faut que les stars du moment se remettent en question et partagent leur savoir. Si on continue de ne rien faire pour la jeune génération, notre musique ne pourra jamais aller de l’avant.
FODE KABA II, DES DIAMBARS DANS LE VENT
Ce livre du colonel Mbaye Cissé (nommé général), ancien enfant de troupe, est le récit de l’intervention courageuse des Jambaars en Gambie
Le 30 juillet 1981, Kukoy Samba Sagna, à la tête d’un groupe d’insurgés, s’empare du pouvoir en Gambie. Le président légalement élu, Daouda Keiraba Jawara, est à Londres. Très vite, la situation vire au chaos ; des centaines de personnes sont prises en otages dont l’épouse et les enfants du président gambien. Il faut agir vite. En exécution des accords de défense sénégalo-gambiens signés en 1965, le président Abdou Diouf, fraichement installé à la tête de l’Etat, répond favorablement à la demande d’intervention formulée par la Gambie. Les Jambaars n’ont plus de temps à perdre. Ce livre du colonel Mbaye Cissé (nommé général), ancien enfant de troupe, est le récit de l’intervention courageuse des Jambaars en Gambie. Issu de l’Enoa (Ecole nationale des officiers d’active) de Thiès, le colonel Mbaye Cissé, à travers son livre préfacé par le général Abdoulaye Fall (Cemga à l’époque puisque l’ouvrage a été achevé en 2011 et publié en juillet 2015) rappelle la chevauchée héroïque des Jambaars jusqu’à leur entrée sur le territoire gambien. Avec « Fodé Kaba II » se glorifie Mbaye Cissé, les Jambaars venaient de signer, dans l’enthousiasme et l’allégresse, un long bail avec l’avenir estampillé du sceau « On nous tue, on ne déshonore pas ! » « Le Témoin » vous livre en exclusivité les bonnes feuilles de « Fodé Kaba II ». A consommer sans modération…
« En cette matinée du jeudi 30 juillet 1981, l’état-major général des Armées connait une atmosphère calme. Le ramadan, le mois de jeûne musulman, qui s’achève dans deux jours, a été particulièrement dur. Les « paras » (Ndlr, salaires) sont tombés et les pères de famille, les poches pleines, ont tous l’esprit tourné vers les préparatifs de l’Eid Al Fitr ou Korité, fête marquant la fin du jeûne. Le colonel Saliou Niang, Sous-chef d’état-major chargé des opérations, n’échappe pas à la frénésie. Cette année-là, il s’est fait confectionner un joli boubou bleu et manifeste la ferme intention de passer une belle fête en famille. Malgré un agenda chargé du fait de l’absence du Mamadou Mansour Seck, Sous-chef d’état major des armées, en mission à l’étranger, il tient bon et attend avec impatience la Korité qui coïncide cette année avec le week-end. Le téléphone interrompt ses rêveries. C’est le général Idrissa Fall, Chef d’Etat major des armées, qui est au bout du fil. Très tôt ce matin, le Premier ministre Habib Thiam lui a transmis les instructions du Président Diouf demandant aux Armées de mettre en exécution l’accord de défense liant le Sénégal à la Gambie. Après avoir pris bonne note, il parla directement au Président comme pour attirer son attention sur l’emploi de la force armée qui, à ce niveau, relevait directement de sa haute autorité es qualité de Chef suprême des Armées. Pour lui, l’histoire venait de se répéter sur ce point précis. En effet, au moment de « Fodé Kaba I », le Premier ministre, Abdou Diouf, lui avait fait part, dans les mêmes conditions, des ordres du président Senghor. Lorsqu’il prit l’initiative de s’assurer auprès de ce dernier de la teneur des ordres à lui transmis, le Président Senghor décoda très vite le message et lui dit d’un ton railleur : « Ah ! Général ! Vous et vos principes… Les principes que j’ai appris à vos cotés, Monsieur le président » répondit-il. Pour avoir été pendant plusieurs années l’aide de camp de Senghor, le Général Fall revendiquait avec fierté un sens de l’organisation, de la méthode et du respect des formes. « Fodé Kaba II » venait officiellement de naitre. Il fallait traduire en actes la volonté des autorités dans les meilleurs délais. Le quartier Dial-Diop retrouva soudain son effervescence des grands jours. Des bureaux fusent les premiers messages mettant en alerte les unités et rassemblant les éléments utiles à la prise de décision du chef (…)
« Non, Monsieur le Premier ministre, c’est le Chef Suprême des Armées qui doit déclencher ce genre d’opération ! »
Dans l’Armée de l’air, c’est vraiment le printemps. L’ère des avions Dakota est définitivement close. Les hélicoptères Puma côtoient l’escadrille de chasse composée de Fuga Magister, et la flotte d’avions de transports à base de Fokker 27 (…). A la Marine nationale, la vitalité de l’Armée se confond à la figure emblématique de son chef, le capitaine de vaisseau Faye Gassama, qui avait fini d’en faire un pion efficace et respecté. Mieux, la Marine venait de mettre sur pied, dans le cadre de sa montée en puissance, sa première unité de commandos fusiliers marins, une unité d’élite, qui fera parler d’elle dès l’entame des opérations. C’est dire que les Jambaars, sifflotant dans le vent, s’adossaient à un outil performant préparé à l’action, à une instruction et un entrainement de qualité et, enfin, à un leadership incontesté fait d’audace et de pragmatisme. Dans l’après-midi du jeudi, toutes les unités sont en alerte. A 17h15, un hélicoptère décolle de Dakar, avec à son bord le colonel Kondé commandant de l’Armée de terre, accompagné du lieutenant-colonel Gomis, Inspecteur technique des Armées, pour remettre l’ordre d’opérations au lieutenant-colonel Abdourahmane Ngom dit Abel, commandant la zone militaire sud. Désigné commandant opérationnel du théâtre en Gambie, le lieutenant-colonel Ngom traine une solide réputation de baroudeur. Issu de l’Ecole spéciale militaire interarmes de Strasbourg, puis de Coetquidam, diplômé de l’Ecole des troupes aéroportées de Pau en France, ancien d’Indochine et d’Algérie, il se distingue par son allure guerrière, sa bonne tenue et son sang froid. Aide de camp du président Senghor, de 1965 à 1968, il est présent à la Grande Mosquée de Dakar lors de la tentative d’assassinat perpétrée contre ce dernier. Il a quitté ses fonctions avec un témoignage de satisfaction du président Senghor.
« A bord du Fokker, 122 parachutistes sautent dans une zone, loin de l’aéroport de Yundum »
Les avions Fokker F27, qui avaient décollé de Dakar le jeudi 30 juillet à 17 h 25, étaient maintenant dans l’espace aérien gambien, depuis plusieurs minutes. A bord, 122 parachutistes dont le chef de corps, le commandant Didier Bampassy, qui retrouve Yundum après quelques mois. La sonnerie annonçant l’imminence du largage retentit dans l’avion leader à 18h, mais les largueurs éprouvent des difficultés pour ouvrir la porte (…) Le sergent-chef Serigne Momar Ka et quatre autres parachutistes largués au cours du second passage à côté de Busumbala en feront les frais, traqués qu’ils seront pendant deux jours par des rebelles. Sitôt réarticulés au sol, les paras prennent les dispositions de combat. Les ordres sont donnés pour ratisser la zone et retrouver une arme collective, un poste radio et deux musettes qui avaient fait « tapis », selon le jargon parachutiste. A 19h 20, le Chef de corps essaye de rendre compte à Dakar des conditions du déroulement du saut. En vain. Il entame sa progression, à pied, en direction de Yundum via Busumbala. Arrivés à Busumbala, les paras mettent en place un dispositif de sécurité pour pouvoir le renverser. C’est en ce moment que la section envoyée en couverture au sud du village est accrochée par des rebelles. Après un échange de tirs intenses, les paras enregistrent les premiers blessés et disparus. En effet, le commandant de compagnie, le lieutenant El Hadj Malick Cissé alias Khomeiny, rend compte de la disparition du caporal Emile Tendeng envoyé quelques minutes plutôt à Jumbar pour recueillir le sergent Boubacar Cissé et le caporal-chef Matar Ndiaye coupés de la colonne et retenus en arrière à arranger les sangles de leurs sacs à dos. Négligence ou impréparation ?
« A son tour, le colonel Abel Ngom prend en otage les chefs rebelles venus négocier »
Ayant envoyé les otages sénégalais porter le message auprès du lieutenant-colonel Ngom, et attendant impatiemment une issue heureuse, les hommes de Kukoi eurent la surprise de leur vie. En effet, non seulement le lieutenant-colonel Ngom refuse de négocier, mais encore il garde par-devers lui les otages venus parlementer. Les rebelles entrent dans une colère noire et ouvrent le feu sur les militaires. La confusion s’installe ; les tirs partent de toutes parts ; les Sénégalais sont un peu bousculés, car n’ayant pas tout suite imaginé que les rebelles passeraient aussi rapidement d’une posture de négociation à une attitude si agressive. Ils ignoraient, cependant, que ces derniers avaient dissimulé derrière les véhicules garés dans l’enceinte de l’aéroport et même sur les arbres un nombre impressionnant de combattants (…)
«33 morts soldats sénégalais tués»
Au soir du 31 juillet, toutes les opérations terrestres, aériennes et navales engagées dans l’opération « Fodé Kaba II » ont mis pied sur le sol gambien. A Dakar, la progression est suivie, minute par minute, dans la salle des opérations que le ministre des forces armées, Daouda Sow, a rejointe pour mieux vivre les événements (…) Par un heureux hasard, le médecin-capitaine Gorgui Diaw, médecin-chef de la zone militaire de Tamba, se trouve être le plus ancien dans le grade parmi les hommes en blouse blanche présents sur le théâtre. Investi des fonctions de médecin-chef de théâtre, il étonne dès les premières heures par son dynamisme et son courage, entouré des médecins-capitaines Mamadou Ndoye, Makhfouz Sarr et des médecins-lieutenants Makhone Douta Seck du bataillon des parachutistes et Cheikh T. Touré (…)
« Les Blindés entrent dans le Palais et hissent le drapeau annonçant le retour de Jawara »
Les éléments du bataillon des blindés hissent les couleurs gambiennes sur le mât de la présidence et des bâtiments publics. Il faut faire vite, le président Jawara est annoncé pour 11h. Du coté de Dakar, le contrôle de la capitale, Banjul, et des principales villes était suffisant pour enclencher le mouvement retour du Président gambien. Son come-back en terre gambienne était la preuve la plus éloquente de l’échec de l’insurrection (…)
« L’assaut du Gign pour libérer l’épouse du Président et ses quatre enfants… »
A Yundum, un détachement spécial est mis sur pied. Dirigé par le capitaine Joseph Gomis, il regroupe 51 hommes dont deux sections à 20 combattants, issus pour l’essentiel du bataillon commando, et 11 membres du Groupement d’Intervention de la Gendarmerie (Gign) (…) Pour ne pas éveiller les soupçons, les rois britanniques des forces spéciales, comme de simples membres inoffensifs du consulat, allaient raccompagner le médecin-chef comme si rien n’était, couverts discrètement par le reste du détachement. Dans un mouvement précis et rapide, les rebelles sont neutralisés par les Britanniques qui sortent du bâtiment avec l’épouse du Président et les quatre enfants. A la sortie, un véhicule d’intervention des rebelles tente de s’interposer avant d’être pris à partie par les éléments du Gign qui blessent l’un d’entre eux, avant d’en faire prisonnier (…) Communiqué : L’Etat Major-Général des Armées rappelle les faits vérifiables suivants : Pendant les récentes opérations de Gambie, les Forces armées sénégalaises ont eu à déplorer : 33 militaires tués dont 02 officiers ; et 85 militaires blessés dont 01 officier. Tout autre chiffre avancé par les organes est rigoureusement erroné. Par (Po) Le Colonel Mamadou Mansour Seck, Sous-chef d’Etat Major des Armées (…)
Nb : Les intertitres sont de la rédaction « Le Témoin » quotidien
ANNEXION DE LA GAMBIE EN 1981, POURQUOI DIOUF A RATÉ LE COCHE
Pourquoi le Sénégal du président Abdou Diouf avait-il raté le coche ? Quarante ans après cette intervention militaire ayant fait échouer la mutinerie de Kukoï Samba Sanyang, « Le Témoin » d’apporter une réponse à cette question…
Courant 2013, le colonel Abdourahmane Ngom dit Abel — qui vient d’être arraché à l’affection des siens — nous avait reçus dans son domicile au Point E. Au cours d’une longue interview exclusive consacrée à l’opération militaire « Fodé Kaba 2 » en Gambie, l’ancien commandant du corps expéditionnaire sénégalais dans ce pays lové à l’intérieur du nôtre, avait exprimé un gros regret en ces termes : « En 1981, le Sénégal a raté le coche de n’avoir pas annexé la Gambie…» confiait le colonel Abel Ngom que « Le Témoin » avait réussi à faire parler pour la première fois depuis qu’il s’était retiré du commandement. Pourquoi le Sénégal du président Abdou Diouf avait-il raté le coche ? Quarante ans après cette intervention militaire ayant fait échouer la mutinerie de Kukoï Samba Sanyang, « Le Témoin » d’apporter une réponse à cette question…
« Cette année-là, le Sénégal a raté le coché de n’avoir pas annexé la Gambie…» avait déclaré le colonel (Er) Abdourahmane Ngom dit Abel au cours d’un entretien exclusif qu’il avait accordé au « Témoin ». Récemment rappelé à Dieu à l’âge de 89 ans, le défunt officier parachutiste a marqué et marquera à jamais l’histoire de l’Armée nationale pour avoir commandé les troupes sénégalaises de l’opération « Fodé Kaba 2 » en Gambie (1981).
« Raté le coche !», si c’est le colonel Abel Ngom qui l’a dit, il fallait bien le croire puisqu’il était le mieux indiqué. Ou, du moins, l’un des mieux indiqués. Pourquoi le président de la République d’alors Abdou Diouf a-t-il raté le coché de n’avoir annexé la Gambie, un pays cerné des trois côtés par le Sénégal ? Et pourtant, selon un ancien conseiller politique très influent du même président Abdou Diouf, des diplomates d’une grande organisation mondiale avaient recommandé au Sénégal d’annexer la Gambie, histoire de faire de « Fodé Kaba 2 » d’une pierre deux coups. C’était en 1981, lors de la mutinerie dirigée par Kukoy Samba Sagna qui s’était emparée du pouvoir du président Daouda Keiraba Jawara. Ce qui avait entraîné l’intervention de l’armée sénégalaise qui avait réussi à rétablir l’ordre constitutionnel à Banjul après avoir chassé les putschistes et libéré les officies faits prisonniers en même temps que des membres de la famille présidentielle.
Selon l’ancien ambassadeur et conseiller d’Abdou Diouf, plusieurs facteurs et enjeux relatifs à la politique du Sénégal et géopolitiques par rapport à la Gambie justifiaient ce projet d’annexion. « Comme arguments pour justifier cette annexion, ces diplomates internationaux avaient soutenu que le Sénégal est l’un des pays les plus stables d’Afrique. Mieux, le Sénégal est souvent cité comme un exemple de démocratie apaisée en Afrique de l’Ouest. Ayant une armée professionnelle, disciplinée et républicaine, il était l’un des rares pays africains qui n’avait pas connu de coup d’Etat militaire. Compte tenu de tous ces facteurs, entre autres, ces diplomates avaient estimé que le Sénégal devait annexer la Gambie pour plus de stabilité dans ce pays anglophone et ensuite pour mieux la protéger face aux prédateurs extérieurs.
Pour encourager le président Abdou Diouf dans ce projet d’annexion, ces diplomates avaient soutenu que l’ancien colonisateur britannique n’allait pas s’y opposer dès lors qu’il était préparé à un tel projet de réunification des deux pays » nous a confié notre ancien diplomate, ancien conseiller du président Abdou Diouf. De tels arguments suffisaient-ils pour pousser le Sénégal à annexer un pays souverain ? Pour pouvoir répondre à cette question, nous nous sommes rapprochés de responsables politiques et militaires de l’époque. Il ressort de leurs témoignages et expériences qu’en 1981, tous les facteurs — notamment diplomatiques — étaient réunis pour annexer la Gambie.
Seulement voilà, le président Abdou Diouf ne disposait pas des moyens techniques et financiers nécessaires pour faire aboutir ce projet. Pire, « Fodé Kaba 2 » coïncidant avec l’arrivée du président Abdou Diouf à la magistrature suprême était intervenue au moment où le Sénégal traversait une crise financière et alimentaire due à la grande sécheresse. Le Sénégal, comme tous autres pays du Sahel, souffrait d’un déficit pluviométrique sans précédent.
Dans plusieurs départements du Nord, notamment Matam, Kanel, Ranérou, et Podor ainsi que le Sud du pays comme la Casamance la situation pastorale et alimentaire s’avérait très précaire. La montée en puissance des périls alimentaires faisait entrevoir à l’horizon le spectre d’émeutes de la faim. « Donc, face à cette sécheresse qui menaçait le régime, le président Diouf ne pouvait nullement « annexer » voire administrer un pays aussi pauvre et agité que la Gambie. Rien que cela justifiait que le président Abdou Diouf rate le coche » indiquent nos interlocuteurs.
Recommandation ou propositions de coulisses…
Prenant leur contrepied, un ancien chef d’état-major particulier (Cempart) du président Abdou Diouf pense qu’il n’y avait pas de coche au point de le rater. « Il est vrai qu’à l’époque cette fameuse « recommandation » d’annexion faisait débat ! Car tout le monde sait très bien que l’organisation internationale dont parlent vos sources ne recommande jamais l’annexion d’un Etat par un autre Etat. Pour elle, il n’y a ni grands ni petits pays mais des Etats qu’elle reconnaît. Et tous ses Etats membres sont considérés comme souverains et égaux ». « Mieux, toutes ses décisions se prennent de façon officielle à travers des résolutions. Or, de ce point de vue, il n’y a jamais eu de résolution recommandant au Sénégal d’annexer la Gambie. Ce même si le président Abdou Diouf reconnait lui-même dans ses mémoires (livre) qu’à l’époque le Sénégal jouait déjà un rôle prépondérant dans cette organisation. Je suis bien placé pour dire au journal « Le Témoin » que cette soit disant « recommandation », ce n’étaient que des propositions de coulisses qui font les charmes du siège de cette organisation ! » explique cet ancien Cempart du président Abdou Diouf. « Certes, le Sénégal avait la puissance militaire pour annexer la Gambie, mais la puissance diplomatique faisait défaut pour pouvoir convaincre la communauté internationale. La puissance économique et financière n’en parlons pas ! » estime notre ancien officier-général à la retraite.
En lieu et place de l’annexion, une Confédération !
Quoi qu’il en soit, en lieu et place d’une annexion pure et simple, le président Abdou Diouf avait opté pour une « Confédération » qui avait l’avantage de revêtir les habits de la légalité ! Ainsi est née la Sénégambie, consacrant l’union entre le Sénégal et la Gambie (1982-1989) afin de promouvoir la coopération entre les deux nations, surtout dans le domaine des affaires étrangères et des communications internes. Mais aussi, et bien sûr, de la défense. Il s’agissait notamment, pour le Sénégal, de désenclaver la Casamance, sa région méridionale partiellement isolée du reste du pays par le territoire gambien. Dans ses « mémoires » publiées en 2014, le président Abdou Diouf a justifié les raisons ayant prévalu à la constitution de cette confédération. « Après son retour à Banjul, c’est le président Daouda Diawara, lui-même, qui, débordant de reconnaissance, m’a parlé du projet de confédération entre nos deux pays. « En fait, cette histoire de confédération sénégambienne, c’est lui-même qui en a émis l’idée. Il m’a dit « Je te remercie beaucoup de ton aide. Maintenant, nous devons vraiment tout faire pour que pareille situation (Ndlr, la mutinerie qui l’avait renversé) ne se reproduise plus ! Comme je l’invitais à préciser sa pensée, Daouda Diawara, ajouta : « Mettons en place une confédération ou même une fédération. » Je lui fis part de mon adhésion à son idée, car je pense sincèrement que nos deux peuples partagent la même culture et ont une communauté de destin. Nous pouvions donc, dans une première étape, mettre en place une confédération. C’est à partir de ce moment qu’on a commencé à travailler pour la mise en place de la confédération et à en rédiger les textes. Le 17 décembre 1981, le pacte de la confédération fut signé à Kaur, en Gambie, et il est entré en vigueur à compter du 1er février 1982 » a expliqué l’ancien président de la République Abdou Diouf dans ses mémoires. Après s’être enthousiasmé pour la confédération, il a déploré par la suite la « mauvaise foi » du président Diawara qui a provoqué l’éclatement de la Sénégambie. « Il y a toujours eu, me semble-t-il, une sorte de mauvaise volonté de la part des dirigeants gambiens de l’époque pour amorcer une réelle politique d’intégration. J’aurai l’occasion d’y revenir. C’est au sortir des événements de Gambie, après qu’on eut chassé les rebelles qui voulaient renverser Djawara, que débutèrent dans le sud du pays les premières manifestations insurrectionnelles en Casamance, plus précisément le 26 décembre 1982 » a indiqué le président Abdou Diouf, histoire de « regretter » d’avoir raté le coche !
Raids sur Banjul !
Dakar, 30 juillet 1981. Par intermittence, une fine pluie s’abat sur la capitale sénégalaise. Des précipitations qui annoncent le début de l’hivernage. C’est dans ce climat plutôt caniculaire que des rumeurs s’échappent de la Gambie voisine pour se propager dans le pays : Un coup d’Etat vient d’être perpétré en Gambie alors que le président Daouda Diawara était à Londres. Toutes les unités de réserves générales de l’Armée sénégalaise sont mises en alerte : les bataillons des parachutistes, des commandos, de la marine nationale etc…
De même que le Groupement d’Intervention de la Gendarmerie nationale (Gign), une unité d’élite spécialisée dans les opérations de libération d’otages. En vertu des accords de défense liant le Sénégal et la Gambie, le président Abdou Diouf déclenche l’opération « Fodé Kaba 2 » ayant pour but de chasser les rebelles du pouvoir et de rétablir l’autorité du président légitimement élu, Sir Aladji Daouda Kaïraba Diawara. « Ce jour-là, 30 juillet 1981, aux environs de midi, le Chef d’Etat Major Général des Armées (Cemga), le Général Idrissa Fall, m’a appelé pour me nommer commandant des troupes de l’opération « Fodé Kaba 2 » avec comme ordre de mission « Rétablir l’ordre constitutionnel et libérer les prisonniers des mains des rebelles. Parmi ces prisonniers, il y avait le douanier sénégalais Mamadou Dramé dit Mitterrand » racontait le défunt colonel Abel Ngom dans l’interview exclusive qu’il avait accordée au « Témoin ».
Par Serigne Saliou Guèye
LE COVID-19 DECIME BIEN LES ENSEIGNANTS
Nos investigations nous ont permis de découvrir que rien que ces 45 derniers jours, 8 enseignants du Cusems, sont morts de la maladie
Lors d’une conférence de presse tenue le mardi 16 février, le secrétaire général du Cusems, Abdoulaye Ndoye, a fait état d’une vingtaine d’enseignants morts du Covid. Et comme réaction Mamadou Moustapha Diagne, le directeur de la formation et de la communication du ministère de l’Education nationale, comme un répondeur automatique, a sorti un démenti pour rapetisser le nombre d’enseignants morts du Covid jusqu’à l’unité.
Les enseignants estomaqués par ce manque de respect dû à tous les enseignants morts du Covid se demandent quelle est la véritable intention de cette dénégation. Pour lui, les syndicalistes n’ont qu’un seul objectif : fermer prématurément les établissements scolaires et certainement se payer encore des jours de vacances payés.
En sus, Diagne soutient que le ministère a dégagé une enveloppe 1,5 milliard de francs CFA pour l’achat des produits de protection. Le problème n’est pas d’acheter des gels, des savons et des masques quand on ne peut pas appliquer les dispositions préventives dans des établissements faisant entre 1000 et 2000 élèves. Nous mettons au défi Diagne et toutes les autorités qui pensent comme lui de nous dire la seule école où les enseignants et leur chef d’établissement ont par devers-eux le protocole de santé inapplicable dans un lieu où les élèves sont immaitrisables en dehors de la classe.
Penser de la sorte relève simplement de l’attitude d’une tête de linotte qui ne soucie point de la souffrance de ses collègues éparpillés dans les zones les plus reculés sans eau potable, sans électricité, sans réseau téléphonique. Quand Diagne se calfeutre dans son fauteuil douillet du ministère sous le ronron d’un climatiseur qui lui fait oublier que la canicule existe quelque part dans le pays, il peut même se permettre de nier même que la pandémie à coronavirus est une réalité. Abdoulaye Ndoye, en tant que syndicaliste, pesant et soupesant tout mot qui pourrait choquer des familles concernées par les enseignants morts du Covid, a eu la décence de ramener les morts à 20 tout ayant l’intelligence et la lucidité de point dévoiler leur identité. Et pourtant que ce chiffre est loin de la réalité du terrain. Nos investigations nous ont permis de découvrir que rien que ces 45 derniers jours, 8 enseignants du Cusems, sont morts de Covid.
Le Cusems partage cette même situation tragique avec les autres syndicats qui n’ont encore fait le bilan des morts du Covid. Quant à l’enseignement supérieur, depuis le début de la pandémie jusqu’à aujourd’hui, les décès s’élèvent entre 15 et 18 décès du coronavirus. Aujourd’hui il est établi que plus de 50 enseignants de tous ordres ont perdu la vie pour avoir voulu inculquer un savoir aux apprenants.
Malgré les risques auxquels ils sont exposés quotidiennement en dispensant un enseignement de qualité à plusieurs âmes innocentes, potentiels sujets asymptomatiques, les enseignants ne démordent jamais dans leur noble mission de planter le drapeau du savoir pour parler comme Ramatoulaye, l’héroïne d’Une si longue lettre de Mariama Bâ. Le nombre pléthorique des élèves par classe, l’absence d’application voire l’inapplicabilité du protocole sanitaire, les risque d’être contaminés chaque jour par une forêt d’apprenants ne les empêche pas une seconde de poursuivre la mission de les instruire, de les socialiser et de les qualifier. Là où le président de la République tient par visioconférence son conseil de ministres qui ne dépasse le nombre de 40, histoire de se protéger à juste raison de toute contamination, alors que devait faire l’enseignant ayant devant lui entre 70 et 100 âmes ?
Comme disait l’ex- Premier ministre français, Edouard Philippe, nonobstant ces risques, les enseignants, dans des circonstances et des situations souvent dégradées, font un travail remarquable d’imagination, d’inventivité, de mobilisation, pour essayer de garantir cette continuité pédagogique dont nos enfants ont besoin. Cette sortie malheureuse de cette cervelle de moineau de Mamadou Moustapha Diagne dénote le manque de compassion des autorités académiques et ministérielles à l’endroit des enseignants. Elles ont atteint le seuil de mithridatisation.
D’ailleurs, il est noté que les autorités académiques régionales et départementales en charge de l’Education nationale ne soucient point de ces enseignants morts de Covid-19. Elles ne sont informées que par les enseignants sur ces décès. Et souvent les collègues à l’intérieur du Sénégal, sans aucune assistance des autorités chargées de l’Education nationale, éprouvent d’énormes difficultés pour ramener décemment les corps des collègues victimes du Sars Cov-2 à leur lieu d’origine. C’est inconcevable de la part d’un Etat qui dit se soucier du bien-être de ses enseignants. Ailleurs dans le monde quand la situation l’a exigé, l’Etat a fermé les classes stratégiquement avant de les rouvrir opportunément. Mais pour l’Etat du Sénégal, c’est un combat à la Pyrrhus.
Le nombre d’enseignants morts importe peu, l’essentiel est de parvenir à dérouler les enseignements jusqu’à la date officielle de la fermeture des classes. Ne pas admettre que le Covid-19 est dans nos écoles et que les enseignants funèbrement en payent le prix dans la plus grande confidentialité et dans le plus grand stoïcisme. On ne crie pas pour que les écoles soient fermées mais pour que les autorités soient plus regardantes sur le respect du protocole de santé. Aujourd’hui, l’Etat a peur de déclarer que le Covid-19 est présent dans nos écoles. On préfère s’arcbouter sur des mensonges crus, nus et stériles plutôt que de dire aux Sénégalais la véritable situation au sein des établissements.
Qu’on le veuille ou non, le coronavirus est dans les écoles (privées comme publiques, nationales comme étrangères) et les amphis. Les enseignants qui en morts (paix à leur âme) en sont une preuve patente. Et ce ne sont pas les démentis puants de mauvaise foi de perroquet de service qui enterreront la réalité.
Par Dr Babacar DIOP,
AU PATRIOTE OUSMANE SONKO
Les hommes et les femmes engagés dans la lutte pour la liberté et la dignité subissent la violence de la tyrannie. Ils laissent leur jeunesse, leur santé et leur vie dans cette entreprise de libération. Ils acceptent de se brûler pour éclairer leur siècle
L’Égypte est la patrie par excellence de la violence, le pays des plaies béantes des injustices les plus cruelles. Elle est le haut lieu de l’esclavage et de l’oppression, des travailleurs asservis et des tribus à la solde d’un homme au pouvoir absolu. C’est le pays de la négation de la vie, car les garçons y sont enterrés vivants.
En Égypte, le Pharaon s’est donné un pouvoir divin ; il donne la vie et ôte la vie à qui il veut. Les Hébreux sont réduits à des esclaves à la merci de ses désirs les plus obscurs. L’Égypte est une histoire que nous racontent le Coran et l’Ancien Testament. C’est aussi une métaphore qui désigne tout système bâti sur l’oppression et la domination, la violence et la corruption.
Concrètement et historiquement, c’est la monarchie corrompue d’Israël face à ses prophètes, le royaume de Judée devant Jésus, le pouvoir tyrannique de La Mecque devant le prophète Mahomet. La même dialectique symbolise aussi le pouvoir de l’Empire romain face aux chrétiens persécutés, la cité corrompue d’Athènes contre Socrate, l’empire colonial face aux peuples colonisés, l’Amérique esclavagiste face à John Brown. Et encore, cette logique prévaut quand le capitalisme fait face aux travailleurs opprimés et exploités ou quand la tyrannie fait face aux hommes et femmes qui luttent pour la liberté et la dignité, la justice et la démocratie.
Ainsi, l’Égypte manifeste toujours sa face hideuse avec la violence qu’elle exerce sur les humiliés, les persécutés et les dominés. Mais cette situation d’oppression permanente pousse les esclaves à la révolte. La sortie d’Égypte est un processus révolutionnaire de libération pour une patrie nouvelle, c’est-à-dire la construction de nouvelles institutions afin de permettre aux esclaves de recouvrer leur dignité. Le passage par le désert des esclaves est un mouvement de libération avec ses tensions, ses inquiétudes et ses embuches. Le chemin qui mène vers la Terre promise est parsemé d’obstacles.
Dans le désert, souvent, le peuple se révolte contre Moïse et préfère même retourner en Égypte. La servitude est plus confortable à l’épreuve de la libération, car l’esclave nouvellement libéré souhaite retourner à la maison du maître. Les chemins de la liberté sont toujours difficiles à parcourir. En réalité, l’Égypte représente toutes les terres où règnent l’injustice, l’inégalité et l’iniquité. Elle est le visage de tout système totalitaire où un pouvoir corrompu réduit le peuple à l’esclavage et à la servitude. C’est un ordre oppressif fondé sur la domination, l’exclusion et l’oppression. Cependant, quelle qu’en soit la durée, il y aura tôt ou tard des gens de volonté, qui tenant à la dignité humaine, se rebelleront comme Moïse pour mettre fin à la souffrance des esclaves.
L’Égypte est une société cruelle qui ensevelit ses propres enfants, mais un garçon échappe à la violence du Pharaon. Son nom est Moïse : le révolté des quartiers populaires et pauvres. Moïse matérialise la résistance face à la toute-puissance du Pharaon. Sans armées et sans moyens, il se dresse contre la force aveugle et brutale pour dénoncer les conditions misérables du peuple hébreu. Par la suite, il sera jeté du palais royal et condamné à quitter l’Égypte pour s’installer dans le désert afin de sauver sa vie. Mais l’exilé abandonnera la tranquillité et la sécurité du désert pour revenir en Égypte dans le but de libérer son peuple enchaîné dans les prisons du Pharaon.
La décision de revenir en Égypte est une aventure à haut risque. Moïse expose sa propre vie, celle de sa famille pour la liberté des opprimés. L’homme a reçu un appel qui lui enjoint de retourner auprès de son peuple. La politique est une vocation : un appel intérieur qui commande de se mettre au service du peuple, des pauvres, des opprimés et des persécutés. Moïse est la voix des pauvres contre la force aveugle du Pharaon : sa mission est de briser les chaînes de la servitude. Cette grande leçon de vie nous enseigne que la liberté peut coûter la vie à ses défenseurs. Toute personne qui s’attaque à l’Égypte fait face à la toute-puissance du Pharaon et s’expose dangereusement à ses courroux. Ceux qui s’engagent en politique et nourrissent une révolution contre un ordre politique injuste et inégalitaire courent de grands dangers : ils risquent l’exil, la prison, la calomnie, la solitude et la torture. Mais l’homme politique qui remplit sa fonction comme un sacerdoce affronte les dangers sans trembler. Il est prêt à se sacrifier pour défendre la dignité humaine, car donner sa vie pour la libération de son peuple est la manifestation du plus grand acte d’amour.
Ainsi, tout au long de l’histoire, les détenteurs de pouvoir absolu se sont montrés féroces et cruels à l’endroit de ceux qui résistent à l’oppression. Les félons ne reculent devant aucune honte pour maintenir le peuple dans la domination et la violence. Ils tuent des innocents, envoient des victimes à l’exil et emprisonnent des résistants. En vérité, l’Égypte est la cathédrale de la violence et de l’injustice. Moïse représente la lumière de la libération. Ainsi, la lutte qui oppose Moïse à l’Égypte est celle de l’esprit contre la force, de l’égalité contre la domination, de la volonté contre la fatalité, de la liberté contre la servitude. La victoire de Moïse sur le Pharaon est celle de l’intelligence sur la force brutale, de la justice sur la violence. Elle rappelle aussi la lutte de David contre Goliath.
Par conséquent, lorsque les opprimés s’organisent et osent, ils gagnent leur propre libération et leur dignité propre. Les humiliés luttent pour leur liberté et pour la vie, tandis que les dominateurs se battent pour conserver leur domination sur les pauvres et les opprimés. L’histoire nous enseigne que les peuples opprimés ont toujours la force de briser les chaînes de la servitude. C’est pourquoi les esclaves d’Égypte qui ont affronté la toute-puissance du Pharaon restent une source d’inspiration inépuisable pour tous ceux qui luttent pour la dignité etla liberté, la démocratie et la justice. Le destin de tout ordre injuste et inégalitaire est de s’écrouler inévitablement, et nous devons tous être conscients de cela.
Les hommes et les femmes engagés dans la lutte pour la liberté et la dignité subissent la violence de la tyrannie. Ils laissent leur jeunesse, leur santé et leur vie dans cette entreprise de libération. Comme des météores, ils acceptent de se brûler pour éclairer leur siècle. Des noms héroïques défilent sur le cadran de l’histoire : Salvador Allende, Nelson Mandela, Abraham Lincoln, Umar ibn Abd al-Azîz, Che Guevara, Martin L. King, Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Ruben Um Nyobe, Mamadou Dia et Guelwaar. Ils ont consenti des sacrifices surhumains, ils ont payé un lourd tribut pour la dignité de leur peuple. Aujourd’hui, ces hommes sont les maîtres qui inspirent la jeunesse des patries nouvelles, ils sont célébrés à jamais comme les éclaireurs d’une conscience nouvelle. Le souvenir de ces héros de l’espoir est conservé pieusement dans le grand cœur de la jeunesse universelle. Tous les gens de volonté qui se rebellent contre l’Égypte, c’est-à-dire contre l’ordre injuste et inégalitaire, sont en sursis. Mais chaque épreuve apporte plus de détermination et de foi dans leur lutte acharnée contre l’oppression et-la domination. Que les tyrans et oppresseurs comprennent que la dignité du peuple, celle de ses héros et martyrs, n’est pas matière à commerce !