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5 juillet 2025
LA PLATEFORME CITOYENS NUMERIQUES ALERTE CONTRE LA TENTATIVE DE L'ETAT DE REGULER LES RESEAUX SOCIAUX
Dans le cadre de la lutte contre les dérives sur l’internet, les membres de la plateforme Citoyens numériques se font l’écho des inquiétudes du Chef de l’Etat Macky Sall, par rapport aux excès déplorés dans les réseaux sociaux
Dans le cadre de la lutte contre les dérives sur l’internet, les membres de la plateforme Citoyens numériques se font l’écho des inquiétudes du Chef de l’Etat Macky Sall, par rapport aux excès déplorés dans les réseaux sociaux. Ils ont fait face à la presse hier, lundi 8 février 2021, dans le but de sensibiliser, prévenir et expliquer, sur l’usage des réseaux sociaux.
En réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, la semaine dernière, le président de la République, Macky Sall, a réitéré son appel à mettre fin aux dérives sur les réseaux sociaux à travers la mise en place d’«un dispositif de régulation et d’encadrement, spécifique aux réseaux sociaux», histoire d’apporter des solutions face à de tels moyens de communication pour assurer protections des données à caractères personnels des utilisateurs. La plateforme Citoyens numériques qui partage les inquiétudes du chef de l’Etat a organisé hier, lundi 8 février 2021, une conférence de presse dans les locaux de la Pressafrik.
Dans le but de venir en aide aux jeunes utilisateurs et éviter les dérives surles réseaux sociaux, les leaders de Citoyens numériques ont opté d’intervenir, d’être en action mais aussi d’alerter. Revenant sur plan juridique, Emmanuel Dioh, juriste et membre du collectif, souligne que le dispositif à mettre en place doit tenir compte de l’évolution rapide des TIC. «Si aujourd’hui on prend des dispositions sur seulement les réseaux sociaux, on devrait se poserla question par rapport à la rapidité de l’évolution d’internet ; si dans 10 ans ou dans 5 ans, on a d’autres outils, qu’est-ce qu’on va faire ? Doit-on encore légiférer ? Et là ne se pose pas le problème parce que depuis 2008, le Sénégal dispose d’un cadre juridique quand-même assez soutenu pour encadrer tout ce qui se passe dans le cyber espace et pour être vraiment large, en dehors des réseaux sociaux. Tout ce qui se passe aujourd’hui dans le cyber espace, le Sénégal a des dispositions adaptées et pouvant vraiment réglementer nos rapports entre humain, nos rapports entre les administrations, et les administrés et tout», a-t-il précisé.
ALERTE CONTRE UNE INFLATION DE TEXTES LEGISLATIFS QUI NE SERVIRONT A RIEN
Et Emmanuel Dioh de poursuivre : «vouloir maintenant proposer un autre dispositif, c’est comme si on est en train de nous dire qu’à l’heure actuelle, le Sénégal n’a pas des dispositions capables de réguler ou d’encadrer ce qui se passe dans le cyber espace. Je recommande vivement au membre du gouvernement de scruter les législations pour éviter vraiment cette inflation législative qui, après, ne sert à rien. Les juges ont eu à se baser sur des textes pour adresser des questions connexe au cyber espace, ils n’ont qu’à également revoir la jurisprudence, le droit positif sénégalais est ok et à jour par rapport à tout ce qui peut se passer dans le cyber espace. Compte tenu de tout cela, il est maintenant venu l’heure de nous demander qu’est-ce qu’ils veulent en fait réguler ? Qu’est ce qu’on veut réguler ?
L’usurpation dans l’identité numérique a été prise en compte, le vol dans le cyber espace a été pris en compte bien avant la loi de 2008, c’est-à-dire en 2006, la diffamation, les nouveaux médias ont été pris en compte avec le Code pénal de 2016, qui parle de diffusion par un quelconque moyen. Même dans la manière de faire les lois, nos spécialistes sont vraiment allés trop loin. On donne même la possibilité aux juges d’aller plus loin et de ne pas être embrigadés dans les textes», détaille Emmanuel Dioh. Lui emboitant le pas, Ibrahima Lissa Faye Administrateur et Directeur de publication de Pressafrik, relèvera que le président de la République devrait être mieux avisé pour éviter de mettre en place une nouvelle législation qui va encore rendre les choses beaucoup plus compliqué. «Nous avons un arsenal assez répressif contre les utilisateurs du numérique et surtout quand il y a des dérives, quand il y a des actes répréhensifs…
D’après certaines informations, c’est plutôt un organe de régulation qui se prépare, qui va plus tuer l’instantanéité sur les réseaux sociaux, et va faire en sorte, en tout cas, que certains contenus, à des moments très fort d’actualités (ne passent pas). Je pense que c’est la liberté d’expression qui va en pâtir ; mais ce n’est pas seulement cette liberté-là car, aujourd’hui, il faut comprendre qu’il y a un business numérique et les jeunes qui n’arrivent pas à trouver de l’emploi basculent carrément sur internet. Il y’a beaucoup de producteurs de contenus, également beaucoup de startup qui aujourd’hui gagnent leur vie grâce à internet, et c’est tout cet écosystème qui va être menacé… Et je pense que le président de la République devrait penser à cet écosystème qui est autour du numérique ; les écoles, les universités l’utilisent pour partager les cours.
Pour limiter les dérives, il y’a tout un arsenal mais, également je pense que l’Etat devrait aller vers la mis en place de programme scolaire sur la culture numérique. Car on doit apprendre aux élèves comment tirer profil sur les réseaux sociaux, l’Etat a un rôle d’éducateur». La plateforme Citoyens numériques qui rappelle que beaucoup de pays africains ont échoué dans leur tentatives de réguler le numérique, car ils n’ont pas réussi à contrôler de façon répressive les réseaux sociaux, prône la formation, la sensibilisation et l’alerte, entre autres solutions en plus du dispositif juridique déjà existant.
LE MFDC AGITE LE FOULARD BLANC
Dans un communiqué publié ces dernières heures et signé de Fatouma Coly commandant de la base rebelle de Diakaye, le Mouvement irrédentiste demande «l’arrêt des bombardements sur les bases rebelles».
La grande offensive menée par l’armée sénégalaise contre les bastions rebelles dans le Sud-Est de la région inquiète sérieusement le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC). Dans un communiqué publié ces dernières heures et signé de Fatouma Coly commandant de la base rebelle de Diakaye, le Mouvement irrédentiste demande «l’arrêt des bombardements sur les bases rebelles».
Le Chef Rebelle dans ce communiqué déclare ceci : «Nous, commandant du mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) du front Nord de Diakaye et l’ensemble des commandements avons constaté avec regret la recrudescence de la violence en Casamance (…) avec les bombardements de l’armée sur les bases rebelles».
Fatouma Coly qui prône pour des négociations ajoute : «Diakaye reste fidèle à ses engagements de vouloir régler le conflit casamançais par le dialogue et la négociation». Le chef rebelle de poursuivre : «nous invitons l’Etat du Sénégal à arrêter les bombardements». Une sortie du MFDC par ce chef rebelle qui survient une dizaine de jours après d’intenses bombardements de l’armée dans les bastions rebelles le long de la bande frontalière avec la Guinée-Bissau. Le mouvement irrédentiste serait-il dans une mauvaise posture ?
La réponse à cette interrogation est à chercher peut-être dans ces appels de cessation de combats lancés par les membres du MFDC. Le démantèlement de certaines bases rebelles comme celle de SIKOUNE illustre bien cette mauvaise posture des Maquisards. Et pour exhiber son «trophée de guerre» l’armée effectue ce mardi 09 février une visite guidée dans ces bases démantelées à l’image de Sikoune. Une façon pour la grande muette de montrer la capitulation des bandes armées qui auraient subi de lourdes pertes humaines et matérielles.
LES PATRIOTES EN RESISTANCE
Au lendemain de la sortie du leader de Pastef refusant de déférer à la convocation qui lui a été servie par la Section de recherches de la gendarmerie, les militants et sympathisants, se sont mobilisés devant le domicile d’Ousmane Sonko
Seynabou BA et Moctar DIENG |
Publication 09/02/2021
L’atmosphère a été tendue dans la matinée d’hier, lundi 08 février, à la Cité Keur Gorgui où réside le député Ousmane Sonko, et sur quelques artères de Dakar dont la Vdn et les abords de l’Université Cheikh Anta Diop. Pour cause, les partisans du président du parti Pastef/Les Patriotes, visé par une convocation de la Section de recherches de la gendarmerie à laquelle il a refusé de déférer, se sont regroupés en masse aux alentours du domicile de leur leader, dans une sorte de bouclier humain. Du coup, ils se sont frottés pendant des heures aux forces de l’ordre, venues les disperser sous prétexte d’interdiction de tout rassemblement en temps de Covid-19. Bilan des affrontements : des blessés notés de part et d’autre, plusieurs véhicules incendiés dont un de la police, des motos caillassées.
Au lendemain de la sortie du leader de Pastef-Les Patriotes refusant de déférer à la convocation qui lui a été servie par la Section de recherches de la gendarmerie, relativement à une affaire de mœurs impliquant sa personne, des dizaines et des dizaines de militants et sympathisants, secondés par certains activistes comme Guy Marius Sagna de Frapp et autres, se sont mobilisés devant le domicile d’Ousmane Sonko à la Cité Keur Gorgui, tôt le matin.
Très déterminés, ils se sont érigés en bouclier pour leur leader, ancien candidat sorti troisième à la dernière présidentielle. Très vite, la tension est montée devant chez Sonko où les «Patriotes» étaient engagés à organiser la « résistance » contre toute potentielle action policière. Ce qui devait arriver arriva alors, dans un contexte marqué par l’interdiction des rassemblements à cause de la propagation de la maladie à Covid-19. La police a débarqué sur les lieux pour disperser les manifestants à coups de grenades lacrymogènes. Du coup, la ruelle qui longe la devanture de la maison du chef de file de Pastef-Les Patriotes a été transformée en principal théâ tre des opérations.
Les militants et sympathisants ont riposté en jetant des pierres. Des blessés ont été alors notés de part et d’autre. Plusieurs véhicules ont été de même incendiés dont un de la police, des motos caillassées et l’Auchan de Sacré-Cœur vandalisé, entre autres dégâts. Le siège du Prodac estlui aussi saccagé, et un véhicule incendié devant la porte de la structure par les manifestants. Même le domicile de Mahmoud Saleh, directeur de cabinet politique du chef de l’Etat, subit les foudres des affrontements. Les forces de l’ordre, dont des renforts du BIP, ont réussi à disperser les protestataires, avant de faire le pied de grue devant le domicile d’Ousmane Sonko.
Acculés, les manifestants convergent alors vers la Voie de dégagement Nord qui est barrée par des pierres et autres, mais aussi vers l’Université Cheikh Anta Diop et certains quartiers avoisinants. Une petite guérilla urbaine s’organise alors avant que les forces préposées au maintien de l’ordre ne parviennent à éteindre le feu, de part et d’autre. C’était le retour à la normale, après toute une matinée de heurts entre les partisans d’Ousmane Sonko et les forces de l’ordre.
. L’OPPOSITION S’ÉRIGE EN BOUCLIER DE SONKO
KHALIFA SALL ET TAXAWU SENEGAAL EN CROISADE : NON A TOUTE INSTRUMENTALISATION DE LA JUSTICE
Pour sa part, Taxawu Senegaal et Khalifa Sall ont vivement condamné « les violences policières contre les militants et sympathisants de Pastef venus témoigner leur soutien à leur leader » hier, lundi. Dans une note transmise à la presse, le camp de l’ancien maire de Dakar a tenu à faire savoir que « Les accusations portées contre Ousmane Sonko ne doivent pas être l’occasion d’un acharnement judiciaire ». Et tout rappelant que « Ousmane Sonko conteste ces accusations », Taxawu Senegaal a appelé « à respecter sa présomption d’innocence, son immunité parlementaire et plus généralement les droits dont bénéficie toute personne accusée ». Pour finir, Taxawu Senegaal a mis en garde le régime de Macky Sall, « habitué à utiliser la justice pour liquider ses adversaires, contre toute instrumentalisation de la justice dans cette affaire comme cela a été le cas contre Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall ». Dans la foulée, Taxawu Senegaal a dénoncé « les fuites organisées en violation du secret de l’enquête » et a relevé que « La justice doit identifier et sanctionner les commanditaires et les auteurs de ces violations intolérables ».
MAMADOU LAMINE DIALLO, DEPUTE DETEKKI : «C’est un contre-feu pour masquer la faillite de la lutte contre Covid-19»
Mamadou Lamine Diallo, député et patron du mouvement Tekki, ne cautionne pas la convocation d’Ousmane Sonko, encore moins son implication dans cette affaire de mœurs en question. Aussi a-t-il tenu à faire savoir que : « Le Mouvement des Femmes a obtenu la criminalisation du viol. Utiliser cet acquis pour salir et éliminer un opposant est d’une gravité extrême confinant à la haute trahison en cas de complot ou de cabale, même si c’est un contre-feu pour masquer la faillite de la lutte contre la Covid-19 et le chômage des jeunes». A charge, le député fait savoir dans la foulée que « Macky Sall a inauguré l’ère de la chasse aux opposants pour installer la dictature de la Famille Faye Sall: ses armes étaient jusqu’ici de nature financière associées aux parrainages corrompus ». Et de poursuivre : « Sous le constat de son engagement patriotique, il faut défendre l’honorabilité du député Ousmane Sonko, Président de Pastef. Tekki a vécu dans sa chair, la disparition de son coordonnateur Moussa Ndiaye. Nous savons ce qu’est un complot ». Aussi conclut-il : « Vive la mobilisation patriotique pour la démocratie et les libertés. Tenez bon, compagnons de Pastef-Les Patriotes ! ».
LE FRN DENONCE UNE«DICTATURE RAMPANTE» : «L’objectif visé est de réduire l’Opposition à sa plus simple expression»
Pour le Front de résistance nationale, dans cette affaire, «L’objectif visé est de réduire l’Opposition à sa plus simple expression ». Dans une déclaration en date d’hier, le coordonnateur du front Mouhamadou Moctar Sourang relève : « Avant-hier, c’étaient les cas de Karim Wade et de Khalifa Ababacar Sall, accusés d’enrichissement illicite ou de détournement de deniers publics. Tous les deux ont été livrés à la vindicte populaire, emprisonnés et/ou exilés, par l’utilisation de la justice pour la liquidation d’adversaires politiques. Hier, c’était au tour respectivement d’Abdoul Mbaye et de Bougane Dany Guèye, vilipendés comme des malpropres, soi-disant impliqués dans des affaires non conformes à la moralité. Aujourd’hui, c’est Ousmane Sonko qui se voit indexé pour une supposée affaire de mœurs ». Et de poursuivre : « Le Frn ne peut que s’indigner avec la dernière énergie devant cette stratégie manifestement déroulée pour tenter d’affaiblir et liquider politiquement et socialement des adversaires politiques, en foulant aux pieds toute considération d’ordre éthique. On le sait, l’objectif visé est de “ réduire l’Opposition à sa plus simple expression ». Par suite, le Frn qui dénonce une « dictature rampante » a tenu à mettre en garde « le régime en place pour lui signifier qu’il ne saurait demeurer indifférent face à de telles ignominies et d’arrêter la judiciarisation de la vie politique ».
THIERNO BOCOUM, PRESIDENT DU MOUVEMENT AGIR : «Le procureur de la République est devenu un danger pour la démocratie»
L’ancien député Thierno Bocoum est formel : « Convoquer un député tout en ignorant les dispositions combinées des articles 61 de la Constitution et 58 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, est un acte grave posé par le procureur de la République. Et ce n’est pas la première fois ». Se prononçant sur l’affaire Ousmane Sonko, le président du Mouvement Agir s’est voulu catégorique/ Pour lui, « Le procureur de la République est devenu un danger pour la démocratie. Ses décisions, illégales, et sa posture de récidiviste montrent qu’il préfère mettre la loi en dessous des volontés politiques de sa hiérarchie ». Et de certifier que « Le trouble à l’ordre public devrait être opposé aux agents de l’Etat qui violent les lois et créent des situations de tensions. Ousmane Sonko est un député du peuple qui a des droits consacrés dans la charte fondamentale de notre pays ». Au final, l’ancien député Thierno Bocoum a fait savoir que c’était pour lui « un devoir de lui avoir apporté, ce matin (lundi matin-ndlr), mon soutien fraternel, amical et patriotique ».
ACCUSATIONSCONTRESONKO, RESPECT DELA LOI : Y’en a marre met en garde Serigne Bass
Le mouvement Y’en a marre met en garde le procureur de la République contre toute violation des droits du leader de Pastef-Les Patriotes et député Ousmane Sonko. Dans une déclaration transmise à la presse, le mouvement s’est vivement insurgé contre la tournure des évènements dans cette affaire. Aussi, son texte note-t-il : « Y en a marre constate depuis ce matin (lundi matin ndlr) une forte présence policière devant le domicile de Monsieur Ousmane Sonko, président du parti Pastef, et un début de répression violente suivie d’arrestations de militants et sympathisants de ce dernier. Le mouvement met en garde les autorités étatiques contre toute instrumentalisation de notre pouvoir judiciaire à des fins politiciennes, dans le dossier judiciaire opposant Monsieur Ousmane Sonko à une citoyenne sénégalaise ». La déclaration relève par suite : « En sa qualité de député du peuple, M. Sonko bénéficie d’une immunité parlementaire qui astreint l’autorité judiciaire à se conformer à des dispositions prévues par la loi, pour l’auditionner ». Pour autant, le mouvement Y en a marre dit engager le Procureur de la République « à faire cesser sans délais ce processus qui constitue une attaque inacceptable à notre État de droit ».
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LES CONTRE-VERITÉS D’ISMAÏLA MADIOR FALL
EXCLUSIF SENEPLUS - Le tailleur de haute couture peut confectionner une camisole chic à son client principal mais il ne doit pas débiter des affirmations intentionnellement contraires à la vérité dans le but de légitimer le projet de suppression de Dakar
Serigne Saliou Gueye de SenePlus |
Publication 09/02/2021
Dans son rôle de défenseur du président de la République, Ismaïla Madior Fall s’est prononcé le dimanche 31 janvier dernier à l’émission « Opinion » de Walf TV sur le projet de la suppression des villes après avoir observé une lâche omerta sur le 3e mandat présidentiel. Concernant la suppression des villes, il s’agit pour lui de parachever la réforme de la gouvernance initiée en 2013 par le président de la République, en mettant en place l’acte II de l’Acte III de la décentralisation. Après s’être laborieusement contorsionné dans une phraséologie politico-historique, celui qui se définit honteusement tailleur constitutionnel de haute couture du chef de l’Etat en arrive à dire pourquoi il est nécessaire de supprimer (même s’il répugne à employer le mot) les villes de Dakar, Guédiawaye et Pikine. Sa ville de Rufisque où il aspire à devenir maire ne présente pas la même incohérence territoriale que les localités précitées qui doit lui valoir une suppression. Aussi propose-t-il de dissoudre les communes d’arrondissement (Rufisque Est, Rufisque Nord, Rufisque Ouest) afin de restaurer la grande la ville de Rufisque, localité dont il rêve de devenir le premier magistrat aux prochaines locales. Pourquoi n’appliquerait-on pas alors la même chose pour Dakar en réduisant les communes d’arrondissement à cinq grandes et maintenir la ville de Dakar comme le préconise le grand Serigne de Dakar, Abdoulaye Makhtar Diop ?
Ainsi, pour Rufisque et Thiès, dont les territoires de la ville et du département ne coïncident pas, il est pertinent de permettre la cohabitation de la ville et du département. Laisser intactes les villes de Rufisque et de Thiès est fortement compréhensible pour le conseiller juridique de Macky puisque la majorité présidentielle est fortement présente dans ces deux localités et qu’une prochaine élection locale ne ferait que confirmer leur hégémonie dans ces deux localités. L’équation à une inconnue, c’est la ville de Dakar même si Taxawu Dakar de l’ex-maire Khalifa Sall y a perdu beaucoup de terrain depuis 2016. Beaucoup de maires élus sur la liste de Taxawu Dakar ont retourné leur veste du fait de leur nomadisme vers le camp présidentiel. On peut en citer entre autres Jean-Baptiste Diouf de Grand-Dakar, Alioune Ndoye de Plateau, Pape Seck des HLM, Santi Agne des Sicap-Liberté, Ousmane Ndoye de Fass/Colobane, Banda Diop de la Patte-d’oie, Moussa Sy des Parcelles assainies. Récemment Idrissa Diallo, très fidèle à Khalifa Sall, qui a tiré sa révérence, a été remplacé par un élu de la mouvance présidentielle. Un autre revers subi par Taxawu Dakar. En dépit de toutes ces défections, Macky doute toujours de sa force représentative à Dakar.
Et le seul moyen pour éviter un retour en force de Khalifa et compagnie lors des prochaines locales, c’est de supprimer la mairie de ville, quitte à violer le Code général des collectivités territoriales (CGCT) qui pourtant reconnait son existence. En effet, l’article 167 du CGCT ne souffre d’aucune ambigüité : « La ville a le statut de commune... » Ce qui veut dire la ville, en tant que collectivité territoriale, est une personne morale de droit public disposant d’un statut juridique. Donc il est faux de soutenir que le CGCT, en dehors du département et de la commune, ne reconnait pas autre collectivité territoriale. Seulement, Madior et son client préfèrent couper l’arbre pour cueillir un fruit plutôt que de le secouer ou de grimper là-dessus.
Jacques Chirac n’est pas le premier maire de Paris
Pour faire triompher sa forfaiture, Ismaïla Madior est allé jusqu’à soutenir que le premier maire de Paris, c’est Jacques Chirac. Ce qui est une imposture. L’histoire de la mairie de Paris est assez mouvementée. Il faut reconnaitre tout de même que le premier maire de Paris élu par acclamation d’électeurs des 60 districts de Paris et de députés de l’Assemblée nationale, c’est Jean Sylvain Bailly. C’était le 15 juillet 1789, le lendemain de la prise de la Bastille. Jean Sylvain est précédé par Jacques de Flesselles, prévôt des marchands de Paris, assassiné le 14 juillet même. Ce dernier s'occupait de l'approvisionnement de la ville, des travaux publics, de l'assiette des impôts et avait la juridiction sur le commerce fluvial. Il était élu tous les deux ans et son rôle se rapprochait de celui d'un maire.
Selon le Sénat français, après la mort de Jérôme Pétion de Villeneuve, successeur de Jean Sylvain Bailly, le 27 juillet 1794, il n’y aura plus de maire de Paris jusqu’en 1848... Ensuite, il y a eu des maires désignés dans des circonstances particulières jusqu’en mars 1871. Il s’agit de Louis-Antoine Garnier-Pagès, préfet Haussmann, Etienne Arago, Jules Ferry. Ainsi, la loi du 5 avril 1884 dite « La grande charte républicaine de la liberté municipale » dispose que le maire est élu par le Conseil municipal dans toutes les communes sauf Paris la rebelle. Ainsi l'État administre directement la ville de Paris. Laquelle conservera ce statut exceptionnel pendant un peu plus d’un siècle. La Troisième République n’octroie l’autorité qu’au préfet de la Seine. C’est Valéry Giscard d’Estaing, élu président de la République française en 1974, qui rétablit finalement le statut de maire à Paris. Ainsi les 13 et 20 mars 1977, puis le 25 avec le vote des conseillers qui l’élisent, Jacques Chirac est élu maire de Paris par 67 voix sur 109. Il est le premier maire depuis 1871. Donc soutenir que Chirac est le premier maire de Paris relève d’une ignorance ou d’une manipulation de l’histoire pour légitimer la forfaiture sur la suppression de la ville de Dakar.
Comparaisons manipulatoires
Soutenir la même chose concernant les villes d’Abidjan et d’Accra (on pourrait y ajouter Yamoussoukro et Yaoundé) pour valider la suppression de la ville de Dakar, c’est procéder aussi à des comparaisons indues manipulatoires.
La création des districts d’Abidjan et de Yamoussoukro respectivement en 2001 et 2002 est historiquement liée au contexte de crise militaro-politique qui a secoué la Côte-d’Ivoire le 24 décembre 1999. La ville d’Abidjan est dirigée par un gouverneur de district nommé par le pouvoir central mais les maires des communes des dix communes d’Abidjan sont élus par leurs conseils municipaux respectifs. Aujourd’hui, les Abidjanais des années d’avant 2000 ne cessent de soutenir que la capitale économique du pays des Lagunes n’a pas connu une grande évolution depuis son changement de statut en 2001.
Affirmer que la ville d’Accra n’a pas de maire, c’est débiter des contre-vérités pour justifier une forfaiture. Le Ghana a un modèle de gouvernance locale qui convient parfaitement à sa démocratie. La ville d’Accra a bel et bien un maire appelé DCE « District chief executive ». C’est un chef politico-administratif qui agit comme chef exécutif et administratif avec un mandat de 4 ans renouvelable une fois. Il est nommé par le président ghanéen et doit être approuvé par deux tiers de l’Assemblée métropolitaine d'environ 102 membres. L'Assemblée métropolitaine d'Accra est l'autorité politique et administrative de la ville d'Accra. Les deux tiers cette Assemblée sont des élus et un tiers nommé par le gouvernement. C’est le même modèle de gouvernance locale pour les 216 autres districts du pays.
Au Cameroun, lors du Grand dialogue national qui s’est achevé le 4 octobre 2019 à Yaoundé, l’une des neuf recommandations nées des discussions de la commission décentralisation et développement local est la suppression du poste de délégué du gouvernement, super maire nommé et assurant la tutelle des maires élus dans les grandes villes camerounaises. Parce qu’en réalité, ce poste de responsabilité est considéré comme un goulot d’étranglement de la gouvernance locale camerounaise, véritable frein à l’implémentation effective de la décentralisation inscrite dans la loi fondamentale du 18 janvier 1996. Avec l’entrée en vigueur, depuis le 24 décembre 2019, du Code général des collectivités territoriales décentralisées, les 14 délégués du gouvernement du Cameroun sont arrivés en fin de mission lors des élections municipales organisées le 9 février 2020. C’est ainsi que pour la capitale camerounaise, Luc Messi Atangana, militant du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) parti au pouvoir, a été élu le 3 mars 2020 super maire de la ville de Yaoundé. C’est la fin du règne des délégués gouvernementaux.
Dire péremptoirement que le premier maire de Dakar, c’est Mamadou Diop est une contre-vérité historique. Un an après l’indépendance du Sénégal, lors des élections municipales de 1961, Joseph François Thiécouta Gomis est élu maire de Dakar. Il occupe ce poste jusqu'en 1964. Son prédécesseur, Amadou Lamine Guèye est élu maire de Dakar de 1945 à 1961. C’est en 1964, sous le régime de Léopold Sédar Senghor, que la loi N° 64-02 du 19 janvier 1964 institue pour la première fois un régime municipal spécial dérogatoire au droit commun. Il s’agissait du statut de la commune de Dakar que devaient suivre ceux des communes chefs-lieux de région. Le conseil municipal est élu, mais le maire gouverneur de la région, est nommé par l’exécutif, et par conséquent il assure concomitamment la gestion locale et centrale. Certes on pouvait voir, à travers cette situation, une régression de la gouvernance locale mais le faible niveau d’instruction qui caractérisait plusieurs maires à l’époque était un frein pour la gestion des finances locales et la bonne mise en pratique de la loi n°64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national. Et c’est ce qui expliquait la prudence du président Senghor de choisir des gouverneurs-maires qui feraient bon usage de cette loi sur le foncier.
Ismaïla Madior Fall, champion des réformes déconsolidantes et tailleur de haute couture, peut confectionner une camisole chic à son client principal mais il ne doit pas débiter des affirmations intentionnellement contraires à la vérité en s’adossant sur de pseudo-comparaisons dans le seul but de légitimer le projet de la suppression de la ville de Dakar. C’est le summum de l’indignité et de la malhonnêteté intellectuelles.
AFFAIRE DIARY SOW, DU BUZZ COMPASSIONNEL AU BAD BUZZ
Culturellement, il est difficile d’accepter qu’elle ait pu laisser sa mère et sa famille souffrir juste parce qu’elle a ‘le droit de disparaître’. C’est une notion très occidentale
« Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne. » Depuis son retour discret à Dakar, après une fugue entre France et Belgique qui aura suscité l’émoi des Sénégalais pendant près de trois semaines, Diary Sow médite-t-elle cette maxime inspirée du destin funeste du consul romain Marcus Manlius Capitolinus ?
Cinq ans après avoir reçu tous les honneurs pour avoir vaillamment défendu la colline du Capitole contre les Gaulois, celui-ci fut reconnu coupable de vouloir instaurer une tyrannie, puis précipité du haut de la roche Tarpéienne, située sur la même colline. Diary Sow a, elle aussi, connu une gloire éphémère avant de s’exposer à la vindicte de ceux qui l’avaient encensée. En guise de colline : médias et réseaux sociaux.
Lauréate en 2018 et 2019 du concours général, Diary Sow portait en sautoir le titre – officieux – de « meilleure élève du Sénégal » avant de quitter son pays pour le prestigieux lycée Louis-le-Grand, à Paris, où elle était scolarisée en deuxième année de classe prépa scientifique.
Entre-temps, à 20 ans à peine, elle s’est offert le luxe de publier un premier roman chez L’Harmattan, Sous le visage d’un ange. Parrainée par le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, chargé par son père, malade à l’époque et depuis décédé, de veiller sur l’enfant prodige, elle a même été reçue en audience par le président Macky Sall.
Buzz et mobilisation
Promise à une brillante carrière, la jeune étudiante disparaît sans laisser de traces au lendemain du Nouvel An, après avoir passé un bref séjour à Toulouse durant les vacances. En quelques jours, sur les réseaux sociaux, les Sénégalais sonnent l’alerte. À Paris, la diaspora se mobilise, colle des affiches et distribue des flyers dans le quartier de Paris où elle logeait en cité universitaire.
D’El País au New York Times, en passant par les principaux titres francophones, les médias font écho à cette disparition mystérieuse pour laquelle l’ambassade du Sénégal à Paris, à l’instigation de la présidence, saisit le service de police français en charge des « disparitions inquiétantes ». Qu’est-il arrivé à Diary Sow ? Le buzz et la mobilisation ne cessent d’enfler.
Face à ce dénouement pourtant heureux, l’empathie de ses compatriotes cède alors la place à l’ironie, voire à l’indignation. « Pauvre gamine ! Il lui reste à affronter les regards et les langues. Dure, dure la chute des stars ! », commente, en privé, une personnalité politique sénégalaise qui s’était, parmi d’autres, mobilisée pour alerter les médias européens au moment de sa disparition. « Le ministre Serigne Mbaye Thiam aurait pu lui trouver une ‘jolie » excuse : excès de stress, coup de fatigue extrême, etc. Culturellement, il est difficile d’accepter qu’elle ait pu laisser sa mère et sa famille souffrir juste parce qu’elle a ‘le droit de disparaître’. C’est une notion très occidentale », ajoute la même source.
Comment lui, devenu depuis quelques années la bête noire du régime de Macky Sall a-t-il pu se laisser enserrer dans des frasques sous les néons d’un sordide salon de massage ?
Viol. Il n'aura suffit que de quatre petites lettres pour faire basculer l’exemplarité d’un homme jusque là au-dessus de tout soupçon. Même si le leader du Pastef est présumé innocent, il est incontestable que l’impact présumé d'empreintes digitales et génitales d’une anonyme masseuse sur Ousmane Sonko risquent de générer un mal encore beaucoup plus incapacitant que celui du dos qu’il a bien voulu soulager. Affaire sexuelle sur fond de menaces de mort avec arme à feu. Des mots crus et des termes saignants qui alourdissent terriblement le poids du soupçon qui pèse sur Ousmane Sonko.
De sujet politique à cible électorale
Arrivé troisième en 2019 pour sa toute première participation à une élection présidentielle avec plus de 15% des suffrages, élu primo député lors de sa première tentative, adulé par une large frange de la jeunesse sénégalaise, chouchou des médias, le parcours politique du leader de Pastef avait été jusque-là, tout simplement prodigieux. Du moins jusqu’à cette fameuse soirée du 2 février 2021. Ce jour là, la trajectoire d’un des hommes politiques sénégalais les plus prometteurs s’est fracassée net. Visé par une plainte pour viol et menaces de mort, c'est le scénario du pire qui se dessine pour Ousmane Sonko. Tout porte à faire croire qu’il s’en rapproche inexorablement.
Inutile de dire que voir le nom de Sonko au centre de ce torrent accusatoire va durablement abîmer l’image de celui qui s’était érigé en parangon de vertu en mettant régulièrement en scène sa probité. Lui qui avait fait de ses versets grandiloquents, comminatoires et péremptoires sur l’éthique et la morale, sa marque de fabrique politique.
Pis encore, le risque n’a jamais été aussi grand, si les faits sont avérés, de voir l'avenir politique d’Ousmane Sonko lui filer entre des doigts aussi masseurs que destructeurs que ceux d’une jeune fille à la réputation sulfureuse. Et cette question que tous les sénégalais se posent : qu’est-il arrivé à Ousmane Sonko.
Comment ? Pourquoi ?
Comment lui, devenu depuis quelques années la bête noire du régime de Macky Sall a-t-il pu se laisser enserrer dans des frasques sous les néons d’un sordide salon de massage ?
Comment lui, candidat putatif à la fonction présidentielle, passé de sujet politique à cible électorale à abattre par tous les moyens, a-t-il pu prendre le réel risque de pulvériser son avenir politique avec cette sombre affaire de viol présumé ?
Comment lui, qui savait que rien n’allait lui être épargné ou pardonné et qui a reconnu dans un communiqué que « …des amis n’ont cessé de « l’alerter sur un complot à venir portant sur des questions de mœurs… », en est-il arrivé à cette situation potentiellement politiquement et moralement autodestructrice ?
Pour avoir mis la morale au poste de commande de sa carrière politique et pour nous avoir vendu de « l’exemplarité » à tout-va sans en avoir la propriété exclusive ni le monopole, le « Sweat Beauté » vient de présenter l’addition au leader du parti Pastef. Et elle est bien salée. Tout un capital d’attraction politique dilapidé en un hybride massage nocturne. Toute une légende qui aura du mal à se remettre de cette potentielle faillite politique et morale.
Ousmane victime de Sonko
Mais au-delà de ce qu'il s’est passé dans l’intimité de ce salon et qui demeure une incontestable et grossière erreur politique, il y a surtout la faute morale de Sonko. Celle d’avoir enfreint le couvre-feu en utilisant abusivement à des fins personnelles, les privilèges de député que le peuple du Sénégal lui a octroyés. Il n’y a pas de règles pour le bas peuple et une pour l’élite. Au nom de quels principes un député disposerait-il de droits exceptionnels au moment où des millions de sénégalais acceptent bon gré mal gré, les rigueurs et contraintes liées au couvre feu. En bravant les restrictions de circulation imposées à tous les Dakarois, le député « patriote » a délibérément roulé à contresens des règles de conduite républicaine en oubliant de joindre ses actes à ses discours.
A vouloir conjuguer l’inconjugable, c’est-à-dire une promesse de probité morale avec un comportement abrasif, Ousmane Sonko, qui a fait de la rectitude morale l’idée matricielle de sa conquête du pouvoir, risque d’être le plus grand brûlé de son propre moralisme. C’est le remake tropical du syndrome Hollande avec son fameux « Moi président, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire. » On connaît la suite. Son fameux scooter au petit matin, le visage caché sous un casque intégral.
Au Sénégal, la politique ce n’est plus que les idées, ça peut être aussi une masseuse
Si les faits reprochés au leader de Pastef sont avérés, il devra tôt ou tard, faire face à toutes les rigueurs d’une enquête humiliante et intrusive où la justice ira fouiller jusque dans les toilettes de sa chambre à coucher. Mais en attendant, gardons-nous de condamner définitivement Ousmane Sonko qui bénéficie encore et en toute hypothèse de la présomption d’innocence. D’autant que certaines voix, à commencer par celle du principal mis en cause, avancent des thèses conspirationnistes faisant croire à un vaste complot ourdi par le régime pour faire tomber le principal opposant au président Macky Sall. Alors restons à l’écoute de la justice sénégalaise qui elle seule et seulement elle, pourra démêler le vrai du faux et le réel du virtuel.
C’est une véritable gageure qui s’annonce pour notre magistrature qui fait face depuis quelques temps, à un vaste mouvement de défiance des citoyens sénégalais. La justice devra se montrer à la hauteur pour éviter encore une fois, de passer comme la coproductrice d’un coup d’état politico-judiciaire contre un opposant politique au président de la République. Les deux précédents que sont les « affaires Karim Wade et Khalifa Sall » ont fait apparaître aux yeux de nombreux sénégalais, le Palais de justice comme la chambre d’échos du Palais présidentiel.
La morale de « l’affaire Sonko »
Mais que personne ne s’y méprenne. Ce qu’on pourrait désormais appeler le « Sweat Beauté Gate » est révélateur des dérives de la compétition électorale au Sénégal. La politique, c’était avant tout un débat, aujourd’hui elle peut être une masseuse, un divorce, une éjaculation ou un sperme. Un palier de plus dans la dégradation de la démocratie sénégalaise. Car cette présumée affaire de viol, pourrait rayer des prochains bulletins électoraux, le nom du principal opposant au président Sall. De ce psychodrame politico-judiciaire qui va certainement hypnotiser tout un pays, voire l’électriser, risquent de jaillir les effluves nauséeux d’une pratique de la politique où chaque fin justifie chaque moyen, où tous les coups seront désormais permis.
Cela dit, si Ousmane Sonko est coupable des faits qui lui sont reprochés, les lumières de son ascension s’éteindront sur ces rêves d'accession à la magistrature suprême. S’il sort blanchi de cette épreuve, son aura déjà à son paroxysme, n’en sera encore que plus grand.
Mais au-delà de toute cette affaire, il y a une morale. Celle qui veut que lorsqu’on a les mots « exemplarité, éthique et république » au bout des lèvres à chaque bout de discours, on se doit d’être irréprochable. Dans une société sénégalaise plombée par l’hégémonie des faux dévots, faux marabouts, moralistes de pacotille, vertueux de bazar et autres faussaires en tout genre, l’affaire Ousmane Sonko est une belle piqûre de rappel de combien la réalité peut parfois se foutre de l’invraisemblable.
Parce que cette « affaire Ousmane Sonko » aura surpris tout le monde, elle a créé une déflagration médiatique et une onde de choc nationale dont personne ne peut encore mesurer l’échelle et les conséquences. Un interminable moment de cauchemar pour cet homme dont l’ensemble de la carrière politique pourrait se résumer en deux journées. La première où il confie son dos au « Sweet Beauté » et la seconde qui lui a valu une plainte pour viol sur dos. Et c’est bien cette dernière journée qui pourrait lui briser la colonne vertébrale.
Malick Sy est journaliste
LE DOMICILE DE MAMOUR DIALLO INCENDIÉ
Le domicile de Mamour Diallo à Louga incendié. Des manifestants identifiés pro Ousmane Sonko ont mis le feu au domicile de l’ancien Directeur des Impôts et Domaines. Mamour Diallo
Le domicile de Mamour Diallo à Louga incendié. Des manifestants identifiés pro Ousmane Sonko ont mis le feu au domicile de l’ancien Directeur des Impôts et Domaines. Mamour Diallo
« C’est pendant que je m’étais momentanément absenté de la maison que les flammes ont jailli. Alerté de loin, j’ai rappliqué et appelé les Sapeurs-pompiers qui sont aussitôt venus faire leur travail. Nous allons porter plainte. Non seulement, il y a eu des pertes matérielles non encore estimées, mais aussi et surtout nos vieux parents auraient pu y laisser leur vie si les voisins et forces de sécurité avaient manqué de promptitude dans leur travail. C’est ici le lieu, au nom de la famille, de les remercier tous », a confié un jeune frère de Mamour Diallo à Lougamedia.
Des dégâts matériels ont été enregistrés, durant cette attaque. Mais, aucun blessé n’a encore été signalé.
Un différend judiciaire a opposé Ousmane Sonko à Mamour Diallo concernant l’affaire des 94 milliards FCFA. Ainsi, le leader du PASTEEF avait accusé Mamour DIALLO de détournement de dénier public. Le dossier a été classé sans suite.
par Jean Pierre Corréa
LE BUCHER DES VANITÉS
Ne nous étendons pas sur l’aspect moral de cette situation sordide, ce serait masquer l’essentiel qui ressort de ce vaudeville politique, à savoir l’inconséquence de Sonko face à la grande histoire que certains sénégalais se proposaient d’écrire avec lui
« Etre dans le vent, c’est avoir un destin de feuille morte ». Bon sens populaire.
Pour monsieur Ousmane Sonko, le plus simple aurait été de dire aux Sénégalais : « Que celui qui n’a jamais fauté me jette la première pierre. J’aime les massages, l’odeur du camphre et du karité réunis, et quand cette nymphe si joufflue des reins, a fini de me masser mes douloureuses lombaires, mon sang n’a fait qu’un tour de scrutin dans ma cervelle d’homo senegalensis, et j’ai craqué » !!! Il disait ça à ses compatriotes tellement portés sur la gaudriole et tout ce qui concerne leur bas-ventre, que, et hop !!! il se faisait « illlico sexo », 2 millions de partisans en plus, un sacré tapis électoral pour 2024. Mais il s’est ligoté lui-même, dans les liens de la pureté supposée de ses dispositions religieuses, et le piège, puisqu’il l’affirme comme tel, qui s’est refermé sur lui avait pour but de le couler par là où il avait « prêché ». Quand on brandit la morale comme étendard, on ne s'en affranchit pas... Comme l’a écrit justement Babacar Justin Ndiaye : « L’arbre des privilèges ne doit pas cacher la forêt des sacrifices. Pour marcher triomphalement sur un chemin truffé d’écueils, de récifs et de gouffres, l’homme politique ambitieux doit choisir entre le palais et le Lupanar. Surtout quand il est opposant ».
Ne nous étendons pas, sans rire, sur l’aspect moral de cette situation sordide, ce serait masquer l’information essentielle et principale qui ressort de ce vaudeville politique, à savoir l’inconséquence et l’irresponsabilité de monsieur Sonko face à la grande Histoire que certains sénégalais se proposaient avec enthousiasme d’écrire avec lui ces prochaines années.
Un piège ? Un complot ? Validé ! Mais est-ce qu’un leader politique qui en homme averti, peut se vautrer dans un tel fossé, est apte mener le Sénégal vers un futur semé de graves et lourds enjeux, cruciaux pour une jeunesse que tant d’autres alternances ont quelque peu désespérés, au point que jamais la solution suicidaire de l’Océan à traverser n’a été autant envisagée ?
Un piège ? Un complot ? Validé ! Mais est-ce qu’un homme qui se dit leader de toute une jeunesse et patriote de surcroît, peut tomber dans un piège aussi flagrant, digne d’une cour de maternelle, et être en capacité d’aller négocier l’abandon du Franc Cfa, être en mesure de stopper les pandémies qui s’annoncent récurrentes, de rendre aux paysans spoliés leurs terres, de mettre ces millions de jeunes au travail et en formation pour que notre pays, grâce à cette vision que nous attendions d’un homme nécessaire mais pas providentiel, soit en mesure de payer ces milliards « empruntés » pour des Plans de développement cosmétiques ? C’est cet homme-là qui s’en proclamait capable, qui trébuche sur un pagne tombé par terre ? Je valide ! C’est un piège ! C’est un complot !... C’est le lot et le privilège des grands hommes que de savoir les déjouer, mais avant tout de s’en prémunir.
Et en plus, au-lieu de demander « pardon » à ses partisans, à ses épouses et surtout à Dieu, il appelle à l’insurrection pour faire barrage à sa convocation ? Irresponsable et inconséquent de sa part. Qu’il demande donc à ses partisans de raison garder. Affaire-bi dou dolé…khel la…
Ce serait rajouter du tragique au comique de cette situation, que de procéder à l’arrestation et à l’emprisonnement de monsieur Ousmane Sonko. Laissez-le donc se promener libre en ville avec son image d’homme ne saluant pas les femmes, mais se faisant masser par elles dès la nuit tombée, dans des lieux qui fleurent bon, à l’énoncé de leur raison sociale, la maison close.
Sweet Beauté…Franchement… Pour arriver Avenue Roume, il y a mieux comme catapulte. Cette image vaut toutes les cellules du monde, n’en faites pas un martyr, les véritables satyres n’attendent que ça. Soupirons plutôt à l’idée d’avoir peut-être échappé, grâce à ce « karitégate » à la survenue au Palais de la République d’un « innocent », au sens sénégalais du terme. C’est-à-dire « pas fini quoi » … Au suivant !
LE PROCUREUR SAISI DU DOSSIER, L’ASSEMBLÉE NATIONALE EN ACTION
L’enquête suite à la plainte de la masseuse, Adji Sarr, 21 ans, contre le leader du parti Pastef Les Patriotes, Ousmane Sonko, est bouclée.
L’enquête suite à la plainte de la masseuse, Adji Sarr, 21 ans, contre le leader du parti Pastef Les Patriotes, Ousmane Sonko, est bouclée. Elle devait être clôturée avec l’audition du mis en cause mais il a refusé de déférer à la convocation de la Section de recherches (SR), brandissant son immunité parlementaire.
Selon plusieurs sources, les enquêteurs ont bouclé le dossier qui sera transmis au procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye et la procédure de la levée de l’immunité parlementaire du député de Pastef sera enclenchée dans la foulée.
En entre-temps, une personne qui s’est présentée comme témoin a été entendue, après la masseuse Adji Sarr, qui accuse Ousmane Sonko de viols et menaces de mort, et la propriétaire du salon de ’’sweet beauté".