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5 juillet 2025
Par Amadou Lamine SALL poète
MORT D’ABDOUL AZIZ MBAYE
La mort est insoluble! La vie est mortelle. La mort immortelle. Tel est le cycle voulu par Dieu ! Le corps c’est l’emballage, le reste est le plus précieux
La mort est insoluble! La vie est mortelle. La mort immortelle. Tel est le cycle voulu par Dieu ! Le corps c’est l’emballage, le reste est le plus précieux. C’est ce que l’on garde de vous, de ce que vous avez été et de ce que vous resterez auprès de ceux qui vous ont connu et aimé. On jette toujours l’emballage et on garde ce qu’il contient. C’est cela l’âme visible et invisible à la fois !
L’emballage disparaît toujours. Reste l’esprit. Reste l’âme. Reste les héritages du cœur. Il est des Sénégalais qui sont « un passeport universel transfrontalier qui n’a pas besoin de visa ». Abdoul Aziz Mbaye était de ceux là. Il était l’homme qui « croyait aux étoiles ».Il était brillant le jour.Il était brillant la nuit. Il était brillant en toutes saisons. De l’Afrique, il pensait que nous ne devrions pas « être indigne de ce que l’humanité a fait de nous”: des êtres qui ont été au commencement du monde et qui ont été durement punis par des puissances coloniales, esclavagistes, impérialistes et barbares. Abdoul Aziz était généreux. Il pensait qu’il fallait « refuser la part de toi qui ne pense qu’ à toi». Avec lui, j’ai appris que l’humanité n’est pas la civilisation. «La mort d’une personne chère n’emporte pas que l’être perdu. Elle emporte aussi une grande part de nous qui l’avons tant aimé». Abdoul Aziz Mbaye Aziz n’était pas seulement une ampoule qui éclaire. Il était aussi une ampoule qui réchauffe. C’était une belle et grande âme. L’Afrique a perdu un fils qui savait la défendre et la protéger. Il rayonnait, il irradiait quand il prenait la parole. Il rendait fier le Sénégal. Le Président Macky Sall ne s’était pas trompé en l’appelant à ses côtés d’abord comme directeur de son cabinet, puis comme son ministre de la Culture et enfin comme son conseiller spécial. «Né le 18 octobre 1954 à Dakar, il fut diplomate et homme politique.
Lors du remaniement ministériel du 29 octobre 2012, il est nommé ministre de la Culture. Notons qu’il fut le premier subsaharien à intégrer, comme chargé de recherches titulaire, la section Mathématiques et physique de base du Centre national de la recherche scientifique en 1983, il est titulaire d’un doctorat d’Etat ès Sciences en 1984 à l’Université Paris- Sud Orsay, d’un master en politique internationale de l’Université libre de Bruxelles, d’un master en management public de la Solvay Business School et d’un diplôme de 3e cycle en sciences économiques de l’Université catholique de Louvain. Diplomate de carrière, il est fonctionnaire scientifique en 1988 à la Commission européenne pour le Programme stratégique européen de recherche et de développement relatif aux technologies de l’information (ESPRIT) puis administrateur principal à laDirection générale de l’industrie. Il est ensuite en 1996 conseiller économique et politique dans la délégation de la Commission européenne en Afrique du Sud.Il a également été ambassadeur de l’Union européenne dans le Pacifique, installé aux îles Fidji. En 1991, il lance la Biennale des sciences de Dakar (Afristech)».
CECI DEVAIT ETRE DIT, NOTE ET CONNU.
Voilà que tout est fini, que tout s’achève. Comme la vie. Toutes les vies. Mais il était encore jeune Abdoul Aziz Mbaye ! Jeune et brillant pour nous quitter ainsi sur la pointe des pieds. Comme PCA de la Fondation Mondiale pour le Mémorial et la Sauvegarde de Gorée, nous avions de beaux chantiers en cours avec lui. Il y a peu, lors d’une séance de travail au téléphone, il se hâtait de trouver des fonds interafricains pour aider à la réalisation de ce projet de Mémorial. Oui, le plus cher à ton cœur étaitla construction du Mémorial de Gorée ! Dors sans crainte. Le Président Macky Sall veille et s veille est admirable et pleine de promesses. Ton frère quit’aime tant et quite pleure, le ministreAbdoulayeDiop, se souviendra. Tu te rappelles de notre rencontre dans son bureau ? Quelle belle amitié entre vous deux ! Quelle noble fidélité entre vous ! «Le Mémorial se fera» selon la prophétie de l’architecte Mamadou Berthé face à un prince belliqueux des années 2000 ! Nous ne t’oublierons pas Abdoul Aziz Mbaye ! T
u avais le courage de « dégager l’activité intellectuelle de son instrumentalisation par la politique». Tu savais et croyais que «c’est dans l’autonomie de la pensée que réside l’utilité politique et civique d’un peuple». Comme ministre de la Culture, tu avais cette vision noble et cette pratique si honorable. «Alors que s’agrandit sans cesse le champ de nos connaissances, un domaine reste inaccessible à la science, celui de la foi». C’est adossé à cette foi qui est notre boussole, notre refuge, notre espérance, que je salue ta mémoire, celle d’un grand fils du Sénégal et de l’Afrique. Tu avais encore tellement de choses à nous dire, à nous apporter ! 67 ans, c’est si peu, si court, surtout quand le soleil est si haut sur votre front ! Il y avait encore tant de terres arables à féconder ! Mais nous ne serons jamais de taille pour vaincre la mort !
VOUS AVEZ ETE TRES CHER À NOS CŒURS SI CHER ABDOUL AZIZ MBAYE !
Combien de temps nous faut-il, nous les vivants, avant que la banquise ne fonde ? Nous prions pour toi qui a franchi le mur de l’invisible. Prie pour nous que tes yeux voient. Mirador
QUAND LA PENSEE DE CHEIKH ANTA DIOP DECHAINE LES PASSIONS DE L’INTELLIGENTSIA SENEGALAISE
‘’Bachir, tu permets ?‘’, ‘’Je vous en prie‘’. Ce sont les titres des contributions sur respectivement de Boubacar Boris Diop et de Souleymane Bachir Diagne qui avaient croisé le fer en septembre 2019 sur SenePlus autour de l’héritage de Cheikh Anta Diop
‘’Bachir, tu permets ?‘’, ‘’Je vous en prie‘’. Ce sont les titres des contributions sur respectivement de Boubacar Boris Diop et de Souleymane Bachir Diagne qui avaient croisé le fer en septembre 2019 sur SenePlus autour de l’héritage de Cheikh Anta Diop.
Connu en effet pour être un inconditionnel du savant, le brillant journaliste avait reproché au philosophe d’avoir été laxiste par rapport à l’héritage de Cheikh Anta Diop. S’appuyant sur une contribution du philosophe qu’il avait faite dans la revue Chimurenga de Cape Town, l’écrivain s’est offusqué de voir l’enseignant à l’université de Columbia ‘’tourner ainsi en dérision, soixante cinq ans après la publication de Nations nègres et culture, les efforts de Cheikh Anta Diop pour démontrer l’égale capacité d’abstraction de toutes les langues du monde, y compris du wolof’’. ‘’Le moins que l’on puisse dire donc, c’est qu’en s’essayant pour une fois à l’humour, Souleymane Bachir Diagne a enfoncé une porte ouverte. Aurait-il voulu suggérer que la belle réputation de Cheikh Anta Diop est largement surfaite qu’il ne s’y serait pas pris autrement’’, se demandait-il dans cet article qui a déchaîné des passions dans le milieu intellectuel sénégalais .
Tout en soulignant que Cheikh Anta prisait tout particulièrement le débat contradictoire, il avait indiqué qu’au moins ses contradicteurs marquaient clairement leur désaccord. On ne peut en dire autant, insiste-t-il, de Bachir dont l’élégant badinage ne formule jamais rien de précis sur le travail de Cheikh Anta Diop. Cette prudente réserve est un véritable tour de force puisque In the Den of the Alchemist est, à ma connaissance, le seul texte qu’il ait jamais consacré à Diop’’, rappelait le disciple de l’égyptologue qui avait fait face à certains de ses détracteurs au colloque du Caire en 1974. A l’en croire, le choix de traiter par l’ironie le travail de Cheikh Anta Diop a quelque chose de déroutant au regard des questions vitales soulevées par cet historien au parcours peu commun.
Dans sa réplique, le philosophe avait indiqué que l’honnêteté, c’est de ne pas prêter à quelqu’un des propos qui ne sont pas les siens. Et pour le philosophe, contrairement aux propos du journaliste, son texte était un hommage à Cheikh Anta Diop. « Comment transmute-t-on donc, pour rester dans le vocabulaire de la chimie, un texte d’éloge et d’hommage à une personnalité en une attaque contre cette même personnalité ? Vous prenez la pire des mauvaises fois, vous ajoutez une pincée de cynisme et vous transformez alors une phrase qui dit exactement ceci : « Diop a transformé un laboratoire tout à fait ordinaire pour datation de carbone 14 tel qu’il avait été créé par Théodore Monod avant d’être complètement terminé par Vincent Monteil en un lieu de légende, un véritable cabinet d’alchimiste », et vous transformez cette phrase en ceci : Bachir dit que ce n’est pas Cheikh Anta Diop qui a créé le laboratoire de carbone 14, mais Monod et Monteil !‘’ se demande-t-il. Pr Diagne reconnaît néanmoins que contrairement à Cheikh Anta Diop qui est favorable à une langue d’unification, lui penche pour sa part pour le remembrement sur la base du pluralisme linguistique et d’une philosophie de la traduction. ‘’Penser ainsi est commettre quelque crime de lèse-majesté ? Avons-nous donc affaire à une religion ?‘’ s’étonne le penseur sénégalais.
CHEIKH ANTA DIOP, UNE PENSEE DISCUTABLE
Un débat passionnant auquel l’économiste et écrivain Felwine Sarr s’était invité aussi pour trancher la question. De l’avis de l’un des intellectuels les plus écoutés du continent, son ‘’ami’’ Boubacar Boris Diop a méjugé le philosophe. ‘’Je pense que Boris a fait un faux procès à Bachir parce que ce texte de Bachir, je pense que c’était un hommage à Cheikh Anta. Peut-être a-t-il estimé que l’hommage n’était pas assez appuyé, assez clair et quelques éléments de critique qu’il a mis dans l’hommage lui ont déplu‘’, soutient Pr Sarr.
Et l’auteur de Afrotopia de pousser la réflexion plus loin : ‘’Ce qui est sous-jacent, c’est notre rapport à Cheikh Anta. Qu’on nous donne la liberté d’adhérer à Cheikh Anta et de pouvoir être critique sur certains aspects sans nous faire soupçonner de faire le jeu des détracteurs de la pensée de Cheikh Anta Diop ou d’une historiographie qui n’a pas reconnu Cheikh ou qui le combat‘’. Il signale en outre que rendre hommage à Cheikh, c’est être critique par rapport à sa pensée. Dans le même ordre d’idées, il a affirmé que sur le plan économique, le savant sénégalais n’a pas pris en compte l’aspect immatériel, la vision de l’économie des savoirs sur son livre Les fondements économiques et culturels d’un état fédéral d’Afrique Noire. ‘’Il était dans une vision économique industrielle de l’économie‘’, pense l’économiste sénégalais basé aux Etats-Unis qui renseigne qu’aujourd’hui, la principale source de valeurs dans les sociétés humaines n’est plus le capital, le travail et l’industrie mais l’intelligence, l’innovation et le savoir.
Cheikh Anta a beau être génial, insiste-t-il, c’était un homme de son époque. ‘’Il faut qu’on aitle droit de cette critique là, ‘’renchérit le cofondateur avec Achille Mbembé de l’Atelier des Pensées. Il faut rappeler aussi que d’autres intellectuels sénégalais se sont permis de montrer leur désaccord avec l’égyptologue dans certains aspects de ses travaux. Ainsi l’économiste et penseur aujourd’hui disparu et qui était connu pour sa liberté de ton, Amadou Aly Dieng, avait aussi pris le contre-pied des inconditionnels de Cheikh Anta Diop en critiquant son livre Nations Négres et Culture. ‘’Si nous prenons Nations Nègres et Culture, on doit s’interroger d’abord sur le mot nation. Y a-t-il eu des nations réellement en Afrique ? Nègre, est-ce qu’on peut associer nation à la couleur de la peau ? Et Culture, cela veut dire qu’il y a là une sorte de jacobinisme culturel‘’, lance Dr Dieng qui souligne qu’il faut avoir une distance critique par rapport à tous ces concepts.
Faisant savoir que Cheikh Anta Diop ne pouvait pas échapper à cette réflexion car il y avait des territoires qui allaient devenir des états indépendants. ‘’Je me refuse d’accepter toutes les thèses défendues par des africains et pour avancer mieux, il vaut mieux discuter d’idées que de répéter‘’, constatait l’économiste sans oublier de mentionner que Cheikh Anta Diop lui a dédié sa thèse. Par ailleurs, force est de dire que ces commentaires sur l’œuvre du savant décédé le 7 février 1986 témoignent de l’acuité des idées de Cheikh Anta Diop dans l’espace public sénégalais.
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Le projet de la réécriture de l’histoire africaine de Cheikh Anta Diop part du constat d’une extraversion voire d’une faillibilité dans la narration de l’histoire africaine
L’une des idées qui s’impose avec force et puissance à la lecture des ouvrages du scientifique sénégalais Cheikh Anta Diop, c’est qu’il ne peut y avoir de devenir africain sans le recours à l’histoire, et dit en ce sens, « il devient indispensable que les africains se penchent sur leur propre histoire et leur civilisation et étudient celle-ci pour mieux se connaitre ».
Les prises de positions scientifiques de Cheikh Anta Diop , tout en s’inscrivant dans la perspective de la décolonisation de l’histoire africaine, soulèvent des questions relatives à la philosophie et à l’épistémologie de l’histoire, dans la mesure où elles véhiculent un savoir et une pratique de l’histoire qui appellent à une épistémologie c’est-à-dire une sorte de scientificité historique.
Le projet de la réécriture de l’histoire africaine de Cheikh Anta Diop part du constat d’une extraversion voire d’une faillibilité dans la narration de l’histoire africaine. Sa démarche s’enracine dans le souci de tourner radicalement le dos aux falsifications et de réaffirmer l’historicité voire la primauté des sociétés africaines, mais surtout aussi de montrer qu’il y a une continuité spatio-temporelle des sociétés africaines, malgré l’émiettement territorial et la diversité des tribus et des peuples.
En effet, la fonction de l’historiographie est de fournir une explication narrative et interprétative des phénomènes historiques, ce qui implique la nécessité d’une logique qui donne à l’historien des ressources matérielles et immatérielles pour examiner le contenu, les réalités de causalité entre les faits.
En plus, de cet objectif de démantèlement théorique qui habitera tous ses ouvrages, Cheikh Anta se propose de montrer non seulement qu’une histoire non évènementielle de l’Afrique est possible, mais aussi de faire de l’idée que les Egyptiens étaient des noirs un « fait de conscience historique africaine et mondiale voire un concept scientifique opératoire ».
Il souligne au nom de la logique historique que toutes les théories élaborées pour rendre compte du passé africain avaient pour but avoué de servir le colonialisme et surtout de faire croire au nègre qu’il n’avait jamais été à l’origine de quoi ce soit de valable.
Pour Cheikh Anta Diop, l’enjeu, c’est d’abord de faire mentir publiquement et scientifiquement une certaine conception de l’Afrique et de l’Egypte qui situe cette dernière hors de l’Afrique et l’auteur qui s’est le plus avancé dans cette direction de falsification historique n’est autre que Hegel , que Cheikh ne cite pratiquement jamais.
De ce « mensonge historique » , Cheikh s’indigne par ces termes : « la vérité de ces théories fragmentées et réductrices sert au colonialisme et leur but est d’arriver, en se couvrant du manteau de la science, à faire croire aux peuples noirs qu’ils n’ont jamais été responsables de quoi ce soit de valable, de même pas de ce qui existe chez lui ».
Par conséquent, il y a selon lui, un réel danger à s’instruire de ce passé dans les ouvrages occidentaux sans en faire une critique sévère voire radicale, car chaque fois que dans l’histoire un peuple en a conquis un autre, il a utilisé l’arme de l’aliénation culturelle pour réduire l’autre à néant.
Cette position de Cheikh Anta Diop trouve un écho favorable chez le psychiatre martiniquais Frantz fanon qui par des analyses psychologique voire psychopathologique est arrivé à des conclusions que le déni de l’histoire peut être un facteur d’aliénation culturelle de surcroit d’une fausse représentation dans le culte de la construction de la personnalité des individus colonisés ou issu de la colonisation.
Il est donc question pour cheikh d’éradiquer ce « poison culturel » savamment inoculé dans les mentalités des noirs et qui désormais semble faire partie intégrante de leurs imaginaires et de leurs représentations.
Ainsi face à ce déni de l’histoire qui ouvre des perspectives de destruction chronique dans la construction de la personnalité de l’homme noir, il devient indispensable que les africains apprennent et comprennent leur véritable histoire et leur vraie civilisation pour mieux se connaitre et arriver ainsi, par la véritable connaissance de leur passé à rendre périmées, grotesques et désormais inoffensives ces armes culturelles assimilationnistes.
Sa démarche s’élève contre ceux qui pensent qu’il est futile de fouiller dans les décombres du passé parce que les problèmes de l’heure sont urgents et se posent dans un monde de vitesse, caractérisé par la tendance à l’unification du monde et par le surdéveloppement de nouvelles sciences et technologies qui ambitionnent la résolution de tous les grands problèmes. Pour Cheikh Anta Diop, ils rendraient caduques, périmées et accessoires les préoccupations de mémoires voire historique d’être une boussole pour l’avenir.
Il répond que cette attitude intellectuelle est le fruit « d’une cécité culturelle » et d’une « incapacité à proposer des solutions concrètes, valable , aux problèmes qu’il faut résoudre pour que l’assimilation cesse d’être une nécessite apparente » et que ce comportement face à une telle situation de piétinement et de déchéance est dangereux car donne l’illusion d’une marche en avant à pas de géants mais qui n’est rien d’autre qu’une tendance à déprécier tout ce qui émane du génie millénaire du nègre.
En effet, le modernisme ne consiste pas pour Cheikh Anta Diop à rompre avec les sources du passé, mais plutôt à y intégrer la nouveauté pour affronter les autres peuples sur un pied d’égalité, en s’appuyant sur son passé, un passé suffisamment étudié.
Cette convocation de l’histoire n’a point pour ambition d’y extraire nécessairement que du beau ou du bien mais que ce passé puisse servir à la sauvegarde des cultures africaines. Donc il ne s’agit pas pour Cheikh de « créer de toutes pièces une histoire plus belle que celle des autres, de manière à doper moralement le peuple pendant la période de lutte pour l’indépendance, mais de partir de cette idée évidente que chaque peuple a une histoire ». C’est également cette démarche qu’entreprennent les initiateurs du RASA.
Son anthropologie historique la culture africaine devrait jouer le même rôle que les antiquités gréco-latines qui façonnent depuis des millénaires l’imaginaire de l’occident. Et pour cela il faut une « décentralisation des sources de l’universel », car autant la technologie et la science moderne viennent d’Europe, autant dans l’antiquité le savoir universel « coulait de la vallée du Nil vers le reste du monde » en particulier vers la Grèce qui n’était qu’un maillon intermédiaire dans la longue marche de l’histoire des idées et des civilisations.
Comme le souligne très bien Théophile Obenga , son compagnon de route, « si Cheikh Anta Diop s’intéresse tant aux genèses, aux origines , aux émergences premières des civilisations africaines, c’est que les premières origines sont la vérité et qu’elles ont une puissance exceptionnelle pour se faire remémorer le passé temporel tout entier, d’un seul tenant, établissant ainsi une certaine logique historique dans les évolutions et les développements ultérieurs qui tiennent cependant des émergences primordiales ».
Dans cette perspective de mieux comprendre l’impact de cette réinsertion de l’Afrique dans le cours de l’histoire, Obenga convoquera même Heidegger qui affirmait que « ce qui a une histoire peut du même coup en faire une » puisque l’histoire est le tout de l’état qui change avec et dans le temps.
Logiquement donc les peuples africains, parce que vivant dans le temps, ont une histoire, c’est-à-dire une aventure spécifique de leur être au monde qui s’est passée, qui passe et qui se transmet en même pour construire des mémoires collectives qui voyagent dans l’espace-temps. Ainsi on voit que l’homme en tant qu’être culturel par essence se rapporte à toutes les dimensions de la conscience historique comme sujet de l’évènement et en même temps comme sujet d’histoire.
Cependant, les histoires écrites par les colons n’établissaient pas de chaines causales, de trames historiques susceptibles de situer les évènements par rapport à la temporalité. Du coup, elles situaient les sociétés dont elles parlaient dans une certaine intemporalité ou atemporalité.
En effet, ces histoires n’étaient qu’une sorte d’ébauche avortée parce que les africanistes ne sont jamais parvenus à tracer tout l’enchainement logique et spatio-temporel du passé de l’homme africain, ainsi dans cette dynamique l’un des apports fondamentaux de Cheikh Anta sera de donner à l’Afrique son « passé » et son caractère historique, en montrant, preuve et témoignage à l’appui, que les peuples de cette partie du monde existaient dans le temps, et ce depuis l’aube des temps, d’autant que la première humanité y a émergé.
Par-delà cette affirmation qui fait de l’Egypte, un point de repère historique, il y a l’idée que l’Afrique forme un tout cohérent qui finalement relève d’une trajectoire historique singulière, commençant depuis la première humanité et, à travers une série de migration, culmine dans la civilisation égyptienne qui va éduquer et civiliser l’humanité.
la référence historique et culturelle dans la trame générale de l’histoire de l’humanité est nécessaire pour Cheikh Anta et dira comme message à la postériorité que : « l’Africain qui nous a compris est celui-là qui, après la lecture de nos ouvrages, aura senti naitre en lui un autre homme, animé d’une conscience historique, un vrai créateur, un Prométhée porteur d’une nouvelle civilisation et parfaitement conscient de ce que la terre entière doit à son génie ancestral dans tous les domaines de la science, de la culture et de la religion ».
CHEIKH ANTA DIOP, UNE PENSEE AU CŒUR DE L’ACTUALITE
L’égyptologue avait presque prédit tous les problèmes liés à la sécurité, à l’indépendance monétaire et à l’intégration économique auxquels sont confrontés les Africains. Et il n’avait pas manqué de proposer des solutions
La pensée de l’historien sénégalais Cheikh Anta Diop est ce qu’on pourrait dire prémonitoire. En effet, l’égyptologue avait presque prédit tous les problèmes liés à la sécurité, à l’indépendance monétaire et à l’intégration économique auxquels sont confrontés les Africains. Et il n’avait pas manqué de proposer des solutions.
«Il a contribué à redonner à l’Afrique son passé et en redonnant à l’Afrique son passé, il a peut-être redonné à l’humanité son passé», témoignait le Aimé Césaire sur Cheikh Anta Diop lors de sa disparition le 7 février 1986. En effet, les travaux iconoclastes et audacieux de l’universitaire sénégalais pour montrer que l’Afrique est le berceau de l’humanité qui, au début avaient déchainé les passions et les critiques les plus acerbes, sont manifestement de plus en plus acceptés par les scientifiques les plus sérieux y compris en occident. Mais au-delà de cet aspect, les préoccupations de la jeunesse et de l’intelligentsia africaines comme les questions sécuritaires dans le Sahel, l’indépendance monétaire et l’intégration économique ont été au cœur de la pensée politique de Cheikh Anta Diop.
En effet, l’égyptologue avait donné les clefs pour le développement du Sénégal en particulier de l’Afrique en général. Et aujourd’hui plus que jamais, ses thèses sont reprises et approfondies par plusieurs activistes et chercheurs du continent comme l’économiste Ndongo Samba Sylla. C’est pourquoi dans un entretien qu’il avait fait récemment, le journaliste et écrivain Boubacar Boris Diop affirmait : «De tous les messages politiques de l’époque, lequel a survécu ? Cheikh Anta n’a jamais été président de la République, Premier ministre, ministre ou député. Son parti n’a jamais prospéré au sens vulgaire, mais en même temps aujourd’hui l’enseignement politique de Cheikh Anta Diop est omniprésent. Et nous nous en rendons compte à tous les tournants majeurs».
Faisant partie des disciples du savant, M. Diop ajoute : «Il faut regarder comme les armées du Mali, du Burkina et du Niger se font massacrer, c’est un véritable carnage quotidien. Mais Cheikh Anta Diop, et tout le monde le rappelle maintenant, disait que la sécurité précède le développement. Il n’y a rien de plus actuel aujourd’hui». L’égyptologue semble avoir raison à la lumière aussi des défaillances sécuritaires sur le plan alimentaire et sanitaire notées avec la pandémie de la Covid19. D’autant que le pays est pendu aux lèvres des industries pharmaceutiques occidentales pour avoir des vaccins pour le Sénégal. Il en est de même pour la lutte contre le terrorisme. Là aussi, comme le rappelle l’écrivain Boubacar Boris Diop, l’Afrique est le maillon faible.
CHEIKH ANTA DIOP, UNE PENSEE D’ANTICIPATION
Montrant toujours le caractère actuel de la pensée de son maitre, il a beaucoup insisté sur les prédictions de Cheikh Anta Diop à propos de l’intégration africaine. «Le débat sur le franc FCA et la Cedeao qui est au bord de l’implosion .Mais Cheikh Anta disait que l’intégration économique doit être précédée de l’intégration politique», renchérit-il tout en ajoutant que Cheikh Anta Diop est très présent politiquement.
Dans le même ordre d’idées, le politologue congolais José Do Nascimento, auteur du livre : «La Pensée Politique de Cheikh Anta Diop», a indiqué que la vision de l’égyptologue sénégalais est la seule qui informe la jeunesse africaine sur les chemins à suivre pour se construire l’avenir qu’elle mérite. «Cheikh Anta Diop n’est pas simplementl’éminent historien, linguiste, sociologue, physicien que l’on connait. Il était aussi un éminent penseur politique. Cette pensée politique présente une particularité qui lui confère toute son originalité. Il s’agit d’une pensée politique d’anticipation sur les problèmes auxquels les peuples et les Etats africains allaient être confrontées après la décolonisation», souligne le juriste.
De l’avis de Dr Nascimento, la pensée politique du fils de Thiaytou est toujours d’actualité. Ainsi, il apporte des solutions par rapport à l’environnement géopolitique de l’Afrique, à la question du leadership en Afrique, au choix d’un modèle économique alternatif, au modèle politique d’émancipation, à la coexistence des imaginaires religieuses en Afrique, à la question de la garantie sociologique d’un futur Etat fédéral africain et à la modernité d’expression et d’initiative africaine. Il estime ainsi, dans son livre, que Cheikh Anta Diop ne parle pas d’une civilisation universelle mais planétaire.
Dans la foulée, il indique que les solutions données par Cheikh Anta Diop permettraient au bout de 5 ans de propulser l’Afrique au rang de première puissance mondiale.
LA DIRECTION DE L’EMPLOI SCELLE DEUX PARTENARIATS POUR ENROLER 400 JEUNES ET FEMMES
Dans le cadre de la politique de territorialisation des politiques d’emploi au niveau local, la Direction de l’Emploi vient de nouer deux accords de partenariat avec le Réseau des Associations de Femmes Micro-entrepreneuses (RAFEM) de Pout et le Groupe Dalalbi Presta de Thiès. L’objectif est d’enrôler 400 jeunes et femmes.
La Direction de l’Emploi s’inscrit dans une dynamique de consolidation des emplois pour les jeunes et d’autonomisation des femmes dans la région de Thiès. La démarche entre dans le cadre global de la politique de territorialisation des politiques d’emploi au niveau local. C’est ainsi qu’elle vient de nouer deux conventions dont l’objectif est d’enrôler 400 jeunes et femmes. Les deux conventions de partenariats ont été signées avec le Réseau des Associations de Femmes Micro-entrepreneuses (RAFEM) de Pout et Dalalbi Presta de Thiès.
Tout est parti d’une visite de terrain effectuée récemment par Modou Fall Directeur de l’emploi, accompagné de quelques collaborateurs. Il s’était agi notamment de descendre sur les champs d’exploitation du Réseau des Associations de Femmes Microentrepreneuses (RAFEM) de Pout sous la coordination de Mme DIOP et qui portent sur une superficie de 10 hectares. Des spéculations comme l’oignon, la carotte, etc. y sont produites avec 15 personnes qui travaillent sur le site en permanence et plus de 40 femmes journalières travaillant de 8 heures à 15 heures, pour assurer le désherbage et le repiquage.
Au cours de cette même visite, l’Association des Artisans de Pout a également été rencontrée et c’est ainsi que les germes de la signature prochaine d’une convention de partenariat avec le RAFEM ont commencé à pousser. Selon Modou Fall, cette démarche obéit à une volonté de « maintenir les emplois existants et augmenter l’effectif afin de permettre au réseau d’accroître sa production et de diversifier sa culture. En outre, il est prévu l’accompagnement des femmes en termes de formation dans l’autonomisation, la commercialisation, les techniques de vente, la labellisation, le conditionnement, l’éducation financière pour le renforcement de leur employabilité ».
C’est le lundi dernier que les deux accords ont été noués pour la consolidation des emplois et l’autonomisation respectivement des jeunes et des femmes. Le Directeur de l’Emploi renseigne que la direction a pris l’engagement d’insérer 400 jeunes et femmes à travers la Convention Nationale Etat-Employeurs (CNEE). C’est lors de la visite du site abritant la mission locale pour l’emploi et l’entrepreneuriat (MILE) et le Centre d’Incubation Communautaire (CICOM) de Thiès que la direction a scellé ces conventions.
La mise en place de ces projets entre dans le cadre de la politique de territorialisation des politiques d’emploi au niveau local pour être plus proche des populations, souligne le Directeur de l’Emploi. Il a visité par la même occasion le groupe scolaire « Sadiya Excellence » de l’Entreprise Groupe Dalalbi Presta, qui évolue dans les domaines de l’enseignement, de la sécurité et du transport.
MAMADOU DIAGNE SY MBENGUE APPORTE LA REPLIQUE CONTRE SES DETRACTEURS
La Société nationale des Habitations à Loyer Modéré n’a pas tardé à réagir à la sortie des syndicalistes de la boite qui reprochent au DG de vouloir monter un projet de complexe immobilier sur le site du siège de la société
Objet d’accusations de la part des délégués de la Société nationale des Habitations à Loyer Modéré (Sn Hlm) qui lui reprochent de transformer le siège de la société en un complexe immobilier, le directeur général Mamadou Diagne Sy Mbengue est sorti de sa réserve pour se laver à grande eau. A travers sa cellule de communication, il soutient que les attaques dont il est la cible s’expliquent par la réorganisation et la redistribution des responsabilités en cours dans la boite. Et cela, dit-il, n’est pas du goût de quelques travailleurs.
La cellule de communication de la Société nationale des Habitations à Loyer Modéré (Sn Hlm) n’a pas tardé à réagir à la sortie des syndicalistes de la boite qui reprochent au DG de vouloir monter un projet de complexe immobilier sur le site du siège de la société. Le Dg Mamadou Diagne Sy Mbengue et son équipe sont montés au créneau hier pour balayer d’un revers de main les griefs formulés à leur encontre. Ils estiment en effet que ces attaques seraient à l’origine d’un audit organisationnel qu’il avait sollicité du Bureau Organisation et Méthode (BOM) qui l’a conduit à procéder les 02 et 03 février 2021 à une profonde réorganisation et à une redistribution des responsabilités qui n’ont pas été du goût de quelques-uns. «C’est ainsi que dès le 04 février, soit le lendemain de la date de prise de ces décisions, une telle attaque a été lancée», indiquent les collaborateurs du directeur général de la Sn Hlm.
Les services de communication félicitent le Directeur Général d’avoir eu l’idée d’optimiser les 4 000 m2 occupés par le siège de la SN HLM pour y développer un projet immobilier dont, d’après eux, la structuration ne nécessitera pas des engagements financiers de la SNHLM. «Ce projet qui pourrait s’intituler les tours de l’obélisque intégrerait l’actuel siège dans sa configuration et procurerait des avantages commerciaux et de bureaux de grands standings, en somme des retombées lui permettant de faire face à ses charges fixes et incompressibles», ajoutent-ils.
D’ailleurs, ils précisent qu’en l’état actuel des choses, ce sont des études architecturales de marché et géotechniques qui ont été entreprises à l’effet de concevoir le projet à proposer au Conseil d’administration qui est seule habilitée à prendre une telle décision.
DES CULTIVATEURS DANS L’EXPECTATIVE
Les cultivateurs de Ndinguélère dans la commune de Ndiaganiao (Département de Mbour) sont dans l’expectative et attendent une solution définitive au conflit foncier les opposant au promoteur Babacar Ngom.
Les cultivateurs de Ndinguélère dans la commune de Ndiaganiao (Département de Mbour) sont dans l’expectative et attendent une solution définitive au conflit foncier les opposant au promoteur Babacar Ngom. Ce dernier, détenteur de titres administratifs des terres à des fins d’exploitation agricole, garde son bon droit d’être souverain sur les lieux. Les cultivateurs dénonçant la procédure d’attribution se fendent de droit coutumier et d’une paternité sur les terres par rapport aux limites de leur collectivité locale, la commune de Ndiaganiao.
L ’affaire devenue un véritable panier à crabes a impliqué la société civile, les autorités étatiques pour une issue heureuse. Depuis la fin de l’hivernage, ils gardent leur mal en patience. Des récoltes de mil sorgho et de petit mil restent mémorables pour eux. Le délai de quatre mois donné par la tutelle et des bonnes volontés investies dans la question leur ayant permis d’exploiter les lieux a expiré.
Des transactions faites avec des paysans du village voisin de Ndiarao portant sur quatre parcelles ont fini de semer la confusion au sein de l’opinion. Qui plus est, des rumeurs nourries ont fait part d’une solution apportée aux problèmes des cultivateurs de Ndinguélère. Hier, vendredi 05 février 2021, le vieux Abdoulaye Dione, porte-parole des cultivateurs dans sa cour à Ndinguélère et entouré de quelques notabilités a dégagé en touche ces supputations et déclarations.
A l’en croire, Ils réfutent tout ce qui se dit dans leur dos. ‘’Aucun grain de riz ou une enveloppe quelconque d’argent ne sont encaissés. Nous restons unis autour d’une même cause et luttons pour la restitution de nos terres. Nous avons battu campagne pour Macky Sall et évoquons le cousinage toucouleur–sérère pour une issue heureuse au contentieux. Nous ne donnons pas nos terres’’ dira-t-il. Il a tenu à dire que ce qui se passe à Ndiarao ne les regarde car chacun est libre de faire ce qu’il veut de ses terres. Il a salué la grâce divine leur ayant permis d’avoir des tonnes et des tonnes de mil. Des récoltes pareilles dans la zone remontent à 2015.
A Ndinguélère, les greniers sont pleins et, à notre arrivée sur les lieux, des moulins vrombissent partout pour faire de la farine de mil. Des informations recueillies nous apprennent la démission d’un des responsables de l’Association pour le développement de Sandok, une contrée historique et naturelle de la commune de Ndiaganiao comprenant Ndiarao. Dans cette localité, la cession de quatre parcelles suivie de la distribution de tonnes de riz et d’enveloppe, selon nos sources, ont fini de jeter l’anathème sur les et les autres.
UNE REPONSE AU CALVAIRE LIE A L’ENREGISTREMENT POUR LES SENEGALAIS DE L’EXTERIEUR
L e ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Me Aïssata Tall Sall, a procédé hier, vendredi 5 février 2021, à l’inauguration des nouveaux locaux du bureau de l’état-civil de son département
Le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur s’est doté d’une nouvelle Direction des Affaires Juridiques et Consulaires. Inaugurés hier, vendredi 05 février 2021, ses nouveaux locaux du bureau de l’état-civil sont la concrétisation d’un souhait des Sénégalais de l’extérieur.
L e ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Me Aïssata Tall Sall, a procédé hier, vendredi 5 février 2021, à l’inauguration des nouveaux locaux du bureau de l’état-civil de son département, en présence du secrétaire d’Etat des Sénégalais de l’extérieur, Moïse Sarr. Occasion pour Me Aïssata Tall Sall de revenir sur l’importance l’étatcivil. «L’état-civil est une administration extrêmement importante dans un Etat qui se veut respectable et fiable, car c’est à partir de l’état-civil que les déclarations de naissances, de mariages, de décès, qu’un Etat constitue tout ce qu’on peut appeler ses statistiques».
Et de souligner que «c’est à partir de ces statistiques que ses politiques de développement sont tracées, que ses partenaires au développement peuvent porter des analyses».
Pour Me Aïssata Tall Sall l’idée c’est de former une seule équipe, pour l’ensemble des ministres du gouvernement, notamment concernant les Affaires Juridiques et Consulaires, afin de favoriser une bonne fiabilité et une parfaite sécurité, dans le domaine de domaine de l’état-civil. Pour le ministre, fiabiliser un état-civil nécessite une structure équipée de matériels qui doit le porter.
Ainsi, ce bureau dédié à l’état-civil «doit recevoir toutes les déclarations des Sénégalais, relatives à l’état-civil, quand ils sont à l’étranger, quand ils se marient à l’étranger, quand ils ont des enfants à l’étranger, quand ils sont malheureusement décédés à l’étranger. Et tous ces actes doivent être transcrits ici dans le bureau de l’état-civil. C’est aussi un bureau de traduction ; car il arrive que nous recevions des documents dans des langues étrangères».
Etant donné que «notre langue officielle est le français, il faut que ces documents soient traduits et certifiés par le ministère comme étant des traductions conformes pour être pris en considération», a expliqué le ministre. Me Aïssata Tall Sall n’a pas manqué de rassurer les Sénégalais de l’extérieur sur la bonne marche de la structure. «Tout a été fait pour que nos compatriotes ne perdent pas de temps, qu’ils soient reçus dans des meilleurs conditions, avec des tickets pour pouvoir sécuriser les rangs et qu’il n’y ait pas de bousculades encore moins de cafouillages totales. Et cela est extrêmement important», a-t-elle garanti.
ME AÏSSATA TALL SALL SUR LA COVID-19 «Diplomatiquement, tout ce qui devait être fait a été fait et, dans les prochains jours, le Sénégal aura son vaccin»
La crise sanitaire, avec la recrudescence des cas de Covid-19, s’est invitée à la cérémonie d’inauguration hier, vendredi 05 février 2021, de la nouvelle Direction des Affaires Juridiques et Consulaires (bureau de l’état-civil) du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Dans ce contexte marqué par la propagation du coronavirus, le respect des mesures barrières est exigé au bureau de l’étatcivil, avec des chaises et un tickéting pour assurer le respect de la distanciation.
Selon le ministre Me Aïssata Tall Sall, le coronavirus a appris à tous les citoyens à adopter des comportements sanitaires qui pourraient les suivre même après, la période poste-Covid-19. Et, parlant de la Covid-19, le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur est revenue sur les dispositions prises concernant la campagne de vaccination au Sénégal. «Pour le vaccin, Monsieur le président de la République, Macky Sall, a tenu une réunion gouvernementale extrêmement importante autour de ce qu’il a appelé la ‘’Stratégie nationale pour le vaccin’’. Quel est le vaccin ou quelles sont les vaccins que le Sénégal va choisir ? Et je peux vous dire, au mois de novembre déjà, au moment où on pensait que la Covid-19 était en dépression où elle était sur une courbe descendante, le président de la République, dans une importante conférence tenue à Paris, avait lancé un appel au nom de toute l’Afrique pour dire que l’Afrique doit disposer de ce vaccin. Et que ce vaccin doit être accessible et moins chers, à moindre coût. En ce sens, il craignait que les grandes puissances puissent s’accaparer du vaccin et nous autres pays qui n’avons pas les moyens de ces grandes puissances que nous puissions être laissés en rade.
Tenant compte de ce cela, il a pris le devant pour discuter autour de cette Stratégie nationale sur le vaccin pour voir avec quel vaccin les Sénégalais seront vaccinés ? Combien cela coutera à l’Etat du Sénégal, de pouvoir acquérir de ce vaccin ? Toutes ces discussions sont en train d’aboutir car, diplomatiquement, tout ce qui devait être fait a été fait. Et dans les prochains jours, le Sénégal aura son vaccin et les populations cibles pourront être vaccinées. Et il sera l’un des premiers pays africains en avoir», a confié Me Aïssata Tall Sall.
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COVID-19, GOUVERNANCE ET DROITS HUMAINS AU SENEGAL ET EN AFRIQUE DE L'OUEST
A qui profite les mesures d'exception prises contre la pandémie ? Qui en pâtit le plus ? Comment interpréter les protestations partout sur le continent ? Webinaire modéré par Rama Sala Dieng avec Oumoul Khairy Coulibaly, Ousmane Aly Diallo & Hady Ba
Ce numéro du webinaire sur Gouvernance, droits humains et Covid-19 offre une approche comparative des mesures d'urgence et leur impact.
Il est impossible de parler de gouvernance et de justice sans analyser l’architecture qui permet ou non le respect de l’état de droit, la séparation des pouvoirs et la situation des institutions de la république. Qu’advient-il de cette séparation supposée lors d’une pandémie qui peut requérir un renforcement des pouvoirs de l'exécutif face au pouvoir judiciaire et le parlement? C’est dans ce contexte que nous analysons les mesures politiques exceptionnelles tels que l’état d’urgence et la gestion de la crise sanitaire; qui s'ajoutent aux actes politiques de tous les jours. Il est d’autant plus opportun d’examiner les conséquences de ces mesures que se profile la menace de l'autoritarisme, en particulier avec la surveillance physique et biométrique accrue par la pandémie, le floutage de la stricte séparation des pouvoirs alors que l’exécutif s’arroge des droits hors normes au nom de la gestion de la catastrophe sanitaire, alors qu’encore les effets du premier état d’urgence de mars restent à évaluer, quant à leur efficacité et leur adéquation. Dans un tel contexte, qu’advient-il de l'accès à des services tels que l'éducation (dans un cadre sain) et la santé (qui même en temps normal laisse à désirer ?)? Qu’en est-il de la brutalité policière, les menaces contre les droits humains et les espaces civiques, la gestion des données personnelles ? Comment interpréter les protestations citoyennes un peu partout en Afrique de l’Ouest à l’égard des mesures prises par les dirigeants ?
Au-delà de ces questions qui s’intéressent à la vie démocratique de la nation sénégalaise et d’autres en Afrique de l’Ouest, qu’en est-il de leur impact sur les relations ou inégalités existantes entre hommes et femmes, jeunes et vieux, mais surtout quel impact sur les populations les plus vulnérables, pauvres, handicapées ? Les populations rurales face à celle des villes, les populations incarcérées, les prisonniers, les marginaux, les travailleuses du sexe, etc. Notre approche féministe intersectionnelle nous incite à aller au delà des questions faciles pour nous intéresser aux relations de pouvoir et d'inégalités. Vers quel sens se creusent-elles ? Qui bénéficie le plus de telles mesures ? Qui en pâtit le plus ?
Pour le premier d’une série de webinaires, le focus porte sur les questions de gouvernance, justice et droits humains à l’épreuve de la pandémie Covid-19 analysée à la faveur d’une approche comparative des mesures d’urgence prises en Afrique de l’Ouest, avec une perspective féministe intersectionnelle d’où la diversité des profils des panélistes.Panélistes: Dr. Oumoul Khairy Coulibaly, ENEA et IPAR (sociologue sur les aspects sociaux, genre et anthropologiques ), Dr. Ousmane Aly Diallo (Amnesty West Africa sur les aspects droits humains), et Dr. Hady Ba (Fastef) sur les aspects politiques publiquesModératrice: Dr. Rama Salla Dieng (CAS, Université d’Édimbourg)
Biographie des panélistes
Oumoul Khaïry COULIBALY est docteure en socio-anthropologie et Maîtresse de Conférences Assimilée à l’École Supérieure d'Économie Appliquée (ESEA) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Dr. COULIBALY est spécialiste des questions de genre et des méthodes participatifs, des outils à partir desquels elle interroge différentes problématiques dont l’autonomisation des femmes rurales, de gouvernance foncière et participation politique, des migrations et des violences basées sur le genre.
Elle est par ailleurs chercheure associée au Think Tank Initiative Prospective Agricole Rurale (IPAR) pour qui elle coordonne actuellement le programme Genre et Foncier, soutenu par le Centre de Recherche pour le Développement International (CRDI) du Canada.
Dr. COULIBALY est aussi membre fondateur du laboratoire d’études et de recherche sur Genre, Environnement, Changement Climatique et Migrations (GERM) de l’université Gaston Berger de Saint-Louis.
Maitre de Conférence Titulaire à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Dr Hady BA sert au Département de Philosophie de la Faculté des Sciences et Technologies de l’Éducation et de la Formation (Fastef ex École Normale Supérieure) où il enseigne essentiellement la philosophie des sciences, la logique et la philosophie de l’esprit.
M. Ba est philosophe de formation et docteur en Sciences Cognitives de L’EHESS. Il a notamment mené dans le cadre du projet CAHORS (Cotation, Analyse, Hiérarchisation et Ontologies pour le Renseignement et la Sécurité) des recherches destinées à aider au développement d’outils logiciels d’analyse automatique de texte afin de détecter et d’anticiper les crises à partir de l’information collectable sur le web en source ouverte. M. Ba a par ailleurs été consultant en intelligence économique notamment au sein du cabinet Antogo et est membre fondateur du Think Tank Ipode dont il a été le premier Directeur Général puis directeur scientifique.
Ousmane Aly Diallo est PhD en science politique de la Balsillie School of International Affairs, université Wilfrid Laurier (Canada). Depuis novembre 2019, il est chercheur au bureau régional d’Annesty International pour l'Afrique de l'Ouest et du centre (WCARO) WCARO sur le Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso) et le Senegal.
Organisatrice et Modératrice
Dr Rama Salla Dieng est une universitaire et écrivaine sénégalaise. Elle est actuellement maitresse de conférence en Développement International et études africaines à l'Université d'Edimbourg. Elle a un doctorat et un MSc en Développement international de la SOAS (financé par la Fondation Mo Ibrahim), Université de Londres, un double master en coopération internationale et Gestion des risques dans les pays du Sud de Science Po Bordeaux et une maitrise en science politiques de l'Université Montesquieu Bordeaux VI. Sa recherche porte sur une analyse d'économie politique féministe de certains investissements agricoles et de leurs résultats socio-économiques dans le nord du Sénégal au cours de ce que l'on a surnommé «la ruée vers les terres» entre 2008 et 2017. Entre 2010 et 2015, elle a travaillé comme assistante de recherche, puis Research Fellow à la Division de la recherche sur les politiques de l'Institut africain de développement économique et de planification des Nations-Unies (UNIDEP) basé au Sénégal, et avant cela, au PNUD, Ile Maurice. Rama est également une militante féministe qui a collaboré avec plusieurs organisations de développement et de droits des femmes sur le changement agraire, les politiques de développement, le travail et la reproduction sociale.
À propos du webinaire et du projet FACE
Le projet «Alternatives féministes pour un futur(post-) COVID-19 (FACE) en Afrique» cherche à étudier l’impact social, économique et politique du COVID-19 en Afrique dans une perspective féministe, intersectionnelle et décoloniale.
Avec un financement de l’Open Society Initiative for West Africa (OSIWA), ce projet est un partenariat entre le Centre d’études africaines de l’Université d'Edimbourg, Ecosse, l'Institut des sciences humaines en Afrique (HUMA) de l'Université du Cap, Afrique du Sud, au Laboratoire d'analyse des sociétés et pouvoirs / Afrique-Diasporas (LASPAD) à l'Université de Gaston Berger, Sénégal,FEMNET - Réseau de développement et de communication des femmes africaines et IDEP - Institut African de Développement Economique et de Planification des Nations Unies
MENACE SUR LA RENTREE
Hausse des cas de covid, non reprise du monitoring des accords signes, récriminations des enseignants…
C’est dans une atmosphère marquée par la hausse des contaminations de Covid-19, la nonreprise du monitoring des accords signés avec les syndicats d’enseignants malgré l’invite du Chef de l’Etat, les récriminations des enseignants du fait du non-respect des engagements, entre autres, que les élèves vont reprendre le chemin de l’école ce lundi 8 février, après une vacance d’une semaine.
Après une semaine de vacances, les élèves vont regagner les écoles ce lundi 8 février pour entamer le deuxième trimestre d’enseignements et d’apprentissages. Un retour qui se fera encore sous le signe du coronavirus qui continue de monter en puissance dans le pays. C’est d’ailleurs dans ce contexte que certains acteurs ont invité le gouvernement à prolonger les vacances scolaires d’autant plus que beaucoup ont constaté et dénoncé le non-respect du protocole sanitaire contre la covid-19 dans les écoles.
Le gouvernement essuie des critiques sur la faiblesse des mesures. Les syndicats de l’enseignement considèrent que ces mesures sont insuffisantes. Même si le ministère de l’Education Nationale n’est pas de cet avis. «Il n’envisage nullement de fermer des écoles ou prolonger des vacances», a déclaré son chargé de formation et de communication, Mouhamadou Moustapha Diagne. A cet effet, les autorités éducatives comptent renforcer l’application du protocole sanitaire pour protéger les élèves et les enseignants contre l’épidémie.
A ces gros nuages d’inquiétudes qui planent sur la reprise des cours, s’ajoutent les risques de perturbations liées au non-respect des points d’accords signés avec le gouvernement. Cette question qui ne cesse d’être soulevée par les syndicats d’enseignants fait l’objet de mouvements d’humeur chaque année. Cette année scolaire aussi n’a pas fait l’exception. Des syndicats d’enseignants ont déjà envoyé les signaux d’une année mouvementée en début d’année.
Le G7 et le Saems ont observé des grèves et des débrayages au mois de décembre dernier pour exiger le paiement des indemnités du baccalauréat, du Bfem et des examens professionnels même si les mouvements d’humeur sont pour le moment en attente. Pour une stabilité du système éducatif, les syndicats ont demandé la reprise du monitoring des accords signés avec le gouvernement surtout que l’année scolaire en cours a été fortement perturbée en raison de la pandémie qui a entrainé la fermeture des écoles obligeant les élèves à près de huit mois de vacances forcées.
Sur ce, le Chef de l’Etat, lors du Conseil des ministres du 20 janvier dernier, avait demandé aux ministres concernés de poursuivre le dialogue avec les syndicats d’enseignants, d’assurer le suivi effectif des engagements de l’Etat. Toutefois, la relance du débat n’est toujours pas effective. Macky Sall avait aussi demandé au gouvernement de «réfléchir sur des dispositions pratiques permettant le paiement systématique des indemnités liées aux examens et concours et a invité le ministère des Finances à relancer les prêts DMC.
Ces questions entrainent toujours des perturbations même si elles font partie de la plateforme revendicative. C’est pourquoi certains syndicalistes soutiennent que les promesses de l’Etat ne sont jamais tenues. Les défis à relever sont donc nombreux pour permettre un bon déroulement de l’année scolaire.