MALI, LE COMITE NATIONAL POUR LE SALUT DU PEUPLE DISSOUT
Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) est désormais dissout, par un décret n-2021-0017/PT-RM signé par le président de la Transition, Chef de l’État, Bah N’Daw, à la date du 18 janvier 2021.
Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) est désormais dissout, par un décret n-2021-0017/PT-RM signé par le président de la Transition, Chef de l’État, Bah N’Daw, à la date du 18 janvier 2021.
La dissolution du CNSP a longtemps été réclamée par la quasi-totalité de la classe politique malienne et la communauté internationale, notamment la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
Elle intervient, quelques jours seulement, après le 58è Sommet de la CEDEAO tenu, samedi 23 janvier 2021, en visioconférence, auquel le président Bah N'Daw a pris part.
Créé le 19 août dernier dans la foulée du renversement du régime du président Ibrahim Boubacar Keita, cette structure militaire était dirigée par le colonel Assimi Goïta, désormais vice-président de la Transition malienne.
Lors de leur sommet virtuel, les chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO avaient, d'abord, écouté leur homologue malien, Bah N’Daw, faire le point de la mise en place de la feuille de route de la Transition.
Ensuite, ce fut le tour du médiateur de l'organisation ouest-africaine, Goodluck Jonathan, de faire la présentation du rapport sur la situation au Mali.
Puis, d'une seule et ferme voix, les dirigeants de la CEDEAO avaient rappelé le Mali à ses engagements, notamment le respect scrupuleux de la feuille de route, avec comme priorité, la dissolution immédiate du CNSP,
Pour rappel, la charte de la Transition malienne stipule que « le CNSP est dissous après la mise en place des organes de transition ». Malgré la mise en place de tous les organes de la Transition, aucun acte officiel n'avait, jusque-là, été pris dans ce sens.
AT/MD (AMAP)
ODIA, CARICATURISTE À LA SATIRE PÉNÉTRANTE
Son regard décalé sur l’actualité politique, économique et sociale du Sénégal qu’il sert de façon quotidienne aux lecteurs de la Tribune, de façon hebdomadaire sur defuwaxu.com et régulièrement dans le P’tit railleur, est un chef-d’oeuvre. Rencontre
Les journaux Politicien et Cafard Libéré ont été dans les années 1980, les véritables pionniers de la presse satirique au Sénégal. À cette époque Alphonse Mendy, alias TTFons et Samba Fall ( Le quotidien le Soleil) sont sans doute les deux caricaturistes les plus prisés . Aujourd’hui, la figure emblématique de la satire est sans conteste le dessinateur ODIA. Omar Diakité à l’état-civil, dépeint l’actualité comme personne et garde la flamme des glorieuses années du genre. Brillant élève, il est devenu caricaturiste en suivant sa passion. « Si je n’avais pas réussi le concours d’entrée à l’École Nationale des Beaux-arts, c’était mort pour ma carrière de dessinateur. J’allais peut-être devenir avocat» racontait-il en février 2020 à Oumar Fedior l’excellent reporter du Soleil dans une interview. Son regard décalé sur l’actualité politique, économique et sociale du Sénégal qu’il sert de façon quotidienne aux lecteurs de la Tribune, de façon hebdomadaire sur defuwaxu.com et régulièrement dans le P’tit railleur, est un chef-d’oeuvre. Rencontre avec Odia, le caricaturiste à la satire pénétrante
Kirinapost: Comment on t’appelle ? journaliste-caricaturiste ?
ODIA: Oui ou dessinateur de presse. L’appellation officielle est dessinateur de presse.
Kirinapost: C’est quoi votre métier ? Faire tomber des personnalités ?
ODIA: Je ne fais tomber personne. Notre travail ne consiste pas à faire tomber des personnes. On caricature des personnes prises en faute. C’est une autre façon de traiter l’actualité. Un regard toujours plus critique et moqueur sur le monde.
Kirinapost: Vous rendez sympathiques ces personnalités ?
ODIA:On tire sur les traits de caractères mais il y a toujours un fond de réalité. Je te donne deux exemples : Il y a un célèbre avocat qui fait rire tout le monde et un chanteur habitant Rufisque qui parle à tout-va. Nous ne faisons que grossir les traits. Ça ne les rend pas sympathiques pour autant… au contraire.
Kirinapost: Est-ce qu’on t’a déjà empêché de travailler ?
ODIA: Non jusqu’ici je suis un homme libre. La liberté d’expression est fondamentale. Je n’ai jamais fait l’objet de menace pourtant je suis dans le circuit depuis une trentaine d’année mais peut-être que si ça m’arrivait cela serait une bonne chose pour faire la promotion du dessin et de la satire. (Rires)
Kirinapost: Peut-on tout caricaturer ?
ODIA: On peut tout caricaturer. On peut rire de tout. Seulement il y a une façon de le faire. Par exemple, il faut respecter la foi et la culture des gens. La foi est l’aspect le plus important chez le croyant. Il est important de savoir respecter la croyance des autres surtout quand on ne maitrise pas les tenants et les aboutissants de cette foi… quand on connait pas de quoi ça retourne. Dans ce cadre, il y a les modérés et les radicaux… Suis mon regard…
Diary Sow est finalement revenue. Les uns et les autres devons-nous garder d’ouvrir un procès contre elle, avec des procureurs féroces, tentant de convaincre des juges peu indulgents à la conduire devant l’échafaud
« Comme réfléchir est difficile, on juge », Carl Jung
Dieu soit loué. Heureusement, Diary Sow nous est revenue sans aucun dommage sur son corps. Nul ne sait encore ce qui se passe ou se passera dans la tête de cette frêle et jeune fille. Les blessures internes exacerbées par notre jugement peuvent s’avérer pourtant plus dévastatrices pour cette fille. Gardons tous à l’esprit que celle-ci a été fragilisée par le décès trop prématuré d’un père dont la présence à ses côtés et dans la famille était plus qu’indispensable. Un parent pour qui elle nourrissait certainement comme toute autre fils/fille, les plus folles ambitions. Aussi, les uns et les autres, devons-nous garder d’ouvrir un procès contre elle, avec des procureurs féroces, tentant de convaincre des juges peu indulgents à la conduire devant l’échafaud. Rappelons les propos du journaliste Madiambal Diagne dans son excellent texte qu’il a intitulé : « Reviens Diary, tu as ta place parmi nous », au moment où tout un pays était encore terriblement angoissé par la disparition de la jeune fille. Je le cite : « Vraisemblablement, Diary Sow n’a pas fui pour une raison qui entacherait sa réputation de bonne fille ou pour se sauver d’un mariage forcé. Il est possible qu’elle ait tout simplement flippé comme cela arrive à beaucoup de jeunes de son âge, en proie à des doutes, des incertitudes, des angoisses, à la peur d’échouer, à la phobie de décevoir son monde. On a beaucoup trop demandé à cette pauvre fille. Elève « brillantissime », meilleure élève du Sénégal deux années de suite (2018-2019), et admise au Baccalauréat avec la meilleure mention. Elle était devenue (à son corps défendant ?) la mascotte de son pays (…) Sa vie devenait une success story ».
Trop lourd à porter, pour une enfant d’à peine de vingt ans. Aucun (e) adulte parmi nous, en âge d’être le géniteur ou la génitrice de cette fille, n’aurait jugé aussi sévèrement Diary Sow, comme certains ont pu le faire et l’auraient surtout pas fait si leur propre enfant avait été placé par les mêmes circonstances dans la même posture que Diary Sow. Je me demande pourquoi autant de manque d’indulgence et de compassion de la part de ces censeurs, les mêmes qui, souvent, se laissent aller à des jugements trop sentencieux, des condamnations aussi catégoriques, d’où suintent parfois des relents manifestes de malveillance. Et toute cette malveillance semble être le reflet de mauvais sentiments, a priori entretenus sur des personnes qui ne connaissent même pas les gens qu’ils jugent. Et encore moins les faits sur lesquels elles se prononcent. Les sentences généralement vite prononcées ne sont nullement le résultat d’une analyse factuelle rigoureuse menée sans émotion et avec beaucoup distance, par rapport aux personnes incriminées.
Aujourd’hui c’est la jeune étudiante qui est visée avec parfois une sévérité que l’on explique difficilement. Je ne pouvais me résoudre à l’idée d’une issue fatale. Diary est effectivement revenue, comme l’en suppliait la nation. Quel soulagement, quand ce mercredi 20 janvier 2021, le parrain de l’étudiante, le ministre Serigne Mbaye Thiam, a informé le Conseil des ministres, avoir reçu une adresse de Diary Sow dans laquelle cette dernière l’a rassuré. Mon bonheur a été indicible, quand Serigne Mbaye Thiam me fit l’amitié de m’informer dans la nuit du samedi soir, 20 janvier 2021, qu’il venait de retrouver Diary Sow à Bruxelles. Serigne Mbaye Thiam sait à quel point je suis attaché à cette jeune fille, et encore plus depuis que j’ai eu l’avantage de présider la cérémonie de dédicace de son premier roman. Cérémonie au cours de laquelle elle semblait avertir, quand elle dit : « c’'est très important pour moi de raconter les gens tels qu'ils sont, de ne pas se limiter à la surface. Je me dis qu'il n'y a pas d'ange, pas de démon. Tout le monde a des zones d'ombre, tout le monde a un masque qu'il porte selon les circonstances ». J’avoue que quand j’ai lu les écrits publiés par Serigne Mbaye Thiam par la jeune fille et dans lequel le ministre livre quelques détails, pour expliquer les raisons de sa disparition, j’ai cru avoir retrouvé dans les mots l’auteure du livre « Sous le visage d’un ange », dans lequel Diary Sow a réussi à narrer une très belle histoire, la vie tragique de son héroïne Allyn. Celle-ci ne reflète pas, loin s’en faut, la vie de Diary, mais elle peut informer sur la sensibilité de son être en lisant la lettre assez tourmentée qu’elle a envoyée à son parrain. Elle dit quelque part qu’elle n’est pas partie pour fuir à cause de la pression, encore moins par un doute sur ses capacités. Elle précise également qu’elle n’a pas disjoncté et qu’elle n’a pas non plus disparu pour suivre avec une passion amoureuse, comme suggéré par certains de ses compatriotes. Sur ce dernier point, elle aurait, je pense, assumé avec pudeur, certes, mais sans aucune honte, je crois, toute relation amoureuse. Tout indique à croire, si on en juge par son écriture sensible et sensuelle ; quand elle narre dans son roman les frasques amoureuses d’Allyn son personnage principal. Personnage très énigmatique, ambitieuse, avec une soif inextinguible de liberté à qui Diary Sow semble très attachée, voire entichée, n’est pas elle. Certes ! Seulement, cette héroïne, Allyn, permet tout de même de lire dans l’état d’esprit.
Lire à travers Allyn l’état d’esprit de Diary Sow, dis-je. Sans chercher des similitudes ou des ressemblances entre le personnage principal du roman Allyn et Diary Sow, on peut tout de même noter que l’idée de partir, disparaître, a peut-être longtemps cheminé en cette fille, avant même son entrée au lycée préparatoire. La disparition de Diary Sow et l'histoire racontée dans son roman sur Allyn qui a disparu deux fois dans le texte de l’auteure, suggère une curieuse coïncidence (fortuite ?) Allyn laisse entendre : "je veux fouler aux pieds tous les interdits, sortir des sentiers battus, refuser toutes ces règles convenues pour que rien ne bouge jamais. Je veux vivre sans contrainte aucune. Après n'avoir connu que le côté regrettable de la vie l'heure est venue pour moi de jouir. (…) à mon tour. Quels que soient les sacrifices que cela implique". Je ne crois pas que ce soit osé de faire une telle lecture à partir du jeu qu’elle fait jouer à Allyn qui reste sur le départ à toutes les étapes de son existence dans le roman. Dans sa lettre à l’allure tourmentée, pensent certains, envoyée à son parrain, Diary Sow lui explique : " être partie librement, et décrit sa disparition comme une sorte de répit salutaire dans sa vie, une petite pause, pour retrouver ses esprits". Les mots de la jeune fille sonnent comme un écho aux propos ci-après du philosophe du moyen âge, Sénèque rapportés par Denis Dambre dans un article publié le 14 janvier 2011 : « pour trouver la tranquillité de l'âme », le philosophe stoïcien Sénèque conseillait à l'un de ses disciples, Serenus, d'alterner la solitude et la vie de société et écrit à cet effet : "Il faut d'ailleurs se replier beaucoup sur soi-même. (...) Mêlons toutefois les deux choses : alternons la solitude et le monde. La solitude nous fera désirer la société, la société nous ramènera à nous-mêmes ; elles se serviront d'antidote l'une à l'autre, la solitude guérissant notre horreur de la foule, et la foule notre dégoût de la solitude." L’intertextualité qui structure son premier roman, le mouvement continu qu’elle opère dans sa belle écriture entre les pensées philosophique et littéraire, le mouvement constant que fait la brillantissime Diary Sow entre ces deux pôles de savoir ne laisse aucun doute quant à ses fréquentations dans ses lectures. Sa disparition n’est-elle pas une oreille attentive prêtée à Sénèque et à ses recommandations aux sages ? Et, le même Sénèque, d’ajouter à l’endroit de son cher ami Lucilius : « Ton corps, objet rongé par le temps, doit supporter sa solitude sans toi, ton esprit quant à lui doit entamer sa relation la plus intime avec toi, de sorte que tu ne seras jamais seul puisqu’il fréquentera les sages ».
A son âge il ne fait aucun doute que Diary Sow avait déjà commencé à fréquenter les sages, dont il est question ici, depuis le lycée même. Elle était dans leur environnement, avant de les côtoyer au Lycée Louis le Grand, avec des risques : la fatigue, la lassitude, voire le surmenage, même si la jeune fille tente de nous rassurer, de ce point de vue. Le risque était pourtant bien réel. Et face à tout cela, prions ensemble, après l’heureux retour de la jeune fille, pour que l’idée suggérant que la tragédie soit le destin naturel des génies soit démentie.
De grâce, gardons-nous d’envoyer cette fille qui n’est ni « ange », ni « démon » à l’échafaud ! Faisons l’effort de contredire Carl Jung…
par Hamidou Anne
DE LA HAUTEUR DANS LE DÉBAT PUBLIC
La pratique politique au Sénégal tend à s’éloigner du modèle légué par nos pères fondateurs pour verser dans une forme de société du spectacle, où le buzz s’érige en norme
Senghor me dénigre à la télé est le titre d’un article de Cheikh Anta Diop dans sa revue Taxaw en 1978. L’universitaire y répondait au poète en jugeant «nocif» le concept de négritude. Après une longue argumentation, il s’en est même pris à l’intégrité intellectuelle de Senghor en l’accusant d’avoir tour à tour plagié Diori, La Pira, Camus, Ousmane Socé, Césaire, André Blanchet et Gaston Deferre. Quand l’Afrique était dans une longue nuit en matière de démocratie et de liberté d’expression, le Sénégal était ainsi le théâtre de joutes intellectuelles entre le président de la République et un de ses principaux opposants.
La dimension des deux hommes – sommités intellectuelles déguisées en hommes politiques – y était pour beaucoup. Mais il y avait aussi quelque chose que le Sénégal montrait au continent, une forme de raffinement et de sophistication de la pratique politique.
Senghor, Mamadou Dia, Cheikh Anta Diop, Majmouth Diop ont fécondé toute une génération de militants dont on peut récuser la pertinence des idées, mais qu’on prend difficilement à défaut dans la préservation de notre tradition de débat public de qualité basé sur la conviction, la rigueur de l’argumentaire, la courtoisie et l’élégance. La politique est le lieu du verbe ciselé dans la conviction et l’élégance. Ce verbe peut être vif, virulent voire violent, mais devrait préserver un respect nécessaire vis-à-vis de l’adversaire qui est d’abord un concitoyen doté d’un avis contraire.
Il est devenu récurrent d’observer des personnalités qui s’insultent, s’accusent, se vilipendent avec la complicité d’une presse aujourd’hui arbitre des inélégances.
Ces pratiques devenues quotidiennes risquent de discréditer davantage notre classe politique qui renvoie déjà une image désastreuse. Les attaques ad hominem succèdent aux accusations, à l’injure, au dénigrement, à l’outrance, rendant pénible la consultation de la presse, surtout en ligne.
La pratique politique au Sénégal tend à s’éloigner du modèle légué par nos Pères fondateurs pour verser dans une forme de société du spectacle, où le buzz s’érige en norme. Les adhésions deviennent aussi fugaces que les ruptures se font brutales, montrant que la conviction et la dimension principielle deviennent rares.
La République est une chose trop sérieuse pour être confiée à des rustres. Gouverner donne le droit d’échouer, de faillir et de décevoir certes, mais l’action publique ne devrait autant que faire se peut se départir de l’exemplarité.
Avoir le privilège et l’honneur de servir notre pays appelle de ceux-là «en charge» une éthique de conduite, une tenue et une retenue. L’époque est à la montée rapide à des sphères hautes de décision parfois sans crédit académique certain ni expérience probante. C’est le miracle universel de la politique. Mais ce miracle empêche le culte de l’Etat de se sédimenter, de s’inscrire dans l’action quotidienne des «nouveaux managers». Il faut y ajouter une incompétence frappante qui rappelle cette phrase de Jaurès qui, s’adressant à Justin de Selves, ministre des Affaires étrangères sous la 3ème République française, lui dit : «Vous êtes, Monsieur, d’une ignorance encyclopédique.» Selon la légende, De Selves avait si peu fait preuve de capacité à son poste qu’il fut surnommé «le ministre étranger aux Affaires».
Cette même éthique est attendue de ceux dans l’opposition qui aspirent à nous gouverner. Nous avons bâti un Etat qui a connu de nombreux soubresauts, dont certains tragiques : la Casamance, les événements de 1988 et 1993, etc. Mais des hommes et des femmes, majorité comme opposition, ont su un moment surpasser la vulgarité quotidienne pour mettre les intérêts stratégiques du Sénégal en avant. Ils n’étaient peut-être pas plus vertueux que les membres de la classe politique actuelle, mais ils avaient assurément une tenue et une haute idée de notre pays que ces derniers n’ont pas.
Il faut se méfier des gens dont le quotidien est de divulguer, de déballer, de révéler, souvent pour satisfaire la base électorale des éternels indignés du web, dont ils deviennent «à l’insu de leur plein gré» des bêtes de foire censées distraire jusqu’au prochain «scandale». L’exercice de l’Etat est si grave qu’il requiert de la hauteur et une capacité de silence même dans la douleur.
35 CAS POSITIFS ENREGISTRÉS À KAOLACK
A ce jour, la région de Kaolack a comptabilisé 970 cas positifs de Covid-19 dont 462 guéris et 52 décès, selon la région médicale.
Kaolack, 26 jan (APS) – Les autorités sanitaires de la région de Kaolack (centre) ont rapporté, ce mardi, 35 nouveaux cas de coronavirus dont 29 cas issus de la transmission communautaire.
’’Au cours des dernières 24 heures, la région de Kaolack a enregistré 35 nouveaux cas positifs de coronavirus dont 29 issus tous de la transmission communautaire’’, indique notamment région médicale dans un communiqué reçu à l’APS.
La même source annonce la guérison de 16 patients.
A ce jour, la région de Kaolack a comptabilisé 970 cas positifs de Covid-19 dont 462 guéris et 52 décès, selon la région médicale.
DES EXPERTS PROPOSENT HUIT MESURES POUR ÉRADIQUER LA COVID-19
L’économiste Moubarack Lô, directeur général du Bureau de prospective économique (BPE), et Amaye Sy, expert senior de la même structure, ont proposé ‘’huit mesures’’ aux autorités sénégalaises
Dakar, 26 jan (APS) – L’économiste Moubarack Lô, directeur général du Bureau de prospective économique (BPE), et Amaye Sy, expert senior de la même structure, ont proposé ‘’huit mesures’’ aux autorités sénégalaises, dont la ‘’remobilisation des communautés’’, pour éradiquer la pandémie de Covid-19, a appris l’APS, mardi à Dakar.
Le BPE est une structure rattachée au secrétariat général du gouvernement. Moubarack Lô et son collègue Amaye Sy estiment qu’au Sénégal, ‘’l’analyse de la [pandémie de] Covid-19 permet de faire trois constats, d’affirmer une certitude, de relever deux dilemmes et de proposer huit mesures (…) susceptibles d’endiguer la progression’’ de la maladie.
‘’Covid-19 : quelles nouvelles options pour le Sénégal ?’’ est le titre du document contenant les propositions des deux experts, dont l’APS a obtenu copie.
Moubarack Lô et Amaye Sy recommandent aux autorités sénégalaises une ‘’remobilisation des communautés’’, comme l’a fait le gouvernement, tiennent-ils à rappeler, pendant les mois d’avril, mai et juin 2020.
Ils proposent également de ‘’promouvoir activement’’ le port du masque jetable en réduisant son prix à 50 francs CFA l’unité, en pharmacie. Le masque lavable peut être à 300 l’unité, selon les deux experts.
Ils conseillent aux autorités gouvernementales de faire bon usage du couvre-feu en ciblant des départements à confiner au lieu de mettre sous cloche des régions entières. Aussi les autorités doivent-elles choisir les départements à confiner sur la base d’‘’indicateurs objectivement vérifiables’’.
Moubarack Lo et Amaye Sy suggèrent également la vulgarisation des tests rapides de Covid-19, en plus d’une baisse de leur coût. La même proposition est faite également pour les tests sérologiques.
‘’Il vaut mieux avoir un nombre élevé de cas détectés très vite, dont beaucoup d’asymptomatiques, qu’un [petit] nombre de tests, avec de nombreux cas graves et des décès’’, soulignent les experts du Bureau de prospective économique.
Ils invitent le gouvernement à une meilleure gestion des cas importés de Covid-19, par un autoconfinement systématique des personnes concernées, dans la semaine suivant leur arrivée au Sénégal.
Les centres de traitement des épidémies doivent être bien équipés et en grand nombre, pour une meilleure prise en charge des cas graves notamment, selon Moubarack Lô et Amaye Sy.
‘’Il est important d’améliorer la prise en charge à domicile et de dérouler une stratégie prudente et progressive de vaccination, pour mieux apprendre de l’expérience internationale’’, conseillent-ils aux autorités.
Le premier cas de Covid-19 au Sénégal a été détecté le 2 mars 2020. Neuf mois et demi plus tard, le 21 janvier 2021, 24.993 cas, dont 20.681 guéris et 582 décès, ont été déclarés, rappellent les experts, estimant que la ‘’hausse subite’’ du nombre de cas graves et de décès causés par le Covid-19 est ce qu’il y a de plus inquiétant depuis le début de 2021.
Un autre constat ‘’plus rassurant’’ que les autres : le taux de guérison est ‘’continuellement’’ élevé au Sénégal, selon eux. Les personnes guéries représentent ‘’près de 83 %’’ de l’effectif global des cas de Covid-19, indiquent sur la base du bilan publié lundi 25 janvier.
Ils estiment que le pays doit cette performance à l’application de bons protocoles par son corps médical. Le Sénégal, comme la plupart des pays africains, a développé une forte résilience au Covid-19, selon les auteurs de l’étude.
L’Afrique représente environ 18 % de la population mondiale et concentre environ 2,5 % des décès causés par la maladie à coronavirus dans le monde, malgré la faiblesse des infrastructures de santé dans de nombreux pays africains, selon Moubarack Lô et Amaye Sy.
ÉTUDE SUR L’AUGMENTATION DES DÉCÈS ET LA FLAMBÉE DE CONTAMINATIONS CHEZ LES + 60 ANS
Relativement préservé comme de nombreux États africains, le Sénégal fait face à une deuxième vague beaucoup plus virulente et meurtrière et ce, depuis novembre dernier. Pourquoi cette flambée des décès ?
Relativement préservé comme de nombreux États africains, le Sénégal fait face à une deuxième vague beaucoup plus virulente et meurtrière et ce, depuis novembre dernier. Pourquoi cette flambée des décès ? Thierno Dieng, statisticien, apporte des éléments de réponse. Son étude réalisée à partir des données officielles publiées explique comment la tranche d’âge la plus touchée par les contaminations est passée de 20-50 ans, à 60 ans et plus. Pour ces personnes, les complications sont souvent fatales.
Ainsi, il va au-delà des éléments concernant le retard à la consultation, la persistance de la stigmatisation, et la surcharge des services de réanimation. Là aussi, relève-t-il, "la charge moyenne de cas graves a baissé. Elle est plus faible qu’au mois d’août, en ce moment-là, on était à plus de 57 cas. Aujourd’hui, peut-être que c’est dû à ce que les malades meurent plus rapidement. Les dernières semaines on était autour de 37. Donc là attention quand les décès passent à 57 dans les dernières semaines, cela veut dire qu’il y a une inversion et il faut l’expliquer."
Poursuivant, le Statisticien ajoute : "C’est ça qui a fait qu’on s’est dit qu’il y a autre chose, qu’on devrait voir. J’ai la chance de suivre cette épidémie depuis le début et j’ai travaillé avec des spécialistes. Et c’est sur cette base que je me suis dit qu’est-ce qui pourrait être les autres possibilités de manière directe ou indirecte, toujours en nous basant sur les données nationales fournies par le ministère, à travers les communiqués quotidiens par la Direction de la Prévention, et le rapport fourni par le Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS). On se retrouve avec une situation qui change si on voit la répartition par âge, et par sexe. On voit qu’au début de l’épidémie, c’est très clair qu’il y avait la tranche d’âge de 20 à 50 ans, qui était la plus touchée. On savait que cette tranche d’âge coïncidait avec les personnes actives économiquement.
Mais on a vu qu’au fur et à mesure, les autres tranches d’âge principalement les personnes âgées, leur proportion augmentait au fur et à mesure, dans la répartition des cas. Cela fait voir justement après entre les mois de novembre et de décembre. On s’est retrouvé avec une tranche d’âge qui a subitement changé la figure de l’épidémie, avec la tranche d’âge des 60 ans et plus, devenant la plus touchée."
"À partir du mois de décembre, il y a eu un bouleversement, renchérit-il. Et là, ce qu’on a constaté, c’est que le bouleversement a coïncidé avec cette inflation de cas mais surtout avec cette flambée de décès. Cette tendance se maintient. Sur trois semaines, on a vu que ce basculement s’est opéré et a même tendance à s’accentuer."
Par ailleurs, les contaminations touchent plus les hommes que les femmes. Parmi les sources de contaminations les plus probables, les rassemblements religieux sont retenus, le traitement à domicile, et l’école. "On doit aller plus loin, et à partir de ce moment-là, c’est de prendre les bonnes décisions parce que nous devons apprendre vite et retenir les leçons", clôt Thierno Dieng.
PAR cisse abdou
LA DÉESSE DE L’INFLATION EST-ELLE TOUJOURS VIVANTE ?
Il est temps que la zone CFA s’écarte des croyances économiques religieuses des occidentaux pour revenir dans un espace économique réel et bâtir son propre modèle
La déesse de l’inflation est-elle toujours vivante ? Ses prêtres sont-ils encore actifs ? La politique monétaire post Covid en zone CFA peut-elle continuer à cibler l’inflation ? Inflation et croissance : variable (s) ou paramètre d’un modèle économique au sens occidental ?
Entre les mesures et l’espace économique à mesurer, qui fait défaut ?
Les experts du groupe CISCO²NSULTING-SOLVISEO libèrent le génie africain pour répondre à toutes ces questions.
Bonne et heureuse année 2021. Une année bienvenue, où les enfants d’Afrique auront besoin d’une touche markovienne pour se projeter dans le temps, tenant compte d’une année 2020 marquée par l’implosion de la pensée économique occidentale dans toutes ses composantes dimensionnelles, à travers la sacrosainte Croissance et surtout l’Inflation inscrite au panthéon des politiques monétaires durant près d’un demi-siècle. En respectant un temps d’arrêt à la revue de presse de l’année 2020, on peut se rendre compte que certains économistes occidentaux ont perdu leur boussole. On y entend tout et son contraire : «
On sait qu’on doit changer de modèle, mais on ne sait pas comment faire
Il faudra un modèle moins exposé aux risques de crises financières
La pandémie a bousculé les raisonnements économiques ; les lois macroéconomiques ne fonctionnent plus ; les règles de Taylor et courbe de Philippe ne se vérifient plus
La création monétaire massive ne crée plus d’inflation
L’inflation c’est la hausse des prix à la consommation
L’inflation c’est la hausse de la masse monétaire
Le journalisme économique est empêtré dans les conflits d’intérêt, à l’image de la guerre entre économistes orthodoxes et hétérodoxes
Les modèles que les néoclassiques utilisent pour comprendre et prédire les fluctuations économiques sont hors sujet, hors-sol et dans certains de ces modèles, les banques, la monnaie et la dette publique n’existent pas………. ».
Dans le jargon africain, cette longue liste complétée en annexe (*), serait interprétée comme le diable qui se dénie.
Les plus importantes banques centrales occidentales comme la Réserve Fédérale Américaine (FED) et la Banque Centrale Européenne (BCE) ont clairement spécifié en 2020 que l’inflation ne constitue plus une cible pour leurs futures politiques monétaires.
Modèle Economique
Toute la revue de presse 2020 (détaillée en annexe) se résume en une phrase déterminante : ‘On sait qu’on doit changer de modèle, mais on ne sait pas comment faire’. Les économistes occidentaux ont souvent bâti des modèles à partir de la croissance et de l’inflation. En référence à la science mathématique (reine des sciences, seule science enseignée identiquement depuis deux siècles), un modèle peut être conçu comme le reflet d’un ensemble d’hypothèses parmi lesquelles il est nécessaire de distinguer les variables des paramètres. Au sens mathématique du terme, la croissance est le reflet d’une mesure ; il en est de même pour l’inflation. Rappelons brièvement le modèle universel du calcul des probabilités. Avant de définir l’application Probabilité (une mesure positive bornée), il a fallu d’abord définir l’espace dans lequel s’applique la mesure de probabilité, appelé espace probabilisable (le couple défini par un ensemble E non vide et l’ensemble des parties de E) ; un modèle de Probabilité est défini par la donnée d’un espace mesurable et d’une mesure de Probabilité. Selon la même logique, un modèle de croissance doit être défini par un Espace Economique Mesurable et une Mesure de Croissance ; identique pour un modèle d’inflation.
Un exemple simple : si vous présentez à un économiste de l’Occident un mètre ruban d’un couturier (qui fait en moyenne deux à trois mètres de longueur) en lui demandant de mesurer la distance entre Paris et Turin, il précisera certainement que l’instrument de mesure (le mètre ruban) n’est pas conforme à l’espace qu’il doit mesurer. Et il aura parfaitement raison.
Avant 1971, la croissance et l’inflation avaient un sens car l’espace économique mesuré au sens de la croissance ou de l’inflation n’était pas gangréné par l’industrie financière. Entre 1971 et 2020, cette industrie financière, à la base du modèle anglo-saxon, a progressivement détruit l’espace économique qui n’est plus conforme à ces mesures. Comme illustration, depuis dix années l’occident ne connait ni croissance ni inflation, mais le PIB mondial est de 90 000 milliards de dollars (ensemble des échanges commerciaux) alors que les échanges financiers représentent en moyenne un million de milliards de dollars. Comment, l’environnement occidental en est arrivé à un effondrement de ses fondamentaux économiques ? Comment expliquer la perte de repères de certains économistes occidentaux ? Répondre à toutes ces questions nécessite d’étudier de près l’Industrie Financière par ses deux composantes (système financier, culture financière) et par ses impacts sur la conception du modèle économique occidental.
Système Financier
Un système financier se définit comme l’ensemble des institutions financières qui accompagnent l’économie. Juste après l’arrêt brutal des accords de Bretton Woods en 1971, les Etats Unis avaient compris qu’il leur fallait stratégiquement détenir en partie toutes les entreprises florissantes en Europe pour maintenir leur domination économique mondiale. Ils ont ainsi créé de toutes pièces la monnaie unique européenne (l’euro) et contribué à la transformation du concept de système financier vers l’ensemble des institutions financières dont la matière première est la dette. Les Européens continentaux ont adopté cette conception et le vieux continent est devenu une zone d’incertitude monétaire. Depuis la mise en place de la monnaie unique européenne, à l’exception de l’Allemagne, aucun pays de la zone n’a retrouvé une croissance réelle du revenu disponible de ses citoyens ; l’inflation a aussi emprunté le même chemin.
Culture financière
Il est important de marquer les différences de cultures financières entre les anglo-saxons (États-Unis, Angleterre) et les peuples de la zone euro (France et Allemagne).
Un salarié anglo-saxon qui gagne 100 unités monétaires par mois, peut consacrer 95 au paiement de ses dettes, car il dispose d’une cinquantaine de cartes de crédit en revolving lui permettant de vivre tranquillement sans se soucier de ses dettes ; et à la naissance de son enfant, il lui achète des actions d’entreprises et le prépare à la prise de risque ; sans oublier sa conception de la valeur de marché (la valeur de marché des actifs détenus restera toujours supérieure au total des crédits en portefeuille).
Un salarié de la zone euro s’endette au maximum à 33% de ses revenus (particulièrement en France), car le système bancaire refuse d’aller au-delà ; et à la naissance de son enfant, il lui ouvre un compte d’épargne et le prépare à la notion de garantie.
Donc historiquement, la culture financière anglo-saxonne est marquée par le risque et le crédit, alors que celle des pays de l’Europe continentale est marquée par l’épargne et la garantie ; seulement, à partir des années 1970, les classes moyennes européennes sont progressivement enchaînées par le crédit immobilier et le découvert. Depuis les années 2000, la mutation de la zone euro vers la culture financière anglo-saxonne s’accélère. Les dérives de la monnaie unique, les projets de normes Bale 2-3, Solvabilité 2, Normes comptables internationales (IFRS) et particulièrement le projet de réforme des retraites en France sont de réelles illustrations de cette réorientation culturelle financière. Les élites de l’Europe sont en train d’accepter progressivement ‘d’anglo-saxoniser’ leur peuple en leur demandant de sortir de leur culture d’épargne et de garantie pour migrer vers le risque financier et la culture du crédit. Les crises et les transitions qu’ils traversent continueront tant qu’ils achètent et vendent les mêmes produits financiers sur les mêmes marchés.
Qu’en est-il de notre culture financière en Afrique subsaharienne, où la plupart des travailleurs tirent leur revenu du secteur informel ? A la naissance d’un enfant, les parents organisent un baptême, reçoivent de l’argent de leurs proches sous forme de solidarité et engendre des dépenses sans limite. Notre culture financière, marquée par la solidarité et la dépense, est donc complètement différente de celle des européens (la France en particulier), alors que nous utilisons les mêmes véhicules financiers depuis les indépendances ; il est ainsi normal que nous soyons encore dans la situation économique que nous vivons.
L’Industrie Financière, arme de destruction massive de l’Espace Economique Occidental
Entre 1971 et les années 80, les pays anglo-saxons ont profité de la fin des accords de Bretton Woods pour instaurer progressivement l’industrie de la finance en zone euro, et surtout imposer le modèle néolibéral dans le monde des affaires. Ce travail a été réalisé par le biais de leur système financier et de leur culture financière. Avec la libéralisation des marchés financiers, le régime de change flexible adopté par certains pays a créé des incertitudes économiques que le monde des assurances classiques ne pouvait pas couvrir. Le monde financier commença ainsi à proposer des couvertures sur le risque de change, par des actifs dérivés qui sont exactement des contrats d’assurance échangés dans un univers où la tarification et le provisionnement ne sont contrôlés par aucune autorité compétente : l’univers des acteurs de l’industrie financière. Après des produits dérivés sur les obligations et les actions, la spéculation s’est enchainée ; le monde financier est passé aux produits dérivés sur des dérivés, aux dérivés sur la météo pour couvrir les stations de ski, aux dérivés sur la faillite des Etats (Grèce) et même aux dérivés sur le Covid-19 (Pandémie Bonds émis par la Banque Mondiale en juin 2017). Les banques commerciales ayant découvert que ce type d’activité spéculative sur les marchés était plus rentable que le financement des activités économiques réelles, ont fusionné leur activité traditionnelle (dépôt et crédit) avec l’activité de marché. Il s’en est suivi une forme d’occidentalisation des produits financiers comme les CDO, MBS et CDS (**) qui a rendu systémiques des banques comme le Crédit Agricole, la Société Générale, la BNP ou la Deutsche Bank. Leurs pertes du volet spéculatif se compensent toujours avec l’activité de dépôt et crédit, raison de la demande récurrente de séparer les deux activités. La taille de bilan des grandes banques européennes avoisinant le produit intérieur brut d’un Etat, à l’exemple de la BNP et la France, le monde de la finance dispose aujourd’hui d’un pouvoir de chantage sur les gouvernements et domine la sphère politique et économique. Ce processus s’est accéléré et l’absence d’autorité de contrôle des opérations d’assurance dans la sphère financière a conduit à la crise de 2007-2008 avec la faillite de Lehmann Brothers.
Ainsi, sur les dix dernières années, l’Occident est passé d'une économie de marché à une économie virtuelle de marché administré par les banques centrales et les Etats. Et tout passe dans cette administration : dettes souveraines, dettes d’entreprises et même le cours des actions récemment. Le mécanisme est simple : chaque fois que les bourses s’orientent à la baisse, les acteurs des marchés financiers exécutent l’option de vente (Put gratuit pour les marchés) qu’ils détiennent de leur contrepartie (les banques centrales). Ces derniers sont ainsi dans l’obligation d’injecter de la liquidité et de racheter des titres si cela ne suffit pas. Ceci rappelle l’époque où les taux longs japonais (10-30 ans) étaient tombés à 1% et que les traders occidentaux, qui avaient misé sur une hausse future, s’étaient plantés pendant près d’une décennie, faute d’avoir compris que les taux japonais de l’époque n’étaient plus des taux de marché, mais des taux administrés par la Banque du Japon. Et c’est là où se situe le piège tendu par le modèle anglo-saxon à la zone euro ; en effet, les Fonds de retraite des contribuables américains étant intégralement investis en bourse, la FED ne laissera jamais ses cours de bourse baisser en continu au risque de faire exploser l’économie des Etats Unis. Or l’euro n’étant qu’une dérivée du dollar, toute injection de liquidités de la FED se traduit aussitôt par une injection de liquidités de la BCE. Ainsi, depuis la crise de 2008, les Etats Unis ont entraîné les pays de la zone euro dans le même sillage boursier et dans les mêmes mécanismes de politiques monétaires (2015) et budgétaires (2019). En rachetant les dettes des Etats comme un assureur qui règle des sinistres de marché, la BCE assure ainsi la solvabilité des banques et des Etats en créant un contexte financier qui fausse complètement la structure à terme des taux d’intérêt. Depuis la hausse du taux des années 2011 sous Jean-Claude Trichet, la croissance et l’inflation ont complètement disparu en zone euro ; pour rappel, le taux d’emprunt d’Etat portugais de maturité dix ans était autour de 16 % en 2011, de 1,5 % en 2017 et se retrouve négatif aujourd’hui. La zone euro se retrouve plongée dans un univers de dettes souveraines et de services de dettes qui n’inquiètent plus les Etats emprunteurs (taux d’emprunt d’Etat durablement nuls ou négatifs) ; un univers de hausse démesurée de la dépense des Etats européens qui détruit progressivement la croissance au sens du PIB. Depuis l’arrêt des accords de Breton Woods, la croissance et l’inflation s’effondrent progressivement en Occident ; à l’image de la FED, la BCE s’entête depuis la crise de 2008 à vouloir acheter de la croissance par la dette en ciblant un niveau d’inflation. Seulement, une mesure convenable de la croissance aujourd’hui nécessite une capacité de quantifier la productivité d’un smartphone ou celle d’un e-mail.
En résumé, l’Industrie Financière occidentale a créé un Espace Economique qui n’est plus conforme à une quantification de la croissance et de l’inflation. Le financier a pris le pas sur l’entreprenariat et le capitalisme est complètement détruit. Immergées dans l’industrie financière, les banques centrales occidentales à la fois en mutation et en crise, assistent comme des acteurs économiques en pseudo-banque, à la fabrique des nouvelles monnaies à travers l’innovation financière (la monnaie c’est exactement du crédit rendu liquide). Ainsi, les notions de monnaie et d’émission de monnaie ont complètement changé ; la Banque des Règlements Internationaux (BRI), banque centrale des banques centrales, a même reconnu qu’elle avait sous-estimé la masse monétaire des marchés financiers (à voir dans le catalogue de la BRI sur les erreurs des banques centrales).
Incapable de comprendre les rouages de l’industrie financière, les banques centrales sont sorties de leur rôle de pilotage des taux d’intérêt et de surveillance des banques commerciales, pour devenir des compagnies d’assurance et de réassurance des marchés financiers et des Etats. C’est cette industrie financière qui dépasse une bonne partie des économistes occidentaux et qui a contribué à casser leurs boussoles.
L’Occident doit se remettre en question et reconstruire ses bases financières et économiques conformément à ses réalités ; un pays comme la France doit sortir de la prison de ses économistes et journalistes économiques néoclassiques. Ces derniers doivent quitter le terrain de l’objectivisme pour revenir vers l’objectivité, sortir du comment pour retourner vers le pourquoi, distinguer mesure et calcul car la bijection entre les deux, souvent visible en physique, n’est pas évidente en économie. Ils doivent aussi aller à l’école de Galilée pour comprendre que personne ne sait ce qu’est le temps, et discourir de la nature du temps c’est perdre son temps ; ce qui est possible, c’est de savoir s’il est variable ou paramètre d’un modèle économique. De Kepler à Galilée en passant par d’autres hommes que l’histoire retiendra, on apprend que la puissance de la science physique vient précisément de ce qu’elle a su limiter ses ambitions aux seules questions qui sont mathématisables. C’est ce travail que certains économistes occidentaux ont très mal fait et que d’autres qui ne l’ont toujours pas fait devraient faire. Ce travail doit être réalisé en prenant le chemin de l’école de Paul Dirac afin d’apprendre à ne parler que pour dire des choses justifiées ; apprendre à comprendre que prédire ce n’est pas expliquer, que le peuple n’attend pas d’eux une prédiction de l’avenir mais plutôt l’explication de la situation économique actuelle et les moyens de l’améliorer. Avec des modélisateurs, des ingénieurs, des financiers et des météorologues, certains économistes néoclassiques ont participé à l’instrumentalisation, la récupération et le détournement de la science mathématique. Mais cette science est, et restera la reine des sciences qui s’applique correctement à la science physique et non à la biologie ; si elle doit s’appliquer à l’économie, ce sera certainement par le raisonnement et surtout la logique sur laquelle aucune concession ne peut être faite. En acceptant au 19ième siècle que Napoléon était un évènement qu’il ne pouvait pas prévoir, Ricardo interprétait juste un scénario de catastrophe économique ; l’année 2020 a révélé pire. Si les économistes de l’Occident sont globalement en accord de devoir saisir l’essence des concepts économiques par l’essence des mathématiques, nos économistes du continent noir doivent prendre conscience des erreurs de leurs collègues pour réformer l’école de la pensée économie africaine. Une réforme qui passera certainement par le combat qui appelle tous nos confrères africains à quitter l’économie standardisée et linéarisée pour migrer vers une économie de la perception de l’espace de nos réalités.
La politique monétaire post Covid en zone CFA peut-elle continuer à cibler l’inflation ?
La monnaie est au cœur d’un modèle économique ; elle constitue avec l’Etat (Nation) les deux faces d’une même pièce ; la preuve encore que l’Europe n’est ni Etat ni union d’Etats, que la Chine est un Etat-Continent, et que la zone CFA doit en tirer toutes les leçons pour se projeter dans le futur.
Cibler l’inflation en lieu et place de la croissance nominale, n’est-ce pas l’erreur monumentale de la zone euro qui l’a installée dans la déflation depuis 2015 et le fait converger vers un Japon bis (où le contexte économique est complètement différent suite au quasi-plein emploi) ?
Comme en 2020 l’Occident a avoué devoir changer de projet de société, notre conception des agrégats économiques héritée peut-elle perdurer ? Comme en 2020 il a été exposé clairement que l’Occident ne réfléchit plus par la cible Inflation, la politique monétaire post Covid en zone CFA peut-elle rester invariante ? En rappelant que depuis 2010 notre coopération avec la France impose à nos banquiers centraux d’Afrique subsaharienne de cibler l’inflation, j’en profite pour rappeler ma conception du mot que j’avais exposée dans un article en 2017 (***) : l’inflation est un phénomène monétaire. Un retour sur les évènements des 50 dernières années illustre très bien qu’elle a toujours pris sa source à la hausse de la masse monétaire et s’est traduite par le changement des prix relatif entre la monnaie et d’autres actifs ; cette hausse de la masse monétaire a toujours eu des effets sur les prix relatifs et non sur les prix absolus.
La grande inflation des années 70 était issue d’une hausse de la quantité de dollars qui avaient inondé l’Occident, suite à l’arrêt de sa convertibilité en or (fin des accords de Bretton Woods) ; à la perte de valeur de la monnaie impériale, les Etats Unis choisirent la solution par la rareté de l’or noir (guerre du Kippour 1973, embargo des pays arabes contre les pays occidentaux, envolée des prix du pétrole de 400%). Comme le pétrole ne pouvait s’acheter qu’avec la monnaie impériale, la hausse de son prix avait entraîné partout la hausse des prix à la consommation (tout en permettant au dollar de s’apprécier).
La deuxième vague d’inflation est arrivée sous Ben Bernanke (la bulle monétaire qui cachait les ratios d’endettement sur fonds propres des banques américaines émettrices des crédits ‘Subprime’) ; cette hausse de la masse monétaire avait entraîné une hausse de l’immobilier, suivie d’une hausse de valeurs boursières (prix des actifs financiers) qui s’était traduite par les crises financière et économique de 2008.
La troisième vague de l’inflation est en cours car en 2020, les assouplissements monétaires quantitatifs et les monétisations de la Covid-19 ont mis tous les clignotants au rouge ; la question est de savoir contre quoi les monnaies occidentales changeront leur prix relatif. Certainement les taux de change car l’euro et le dollar n’ont plus de fonction de devise face à la Chine et ses alliés asiatiques et pacifiques qui n’ont pas monétisé la Covid-19. Les monnaies occidentales risquent de chuter en taux de change et non en prix de détail de l’économie réelle.
Ainsi la hausse d’une masse monétaire ne se traduit pas toujours par la hausse des prix à la consommation et l’inflation relève d’une dimension multiple (domestique, importée, sous-jacente et l’inflation des mobilisations ou des biens à duration longue). Les injections de liquidité pour monétiser la Covid-19 se faisant en monnaie banque centrale (donc non circulante), n’impacteront certainement pas les prix à la consommation mais plutôt les actifs financiers, tant que les marchés et les Etats occidentaux seront sous couverture des banques centrales par le biais des taux bas et des rachats de dettes. Ces actions risquent de continuer jusqu’à la dépréciation des monnaies occidentales par rapport aux monnaies de la zone concurrente (Asie, Pacifique et Russie) ou leur écroulement. L’élément d’ajustement est le taux de change car si par malheur une zone tombe et qu’une autre rebondit alors le cours de la monnaie peut s’effondrer avec des effets d’inflation ; mais tant que les Etats Unis et l’Europe sont dans la même situation de galère monétaire, alors le risque est faible. C’est la raison pour laquelle l’Occident doit porter une attention à ce nouveau bloc concurrent dirigé par la Chine. Polémiquer autour d’une inflation disparue, qui ne reviendra plus, ou qui reviendra avec un cortège de problèmes, c’est simplement ne pas comprendre ce qu’est un modèle ; il fut un intervalle de temps dans l’histoire où la France avait près de 19% d’inflation des prix à la consommation au grand bonheur de ses enfants.
L’indice des prix à la consommation n’est pas un indice du coût de la vie, mais uniquement un indice de prix. Il ne reflète ni la réalité de ce que les peuples vivent au quotidien, ni l’évolution du pouvoir d’achat des ménages et quelle que soit l’espace économique en question.
La lutte contre l’inflation des prix à la consommation, créée de toutes pièces par l’oligarchie financière occidentale pour protéger ses biens, n’est pas et ne doit pas être un sujet dans la zone CFA post Covid-19 ; notre vrai sujet c’est le coût de la vie.
Conclusion
Les occidentaux acceptent la nécessité de repenser le rôle des banques centrales et de reconstruire un système financier ; nos banquiers centraux africains peuvent en profiter pour changer d’orientation. Il est temps que la zone CFA s’écarte des croyances économiques religieuses des occidentaux pour revenir dans un espace économique réel et bâtir son propre modèle.
Nous vivons dans un nouveau monde et l’économie financiarisée sur les cinquante dernières années a abouti en 2020 à une preuve que la zone franc CFA peut monétiser ses projets et accroître la dépense de ses Etats pour construire ses structures sans crainte d’une inflation des prix à la consommation et sans crainte d’une déstabilisation financière. Une monétisation intelligente (différente d’une planche à billets), basée sur la technique de circulation de la monnaie pour irriguer l’économie et non sur la quantité de monnaie. Nos banquiers centraux et nos Etats disposent de toutes les manettes pour régler les problèmes primaires de la zone CFA que sont la faim, la soif, l’hygiène, la protection sociale, l’éducation et les infrastructures. S’il existe dans ce monde une zone monétaire qui a réellement besoin d’une monétisation de ses projets, ce n’est pas la zone euro mais plutôt la zone CFA qui a toutes ses structures à construire. S’il existe dans ce monde une zone monétaire qui a réellement besoin d’une croissance de la dépense de ses États, ce n’est pas la zone euro mais plutôt la zone CFA dont la croissance au sens du PIB, supérieur à 5% en moyenne sur les six dernières années, n’a jamais contribué au développement de nos structures. La politique monétaire pratiquée en Occident depuis 2015 n’est pas appropriée à l’espace économique en question. Par contre, en l’utilisant avec intelligence et conformité à nos réalités africaines, elle peut être appropriée à l’espace économique de la zone franc CFA.
La solidarité est au cœur de la culture financière africaine et la seule discipline qui l’intègre c’est l’assurance. Raison de plus pour axer nos systèmes sociaux et financiers autour de l’assurance qui doit constituer le principal vecteur d’orientation de nos futurs projets africains, par sa double capacité à rassembler pour partager et partager pour progresser. L’assurance est à la croisée d’éléments fondamentaux de notre environnement (l’économie, la finance, la protection sociale) et leur interaction nécessite une solidarité nationale ; cette solidarité donne naissance au principe de la mutualisation qui est au cœur de toute forme d’émergence. Il nous faut juste libérer le génie africain pour construire notre propre modèle économique.
(*) Suite de la revue de presse occidentale 2020 :
«
Un monde sans croissance, c’est possible ; Nos problèmes relèvent de la mondialisation des chaines de valeurs
Le partage de la valeur ajoutée a été déformé au détriment des salariés
La bourse ne finance plus les entreprises
L’Occident n’a jamais eu autant besoin d’alternatives
Les économistes occidentaux ont plutôt besoin de science que d’opinion, plutôt besoin de réflexion que de prise de position
Le capitalisme se suicide, nous devons revoir en profondeur nos modèles ainsi que les indicateurs économiques pour qu’ils puissent répondre aux réalités de notre temps
L’économie étant une science sociale, il n’existe pas une seule vérité ; les économistes bidouilleurs ont un pied dans le système et un pied dehors
Les économistes veulent se donner un vernis de scientificité
Trop de variables entrent en jeu donc impossible de comprendre l’économie
Pour ne pas avoir à utiliser des mathématiques au-delà de leur niveau, ils s’en tiennent à des hypothèses restrictives, s’engagent parfois dans des raisonnements dictés par les conclusions qu’ils veulent atteindre en fonction de leurs objectifs politiques
Celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit fou, soit un économiste…… ».
(**) MBS : Titres adossés aux créances hypothécaires - CDO : Obligations représentant des dettes immobilières - CDS : Swap pour défaut de crédit (couverture).
Suite à la grande marche du nouveau monde orchestrée par la Chine autour de l’Asie, la Russie et le Pacifique, L’Afrique doit bâtir son propre plan Marshall
Cissé Abdou
GROUPE CISCO²NSULTING-SOLVISEO : Cabinet d’Affaires spécialisé en Actuariat-Finance
Remerciement à C. Mombo Baros, pour la relecture, les remarques et suggestions
AFFAIRE MBOUR 4 EXTENSION, UN DOSSIER LOIN D’ETRE CLASSE
L’affaire Mbour 4 Extension a tenu en haleine le Peuple sénégalais. Elle a démarré en 2006, mais a défrayé la chronique en 2014. Le problème est né d’un lotissement clandestin sur le site de la forêt classée de Thiès
L’affaire Mbour 4 Extension, qui a démarré en 2006, est la plus grande escroquerie foncière dans la ville de Thiès. L’équipe municipale d’alors avait morcelé de manière clandestine le site de la forêt classée de Thiès et remis des titres d’attribution illégaux aux bénéficiaires qui ont ensuite engagé des travaux de construction. Un scandale foncier qui a été révélé au grand jour en octobre 2014, suite à une première opération de démolition, ordonnée par l’équipe municipale de Thiès-Ouest fraîchement élue, pour l’érection d’un marché central aux poissons. Depuis, les quelques 2 500 pères de famille occupant ce site livrent un impitoyable combat pour leur régularisation.
L’affaire Mbour 4 Extension a tenu en haleine le Peuple sénégalais. Elle a démarré en 2006, mais a défrayé la chronique en 2014. Le problème est né d’un lotissement clandestin sur le site de la forêt classée de Thiès. Une opération à la suite de laquelle tous les bénéficiaires, forts des titres d’attribution qui leur ont été remis en 2006, ont engagé des travaux de construction. Ils ne pouvaient pas s’imaginer un seul instant que lesdits titres étaient faux.
Huit ans après, plus précisément en octobre 2014, la mairie de Thiès-Ouest avait cassé une quinzaine de maisons pour caser les mareyeurs déguerpis au marché Sham de Thiès. C’est le début d’une longue bataille d’opinion pour demander l’arbitrage du chef de l’Etat.
Trois ans après, à la faveur d’une grande mobilisation le lundi 18 décembre 2017, lors de la pose de la première canalisation des travaux de la nouvelle usine de traitement d’eau potable de Keur Momar Sarr et ses renforcements en aval (Kms3) à Thiès, le président de la République, Macky Sall, avait accédé à la demande des populations du quartier Mbour 4 Extension, allant dans le sens d’un déclassement. Il avait alors demandé au gouverneur de la région de Thiès de prendre toutes les dispositions nécessaires pour affecter les terrains sur lesquels les populations de Mbour 4 Extension avaient déjà édifié leurs maisons. Mais depuis, le décret officiel de déclassement de la forêt classée tarde à être signé.
Et le Collectif des habitants et propriétaires de terrains et de bâtiments au quartier Mbour 4 Extension ne s’est jamais lassé pour demander aux autorités de diligenter le dossier. Entre-temps, 250 sommations ont été distribuées, mais des gens ont continué à ériger des constructions irrégulières, souvent nuitamment, au mépris de toute la réglementation en vigueur. C’est d’ailleurs ce qui a motivé les opérations de démolition de constructions jugées irrégulières et bâties dans la forêt classée entamées jeudi dernier. Des opérations menées par la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation des sols (Dscos), sous l’égide des autorités compétentes. Selon Moussa Diagne, avec cette opération, l’Administration a agi dans le cadre de ses missions de service public, concernant notamment le contrôle de l’occupation des sols. «Dans cette partie de Thiès dénommée Mbour 4 Extension, au fil des années, des irrégularités notoires et notées se sont accumulées. Et il fallait déployer une action publique allant dans le sens de remettre l’envers à l’endroit.»
Il rappelle : «Le président de la République, Macky Sall, avait promis le déclassement de la zone à l’effet de régulariser ceux qui étaient affectataires du lotissement et qui, du fait d’être installés dans la forêt classée, n’avaient pas la possibilité d’accéder à une autorisation de construire. Malheu¬reusement, beaucoup de gens se sont engouffrés dans cette brèche pour continuer à occuper le reste de la forêt classée. Et durant tout ce temps, les services de l’Administration, notamment la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation des sols (Dscos), n’ont cessé de se déployer pour signifier à qui doit l’entendre que ladite zone n’est pas encore propre à toute forme de construction. C’est ainsi que des sommations ont été servies, et au même moment des communiqués ont été régulièrement diffusés pour rappeler la réglementation afférente à l’occupation du sol, à la construction… Mais les gens ont toujours fait la sourde oreille. C’est pourquoi l’Admi¬nistration a décidé d’intervenir sur le terrain et procéder aux démolitions qui s’imposent.»
La Dscos ne dit pas moins. Pour le colonel Papa Saboury Ndiaye, directeur de la Dscos, «l’occupation des sols est régie par des textes qui sont en vigueur au Sénégal, notamment le Code de l’urbanisme. Ce Code, dans sa partie législative, munit et sanctionne toute personne qui construit sans autorisation de construire. Indépendamment de cela, nul ne peut entreprendre une construction sans un titre de propriété. Et l’autorité en charge de l’Administration peut démolir toute construction érigée en violation des articles visés par le Code de l’urbanisme dans ce domaine. C’est le cas aujourd’hui à Mbour 4 Extension, dans une zone qui est d’ailleurs une forêt classée».
Il note : «Il y a des gens très véreux qui font la course contre la montre pour s’accaparer de ce qui appartient à tout le monde. Et le Code étant muet sur le contrôle de nuit, c’est pendant ces moments que des gens viennent occuper et construire. En tout cas si les procédures ne sont pas respectées, la Dscos entre en jeu dans le cadre d’une action curative et c’est ce qui s’est passé à Mbour 4 Extension de Thiès. Au-delà même de l’infraction liée à la construction sans autorisation, les auteurs peuvent bien être arrêtés et emprisonnés, leur matériel saisi et leurs ouvrages démolis». «Ces opérations de démolition des constructions illégalement constatées, qui ont été entamées, vont se poursuivre jusqu’à l’accomplissement total de la mission», fera savoir le colonel Ndiaye.