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1 juillet 2025
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
HOMMAGE À JEAN MEÏSSA DIOP, ADIEU MISSIONNAIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il était un journaliste exemplaire à tous égards. Sa plume dense, reconnaissable entre mille, a marqué l'histoire de la presse sénégalaise
Serigne Saliou Gueye de SenePlus |
Publication 25/01/2021
« En tes mains, Seigneur, je remets mon esprit. » Psaume 30
« Garde mon âme dans la paix, près de Toi Seigneur. » Psaume 130
C’est avec une profonde consternation que j’ai appris le décès du journaliste Jean Meïssa Diop, affectueusement appelé (JMD). Je ne trouve pas les mots et expressions adéquats qui puissent traduire l’ampleur et la profondeur de ma dévastation. Absent depuis un certain temps du réseau social Facebook, qui constitue notre arbre à palabres, alors qu’il avait l’habitude de nous y servir régulièrement ses posts succulents et digestes, Jean était alité. Je ne pouvais imaginer un seul instant que son absence était liée à une maladie qui, finalement, nous séparera à jamais de ce journaliste d’une dimension exceptionnelle. Les témoignages et qualificatifs qui pleuvent dans les médias et les réseaux sociaux depuis l’annonce de son décès sont unanimes. C’était un journaliste altruiste exceptionnel qui sert et servira de modèle et de référence à toutes les générations. « Le journalisme a perdu un chevalier », pour emprunter cette expression de Tidiane Kassé qui se lamentait lors du décès de son collègue Moussa Paye.
JMD était notre frère, confrère et ami. Il était un journaliste exemplaire à tous égards. Sa plume dense, reconnaissable entre mille, a marqué l'histoire de la presse sénégalaise. Son combat était beaucoup plus axé sur l’exercice professionnel du journalisme qui, de plus en plus, glisse chaque jour sur des outrances extra-professionnelles qui désacralisent ledit métier. Il était en quelque sorte le gardien du temple des médias.
Jamais, je ne ratais sa chronique hebdomadaire instructive, « Media voce » qui illuminait le journal Wal Fadjri. C’était une sorte d’observatoire des médias qui soulignait toutes les dérives des médias de tous les ordres. « Media voce » est devenu « avis d’inexpert » dans le journal l’Enquête. Sauf que l’humble expert d’« avis d’inexpert» soulevait des problématiques et les analysait avec une profondeur qui permettait au lecteur d’appréhender la quintessence de son propos. L’objectif dans ce travail infatigable de perfectibilité, c’est de nous pousser toujours vers l’exigence et la rigueur professionnelles. L’inexpertise qu’il revendiquait dans sa chronique montrait toute l’humilité de l’expert de la profession qu’il fut. Par conséquent, je garde de JMD le souvenir d'un professionnel hors pair, de quelqu'un qui a toujours donné et prôné l'information objective et rigoureuse sise sur l’éthique et la déontologie. Il s’est toujours battu avec sa belle, mais incisive plume contre ce journalisme de révérence et corrompu dont « se servent de marchepied, comme il avait l’habitude de le dire, certains escogriffes de tout poil pour arriver à leurs fins ».
Il fut l'une des grandes figures de proue de la profession, symbole de l’intégrité, de l’objectivité et de la crédibilité. Ces qualités exceptionnelles faisaient de Jean Meïssa un parangon de la profession. Dans sa pratique critique du journalisme, il ne mettait jamais de gants pour dénoncer les dérives répétitives de sa profession qui, comme il le disait avec pertinence, « mène à tout... à la gloire, comme à la déchéance ; à la promotion des causes nobles ou à celle du diable ».
Plus qu’un monument, JMD était un aigle qui a survolé le métier du journalisme. Autoflagellation, introspection, autocritique ! JMD était un homme de liberté et de vérité qui n’avait pas la langue dans sa poche. Pour lui, la remise en cause permanente de la pratique journalistique est le meilleur moyen d’aider le métier en butte à des tentations permanentes, à se perfectionner. À l’instar des Babacar Touré, Ibrahima Fall, Sidy Lamine Niass, Momar Seyni Ndiaye, Cherif El Valide Sèye et bien d’autres figures du journalisme qui nous ont malheureusement quittés, JMD était pour nous un mentor, un inspirateur qui incarnait l'élégance journalistique. Pour JMD, le journalisme est plus qu'une profession, c’est une mission, un sacerdoce. C’est pourquoi il ne cessait d’aller à la traque de cette meute d’expressions creuses, vides et violentes qui a envahi la presse. Quand certains journalistes pensent que seuls les mots violents ou salaces attirent plus les lecteurs, l’inexpert est persuadé que le message journalistique n’a pas besoin d’être enrobé dans un moule de violence, d’agressivité ou de salacité pour atteindre sa cible. Lorsque le lexique offre « des termes plus euphémiques et moins heurtés », rien n’empêche le journaliste de l’utiliser à bon escient pour diffuser son message et le rendre perceptible, accessible et crédible.
Puriste, il rédigeait toujours ses textes dans une belle langue. Ce qui charmait chez lui, c’est l’alacrité de son intelligence qui pétillait et enfiévrait la planète des lecteurs. Jean Meïssa Diop me fait pensait à un autre aussi rayonnant JMD (Jacques Moundor Diouf), jeune journaliste du Soleil décédé le 23 mai 1998 et dont la qualité de l’écriture faisait le bonheur des amoureux des belles lettres. L’enfant de Ndiaganiao affichait ce même purisme dans sa langue maternelle sérère. Au-delà du journaliste de talent se cachait un boute-en-train qui nous servait des posts désopilants. On retiendra de lui cette expression « une telle personne mérite de la cola », pour simplement dire qu’il mérite une consistante récompense. Lui, JMD, mérite la cola de tous ses confrères, de toute sa nation pour les avoir servis dans la dignité, la droiture et la rigueur. Son professionnalisme, son objectivité et son intégrité sans faille continueront de nous inspirer.
Même dans la langue de Kocc, il s’y excellait mieux que plusieurs wolofs. Dans le litige foncier qui opposait le patron de la Sedima Babacar Ngom aux populations de Ndengler, JMD dénonçait cette injustice dans une belle langue française assaisonnée d’expression et de maxime wolof. Il disait avec colère : « Lii ñaaw na (ndlr : c’est vilain) ! C'est révoltant ! C'est scandaleux ! », avant de clore par ce proverbe wolof qui avertit les croyants de tout acte commis injustement dans ce monde ici-bas : « Que Babacar Ngom n'oublie jamais cette sagesse wolof qui enseigne que "boo ragalul sa moroom, ragalal sa Boroom" (NDLR : si vous ne craignez pas votre prochain, craignez votre Seigneur) ! ».
Adieu missionnaire ! Ton existence n’a pas été inutile. Tu as pleinement rempli ta mission ! Daigne le Seigneur t’accorder à présent, la cola (récompense) promise au bon et fidèle serviteur !
EXCLUSIF SENEPLUS - Le taux d'actionnariat désormais fixé à 34% pour les nationaux est une aubaine pour le secteur privé, garant de la création d'emplois. C'est infantilisant pour l'Afrique de se demander ce qu'elle doit attendre de Biden
Dans ce nouveau numéro de Lu Bees Charles Faye s'intéresse au changement de paradigme économique sous le ministre Amadou Hoot, marqué par plusieurs initiatives à l'attention des ivestisseurs privés du pays. Il en veut pour preuve l'actionnariat désormais porté à 34% pour les nationaux et l'implication du secteur privé dans le projet de construction de la future centrale d'hydrocarbure.
Lamine Niang veut rompre avec cette tradition qui consiste pour l'Afrique à en attendre trop des nouveaux présidents occidentaux. Le chroniqueur trouve infantilisant de se demander ce que l'Afrique doit attndre de Jo Biden aux Etats-Unis.
Lu Bees est un talk hebdomadaire de SenePlus, réalisé et monté par Boubacar Badji.
« LA COURSE AU TROISIEME MANDAT TRADUIT UNE ÉNERGIE DU DÉSESPOIR »
Khadja Nin revient sur le sens de son engagement, sa participation à Afrikki, l’actualité au Burundi, son pays
Elle fait bien moins que son âge. Elle est belle, gracieuse et a de l’allure. Avec son éternel foulard, Khadja Nin séduit et se meut aisément au milieu de ces jeunes d’Afrikki. La ‘’Dame aux pieds nus’’ était, en effet, l’hôte de la 2e édition de l’Université populaire de l’engagement citoyen (Upec) qui s’est tenue à Dakar en décembre dernier. Avec ‘’EnQuête’’ et Africulturelle (vous trouverez une vidéo de l’entretien sur www.africulturelle.com), elle est revenue sur le sens de son engagement, sa participation à Afrikki, l’actualité au Burundi, son pays.
Comment se passent les échanges de cette 2e édition de l'Université populaire de l'engagement citoyen ?
Je suis membre du mouvement Sindimuja (NDLR : Je ne suis pas esclave) qui est né de la contestation du 3e mandat du président Nkurunziza. J’ai le grand honneur de faire partie du comité d’Afrikki. La tenue de la 2e édition de l’Upec a été compliquée. Mais on a tenu à l’organiser même en hybride, surtout en cette période difficile. On a tellement de challenge, de défis qui nous appellent, surtout avec le Covid.
Mais on tenait justement, dans ce contexte de grandes difficultés, à nous retrouver et réfléchir ensemble. Dieu merci, avec la technologie, tous les mouvements sont en ligne. On a organisé un panel sur le défi de l’exil ; c’était émouvant. Nous avons écouté un membre du mouvement Filimbi qui est exilé en Belgique depuis un bon moment. Il y a un autre qui est gambien et dont l’exil est soldé par un divorce. Ce qui est extrêmement bouleversant. On se rend compte que plus on persécute les militants, plus on les rend forts. Ainsi, ce qui ne te tue pas te rend plus fort. La cause est juste. Ils veulent juste le respect des droits fondamentaux pour les peuples. Il y a l’Union africaine qui est celle des Etats et Afrikki est l’union des peuples. Je suis la doyenne et ce que cette jeunesse réclame est tellement juste. Prenez quelqu’un comme Mo Ibrahim ; il clashe ces présidents sur leur âge et personne ne l’arrête. Quand c’est un militant qui dit cela, on l’emprisonne et on l’accuse d’atteinte à la sécurité de l’Etat, d’attaque contre le chef de l’Etat, de choses qui n’ont aucun sens. Il faudrait que cet Etat soit vulnérable et faible pour avoir peur d’un jeune des quartiers, non armé, alors qu’eux envoient leurs soldats au Burundi, etc.
Pourquoi avez-vous intégré le mouvement Sindimuja ?
Je me suis décidée quand on a commencé à tirer à balles réelles sur des manifestants. Je ne pouvais pas me taire. J’étais au sommet de l’Union africaine et je leur ai dit : ‘’OK, on n’est pas d’accord, mais on ne peut pas tirer sur des gens.’’ La police n’est pas là pour soutenir des gouvernements, des hommes de pouvoir. Elle est là pour protéger les populations. C’est sa mission première, tout comme celle de l’armée, de la gendarmerie, etc.
A mon âge, je me dis que si j’étais président, décideur, les membres de ces mouvements seraient mes experts, mais pas ceux venus d’Europe ou d’Amérique qui ne savent même pas comment nous vivons. Il y a tout une jeunesse qui est sur le terrain, qui sensibilise sur le vote, l’utilité du Parlement et différentes autres questions, et aident ainsi les Africains dans leur choix. Cette démocratie, on ne l’explique pas aux Africains. C’est une espèce de copier-coller qui nous arrive de loin.
Finalement, les gens votent sur la base de quoi ? D’un programme, normalement. Mais quand on n’a pas compris le programme, on vote pour quelqu’un de ma région, celui qui m’a donné de l’argent ou un tee-shirt. Tout est pipé d’avance, en réalité, sans compter qu’en bout de course, on va quand même tricher sur les résultats. La responsabilité incombe à ceux qui sont en charge de l’instruction. Nos enfants ne sont pas instruits. Les professeurs peuvent être en grève pendant des mois, parce qu’ils ne sont pas payés. Ceux qui sont là aujourd’hui, n’y seront pas demain. Mais cette jeunesse y sera toujours. C’est une jeunesse instruite, informée, intelligente et qui a un amour démesuré pour cette Afrique, au point d’avoir décidé de sacrifier leur vie, et même leurs relations avec leurs familles.
Vous avez parlé tout à l'heure d'experts étrangers qui viennent en Afrique. Aujourd'hui, comment appréciez-vous le retrait du Burundi de l'agenda du Conseil de sécurité des Nations Unies ?
C’est une posture, une réponse désespérée d’un Etat pauvre qui opprime son peuple. Vous savez, au Burundi, depuis 2015, avec l’élection de Nkurunziza, il y a des milliers de personnes en prison. On vient de condamner un militant des Droits de l’homme qui n’a fait que défendre les autres toute sa vie. Il a été condamné à 32 ans de prison ferme, pour atteinte à la sécurité de l’Etat. On marche sur la tête. Et je me demande comment un pays minuscule comme le Burundi peut prendre cette posture ? Quand on refuse de donner sa voix, on prive au peuple qu’on représente de pouvoir témoigner dans la société des nations. C’est une faute. Pour moi, c’est juste ridicule.
Mais il y a des Burundais qui sont sortis dans les rues pour saluer la décision. Ils en sont tous contents, eux.
Que voulez-vous qu’ils disent ? Depuis 2015, toutes les radios libres, les télévisions indépendantes ont été brûlées ; les journalistes exilés. Plus de 200 mille personnes sont en exil dans les pays voisins et qui ne veulent même pas rentrer. On veut qu’ils rentrent, mais ils refusent, parce qu’ils n’ont plus confiance. Qu’est-ce que vous voulez qu’ils fassent, s’ils ne sont pas comme ces jeunes qui sont là aujourd’hui, qui sont tous passés par la case prison. Le côté positif des choses est que les mouvements progressent, prennent de l’ampleur, deviennent de petits cailloux dans les chaussures des dirigeants, des sentinelles.
Au Burkina Faso, ils ont fait tomber un dictateur. Cela progresse. Aucun droit n’a été octroyé. Ils ont tous été gagnés, arrachés. Avant nous, Lumumba est mort, Sankara est mort, Mandela est allé en prison. En 2019, on a assassiné un gamin de 22 ans à Beni. Ce n’est pas fini. La lutte, c’est ça et c’est pourquoi je suis là et non pas parce que je suis une militante de la rue. Je veux accompagner, comprendre et être là. Cette jeunesse est plus forte que nos dirigeants qui se retrouvent à l’Union africaine qui est financée par l’Union européenne quand même ! Quelle liberté peut avoir cet organisme, dans ce contexte, quand il s’agit de négocier le cuivre, l’or, les richesses d’Afrique ? Comment va-t-on dire à quelqu’un qui nous nourrit : ‘’Moi, je ne vais pas vous donner mon or.’’ C’est eux qui financent. Les Etats africains ne sont-ils pas assez riches pour se financer eux-mêmes ? Comment est-ce possible ? Comment on peut manquer autant d’honneur, de dignité ? Il n’y a pas assez d’argent en Afrique pour financer un organisme comme l’Union africaine ?
Les mouvements, eux, sont forts grâce à cette plateforme Afrikki. Le jour où leur temps viendra, parce qu’il viendra, car comme dit Mo Ibrahim, les autres vont vers la tombe et eux vont vers le futur. Le jour où ils se connaitront tous, du Nord au Sud, d’Est à l’Ouest, des hommes, des femmes de toutes les religions, ils auront le temps de se préparer, mais ils se connaitront. C’est un réseau. Cette Afrique dont tout le monde rêve et qui a été à chaque fois anéantie, parce qu’il y a des intérêts supérieurs et forts qui financent l’Union africaine. Le monde est riche de nous. Imaginez le jour où on exploitera nous-mêmes nos richesses dont le monde entier a besoin pour se développer… Ce jour-là, l’Afrique sera le premier continent du monde. J’y crois et je sais que ça viendra.
Cette Upec se tient dans un contexte politique particulier en Afrique de l'Ouest. En Guinée et en Côte d'Ivoire, leurs présidents ont imposé un 3e mandat à leur peuple. Comment appréciez-vous cela ?
C’est l’énergie du désespoir. Ils sont au bout de la ligne, de la course et ils le savent. Ils n’ont pas de parole. Ils disent qu’ils ne vont pas se présenter, mais le font quand même. Comment est-ce que leur parti accepte ça déjà ? Cela veut dire qu’autour de ce président, il n’y a que des incompétents incapables de conduire le pays. Quel mépris pour les membres de leur parti ! Même quand on considère qu’on a bien travaillé, le mandat est le mandat. C’est comme ça. Après deux mandats, on part. Quand on commence à ne plus avoir de règles, on travaille alors pour soi-même et non pour le peuple. Cela voudrait dire que pendant ses deux mandats, il n’a pas pensé à l’après-lui.
Est-ce les présidents qu'on devrait changer ou le système, vu qu'au Burundi, par exemple, il y a un nouveau président, après le décès de Nkurunziza ? Mais, apparemment, les choses n'ont pas vraiment changé ?
C’est peut-être même encore pire. Mais c’est une question de temps. C’est un long chemin. Comme disait Fred Bauma du mouvement Lucha RDC, c’est un long voyage qui commence. Les voyageurs sont jeunes et vigoureux. Ils sont armés pour faire ce voyage. Je trouve qu’Afrikki, qui est une plateforme à peine née, a pu accomplir de grandes choses déjà avec des moyens très limités. Je trouve ça extraordinaire. Il y a une dynamique qui est là et ces jeunes y croient, parce que c’est eux qui ont inventé cette plateforme. Il est sûr qu’au fur et à mesure qu’on cheminera ensemble, il faudra se remettre en question. Plus on grandit, plus il faut réfléchir autrement. On n’avait pas, par exemple, l’année dernière, beaucoup de mouvements de femmes. Cette année, on en a un peu plus venus du Soudan, d’Ethiopie, de Tunisie, etc. Ce qui est formidable.
Il y a eu un débat sur l’engagement des femmes que j’ai particulièrement apprécié, parce qu’elles ont punché et j’aime ça. Les femmes, quand elles ont un micro, elles parlent. Maintenant qu’elles sont là, il va y avoir un mouvement des femmes du comité Afrikki pour organiser une journée ou demi-journée au cours de la prochaine édition de l’Upec. C’est important. On dit qu’il y a beaucoup d’hommes militants, c’est vrai ; mais comment sont nés les mouvements ? Il y a trois copains d’abord, puis 4, 5, 6 et une femme. Une femme ne se balade pas la nuit au risque de se faire violer, par exemple, ou se faire renier par sa famille. Elle peut ne pas être tout le temps disponible, parce qu’elle est mère. Les femmes cumulent beaucoup de fonctions et de choses qui font qu’il n’est pas toujours facile pour elles d’intégrer les mouvements. Tout cela n’est pas simple, mais les femmes sont tellement extraordinaires qu’elles peuvent faire plusieurs tâches en même temps. Elles sont là. On a la chance d’avoir ces mouvements de femmes qui ont rejoint Afrikki. Elles seront là à la prochaine session de l’Upec pour re-imaginer le futur des femmes. A elles aussi, personne ne leur donnera rien. Tous les droits sont arrachés. Il y a des avancées. Quand on prend l’exemple des grandes institutions, par exemple, il y a beaucoup de femmes qui sont au sommet. Elles n’y sont pas pour faire le chiffre. Quand elles sont ministres, c’est pour faire la photo. Mais quand elles sont patronnes de grandes institutions comme les banques, c’est parce qu’elles sont compétentes.
Vous êtes une femme et vous vous êtes engagée très tôt. Comment est né votre engagement ?
Cela va vous surprendre, mais ça vient d’Angela Davis. J’étais petite et j’avais un cousin qui rentrait des USA et qui ne parlait que des droits civiques. C’est à cette période que j’ai appris à lever mon poing. Partout où on me voit, je le fais. C’est devenu un réflexe. J’ai accompagné des actrices noires, quand j’étais membre du jury au festival de Cannes. Elles avaient écrit un livre manifeste intitulé ‘’Noire n’est pas mon métier’’. Je trouvais leur lutte juste. Quand elles se présentent à un casting, elles peuvent être femme de ménage, infirmière, etc. Mais pas avocate ou patronne d’une banque. Cette image qu’on a des Noirs et qui a fini par entrer dans leur tête en général, il faut la gommer. On n’est pas plus idiot que les autres. On a des choses à dire et surtout, on a notre continent. On n’a pas besoin de s’exiler. Quand on voit ces gamins qui traversent la mer…
Il ne leur manque que le cadre. Quel est le désespoir derrière eux qui les poussent à traverser un océan en pirogue ?
Il n’y a rien de prévu pour eux. Ils vous disent qu’ils n’ont rien à perdre, ils sont déjà morts. J’étais ambassadrice de l’Organisation internationale pour les migrations. La migration la plus importante est celle horizontale. On n’en parle pas beaucoup. On parle plus de ceux qui vont vers le Nord, la migration verticale. Mais il y a beaucoup plus de réfugiés, de déplacés et de migrations entre les pays d’Afrique. Malheureusement, ces migrants ne sont pas toujours bien accueillis. Ce qui se passe en Afrique du Sud est triste. On persécute des étrangers, alors que c’est un pays qui a connu l’apartheid. Ces Noirs d’Afrique du Sud ont espéré des choses qui ne sont pas venues. On doit sublimer l’image des Noirs. Je suis fière d’être noire et je le montre. Quand je monte les marches de Cannes, on ne peut se tromper sur mes origines. Même si on ne sait pas qui je suis, on se dit ‘’c’est une Africaine’’.
Y a-t-il un message ou symbole derrière ce foulard que vous portez tout le temps et à toute occasion ?
(Elle sourit) La question me surprend toujours. Dans n’importe quel pays africain où vous descendrez, vous verrez des femmes avec leur foulard. Je ne sais pas ce que le mien à de particulier mais, au moins, il fait parler. C’est un foulard comme les autres. Chaque femme a sa manière particulière de mettre le sien. Celui-ci, c’est le mien.
«PAS ENCORE D’INFORMATION SUR LA PRESENCE DE NOUVEAUX VARIANTS»
L’Institut Pasteur de Dakar ne dispose pas à ce jour d’informations sur la présence de nouveaux variants du Covid-19, malgré les «plus de 180 souches» analysées par ses équipes depuis novembre dernier, a indiqué son administrateur, le Dr Amadou Sall.
L’Institut Pasteur de Dakar ne dispose pas à ce jour d’informations sur la présence de nouveaux variants du Covid-19, malgré les «plus de 180 souches» analysées par ses équipes depuis novembre dernier, a indiqué son administrateur, le Dr Amadou Sall.
Les services de l’Institut Pasteur de Dakar ont analysé «plus de 180 souches» depuis novembre dernier, sans trouver de nouveaux variants, a-t-il indiqué dimanche dans un entretien avec Radio Sénégal (publique). «On n’a pas aujourd’hui d’information qui indique que ce virus circule au Sénégal» à travers de nouveaux variants, anglais, sud-africain ou brésilien, a assuré Dr Sall.
Selon lui, «des facteurs locaux» peuvent expliquer le regain de transmission noté depuis quelques jours dans certaines régions du Sénégal, le pays étant concerné depuis quelques jours par un regain de nouvelles contaminations.
ABDOULAYE NIANE PREND LES RENES DE LA COALITION JOTNA
Le président du parti Téranga Sénégal a été élu pour les six prochains mois à «l’unanimité» par l’Assemblée de la Conférence nationale des leaders, réunie samedi dernier
La coalition Jotna a un nouveau coordonnateur. Il s’agit de Abdoulaye Niane qui remplace Bruno D’Erneville pour les 6 prochains mois.
La coalition Jotna a un nouveau président du nom de Abdoulaye Niane. Le président du parti Téranga Sénégal a été élu pour les six prochains mois à «l’unanimité» par l’Assemblée de la Conférence nationale des leaders, réunie samedi dernier. Il remplace ainsi à ce poste Bruno D’Erneville.
«La nouvelle équipe, dirigée par le Dr Abdoulaye Niane, a remercié l’Assemblée générale pour la confiance. Elle entend s’inscrire dans la continuité de l’excellent travail fait par l’équipe sortante, en élargissant la coalition pour asseoir encore plus sa position au sein de l’opposition et porter le combat pour la défense des intérêts des citoyens sénégalais devant un régime qui, de plus en plus, montre son incapacité à apporter des réponses concrètes aux difficultés que vivent les populations», lit-on dans un communiqué.
La coalition Jotna a connu des soubresauts suite au départ de plusieurs de ces membres dont le parti Pastef de Ousmane Sonko, celui de Pcs/Jengu tabax de Boubacar Camara, la plateforme Avenir senegaal bi nu begg, entre autres. En Assemblée générale extraordinaire le 13 novembre dernier, le sortant Bruno D’Erneville avait admis que «Pastef est parti avec 45% des partis et mouvements membres de la coalition Jotna, mais les 55% autres ont décidé de rester dans cette coalition».
Son successeur avait ajouté : «Nous ne sommes pas des partis insignifiants. Tous ceux qui sont restés l’ont fait par détermination pour atteindre les objectifs de la coalition Jotna. Le coup de semonce n’a pas eu les résultats escomptés. On veut maintenir cette coalition qui s’ouvre à toutes les alliances de l’opposition. Ceux qui défendent les mêmes principes que nous. On se battait pour le Sénégal et non pour un homme. Nous allons poursuivre le combat pour un Sénégal souverain», avait expliqué Abdoulaye Niane, qui revendiquait une amitié de plus de 20 ans avec Ousmane Sonko.
CHEIKH TIDIANE DIEYE SOUPÇONNE UN AGENDA POLITIQUE DERRIERE LA MODIFICATION DE LA LOI RELATIVE A L'ETAT D'URGENCE
«Aujourd’hui, Macky Sall se positionne comme l’alpha et l’oméga des institutions. Il l’a dit dans son entretien avec la presse le 31 décembre. Il semble être dans une logique de tenir tous les pouvoirs3
Pour le coordonnateur de la plateforme Avenir Senegaal bi nu bëgg, Macky Sall n’avait pas besoin de faire modifier la loi sur l’Etat d’urgence et l’Etat de siège. Cheikh Tidiane Dièye voit un «agenda politique» du Président dont «tout tourne autour de la politique».
Avenir Senegaal bi nu bëgg voit une motivation politique dans l’adoption du régime des catastrophes naturelles et sanitaires pour gérer la pandémie du Covid-19. Invité du «Jury du dimanche» hier sur Iradio et Itv, le coordonnateur national de cette plateforme a exprimé ses réserves sur la modification de la loi sur l’Etat d’urgence et l’Etat de siège en vigueur depuis la semaine dernière. «Je ne pense pas que le fait de prendre le pouvoir de l’Assemblée nationale, de ce qui lui restait des pouvoirs et de se l’adjuger, permet au Président de faire plus que ce qu’il faisait déjà», considère Cheikh Tidiane Dièye. Le coordonnateur de la plateforme Avenir Senegaal bi nu bëgg estime que Macky Sall n’avait pas besoin de faire cette réforme. «Le Président pouvait prendre ces mesures tout en laissant à l’Assemblée nationale ses prérogatives. Dire que c’est lourd et que je vais faire une approche qui va me permettre en tant que Président de renforcer mes pouvoirs et de me passer de l’Assemblée nationale, cela amène beaucoup de Sénégalais à se demander si le Président le fait pour gérer la crise ou pour autre chose», analyse-t-il. Sur cette interrogation, M. Dièye est formel : Macky Sall a un «agenda politique» parce que, regrette-t-il, «malheureusement pour le Président Macky Sall, tout tourne autour de la politique».
«L’opposition doit s’unir ou périra»
Cheikh Tidiane Dièye de poursuivre : «Aujourd’hui, Macky Sall se positionne comme l’alpha et l’oméga des institutions. Il l’a dit dans son entretien avec la presse le 31 décembre. Il semble être dans une logique de tenir tous les pouvoirs pour pouvoir déployer un agenda politique. Et la contradiction dans l’approche du Président, c’est qu’il pense bien faire dans son propre agenda. Il pose des actes pour satisfaire son agenda, mais ces mêmes actes ont souvent un effet négatif sur les autres agendas, que ce soit économique et social.» Par ailleurs, Cheikh Tidiane Dièye appelle à l’organisation des élections locales pour cette année. Pour lui, le calendrier républicain est «complètement brouillé» par la «faute du gouvernement et du Président Macky Sall». D’après lui, il n’appartient pas à un président de la République de déterminer le calendrier républicain. En direction de ces joutes électorales, l’ancien porte-parole de la coalition Sonko Président dit : «L’opposition doit s’unir ou périra. Il n’y a pas d’autres alternatives.» Cheikh Tidiane Dièye informe que des concertations sont en cours pour un large front de l’opposition.
LE MATCH A NE PAS PERDRE DU CANDIDAT SENGHOR
Le temps d’un match de football (90 mn) et à travers 11 engagements, le candidat Augustin Senghor a décliné son programme pour le football africain, samedi en marge de l’Assemblée générale de l’Ufoa-A, tenue à Praia, au Cap Vert
En marge de l’Assemblée générale de l’Ufoa-A, à Praia, samedi, Me Augustin Senghor, candidat à l’élection du président de la Caf, a présenté son programme à travers 11 engagements et pendant 90 minutes. Les temps forts du «match à ne pas perdre» du patron du foot sénégalais.
Le temps d’un match de football (90 mn) et à travers 11 engagements, le candidat Augustin Senghor a décliné son programme pour le football africain, samedi en marge de l’Assemblée générale de l’Ufoa-A, tenue à Praia, au Cap Vert.
«Pour un football africain uni, plus performant et plus attractif», c’est le titre du Manifeste du candidat Senghor.
Le patron du foot sénégalais a d’abord fait l’état des lieux de la Caf en huit points. Il a insisté sur «les plaies qui gangrènent l’institution et qui méritent d’être pansées». A savoir l’ordonnancement juridique devenu désuet, les problèmes de gouvernance, mais aussi et surtout de la précarité de la situation financière, marquée par «un cycle de déficit financier structurel lors des derniers exercices». A cela s’ajoutent, selon Me Senghor, la «balkanisation statutaire de la Caf à des fins politiques au détriment de l’unité et de la cohésion de ses 54 membres, les défaillances récurrentes à organiser et à respecter les compétitions de la Caf pour des raisons endogènes et exogènes, l’absence d’une politique commerciale attractive».
«11 engagements phare, un impératif pour une Caf plus crédible»
C’est sur la base de quatre axes d’intervention prioritaires que ces «11 engagements phare qui demeurent un impératif pour une Caf plus crédible», ont été déclinés «pour tout changer et gagner le match à ne pas perdre».
Chaque axe sera de manière inclusive, complété par des indicateurs de performance et une feuille de route intégrant les attentes des différentes parties prenantes sur la base d’une approche collaborative. Il s’agira pour la mise en œuvre, de promouvoir une démarche axée sur l’écoute, le partage, l’appropriation, l’envie d’avancer ensemble, l’expérience et la compétence pour s’assurer que toutes les parties prenantes de la Caf et ses partenaires restent suffisamment impliqués et, ainsi travailler de manière transversale, cohérente et efficace pour, enfin, obtenir des résultats tangibles.
«Réformer en profondeur l’ensemble du cadre juridique et décisionnel de la Caf»
C’est ainsi qu’au plan de «la gouvernance exécutive, administrative et juridique et pour une gouvernance inclusive, transparente et responsable», le candidat Senghor compte «réformer en priorité et en profondeur l’ensemble du cadre juridique et décisionnel de la Caf. Restructurer le mode de fonctionnement du Comité exécutif ainsi que le mode de désignation de ses membres en privilégiant les critères de compétence et d’éthique, les principes d’équilibre et d’inclusion des composantes géographiques et linguistiques de même que l’unité et la cohésion des membres au service de l’intérêt exclusif du football continental».
Evidemment pour y arriver, il est nécessaire de nouer des partenariats solides. Et justement, le dernier axe de son programme concerne les partenaires institutionnels et des relations extérieures. En quête d’autonomie financière, technique et institutionnelle, la Caf a besoin de l’accompagnement de la Fifa, des Etats et gouvernements africains et d’une collaboration accrue avec les cinq autres confédérations.
Me Senghor a aussi évoqué la professionnalisation des clubs par l’accélération du processus «à l’échelle du continent, en intensifiant les actions de développement du football féminin dans toutes ses dimensions».
Revenant sur les raisons de son engagement, il rappelle que cela relève d’une «prise de responsabilité historique. Mon objectif étant d’impulser une nouvelle démarche par un leadership innovant».
«Passer de l’image d’une Confédération à problèmes à une Confédération qui gagne»
Et son ambition pour la Caf est clair et a pour moteur : «L’atteinte d’un double objectif de développement durable. A savoir promouvoir et asseoir un développement horizontal, équilibré et durable du football africain au niveau continental et aussi donner corps et âme à cette conviction forte que l’avenir du football mondial se fera avec l’Afrique ou ne se fera pas.»
Et le candidat Senghor de résumer en ces mots : «L’heure est venue de passer de l’image d’une Confédération à problèmes à une Confédération qui gagne. C’est à nous tous, sans exclusive, de bâtir cette institution forte, crédible, attrayante et performante que doit être la Caf. Nous ne sommes pas loin du but, marquons ce but ensemble pour le bonheur et la fierté de tout un continent qui ne vit que pour et par le football.»
PREPARATION DE LA VACCINATION ANTI COVID-19, LA FEUILLE DE ROUTE DU SENEGAL
Les choix stratégiques élaborés par un groupe technique restreint concernent les cibles prioritaires que sont les personnes à risque ou vulnérables, estimées à 20%, les personnes âgées de plus de 60 ans, les sujets avec comorbidités, le personnel de santé
Le Sénégal est en plein dans la préparation de l’utilisation du vaccin anti Covid-19. Les principaux défis sont la disponibilité des vaccins et de la chaîne de froid, l’adhésion de la population et des agents de santé entre autres, selon un groupe technique restreint mis en place par le ministère de la Santé.
On en sait un peu plus sur l’état de préparation du Sénégal par rapport à la vaccination anti Covid-19. Les choix stratégiques élaborés par un groupe technique restreint concernent les cibles prioritaires que sont les personnes à risque ou vulnérables, estimées à 20%, les personnes âgées de plus de 60 ans, les sujets avec comorbidités, le personnel de santé de première ligne. En effet, les cibles prioritaires qui sont de 20% sont considérées comme suit : le personnel de santé (1er ligne) 0,12%, la prévalence Hta (Hypertension artérielle) (19-60 ans) 10,7%, les personnes âgées 60 ans et plus 5,6%, et les autres comorbidités 3,5%.
En ce qui concerne les types de vaccins, le groupe opte pour une sécurité vaccinale et l’efficacité. Pour le mode d’introduction, le choix est basé sur le Pev de routine et l’Avs. Relativement aux bases de financement des vaccins, alors sur une population totale en 2021 de 17 millions 223 mille 497 Sénégalais, les cibles prioritaires (20%) constituent 3 millions 444 mille 699 individus. Ainsi, en raison de 2 doses pour chaque cible, le nombre de doses financées par Gavi (20% de la cible) est de 8 millions 525 mille 631. Alors que celles qui doivent couvrir les 80% restants de la population sont de 38 millions 365 mille 340. Durant cette coûteuse campagne vaccinale, notre pays aura besoin de 10 millions 205 mille 180 seringues.
Plus de 38 millions de doses à acheter
Aujourd’hui, les autorités médicales sont en train d’évaluer l’état de la chaîne du froid du pays. Au niveau central, il faut 8 chambres froides positives (+2, +8°) de 40 m3, une chambre froide négative de 20 m3 et 8 congélateurs de 240 litres (-20°). Sur l’échelle régionale, il faut 1 chambre froide positive de 15 m3 dans chaque région, sauf Dakar, Thiès et Diourbel (30 m3), 1 congélateur de 240 litres dans chaque région, sauf Dakar (2), au niveau district, des réfrigérateurs de 240 litres et 150 litres en quantité suffisante en fonction des capacités requises. Au niveau Pps, plus de 97% des Uv disposent de Cdf homologuées pour la conservation des vaccins entre 2 et 8°. Pour le besoin additionnel en Cdf au niveau niveau central, le groupe de travail propose -20°, 2 Cf- de 25 m3, -80°, 11 congélateurs au niveau régional, -20°, 3 Cf- et 11 congélateurs, -80°, 17 congélateurs et au niveau district, -20°, 79 congélateurs, -80°, 79 congélateurs. En outre, les principales étapes de la feuille de route vont du choix du vaccin après homologation de l’Oms ou Eul à la soumission à Gavi, en passant par la saisine du Comité consultatif pour la vaccination au Sénégal (Ccvs), l’élargissement du groupe de travail qui est multidisciplinarité, multisectorialité, l’élaboration de la demande de soumission Covax, la validation du Plan en Ccia politique (soumission Covax stratégie de vaccination). Et quant aux principaux défis, il s’agit de la disponibilité des vaccins, de l’adhésion de la population et des agents de santé à la vaccination, à la mobilisation des ressources domestiques, réussite de l’introduction, à la pharmacovigilance.
Par ailleurs, le groupe technique restreint a listé les composantes passées en revue avant vaccination contre le Covid-19. Il s’agit de la planification et coordination, les ressources et financements, la réglementation, la surveillance du Covid-19, les prestations de service, la formation et supervision, le suivi-évaluation, Cdf et logistique, la pharmacovigilance, la génération de la demande.
L’INDUSTRIEL IBRAHIMA MACODOU FALL INCRIMINE LES MASQUES JETABLES IMPORTES
Avec la hausse vertigineuse de cas positifs au coronavirus et de morts liées à la maladie, un débat s’installe de plus en plus sur la fiabilité des masques de protection.
Avec la hausse vertigineuse de cas positifs au coronavirus et de morts liées à la maladie, un débat s’installe de plus en plus sur la fiabilité des masques de protection. Le débat devenu intense en Europe, notamment en France, est en train de glisser vers le Sénégal. Mais pour l’industriel Ibrahima Macodou Fall, il faut absolument incriminer les masques jetables importés.
« Si la hausse des cas de COVID est liée à l’inefficacité des masques, il faut absolument incriminer les masques jetables importés ». Tel est l’avis de l’industriel Ibrahima Macodou Fall, sur le débat autour des masques, qui est en train de s’installer dans le pays.
Selon lui, en France où le débat est en cours actuellement, avec des velléités de transposition au Sénégal, les masques en tissu sont plus utilisés que les masques jetables. Et il est d’avis que c’est tout le contraire au Sénégal où le marché est inondé de masques souvent non testés, donc d’une qualité douteuse. D’où d’énormes interrogations en ce qui concerne leur efficacité, dans le cadre de la protection contre la maladie. « Vouloir lier la hausse des cas COVID à l’inefficacité des masques en tissu au Sénégal, sans aucune analyse scientifique, relève de la pure spéculation car les sénégalais en majorité portent les masques importés faussement appelés d’ailleurs masques chirurgicaux », se défend-il. Il poursuit : « Le Sénégal a mis en place un dispositif pour la production de masques depuis le début de la pandémie, en référence à une norme nationale NS 15-14 fixant les critères de fabrication et de spécifications des tissus utilisés pour assurer une protection contre le virus. Les industriels et les tailleurs ayant obtenu la certification de l’Association Sénégalaise de Normalisation (ASN) ont travaillé avec le Ministère de l’Industrie du Commerce et la Délégation Générale à l’Entrepreneuriat Rapide des Jeunes et des Femmes (DER) pour produire 10 millions de masques. Aux spécialistes de la santé qui se sont exprimés sur le sujet, je leur dis ceci : faites tester les masques jetables portés par les Sénégalais, vous vous rendrez compte que les masques en tissu fabriqués selon la norme sénégalaise NS 15-14 ou AFNOR assurent une meilleure protection que ceux-là. Les masques en tissu fabriqués localement certifiées sont plus efficaces que les masques jetables. Ils sont lavables et réutilisables, en conséquence plus économiques. En ce qui nous concerne, nos masques en tissu fabriqués selon la norme sénégalaise dans les ateliers de la COMASET à Thiès sont de bonne qualité et sont d’une grande efficacité. Ils ont été testés au laboratoire, vendus en pharmacie et récemment exportés en France ».
Il révèle d’ailleurs que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est prononcée sur la question par la voix de la responsable de la gestion de la pandémie Maria Van Kerkhove, pour dire que « les masques en tissu sont toujours aussi efficaces pour lutter contre le virus, même face aux nouveaux variants du coronavirus, car le mode de transmission est le même. ». A l’en croire, face à ce risque énorme lié à la qualité des masques importés, il nous appartient ici au Sénégal de réfléchir à l’élaboration d’une stratégie nationale pour mettre en place un dispositif efficace de contrôle des importations et de production de masques en tissu et non tissés, pour assurer une meilleure protection de nos populations contre le virus. En définitive, il laisse entendre que c’est utopique de vouloir s’attarder sur des supputations, des improvisations et des polémiques.
Au contraire, dit-il, l’heure doit être à l’action pour faire face à la propagation du virus avec tous les risques que cela comporte. Il ajoute : « J’ai beaucoup de respect et de considération pour le corps médical qui se bat pour vaincre le virus, mais je voudrais demander aux spécialistes de la santé qui se sont exprimés sur cette question dans la presse de regarder ce qui se passe chez nous pour leurs analyses, et de peser de tout leur poids pour le renforcement de notre réglementation relative à l’importation des masques et des équipements médicaux liés au Coronavirus pour que ces produits répondent aux normes sénégalaises. Notre pays est envahi de produits contrefaits, de masques de très mauvaise qualité abusivement appelés masques chirurgicaux. C’est cela notre combat qui est différent de celui de la France qu’on a maladroitement transposé chez nous.»
THIERNO DIENG DEVOILE LES CHIFFRES ALARMANTS
Les résultats de ces études sont particulièrement alarmants puisque le cumul hebdomadaire fait état de plus de 1500 cas chez les personnes âgées de 60 ans et plus.
Le statisticien Thierno Dieng a publié une étude sur l’évolution de la répartition par âge des contaminations de la Covid-19 au Sénégal. Les résultats de ces études sont particulièrement alarmants puisque le cumul hebdomadaire fait état de plus de 1500 cas chez les personnes âgées de 60 ans et plus.
La situation épidémiologique de la seconde vague de Covid-19 est plus que préoccupante. Si l’on se réfère aux résultats de l’étude menée par le Pr Thierno Dieng sur l’évolution par âge des contaminations de Covid-19 au Sénégal.
Selon le statisticien, avec l’avènement de la seconde vague, on a remarqué «une nette augmentation de la contamination parmi les personnes âgées de 60 ans et plus, avec plus de 1500 cas en cumul hebdomadaire». Une tendance qui, à l’en croire, s’est maintenue jusqu’à la fin du mois de décembre 2020. «Pis, cette nouvelle vague a vu s’opérer un basculement qui a changé le visage de l’épidémie. Dans la mesure où pour la première fois, les personnes âgées ont été plus nombreuses parmi les cas symptomatiques, notamment chez les hommes», indique le statisticien. Il estime que cette nouvelle tendance se maintient, semaine après semaine, avec un léger élargissement de l’écart entre les plus âgés et les plus jeunes en termes de contamination chez les jeunes.
Faisant une étude comparative avec l’Europe, le spécialiste en démographie et en santé publique renseigne que la situation épidémiologique au Sénégal ressemble de plus en plus à celle du vieux continent dont la population âgée est la plus exposée à l’infection. Chiffres à l’appui, il informe que le nombre de décès a commencé à augmenter de manière significative à partir de la semaine du 7 au 13 décembre, allant jusqu’au 17 janvier 2021, où 57 décès enregistrés ont été enregistrés. Faisant un bref rappel de la première vague avec son lot de décès, le statisticien affirme qu’entre le 29 juin et le 5 juillet 2020, 28 décès ont été enregistrés. «Ce fût le grand cumul de décès hebdomadaires pendant la première phase de l’épidémie», souligne-t-il. Il précise en effet que c’est la seule fois où le nombre hebdomadaire de décès a dépassé la barre des 25. Malheureusement, relève-t-il, la semaine du 21 au 27 décembre a vu les cumuls hebdomadaires de décès augmenter de façon dramatique, passant de 34 à 57 tous les 7 jours.
LES RASSEMBLEMENTS RELIGIEUX, FAMILIAUX, PRIERES DANS LES MOSQUEES, TRAITEMENT A DOMICILE ?
Évoquant les causes de l’augmentation des cas de décès, le statisticien s’est abstenu de citer la surcharge des services de réanimation, le retard de consultation et la stigmatisation. A l’en croire, «il a été compté en moyenne 52 cas graves entre le 10 et le 16 août 2020 etil y a eu 20 décès pendant cette période. Par contre, entre le 11 et le 17 janvier 2021, il y a eu en moyenne 37 cas graves, alors que le nombre de décès est passé à 57.Donc actuellement, il y a bien plus de décès qu’auparavant, alors que les cas graves sont moins nombreux». Ce qui démonte totalement la thèse liée à la surcharge des services de réanimation. A propos du retard de consultation, le spécialiste en santé publique rappelle que ce n’est pas un phénomène nouveau au Sénégal et rien ne dit qu’il s’est accentué.Itou pour la stigmatisation qui semblerait même régresser chez le Sénégalais. Il estime également que l’apparition d’une souche plus virulente du virus ne peut être la cause de la hausse du nombre de cas de décès. «La forte diffusion de la maladie parmi les personnes âgées est la raison la plus plausible pour expliquer la survenue de ces nombreux cas de décès. En réalité, c’est le seul fait nouveau, car tous les autres facteurs ont existé longtemps avant cette flambée macabre», analyse le Pr Thierno Dieng.
Par conséquent, il recommande de chercher les raisons parmi les sources de contamination les plus probables, sans a priori ; sachant qu’il s’agit des hommes âgés. «Ces sources seraient les rassemblements religieux, familiaux, les prières dans les mosquées, ainsi que le traitement à domicile», souligne le statisticien.