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1 juillet 2025
MENACES SUR L’ENVIRONNEMENT
Le port obligatoire et correct du masque est une recommandation que les autorités sanitaires ne manquent pas de rappeler. Il est fortement préconisé pour freiner la circulation du virus responsable de la Covid-19
Le port obligatoire et correct du masque est une recommandation que les autorités sanitaires ne manquent pas de rappeler. Il est fortement préconisé pour freiner la circulation du virus responsable de la Covid-19. Conséquence, les masques chirurgicaux sont devenus très présents sur le marché national. Mais, à cause du caractère éphémère de leur durée normale d’usage et du fait qu’ils ne peuvent pas être recyclés, ils constituent aussi une réelle menace pour l’environnement, surtout dans un pays très impacté par le péril plastique comme le Sénégal.
Le Sénégal a enregistré son premier cas de contamination à la Covid-19 le 2 mars 2020. Juste après, le président de la République, Macky Sall, a déclaré l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu au niveau national, avec une demande du respect scrupuleux des recommandations du personnel sanitaire. Le port obligatoire de masque en fait partie, une nouvelle réalité dans le quotidien du Sénégalais.
Aux premières heures de la pandémie, la rareté de la denrée avait fait que les citoyens s’étaient rués vers les masques de fabrication artisanale notamment ceux en tissus lavables plusieurs fois. Ceux chirurgicaux, étaient invisibles ou bien pas à la portée de tous. Il se vendait à 500 F CFA dans les officines tandis que ceux en tissus coûtaient moins cher, avec un prix variant entre 200 et 300 F CFA, l’unité. Seulement, depuis quelques temps, on assiste à un véritable envahissement du marché sénégalais par des masques chirurgicaux. Ils se vendent comme de petits pains, dans les rues de la capitale, les boutiques et au marché, à 100 F CFA l’unité.
Au-delà du questionnement sur la qualité des différentes variétés vendues, il se pose celui de l’impact (les conséquences) de l’usage du masque sur l’environnement dans un pays comme le Sénégal, confronté à la difficile gestion du péril plastique. Les masques sont devenus une nouvelle forme de pollution. Ils sont visibles partout, dans les rues, jetés et abandonnés à l’air libre, après usage. Et pourtant, ils sont d’un extrême danger pour l’écosystème. Les masques jetables ne sont pas recyclables. Ils sont faits en polypropylène, une dérivée du pétrole utilisé pour sa résistance au temps, au choc et à la température.
La matière qui la compose est celle utilisée pour la fabrication des pare-chocs des voitures et les pipettes de boissons. Ces éléments de composition ne sont pas biodégradables et ne se recyclent pas. Généralement, les objets faits de cette matière mettent 450 à 500 ans pour se dégrader. La conséquence de cette circulation importante des masques est qu’ils peuvent se retrouver dans les caniveaux, obstruer le passage des eaux ou se retrouver dans les océans, au grand dam des espèces aquatiques.
Le sort réservé aux masques, après usage, est un problème mondial. Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) signale sur son site internet qu’on pourrait s’attendre à ce qu’environ 75% des masques utilisés ainsi que d’autres déchets liés à la pandémie se retrouvent dans des décharges ou flottent en mer. Le PNUE avertit que si la forte augmentation des déchets médicaux, dont une grande partie est constituée de plastiques à usage unique et nocifs pour l'environnement, n'est pas gérée de manière rationnelle, des décharges incontrôlées pourraient en résulter.
Selon l'agence onusienne de protection de l’environnement, les conséquences potentielles comprennent les risques pour la santé publique des masques usagés infectés, et le brûlage à l'air libre ou l'incinération incontrôlée des masques conduisant à la libération de toxines dans l'environnement, et la transmission de maladies aux humains. Plusieurs pays dans le monde se préoccupent déjà de la question. Au Canada, l’Ong Greenpeace plaide à ce que le gouvernement fasse la promotion des masques réutilisables. En France, des organisations de défense de l’environnement ont fait des sorties pour alerter sur le danger que constituent ces nouveaux polluants.
LA COVID EXPLOSE LES COMMANDES DE MASQUES CHIRURGICAUX : Plus de 700.000 kg importés en 2020, presque le triple de 2019
Le changement des habitudes, à cause de la pandémie de la Covid-19 qui impose le respect de gestes barrières parmi lesquels le port de masques, est ressenti même dans le commerce. A cause du port obligatoire du masque de protection instauré par l’autorité, le masque chirurgical est devenu un produit très prisé par les importateurs. Les entrées de la marchandise sur le territoire national ont plus que doublé. Les chiffres de l’importation des masques ont connu un bond considérable, depuis 2020. Des données qui ont été fournies par la Direction de la Douane montrent que du 1er janvier au 31 décembre 2020, 749.273 kg de masques chirurgicaux ont été importés, contre 289.555 kg en 2019. Il s’agit du poids brut c’est-à-dire celui du produit avec son emballage. De très grosses quantités ont été enregistrées par les douaniers, au mois de juillet, août, septembre, octobre, novembre et décembre. En juillet, 32.694 kg ont été importés. Pour août, la quantité est évaluée à 31.520 kg. En septembre, elle est de 57.878 kg.
S’agissant d’octobre, 60.401 kg ont été enregistrés à l’entrée. Au mois de novembre, 99.422 kg ont été décomptés. Enfin, pour décembre, 91.144 kg ont été importés. Les masques utilisés au Sénégal nous viennent de plusieurs pays : les Emirats Arabes Unis, l’Inde, l’Espagne, la Chine, la France. Il y a également des produits qui sont importés de la province chinoise de Taïwan, des Etats-Unis d’Amérique (Usa), de l’Allemagne, de 0la Belgique et du Royaume Uni. Le Japon, le Mexique, le Portugal, le Chili, l’Afrique du Sud, les Tokelau, l’Indonésie et la Turquie sont aussi des lieux de provenance de la marchandise. Le poids net des masques, c’est-à-dire le produit non emballé, est estimé à 728.315 kg importés en 2020, contre 286.270 en 2019.
IBRAHIMA DIAGNE, EXPERT EN GESTION DES DÉCHETS ET ANCIEN DIRECTEUR DE L’UCG : «Il y a une surproduction de déchets avec la Covid-19»
L’expert en gestion des déchets et ancien directeur de l’Unité de coordination et de la gestion des déchets solides (UCG), Ibrahima Diagne, trouve que la pandémie de la Covid-19 a augmenté la production des déchets. Il invite les usagers à faire preuve de responsabilité.
«Les masques chirurgicaux, c’est plus ou moins la même problématique que le plastique, du fait de son caractère léger. Il peut être transporté facilement. Il a les mêmes prérogatives que les déchets plastiques. Pour ce qui est des masques qui sont utilisés dans les structures hospitalières, à priori, il est requis qu’il y ait un dispositif de gestion des déchets biomédicaux au niveau des hôpitaux. Ce qui fait que, normalement, dans tous les hôpitaux, les déchets qui sont utilisés par le personnel médical, de même que les malades, sont mis dans une poubelle spécifique.
Normalement, il doit y avoir deux (2) poubelles, une pour les déchets banaux et l’autre pour ceux issus des activités de soin. Ces déchets souillés doivent être transférés vers les unités de traitement qui sont dans les hôpitaux ; mais ils ne doivent pas être versés comme ça à la décharge. Ce qui fait que tous les masques qui sont produits dans les hôpitaux peuvent avoir des germes facilement. Tous les déchets doivent être transférés vers les déchets biomédicaux. Cette pandémie nous invite à plus de responsabilité. Il y a une surproduction de déchets avec cette Covid. Tout ce qu’on utilise avec les maladies de la Covid, c’est du jetable. Cela veut dire qu’aujourd’hui, les hôpitaux sont débordés par des déchets provenant des malades. Tout est à usage unique. Le problème se pose encore parce que rares sont les hôpitaux qui ont le dispositif nécessaire. Je constate quand même que le ministère est en train de faire des efforts. Par contre, le problème majeur, c’est dans la rue et les maisons. Nous utilisons plusieurs masques jetables, par jour ; cela veut dire qu’on le lance n’importe où. La solution est de sensibiliser pour qu’il y ait de petits sacs pour qu’on puisse y mettre directement les masques».
MACOUMBA DIAGNE, DG PROPLAST INDUSTRIE : «La revalorisation énergétique est la seule solution»
«La seule possibilité que je préconise, en tant qu’acteur qui est dans le domaine du recyclage, c’est la valorisation énergétique par les cimenteries. Il faut d’abord les collecter, mais ça dépend de comment ces masques ont été utilisés et ont été utilisés par qui ! Ça dépend de la zone d’utilisation ; parce que s’ils sont utilisés au niveau de l’hôpital, on pourrait les considérer comme des déchets biomédicaux. Maintenant, quand c’est utilisé par une tierce personne pour se protéger du coronavirus, ça aussi, le système de collecte est à revoir parce qu’on est en contact avec un type de déchets qui, potentiellement, peut être dangereux. Mais, une fois que cette collecte-là est faite dans les normes, il y aurait une possibilité de les valoriser sur le plan énergétique. Je proposerai cette solution. C’est mieux que de laisser les masques se disperser un peu partout ou de finir dans la rue. Il faut essayer de voir comment mettre en place un système de collecte, que les gens aussi ne les jettent pas n’importe où. C’est devenu un fléau parce que personne n’avait prévu cette pandémie. On voit qu’en Europe, par exemple, les gens sont en train de rechercher des solutions par rapport à cette prolifération de masques qui ne sont pas réutilisables. Aujourd’hui, les masques non réutilisables sont sur le marché, et ça sera difficile de les collecter. Ça va naturellement finir dans la nature et poser un danger pour l’environnement».
LES PHARMACIENS PRIVES EN ORDRE DE BATAILLE
Deux pharmacies pour un même site au centre-ville de Dakar. Un fait insolite qui occupe depuis quelque temps le devant de l’actualité.
Deux pharmacies pour un même site au centre-ville de Dakar. Un fait insolite qui occupe depuis quelque temps le devant de l’actualité. Face à cette situation, le Syndicat des pharmaciens privés duSénégal monte au créneau contre l’acte posé par la Direction de la pharmacie et du médicament (Dpm). Selon Docteur Assane Diop, la Direction incriminée a pris la décision illégale d’instruire un dossier de transfert de la « Pharmacie de la Nation » sur le site appartenant à la « Grande pharmacie Dakaroise ». Selon le syndicat qui a fait face à la presse : « cette décision s’est opérée en violation des dispositions relatives aux conditions de création et de transfert des officines et le site devait revenir à la Grande pharmacie Dakaroise et non celle de la Nation »
Un scandale secoue depuis quelque temps le monde des professionnels des pharmaciens du privé. Il s’agit d’un transfert d’une officine privée sur le site en cours de bail d’une autre officine. Depuis quelque temps, cette affaire dite de la « Grande pharmacie Dakaroise » avec la «Pharmacie de la Nation » occupe le devant de la scène médiatique. Hier, lundi, le Syndicat des pharmaciens du privé a fait face à la presse pour exiger de la Direction de la pharmacie et du médicament (Dpm) et de l’Ipres que la propriétaire de la « Grande pharmacie Dakaroise » puisse jouir pleinement de son droit, à savoir l’établissement d’un contrat de bail à son profit sur le local dont le bailleur est l’Ipres ainsi que l’annulation du contrat de bail établi « irrégulièrement » au profit de la « Pharmacie de la Nation ».
Selon le docteur Assane Diop, le syndicat dénonce l’illégalité du contrat de bail établi par l’Ipres au profit de la « Pharmacie de la Nation ». « Il y a une violation manifeste et flagrante des textes régissant la profession pharmaceutique par l’autorité chargée de la régulation du secteur qu’est la Direction de la pharmacie et du médicament, et des dispositions de l’acte uniforme Ohada applicables au bail commercial et au fonds de commerce par l’Ipres, le bailleur, notamment le droit au renouvellement du bail», a laissé entendre Dr Diop. Et de poursuivre : « la Direction de la pharmacie et du médicament a pris la décision illégale d’instruire un dossier de transfert de la Pharmacie de la Nation sur le site appartenant à la Grande pharmacie Dakaroise en violation des dispositions relatives aux conditions de création et de transfert des officines ». Aujourd’hui, le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal a décidé d’user de tous les moyens pour que leur consœur de la « Grande pharmacie Dakaroise », Aicha Goundiam Mbodji puisse entrer dans ses droits. « Nous utiliserons tous les moyens légaux pour s’opposer à cette décision et invitons tous les pharmaciens à la mobilisation pour le respect des lois et règlements, pour la confraternité et la sauvegarde de l’honorabilité de la pharmacie » a souligné Dr Assane Diop, Sg du syndicat.
RETOUR SUR LES FAITS
De l’avis de Dr Assane Diop, c’est en 2005 que la propriétaire de la « Grande pharmacie Dakaroise » a transféré régulièrement et de manière provisoire son officine pour cause de travaux de rénovation de l’immeuble appartenant à l’Ipres. « Elle a pris la précaution d’informer au préalable son bailleur de son intention de revenir dans le local à la fin des travaux. Elle a également informé la Direction de la pharmacie et du médicament et l’Ordre des pharmaciens du Sénégal de ce transfert en précisant que la loi lui donne la priorité sur le site, une fois les travaux terminés et qu’elle tient absolument à retrouver cet emplacement où son officine est installée depuis 62 ans », a renseigné Dr Diop. Et d’attester: « Par courrier en date du 17 décembre 2018, le directeur général de l’Ipres lui a confirmé l’approbation de sa réservation du local par la direction générale et lui a demandé de se rapprocher de la Direction du patrimoine et de la logistique pour les formalités administratives et l’élaboration du contrat dans les meilleurs délais en réponse à son courrier émis en date du 02 novembre pour exercer son droit de préemption». De l’avis du syndicaliste, après avoir accusé réception du courrier du directeur général de l’Ipres, Mme Mbodji a réitéré sa demande d’établissement d’un précontrat et son avocat conseil a formulé une demande dans ce sens par courrier en date du 02 septembre 2020, mais en vain. « A notre grande surprise, nous avons appris récemment qu’un contrat de bail portant sur le même local a été établi au profit de la Pharmacie de la Nation au préjudice de Mme Aicha Goudiam Mbodji de la Grande pharmacie Dakaroise et en violation manifeste des dispositions légales, réglementaires et conventionnelles en vigueur » a relevé Dr Assane Diop.
POSITION JURIDIQUE
Dans cette affaire de deux pharmacies pour un site, les défenseurs de la « Grande pharmacie Dakaroise » ont convoqué les dispositions de l’article 127 de l’acte uniforme de l’Ohada qui donne droit de priorité à Mme Mbodji pour se voir attribuer un nouveau bail dans l’immeuble reconduit. Pour docteur Assane Diop, au moment des travaux de l’immeuble qui abritait la « Grande pharmacie Dakaroise », les deux entités étaient toujours sous le sceau du bail. «Il n’est pas question d’accepter qu’un bailleur, quel qu’il soit, puisse s’arroger le droit de sortir un pharmacien pour en installer un autre. Compte tenu du droit de priorité dont bénéficie Mme Mbodji et qu’elle a exercé par une option ferme et définitive sur le local, tout bail consenti sur le même local à une autre personne et quel qu’en soit l’objet est irrégulier et doit être considéré comme nul et de nul effet car les dispositions de l’article 127 de l’acte uniforme de l’Ohada précipité sont d’ordre public.
«FAUTE DE LA SIGNATURE D’UN DECRET, IL N’Y A PLUS D’ETAT D’URGENCE NI D’ETAT DE SIEGE ENCORE MOINS DE COUVRE-FEU AU SENEGAL»
Pour certains hommes de droit et autres observateurs de la vie politique, le fondement juridique de l’application de cette loi pose en effet problème, dans la mesure où aucun décret présidentiel n’a été émis pour proroger l’état d’urgence.
Pour certains hommes de droit et autres observateurs de la vie politique, le fondement juridique de l’application de cette loi pose en effet problème, dans la mesure où aucun décret présidentiel n’a été émis pour proroger l’état d’urgence.
«La loi n° 2021-18 modifiant la loi n° 69 - 29 du 29 avril 1969 relative à l’état d’urgence et à l’état de siège comme son nom l’indique est une loi qui a apporté une modification à la Loi 69 – 29 pour les raisons que nous connaissons tous. Donc, cette loi a été modifiée pour être renforcée par rapport à un troisième régime relatif à la gestion de catastrophes naturelles ou sanitaires. Mais lorsque le président de la République veut agir sur la base de cette nouvelle Loi, il est tenu comme il l’avait fait sur la base de l’ancienne loi n° 69 - 29 du 29 avril 1969, de prendre impérativement un décret. D’ailleurs, quand on se réfère à l’article 69 de cette loi, pour que le président de la République puisse proclamer l’Etat de siège ou l’état d’urgence, il devrait prendre un décret qui est un acte administratif qui peut être attaqué devant les juridictions en cas d’illégalité. Ce n’est pas simplement parce qu’on a promulgué une loi que l’on veut que cette loi est d’application immédiate. Pour que le président de la République puisse se prévaloir des nouvelles dispositions prévues par cette modification, il est nécessairement tenu de prendre un décret ».
PAS DE BASE JURIDIQUE LEGALE DEPUIS LE 17 JANVIER
Contrairement à ce que le ministre de l’Intérieur a dit sur le plateau d’une télévision, le décret qui a proclamé l’état d’urgence est très clair concernant la date d’expiration de cette mesure qui était le 17 janvier dernier. Et depuis cette date du 17 janvier, le couvre-feu n’a plus de base juridique légale de même que l’état d’urgence. Car, le président n’a qu’un moyen pour pouvoir se prévaloir des mesures prévues par cette modification : il s’agit de son pouvoir de décret.
Tout le monde sait que l’administration agit par acte. Une mesure administrative est toujours concrétisée par un acte et si cette dernière (mesure administrative) émane du président, celui-ci doit obligatoirement prendre un décret. S’il a fait une délégation, le ministre en charge de mettre en application cette mesure devrait prendre un arrêté. Mais jusqu’à ce jour, je n’ai pas connaissance de telle mesure. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi, il (président de la République) maintient le statut quo par rapport à ça. Une loi qui entre en vigueur ne confère pas automatiquement droit au président de se prévaloir de ses mesures. Mais, puisqu’il n’a pas eu à renouveler l’état d’urgence sur la base de la modification de la loi 69-29, on peut dire qu’il n’y a plus d’état d’urgence ni d’état de siège encore moins de couvre feu au Sénégal.
Par conséquent, toutes les personnes qui ont été arrêtées et déférées au Parquet sur la base de cet état d’urgence, peuvent se prévaloir du défaut de base légale de cet état d’urgence. Puisqu’en réalité, il n y’a aucune base sur laquelle, on pourrait fonder cette mesure d’état d’urgence assortie de couvre-feu dans la mesure où le président de la République n’a pas pris de décret dans ce sens ».
MACKY À L’ÉPREUVE DE LA LÉGALITÉ
Pour certains hommes de droit et autres observateurs de la vie politique, le fondement juridique de l’application de la loi sur l'état d'urgence pose problème, dans la mesure où aucun décret présidentiel n’a été émis pour proroger l’état d’urgence
Le Sénégal semble de plus en plus se perdre dans l’interprétation de ses textes de lois. En effet, alors que l’opinion publique est toujours suspendue à la controverse concernant la question de la possibilité ou non du président Sall à briguer une troisième candidature, voilà que l’application de la loi n°2021-18 modifiant la loi n° 69-29 du 29 avril 1969 relative à l’état d’urgence et à l’état de siège alimente un nouveau débat. Pour certains hommes de droit et autres observateurs de la vie politique, le fondement juridique de l’application de cette loi pose en effet problème, dans la mesure où aucun décret présidentiel n’a été émis pour proroger l’état d’urgence.
Décidément, le régime en place semble avoir un sérieux problème d’interprétation des textes juridiques. En effet, depuis l’avènement de la deuxième alternance politique, le débat public ne cesse d’être pollué par les questions d’interprétation des lois et textes. La preuve, alors que l’opinion publique est toujours suspendue à la controverse concernant la question de la possibilité ou non du président Sall à briguer une troisième candidature nonobstant son engagement réitéré à plusieurs reprises, voilà qu’un autre débat surgit concernant cette fois-ci le cadre juridique fondant la prorogation de la mesure de l’état d’urgence et du couvre-feu décrété par le chef de l’Etat, le 6 janvier dernier, dans les régions de Dakar et Thiès pour limiter la propagation de la Covid-19.
S’exprimant le lundi 18 janvier sur le plateau de la télévision nationale, le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diom a annoncé la prorogation du couvre-feu pour une durée de huit jours, dans les régions de Dakar et Thiès.
Poursuivant son propos, l’ancien substitut du procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) a précisé qu’en attendant l’entrée en vigueur, prévue le jour suivant sa sortie (mardi 19 janvier), de la loi sur l’état d’urgence modifiée, il a été demandé aux gouverneurs de Dakar et Thiès de prendre des arrêtés qui produisent les mêmes effets dans cette période de huit jours, correspondant à la prorogation du couvre-feu. Il faut dire que cette décision de faire appel aux Gouverneurs vise à contourner les limites légales de l’état d’urgence fixées par la Loi 29-69 à 12 jours.
Le lendemain, mardi 19 janvier 2021, Seydou Guèye, ministre porte-parole et Coordonnateur de la communication de la présidence de la République est monté au créneau pour annoncer via un communiqué de presse, que le Président de la République a promulgué, ce jour du 19 janvier 2021, la loi n° 2021- 18 modifiant la loi n° 69-29 du 29 avril 1969 relative à l’état d’urgence et à l’état de siège et a décidé en outre, de maintenir le couvre-feu, de 21 h à 5 h du matin, sur l’étendue des régions de Dakar et Thiès.
Seulement, pour certains acteurs et observateurs de la vie politique, en procédant ainsi, le Président et son gouvernement sont dans une situation d’illégalité. En effet, soulignant qu’un communiqué du service presse de la présidence de la République n’a pas une base juridique, ces derniers estiment que le chef de l’Etat devait prendre un décret relatif à la prolongation de l’état d’urgence après avoir promulgué la nouvelle Loi n° 69-29 du 29 avril 1969 modifiée. Pour eux, le régime actuel d’état d’urgence assorti d’un couvre-feu n’a pas de fondement juridique.
Par PHILIPPE D’ALMEIDA
VERS UNE LIBERTÉ SANS EXPRESSION ?
Vestige délabré d’un passé légendaire au plan des libertés, le Sénégal est surpris en flagrant délit de malmener sa propre démocratie. La plus vieille démocratique d’Afrique francophone s’attaquerait-elle à ce qui fit jusqu’ici son prestige
La plus vieille démocratique d’Afrique francophone s’attaquerait-elle à ce qui fit jusqu’ici son prestige ? Opèrerait-elle sur elle-même, à l’image de ces systèmes immunitaires qui, dans les pathologies auto-immunes et dans un hallucinant dysfonctionnement, s’attaquent aux composants des organismes qu’ils sont censés défendre ? Vestige délabré d’un passé légendaire au plan des libertés, le Sénégal est comme surpris en flagrant délit de malmener sa propre démocratie.
En interpellant à tout-va, les auteurs d’opinions contrariant le pouvoir, la machine politico-judiciaire du Sénégal, s’en prend au droit à l’expression considéré comme une liberté fondamentale et inscrite dans la Déclaration universelle des Droits de l’homme, en son article 19.
La liberté d’expression, faut-il le rappeler, est ‘’le droit pour toute personne de penser comme elle le souhaite et de pouvoir exprimer ses opinions par tous les moyens qu'elle juge opportun, dans les domaines de la politique, de la philosophie, de la religion, de la morale...’’
La liste est, hélas, longue de ceux qui, depuis 2019, et même un peu plus tôt, ont dû perdre la liberté de leurs mouvements pour un temps ou depuis : de Guy Marius Sagna en passant par Adama Gaye, Oudy Diallo… L’on n’évoquera pas le nom de ceux qui, dans la nébuleuse sanitaire et sécuritaire des glauques geôles sénégalaises, ont perdu la vie pour avoir commis la faute capitale d’avoir pensé et parlé.
En arrêtant, le 15 janvier dernier et dans des conditions qui n’honorent pas la démocratie, Boubacar Sèye, Président fondateur de l’ONG Horizon sans frontières, la machine politico-judiciaire allonge dans l’innommable, la liste sidérante des victimes de ce qui s’apparente, au cœur d’une belle démocratie, à la liste d’épuration d’un vulgaire régime policier.
De quel crime accuse-t-on ce défenseur de migrants, indigné par la curée incessante des foules de jeunes tentés par l’inconnu et les séductions vaseuses d’un Occident si proche et si lointain ? De s’être interrogé sur les ’’milliards de francs CFA qui, depuis 2015’’, sont censés avoir été dépensée dans la lutte contre l’immigration clandestine au Sénégal. Milliards alloués par l’Union européenne dans le cadre de Frontex, l’Agence européenne de surveillance des frontières. Milliards pour lesquels aucune reddition de comptes n’a jamais été faite, ni dans le cadre du Parlement, ni au plan gouvernemental. Boubacar Sèye ne demandait rien d’autre que soit évaluée l’incidence de ces fonds sur la problématique de l’émigration, au regard de la recrudescence inquiétante de ce fléau qui n’a pas arrêté, depuis, de jeter, au large des côtes européennes, son varech macabre de corps d’hommes, de femmes et d’enfants dont la témérité héroïque a été brutalement vaincue par la violence des flots.
Dans un Dakar démesurément grossi par l'exode rural, le chômage des jeunes est ravageur. Il jette des désespérés sur de périlleuses barcasses vers l'Eldorado européen. L’Organisation internationale des migrations a fait état de 140 morts au cours d’un seul naufrage, fin octobre 2020. L’embarcation tentait de rejoindre l’archipel espagnol des Canaries… 140 morts… Chiffre contesté par les autorités sénégalaises qui n’ont pu lui opposer, hélas, que leur détermination à lutter contre le phénomène…
Boubacar Sèye n’a accusé personne ; il n’a porté le moindre soupçon sur personne ; il n’a même pas douté de la légitimité de l’usage des fonds de Frontex. Il a juste rappelé la nécessité qu’il y avait à faire le point sur l’usage de ces fonds afin qu’ils soient, au fur et à mesure, utilisés de la façon la plus appropriée possible, au regard du drame humain que représente ce prurit émigrationnel et ses conséquences sinistres. Et ce sinistre n’est pas que celui des corps qui jonchent les plages d’Espagne ou d’Italie. Il est aussi celui de ceux qui reviennent ; de ceux qui ont eu la chance ou la malchance de ne pas aller jusqu’au bout du naufrage et qui reviennent chez eux dans le dénuement le plus total, plus pauvres qu’ils ne sont partis et devant désormais affronter la muette malédiction de ceux qui ont tout sacrifié pour qu’ils partent. C’est aussi à eux que s’adressent Frontex, dans un souci ordinaire de justice et d’auto-prémunition.
Que des milliards destinés à atténuer cette tragédie nationale (et régionale) soient, dans l’opacité la plus sidérante, gérés par quelques-uns, participent de ce crime contre les peuples qui prend sous des cieux différents des formes diverses et qui fait frémir même les enfers… L’on ne peut bâtir des fortunes personnelles sur de telles tragédies sans en rendre un compte terrible, à un moment donné ou à un autre, à ‘’celui de qui relève tous les empires… qui se glorifie de faire la loi aux rois et de leur donner, quand il lui plait, de grandes et terribles leçons…’’
En faisant l’option de mettre aux arrêts Boubacar Sèye, dont la santé chancelante fait craindre aux siens le pire, le pouvoir a pris aussi la responsabilité d’ouvrir contre sa propre crédibilité, la boite de Pandore de toutes les interrogations et de toutes les suspicions. Ce n’était pas l’option la mieux pensée…
La liberté d’expression est la pierre angulaire de la démocratie. La Constitution sénégalaise de 2001 garantit cette liberté et le pays adhère à tous les textes internationaux qui en soulignent le caractère sacro-saint et en définissent le cadre. Comment peut-on, alors, expliquer que les pouvoirs prennent de façon récurrente la liberté d’en restreindre l’exercice ?
En Afrique, de manière générale, les lois contre la diffamation refrènent la liberté d’expression et ouvrent des vannes pseudo-juridiques à tous les excès ; à toutes les exactions. Le Sénégal a toujours fait figure de belle exception, en dépit de quelques douloureux fléchissements le long du temps. Mais ces fléchissements erratiques prennent de plus en plus des airs de norme. Il est dans la dignité du Sénégal et de l’honneur de ses dirigeants de conjurer cette tentation, en redonnant à l’expression sa liberté. Comme au temps jadis, quand le pays brillait des mille feux de ses libertés et cristallisait les convoitises du reste de l’Afrique.
À Dakar, la statue géante de la Renaissance africaine tend vers le grand large un bras rassurant : l'avenir n'est pas si prometteur. Mais le Sénégal lui a mis en main une torche de liberté. C’est son devoir de lui rester fidèle.
CAF, LES ADVERSAIRES D'AUGUSTIN SENGHOR EN EAUX TROUBLES
Le site footafrique.com fait des révélations sur les réserves formulées par la Commission de gouvernance de la Caf à l'encontre des candidats à la présidence, Yahya et Motsepe
Le site footafrique.com fait des révélations sur les réserves formulées par la Commission de gouvernance de la Caf à l'encontre des candidats à la présidence, Yahya et Motsepe.
La tempête s’abat sur deux des prochains adversaires d’Augustin Senghor à la présidence de la Confédération africaine de football (Caf). Le 7 janvier dernier, la Commission de gouvernance de la Caf lâchait une bombe. Après examen des dossiers des différents candidats à la présidence de l’instance, ladite commission demandait une nouvelle audition à deux des prétendants, le Mauritanien Ahmed Yahya et le Sud-Africain Patrice Motsepe.
‘’Leurs candidatures ont été jugées recevables. Cependant, la commission a estimé que des vérifications complémentaires sont nécessaires avant une décision finale. A cet effet, une audition de ces candidats sera organisée au Caire le 28 janvier 2021’’, explique alors la commission de gouvernance de la Caf. Depuis, les dossiers ont été renvoyés devant la Fifa et cette date de revoyure n’est plus mentionnée. Une question restait dès lors entière : que reprochait la commission de gouvernance aux candidats Yahya et Motsepe ? Le site Footafrique.com a fait samedi dernier des révélations explosives à ce sujet.
Yahya a-t-il croqué sur des transferts ?
Le président de la Fédération mauritanienne de football (FFRIM), Ahmed Yahya, était déjà apparu sur la liste des dirigeants à avoir pris part au pèlerinage à La Mecque qui fut reproché à Ahmad. Cette entorse à l’éthique ne fait pourtant pas partie des griefs formulés à l’encontre du candidat mauritanien. La Commission de gouvernance fait état d’un ‘’détournement d’argent portant sur une somme de 75 000 euros’’ et de la ‘’prise en otage d’un club de football’’, indique footafrique.com. Dans le viseur, un contrat signé il y a cinq ans entre l’Asac Concorde et le club espagnol de Levante pour les transferts de deux joueurs, contre la somme de 75 000 euros. Problème : le club vendeur n’en a jamais vu la couleur. Présenté comme le seul et unique intermédiaire dans cette transaction, le président de la FFRIM est accusé d’avoir détourné les sommes en question.
Motsepe, trop proche de l’ANC ?
Quant à Patrice Motsepe, le richissime homme d’affaires et président des Mamelodi Sundowns est présenté par la Commission de gouvernance de la Caf comme une ‘’personne politiquement exposée, en raison de ses liens familiaux étroits avec le parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC).’’
‘’Des rapports selon lesquels Motsepe est un contributeur financier majeur à l’ANC ont également été identifiés’’, ajoute la commission. Sont pêle-mêle évoqués un scandale d’ingérence politique et un blanchiment d’argent en 2019-2020 au Botswana, ses liens avec la société Assmang Limited, pointée du doigt pour les conditions de travail des mineurs qu’elle emploie, mais aussi des invitations envoyées aux présidents des Fédération africaines pour fêter le demi-siècle des Sundowns. ‘’Les invitations adressées aux présidents de Fédérations pour le cinquantième anniversaire de son club ont été expédiées de son secrétariat personnel et payées naturellement avec son argent propre’’, a répondu l’équipe de campagne du candidat sud-africain à nos confrères. Reste que les sujets de discussion ne manqueront pas avant la décision du comité de gouvernance à Zurich.
ART URBAIN
L’objectif du projet est de renforcer le potentiel de l’art comme levier social pour la transmission, la responsabilisation et la sensibilisation.
A l’occasion de la Journée internationale de l’éducation et dans le cadre de ses projets financés dans le domaine de l’éducation inclusive, l’Agence italienne de coopération pour le développement a choisi l’art urbain, en particulier le graffiti, ‘’pour véhiculer l’image d’une société inclusive dans laquelle chaque individu a son propre rôle et peut exprimer au mieux ses potentialités’’. L’objectif du projet est de renforcer le potentiel de l’art comme levier social pour la transmission, la responsabilisation et la sensibilisation.
Vu la dimension socio-culturelle du graffiti, ces fresques murales ressortent ‘’l’importance d’éduquer la société sénégalaise au respect des différences, à la promotion d’une culture inclusive dans laquelle chacun, y compris les personnes en situation de handicap, peut s’épanouir, réaliser ses propres rêves et apporter une valeur ajoutée à sa communauté du point de vue économique’’.
Pour la réalisation du projet, trois artistes que sont Docta, Zeinixx et Undugraffiti ont ‘’représenté et immortalisé’’ sur des murs de la Médina, des Parcelles-Assainies et de Yeumbeul des personnages et des scènes pour véhiculer le message de ‘’l’inclusion des personnes en situation de handicap’’.
L’APPROVISIONNEMENT CORRECT EN OXYGENE, LA GRANDE CRAINTE
Va-t-on vers une saturation des Centres de traitement des épidémies (CTE) ? En tout cas, tout porte à le croire. Au vu de ce qui se passe dans la région de Dakar, il y a de quoi s’inquiéter.
Relativement épargné jusqu’ici par la pandémie, le Sénégal subit de plein fouet la deuxième vague de Covid-19 qui force les régions les plus touchées du pays à revenir vers des mesures sanitaires strictes. Le défi réside dans la prise en charge.
Va-t-on vers une saturation des Centres de traitement des épidémies (CTE) ? En tout cas, tout porte à le croire. Au vu de ce qui se passe dans la région de Dakar, il y a de quoi s’inquiéter. La nouvelle vague de contamination fait énormément de dégâts. Le porte-parole d’un syndicat souligne que la situation est hors de contrôle dans les hôpitaux publics. L’augmentation des cas va forcément conduire à la saturation des CTE. D’ailleurs, le directeur du Samu national semble confirmer les propos du syndicaliste. Il alerte sur le nombre de cas sévères pris en charge dans ces structures ayant atteint la barre des 300 patients.
Cette situation met sous tension tous les services de réanimation qui sont fortement sollicités
La deuxième vague est en train de mettre le système de santé à rude épreuve. ‘’Au-delà des cas graves traités en réanimation, nous avons également des cas sévères. Et c’est important. Parce que les cas sévères, si on note bien, ce sont ceux qui sont dans les CTE. Depuis que la prise en charge à domicile a commencé, les cas asymptomatiques, c’est-à-dire des personnes qui ne présentent pas de risques vitaux ou des complications majeures, sont confinées à domicile avec un suivi. Mais les cas sévères qui nécessitent une prise en charge rapprochée, qui nécessitent parfois l’administration d’oxygène ou d’autres médicaments, sont dans les CTE’’, explique le directeur du Samu national, Pr. Mamadou Diarra Bèye.
Un tour dans quelques CTE de Dakar permet de constater la réalité du défi de la prise en charge. Même s’il est difficile d’y accéder, faute d’autorisation, notre curiosité a permis de voir les contraintes auxquelles sont confrontés les agents de santé pour traiter les malades. Non pas par manque de moyens, mais plutôt par le nombre exorbitant de patients. ‘’Il est difficile de travailler ici. On ne se repose pas. Cette situation est très différente de la première. J’ai l’impression que nous ne traitons pas le même virus. Celui-ci est très virulent et agressif. Les signes sont différents, de même que les manifestations, et les gens meurent tellement vite. Prions pour que cela ne se répande pas dans tout le pays, parce que nous ne pourrons pas faire face’’, prévient un médecin traitant dans un CTE à Dakar.
A son avis, il ne s’agit pas d’une question de moyens, parce que les centres ont les équipements qu’il faut. ‘’On ne comprend jusque-là pas beaucoup de choses. Chaque malade a sa propre réaction. Le virus change, du jour au lendemain. En plus, la majeure partie de nos patients ont des pathologies sous-jacentes. C’est très compliqué’’, confie notre source.
Grande consommation d’oxygène, la peur des praticiens
Un avis partagé par son collègue qui souligne qu’à un moment donné, ils seront confrontés à un déficit de ressources humaines. Un malade peut mobiliser trois à quatre médecins. ‘’On peut passer une semaine à surveiller un malade sans se reposer. Ce n’est pas évident. Cette souche nous inquiète. En plus, les malades arrivent à un stade très critique. Heureusement que maintenant, tous les lits disposent d’oxygène. Sinon, on allait tous les jours évacuer les patients vers les centres de référence. C’est inquiétant. Nous devons faire très attention’’, avertit-il.
C’est une situation, dit-il, très difficile, aussi bien pour les populations que les soignants. Parlant des patients hospitalisés dans les CTE, il informe que ces derniers consomment énormément d’oxygène. Cette thèse est confirmée par le Pr. Bèye, qui informe que les malades prennent 10 à 15 litres par minute. On peut comprendre aisément la charge de travail.
Cette grande consommation d’oxygène crée une peur bleue chez les praticiens par rapport à son approvisionnement permanent. Le docteur Massamba Diop souligne que la consommation est énorme, alors qu’on est seulement au début de la deuxième vague. ‘’A ce rythme, nous craignons un problème d’approvisionnement d’oxygène. Pour le moment, il n’y a rien de contraignant, mais il faut se préparer à toute éventualité. Parce que, dès qu’il y a des difficultés liées à l’oxygène, le patient est évacué et, à la moindre tracasserie, il peut perdre la vie en cours d’évacuation. C’est des choses très délicates. Nous prions que cela n’arrive pas’’, implore le Dr Diop.
Embouchant la même trompette, son collègue, le docteur Ibrahima Ndiaye, souligne que, pour le moment, le problème ne se pose pas. Mais si, par malchance, le virus se propage dans tout le pays, la demande sera énorme. ‘’Nous souhaitons juste que toutes les dispositions soient prises pour un approvisionnement correct. Parce qu’au début de la maladie, on était confronté à un déficit d’appareils de réanimation et de respirateurs, entre autres. Mais beaucoup de choses ont changé. Toutes les craintes, c’est l’oxygène. On peut ne pas avoir des soucis à ce niveau aussi’’, dit-il.
Avec le nombre élevé de cas graves et de décès, le débat sur la réanimation refait surface. Mais, de l’avis du médecin-colonel chef du Service d’anesthésie-réanimation-urgence hémodialyse de l’hôpital Principal de Dakar, la problématique de la réanimation ne se pose plus.
Selon le professeur Khalifa Ababacar Wade, tous les malades qui rentrent en réanimation ne meurent pas, contrairement à ce que disent ou pensent certains. ‘’Ce n’est pas le cas. En réanimation, les études qu’on a faites ici à Principal, montrent que le taux de décès est entre 26 et 28 % en temps normal. Dans toutes les réanimations du monde, on dit qu’un patient en réanimation sur quatre meurt. Des études ont montré que, dans certains pays développés, le taux de mortalité est au-delà de 28 %. La réanimation est destinée aux patients les plus lourds. Donc, forcément, on va avoir plus de décès en réanimation que dans les autres services. Au Sénégal, pour le coronavirus, on a une mortalité qui est inférieure, pour le moment, à la mortalité des autres pathologies’’, renseigne l’anesthésiste-réanimateur.
‘’Le nombre de lits en réanimation se met très rapidement en tension’’
Par ailleurs, il soutient que le pays dispose des mêmes équipements que les pays développés et la réanimation se fait de la même façon. Pour preuve, le médecin-colonel informe que déjà plusieurs personnes prises en charge au service de réanimation dudit hôpital sont guéries et rentrées chez elles. Il affirme que ses collègues et lui traitent des maladies beaucoup plus graves que le coronavirus. La seule différence est que la Covid-19 est médiatisée. Avant d’ajouter que la chose à régler, c’est l’arrivée tardive des patients.
D’ailleurs, à ce sujet, le directeur du Samu national note que, pour les cas graves qui arrivent en réanimation, parfois plus de 400 %, ce n’étaient même pas des cas suivis à domicile. A l’en croire, ce sont des patients qui restaient à la maison et qui, brusquement, présentaient des signes de détresse. ‘’Quand nous les interrogeons, nous nous rendons compte que ce sont des personnes qui sont malades depuis 10 jours’’. Attirant l’attention sur les conséquences de cette situation sur le système de santé, le Pr. Mamadou Diarra Bèye souligne que l’augmentation des cas graves cohabite avec les autres cas en réanimation dus aux pathologies qui n’ont absolument rien à voir avec la Covid-19. Ce qui fait que le nombre de lits se met très rapidement en tension.
La directrice générale de la Santé, par ailleurs coordonnatrice du CNGE, Docteur Marie Khemesse Ngom Ndiaye, souligne que la sensibilisation n’est pas de trop avec cette maladie. ‘’La fiche signalétique de l’OMS mise en place, à cet effet, montrait un taux de préparation de 62 % au Sénégal, plus un plan de préparation en place avec toutes les capacités dans une approche multisectorielle et multidisciplinaire. Les services sanitaires sénégalais, qui étaient à ce taux de préparation évalué avant l’apparition du coronavirus sur le territoire sénégalais, ont le grand défi de garder le juste équilibre consistant à continuer à bien prendre en charge la pandémie, avec la survenue de la deuxième vague, sans négliger les autres pathologies’’.
PREVENTION
Le cri du cœur des urgentistes et épidémiologistes
Actuellement, la plus grande arme contre cette pandémie, c’est la vigilance, selon le docteur épidémiologiste Boly Diop. Des familles ont perdu des proches à cause de ce virus, des patients sur des lits de réanimation ne savent pas s’ils vont s’en sortir. ‘’Soyons plus responsables et respectons les consignes. Si tout le monde respecte les mesures, nous pourrons vaincre ou réduire ce virus, avant l’arrivée du vaccin. Si on ne le fait pas, nous allons fatiguer nos familles, la population et le personnel soignant. Agissons en toute responsabilité’’, lance le Dr Diop.
A son avis, dans les CTE, il y a tout ce qu’il faut pour traiter les patients. Mais le mieux est de faire en sorte de ne pas passer dans ces centres.
Dans la même veine, l’urgentiste, Pr. Diouf, invite les gens à arrêter de tirer sur tout. Parce qu’aucun individu n’est plus citoyen que ceux qui se donnent corps et âme pour lutter contre cette pandémie. ‘’Notre seule arme la plus accessible, c’est la prévention, dit-il. Nous invitons tout le monde au respect des gestes barrières et à prendre soin de notre santé. Nous sommes épuisés physiquement et psychologiquement’’, exhorte le Pr. Niang.
JAMRA SALUE LA BELLE LEÇON D’ABDOULAYE DIA DE SENICO «AUX OGRES QUI ECRASENT LES PLUS FAIBLES »
Le sobriquet de «Self made man », que lui ont taillé sur mesure certains médias locaux, semble lui aller à merveille, d'autant que Abdoulaye Dia, Pgd de la Senico, n'a jamais eu la «chance » de fréquenter les bancs de l'école publique sénégalaise
« Il aura marqué d'une empreinte indélébile le paysage de l'industrie agroalimentaire, alors qu'il était parti de presque rien. Il était loin de s'imaginer que son «Gie Dia et frères », créé en 1994, allait devenir en un temps record cette Senico (Sénégalaise d'Industrie et de Commerce) qui a fini par se tailler une place de choix dans la production et la distribution de centaines de denrées de consommation courante, prisées par des milliers de ménages. Et à créer 500 emplois, où des soutiens de familles gagnent dignement leurs vies.
Le sobriquet de «Self made man », que lui ont taillé sur mesure certains médias locaux, semble lui aller à merveille, d'autant que Abdoulaye Dia, Pgd de la Senico, n'a jamais eu la «chance » de fréquenter les bancs de l'école publique sénégalaise. C'est plutôt la "daara", l'école coranique traditionnelle, qui aura eu l'opportunité de lui formater cet esprit entrepreneurial qui le caractérise, tout en lui inculquant les valeurs de courage, de persévérance et de patriotisme.
De modeste vendeur au micro-détail, de sachets de café et de lait en poudre, dans une boutique anonyme d'un quartier populaire, au grand capitaine d'industrie qu'il est devenu, en passant par le vendeur de "guédj" et de "kéthiakh" (poissons séchés et fumés), entre la Gambie et le Sénégal, "Abdoulaye Dia Senico" aura su prouver aux nouvelles générations que l'on peut parfaitement réussir à se faire une place au soleil en portant en bandoulière l'unique credo, dont son esprit a été forgé durant ses dures humanités de "ndongal-daara" : "Inna Laaha maa' saabiriine" (Allah est avec les endurants - Sôratul Anfal, verset 46).
Les concours annuels de récital du Saint Coran dotés du "prix Senico", auxquels Jamra a l'honneur d'être régulièrement invitée, nous ont donné l'opportunité de mieux cerner l'esprit de partage et la volonté de consécration des sublimes enseignements du Livre Saint, qui ont indubitablement marqué le parcours de Abdoulaye Dia. C'est dans un Grand Théâtre noir de monde que cette 5ème édition du concours national de récital de Coran avait plébiscité la petite Khady Dramé, qui en a remporté le 1er prix.
Organisé chaque année par Abdoulaye Dia Senico, cette compétition, désormais institutionnalisée, a acquis ses lettres de noblesse auprès de nombreuses "daaras" du pays, où les apprenants ont désormais hâte de pouvoir donner les gages de leur bonne maîtrise des subtilités du Livre Saint, et prouver leurs talents dans la psalmodie du message coranique, dans le cadre d'une saine émulation, dotée de substantielles récompenses.
Occasion de mettre également en exergue les sublimes dimensions de l'Islam, religion de paix, d'entraide et de solidarité active. Dès lors, on ne peut être surpris outre-mesure d'apprendre cet acte de haute portée morale et citoyenne que vient de poser le "talibé" Abdoulaye Dia, dans le dénouement heureux de ce poignant litige foncier, l'ayant opposé à des populations de Darou Salam 02 extension, à Keur Massar, et qui avait tenu en haleine toute l'opinion.
Tant la crainte était grande de voir, encore une fois, des centaines de familles assister, impuissantes, à la démolition de leurs demeures, pour la plupart construites au prix de mille sacrifices. Pour ensuite sombrer davantage dans la précarité. Mais, par la grâce de Dieu, et à la magnanimité du promoteur, ce bras-de-fer a été abrégé de justesse. À travers un dénouement paisible.
Bien que ce différend judiciaire, qui avait pour enjeu le titre foncier N°11847, eût tourné en sa faveur, le promoteur Abdoulaye Dia Senico, à la surprise générale, et sous le regard ébahis de ces potentiels « victimes foncières », a pris la noble décision de ne faire démolir aucune concession.
Encore moins de récupérer à son profit la moindre parcelle. Le fait est à ce point inédit qu'on ne compte plus les témoignages de respect, exprimés par des citoyens anonymes dans les réseaux sociaux, à l'égard de ce capitaine d'industrie, qui aura préféré se démarquer des sentiers battus, en renonçant volontairement à cinquante mille (50.000) mètres carrés de terre, plutôt que d'infliger une mémorable humiliation à 245 concitoyens, dont certains auront, des années durant, investi toutes leurs économies pour offrir un toit à leurs familles.
L'honnêteté morale voudrait toutefois qu'une mention spéciale soit décernée aux bonnes volontés de la Société civile (Guy Marius Sagna, Thiaat, Kilifeu...) qui auront offert volontiers leurs bons offices, pour tirer d'affaire des dizaines de familles angoissées par cette décision de justice, que Abdoulaye Dia aurait légalement pu faire suivre d'une parade de bulldozers, en démolissant tout sur son passage, pour rentrer dans son dû. Abandonnant ainsi à leur propre sort de braves chefs de familles, vraisemblablement victimes d'une arnaque foncière.
A cet égard, l'Etat est interpellé au premier chef sur ces litiges récurrents, tournant souvent autour d'un scénario classique, dont l'incongruité se le dispute au paradoxe. Il s'agit souvent d'une assiette foncière dont les parties en conflit prétendent chacune détenir légitimement, en bonne et due forme, des titres de propriété. Si ce n'est une redondance dans la chaîne décisionnelle de l'administration, consistant à délivrer, pour un site unique, à la fois un titre foncier domaniale et une délibération municipale. Il y a lieu de mettre de l'ordre dans les champs de compétence des institutions intervenants dans les attributions foncières, et dont les faibles justiciables pâtissent le plus de leurs antagonismes. Cette haute leçon de patriotisme, et de sagesse managériale, administrée par Abdoulaye Dia Senico, mérite d'être largement mise en évidence, afin de montrer qu'on peut parfaitement être juridiquement en position de puissance envers son adversaire et faire néanmoins sien cette sage maxime du grand philosophe et théologien français du 17è siècle, Blaise Pascal : « La justice sans la force est impuissante, mais la force sans la justice est tyrannique ».
Autrement dit, la justice se doit, certes, d'être forte. Mais la force se doit, quant à elle, d'être plus humaine, pour être Juste. Le premier médiateur de la République du Sénégal, l'éminent magistrat Ousmane Camara, avait l'habitude de décliner cette noble posture sous la généreuse expression de « règlement en équité ». Et c'est ce que vient de faire Abdoulaye Dia Senico, qui mérite tous les honneurs de la République. Qu'Allah lui accorde Ses meilleures bénédictions.
Par Mary Teuw Niane
COVID-19, LES VIEUX NOUS QUITTENT
Chaque jour, les médias, les murs de Facebook et d’autres réseaux sociaux annoncent la mort d’une vieille personne célèbre ou anonyme du grand public.
Ils partent sans crier gare, sans dire au revoir, sur la pointe des pieds. Ils ne veulent encombrer personne, ils ne sont pas allés à la rencontre de la maladie. Et pourtant, ce sont les vieux, au dernier moment de leur courte vie, si longue à cause d’une espérance de vie si courte, qui nous quittent. Ils partent, les vieux, un à un, professeurs, députés, journalistes, administrateurs, agents de l’administration, employés du secteur privé, syndicalistes, patrons, imams, khalifes, chefs traditionnels, grand pères, grand mères, oncles, tantes, pères, mères, homonymes, beaux parents, etc.
Les vieux partent, peu importe leur occupation ou leur richesse, qu’ils habitent les beaux quartiers cossus enveloppés d’un calme qui fait résonner les pas des passants ou dans les villages reculés dans des paillotes austères qui ne résisteront pas à la première tornade du prochain hivernage.
Les vieux partent, la religion en bandoulière et le fatalisme comme bréviaire, ils quittent une société inconsciente et coupable, qui, froidement les a sacrifiés à l’autel de ses dirigeants irrésolus, de l’incivisme de ses membres, des baptêmes, des mariages, des enterrements démesurés, des cérémonies et des manifestations religieuses, des rencontres familiales et mêmes des manifestations socio-politiques.
Les vieux partent, car notre société s’est muée en une société d’apparence et d’apparat. Ne comptent que le luxe, la luxure, le clinquant plaqué or, les liasses de billets de banques neufs et les sons au rythme des chants des laudateurs. Le pauvre aussi est enivré et emporté par ce délire collectif au parfum de richesses mal acquises, il organise aussi au préjudice de la stabilité de sa famille et de son ménage des cérémonies démesurées.
Personne ne pense aux vieux tellement ils sont humbles dans leurs habits sans éclats. Ils gardent altiers un silence où seuls leurs yeux vitreux parlent d’une parole peu audible aux femmes, aux jeunes et aux griots que la clameur rend sourds.
Chaque jour, les médias, les murs de Facebook et d’autres réseaux sociaux annoncent la mort d’une vieille personne célèbre ou anonyme du grand public. La liste est interminable ! S’arrêtera-t-elle un jour ? Sans doute, lorsque tout le monde sera vacciné, verrons-nous alors la fin de cette horreur silencieuse qui écrête irrésistiblement les plus anciens.
Mais enfin, nous sommes des êtres humains dotés de raison et d’émotions, sommes-nous capables de nous ressaisir dans la dignité de notre humanisme, la compassion et la générosité envers nos vieux pour que le virus de la covid-19 ne passe pas par nous pour les atteindre. C’est aussi un sursaut en l’honneur de l’être humain que nous sommes !