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29 juin 2025
LE VACCIN, UNE "SOLUTION EFFICACE" CONTRE LA COVID
Selon Abdoulaye Diouf Sarr, les premiers vaccins homologués dans le cadre de cette initiative seront disponibles à la fin du premier trimestre de cette année.
Dakar, 7 jan (APS) - Le vaccin reste, à ce jour, la "solution efficace" contre la Covid-19, a fait savoir jeudi, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr.
"La vaccination est très attendue par le gouvernement parce qu’en perspective, nous considérons que c’est véritablement la solution efficace pour éviter la propagation du virus", a-t-il notamment dit à l’occasion de la conférence de presse du gouvernement.
Les ministres de l’Intérieur et de l’Action sociale, des Transports terrestres et le porte-parole du gouvernement ont pris part à cette rencontre.
"Le Sénégal est dans une initiative COVAX, une alliance de 170 pays, dont 56 à revenus faibles et organismes internationaux qui ont décidé d’unir leurs forces pour se procurer le vaccin", a rappelé le ministre de la Santé.
Selon lui, les premiers vaccins homologués dans le cadre de cette initiative seront disponibles à la fin du premier trimestre de cette année.
"Afin de se donner tous les moyens pour protéger sa population sur la base d’une campagne de vaccination, le chef de l’État a, à l’issue de la dernière réunion du Comité national de gestion des épidémies (CNGE), pris la décision, parallèlement à l’initiative COVAX, dans le cadre d’une stratégie nationales, d’effectuer une forte commande de vaccin pour plus de souveraineté", a-t-il fait savoir.
Ainsi, "dès mercredi, le comité en charge de cette étude, va déposer sur la table du chef de l’État, cette commande", a ajouté Diouf Sarr.
S’agissant de la campagne de vaccination, a-t-il expliqué, les personnes qui seront ciblées en premier lieu seront le personnel de santé, les personnes âgées, les personnes qui ont des comorbidités et les forces de défense et de sécurité.
"Cette cible identifiée n’est pas la seule car il s’agit d’une stratification. Mais soyez rassurés que le Sénégal se donnera tous les moyens de protéger sa population sur la base d’une campagne de vaccination, bien étudiée et élaborée", a-t-il assuré.
Le Sénégal connait un rebond de l’épidémie ayant obligé le président Macky Sall a décrété l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu dans les régions de Dakar et Thiès qui concentrent 90% des cas de contamination.
MANSOUR FAYE ANNONCE DE NOUVELLES MESURES
Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement a arrêté une réglementation dans les véhicules de transports pour accompagner l’état d’urgence assorti de couvre-feu.
C’est une nouvelle batterie de mesures qui a été prise par Mansour Faye pour faire respecter les gestes barrières dans les transports publics. Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement a arrêté une réglementation dans les véhicules de transports pour accompagner l’état d’urgence assorti de couvre-feu.
Concernant les transports publics, le nombre de passagers est limité au nombre de places assises disponible. « Pour les mesures à prendre pour lutter contre la propagation du coronavirus par le biais des transports terrestres public et privé, j’ai pris l’arrêté du 7 janvier 2021. Les principales mesures portent sur la diminution du nombre de places autorisées dans les véhicules de transports privés et publics, ensuite les dispositions sanitaires respectées dans les véhicules et au sein des gares routières », a révélé Mansour Faye, ce jeudi, à la rencontre ’’Gouvernement face à la presse’’.
Il a rappelé que les « lesdites mesures portent sur les places autorisées dans les bus standards de Dakar Dem Dikk. Un maximum de 80 places est autorisé sur le total de 110. Pour les bus Aftu (Tata) un maximum de 40 places est autorisé sur 50, le personnel n’y est pas compris. Pour les cars "Ndiaga Ndiaye" et "Car rapide", toutes les places debout sont interdites. Le masque est obligatoire dès que le nombre de passagers est supérieur à un dans tous les moyens de transports. Si un conducteur se trouve seul dans sa voiture, il peut ne pas porter de masque. Il y aura des sanctions pour ceux qui ne respecteront pas ces mesures ».
LE SÉNÉGAL A DÉJÀ PASSÉ SA COMMANDE
Le vaccin contre la maladie du coronavirus est très attendu dans le monde. Le Sénégal n’est pas en rade. Il est dans une initiative qu’on appelle Covax qui est une alliance de 170 pays.
Le vaccin contre la maladie du coronavirus est très attendu dans le monde. Le Sénégal n’est pas en rade. Il est dans une initiative qu’on appelle Covax qui est une alliance de 170 pays. Lesquels ont décidé de se mettre ensemble pour engager la perspective et parmi ces pays, 56 sont à revenus intermédiaires.
En effet, face à la presse, ce jeudi 7 janvier 2021, le ministre de la Santé et de l’Action sociale rassure qu’ils sont presque à la phase finale. « A la fin du premier trimestre, nous devons recevoir les vaccins homologués dans l’initiative Covax », a révélé Abdoulaye Diouf Sarr qui, dans le même sillage, annonce qu’une commande de vaccins qui ne sera pas dans le registre de l’initiative Covax a été faite.
De même, il rassure que Sénégal va se donner les moyens financiers de vacciner sa population sur la base d’une stratégie. « Des cibles ont été déjà identifiées. Il s’agit des personnels de santé, des personnes âgées, des personnes qui ont des comorbidités et des forces de défense et de sécurité », a-t-il soutenu.
Il a également renseigné que le Sénégal n’est pas dans une logique de tester toute la population même s’il y a une prolifération des cas positifs. « On teste tous les cas suspects. En plus, il y aussi le test systématique des voyageurs. Avec l’institut Pasteur de Dakar, nous avons lancé une plateforme qui permet de produire au Sénégal des tests de diagnostic rapide. La production sera suffisante d’ici le mois de février. Ça va rendre le test plus accessible. Par rapport au test, le Sénégal est totalement confortable », a souligné le ministre de la Santé et de l’Action sociale.
S’agissant des cas de décès qui se multiplient, Abdoulaye Diouf estime que cela à une explication. A l’en croire, le problème occasionnant les décès et les cas graves est lié au nombre de cas positifs. Autrement dit, il y a une corrélation entre le nombre de cas graves et celui des cas de décès. Mais, pense-t-il : « là où il faut absolument être vigilant c’est la précocité de la prise en charge. Très souvent beaucoup de patients arrivent dans les centres de traitement à la dernière minute. »
CÉRÉMONIES DE MARIAGE, LES BAPTEMES, RECEPTIONS... INTERDITS
Sont aussi interdits les rassemblements dans les lieux recevant du public, notamment les hôtels, les salles de spectacles, les dancings, les bars, les cafés, les salons de thé
Le ministre de l’Intérieur vient de signer de nouveaux arrêté. Parmi eux, l’un interdit un certain nombre de rassemblements.
Ceux qui prévoyaient des cérémonies de mariage ou de baptême sont prévenus. Le ministre de l’Intérieur a précisé dans un arrêté publié ce jeudi, que sont «interdits, du 06 au 17 janvier 2021, sur les territoires desdites régions: tous cortèges, défilés, rassemblements et manifestations sur la voie publique; toutes réunions publiques; toutes réunions privées y compris les baptêmes, les mariages, les réceptions et les manifestations religieuses.»
Sont aussi interdits les rassemblements dans les lieux recevant du public, notamment les hôtels, les salles de spectacles, les dancings, les bars, les cafés, les salons de thé, les plages, les marchés hebdomadaires ainsi que les terrains et salles dédiés au sport.
SI NOUS DEVIONS RESTER LES SEULS OPPOSANTS À MACKY SALL, NOUS Y SOMMES PRÊTS
Au sein d’une opposition décimée par les ralliements de ses leaders à la mouvance présidentielle, il a acquis de facto le statut d’opposant numéro 1. Mais la raréfaction d’alliés potentiels ne risque-t-elle pas de le desservir ? Il s’en explique à JA
Jeuneafrique |
Mehdi Ba et Marième Soumaré |
Publication 07/01/2021
Et s’il n’en restait qu’un, serait-il celui-là ? Depuis la présidentielle de février 2019, Ousmane Sonko paraissait déjà bien seul dans les rangs d’une opposition sénégalaise atteinte durablement d’une extinction de voix. Mais la nouvelle vague de ralliements qui a accompagné le remaniement ministériel du 1er novembre a encore accentué son isolement. Idrissa Seck (Rewmi), qui l’avait devancé au premier tour, a rejoint la mouvance présidentielle, tout comme d’anciens barons du Parti démocratique sénégalais (PDS) entrés en dissidence. Quant à Malick Gakou (Le Grand Parti), une rumeur insistante laisse entendre qu’il pourrait bien être le prochain sur la liste.
S’il se refuse à évoquer le cas personnel des derniers transfuges en date, le fondateur de Pastef-Les Patriotes ne mâche pas ses mots à l’égard des « transhumants » adeptes de la volte-face. Il n’épargne pas non plus Macky Sall, dont il qualifie d’« antidémocratique » l’ambition affichée de réduire l’opposition à néant.
Les yeux rivés sur les élections locales, maintes fois reportées, où il espère conforter l’ascension éclair qui lui avait permis d’obtenir 16% des voix lors de la présidentielle, Ousmane Sonko se dit plus déterminé que jamais à tracer son propre sillon, loin des combinazione dont la vie politique sénégalaise est coutumière.
Jeune Afrique : À l’occasion du dernier remaniement, un certain nombre d’opposants de longue date, comme Idrissa Seck ou Oumar Sarr, ont rallié Macky Sall. Que vous inspire cette reconfiguration de l’échiquier politique sénégalais ?
Ousmane Sonko : Les choses vont dans le bon sens car, pour la première fois depuis les législatives de 2017, le champ politique s’éclaircit. Beaucoup de personnalités catégorisées dans l’opposition ne s’opposaient pas réellement, ne tirant leur statut que de leur participation à l’élection présidentielle ou aux élections antérieures. Cela a entraîné un flou dans nos rangs.
Durant cette période, nous avons été les seuls à exprimer nos positions de manière audible, à travers un combat quotidien contre les pratiques du régime. Aujourd’hui, une frange de l’opposition a tombé le masque, ce qui permet de définir un peu mieux la ligne de démarcation entre l’opposition et le pouvoir. Si nous devions nous retrouver seuls, nous y sommes prêts : quoi qu’il arrive, nous camperons dans une opposition ferme et radicale.
Ces ralliements vous ont-ils surpris, sachant que plusieurs leaders de l’opposition étaient muets depuis la présidentielle de 2019 ?
En pénétrant dans l’arène politique sénégalaise, il y a seulement six ans, nous portions l’ambition de faire de la politique autrement. Pour nous, le Sénégal n’est pas confronté à un problème d’hommes mais plutôt de système. Certains compagnons de Senghor ont ensuite accompagné Abdou Diouf puis Abdoulaye Wade ; d’anciens ministres d’Abdoulaye Wade sont aujourd’hui aux côtés de Macky Sall… pour se partager le gâteau.
Tous sont issus d’un même système dont Pastef-Les Patriotes entend se démarquer. Nous ne souhaitons pas perdre notre temps en commentant ces allées et venues, notre message s’adresse aux citoyens sénégalais. En 2017, 37 000 électeurs avaient voté pour nous aux législatives ; ils étaient près de 700 000 à la présidentielle de 2019, où j’ai réuni près de 16 % des suffrages.
Si le camp au pouvoir vous proposait de le rejoindre, le refuseriez-vous ?
Nous laissons ces acteurs politiques pratiquer les combinaisons, les combines, les calculs… Jamais vous n’entendrez dire que Ousmane Sonko et Pastef ont rejoint Macky Sall. Le pouvoir ne se négocie pas, pas plus qu’il ne s’offre sur un plateau d’argent : il se conquiert par le combat politique. C’est faire preuve de légèreté, voire de naïveté, de penser que vous arriverez un jour au pouvoir parce que vous avez négocié.
Idrissa Seck étant revenu dans le giron de la majorité présidentielle, vous considérez-vous de facto comme le chef de l’opposition ?
Notre position de principe n’a pas changé : nous ne voyons aucune pertinence à désigner formellement un chef de l’opposition, comme cela a fait l’objet de négociations entre certains opposants et le pouvoir. Nous ne sommes pas intéressés par ce statut, qui est inutile et budgétivore. Nous avons déjà suffisamment d’institutions inutiles au Sénégal, comme le Conseil économique, social et environnemental ou le Haut commissariat aux collectivités territoriales, qui ne servent à rien sinon à y caser des alliés politiques. Nous ne voulons être le chef de personne dans l’opposition ; ni que quiconque soit notre chef.
EXCLUSIF SENEPLUS - La clef de voute du système de contrôle du parti Etat est bien entendu Macky Sall qui est devenu plus que ses prédécesseurs, le « monarque républicain » dont la Constitution lui a taillé le manteau
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 07/01/2021
L’appareil politique qui gouverne ce pays, et qui sur ce point comme sur bien d’autres est resté le même de Senghor à Macky Sall, dispose d’une véritable méthode pour légitimer ou justifier ses pratiques et manquements et les rendre acceptables et conformes à la « bonne gouvernance démocratique ».
Chaque membre du gouvernement, chaque haut responsable de l’administration, chaque membre de la coalition alliée, dotée pour ce faire d’une sinécure, participe à l’effort de légitimation et d’enfumage.
Des discours utilisant toutes les ficelles de la rhétorique à la répression policière et à l’emprisonnement, tout est mis en œuvre pour que force reste à l’Etat APR.
1-La manipulation rhétorique
Un exemple récent est le discours de monsieur le Garde des Sceaux, ministre de la Justice Me Malick Sall, devant la 22ème session ministérielle du Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent et le Financement du Terrorisme en Afrique de l’Ouest (GIABA) tenue le 2 décembre dernier.
« La bonne gouvernance est saluée à la Commission des Nations-Unies. Ce jour-là, les résultats du Sénégal lors des élections ont été les meilleurs. Nous avions pris la première place de la bonne gouvernance devant la France, les Etats-Unis et tous les Etats africains avec une moyenne de 188 votants sur 190. Si ce forum a donné cette note, c’est parce qu’au Sénégal, on pratique la bonne gouvernance... Notre pays est gouverné dans la transparence même si aucun système n’est parfait…».
Monsieur le ministre use là d’une ficelle rhétorique connue : un argument d’autorité, un argument qui s’impose du fait qu’il est émis ou confirmé par une référence dont l’autorité atteste de la véracité de l’argument.
« Puisque c’est la « Commission des Nations Unies » qui le dit, donc le Sénégal pratique bien « la bonne gouvernance... est gouverné dans la transparence. »
Mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit du biais : l’autorité convoquée ici n’est ni la Commission des Nations Unies pour l’Afrique ni le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) comme l’orateur le laisse implicitement supposer.
Il s’agit en réalité du Conseil des Droits de l’Homme auquel l’Assemblée Générale des Nations Unies a élu le 13 Octobre notre pays en même temps que 14 autres membres, dont le Gabon, la Cote d’Ivoire et le Mali pour un mandat de 3 ans.
Le Conseil des Droits de l’Homme est une instance régulière des Nations de 47 membres, répartis géographiquement selon une clef qui attribue 13 membres au « Groupe des Pays d’Afrique » et qui sont renouvelés tous les 3 ans par un scrutin à la majorité des voix de l’Assemblée.
On le voit donc l’élection d’un pays, quel que soit le nombre de voix obtenue, n’a donc strictement rien à voir avec son score en matière de bonne gouvernance et de transparence. On pourrait tout au plus arguer que le Sénégal en obtenant un si grand nombre de voix entretient une coopération amicale avec beaucoup de pays du monde.
Quant à la « transparence », consultons donc le Forum Civil, l’organe de la société civile sénégalaise dédié au suivi de la transparence de la gouvernance publique qui appelait le gouvernement encore le 4 juillet dernier à, notamment « publier les rapports des corps de contrôle sur la gouvernance (IGE, Cour des Comptes, OFNAC, ARMP, etc.), faire toute la lumière sur l’affaire de trafic de drogues et celle relative à la gestion des ressources naturelles, notamment l’affaire PÉTROTIM… ».
Consultons également l’Inspection Générale d’Etat (IGE) qui est chargée et tenue par la loi (loi n° 2011-14 du 08 juillet 2011) d’établir et de présenter des rapports annuels sur la gouvernance et la reddition des comptes.
Or nous savons maintenant que c’est seulement le 14 juillet 2020 que l’IGE a remis au président de la République ses rapports couvrant la période de 2016 à 2019.
Autre manipulation rhétorique
La réponse de M. Amadou Hott, ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération au commentaire du député de l’opposition Mamadou Diop Decroix sur « l’économie (du Sénégal) extravertie et détenue par des étrangers », lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale examinant le budget de son ministère pour 2021, est un autre exemple de manipulation rhétorique.
Le discours use ici à la fois d’un argument d’autorité et d’amalgame.
Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, compte sur son autorité de ministre parmi les plus cotés du gouvernement et son CV de banquier et financier reconnu qui en impose à la plupart des députés pour leur faire avaler ainsi qu’à l’opinion ceci :
Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération sait qu’on peut faire dire aux statistiques tout ce qu’on veut, entretient ici sciemment l’amalgame entre « entreprises sénégalaises » et « entreprises détenues par des opérateurs économiques locaux » pour nous faire croire que l’économie sénégalaise est constituée essentiellement et contrôlée par des Sénégalais.
Or même nous, Sénégalais ordinaires qui ne faisons de l’économie que comme M. Jourdain faisait de la prose, savons bien, nous voyons bien, que ce sont les entreprises étrangères et notamment françaises qui dominent l’économie de ce pays et qui en fait en constituent l’essentiel en termes de chiffres d’affaires et de bénéfices
Faut-il citer Orange, Groupe Mimran, Total, Shell, Sococim, Eiffage, Société Générale, BICIS, Attijariwaffa, Industries Chimiques du Sénégal, notamment qui figurent en tête des 100 plus grandes entreprises du Sénégal, selon le document du Doing Business ?
Le ministre classe certainement comme « entreprise sénégalaise » la SONATEL dont plus de 35% des actions sont détenues par le gouvernement du Sénégal et les employés sénégalais et dont la direction est assurée par des cadres sénégalais.
Or, non seulement plus de 50% des actions de cette entreprise sont détenues par Orange et d’autres entreprises étrangères mais en outre, SONATEL n’est qu’une filiale de l’entreprise française Groupe Orange qui de ce fait joue un rôle déterminant dans sa gouvernance et ses décisions stratégiques, notamment en ce qui concerne les choix technologiques et financiers.
2-Répressions policières et emprisonnements.
La rhétorique de manipulation des ministres et autres responsables du régime s’adresse à ceux qui comme les députés APR et alliés, les citoyens non informés, sont complaisants ou naïfs.
Pour les autres citoyens, ceux de la société civile et les étudiants qui demandent des comptes sur la gouvernance, qui exigent des paiements qui leur sont dus, qui dénoncent la corruption et les crimes économiques et entendent exprimer ouvertement leur colère, les arguments sont d’une toute autre nature.
On leur oppose à ceux-là l’argument de la force : interdiction de manifestation publique, répression policière, arrestations et emprisonnements.
M. Guy Marius Sagna et les militants de Fraap, d’Aar Li Niu Bok et de Yen A Marre sont ainsi régulièrement jetés en prison chaque fois qu’ils manifestent sur la voie publique conformément à leurs droits de citoyens.
Les magistrats même ne sont pas épargnés dès lors qu’ils s’en prennent au statu quo ainsi qu’on a en fait l’expérience avec le juge Souleymane Teliko, par ailleurs président de l’Union des Magistrats du Sénégal, trainé devant l’inspection de l’administration de la justice.
La clef de voute du système de contrôle du parti Etat APR est bien entendu le président de la République qui est devenu plus que ses prédécesseurs, le « monarque républicain » dont la Constitution lui a taillé le manteau. Il concentre plus que jamais tous les pouvoirs de la République et est omnipotent du fait de l’allégeance de tous les vieux partis du PS, au PIT, à la LD, à Rewmi jusqu’au leadership du PDS.
A tel point qu’il ne s’encombre plus du Premier ministre croupion que le souci de la tradition si ce n’est l’équilibre des institutions lui aurait imposé.
Il ne s’embarrasse même plus de collaborateurs, ministres ou présidents d’institutions de la République, susceptibles d’émettre des opinions propres ou d’entretenir des ambitions de carrière.
Aussi sa personne fait-elle l’objet d’un culte tel qu’on n’en a pas connu dans ce pays depuis Léopold Sédar Senghor. Si bien qu’on invoque maintenant ouvertement « le 3eme mandat » et malheur à ceux de ses collaborateurs et alliés qui ne se montreraient pas enthousiastes à cette perspective.
La circonscription politique de Dakar fait-elle encore de la résistance face au parti Etat ?
Alors, la « ville de Dakar » sera supprimée et pour faire bonne mesure, l’institution même de « ville » sera abolie au Sénégal, « à partir de dorénavant et jusqu’à nouvel ordre », comme disait l’autre.
C’est Amadou Hampaté Ba qui disait : « Le pouvoir est comme de l’alcool. Après un premier verre, on est joyeux comme un agneau. Au second, c’est comme si on avait mangé du lion. On se sent si fort qu’on n’accepte plus d’être contesté. On veut tout imposer à tout le monde, comme le lion dans la savane. Au troisième verre, on est comme le cochon, on ne peut faire que des cochonneries… ».
Espérons que nous n’en soyons pas déjà au troisième verre…
Aujourd’hui que le système du carreau-usine a montré ses limites, la Sonacos étant revenue dans le giron national, la société oléagineuse ne doit plus se contenter d’être un agent de transformation industrielle
Nous le rappelions dans une récente chronique, la commercialisation de l’arachide constitue une véritable équation pour les pouvoirs publics. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Il suffit de revisiter l’histoire de cette filière imposée au Sénégal par le colonisateur et qui est devenue finalement une identité nationale, l’épine dorsale de l’économie sénégalaise, pour s’en convaincre. Ainsi, après avoir suspendu les exportations des graines d’arachide au début du mois de décembre afin de permettre un bon approvisionnement des huiliers nationaux qui ne savaient plus où donner de la tête à cause de la forte concurrence chinoise, l’État a levé cette interdiction. Une annonce faite par le chef de l’État lui-même lors de l’interview qu’il a accordée, le 31 décembre 2020, à une partie de la presse sénégalaise.
Cette décision ne surprend guère. Il était évident que le Gouvernement ne pouvait prendre le risque de fermer le marché de l’exportation indéfiniment. Ce, pour des raisons économiques évidentes. D’ailleurs, nous n’avions pas manqué de le souligner. «La Sonacos peut bien penser qu’un boulevard s’ouvre à lui pour remplir ses greniers, mais rien ne garantit que les cultivateurs accepteront de lui céder leurs graines. D’autant plus que rien ne les y contraint. Ils peuvent bien stocker leur arachide et attendre la réouverture du marché des exportations qui ne peut rester éternellement fermé, au risque de revivre la situation de 2018 quand des milliers de tonnes d’arachide sont restées invendues. Un risque que ne prendrait pas certainement l’État», avions-nous écrit dans notre chronique du jeudi 24 décembre dernier intitulé «Arachide : réinventer la filière pour huiler les rapports».
En parlant d’une réinvention de la filière, nous invitions, par ricochet, la Sonacos à un changement de paradigme dans sa manière de s’approvisionner en graines d’arachide. Au lieu de se contenter de se placer au bout de la chaîne de valeur de la production, nous avons estimé que cette entreprise devait s’impliquer en partie ou dans l’ensemble du processus par l’autoproduction ou par la contractualisation et, pourquoi pas, devenir une exportatrice d’arachide. Et c’est exactement la suggestion faite par le président de la République à la Sonacos. En effet, Macky Sall ne s’est pas contenté d’annoncer la levée de la mesure de suspension de l’exportation de l’arachide, il a aussi et surtout invité la Sonacos à engager des réformes profondes qui épousent la marche du temps et les réalités d’un marché libéralisé non sans lui assurer le soutien de l’État.
Engager le chantier de la réforme ne devrait pas être une montagne russe pour la Sonacos. Cette entreprise, fruit du rachat des trois anciennes huileries françaises établies au Sénégal à l’époque, a une expérience certaine en matière de collecte de graines d’arachide. Il suffit de ressusciter la défunte Sonagraines, ancienne filiale de la Sonacos, sous une nouvelle forme tout en prenant le soin de ne pas répéter les mêmes erreurs qui ont plombé son fonctionnement par le passé. Faut-il le rappeler, jusqu’en 2002, la Sonacos était omniprésente dans l’ensemble du processus, de la vente des semences et engrais aux paysans à l’achat des récoltes. Ce, à travers justement la Sonagraines. Créée au début des années 1980 à la suite de la dissolution de l’Oncad et de la disparition des coopératives agricoles, la Sonagraines, en tant que structure étatique, s’occupait de la collecte de l’arachide au bénéfice de la Sonacos. Elle intervenait directement auprès des paysans à qui elle fournissait des intrants. Le système a fonctionné ainsi pendant une vingtaine d’années. En décembre 2001, la Sonacos barbotant dans un déficit structurel chronique et sous la pression de la Banque mondiale, l’État se résout finalement à dissoudre la filiale de l’huilerie nationale et, quatre ans plus tard, privatisa la Sonacos qui sera renationalisée en 2016. La disparition de la Sonagraines avait renforcé le poids des opérateurs privés stockeurs dont on dit qu’ils sont l’Alpha et l’Omega de la filière arachidière, pour ne pas dire qu’ils dictent le rythme du marché. Aujourd’hui que le système du carreau-usine a montré ses limites, la Sonacos étant revenue dans le giron national, la société oléagineuse ne doit plus se contenter d’être un agent de transformation industrielle. Elle doit pouvoir se passer de l’intermédiation que jouent les Ops entre elle et les paysans, en allant bord-champ s’il le faut. Les industrielles de la tomate le font déjà avec bonheur.
TWITTER ET FACEBOOK SUSPENDENT TRUMP
Les plateformes ont temporairement bloqué le compte du président sortant et Twitter l'a même menacé de suspension permanente, une mesure sans précédent décidée mercredi dans la foulée des violences au Capitole par les partisans du milliardaire républicain
Twitter et Facebook ont dégainé une arme que les anti-Trump n'espéraient plus: les plateformes ont temporairement bloqué le compte du président sortant, et Twitter l'a même menacé de suspension permanente, une mesure sans précédent décidée mercredi dans la foulée des violences au Capitole par les partisans du milliardaire républicain.
Donald Trump tente depuis des mois de jeter le discrédit sur la présidentielle du 3 novembre dernier, et n'a pas cessé de dénoncer des élections "truquées". Il avait prévenu qu'il tenterait d'empêcher le Congrès de certifier officiellement mercredi la victoire de Joe Biden, et certains de ses partisans l'ont pris au mot, envahissant l'assemblée dans un climat insurrectionnel.
Twitter a retiré trois tweets du président, dont une vidéo où il appelait les manifestants à "rentrer chez eux" mais où il déclarait aussi sans preuves que l'élection avait été "volée".
C'est la première fois que la plateforme enlève des tweets du chef d'Etat pour des raisons autres que les droits d'auteur. D'ordinaire, elle se contente de masquer ou d'ajouter des avertissements aux messages problématiques, relevant de la désinformation ou attaquant le processus démocratique, notamment.
C'est surtout la première fois qu'elle bloque le compte aux 88 millions d'abonnés, central dans la stratégie de communication du milliardaire républicain.
"Le compte de @realDonaldTrump sera bloqué pendant douze heures après le retrait de ces tweets. Si ces tweets ne sont pas supprimés (par leur auteur, ndlr), le compte restera bloqué", a expliqué le réseau sur son compte dédié à la sécurité.
- Mesures d'urgence -
Facebook et YouTube ont également retiré la vidéo ambivalente du président.
"C'est une situation d'urgence et nous prenons des mesures d'urgence appropriées, y compris le retrait de la vidéo du président Trump (...) qui, au final, contribue au risque de violence au lieu de le diminuer", a expliqué mercredi après-midi Guy Rosen, un des vice-présidents de Facebook, en charge de l'intégrité de la plateforme.
Plus tard, Facebook a emboîté le pas à Twitter, suspendant son compte pour 24 heures sur la plateforme et aussi sur l'application Instagram.
"Nous avons déterminé deux infractions à nos règles sur la page du président Donald Trump", a expliqué la communication du groupe californien sur Twitter. "Cela signifie qu'il perd la capacité de poster sur la plateforme pendant cette période".
Les échanges étaient survoltés mercredi sur les réseaux sociaux, où la manifestation et l'invasion du Capitole ont été relayées en direct.
Les entreprises californiennes ont tenté de parer au plus pressé. Twitter a réduit la portée des messages encourageant la violence - ils ne pouvaient pas être retweetés ou "aimés". YouTube a retiré les directs montrant des émeutiers avec des armes à feu ou tenant des propos inflammatoires.
Guy Rosen s'est dit "horrifié" par les événements du jour dans un communiqué où il explique que ses équipes ont cherché et retiré tous les contenus appelant de près ou de loin à la violence.
Mais les réseaux ont été largement critiqués pour leur lenteur qui a parfois été perçue comme de la complaisance par une partie de la société civile. De nombreux observateurs accusent les plateformes d'avoir laissé le président sortant et ses partisans violents organiser leur rassemblement grâce à leurs services.
- "Trop peu, trop tard" -
"C'est trop peu, trop tard", a réagi dans un communiqué l'organisation militante anti-Facebook baptisée "Real Facebook Oversight Board" ("Véritable Conseil de surveillance de Facebook").
"24 heures, ça ne suffit pas. Il reste 13 jours jusqu'à l'investiture du président élu Joe Biden, autant d'occasions pour Trump de semer le chaos".
"Hey Mark Zuckerberg, Jack (Dorsey), Susan Wojcicki et Sundar Pichai - Donald Trump a provoqué une attaque violente contre la démocratie américaine", a tweeté le comédien engagé Sacha Baron Cohen, interpellant les patrons de Facebook, Twitter, YouTube et Google.
Les relations entre Donald Trump et les réseaux sociaux se sont tendues depuis mai dernier, quand Twitter a commencé a épinglé certains de ses messages enfreignant son code de conduite.
Le locataire de la Maison blanche et son camp les accusent de "censure" et ont tenté de prendre des mesures de rétorsion, en s'attaquant par exemple à la loi qui protège leur statut juridique d'hébergeur (au lieu d'éditeur).
Plusieurs études ont pourtant montré que la droite américaine était bien présente et très efficace sur les réseaux sociaux.
Certains internautes farouchement pro-Trump fréquentent en outre assidûment des plateformes conservatrices, comme Parler, où fleurissaient mercredi les messages de soutien aux émeutiers du Capitole.
ME EL HADJI DIOUF MENACE DE SAISIR LA CEDEAO POUR NON-RESPECT DU CALENDRIER ELCTORAL
Il s’insurge contre l’attitude du chef de l’Etat qui demande une rationalisation du calendrier électoral pour organiser toutes les élections le même jour
Candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024, Me El Hadj Diouf menace de saisir les instances communautaires de la Cedeao si l’Etat du Sénégal ne respecte pas le calendrier électoral. Il en a fait l’annonce, hier, face à la presse.
Le président Macky Sall est averti ! Il doit organiser les élections locales cette année, s’il ne veut pas que l’Etat du Sénégal fasse l’objet de poursuites devant des juridictions internationales. «Nous réclamons l’organisation rapide en 2021 comme prévu par l’Assemblée Nationale des élections locales, faute de quoi nous allons saisir les instances de la Cedeao». Ces menaces sont du secrétaire général du Parti des Travailleurs et du Peuple ( Ptp). Me El hadj Diouf qui animait hier une conférence de presse a tiré à boulets rouges sur le Président Macky Sall et son régime pour la non-tenue des élections locales à date échue. Cela, après un premier report en 2014, puis en 2019. Me El Hadji Diouf qui parle de violation de la loi menace de porter l’affaire devant les instances de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui refuse toute modification des textes régissant les élections 6 mois avant les délais fixés. Au Sénégal, les délais étant fixés au mois de mars 2021, «tout report des élections viole le protocole additionnel de la Cedeao», a rappelé le tonitruant avocat. A l’en croire, Macky Sall ne veut pas organiser d’élection présidentielle en 2024, et lui ne va pas accepter cela.
Très en verve, il s’insurge contre l’attitude du chef de l’Etat qui demande une rationalisation du calendrier électoral pour organiser toutes les élections le même jour. Une chose que l’avocat juge anormale d’autant que, rappelle-t-il, les élections obéissent à un calendrier électoral républicain qu’il faut absolument respecter. «Si on suit la logique du pouvoir, les maires vont bénéficier d’un mandat supplémentaire illégal de 10 ans, dans la mesure où le mandat normal est de 5 ans», signale le leader du Ptp. Il estime que depuis 2019, les élus locaux du Sénégal baignent dans la plus parfaite irrégularité, parce qu’ils ne sont plus mandatés par le peuple. D’où son appel au chef de l’Etat de donner aux populations leur droit de sanctionner les élus positivement ou négativement et non de leur imposer des maires après l’expiration de leur mandat. «Car cela devient illégal et anticonstitutionnel», tranche Me El Hadji Diouf qui, par ailleurs, invite les membres de l’opposition à orienter leur combat vers la suppression du parrainage qui demeure la seule urgence. «Le vrai combat, ce n’est pas le fichier, l’opposition devrait se battre sur le parrainage, parce que sans le parrainage, Macky Sall ne serait pas aujourd’hui Président», a indiqué le leader du Ptp. Il considère que le Dialogue National et la question relative au fichier électoral constituent de faux débats mis en place par le régime pour divertir l’opposition.
L’ETAT D’URGENCE DECRETE PAR LE CHEF DE L’ETAT EST INJUSTE
Abordant la question relative à l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu décrété par le chef de l’Etat dans les régions de Dakar et Thiès, Me El Hadj Diouf crie à l’injustice. D’autant que, dit-il, certaines régions telles que Touba et Kaolack sont aussi touchées que celles mises en semi-confinement. «Macky Sall a peur de Touba et des autres régions qui, apparemment, sont plus touchées que Dakar et Thiès», a déclaré l’ancien député du peuple. Et de rappeler que le pays est un et indivisible. Par conséquent, il pense que le Président Macky Sall doit étendre le couvre-feu sur l’ensemble du territoire national. «Si sa seule volonté, c’est de protéger les Sénégalais, il doit élargir ces mesures sur tout le pays», clame-t-il. Quid de la seconde vague de Covid-19 ? Me El Hadj Diouf tient l’Etat du Sénégal comme seul responsable de cette situation. «L’Etat est seul responsable de ce relâchement en s’avouant vainqueur à mi-combat contre la Covid-19», tonne-t-il. A l’en croire, le gouvernement ne devait pas laisser le transport interurbain. Dans la même veine, il invite Macky Sall à mettre tout le monde au même pied, s’il veut combattre cette pandémie.
«OUSMANE SONKO DOIT ETRE MIS EN PRISON ET SON PARTI DISSOUS»
Me El Hadji Diouf exige la dissolution pure et simple de Pastef et l’emprisonnement d’Ousmane Sonko qui a appelé à une levée de fonds internationale. «Que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur, pour que nul n’en n’ignore !» a martelé l’avocat. Prenant la défense du ministre de l’Intérieur qui a menacé de dissoudre Pastef, Me Diouf souligne qu’«Antoine Félix Diome a rappelé à quelqu’un qui a appelé à une campagne internationale de financement les règles qui régissent le fonctionnement des partis politiques, et on parle d’acharnement ou de bras armé». Pour lui, la loi de 81 vise la souveraineté des partis politiques et de la nation sénégalaise. Ainsi, il accuse Ousmane Sonko d’être à la solde des djihadistes. «Sonko a eu l’imprudence de dire qu’il va résilier tous les contrats pétroliers une fois au pouvoir, dans le but de donner des contrats à d’autres compagnies. Ce qui va lui permettre d’avoir des financements pour battre campagne et être Président», a-t-il soutenu avant d’accuser le leader de Pastef d’être un escroc financier.
BOUTIQUIERS, VENDEURS DE LAIT ET «MAIGA» ETALENT LEURS CRAINTES
Le président Macky Sall a décrété, avant-hier mardi, l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu de 21 heures à 05 heures du matin.
Le président Macky Sall a décrété, avant-hier mardi, l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu de 21 heures à 05 heures du matin. Une mesure qui fait l’objet de vives contestations à Keur Massar. En effet, boutiquiers, vendeurs de lait caillé et autres tenants du petit commerce jugent totalement inutile la décision du chef de l’Etat. D’autant que, selon eux, cela risque d’avoir un impact négatif réel sur leurs activités.
«C’est désastreux !» C’est par ces mots que Thierno, un boutiquier à Médina Gana Sarr, un quartier situé à Keur Massar, qualifie le couvre-feu décrété avant-hier (mardi 05 janvier) par le Président Macky Sall, de 21 heures à 5h du matin dans les régions de Dakar et Thiès. Une décision qui fait suite à la recrudescence des cas communautaires, des cas sévères, des cas graves et de nombreux décès de Covid-19 notés ces dernières semaines.
Derrière son comptoir pris d’assaut par de nombreux clients, ce jeune commerçant, la moitié du visage caché par un masque, désapprouve entièrement la décision du chef de l’Etat. Car pour lui, il est très difficile de savoir l’impact réel de la mesure par rapport à la circulation du virus. «On voit rarement les gens circuler pendant la nuit, donc on ne peut pas parler de propagation durant la nuit. En plus, nous sommes en période de fraîcheur pendant laquelle beaucoup de personnes ne sortent pratiquement pas le soir, contrairement à la journée où les gens font leur course et se côtoient dans les bus et les marchés», soutient-il.
Notre interlocuteur trouve que cette mesure va aggraver l’état de déliquescence de la situation économique. «On vendait jusqu’à minuit voire 1 heure du matin, si on nous oblige à fermer à 21 heures, cela risque d’être fatal pour notre petit commerce», lâche-t-il. A la place du couvre - feu, il recommande au gouvernement de mettre l’accent sur le contrôle rigoureux du respect des mesures barrières, notamment le port des masques et la limitation du nombre de voyageurs dans les transports publics. Un avis que partage son voisin Saidou, vendeur de lait caillé qui considère que le Président Macky Sall n’a pas retenu les leçons de la première vague. «Macky Sall et son gouvernement font dans le tâtonnement. C’est comme s’ils se soucient très peu de la souffrance des populations. Ils prennent des mesures comme ils veulent et ils y mettent fin du jour au lendemain, sans penser aux conséquences», fulmine-t-il. Selon toujours ce vendeur de lait caillé, la mesure du chef de l’Etat aura beaucoup d’impact sur leur activité, d’autant qu’ils ne vendent que la nuit. «Pratiquement, c’est vers 20H et 22h que les clients viennent, avec le couvre-feu, nous risquerons de perdre la clientèle et de voir notre chiffre d’affaire chuter», se désole Saidou qui invite le chef de l’Etat à revoir cette mesure.
A la station Keur Massar, une gargote établie à côté de l’axe principal attire l’attention des passants. De nombreux clients entourent la vendeuse sans aucun respect de gestes barrières. Maimouna, la gérante de cette gargote, masque mal ajusté, est plus occupée à servir les clients. Interrogée sur le sujet, elle se dit surprise par une telle décision. Elle estime que cela va aggraver la situation économique du pays. «Ce qui est plus grave, c’est qu’à ce jour, beaucoup de personnes doutent encore de l’existence de la maladie», dit-elle avant de proposer de repousser l’heure du couvre-feu jusqu’à 23 heures pour ne pas trop impacter certaines activités. «Chaque jour, nous vendons entre7h et 12h le matin et le soir entre 20h et minuit. S’il ne repousse pas l’heure du couvre-feu, nous serons obligés d’aller au chômage la nuit», alerte-t-elle.
A côté de la Gargote de Maimouna, Salif, vendeur de «Maiga», sans masque, discute avec le client sur le sujet. Il juge inutile la mesure. Pour lui, même si la covid-19 existe réellement, il y a des non-dits autour de cette histoire. «C’est une situation qui mettra en péril l’essentiel des activités du secteur non formel. C’est désolant, mais nous sommes obligés de nous conformer à la loi. Les autorités devraient au moins penser à notre situation, parce que la vie devient de plus en plus très difficile pour nous », se désole-t-il.