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4 juillet 2025
DIAS, LA DÉROUTE D’UN VRAI COMBATTANT POLITIQUE
Derrière son franc-parler et son charisme, se cache un homme forgé par un parcours atypique, marqué par l’exil, les luttes sociales, et une ambition démesurée. Son ascension reflète les espoirs et contradictions d’une jeunesse en quête de changement
À 53 ans, Barthélémy Dias s’impose comme une figure incontournable du rajeunissement de la classe politique sénégalaise. À la fois admiré et critiqué, cet homme à l’allure fougueuse incarne une nouvelle génération d’acteurs engagés, portés par un discours radical et un style en rupture avec les codes traditionnels véhiculés depuis les indépendances. Derrière son franc-parler et son charisme, se cache un homme forgé par un parcours atypique, marqué par l’exil, les luttes sociales, et une ambition démesurée. Son ascension, teintée de succès mais aussi d’épisodes tumultueux, reflète les espoirs et contradictions d’une jeunesse sénégalaise en quête de changement.
Barthélémy Dias n’est pas un produit classique de la politique sénégalaise. Né en 1971 d’un père cap-verdien, Jean-Paul Dias, lui-même acteur politique respecté, il baigne dès son plus jeune âge dans un environnement où débats, positions électorales, discussions et empoignades politiques font partie du quotidien. Cependant, son parcours ne suit pas les sentiers battus. En s’installant aux États-Unis d’Amérique (Usa) pour poursuivre ses études, il s’éloigne temporairement du Sénégal, mais c’est précisément durant cette période de voyage qu’il forge son identité politique.
Un engagement politique dès le bas âge
Aux États-Unis d’Amérique, Barthélémy Dias obtient un MBA en transports, un domaine technique qui aurait pu le conduire à une carrière loin des tumultes de la politique. Mais le jeune Dias est déjà habité par un désir de lutte. Et de luttes politiques et de combats de…rue. Actif au sein de la diaspora sénégalaise, il devient un militant reconnu pour son opposition frontale au régime d’Abdoulaye Wade. Lors des visites de l’ancien président, Dias n’hésite pas à organiser des manifestations et à dénoncer publiquement les dérives du pouvoir. Cette capacité à s’exprimer avec audace, couplée à une aisance oratoire remarquable, le propulse rapidement au-devant de la scène, particulièrement auprès des jeunes sénégalais expatriés.
L’influence de Jean-Paul Dias est centrale dans le parcours de Barthélémy. Ancien proche collaborateur d’Abdoulaye Wade avant de rompre avec ce dernier en 1993,Jean-Paul incarne une certaine éthique politique et un refus catégorique de tout compromis perçu comme contraire à ses principes. Cette intransigeance, Barthélémy l’a manifestement héritée. Pourtant, il ne s’agit pas d’une simple reproduction : là où son père privilégie la discrétion et l’analyse, Barthélémy choisit la confrontation directe et l’action spectaculaire. Les relations entre le père et le fils sont également empreints de tensions, notamment lorsque leurs trajectoires politiques divergent. Mais au-delà des désaccords, il est évident que l’influence de Jean-Paul Dias a ancré chez son fils des valeurs de résilience et un goût prononcé pour le combat politique.
Une entrée explosive dans l’arène politique mais entravée par l’affaire Ndiaga Diouf
Élu maire de Mermoz-Sacré-Cœur en 2009 à seulement 38 ans, Barthélémy Dias devient le plus jeune maire du Sénégal. Ce succès n’est pas dû au hasard. Dias s’impose grâce à un style direct, une présence médiatique percutante et un programme promettant des solutions aux problèmes concrets de ses administrés. C’est un succès éclatant. L’homme a radicalement changé le cadre de vie de la commune. Cependant, sa carrière est rapidement éclipsée par des scandales. L’affaire Ndiaga Diouf, survenue en décembre 2011, est emblématique du caractère explosif de Barthélémy Dias. Alors que des nervis, supposément liés au Parti Démocratique Sénégalais(PDS), approchent la mairie de Mermoz-Sacré-Cœur, Dias n’hésite pas à faire usage de son arme sans hésiter. Ce jour tragique se solde par la mort de Ndiaga Diouf, un lutteur. Les images font le tour du monde. Si Barthélémy Dias plaide la légitime défense et se retranche derrière son permis de port d’armes, cette affaire entache durablement son image. En 2017, il est condamné à deux ans de prison, dont six mois ferme, une peine qui alimente les débats sur la violence et la responsabilité dans l’arène politique. Cette condamnation, bien qu’un revers personnel, renforce paradoxalement sa popularité auprès d’une partie de l’opinion publique, qui le perçoit comme une victime d’un système judiciaire politisé.
Un bon début de parcours qui souffre de constance
Barthélémy Dias n’a jamais hésité à bousculer l’ordre établi. Membre du Parti Socialiste (PS), il gravite d’abord autour de personnalités influentes comme Ousmane Tanor Dieng, avant de s’émanciper et de se rapprocher de Khalifa Sall, alors maire de Dakar. Cette alliance avec Khalifa Sall, scellée autour d’une vision progressiste et d’une opposition commune à Macky Sall, renforce sa stature nationale.
L’arrivée au pouvoir de Macky Sall en 2012, grâce à une coalition incluant le PS, marque un tournant. Barthélémy Dias devient rapidement l’un des critiques les plus virulents du président, l’accusant de trahir les idéaux des Assises nationales, un cadre de réformes prônant la transparence et la démocratie participative. Cette rupture avec Macky Sall l’isole au sein du PS, où les tensions internes s’accentuent. Mais loin de reculer, Dias transforme cet isolement en force, cultivant une image d’homme politique indépendant, prêt à se battre contre les injustices, même au prix de sa carrière
Barthélémy Dias a su construire sa popularité sur sa capacité à incarner les frustrations d’une jeunesse en quête de repères. Son discours, souvent virulent, cible directement les maux qui gangrènent le pays: corruption, inégalités, instrumentalisation de la justice etc. Mais ce style abrasif divise. Sises partisans saluent son audace, son éloquence et son authenticité, ses détracteurs dénoncent un populisme excessif et une approche parfois irresponsable. Mais Dias s’appuie largement sur les réseaux sociaux pour amplifier son message. Maîtrisant parfaitement les codes numériques, il utilise ces plateformes pour mobiliser les foules et contourner les canaux traditionnels souvent accusés de partialité. Cette stratégie s’avère particulièrement efficace auprès des jeunes, qui voient en lui un leader accessible, un mentor de proximité voire un élu très proche de leurs préoccupations.
La conquête de Dakar avec Ousmane Sonko
La candidature de Barthélémy Dias à la mairie de Dakar en 2022 représentait bien plus qu’un enjeu local. Pour lui, cette élection est une opportunité de démontrer sa capacité à mobiliser au-delà de sa base traditionnelle qu’est Mermoz- Sacré-cœur. Soutenu par une coalition Yéewi Anskan Wi, cette bataille électorale se joue dans un contexte de tensions accrues avec le pouvoir en place, qui multiplie les obstacles administratifs et judiciaires. Mais Barth va trouver un allié de taille au sein de la coalition Yéewi Askan WI, Ousmane Sonko. Les deux hommes ont une trajectoire similaire : ils sont victimes de la machine de guerre du Macky. Les deux jeunes leaders se jettent des fleurs. L’entente était pourtant cordiale. Le leader de Pastef met alors la machine électorale au service de Barthelemy Dias. Le succès est éclatant ! Barthelemy Dias écrase la coalition Benno Bokk Yakaar(BBY) dirigé par Abdoulaye Diouf Sarr à Dakar. En 2023, c’est la fin de la lune de miel. Barthelemy Dias s’éloigne ainsi de Ousmane Sonko qu’il juge « inexpérimenté ». C’est le tollé ! les patriotes crient à la trahison. Certains y voient une main du tout puissant Macky pour diviser l’opposition.
La revanche de Sonko sur Barth
La politique est cruelle ! Trop même. Les amis d’hier sont devenus des ennemis. L’accession au pouvoir du duo Sonko-Diomaye rabat les cartes du landernau politique. Les patriotes tant honnis et bannis parles gardiens du « système » prennent ainsi les commandes. Les patriotes n’ont jamais toléré à Barthélémy Dias d’avoir subitement tourné le dos à Ousmane Sonko. Les élections législatives deviennent ainsi une occasion pour laver l’affront. La défaite cuisante de la coalition Sàmm Sa kaddu dirigée par Dias sonne le glas de celui qui se surnomme « Borom Ndakaru ». Barthelemy Dias n’a pas rempilé. Il n’a obtenu que 92.435 voix. La coalition dirigée par Dias fils avait mené une « campagne de tension ». La défaite écrasante du maire de Dakar face au Pastef qu’il critiquait violemment lors de la campagne électorale marque un tournant décisif dans le paysage politique national. Tout en s’attaquant à son adversaire Ousmane Sonko et son protégé Abass Fall, Barth a échoué à rassembler autour de lui suffisamment de voix pour contrer l’élan de ses concurrents. Aujourd’hui, il est désarmé face à un Pastef qui a tous les leviers du pouvoir en main. Sa destitution suite à une décision de justice lui fait perdre l’Hotel de Ville de Dakar. Une désillusion ! Et pourtant, Barth avait un bon début de parcours politique, mais qui souffre malheureusement de constance. Toujours est-il le désormais maire de Dakar n’entend pas en rester là. En effet, le « Boy Dakar » a juré qu’il allait user de tous ses moyens pour préserver sa…Place de l’Indépendance. Mais qu’importe ce qui arrivera, l’empreinte de Barth sur la Capitale est déjà indélébile.
MAMADOU DIA AVAIT DEJA REGLE LA QUESTION DE LA REVISION DE SON PROCES
Sur la question agitée de la révision du procès, Bamba Ndiaye dépoussière les positions du concerné : de son vivant, le président Mamadou Dia disait que le peuple l’avait déjà réhabilité.
Propos recueillis par : El Hadji SOW |
Publication 19/12/2024
Bamba Ndiaye reste un acteur clé de l’histoire politique des dernières années du président Mamadou Dia. Donc un témoin de l’histoire ! L’ancien député, et actuel leader politique du Parti des Libéraux et Démocrates (PLD) d’Oumar Sarr fut un compagnon proche du président Mamadou Dia jusqu’à même en être le coordonnateur de sa formation politique le Mouvement pour le Socialisme et l’Unité (Msu). Bamba Ndiaye porta même le titre de “second Mawdo” alors que son mentor était appelé “Premier Mawdo”. Si les routes politiques des deux hommes se sont séparées par la suite, Bamba Ndiaye n’en revendique pas moins l’héritage politique de son mentor dont il reconnait avoir véritablement façonné sa trajectoire politique. Bamba Ndiaye dit qu’il ne reprocherait à personne de s’inspirer de la vision souverainiste du président Mamadou Dia. Il ne s’agira pas de contemplation de l’œuvre de son guide, mais plutôt une invite à l’actuel régime de prendre en charge les idées positives du président Mamadou Dia. Sur la question agitée de la révision du procès, Bamba Ndiaye dépoussière les positions du concerné : de son vivant, le président Mamadou Dia disait que le peuple l’avait déjà réhabilité. Et qu’il n’avait pas besoin d’un procès pour cela. Notre interlocuteur déclare alors que « Mamadou Dia avait parfaitement raison de se sentir réhabilité par l’histoire et par le peuple sénégalais »
Le Témoin : En tant que compagnon du président Dia, comment allez-vous témoigner à « décharge » pour les événements de décembre 62 ?
Effectivement, j’ai eu l’avantage d’accompagner le président Mamadou Dia dans ses activités politiques pendant plus de 15 ans à partir de 1983. Même si les vicissitudes politiques ont fini par nous séparer, je suis très fier de ce compagnonnage. Il a beaucoup contribué, et positivement, à ma formation en tant que jeune d’une trentaine d’années qui a eu la chance de réfléchir et d’agir avec le véritable père de notre indépendance. Nous nous étions retrouvés dans l’opposition au régime de Abdou Diouf, au cours des luttes pour une alternance démocratique ayant abouti à la grande victoire du 19 mars 2000. Avant de le rencontrer et de m’attacher à lui, j’avais déjà eu un parcours politique d’une dizaine d’années dans la gauche sénégalaise. C’est en toute conscience politique que j’avais choisi de l’accompagner, même si j’étais plus proche sur le plan social du professeur Cheikh Anta Diop. Maintenant, pour en venir directement à votre question, il me semble que la crise de décembre 1962 a été une véritable sortie de piste pour le Sénégal nouvellement indépendant. Le pouvoir de Dia voulait transformer l’indépendance formelle concédée par la France du Général De Gaulle en une véritable souveraineté politique et économique. Et il était en passe de le réussir, notamment dans le domaine de l’agriculture. C’est pourquoi il a été combattu et éliminé. Eliminer, le mot n’est pas de trop pour un témoignage à décharge ! Pour preuve, dès l’élimination politique du Président Dia, le Sénégal a rejoint le cercle des néo-colonies françaises comme le voulaient les autorités parisiennes. Les grands chantiers de Dia comme ceux concernant le Franc CFA ou les bases militaires ont été mis sous le boisseau pendant presque 40 ans. Très peu de gens osaient évoquer ces questions qui ont été la cause de l’engagement de notre génération dans les rangs de la gauche. De sorte que l’impact négatif de cette éviction de Mamadou Dia a fait dévier la trajectoire de toute l’Afrique occidentale.
D’aucuns estiment que le président Dia est ressuscité par le souverainisme incarné par l’actuel régime. Quelle lecture faites-vous de ce débat ?
C’est un débat que je suis avec beaucoup d’attention. Vous savez, si ce régime ou un autre cherche à retrouver le chemin tracé par Mamadou Dia, ce n’est certainement pas Bamba Ndiaye qui va le leur reprocher. Bien au contraire. Il ne s’agit pas d’être dans une contemplation du passé mais de s’inspirer des grandes leçons positives et des riches enseignements de son action. Ces leçons portent d’abord, à mon sens, sur le style de gouvernance. Dia a voulu servir son pays et non s’enrichir. D’ailleurs, il a quitté le pouvoir après 15 ans d’exercice sans même posséder une maison. Dans son action à la tête de l’Etat, il a voulu mettre en avant les intérêts vitaux de nos populations africaines, sans jamais baisser la tête devant les puissances de ce monde. Il savait se faire respecter de tous, y compris le Général De Gaulle. Concernant l’autre aspect de votre question, voyons voir, comme disait l’autre.
Que pensez-vous de la réouverture du procès de Mamadou Dia ? Objectivement y a-t-il des éléments nouveaux qui concourent à cette demande générale ?
Une très bonne question qui vient à son heure ! Mais je préfère m’en tenir à la dernière position exprimée par Mamadou Dia de son vivant. En effet, il avait fait savoir que le peuple sénégalais l’avait déjà réhabilité. Et qu’il n’avait pas besoin d’un éventuel procès visant à le réhabiliter. Maintenant, est-ce que cette prise de position du principal concerné peut lier les mains de Dame Justice ou alors faire taire des nouvelles générations ? Ce n’est pas à moi de le dire. Mais cela ne m’empêche pas de penser que Dia avait parfaitement raison de se sentir réhabilité par l’histoire et par le peuple. Pendant de longues années, beaucoup de gens n’osaient même pas prononcer son nom, sauf pour l’injurier. Les choses ont commencé à changer dans les années 1970, quand les jeunesse sont intéressés à ce pan alors méconnu de notre histoire. L’un des grands moments de cette réhabilitation a été le pré-symposium qui a été organisé sur son œuvre en 1996 et dont j’ai eu l’honneur de coordonner le comité préparatoire. A cette occasion, nos plus grands professeurs, comme le philosophe Djibril Samb, l’économiste Makhtar Diouf ou l’historien Mamadou Diouf, avaient disséqué son œuvre tant politique qu’intellectuelle et conclu qu’elle devait et pouvait constituer une source d’inspiration pour bâtir un meilleur avenir de nos pays. Les Actes de ce pré-symposium avait été publiés sous forme de livre. Espérons qu’il sera organisé un jour le Symposium international sur son œuvre qui avait été envisagé à l’époque.
Ousmane Camara dans une publication en tant que Procureur au procès de 1962 avait publiquement réhabilité le président Dia, cela n’est-il pas suffisant ?
Il me semble que la réhabilitation politique et intellectuelle a une portée plus grande qu’une réhabilitation judiciaire. Toutefois, les prises de position du président Ousmane Camara ont une grande signification. Déjà, lors du procès de 1963, il avait été très nuancé dans ses réquisitions. Il faut dire que les principaux protagonistes de cette crise comme le Général Jean-Alfred Diallo, le président Magatte Lo et bien d’autres ont tenu à blanchir Mamadou Dia des accusations de coup d’Etat portées contre lui. Certains sont même devenus plus-tard ses amis personnels.
A un moment donné, vous étiez l’héritier politique du président Dia à travers le MSU. Pourquoi vous étiez-vous éloigné de l’homme ? Bamba Ndiaye revendique-t-il toujours son héritage politique ?
Il faut dire simplement que le rajeunissement du MSU, qui avait été décidé à l’initiative du président Dia en 1996, n’a pas donné les résultats espérés. Étant élu Coordonnateur Général du MSU, j’ai pris mes responsabilités dans des moments cruciaux pour notre pays. Ce que je peux déplorer, c’est le déficit de communication qui avait permis à certains acteurs de réussir à nous diviser. Mais je ne regrette pas les combats que j’ai menés en ces moment-là. Un jour peut-être, je pourrais revenir sur cette période de façon détaillée. Je dois également préciser que ce n’était pas une rupture de nos relations personnelles. Je peux vous révéler par exemple que, quand je suis devenu député en 2001, le président Dia a organisé chez lui une séance de prières à mon bénéfice. Quelques années plus tard, je suis allé lui rendre visite et je dois dire que nous nous sommes quittés en bons musulmans, comme il se doit. Bien sûr, je revendique ma part dans l’héritage politique du Président Dia. C’est ce que j’ai toujours dit. Lui, il était Premier Mawdo du MSU et vos confrères de l’époque me surnommait le Deuxième Mawdo. C’est un passé que je ne saurais renier mais que je porte avec fierté. Je ne suis pas son seul héritier politique bien sûr mais, encore une fois, je revendique et je porte ma part d’héritage.
Que reste-t-il justement de l’héritage politique du président Dia ?
Lors de son procès de 1963, un de ses avocats avait dit ceci : « les noms des juges de Socrate ont été oubliés mais le nom de Socrate est resté dans l’histoire ». Plus de 60 ans après, on peut dire la même chose de Mamadou DIA. Ces derniers jours, il fait la une de la presse nationale. Le Building administratif dont il avait été chassé porte son nom suite à une décision du président Macky Sall. Le président Wade avait engagé une procédure de révision de son procès. Peut-être le pouvoir actuel posera-t-il aussi des actes symboliques comme, par exemple, la réhabilitation du Général Amadou Fall, premier chef d’étatmajor de notre Armée nationale, que Dia souhaitait avec force. Mamadou Dia est plus connu et plus célébré aujourd’hui que de son vivant. Je peux en témoigner. Ses idées n’ont jamais été aussi discutées qu’actuellement. Espérons seulement que les uns et les autres pourront en tirer des inspirations utiles et profitables au grand bénéfice de nos peuples.
LA DOUANE SENEGALAISE, CHAMPIONNE D’AFRIQUE !
En cette année 2024 finissante, les poulains du Dr Mbaye Ndiaye ont réalisé une performance inédite en Afrique : 2.681 kg de cocaïne ont été saisis pour une valeur marchande estimée à plus de 200 milliards cfa
« Le Témoin » quotidien l’avait vu venir. Ça y est ! La Douane sénégalaise est championne d’Afrique en matière de lutte contre le trafic international de drogues. En cette année 2024 finissante, les poulains du Dr Mbaye Ndiaye ont réalisé une performance inédite en Afrique : 2.681 kg de cocaïne ont été saisis pour une valeur marchande estimée à plus de 200 milliards cfa
Si la lutte contre le trafic international de drogues était érigée en championnat d’Afrique, nul doute que la Douane sénégalaise serait championne toutes catégories confondues (cocaïne, héroïne, Hcl, Yamba etc). Au cours de cette année 2024 finissante, les poulains du Dr Mbaye Ndiaye ont réalisé des saisies record inédites et jamais égalées en Afrique. Rien que pour la cocaïne, 2.681 kg ont été interceptés par les différentes unités de la Douane sénégalaise. Un produit de la mort d’une contrevaleur au détail de plus de 200 milliards cfa. Ces belles opérations constituent un violent coup de poignard à l’économie sous-régionale de la drogue dès lors que la plupart des produits stupéfiants provenaient des pays voisins. Toujours est-il que le Sénégal, par le biais de sa Douane, a réussi à anéantir les corridors de la drogue dure qui portent atteinte à la santé publique et alimentent l’instabilité régionale.
En dehors de sa mission fiscale consistant à renflouer les caisses de l’Etat à partir des liquidations des droits et taxes à l’importation, et de protection de l’économie nationale de façon générale, les douaniers se sont bien distingués dans la lutte constante contre les drogues en renfort aux autres forces de défense et de sécurité dédiées. Grâce à leur professionnalisme et à de nouveaux équipements performants, la Douane a pu tirer son épingle du jeu criminel auquel s’adonnent les narcotrafiquants. Sans oublier la lutte contre la fraude et la contrebande où les soldats de l’économie ont encore fait leur preuve en 2024 pour sauvegarder l’économie du pays.
Comme la plupart des « Lions » médaillés ou champions d’Afrique, les douaniers seront sans doute reçus par la tutelle, le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba. Et pourquoi ne pas les conduire au Palais de la République…
SOULEYMANE DIALLO DEGAGE SON GROUPE DE 21 LIONS
Après trois mois de préparation, le sélectionneur de l’équipe locale du Sénégal a dégagé son groupe de performance de 21 joueurs en direction de la double confrontation qui opposer le Sénégal au Liberia.
Le sélectionneur de l’équipe du Sénégal locale Souleymane Diallo, a dégagé son groupe de performance de 23 joueurs en direction de la double confrontation face au Libéria, dans le cadre du dernier tour des qualifications au Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) prévu du 1er au 28 février prochain au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Les Lions locaux entament à Monrovia la manche aller ce dimanche face à la Lone Star.
Après trois mois de préparation, le sélectionneur de l’équipe locale du Sénégal a dégagé son groupe de performance de 21 joueurs en direction de la double confrontation qui opposer le Sénégal au Liberia. Exempté du premier tour en raison de son statut de champion en titre, les Lions feront face à la Lone star ce 22 décembre à Monrovia. Attendu ce jeudi dans la capitale libérienne, le technicien sénégalais a deux jours pour apporter les derniers réglages et de créer la cohésion dans ce groupe. Un groupe qui renferme les joueurs les plus en forme depuis le début de la saison mais qui présente sans doute des styles variés. Parmi les joueurs convoqués, on peut relever Moctar Koité, vainqueur avec le Sénégal du dernier CHAN, le champion d’Afrique U-17 Fallou Diouf ou encore Ibrahima Dieng, international U-20.
« Dans l’ensemble, la préparation s’est déroulée de très belle manière. On a reçu les trois joueurs du Jaraaf. L’état d’esprit est très bien. Nous allons nous focaliser sur nos atouts et pourquoi pas exploiter les faiblesses de l’adversaire », a confié Souleymane Diallo. Le coach estime que les Lions aborderont cette première rencontre dans de bonnes dispositions après avoir bien étudié l’adversaire qui, on le rappelle, a écarté au premier tour l’équipe de la Sierra Léone. Une formation aussi que le Sénégal avait affronté et éliminé lors de la dernière édition du CHAN en 2022 avant d’aller remporter le CHAN en Algérie. « On a une petite idée de l’adversaire. Hormis le déplacement que j’ai effectué au Libéria pour suivre leur match, on est en train de travailler sur les vidéos. On a travaillé sur leur animation défensive. Vendredi, nous allons travailler sur leur animation offensive. En fonction de cela, nous essayerons de mettre un plan de jeu pour pouvoir aborder ce match dans d’excellentes conditions », indique-t-il. Les Lions locaux vont recevoir le match retour le 28 décembre au stade Abdoulaye Wade de Diamniadio.
COMPOSITION
Gardiens: Pape Abdoulaye Dieng (Linguère), Marc Philippe Diouf (Teungueth FC), Amar Fall (AS Pikine)
Milieux: Makha Ben Ahmad Ba (Jaraaf), Issa Kane (Casa Sports), Cheikh Tidiane Thiam (Oslo FA), Seydou Ndiaye (Dakar Sacré-Cœur), Serigne Moctar Koite (Jaraaf)
Attaquants : Oumar Ba (US Gorée), Ibrahima Dieng (AS Pikine), Mamadou Junior Soumaré (Dakar Sacré-Cœur), Moustapha Fanné (Guediawaye FC), Seydina Mandione Mbaye (AJEL), Ababacar Sarr (Jaraaaf), Almamy Matthew Fall (Jaraaf)
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NATHALIE VAIRAC : NAÎTRE ET NE PAS ÊTRE
Pas le « bon » nez ni les « bons » cheveux pour être reconnue comme Indienne. Pas non plus assez « bâtie » pour être perçue comme une Noire authentique. Quel crime cette comédienne a-t-elle donc commis pour être ainsi toisée, ballottée entre deux cultures
Pas le « bon » nez ni les « bons » cheveux pour être reconnue comme Indienne. Pas non plus assez « bâtie » pour être perçue comme une Noire authentique. Quel crime cette comédienne a-t-elle donc commis pour être ainsi toisée, ballottée entre deux cultures - celle d’un père guadeloupéen et celle d’une mère indienne ?
La richesse apparente de la double culture, ou du métissage, dissimule souvent les douleurs que vivent en silence de nombreuses personnes métisses. Et que dire lorsque, dès le départ, un mariage n’est pas accepté, surtout s’il implique un ou une conjoint(e) perçu(e) comme « casté(e) » ? L’histoire de Nathalie Vairac illustre parfaitement cette réalité. En effet, le mariage de ses parents, célébré dans les années soixante, a été mal accueilli par une partie de la famille maternelle. Une Indienne qui ose épouser un Noir ?
Guadeloupéenne par son père et Indienne par sa mère, Nathalie a vu l’amour de ses parents se heurter à des résistances de part et d’autre des deux familles. Cette « union interdite », vécue comme un sacrilège du côté maternel, s’est alourdie du poids des incongruités coloniales. Sous l’influence de la politique d’assimilation, certains de ses très lointains ancêtres, arrière-arrière-grands-parents, avaient renoncé officiellement à leur identité, dans l’espoir fallacieux d’accéder à un statut « supérieur » et aux avantages supposés qui y étaient attachés. Une manipulation qui n’a fait qu’accroître le poids des douleurs et des souffrances que Nathalie a portées durant des années, hantée par cette question constante : « Qui suis-je ? ».
Le temps, cependant, a fait son œuvre, et Nathalie a peu à peu trouvé le chemin de la guérison. Comédienne chevronnée, avec plus de trente ans d’expérience sur les planches, elle s’est ouverte à d’autres formes d’expressions artistiques, notamment la performance.
C’est ainsi que, dans le cadre de la 15e édition de Dak’Art, Nathalie a présenté le projet « Mutikkap Patate » au Raw Material Company, situé au Point E. À travers cette œuvre, elle a partagé son histoire et les résonances de son parcours. Grâce au théâtre, qui favorise la rencontre et l’introspection, ainsi qu’à la psychanalyse et à d’autres démarches de compréhension de soi, Nathalie a entrepris un travail de réconciliation intérieure. Elle a refusé de couper les liens avec sa famille, qu’elle soit paternelle ou maternelle, malgré le lourd héritage familial et colonial.
Son retour en Afrique, en tant qu’Afrodescendante, a également joué un rôle clé dans ce processus de guérison. Bien que son père n’ait peut-être jamais eu de connexion avec ce continent, Nathalie y a trouvé un sens profond et apaisant. Après quatre ans passés au Kenya, elle vit depuis dix ans au Sénégal, où elle semble avoir trouvé un équilibre.
Son histoire reflète celle de milliers, voire de millions de métisses confrontés aux questions identitaires, au racisme et aux séquelles d’un passé colonial pesant. En définitive, malgré les avancées de la civilisation, l’humanité persiste à nourrir des comportements teintés d’obscurantisme, d’intolérance et d’inhumanité.
ACCES A L’INFORMATION, LE CHEF DE L’ÉTAT VEUT UNE ADOPTION RAPIDE DE LA LOI
Le directeur de la Promotion de la bonne gouvernance, une structure dépendant du ministère de la Justice, s’exprimait ainsi au cours de l’atelier de partage de ce projet de loi avec les médias.
Le directeur de la Promotion de la bonne gouvernance, Alassane Guèye, a fait part mardi, à Dakar, de la volonté du chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, de parvenir à l’adoption rapide du projet de loi sur l’accès à l’information, assurant que le dossier était déjà sur la table du secrétaire général du gouvernement. « Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a instruit les services concernés pour l’adoption de la loi relative à l’accès des médias et du public à l’information. Le projet de loi est actuellement sur la table du ministre-secrétaire général du gouvernement », a-t-il dit.
Le directeur de la Promotion de la bonne gouvernance, une structure dépendant du ministère de la Justice, s’exprimait ainsi au cours de l’atelier de partage de ce projet de loi avec les médias. La rencontre est organisée en collaboration avec la société civile et la coopération internationale allemande (GIZ). Cette rencontre « vise à informer et mobiliser les médias, (…) afin de relancer le processus législatif par un partage d’informations et un plaidoyer efficace », indiquent les organisateurs.
Le processus d’élaboration de la loi portant accès des médias et du public à l’information, initié depuis 2009, à l’initiative de la société civile (Article 19, Forum civil et RADDHO), a connu des lenteurs importantes. « Heureusement, aujourd’hui, avec l’actuel président de la République, Bassirou Diomaye Faye, ce processus est déclenché de nouveau pour que cette loi soit adoptée très rapidement », a assuré le directeur de la Promotion de la bonne gouvernance.
RENFORCER L’ETAT DE DROIT ET AMELIORER LA QUALITE DU DEBAT PUBLIC
Cette nouvelle démarche au pas de charge obéit, selon lui, à l’importance que le chef de l’€tat accorde à la transparence et la bonne gouvernance – qui figurent en bonne place dans le nouveau référentiel des politiques « Vision Sénégal 2050 » – et au droit du public et des médias à l’information.
« Le président de la République, qui a inscrit son magistère sous le sceau de la transparence, et de la bonne gouvernance, est très motivé à l’adoption de la loi afin que les journalistes, la société civile, les citoyens aient accès aux informations utiles concernant la gestion des affaires publiques », a fait savoir Alassane Guèye.
En plus de favoriser cet accès à l’information, cette loi, une fois adoptée en Conseil des ministres et votée à l’Assemblée nationale, permettra, a-t-il ajouté, de « lutter contre la corruption et de protéger les lanceurs d’alerte ».
L’accès des médias et du public à l’information, contenue dans les documents publics et relative à la gestion des affaires publiques, est un droit fondamental consacré par la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 et l’article 19 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples du 27 juin 1981.Actuellement, vingt-neuf pays africains disposent déjà d’une telle loi qui « renforce la démocratie et l’État de droit », et « améliore la qualité du débat public », liton dans un document remis à la presse.
35 MESURES D’ATTENUATION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE VALIDEES PAR LE MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT
Le Sénégal s’est engagé dans une lutte contre le changement climatique avec la contribution déterminée au niveau national, adoptée en 2020, afin d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre.
Le ministère de l’Environnement et la Transition écologique (METE) a organisé, hier mercredi, en collaboration avec la Banque mondiale, un atelier de validation de la courbe MACC, un outil stratégique permettant de hiérarchiser les actions climatiques en fonction de leur coût et de leur impact sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’objectif de cette rencontre, qui a réuni les institutions locales, internationales, des partenaires techniques et financiers, vise aussi à faire de cette outil une opportunité pour le renforcement économique et sociale au Sénégal.
Le Sénégal s’est engagé dans une lutte contre les changements climatiques avec la contribution déterminée au niveau national, adoptée en 2020, afin d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre. A cet effet, une rencontre a été organisée hier, mercredi 17 décembre 2024, dans un hôtel de la place. Une occasion pour les acteurs d’échanger sur les résultats de la Courbe des Coûts Marginaux de réduction (MACC, en anglais) qui va permettre de réduire l’impact carbone en identifiant les actions et des projets qui ont le potentiels de réduire le plus efficacement les émissions, explique Mme Sarr Madeleine Diouf, Directrice du Changement climatique, de la Transition écologique et du Financement vert. «Cette analyse a permis d’identifier 35 mesures d’atténuation qui sont des mesures gagnants-gagnants pour le Sénégal, mais également de voir quel est le coût de ces mesures et combien de gaz à effet de serre ces mesures vont permettre au Sénégal d’éviter. Et cela nous permettra de mieux négocier avec nos partenaires.»
Et Mme Sarr Madeleine Diouf de préciser : «ces mesures concernent différents secteurs notamment : le secteur de l’environnement, le secteur de tout ce qui est reforestations, tout ce qui est protection des mangroves, lutte contre les feux des brousses, développement des foyers améliorés, les augmenter pour réduire la pression sur les forêts. Nous avons les projets sur l’énergie comme promouvoir le gaz butane dans la cuisson des ménages ; des projets également sur l’assainissement comme réduire les émissions de méthanes dans le secteur en augmentant l’accès à l’assainissement et le traitement des eaux usées ; dans le transport électrique mais également le transport hydride où on peut utiliser de l’essence et de l’électricité».
Selon elle, cette collaboration renforce la planification climatique, en orientant les politiques publiques du Sénégal en matière de lutte contre le changement climatique en maximisant les bénéfices environnementaux et économiques, explique Mme Sarr. «Nous sommes là pour valider un rapport sur ce qu’on appelle l’Etude MACC, qui est l’étude d’évaluation du niveau du coût d’abattement des projets d’atténuation de gaz à effet de serre. Donc, c’est un instrument économique qui nous permet de réellement voir le rapport coût et niveaux de réduction d’une politique d’émission des gaz à effet de serre». Elle souligne que «c’est un instrument économique à hiérarchiser les opinions d’atténuation selon leur impact carbone et financier. Cet outil vient à son heure parce que nous allons déployer la prochaine CNN du Sénégal et pouvoir servir à l’ensemble des acteurs ici présent et les secteurs présents sur l’identification de nos mesures prioritaires au Sénégal», a indiqué la Directrice du Changement climatique, de la Transition écologique et du Financement vert qui a insisté sur la collaboration et l’engagement des parties prenantes pour garantir le succès du projet, avec l’appuis de la Banque mondiale pour la conception et la mise en œuvre de la courbe, qui s’inscrit dans le cadre du programme Partenership for Market Implementation (PMI), et des partenaires financiers et techniques.
LE FËGG JAAY À LA MERCI D’UN CLIMAT IMPRÉVISIBLE
Les manteaux et pulls restent sur les étals pendant que le thermomètre affiche plus de 32°C. Un dérèglement climatique qui bouleverse les traditions commerciales et menace la survie économique de nombreux commerçants
Confrontés aux effets et variations d’un climat imprévisible, bouleversant les habitudes, nombres de commerçants et grossistes de vêtements de seconde main appelés «fëgg jaay» (en wolof et friperie en français) sont dans l’expectative. Ayant investi beaucoup d’argent dans les vêtements de chaleur (pulls, manteaux, couvertures… souvent en vogue en période de froid), comme chaque année en pareille période, nombre de ces grossistes et détaillants, qui avaient anticipé la saison, se retrouvent avec des stocks importants d’invendus, la fraîcheur tardant encore à s’installer, entrainant des pertes énormes.
Colobane ! Des rues étroites grouillant de monde, des clients, des marchands et des «borom pousse-pousse» s’entrecroisent. Dans une cacophonie, des bruits et tintamarres familiers, le marché de friperie, communément appelé marché «fëgg jaay», l’un des plus grands pourvoyeurs de ce produit au Sénégal, ne désempli pas. Entre klaxons stridents des motos, chargées de «fëgg jaay», de balles de friperie et vacarme de vendeurs criant à tue-tête ou à l’aide de mégaphones pour attirer le maximum de clients, il y a de l’animation partout. En cette matinée ensoleillée au ciel couvert, avec un vent modéré, la prévision météo annonce une température de 25°C à 28 voire plus, c’est selon. Une «anomalie», due aux changements imprévisibles du climat, qui perturbe les activités des commerçants locaux. Notamment ceux spécialisés dans la vente des vêtements chauds (pullovers, jackets, manteaux, couvertures…), auxquels les populations font souvent recours quand les températures chutent.
En effet, avec la baisse de température notée le début du mois, avec des précipitations ou pluies hors saison enregistrées entre les 2, 3 et même 4 décembre 2024 dans plusieurs régions du pays dont celles du Nord et de l’Ouest notamment à Dakar, nombre de commerçants, «sentant ainsi la fraicheur s’installer» enfin, ont investi dans ces vêtements contre le froid. Mais, le froid tarde escompté encore. Pis, à leur grande surprise, les températures ont vite grimpé, dépassant souvent les 32°C depuis lors. Ce qui fait que des grossistes et détaillants du marché «fëgg jaay» de Colobane se retrouvent avec des stocks encombrants : c’est de l’argent bloqué entrainant des pertes qui s’accumulent.
Une anticipation basée sur les habitudes passées
Certains commerçants du marché Colobane adaptent et font leurs achats par anticipation en fonction des saisons climatiques et des habitudes. Depuis des décennies, la période de l’harmattan, qui s’étend de novembre à mars, marquée par «un vent du Nord-est, très chaud le jour, plus froid la nuit, très sec et le plus souvent chargé de poussière» est caractérisé par «un alizé continental» avec des températures qui «chutent et où l’air devient sec et frais». Une fraîcheur qui constitue une véritable aubaine pour eux, permettant l’écoulement de ces vêtements adaptés.
Ainsi, les manteaux, pulls, écharpes et autres couvertures se vendent à grande échelle. Pour les grossistes comme pour les détaillants, cette saison est un moment clé pour faire de bonnes affaires et des bénéfices. Ces habitudes du passé continuent de dicter leurs stratégies de commandes et d’achats : en novembre, ils commandent des produits qu’ils stockent dans l’attente de l’arrivée du froid.
Ces prévisions basées sur des années d’expérience, des cycles climatiques réguliers, et la conviction de l’arrivée de la fraîcheur surtout au sortir d’un hivernage pluvieux, leur permettaient alors de se préparer pour un pic de ventes. Cependant, cette année, comme d’ailleurs l’année précédente, un imprévu bouscule leurs certitudes : le changement du climat. Jusqu’à la mi-décembre, Dakar, à l’image de l’intérieur du pays, continue d’enregistrer des vagues de chaleurs. Ce que témoigne El Hadj Lamine, un grossiste-revendeur. «Je suis très inquiet ! J’ai investi 5 millions pour ces marchandises dont 1 million dans les vêtements pour la période de fraîcheur. Mais je n’ai vendu que 2 balles au début du mois. Depuis lors, je n’ai plus rien vendu, c’est vraiment difficile !».
Ce constat est similaire chez M. Niang : «cette situation nous impacte financièrement. Malheureusement, nous n’avons pas d’issus pour les acheteurs qui ne savent pas si demain il fera chaud ou froid».
Pour les détaillants, la situation est aussi délicate. Fatou Diop, une détaillante installée au marché Colobane depuis quelques années, s’en désole. «En octobre, j’ai acheté trois balles d’habits chauds comme des manteaux et des pulls, parce que les gens se ruent vers ces habillement dès que le froid arrive. Mais, cette année, rien ne se vend.»
Des stocks qui pèsent sur les finances
Cette anticipation, basée sur les habitudes du passé et non sur les prévisions climatiques, s’avère un pari risqué cette année. Les piles de manteaux, pulls et écharpes s’accumulent dans les boutiques, magasins et les entrepôts. «J’ai investi tout mon capital dans ces vêtements chauds», raconte Fatou, visiblement inquiète. «Si je ne les vends pas rapidement, je ne pourrai pas acheter de nouveaux produits. Et, avec les dépenses de fin d’année, ce sera très difficile».
M. Niang, quant à lui, se retrouve avec un entrepôt plein. «Nous sommes dans un contexte où tout est cher. Si on vend moins, cela se fait ressentir automatiquement». Pour El Hadj, «lorsque les conteneurs viennent de l’Italie, de l’Allemagne, de la Belgique…, nous les grossistes revendeurs, nous perdons parce que la marchandise ne bouge pas. J’ai les stocks de l’année dernière que je comptais écouler cette année, mais je ne comprends rien», confie-t-il.
Des stratégies limitées pour écouler les stocks
Face aux variations climatiques et le retard ou l’incertitude quant à l’effectivité de l’installation du froid attendu, les commerçants et grossistes tentent de s’adapter. Fatou a décidé de baisser les prix : «j’ai procédé à des réductions - en guise de promotions, soldes -, mais les clients ne veulent pas acheter des manteaux alors qu’il fait chaud». Certains détaillants se montrent plus prudents : «je préfère attendre que le froid arrive avant d’acheter de nouveaux vêtements. Sinon, je risque moi aussi de me retrouver avec des invendus», explique El Hadj Lamine. De son coté, M. Niang essaie de proposer des remises sur les balles d’habits de chaleur. «Nous faisons des réductions pour certains articles comme les vêtements de chaleur. Mais, pour ceux du froid, nous gardons les mêmes prix, vu que nous vendons en gros», ajoute-t-il.
Eclairage du ministère du Commerce sur l’interdiction du « fëgg jaay »
A ces inquiétudes soulevées vient s’ajouter la polémique née de la volonté annoncée du ministère du Commerce, de l’Industrie et des PMI d’interdire les friperies au Sénégal. Seulement, le département chargé du Commerce qui parle de mauvaise interprétation de l’annonce du ministre Serigne Guèye Diop sur l’interdiction de l’importation de vêtements de seconde main au Sénégal a apporté des précisions. «(…) Il ne s'agit en aucun cas d'une mesure immédiate ou d'une interdiction brutale, comme cela a été interprété. La décision annoncée fait partie d’une stratégie à moyen et long terme visant à soutenir et développer le secteur textile local, en encourageant la production nationale et la création d’emplois dans ce secteur clé de notre économie. Loin d'être immédiate, cette mesure sera implémentée après la réouverture des usines textile et la mise en activité de sites de production visant à valoriser la filière coton de sa production à sa transformation dans le but d’encourager le consommer local et de renforcer le secteur du vêtement local», informe un communiqué du ministère qui dit être «pleinement conscient de l’importance des vêtements de seconde main pour de nombreuses familles sénégalaises et pour une grande partie de la population qui y trouve un moyen de subsistance».
LA SANTE DES POPULATIONS EN PERIL
La poussière qui envahit Dakar ne se contente pas de rendre la visibilité difficile ; elle représente un danger pour la santé publique, en particulier pour les personnes atteintes de maladies respiratoires, pulmonaires...
Hier, la capitale sénégalaise, Dakar, s'est réveillée sous un épais de nuage de poussière, rendant l’air irrespirable et plongeant les habitants dans un quotidien empreint de défis. La scène, rappelant les pires jours de la crise sanitaire de 2019, a vu le retour massif des masques, devenus une nécessité pour se protéger d’une menace invisible mais bien réelle.
La poussière qui envahit Dakar ne se contente pas de rendre la visibilité difficile ; elle représente un danger pour la santé publique, en particulier pour les personnes atteintes de maladies respiratoires, pulmonaires... Asthmatiques, allergiques et autres vulnérables ont dû redoubler de précautions pour éviter de graves complications. «Je suis asthmatique. Quand je porte le masque, j’étouffe. Mais, je n’ai pas le choix. Sans cela, ma santé risque de prendre un coup sérieux», confie Madame Ndiaye, résidente de la Sicap Baobab, visiblement affectée par la situation.
Dans les rues, des opinions partagées émergent. Si certains, fatalistes, estiment que «rien ne peut empêcher la maladie si elle doit arriver», d’autres tentent de se protéger autant que possible. Mais, au-delà des individus, c'est l’ensemble de la population qui demeure exposée à des risques accrus d’allergies et d’autres complications respiratoires.
Les marchés de Dakar, déjà souvent bousculés par des conditions sanitaires difficiles, subissent de plein fouet l’impact de cette tempête de poussière. Les produits alimentaires, parfois mal couverts, sont directement touchés, exposant les consommateurs à des risques d’ingestion de particules nocives.
À Tillène, quelques vendeuses et bouchers ont pris des précautions ; mais cela reste insuffisant. «Ce sale temps complique tout. Il faut sans cesse nettoyer les produits. Et malgré nos efforts, la poussière s’infiltre partout», explique une commerçante.
Pour les ménages, la poussière est un ennemi redoutable. Les meubles se salissent à une vitesse record, augmentant la charge de travail des domestiques. Fatou, employée de maison, s’inquiète : «Nos employeurs ne comprennent pas que c’est la poussière qui cause cela. Cela devient une corvée constante.»
Malgré les difficultés de visibilité, les automobilistes roulent sans allumer leurs phares, augmentant ainsi les risques d’accidents. Cette situation rend les déplacements encore plus dangereux dans une ville déjà marquée par des embouteillages chroniques.
Dans un bulletin publié avanthier, mardi 17 décembre 2024, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM) a alerté sur un épisode de poussière. Cette poussière qui va s’accentuer au courant de la journée du jeudi 19 décembre sur l’ensemble du territoire nationale, commencera à se dissiper progressivement à partir du samedi 21 décembre 2024.
Elle sera ressentie plus particulièrement au Nord et au Centre notamment, Saint-Louis, Podor, Matam, Linguère, Louga, Thiès, Dakar, Diourbel, Kaolack, où les concentrations seront plus élevées et par conséquent les visibilités seront réduites. Par contre, les effets seront moins marqués mais seront ressentis de façon intermittente au Sud avec les régions de Kolda, Ziguinchor, Sédhiou.
Dans la période du 18 au 23 décembre il est prévu une baisse des températures. Durant cette période, une baisse significative des températures est attendue sur tout le Sénégal notamment, au Nord (SaintLouis, Podor, Linguère, Matam) et Centre-Ouest (Louga, Thiès, Diourbel, Kaolack, Dakar): le refroidissement sera plus marqué et les nuits seront particulièrement fraiches, avec des températures descendant parfois en dessous de 17°C. Par ailleurs, au Sud (Kolda, Ziguinchor, Sédhiou) une baisse modérée est prévue, toutefois les nuits resteront plus fraiches que d’habitude.
ADDIRIS, POUR UNE TRANSFORMATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
Pour la réduction des risques face aux addictions, des pays de la francophone se sont rassemblés pour mettre en place un réseau dénommé (Addiris).
Réunis à Dakar du 16 au 18 décembre dernier, les membres du réseau ADDIRIS demandent une transformation des politiques publiques en matière d’addictions, fondée sur les droits humains, la dignité, la santé et la sécurité publique. Les acteurs ont fait face à la presse hier, mercredi à Dakar.
Pour la réduction des risques face aux addictions, des pays de la francophone se sont rassemblés pour mettre en place un réseau dénommé (Addiris). Engagés à promouvoir la réduction des risques comme réponse pragmatique et humaine aux défis des addictions, ces derniers se sont réunis pendant trois jours à Dakar pour réfléchir sur les mécanismes à mettre en place pour atteindre l’objectif. Pour les parties prenantes de ce réseau, le projet s’inspire de l’expertise de terrain, des avancées scientifiques, et de la richesse des échanges interculturels.
Selon le professeur Idrissa Ba, directeur du centre de prise en charge intégré des addictions de Dakar, (Cpiad) : « quand on met les deux termes addiction et réduction des risques qui renvoient à (Adirais), c'est pour montrer qu'il y a quelque chose qui doit évoluer dans nos pratiques. Il ne faut pas qu'on reste sur ce qu'on a toujours fait jusque-là, parce que c'est un domaine qui est très mouvant celui des drogues ». Et d’ajouter : « pour parler plus spécifiquement du cas du Sénégal et de l'Amérique de l'Ouest, que je maîtrise beaucoup plus, il y a de nouvelles drogues, de substances qui circulent. Donc, il nous faut nous adapter sans cesse. On ne peut pas continuer à courir derrière ces problèmes. Ce qu'il nous faut, c'est vraiment changer les stratégies dans nos réponses».
Pour le représentant de la France, la consommation de drogue est plus souvent liée à la précarité. « Je pense que la grande question n'est pas tant que ça la drogue, c'est la précarité́. Aujourd’hui, de par notre expérience d'accompagnement dans différents services, c'est qu'il se joue véritablement, c'est une façon de dire que la précarité́ est extrêmement exacerbée dans la plupart des sites de consommation, que ce soit les quartiers du Nord-Est parisien, les quartiers de Côte d'Ivoire en passant par la banlieue de Dakar, la question des drogues devient quasiment l'épiphénomène qui cache le vrai sujet, qui est le sujet de la précarité́» a souligné Abdou Ndiaye.
A la fin des travaux, les pays membre de l’Addiris que sont le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la France, le Canada (Québec), le Sénégal, la Suisse ont produit un manifeste. A cet effet, ils estiment avoir fait le choix d’unir leurs forces au sein de la francophonie pour créer un espace d’apprentissage mutuel. Des expériences échangées lors de cette Académie, à l’image des débats ouverts et inclusifs qu’ils vont promouvoir et qu’ils démontrent que la coopération est la clé pour élaborer des politiques cohérentes, adaptées et durables. « Les politiques des drogues actuelles, centrées sur la répression et la prohibition, ont échoué à protéger les personnes et à réduire les dommages sociaux liés aux addictions », a fait savoir Addiris. Et de constater aussi que ces politiques ont engendré des violations des droits humains, y compris le droit à la vie, à la santé, à la sécurité et à la dignité. Une répression qui selon le réseau marginalise les personnes consommatrices, souvent confrontées à la stigmatisation et à des traitements dégradants. Les pays ont aussi relevé au cours de leur rencontre une absence de régulation cohérente, laissant les États désarmés face aux nouvelles substances et à leurs impacts sociaux, une absence de reconnaissance et d’investissement dans des pratiques innovantes, adaptées aux nouvelles substances et réalités. Face à ces constats, les pays ont appelé à faire encrer la réduction des risques dans les politiques publiques, en mettant au cœur des actions sociales les principes de dignité, de droits humains, de sécurité et de liberté. De dépénaliser la consommation et décriminaliser les actes liés à l’usage personnel, pour mettre fin à des pratiques punitives incohérentes avec les objectifs de santé publique.
Réguler les substances psychoactives, en reprenant des mains des mafias le contrôle des marchés pour assurer la sécurité et la santé des citoyens et citoyennes, et en intégrant les apprentissages issus d’expériences réussies ailleurs, mais de développer des services intégrés et accessibles, combinant prévention, traitement, réduction des risques et accompagnement social, en impliquant les personnes concernées à tous les niveaux, pour répondre aux besoins complexes des populations concernées entre autres.