Suite à une pétition cosignée par différent.e.s féministes, cadres supérieur.e.s, chercheuses et chercheurs, juristes, psychologues, journalistes, activistes etc. contre la médiatisation d’un violeur notoire, nous assistons depuis quelques semaines à la sortie du bois de divers (vieux) loups apeurés.
C’est comme si cette pétition, visant un de leurs tout-puissants membres, avait eu pour effet de mobiliser les angoisses d’effondrement, de néantisation et de persécution de ces vieux croûtons devant la menace de la perte de leurs privilèges masculins et de leurs habitudes, manifestement bien établies, du viol des femmes, des jeunes filles et des garçons. Cela, dans un pays où les mêmes, en riches boubous en «damina bazin» (comme si l’habit faisait le moine), l’air très inspiré ou usant de leur notoriété politique, n’hésitent pas à brandir l’islam comme gage de respectabilité et comme référence. Personne n’y croit, vous pouvez arrêter ce cinéma !
Cependant, dans un souci pédagogique, il peut être intéressant de reprendre quelques éléments concernant la pénalisation du viol et de sa perception. Cela, au cas où pour certains quelques évidences auraient échappé à la sagacité perverse de leur analyse. Ces échanges, auxquels évidement j’ai déjà largement contribué interrogent tout de même. De quoi s’agit-il ? Que nous apprennent ces divers mouvements féminins/féministes contre ce qui leur apparaît comme une violence, de plus, contre toutes les victimes de viol au Sénégal et ailleurs ? Et que renferment véritablement les attaques dont ces mouvements ou leurs démarches font l’objet ? En somme, de quoi cette «guerre» médiatique est-elle le nom ?
Le viol est reconnu comme un crime de guerre et comme un crime contre l’humanité par la Cour pénale internationale depuis le Statut de Rome de 1998. Cependant, grâce notamment aux luttes féministes occidentales qui ont su démontrer que le viol est un acte de barbarie, il est reconnu, depuis les années 70 comme l’acmé du système de domination totalitaire des hommes sur les femmes par l’appropriation de leur corps sans leur consentement. Cela, en usant de violences, menaces ou surprise. Ces luttes féministes occidentales ont depuis profité à d’autres femmes dans le monde. La reprise par les institutions internationales et nationales de ces questions permet d’ouvrir le champ des connaissances spécifiques attachées au viol, à ses contextes d’apparition, à sa prise en charge multidimensionnelle, à son coût économique dans une société donnée, mais aussi et surtout à la tentative de neutralisation des causes repérées. Depuis le début de l’année 2020, le viol est enfin criminalisé au Sénégal.
En effet, sur instruction du chef de l’Etat, il a été fait obligation au ministre de la Justice, dans un délai court, de faire droit à toutes les victimes et à leurs défenseuses et défenseurs, en criminalisant le viol. Dans le même temps, il a été ordonné, à Madame la ministre de la Femme, de la famille, du genre et de la protection de l’enfant, de construire un plan de lutte contre les violences pour la période 2019-2024. Devant la gravité des actes eux-mêmes au regard des lois nationales et internationales, au regard de notre fonctionnement social ainsi que de la gravité des conséquences physiques et psychotraumatiques sur la vie entière ainsi que de l’incidence sociale parfois mortelle, le chef de l’Etat a entendu ce qui, depuis de nombreuses années, n’avait étonnamment pas été audible : le viol est un crime qui porte atteinte à la personne humaine au même titre qu’un meurtre ou des actes de torture. Et au-delà, il rompt le contrat social de confiance qui relie les membres de cette société à l’auteur d’un tel acte.
Ainsi contrevient-il à la sacralité de l’être humain consacrée jusque dans notre Constitution. C’est dans cette perspective que le chef de l’Etat a enfin rectifié l’extrême injustice que constituait la simple «délictualisation» d’une telle infraction et que nous avons maintenant la possibilité de condamner un auteur à 10 ans incompressibles au minimum et à perpétuité au maximum.
Dans sa volonté de mener la démarche à son terme, Le président de la République a aussi donné des instructions à ses services pour la création de dispositifs d’accueil holistiques des victimes, dont le projet est en cours d’élaboration et porté par le ministère de la Femme. Il serait temps qu’il se penche aussi sur la prise en charge des auteurs ainsi que sur le traitement de la récidive des délinquants sexuels avec des mesures socio-judiciaires à la sortie d’écrou telles que le fichage ou l’interdiction d’exercer un métier en relation avec le public ou avec des publics spécifiques.
A côté de ces démarches laïques et républicaines, l’islam, quant à lui, interdit tout acte qui porte préjudice à son prochain et, quoiqu’il réprouve la fornication, insiste dans la sourate Les femmes, sur la nécessité d’obtenir le consentement des femmes pour tout acte. Cela, avec de nombreuses recommandations quant au déroulé de l’acte sexuel lui-même. Le non-consentement, l’usage de la violence, le forçage à des rapports sexuels sont constitutifs d’un préjudice pour la femme. Un tel préjudice en islam vaut la mise à mort de l’auteur par lapidation. Pour la victime, la préservation de ses droits et libertés d’être humain l’autorise à porter à la connaissance des juges musulmans les faits de viol dont elle a été victime.
De surcroît, elle peut refuser de porter l’enfant de son violeur et se voir autoriser un avortement dans les trois mois. Ainsi, en toute logique, nous attendons, comme pour l’émigration clandestine, une fatwa de nos dignitaires religieux contre les faits de viol et de pédophilie et l’autorisation de l’avortement médicalisé en cas de viol et d’inceste.
La Bible aussi considère très clairement le viol comme un crime et une atteinte grave au corps humain créé par Dieu (Genèse 34 ; Deutéronome 22.25-27). La peine la plus courante pour un tel crime est la mise à l’amende assortie d’une responsabilité à vie, portée par l’auteur pour avoir détruit la vie de sa victime. Bien avant, dans la culture juive, le viol est déjà considéré comme une forme d’immoralité sexuelle et est sanctionné par l’obligation, faite à l’auteur, d’épouser sa victime. Sauf si le père de cette dernière s’y oppose et dans ce cas, l’auteur peut être contraint d’indemniser la victime. Quant au viol d’une femme mariée, il est puni de mort (Deutéronome 22 et suiv.) pour l’auteur comme pour sa victime, dans le but de faire disparaître ce mal d’Israël.
On voit dès lors que la criminalisation du viol et l’aggravation de la pénologie s’y afférant, au Sénégal, portée par les Organisations de la société civiles (Osc) et des féministes, sont bien clémentes devant la justice divine qui globalement propose la mort comme réponse pénale. Alors quoi ? Il est plus facile d’attaquer des Osc et de méchantes féministes que de s’en prendre à Dieu ? Il est certain que vous en prenant à des féministes, vous risquez moins d’être brûlés par la foudre divine que par la virulence de leurs mots. Alors souffrez, en silence s’il vous plaît, comme vous le réclamez aux victimes de viol, les réponses plus ou moins acerbes, que leurs défenseuses et défenseurs vous servent. Mais que penser alors de ceux qui défendent ces comportements, s’inquiètent des erreurs judiciaires alors que le délai d’instruction est rallongé du fait de la criminalisation et que le juge d’instruction a tous pouvoirs pour la manifestation de la vérité ?
Que penser de ces vieux messieurs et de ces jeunes paumés qui ergotent désespérément sur les réseaux sociaux, sur le viol de mineur, au mépris du droit, de l’éthique et du devoir de retenue qui sied à leurs rangs habituellement ? L’illégalité, l’amoralité, le manque d’éthique et l’horreur que provoquent le passage à l’acte et l’acte lui-même de ces violeurs favorisent la promptitude du commun à les déclarer malades, lorsque leurs gestes défraient la chronique. Qu’est-ce qui, au moment du passage à l’acte, rend si difficile de les prendre pour des individus comme les autres ? Pour le frère, l’ami, le collègue que plus tard vous êtes capable de retrouver et de défendre ? De quelle maladie souffriraient-ils ? S’ils étaient au moins malades, transitoirement, cela les rendrait-il moins coupables ? Plus humains ? Plus semblables ?
Plus dignes de rester parmi nous et de continuer à nous servir des analyses politiques sur des plateaux télé ? L’impensable, l’insoutenable, l’absence de limite que révèlent ces récits, étalages sordides des détails des viols et actes de pédophilie, dans les journaux, vient aussi violer la psyché des lecteurs, auditeurs et spectateurs. Le viol et la pédophilie sont des évènements traumatiques qui confrontent, les victimes secondaires et tertiaires que constitue l’audimat, à un débordement de la psyché par un envahissement brutal d’excitation mentale abjecte ; voire qui mettent à feu la mémoire traumatique de victimes jusque-là silencieuses.
La répétition de ces faits, quasi-quotidiens, qui se répercutent d’une psyché à l’autre jusqu’à la sidération font de leur banalisation un moyen de survie psychique quasi collectif. Pour survivre à l’horreur de l’évocation de ce crime, il faut trouver les moyens de la réduire à sa plus simple expression : un anecdotique fait divers qui, une fois jugé, doit se faire oublier. Or il n’y a rien de banal dans un viol, il n’y a pas d’oubli chez la victime, même après une excellente prise en charge psychotraumatique. Cela, encore moins commis par une personne qui nous abreuve régulièrement et de visu d’informations spécieuses sur le monde politique sénégalais.
D’ailleurs, comment un «malade» peut-il avoir sa place dans les médias et nous apporter des analyses politiques intelligibles et pertinentes ? N’y a-t-il pas là un paradoxe ? Et puis, comment la prison peut-elle soigner ce que l’hôpital aurait dû prendre en charge ? A moins qu’il existe un organe spécifique chez les violeurs des deux genres, non encore découvert, qui pourrait faire l’objet de recherches médicales…
En réalité, la raison est assez simple et le positionnement des sympathisants des violeurs l’est tout autant. 97% des violeurs ne souffrent d’aucune maladie mentale. Leur fonctionnement psychique ne souffre d’aucun trouble lié à une maladie. Ils sont constitutionnellement pervers ou psychopathes. La perversion et la psychopathie ne sont pas des maladies. Elles sont rangées dans les troubles de la personnalité. Dans cette expression «trouble de la personnalité», le trouble n’est pas lié à une pathologie, mais à un ensemble de traits spécifiques et suffisamment fixés qui induisent des comportements et des processus de pensée qui sont inadaptés à ce qu’une société est en capacité d’accepter d’un individu. Le viol est inacceptable, fantasmer violer un mineur lorsque l’on est adulte est impensable. Violer un mineur est suffocant d’horreur. Se retrouver mêlé encore et encore à des histoires de mœurs l’est encore davantage, soit-on capable de disserter doctement sur la politique sénégalaise. Cautionner cet état de fait et détourner le débat par des distorsions cognitives, des attaques quant aux compétences des personnes qui osent s’y opposer, se sentir autorisé à remettre en question leur honorabilité, c’est faire état de sa propre perversion ou de sa propre psychopathie, à moins que cela ne soit tout bonnement de la lâcheté et de l’inconséquence. La question qui demeure tout de même est la grande «décomplexion» avec laquelle ces attaques existent sur la scène sociale sénégalaise. A-t-on un problème d’appréhension du concept de «liberté d’expression» ou a-t-on un vrai problème social plus grave, qui autorise la défense sociale et publique des violeurs renommés ?
Après ce rapide exposé de la question du viol, il est quand même étonnant que nos sages délinquants, porte-parole de leur congénère, n’aient pas bien compris ce qui agite les organisations de femmes tout comme les féministes. Leur humanité et leur religiosité affichée doivent probablement souffrir quelques lacunes pour ne pas spontanément adhérer à l’évidence de la démarche pétitionnaire. A moins que cela soit lié à une maladie nouvelle à décrire rapidement dans les manuels de psychopathologie, pour faire avancer la science et faire rentrer le Sénégal dans la postérité. Il est, à mon avis, plus probable que le système politique et social patriarcal sénégalais ait atteint son apogée totalitariste.
En déshumanisant les victimes et les femmes en particulier, ce système autorise la valorisation (appelée improprement réhabilitation par les souteneurs) et la défense d’un criminel : un homme, amoral et sans limites comme les autres, capable d’un crime d’horreur et de récidive. Un homme, comme les autres, inaccessible à la culpabilité, car constitutionnellement incapable d’avoir conscience d’avoir touché l’humanité dans sa chair en commettant un crime de viol, qui plus est, sur une mineure. Un oubli fondamental à l’appartenance à une communauté humaine comme l’aurait dit Hannah Arendt dans son «Rapport sur la banalité du mal».
Les complices et souteneurs sont manifestement du même moule à moins d’être capables radicalement de se démettre du mal, de s’en désolidariser pour de bon. Alors de quoi vous plaignez-vous ? Que l’on veuille acter secondairement son acte d’exclusion de la communauté humaine, en demandant qu’on l’oublie en l’effaçant de notre vue dans les médias ?
Ndèye Khaïra THIAM
Psychologue clinicienne
Spécialisée en criminologie clinique et en pathologies psychiatriques
par Madiambal Diagne
ALLIANCE AVEC SONKO, KHALIFA PERDANT À TOUS LES COUPS
Quand on observe la trajectoire politique de l'ancien maire de Dakar, on ne peut manquer d’être frappé par une constance : les décisions concernant sa vie politique sont toujours prises par d’autres à sa place
On peut dire que c’est la saison des alliances, des unions politiques. Le Président Macky Sall a élargi sa majorité politique en s’alliant avec Idrissa Seck et ses proches. Cette nouvelle situation, fort surprenante, a induit une recomposition de la scène politique. En effet, ce qui reste de l’opposition cherche, tant bien que mal, à s’organiser, à unir ses forces pour pouvoir peser sur le cours de l’histoire. C’est dans cette dynamique qu’il faudrait voir l’esquisse d’une nouvelle alliance politique entre Ousmane Sonko, leader de Pastef, et l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall. La dynamique de la rencontre entre ces deux hommes politiques que tout opposait, après la réconciliation, devant les caméras entre Barthélemy Dias et Me Moussa Diop, et sous l’égide du même Ousmane Sonko, a quelque part «excusé» les retrouvailles entre Macky Sall et Idrissa Seck. De part et d’autre, il aura fallu un grand écart, beaucoup de reniements et sans doute une grave amnésie pour que ces personnes arrivent à se rabibocher et prétendre cheminer ensemble pour une même cause. Qu’à cela ne tienne ! Mais qui gagne quoi dans la perspective d’une alliance entre Khalifa Ababacar Sall et Ousmane Sonko, qui apparaît manifestement comme un jeu de dupes ?
Khalifa Sall va travailler pour les autres
En nouant une alliance politique avec Ousmane Sonko, Khalifa Sall renonce à toute ambition politique, on peut même dire qu’il va, de fait, enterrer sa carrière politique. Il se mettrait dans une posture de se ranger derrière le leader de Pastef pour la prochaine élection présidentielle de 2024. Khalifa Sall saborderait toute possibilité de retrouvailles avec la majorité parlementaire, dirigée par le camp de Benno bokk yaakaar (Bby), alors que seule une loi d’amnistie pourrait le faire revenir dans le jeu politique, après sa condamnation pénale pour des actes de prévarications de deniers publics commis à la mairie de Dakar. C’est un truisme que de dire qu’on ne voit pas le camp de Bby s’empresser d’adopter une loi d’amnistie qui remettrait dans le jeu politique un adversaire politique d’envergure. Au meilleur des cas, Khalifa Sall ne pourrait espérer être amnistié que par une nouvelle majorité parlementaire favorable à sa coalition. Le cas échéant, si d’aventure un Ousmane Sonko était élu président de la République en 2024, ne penserait-il pas s’assurer les conditions d’une réélection en 2029, plutôt que de se mettre dans une logique de refiler le pouvoir à un Khalifa Sall après seulement un mandat ? Ainsi, Khalifa Sall étant né en 1956, dépasserait l’âge limite de 75 ans pour être candidat à une élection présidentielle en 2034.
De toute façon, cette alliance ne permettra pas non plus à Khalifa Sall de pouvoir, aux prochaines élections locales et législatives (2021-2022), retrouver un mandat de maire et/ou de député, qu’il a perdu du fait de sa condamnation à cinq ans de prison ferme. Les mêmes causes qui l’empêchent encore de pouvoir être électeur et éligible, en dépit de la grâce présidentielle accordée par Macky Sall, demeureront. Khalifa Sall sera alors bien obligé de travailler pour les autres. C’est dans cette optique qu’il faudrait lire l’activisme de Barthélemy Dias pour nouer cette alliance avec Ousmane Sonko. Le maire de Mermoz-Sacré Cœur pourrait espérer être le porte flambeau du camp de Khalifa Sall à la mairie de Dakar et bénéficierait du soutien du camp de Ousmane Sonko. Seulement, un choix de Khalifa Sall en faveur de Barthélemy Dias ne serait pas très évident. En effet, Barthélemy Dias a toujours souffert du fait que Khalifa Sall avait préféré, depuis sa première élection comme maire de Dakar en 2009, confier des responsabilités à d’autres personnalités politiques. Khalifa Sall avait toujours préféré choisir Soham El Wardini, ou Bamba Fall ou Moussa Sy, entre autres, pour occuper des fonctions d’adjoint au maire de Dakar. Quand bien même que Soham El Wardini restait une militante (suspendue) de l’Alliance des forces de progrès (Afp), de Moustapha Niasse, le choix préférentiel de Khalifa Sall était sans équivoque en sa faveur, alors qu’elle et Barthélemy Dias ne se sont jamais faits de cadeau dans leur fief électoral commun.
Barthélemy Dias qui est à la manœuvre dans le rapprochement entre Khalifa Sall et Ousmane Sonko se positionne valablement comme pouvant être un candidat consensuel adoubé par Ousmane Sonko, qui ne semble pas faire de la mairie de Dakar un objectif pour sa formation politique. Seulement, Barthélemy Dias reste lui aussi sous la menace d’une éventuelle disqualification judiciaire, car l’affaire du meurtre du nervi Ndiaga Diouf, dans laquelle il avait été reconnu coupable et condamné à deux ans d’emprisonnement en première instance, n’est pas encore totalement vidée par les juridictions. Cette affaire a été renvoyée par la Cour d’appel de Dakar au 6 janvier 2021. Il reste aussi sous le coup d’une autre condamnation en 2018, à six mois ferme, pour outrage à magistrat.
Ousmane Sonko adopte le «système»
Le leader de Pastef avait pourfendu ce qu’il appelait le «système», constitué par des hommes politiques à la trajectoire sinueuse et sans foi ni loi. Il se posait en parangon de vertu et chevalier de la bonne gouvernance. Mieux, aux élections législatives de 2017, Ousmane Sonko avait refusé de faire partie de l’alliance électorale qui se proposait de faire de Khalifa Ababacar Sall, encore détenu, la tête de liste pour les élections législatives. Ousmane Sonko était intransigeant, n’acceptant aucune compromission avec des hommes politiques en délicatesse avec la gestion des ressources publiques. C’est ainsi qu’il avait préféré mettre en place sa propre liste aux élections législatives, tandis que Idrissa Seck et Malick Gakou jetaient leur dévolu sur Khalifa Ababacar Sall pour diriger leur coalition électorale. C’était tout à l’honneur de Ousmane Sonko. Mais il se montrera on ne pouvait plus incohérent, quand il chercha à tous prix à s’allier, à la Présidentielle de 2019, avec le Président Wade à qui il avait déjà promis le peloton d’exécution à l’instar des Présidents Abdou Diouf et Macky Sall. Ousmane Sonko accepterait maintenant de nouer un pacte avec Khalifa Sall ! On peut bien se demander si Khalifa Sall ne constituerait pas l’expression la plus affirmée du «système» ? Nous lisions, le 4 décembre 2020, un papier signé par Louis Henry, journaliste qui posait la question : «Ousmane Sonko était-il vraiment anti-système ?» Il disait : «A l’heure d’aujourd’hui, le visage de ‘’l’anti système’’ n’est plus qu’une pâle copie de ce qu’il fut autrefois. L’incarnation supposée de l’anti-système est devenue la continuité du système. Dans la vie, les vérités ne sont pas faites pour être maquillées en fonction des êtres concernés. Lorsque des actes font qu’une personne est jugée comme étant ‘’mauvaise’’, rien ne justifie qu’une autre soit épargnée, voire élevée au rang de messie alors qu’elle fait la même chose.»
Khalifa Sall laisse les autres décider pour lui…
Au demeurant, quand on observe la trajectoire politique de Khalifa Sall, on ne peut manquer d’être frappé par une constance, à savoir que les décisions concernant sa vie politique sont toujours prises par d’autres à sa place. A ses débuts, il avait pour mentor l’ancien maire de Dakar, Mamadou Diop, avec qui il finira par être lié par des relations familiales. Khalifa Ababacar Sall a été assez actif au sein du Mouvement des jeunesses socialistes et a eu une ascension politique fulgurante. Mais contre toute attente, il sera le maire de Dakar en 2009, désigné par le vote du collège municipal grâce à la coalition du Front siggil Sénégal (Fss). A ces élections locales de 2009, cette coalition, qui regroupait l’opposition en bloc contre le camp du Président Abdoulaye Wade, avait pour tête de liste le responsable socialiste Doudou Issa Niasse. Après la victoire surprise de l’opposition, le Parti socialiste qui dirigeait la coalition du Fss devait présenter un candidat «plus mairable» pour remplacer le maire libéral Pape Diop. Khalifa Sall qui avait pu bénéficier du soutien de l’Afp de Moustapha Niasse, grâce notamment à l’engagement de Malick Gakou, sera élu maire de Dakar. Le 18 janvier 2016, dans ces colonnes, nous nous demandions déjà qui pouvait «faire le bonheur de Khalifa Sall à sa place».
En effet, nous écrivions notamment qu’il «passait pour être un probable candidat à la candidature du Parti socialiste (Ps) à la dernière Présidentielle de 2012, mais Khalifa Ababacar Sall, maire de Dakar, n’avait pas estimé disputer à Ousmane Tanor Dieng (OTD) l’honneur de porter les couleurs du parti. Les militants et autres responsables du Ps qui souhaitaient sa candidature avaient été obligés de faire contre mauvaise fortune bon cœur. La Présidentielle passée avec la contre-performance réalisée par le secrétaire général du parti, d’aucuns trouvaient que l’heure était enfin arrivée pour Khalifa Sall de chercher à imposer son leadership. La belle opportunité pouvait être les opérations de renouvellement des instances du parti. Un duo constitué de Khalifa Sall et de Aïssata Tall Sall s’était alors formé, au début de 2014, pour aller à l’assaut de la forteresse de Ousmane Tanor Dieng. C’était un secret de polichinelle que les deux responsables socialistes étaient dans une logique de rupture de ban. Mieux, les rôles étaient bien partagés à la veille du Comité central du Ps en mai 2014. Aïssata Tall Sall et Khalifa Sall avaient défini ensemble leur stratégie pour abattre leurs cartes le jour du Comité central, et les orateurs étaient désignés avec chacun une partition à jouer. Grande avait été la surprise de Aïssata Tall Sall, tard la veille du Comité central, de recevoir un appel téléphonique de Khalifa Sall qui l’informait qu’il avait déjà embarqué dans un avion en partance pour Paris où il devait transiter sur la route des Seychelles, où il allait en mission pour le compte de l’Internationale socialiste. Aïssata Tall Sall ne pouvait que constater la défection de Khalifa Sall et le lendemain, les orateurs désignés par le maire de Dakar s’abstiendront de se mouiller en l’absence de leur mentor. Aïssata Tall Sall était obligée d’aller seule au combat, de jouer son baroud d’honneur. Ils étaient rares, les ‘’amis de Khalifa’’, comme Youssou Mbow, à dire publiquement leur scepticisme par rapport à la manière dont les opérations de renouvellement des instances du Ps étaient menées. On connaît la suite, Khalifa Sall lui-même, en sa qualité de secrétaire national chargé de la Vie politique et président du Comité national de pilotage et d’évaluation des opérations de renouvellement des instances du parti, ruinera les espoirs de Aïssata Tall Sall, sacrifiée au nom des ‘’intérêts supérieurs du parti’’. Après cette tragi-comédie, les proches de Khalifa Sall commenceront après le congrès du Parti socialiste de 2014, avec les tristes incidents que l’on sait, à ouvrir le feu contre Ousmane Tanor Dieng. Alioune Ndoye, Aïssatou Diallo, Idrissa Diallo, Youssou Mbow, Babacar Diop, Moussa Sy se dévouaient au rôle et parlaient pour Khalifa Sall. On assistera même à la naissance de mouvements baptisés ‘’Dolel Khalifa’’, ‘’Khalifa Président’’ et ‘’Taxawu Jotna’’ entre autres». Khalifa Sall laissait les autres parler en son nom et poser des actes politiques qui l’engageaient.
…même pour rester en prison !
Ce sera l’épisode de son emprisonnement pour détournement à la mairie de Dakar qui révélera combien Khalifa Sall se laisse mener par le bout du nez. Toutes les bonnes volontés qui se mobilisaient pour lui éviter la prison s’étaient heurtées aux injonctions que ses partisans donnaient à Khalifa Sall. Ainsi, Khalifa Sall continuait stoïquement de garder prison parce que ses partisans refusaient toute idée de cautionnement. Ils faisaient feu de tout bois. Quand les Moussa Sy, Banda Diop, Alioune Ndoye, Bamba Fall et autres finissaient par le lâcher, pour rejoindre ou se rapprocher de la mouvance politique de Macky Sall, Khalifa Sall continuait d’écouter les voix des Barthélemy Dias, Idrissa Diallo, Moussa Tine et autres. Un de ses amis l’interpella à l’occasion d’une visite à la prison de Rebeuss, lui demandant s’il avait vocation de rester en prison alors que les autres qui le poussent à refuser de sortir de prison dorment tous les soirs auprès de leur famille. Comment a-t-il pu être aussi naïf pour croire que les bravades de Moustapha Sy des Moustarchidines, allaient le sauver de la prison ?
De guerre lasse, Khalifa Sall se résigna, après une éternité en prison, à chercher à rassembler les sommes nécessaires pour payer la fameuse caution. Sa démarche n’aboutira pas et l’affaire sera jugée avec une lourde condamnation. Ses autres co-prévenus, en l’occurrence Mbaye Touré, Yaya Bodian et Fatou Traoré, refusèrent de faire appel, dans l’esprit de demander immédiatement une grâce présidentielle. Mais Khalifa Sall suivra ses militants qui huaient les juges. Il fera appel et continuera de garder prison avec ses co-prévenus. Khalifa Sall semblait être seul à croire pouvoir être blanchi dans cette affaire par les magistrats. La Cour d’appel statuera plusieurs mois plus tard pour confirmer la peine. Les co-prévenus voulaient stopper les dégâts, mais c’était sans compter avec la passivité de Khalifa Sall devant ses avocats et ses amis politiques. La Cour suprême sera saisie d’un recours qui s’avérera plus tard infructueux. Retour à la case départ. La grâce restait alors l’unique solution pour sortir Khalifa Sall de prison. Il en bénéficia en fin de compte.
L’HÔPITAL DE LA PAIX PLUS MALADE QUE JAMAIS
Une pédiatrie, une maternité et un laboratoire sont constamment envahis par des eaux nauséabondes et infectées. Un bloc opératoire qui manque presque de tout
L’hôpital de la Paix de Ziguinchor est gravement malade. Il est plus souffrant que les malades qu’il reçoit quotidiennement. Selon des sources qui se sont confiées à emedia.sn, cet hôpital, loin d’être un havre de paix pour les malades, est confronté à d’énormes difficultés et il ne parvient plus à donner des soins de qualité.
La pédiatrie, la maternité et le laboratoire sont constamment envahis par des eaux nauséabondes et infectées. Ce, parce que le système de drainage des eaux usées de l’hôpital est défectueux depuis des années. Une situation qui met les malades hospitalisés et le personnel en danger. Pis, le bloc opératoire manque presque de tout. Il est dépourvu de lampes opératoires, de respirateurs, de consommables, de matériel d’endoscopie. « Actuellement les interventions chirurgicales programmées sont suspendues. Seules les urgences sont prises en charge », a fait savoir notre source. Laquelle relève, dans le même sillage, la panne de la colonne d’endoscopie de gastro-entérologie.
Ainsi, les fibroscopies ne sont plus faites à l’hôpital depuis des mois. « Cet hôpital reçoit des malades de Ziguinchor, de Sédhiou, de Kolda et même de Vélingara. Il reçoit aussi des malades de la Guinée Bissau et de la Gambie. Les populations sont très fatiguées par les difficultés actuelles de l’hôpital », a expliqué toujours notre source, plaidant par la même occasion, la hausse de la subvention accordée à l’hôpital. Nos tentatives de joindre le directeur de l’hôpital ont été vaines.
DES JEUNES S’INITIENT AU TABAC AVANT L’ÂGE DE SEPT ANS
Certains enfants commencent à fumer au Sénégal avant l’âge de sept ans, révèle le docteur Oumar Ba, coordonnateur du Programme national de lutte contre le tabac
Dakar, 11 déc (APS) - Certains enfants commencent à fumer au Sénégal avant l’âge de sept ans, révèle le docteur Oumar Ba, coordonnateur du Programme national de lutte contre le tabac (PNLT), citant une enquête de surveillance épidémiologique.
‘’Nous venons de terminer une enquête nationale de tabagisme chez les enfants âgés de moins 15 ans. Nous avons remarqué que les enfants commencent à fumer avant l’âge de sept ans’’, déclare-t-il dans une interview avec l’APS.
M. Ba précise que ‘’14,5 % des enfants âgés de moins 15 ans au Sénégal’’ s’initient au tabac. Et, malgré la loi interdisant la vente de tabac aux mineurs, les commerçants ‘’continuent de leur en vendre dans les boutiques’’, a-t-il signalé.
‘’Dans tous les pays du monde, le tabac doit être vendu dans des boutiques dédiées’’, a-t-il rappelé, déplorant que cette règle ne soit pas appliquée au Sénégal.
Un décret sera publié pour réglementer la vente du tabac, de manière à ce qu’elle se fasse dans des boutiques dédiées.
Ce décret aura pour effet d’obliger toute personne voulant acheter du tabac à se rendre dans une boutique dédiée, selon le coordonnateur du PNLT. ‘’Cela va rendre le tabac moins accessible’’, espère-t-il, précisant que l’enquête dont il a déjà parlé n’a pas été rendue publique.
Mettre le tabac hors de portée des petites bourses
Revenant sur le décret tant attendu, Oumar Ba annonce qu’‘’il va mettre le tabac hors de portée des petites bourses, de sortir le tabac des sites où on vend des produits alimentaires et le mettre hors de portée des enfants’’.
‘’Si nous avons des boutiques dédiées, forcément il y aura la mention ‘Interdit aux mineurs’. C’est écrit sur les paquets de tabac, mais ce n’est pas mentionné dans les boutiques’’, fait-il remarquer.
‘’Si on rend le décret effectif, on mettra des kiosques dédiés. On pourra alors vérifier leur état civil et les enfants ne pourront pas acheter du tabac’’, a expliqué M. Ba.
Revenant sur la loi antitabac votée le 14 décembre 2014, le docteur Oumar Bâ rappelle que, selon son article 20, ‘’pour vendre du tabac, il faut avoir l’autorisation préalable [des autorités]’’. Le prochain décret va fixer ‘’les conditions, les formes et les normes de vente du tabac’’, selon lui. ‘’Tous ceux qui veulent vendre du tabac vont se soumettre aux dispositions du décret.’’
‘’Un combat continu’’
En ce qui concerne les avancées de la lutte contre le tabac au Sénégal, il a expliqué qu’‘’il n’y a plus de publicité de tabac dans la rue’’. ‘’Vous ne voyez plus de panneaux sur la cigarette (…) Les gens doivent s’approprier la loi’’, conseille Oumar Ba.
‘’C’est un changement de comportement. Il y a aussi l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Nous avons une banque d’images pour changer l’étiquetage, chaque année. Les photos parlent même aux personnes qui ne savent pas lire. Beaucoup de choses restent à faire, c’est un combat continu’’, a souligné le médecin.
Il estime qu’‘’il faut encore des ressources’’ pour renforcer la lutte antitabac. ‘’Il nous faut des ressources endogènes et un financement innovant’’, insiste-t-il.
M. Ba estime que ‘’la lutte contre le tabac est transversale’’. ‘’Nous avons un plan stratégique très ambitieux. Si nous obtenons le financement de ce plan, on pourra faire beaucoup de choses. Le tabac est un tueur silencieux, ça appauvrit l’utilisateur (…) et l’Etat.’’
VIDEO
LU TAX SEEX ANTA FALUWUL NEKK NJIINTU REEW MI
Diggante Seex Anta Jóob, Sëriñ Fàllu Mbàkke ak Seŋoor
Alassane Joob revient dans cette vidéo revient sur le parcours politique du professeur Seex Anta. Il met surtout un doigt sur pourquoi Seex Anta n'a pas été élu président de la République du Sénégal.
Voir la Vidéo.
FELWINE SARR DE RETOUR EN LIBRAIRIE
L’écrivain, économiste et universitaire sénégalais annonce la sortie prévue le 14 janvier prochain d’un récit dans lequel il relate ses voyages à travers le monde depuis 2016, au gré de ses pérégrinations intellectuelles
L’écrivain, économiste et universitaire sénégalais Felwine Sarr annonce la sortie prévue le 14 janvier prochain d’un récit dans lequel il relate ses voyages à travers le monde depuis 2016, au gré de ses pérégrinations intellectuelles.
‘’Je suis heureux de vous annoncer que ‘La saveur des derniers mètres’ paraîtra le 14 janvier 2021 en librairie. C’est un récit de voyages. J’y raconte les villes et les lieux que je rencontre et les paysages intérieurs qu’ils dessinent en moi’’, a écrit M. Sarr sur sa page Facebook.
‘’La pérégrination est parfois immobile et se fait au point nul de l’errance. Poésie oubliée du monde, rugosité de ses échos troublés, saveurs des derniers mètres d’une course à pied…’’ ajoute l’universitaire sénégalais.
Selon l’éditeur Philippe Rey, cet essai ‘’célèbre le voyage et son charme essentiel : la rencontre de l’inattendu. Felwine Sarr y évoque les lieux qu’il découvre lors de ses pérégrinations, mais aussi les paysages intérieurs que ceux-ci dessinent en lui. Car si le voyage est une déambulation sensible sur les chemins du monde, il est parfois immobile et se fait au point nul de l’errance’’.
‘’Des endroits de son enfance au Sénégal jusqu’aux villes visitées – Kampala, Douala, Mexico, Mantoue, Le Caire, Istanbul, Port-au-Prince, Cassis… –, l’auteur donne à voir, à sentir et à entendre le quotidien, ses angles morts et ses lignes de fuite : les seaux pleins de mollusques portés par des femmes qui ‘marchent sur l’eau’ vers l’île de Kooko, le rythme d’un fado entonné dans une rue de Lisbonne, ou la saveur toute particulière des derniers mètres d’une course à pied… Justesse d’une poésie oubliée du monde, rugosité de ses échos troublés’’, ajoute-t-il.
L’éditeur note que l’île de Niodior, lieu de naissance de Felwine Sarr, dans le delta du Saloum, ‘’est la matrice, un point d’ancrage et de désancrage où Felwine Sarr revient périodiquement. Car si les voyages provoquent l’émerveillement face à l’ailleurs, ils sont surtout un retour à soi-même, et une invite à écouter ses voix les plus intimes’’.
Felwine Sarr a enseigné pendant treize ans à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (nord) avant de rejoindre en juillet dernier l’Université Duke, en Caroline du Nord, au sein de laquelle ses recherches vont principalement porter sur l’Afrique de l’Ouest.
Il y ambitionne de contribuer à élargir ‘’la géographie des savoirs’’, pour notamment amener les sociétés africaines à ‘’réinvestir des archives cognitives et des pratiques discursives à travers lesquelles elles ont transmis et enrichi un capital culturel dans le temps’’.
Outre ‘’Afrotopia’’ (Philippe Rey 2016), qui lui a valu le Grand prix de la recherche (édition 2016 des Grands prix des associations littéraires), Felwine Sarr est aussi l’auteur des livres ‘’Méditations africaines’’ (Mémoire d’encrier, 2012) et ‘’Habiter le monde’’ (Mémoire d’encrier, 2017).
Il a codirigé en 2017, avec Achille Mbembe, l’ouvrage ‘’Ecrire l’Afrique-Monde’’ (Jimsaan-Philippe Rey), qui réunit les actes des Ateliers de la pensée de Dakar et de Saint-Louis.
Felwine Sarr a également publié ‘’Dahij’’ (Gallimard, 2009), ‘’105 rue Carnot’’ (Mémoire d’encrier, 2011). Il a aussi à son actif l’ouvrage intitulé ‘’Restituer le patrimoine africain’’ (Philippe Rey/Seuil, 2018), coécrit avec Bénédicte Savoy, universitaire et historienne de l’art française.
Cette publication est un rapport sur la restitution définitive ou temporaire, aux pays d’Afrique subsaharienne, des œuvres d’art africains conservés dans les musées français. Un rapport commandé par le président français, Emmanuel Macron.
71 NOUVELLES CONTAMINATIONS
Aucun cas importé n’a été enregistré parmi les nouvelles contaminations, a signalé M. Ndiaye en présentant le dernier bulletin quotidien de la pandémie de Covid-19.
Dakar, 14 déc (APS) – Le Sénégal semble faire un pas de plus vers la deuxième vague de la pandémie de Covid-19, avec 71 nouveaux cas recensés, selon le bulletin quotidien publié lundi par le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Ces nouveaux cas proviennent de 1.122 tests virologiques effectués, avec un taux de positivité de 6,33 %, a indiqué le docteur El Hadj Mamadou Ndiaye, directeur de la prévention.
Aucun cas importé n’a été enregistré parmi les nouvelles contaminations, a signalé M. Ndiaye en présentant le dernier bulletin quotidien de la pandémie de Covid-19.
Les nouvelles infections sont constituées de 32 contacts et de 39 cas causés par la transmission communautaire, a-t-il précisé.
Les cas communautaires - ceux dont la source de la contamination n’a pas été identifiée – ont été recensées dans les localités suivantes : Fatick (6), Richard-Toll (3), Almadies (2), Keur Massar (12), Liberté 6 (2), Mbour (2), Ouakam (2), Sacré-Cœur 3 (2), Yoff (2), Cambérène (1), Cité Fadia (1), Cité Keur Gorgui (1), Diourbel (1), Fann Résidence (1), Grand Médine (1), Kaolack (1), Liberté 1 (1), Mbacké (1) Mbao(1), Mermoz (1), Nord-Foire (1), Ouest-Foire (1), Parcelles Assainies (1), Pikine (1) et Tambacounda (1).
El Hadj Mamadou Ndiaye a annoncé la guérison de 65 patients. Selon lui, 21 cas graves de Covid-19 sont pris en charge dans les services de réanimation des hôpitaux.
Depuis le 2 mars, 17.146 cas de coronavirus ont été recensés au Sénégal, 16.159 guéris. Le Covid-19 a fait 350 morts dans le pays, où 636 patients sont aujourd’hui sous traitement.
Le directeur de la prévention a encore exhorté les populations à respecter les gestes barrières, dont le port du masque, le lavage des mains avec du savon ou du gel hydroalcoolique, et la distanciation physique dans les lieux publics.
par Jean Pierre Corréa
LA GUIGNOLISATION MÉDIATIQUE
Notre pays est effectivement un énorme brouhaha… qui assomme nos esprits et brouille toute velléité de réflexion. Ce brouhaha est voulu, souhaité. Il permet d’oublier qu’un député peut fabriquer 40 milliards de faux-billets et être libre comme l’air
“Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes, qui l'une et l'autre nous dispensent de réfléchir.” H. Poincaré.
Si nous doutions encore de nos capacités à célébrer notre insondable désinvolture et notre joyeuse légèreté lorsqu’il nous faut évoquer des choses importantes et trouver des solutions à des problèmes sérieux, quelques faits médiatiques sont venus nous rappeler qu’en la matière nous étions les « premiers de la crasse ».
Il est réapparu sur les réseaux cette fameuse émission de Tounkara sur la 2STv, lors de laquelle un garçon en totale désespérance en son pays venait nous dire que contrairement à d’autres peuplades du monde, le génie sénégalais ne s’était illustré que dans l’invention de se donner les moyens d’assurer son incommensurable goût de la gaudriole. Et en plus, on fait les malins ? Alors que les esprits parmi les plus féconds du monde, comme Souleymane Bachir Diagne, Souleymane Mboup en étant les exemples les plus achevés, en 60 années d'indépendance, nous n'avons rien inventé... Pourtant l'ITA, l’Institut de Technologie Alimentaire, a développé des milliers de brevets liés à l'alimentation, Jacques Gasc a inventé IRRIGASC grâce auquel avec un demi-litre d'eau dans une éprouvette plantée dans les racines de l'arbre, des manguiers produisaient 4 fois leurs fruits, pourtant nous avons des grands chercheurs qui auraient pu travailler au diapason du monde entier à réfléchir à l'invention d'un vaccin lié à l'Artemisia... Mais on fait les malins... C'est facile "France Dégage" alors qu'on s'habille de surplus vestimentaires en criant "France reviens par la fenêtre"... On a su 60 ans durant et en toute désinvolture, inventer 75 danses aux noms souvent ridicules, comme « mayness », « goana », « salagne salagne » ou la bien nommée pour le coup « bolokass », mais aussi parfois grossières comme en français" mets-y bien tes couilles", "na baggas yi dougou", dansé avec légèreté dans l'indifférence des "gardiens autoproclamés" de nos vertus nationales... Quand en 60 ans on n'a su faire que danser au lieu de travailler... On arrête de faire les beaux sénéga...laids.
Cet état de fait, uniquement voué au festif, a entraîné une sorte de « mbalaxisation » des esprits, qui a engendré notre goût pour des actualités que nous adorons bruyantes et retentissantes, cultivant avec gourmandise notre côté « eupeutalaw » et « Teuss ».
Et notre espace médiatique s’en repaît à satiété, pollué qu’il est par le sens du raccourci qui nous tient lieu de pensées. Dans ce contexte, comme le dit justement le Professeur Jean Louis Corréa dont je m’honore d’être l’oncle, « il n’est pas exagéré de parler de foisonnement « d’experts » et de « professeurs » à la petite semaine, friands de théories du complot, rendus populaires par les médias sociaux, avec la grande prétention de prendre leurs idées pour des pensées. On échange et ne partage qu’avec son groupe d’affinité, les idées contraires engendrant des antagonismes, si ce n’est l’avènement du prêt à penser. Plus l’information est disponible moins elle sert à s’élever, et ne suscite pas une meilleure culture de l’en commun, du sens ». Fermez le ban !
Et si cette « mbalaxisation » des esprits s’est convoquée avec outrance ce vendredi sur la chaîne du justement nommé « roi du Mbalax » Youssou Ndour, ce n’est pas par hasard, cette télévision ayant pour signature « TFM, le miroir du Sénégal », car les invités de l’émission Jakarlo nous ont infligé une véritable punition en guise d’émission, qui au Sénégal n’a jamais atteint un tel degré de violence, de vulgarité et d’injures à l’intelligence. Durant 30 minutes le « sous-patron » de cette chaîne de télé et un invité ont créé un chahut incompréhensible et ont transformé leurs échanges en bordées d’insultes les plus graves, avant qu’un simulacre de page de publicité ne vienne sauver l’animateur de ce bordel médiatique, de la crise d’apoplexie, d’autant que « monsieur frère » l’avait menacé de le faire virer s’il ne remettait pas d’ordre sur son plateau transformé en foire d’empoigne. Et subitement, pendant cette pause salvatrice de ce qui restait d’intelligence et de d’éducation, j’eus conscience que jamais un tel slogan « Miroir du Sénégal » n’avait été aussi adéquat.
Notre pays est effectivement un énorme brouhaha… qui assomme nos esprits et brouille toute velléité de réflexion. Ce brouhaha est voulu, souhaité. Il permet d’oublier qu’un député peut fabriquer 40 milliards de faux-billets et être libre comme l’air, puisqu’un autre brouhaha prend le relais et agite ses « tamas de la renommée » autour d’une autre actualité, non moins scandaleuse de nos supposés guides religieux autoproclamés « gardiens de prisons et de la morale réunies ». C’est le brouhaha qui a permis que lors de cette émission les soi-disant politologues s’écharpent autour d’un thème super important pour l’avenir de notre pays, décisif pour l’avenir de nos jeunes qui fuient l’enfer que nous leur proposons pour aller mourir par milliers en Atlantique ou en Méditerranée, qui n’était rien d’autre que le capital souci de savoir si … Macky Sall avait rencontré Khalifa Sall. Quelle désolation et quelle vacuité pour de « si grands esprits ».
Voilà notre seule urgence… Savoir comment et par qui nous allons continuer à envoyer nos jeunes par 200 mètres de fond.
Si les cons dansaient… Nous ne serions pas l’orchestre… D’ailleurs au lieu d’inventer un vaccin, on a créé une autre nouvelle danse. On ne se refait pas. Elle s’appelle « Corona ».
L’INTERDICTION DES RASSEMBLEMENTS PAR LE MINISTRE DE L’INTERIEUR EST ILLEGAL
Barthélémy Dias dresse un tableau sombre de la gestion du pays. Invité de l’émission «Grand Jury» de la RFM, le maire de Mermoz Sacré-Cœur n’a pas épargné le régime en place
Barthélémy Dias dresse un tableau sombre de la gestion du pays. Invité de l’émission «Grand Jury» de la RFM, le maire de Mermoz Sacré-Cœur n’a pas épargné le régime en place. Le proche de khalifa Sall a dénoncé l’arrêté du ministre de l’Intérieur qu’il trouve « illégal », de la gestion du coronavirus, mais aussi du « refus » du chef de l’Etat d’organiser les élections locales. Barthélémy Dias a également annoncé la mise en place d’une coalition autour de Khalifa Sall et du leader de Pastef Ousmane Sonko.
L’ARRETE DU MINISTRE DE L’INTERIEUR
« Avant tout, j’encourage et j’invite les sénégalais à respecter les mesures barrières. Mais surtout à continuer à porter le masque, c’est très important. Mais je pense que cette décision du ministre de l’Intérieur est illégale. Elle est illégale, car je ne pense pas que c’est à travers un arrêté, pour ne pas dire un communiqué, qu’on peut interdire des rassemblements. Je rappelle qu’on n’est pas en état d’urgence, ni en période de couvre-feu. Donc, aujourd’hui, cette décision du ministre de l’Intérieur n’a aucune valeur juridique, ni administrative. Mais vous savez, quand on refuse d’assumer une responsabilité d’autorité et on préfère en assumer une autre, celle d’un autorisé, ça donne ce que ça donne. C’est une décision émanant d’un autorisé. Si c’était une décision émanant d’une autorité, elle serait adossée sur une loi. Ça veut dire que l’Assemblée nationale aurait dû assumer ses responsabilités et donner le quitus au gouvernement pour rendre cet acte. Donc, si des sénégalais refusent de s’exécuter, il y a un problème juridique qui se pose. Le ministre de l’Intérieur n’a pas le pouvoir, de par la Constitution du Sénégal. Nous ne sommes pas en état d’urgence, nous ne sommes pas en couvre-feu. Il faut reconnaître que la situation est alarmante, pour ne pas dire catastrophique. Mais je rappelle qu’il y avait plus de 300 cas par jour et on a laissé des rassemblements de millions de personnes se tenir. Et il faut tout de même que les gens n’oublient pas que nous sommes à la veille des fêtes de Noël et de fin d’année. Il faudrait que le gouvernement prenne son courage à deux mains. Mais la vérité est que le gouvernement n’ose pas aller vers un couvre-feu ou un état d’urgence. Les sénégalais l’ont mal vécu la première fois. Car, l’Etat n’avait pas respecté ses engagements.»
PAS DE FETES DE NOËL ET DE FIN D’ANNEE !
«En France, ils ont posé des actes d’autorité et non autorisés. En France, les autorités étatiques n’ont pas peur d’aller vers un couvre-feu ou un état d’urgence. Elles comprennent qu’il faudrait d’abord communiquer avec la population, ensuite l’accompagner. Ici, vous demandez aux sénégalais de rester chez eux et qu’est-ce qu’on leur offre en contrepartie ? Ce n’est pas grand-chose. Ou même si ça arrive, cela vient avec un grand retard. La vérité est que le gouvernement actuel a la peur d’aller vers un couvre-feu, vers un état d’urgence, en s’adossant sur la loi qui pourrait permettre au ministre de l’Intérieur de poser l’acte qu’il a posé il y a quelques jours. L’acte du ministre de l’Intérieur est totalement illégal. Je me rappelle que nous avions plus de 300 cas par jour. Et pourtant, on avait laissé des rassemblements de millions de personnes dans ce pays. Alors, qu’on ne vienne pas nous dire qu’à la veille des fêtes de Noël et de fin d’année, on va nous interdire de nous retrouver ici ou là, sans s’adosser à une loi. Je répète que l’acte du ministre de l’Intérieur est illégal.»
LA POSITION DE L’EGLISE !
«La position de l’Eglise est responsable. Mais moi je vous dis que la confirmation de mon fils a eu lieu hier. Je considère que l’autorité n’a pas assumé ses responsabilités. Et je n’ai pas à me soumettre à une décision d’un autorisé. Je fais les choses chez moi car on ne peut pas me l’interdire. La loi est claire. Pour me l’interdire, il faut s’adosser sur une loi, alors que tel n’est pas le cas. Cet arrêté n’a aucune valeur juridique ou administrative. L’Eglise, c’est par rapport à l’église. Je ne suis pas une grande personne qui fréquente l’église. Je pense que je ne suis pas trop concerné par ça. C’est pris peut-être pour les mamans et les tatas. Vous savez, moi je vais à l’église occasionnellement. Mais je ne pense pas que l’archevêché de Dakar ait eu à parler de rassemblements dans nos domiciles. Je suis d’accord pour le respect des mesures barrières. Si le ministre de l’Intérieur avait invité au respect des mesures barrières, s’il avait pris des mesures pour que le port du masque soit obligatoire dans les transports publics et les lieux publics, je suis d’accord. Mais quand le ministère de l’Intérieur outrepasse ses prérogatives, car je rappelle que le ministère de l’Intérieur n’est pas l’Assemblée nationale, il faut savoir raison garder. Le ministre de l’Intérieur n’a pas le pouvoir constitutionnel de prendre des décisions de cette nature.»
LA GESTION DU CORONAVIRUS
«Je rends d’abord grâce à Dieu car je considère que dans le cas du Sénégal, ça relève du divin. C’est incompréhensible car nous n’avons pas des infrastructures sanitaires dignes de ce nom, nous n’avons pas de matériels en quantité et en qualité. Mais nous avons des médecins de qualité. Et je pense qu’il faut rendre grâce à Dieu. Le gouvernement aussi doit être félicité par rapport aux efforts qu’il a eu à fournir, surtout à travers le ministère de la Santé. Mais il faudra aussi saluer les sénégalais et leur esprit de responsabilité. Tout de même, vu la précarité dans laquelle se trouve ce peuple, les difficultés qu’il affronte au quotidien, ce peuple a fait des efforts pour être en phase avec le combat. Je donne un exemple : un masque a un coût. Et malgré ce coût, vous voyez pratiquement tous les Sénégalais avec leurs masques. En tant qu’être humain, on n’est pas supposé vivre avec un masque. Mais les sénégalais ont fait beaucoup d’efforts. Il faut saluer le peuple entier et surtout inviter le gouvernement à revoir sa posture, notamment en termes de communication. Dans des cas comme ça, il faut assumer ses responsabilités. On ne peut pas avoir des décisions pour un groupe de sénégalais et en avoir d’autres pour un autre groupe de sénégalais. C’est totalement inadmissible.»
SORTIE DE SOULEYMANE JULES DIOP
«Je vais citer Souleymane Jules Diop par amitié car nous avons porté des combats ensemble. Je connais l’homme, je connais son style. Et honnêtement, je considère que ses propos ne sont pas méchants. Mais Souleymane Jules Diop lui-même ne croit pas à ce qu’il a dit. Mais c’est un homme assez particulier dans le combat. C’est tout ce que je peux dire et je lui souhaite bon vent. Au passage, j’aimerais lui dire que la diaspora considère tout de même qu’il a trahi. On a été ensemble, dans un même combat. Ce n’était pas un combat de mutisme total, mais un combat de valeurs, de principes, de convictions et d’ambitions pour un pays qui nous a vus naître et grandir.
MACKY ET LE 3EME MANDAT !
«Le dialogue politique, ce n’est rien d’autre qu’un vulgaire deal sur le dos du peuple sénégalais pour se projeter vers l’horizon 2035. C’est ce slogan qu’ils sont en train de chanter. Ceux qui pensent que le président Macky Sall ne fera pas un troisième mandat, j’espère qu’ils vont se réveiller d’ici là. Car c’est déjà acté et ce n’est point un débat. Macky Sall ne se présentera pas à un troisième mandat, si le peuple se mobilise. Si le peuple sénégalais considère que d’autres vont se mobiliser à sa place, le président Macky Sall va se présenter et il gagnera. Macky Sall n’est pas battable sur le terrain électoral. Aujourd’hui, le terrain électoral est biaisé à travers le parrainage ; il va choisir ses candidats. A travers sa pseudo justice, il élimine d’autres candidats. Et à travers son système électoral, il permet à certains sénégalais de voter et à d’autres d’être exclus du fichier électoral. Vous ne pouvez pas battre un homme comme ça. Ce n’est pas quelqu’un qui va vers une compétition électorale. Regardez ce qui s’est passé en Guinée et en Côte-d'Ivoire. Vous pensez qu’il y a eu des élections là-bas ? Et ce n’est pas la peine de penser à la communauté internationale.»
SILENCE COUPABLE DE LA France
« La France a montré aujourd’hui qu’elle n’est pas un allié en matière de démocratie. La France a montré qu'à ses yeux, l’Afrique reste ce petit trou perdu sur la planète, qui peut être mal considéré, où il faut seulement exploiter les richesses de ce continent. La bonne gouvernance, les acquis démocratiques, les droits humains, cela ne les intéresse pas. A ce titre, le président Emmanuel Macron constitue une honte. La France parraine le pétrole, le gaz, l’autoroute à péage, ses intérêts…Et il faut qu’elle comprenne qu’il y a une nouvelle génération qui viendra. Et cette génération sonnera la fin de la récréation. On est tout de même au 21ème siècle. Il faut que la France se réveille. L’esclavage, c’est fini. La colonisation, c’est fini. La posture de la France est honteuse en Guinée, honteuse en Côte-d’Ivoire. Mais honte à la France, honte au président Macron. Nous méritons mieux que ça de la France. Sans nous, il n’y aurait eu ni drapeau français, ni Marseillaise. N’insultez pas notre intelligence. Il n'y a pas eu d’élections ni en Guinée, ni en Côte-d’Ivoire. Et vous ne comptez pas non plus dire au président Macky Sall d’organiser des élections au Sénégal.»
«DEAL » ENTRE IDRISSA SECK ET MACKY SALL
«En 2019, j’avais dit qu’ils étaient en train de dealer. Je ne suis pas un dealer et je préfère m’éloigner des dealers. Entre Idy et Macky, on ne peut pas parler d’alliance. C’est un deal. Mais aujourd’hui, les Sénégalais savent qu’il n’a pas 85% de l’électorat, comme il le pense. Donc pourquoi refuser d’organiser des élections, alors qu’on a 85%de l’électorat ? Pourquoi il cherche à nommer par décret le maire de Dakar ? Et ce qui est le plus scandaleux, il a pour ambition de faire disparaître la ville de Dakar en tant que collectivité locale pour maintenir les 19 communes. Il sait qu’il n’a aucune chance, même avec la fraude, de gagner la ville de Dakar.»
ALLIANCE KHALIFA / OUSMANE SONKO
«Nous ne sommes pas des dealers. Nous sommes des politiques et nous posons nos actes. Cette rencontre entre Khalifa Sall et Ousmane Sonko avait été prévue depuis. C’est moi-même qui avait sollicité cette entrevue, car je considère que Ousmane Sonko et moi, nous sommes de la même génération. Par exemple, je ne vais pas solliciter une rencontre entre Khalifa Sall et Abdoul Mbaye, car ils se connaissent déjà. Dans cette coalition, il n’y aura pas qu’Ousmane Sonko et Khalifa Sall. Mais ce n’est pas tout, car il y aura d’autres forces. Il y aura des forces de la société civile, des forces syndicales. Khalifa Sall est en train de discuter avec beaucoup de monde. Nous sommes en démocratie. Et nul n’a le droit de descendre dans la rue et d’obtenir du pouvoir ce qu’il veut par la force. Mais le pouvoir n’a pas non plus le droit, dans une démocratie, de refuser d’organiser des élections. Entre autres, il faut le respect du calendrier républicain. Tout le monde sait qu’entre deux élections, il y a une révision des listes électorales. Aujourd’hui, ils cherchent à gratter deux ou trois ans sur les élections locales. L’audit du fichier ne peut pas être une excuse pour ne pas organiser les élections. Macky Sall a la responsabilité historique de respecter le calendrier et d’organiser les élections. Au cas contraire, le peuple sénégalais doit l’obtenir par la force. Et ça, nous y travaillons.
Par Pape DIOP
LE DIALOGUE NATIONAL NE DOIT PAS ETRE UN LEURRE
Ce fameux dialogue national s’apparente en effet à une sorte de caution morale à des négociations souterraines qui ont abouti à la formation du nouveau gouvernement. Evitons de rater à nouveau le coche à un moment aussi crucial dans la marche du monde !
Lorsqu’en avril 2019, le président Macky Sall avait convié les forces vives du pays à un dialogue national, l’initiative avait été saluée par les Sénégalais de tous bords. L’opposition, pour sa part, avait fait preuve d’un esprit de dépassement. Passant l’éponge sur le contentieux né de la présidentielle de février 2019, elle accepta dans sa grande majorité la main tendue par le chef de l’Etat.
Personnellement, et en accord avec les responsables et militants de Bokk Gis Gis, j’avais décidé de répondre favorablement à cet appel. J’espérais en effet que ce dialogue serait le cadre idéal pour mettre à plat le contentieux post électoral, apporter les correctifs nécessaires à notre système démocratique, dégager de grandes orientations pour la marche du pays et bâtir de larges consensus sur des questions d’intérêt national. C’est d’ailleurs ce qu’avaient laissé croire les propos du chef de l’Etat appelant à ces concertations. « Mon rôle, avait-il dit, c’est de nous rassembler autour des idéaux que nous partageons. C’est pourquoi, je tends la main à toutes et à tous pour engager un dialogue ouvert et constructif dans l’intérêt supérieur de la Nation ».
Il se fera même plus explicite quelque temps après. « Je renouvelle mon appel au dialogue sans exclusive, un dialogue constructif et ouvert à toutes les forces vives du pays, forces politiques, économiques et sociales », avait-il insisté.
Mieux, il disait même souhaiter que ses prédécesseurs, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, apportent leur contribution à ce dialogue national. Au final, la montagne a accouché d’une souris. Plus d’un an après son lancement, il n’y a rien qui permet d’espérer que ce dialogue national marque un tournant dans la marche du pays comme nous le souhaitions tous.
Au contraire, les discussions se sont tellement enlisées qu’on est fondé à croire qu’elles n’étaient qu’un simple moyen de légitimer l’entente entre la coalition au pouvoir et les deux composantes politiques qui ont rejoint récemment la majorité sous le fallacieux prétexte d’une ouverture du gouvernement à l’opposition. Ce fameux dialogue national s’apparente en effet à une sorte de caution morale à des négociations souterraines qui ont abouti à la formation du nouveau gouvernement. Sur les huit commissions mises en place dans le cadre de ces concertations, seule la Commission politique a rendu son rapport en août dernier sans qu’il y ait un accord sur des questions majeures dont la réforme permettrait à notre démocratie d’enregistrer des avancées notables.
En effet, les points relatifs au bulletin unique, au cumul entre les fonctions de chef d’Etat et chef de parti, à l’organe chargé de l’organisation des élections, au parrainage et à la caution, n’ont pas été tranchés. Certaines de ces questions ont fait l’objet de désaccord tandis que d’autres sont soumises à l’arbitrage du président de la République qui est naturellement juge et partie. Ceux qui brandissent l’argument du consensus pour justifier le rapprochement intervenu récemment ont donc tout faux. Ils cherchent, tout au plus, à justifier une alliance qui a été scellée autour de discussions qui n’ont rien à voir avec le dialogue national. Seules les questions ayant trait à la suppression du parrainage aux élections locales, l’élection des maires et présidents de Conseil départemental ainsi que l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral, entre autres sujets de préoccupation, ont fait l’objet d’un accord quasi définitif.
Servant ainsi de prétexte à un énième report des élections locales dont on ignore à ce jour la date à laquelle elles doivent se tenir, près de deux ans après l’expiration du mandat des élus locaux. Une situation inédite et inimaginable dans une démocratie qui se respecte. Même la Commission politique qui peut se prévaloir d’avoir bouclé ses travaux, n’a pas permis d’enregistrer les grandes avancées qu’on était en droit d’attendre de ces concertations. Mais, ce qu’il y a encore de plus aberrant est que les sept autres commissions mises en place sont au point mort alors que le mandat du président du Comité de pilotage du dialogue national, prorogé une première fois, a encore expiré depuis le 12 novembre dernier. Ce qui signifie qu’il faudrait normalement un nouveau décret de prorogation de son mandat pour lui permettre d’avoir une base légale pour la reprise des travaux. C’est dire la situation embarrassante dans laquelle, ce laxisme d’Etat dans l’agenda du dialogue national a mis Famara Ibrahima Sagna et ses collaborateurs. Or, il va de soi que les Commissions Economique et Sociale, Paix et Sécurité, Ressources Naturelles, Environnement et Cadre de vie, Modernisation de l’Etat et lutte contre la corruption, Décentralisation et Territorialisation des politiques publiques, constituent la substance même du dialogue national. Le volet politique est certes important, mais pas plus que tous ces aspects du dialogue national dont l’analyse approfondie et élargie à toutes les forces vives, aurait sans doute permis à notre pays d’amorcer un tournant majeur, surtout dans ce contexte de crise économique et sociale due à la Covid-19. Si les travaux de ces commissions avaient été menés jusqu’à leur terme et avec la plus grande célérité, nous aurions enregistré de profonds changements dans tous les secteurs de la vie nationale.
De grandes orientations sortiraient de ces concertations et seraient mises en œuvre par un gouvernement de large ouverture. De même, nous aurions pu trouver la solution à la nécessaire relance de notre économie pour la période post-pandémie. En somme, le pays serait enfin en ordre de marche. C’est en tout cas l’idée que je me suis toujours fait du dialogue national et qui m’avait amené à marquer mon accord à l’appel du président Macky Sall.
Toutefois, force est de constater que le rapport de la Commission politique qui lui a été remis en août dernier, laisse en suspens plusieurs questions dont le règlement aurait permis d’améliorer sensiblement notre système électoral. Le dialogue national, non plus, n’est pas allé jusqu’à son terme pour accoucher de propositions fortes, innovantes et de nature à parfaire la gouvernance du pays et la marche de nos institutions. Et nous demeurons plus que jamais inquiets de l’état de notre économie durement frappée par la Covid-19. C’est pour toutes ces raisons que j’invite le président de la République à prendre les dispositions utiles à la reprise du dialogue national. Car, il ne doit absolument pas être un leurre.
Les Sénégalais ne le méritent pas. Et le Sénégal ne peut se le permettre au moment où tous les pays de la planète, y compris les plus nantis, font face aux difficultés inhérentes à l’apparition de cette pandémie et appréhendent l’avenir avec anxiété. Evitons de rater à nouveau le coche à un moment aussi crucial dans la marche du monde !