Ci-gît Pape Bouba Diop. L’ex-international sénégalais de l’épopée 2002 repose au cimetière de Dangou, à Rufisque, sa terre natale, auprès de sa défunte mère. Sa dépouille mortelle a été rapatriée de France, hier vendredi, après l’annonce de son décès, dimanche dernier, des suites d’une longue maladie.
Une énorme foule a accompagné le corps jusqu’à sa dernière demeure.
La levée du corps a eu lieu, ce samedi, 5 décembre, au terrain des HLM de Rufisque, là où tout a démarré pour la légende du football. Elle est suivie d’une longue procession, composée d’une foule énorme et compacte, encadrée par les forces de l’ordre. Les ex-co-équipiers du Lion, dont l’actuel coach de l’équipe nationale A du Sénégal, Aliou Cissé, El Hadji Diouf, entre autres anciens internationaux sénégalais, étaient juste derrière le corbillard. Ses anciens camarades au Jaraaf de Dakar, le club que le défunt avait fréquenté, avant d’entamer sa carrière européenne, ont également participé à la marche.
Présidant la cérémonie d’hommages, la veille, sur le tarmac de l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), le Chef de l’État, Macky Sall, l’a élevé au grade de chevalier de l’ordre national du Lion, à titre posthume. Avant d’annoncer que le "Musée du football", qui sera érigé au Stade du Sénégal, actuellement en construction à Diamniadio, va porter le nom de Pape Bouba Diop.
Auteur du but victorieux contre la France lors du match d’ouverture de la Coupe du monde de 2002, puis de deux autres buts lors de ce Mondial où le Sénégal ne s’est arrêté qu’en quarts de finale, Pape Bouba Diop est le meilleur buteur sénégalais en phase finale de Coupe du monde avec trois réalisations.
LA MOBILITÉ, UNE DES DOLÉANCES DES PERSONNES VIVANT AVEC UN HANDICAP
La loi d’orientation soiale devrait permettre d’apporter des solutions durables aux problèmes des personnes vivant avec un handicap dont les doléances ’’se résument essentiellement’’ à la question de la mobilité selon Atoumane Kane Sy
Saint-Louis, 5 déc (APS) - La loi d’orientation soiale devrait permettre d’apporter des solutions durables aux problèmes des personnes vivant avec un handicap dont les doléances ’’se résument essentiellement’’ à la question de la mobilité, estime le vice-président départemental de l’association des personnes handicapées de Saint-Louis, Atoumane Kane Sy.
Les personnes vivant avec un handicap attendent encore la signature des décrets d’application de la loi d’orientation sociale, adoptée en 2010, dans l’espoir que "les préoccupations des personnes handicapées soient réglées de manière durable" par ladite loi, a-t-il indiqué.
"Aujourd’hui, nos doléances et préoccupations se résument essentiellement sur la mobilité des personnes handicapées, afin qu’elles bénéficient de tous les avantages qu’offrent la loi d’orientation sociale, pour bénéficier de la carte d’égalité de chance", a-t-il plaidé.
Atoumane Kane Sy, par ailleurs chargé de la communication de la fédération régionale des handicapés de Saint-Louis, intervenait dans le cadre de Journée internationale des handicapés, samedi à Saint-Louis, sur le thème : "La sensibilisation des maladies handicapantes, particulièrement le diabète".
Les personnes vivant avec un handicap sont ravis de la commémoration de cette journée, qui leur a donné l’opportunité "de mettre sur la table les difficultés et maux dont ils sont confrontés", a indiqué M. Sy.
La région de Saint-Louis enregistre un taux de prévalence très élevée du diabète, "une maladie qui cause beaucoup de dégâts, car au-delà des amputations, les diabétiques souffrent énormément de cette pathologie", a indiqué Atoumane Kane Sy.
Il a remercié le ministre Abdoulaye Daouda Diallo, ministre des Finances et du Budget, "un fils du terroir, qui a bien voulu soutenir financièrement les activités de la célébration de cette Journée internationale dans tous les départements de Saint-Louis".
REPORT DU RASSEMBLEMENT CITOYEN DE ’’SOS CONSOMMATEURS’’
Le rassemblement prévu ce matin à Dakar, pour protester contre le paiement de frais de scolarité non dispensée imposé par des écoles privées, a été reporté suite à l’interdiction de la manifestation par le préfet de Dakar, a appris l’APS des organisateurs
Dakar, 5 déc (APS) - Le rassemblement prévu ce matin à Dakar, pour protester contre le paiement de frais de scolarité non dispensée imposé par des écoles privées, a été reporté suite à l’interdiction de la manifestation par le préfet de Dakar, a appris l’APS des organisateurs.
L’arrêté préfectoral notifié aux organisateurs justifie cette décision par les mesures prises par les autorités sanitaires pour le respect des gestes barrières, notamment la distanciation physique d’au moins un mètre et l’interdiction de regroupements pour éviter la propagation du virus de la Covid-19.
Les nouveaux cas de Covid-19 sont repartis à la hausse, après quelques semaines marquées par une tendance baissière.
Des parents d’élèves, membres d’associations de consommateurs, d’organisations d’enseignants, de la société civile ainsi que des leaders religieux, communautaires et politiques, avaient prévu d’organiser un rassemblement de protestation contre le paiement de frais de scolarité non dispensée imposé par des écoles privées du pays.
Ce rassemblement devait se tenir au Rond-point JVC, à Sacré-Cœur, à l’initiative notamment de Sos Consommateurs, organisation qui avait appelé à "dénoncer cette situation inacceptable".
LES BÉNÉFICIAIRES INSUFFISANTS RAPPORTÉS AU TAUX DE PRÉVALENCE
Le nombre de bénéficiaires de la carte d’égalité des chances, évalué à quelque 61.000 personnes, reste insuffisant au regard du taux de prévalence du handicap au Sénégal selon Ndèye Dague Guèye
Thiès, 5 déc (APS) - Le nombre de bénéficiaires de la carte d’égalité des chances, évalué à quelque 61.000 personnes, reste insuffisant au regard du taux de prévalence du handicap au Sénégal, estime une responsable de la Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées.
Pour Ndèye Dague Guèye, présidente du comité des femmes de la Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées, la prise en charge et l’intégration des personnes handicapées dans les politiques publiques, demeure "un grand défi" au Sénégal.
"La carte d’égalité des chances a été distribuée à 61.141 personnes (…), ce qui est insuffisant, si l’on se base sur les statistiques de l’Organisation mondiale qui parlent d’un taux de prévalence du handicap de plus de 15,5% au Sénégal", a-t-elle soutenu.
Mme Guèye intervenait vendredi à Thiès, lors d’une rencontre sur l’effectivité de la loi de 2010, relative à la promotion et à la protection des personnes handicapées.
La rencontre était organisée en partenariat avec l’Association sénégalaise des femmes diplômées des universités et ONU/Femmes, dans le cadre de la campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes.
Sans carte d’égalité des chances, les personnes en situation de handicap ont du mal à bénéficier de bourses de sécurité familiale, dont le nombre de titulaires se chiffre à 25.500 personnes, selon les derniers chiffres officiels.
D’où l’urgence d’accentuer le plaidoyer auprès des décideurs et de se fixer des perspectives, pour améliorer la vie des personnes en situation de handicap, indique Ndèye Dague Guèye.
Selon Dieynaba Diallo, chargée de communication au sein de l’antenne de la fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées à Thiès, le dernier recensement national de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), publié en 2013, évoquait un taux de prévalence du handicap de 5,9%.
Un taux contesté, relève-t-elle, par de nombreuses associations de défense des personnes handicapées.
"L’outil utilisé pour ce recensement de 2012 publié en 2013 ne prend pas en compte une certaine catégorie de personnes en situation de handicap que sont notamment les albinos", a-t-elle signalé.
Elle confronte ce chiffre aux dernières statistiques du Rapport mondial sur le handicap de 2011 de l’Organisation mondiale de la santé et de la Banque mondiale, qui font état d’un taux de prévalence de 15,5%.
L’accès à l’éducation, à la formation, à l’emploi et à la santé sont autant de difficultés, auxquelles les personnes en situation de handicap sont confrontées d’après les analyses de ce rapport mondial.
La présidente des femmes diplômées est d’avis qu’il faut des plaidoyers et propositions plus concrètes pour une meilleure application de la loi.
Le président de l’association des parajuristes de Thiès, Ababacar Mbacké Diop, en ce qui le concerne, a évoqué l’impact de l’instabilité des institutions sur la situation des personnes vivant avec un handicap.
Il faudrait, selon lui, décentraliser les activités qui concernent les personnes handicapées au niveau communautaire, mais également élaborer des programmes spécifiques aux hommes pour une meilleure compréhension des enjeux.
Cette rencontre a aussi été l’occasion de revisiter les enjeux, défis et les méthodes de vulgarisation de la loi de janvier 2020 criminalisant les actes de viol et de pédophilie.
LA TENDANCE À LA HAUSSE SE POURSUIT AVEC 100 NOUVELLES CONTAMINATIONS
Selon docteur El Hadj Mamadou Ndiaye, sur 1224 tests réalisés au cours des dernières 24 heures, 100 se sont révélés positifs, dont 29 cas contacts déjà suivis par les services sanitaires et 71 cas relevant de la contamination dite communautaire.
Dakar, 5 déc (APS) - La tendance à la hausse des nouvelles contaminations au COVID-19, observée depuis quelques semaines, se poursuit avec 100 nouveaux cas positifs annoncés samedi par le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Selon le directeur de la Prévention, docteur El Hadj Mamadou Ndiaye, sur 1224 tests réalisés au cours des dernières 24 heures, 100 se sont révélés positifs, dont 29 cas contacts déjà suivis par les services sanitaires et 71 cas relevant de la contamination dite communautaire.
Ces cas dont l’origine de la contamination reste inconnue, ont été enregistrés aussi bien à Dakar (Guédiawaye, Fann, Bel-Air, Sacré-Cœur, Dakar-Plateau, Bourguiba, Soprim, Colobane, Médina, Mbao, Diamalaye, Diamniadio, Liberté 4, Pikine, Rufisque, Sangalkam, etc.) que dans les régions, à Mbour, Podor, Thiès, Touba.
Il y a aussi Saint-Louis, Mékhé, Richard-Toll, Kaolack, Matam, Ourossogui, a indiqué le directeur de la Prévention, avant de signaler que 24 patients ont été déclarés guéris, contre 1 décès et 8 cas graves pris en charge par les services sanitaires compétents.
Au total, 16.397 cas de COVID-19 ont été enregistrés au Sénégal depuis le 2 mars, date d’apparition de la maladie dans le pays, pour 15.731 patients guéris et 337 décédés, ce qu’il reste 328 malades sous traitement, selon le directeur de la Prévention.
Par Pape Sadio THIAM
RENDONS HOMMAGE A MAMOUSSE DIAGNE, APPEL AUX INTELLECTUELS ET HOMMES DE CULTURE
Comment comprendre que des intellectuels comme Pathé Diagne, Souleymane Bachir Diagne, Souleymane Niang, Mary Teuw Niane, Souleymane Mboup, pour ne citer que ceux-là, ne soient pas célébrés dans ce pays ?
Comment rester Professeur agrégé de philosophie, abreuvé donc aux sources grecques de la pensée, et conserver sa capacité inaltérable à penser les sagesses africaines ? Il est de notoriété publique que nombre d’intellectuels africains, imbus des connaissances académiques, perdent leur âme africaine au profit des cultures et modes de penser étrangers (arabe et occidental).
C’est comme si l’appropriation du savoir tel qu’il est défini dans les schèmes occidentaux et arabes avait comme tribut nécessaire, de la part de l’intellectuel africain, la perte de son identité. Mais pour Mamoussé Diagne, c’est plutôt l’inverse : les connaissances académiques ne sont, pour le premier agrégé de philosophie en Afrique, qu’un outil pour mieux rendre intelligibles les réalités de son peuple.
L’auteur de la Critique de la raison orale «Les pratiques discursives en Afrique noire» (Karthala 2005) est un philosophe authentique, mais profondément ancré dans les traditions et cultures de son peuple.
La tradition philosophique, telle qu’elle nous est léguée par l’Occident, nous enseigne que les présocratiques et Socrate lui-même n’ont réussi cette formidable conversion intellectuelle qu’en rompant avec les mythes et la tradition. Mais avec Mamoussé Diagne, on a l’impression que le logos fait le chemin inverse en assumant les modes de penser traditionnels pour les rendre non seulement intelligibles, mais aussi estimables.
La tradition orale, les sagesses qu’elle charrie, ses procédés ingénieux d’écriture orale, etc., sont, avec Mamoussé Diagne, réhabilités et crédités d’une rationalité jusqu’ici ignorée. Notre philosophe est donc à cheval entre deux rationalités ou plus exactement entre deux moments d’une même rationalité. Il n’a jamais renoncé aux valeurs morales et intellectuelles qui ont forgé sa personnalité et qui constituent l’étoffe de son être même.
C’est peut-être pourquoi chez lui les investigations sur l’oralité sont consubstantiellement liées à sa pratique : il sait, avec élégance et profondeur, faire retenir à la mémoire des contenus historiques que des volumes entiers peineraient à faire. Le propre de l’oralité, c’est qu’elle fait vivre les évènements qu’elle raconte ; elle redonne vie au passé en l’incrustant dans le présent du narrateur.
L’intonation, les changements d’humeur dans le discours, la gestuelle qui accompagne et signifie en même temps la parole font que l’épique et le lyrique ainsi que les valeurs qu’ils charrient transparaissent dans le récit. L’épopée transcende en général l’histoire et ce, non pas seulement parce qu’elle se réfère au surnaturel, mais parce qu’elle la vivifie et l’ennoblit.
La mise en scène et la dramatisation font partie de l’arsenal d’archivage dont dispose l’oralité et on les retrouve dans les postures intellectuelles et académiques de notre philosophe. Pourtant sa connaissance avérée des procédures et de la valeur heuristique de l’oralité ne l’empêche d’en circonscrire les limites.
Sa position sur la problématique d’une philosophie africaine spécifique atteste largement sa quête imperturbable d’objectivité. Sa thèse sur cette question, telle qu’exprimée dans De la philosophie et des philosophes en Afrique noire (Karthala 2006), est sans équivoque : les conditions à la fois politiques, économiques et psychologiques qui ont favorisé la naissance de la philosophie en Grèce antique vers le 6e siècle avant Jésus-Christ n’existaient pas en Afrique.
De toute façon, souligne le Professeur Diagne, le «miracle grec» qui a vu éclore la philosophie n’a pas toujours existé et les Grecs eux-mêmes ont fait autre chose avant de philosopher. Reconnaître que l’oralité, les exigences de secret qui enferment le savoir dans les limites de l’initiation en Afrique noire et les conditions politiques et économiques d’une société non ouverte sont incompatibles avec le déploiement du Logos philosophique, ce n’est pas faire une injure à l’Afrique. C’est dire qu’il n’y a pas chez Mamoussé de fétichisme sur la valeur des modes de penser traditionnels africains. Bien qu’étant épris des sagesses africaines, Mamoussé Diagne, dans ses enseignements comme dans son œuvre, s’est toujours fait le devoir d’observer la distance critique qui fait l’essence du philosophe.
S’il est vrai que la philosophie est avant tout une entreprise de démythification et de démythologisation, comment engager la question d’une philosophie sans faire sien le propos, qui a une valeur de précepte méthodologique, de Towa «La philosophie ne commence qu’avec la décision de soumettre l’héritage philosophique et culturel à une critique sans complaisance» ? Si la philosophie est étymologiquement définie comme amour ou étude de la sagesse, le philosophe sénégalais est quant à lui à la quête d’une double sagesse ou, en tout cas, de deux voies de la sagesse.
Alors qu’on pense généralement que l’oralité est un handicap à la pensée discursive, Mamoussé explique qu’elle renferme des procédés logiques, universels, susceptibles de véhiculer des pensées complexes. La dépossession de soi dans la rencontre avec autrui n’est pas une fatalité : c’est en définitive ce que l’on apprend de la vie et de l’œuvre de Mamoussé Diagne.
Panafricaniste convaincu, humaniste, pédagogue hors pair, le penseur des pratiques discursives inhérentes à l’oralité en Afrique noire est une des figures emblématiques du département de philosophie. Icône parmi les icônes, il est pourtant d’une simplicité rarement égalée. L’enseignant : il est difficile de faire l’unanimité parmi les étudiants, surtout ceux en philosophie, mais Mamoussé Diagne est probablement l’exception qui confirme la règle. Les étudiants en philosophie le «contemplent» quasiment : pédagogue jusque dans la diction et la gestuelle, il magnétise son auditoire et tisse avec l’étudiant une relation de confiance et d’estime qui transcende la rigueur des évaluations et les aléas de la réussite.
Un cours de Mamoussé Diagne est d’une préciosité telle qu’aucun étudiant ne s’aventurerait à le sécher. L’homme qui décortique et enseigne le Prince de Machiavel comme personne ne le fait est à lui seul la synthèse des enseignements qui font du département de philosophie l’un des plus cotés de l’Université Cheikh Anta Diop. Comment ne pas tomber sous le charme d’un Professeur aussi élégant dans le verbe que dans la prestance, dans le savoir que dans l’éthique ?
Mamoussé Diagne, dans une salle de classe ou dans un amphithéâtre, est une clé qui ouvre les philosophies les plus hermétiques. C’est dire que la pédagogie chez lui est un art qui produit à la fois beauté et savoir dans un même élan. Pour chaque génération d’étudiants en philosophie, Mamoussé Diagne est un Professeur dont les cours, de la première année à la Maîtrise, sont une véritable propédeutique à la réflexion.
Mamoussé est l’incarnation de la réponse à la question «comment enseigner les contenus les plus complexes sans ennuyer ?». L’on sait depuis longtemps que la relation pédagogique est un lien à la fois affectif et intellectuel. C’est pourquoi les grands pédagogues savent séduire sans émerveiller les apprenants. Chez Mamoussé Diagne, l’acte d’enseigner est avant tout amour : amour ou passion de la philosophie (c’est le prototype même du philosophe qui préfère discuter toute la journée plutôt que d’entretenir son corps), amour de ses étudiants et amour de son travail.
L’homme : Les étudiants le lui rendent évidemment bien, car son cours est très souvent rythmé d’applaudissements qui échappent certainement à leurs auteurs sans doute pris dans l’extase d’un savoir et d’un savoir-faire magnétisants. Tous les Professeurs de philosophie de son époque sont brillants, excellents même, mais trois choses font sa particularité.
La première est que le type de relation qui le lie aux étudiants va au-delà de la simple pédagogie, car profondément humaniste, Mamoussé n’hésite pas à se transformer conjoncturellement en assistant social.
La deuxième chose, c’est qu’avec lui l’étudiant est constamment dans la même posture que les disciples de Socrate face au père de la philosophie. S’il ne fait pas de la maïeutique en classe, il aboutit souvent au même résultat : partir des difficultés ou de ce que l’étudiant ne comprend pas pour l’inciter à conquérir la science, moyennant des questions et des suggestions qui font réfléchir. Il n’y a presque pas de questions incongrues ou stupides dans son cours, ce qui a l’avantage de mettre les étudiants dans un état de confiance propice à l’effort de réflexion.
La troisième est relative à sa modestie, qui explique son accessibilité. Il a la patience et la modestie requises pour comprendre les difficultés que rencontre son étudiant afin de transformer son ignorance en mine d’idées à ennoblir en briques dans l’édification de la connaissance. Pour la communauté universitaire, Mamoussé Diagne fait partie des Professeurs les plus respectés de l’Université de Dakar.
Ses pairs le respectent et l’admirent non pas parce qu’il a été premier agrégé en philosophie, mais par son humanité et son urbanité. Mamoussé est la figure du philosophe, c’est-à-dire ce postulant à la sagesse chez qui savoir et savoir-être sont indistinctement au service de l’homme. Il n’y a aucune rupture entre la discipline qu’il enseigne, sa façon particulière de l’enseigner et son mode, ou plutôt son art, de vivre. S’il est vrai, comme le rappelle P. Hadot, que chez les Grecs le choix d’une école philosophique est d’abord et avant tout le choix d’une école de vie, chez Mamoussé aussi on peut dire que la philosophie est carrément une vie. La sobriété qui a caractérisé les philosophes, y compris même ceux qui se réclament de Dionysos (dieu de la vigne et du vin, donc de la démesure) est, chez le philosophe sénégalais, un culte.
Dans son commerce (toujours fécond) avec les autres, il se singularise d’abord par sa capacité d’écoute. Ah quelle politesse ! Il ne coupe presque jamais personne et est disposé à écouter religieusement ce que d’aucuns considéreraient comme des platitudes qui ne méritent aucune attention. Quelle élégance ! Aucun universitaire, aucun collègue, aucun étudiant n’a jamais vu Mamoussé faire des réprimandes publiques à un étudiant, serait-il le plus controversé. Il a toujours les mots et l’humour suffisants pour apaiser et mettre en confiance ses interlocuteurs. Digne héritier de Socrate sur ce point, il a intégré le principe selon lequel dans une discussion les positions sont interchangeables et que, comme le suggère la parabole wolof, la vérité est comme une aiguille égarée : elle peut être retrouvée aussi bien par le jeune que par le vieux.
L’homme politique : l’œuvre de Mamoussé Diagne serait une espèce de symphonie inachevée si elle n’avait pas une dimension politique. S’il est vrai que Socrate se refusa de faire de la politique parce que cela lui semblait incompatible avec la justice, Sartre fut un philosophe très engagé. Il en est de même pour Mamoussé Diagne : acteur de Mai 68, il n’a certes pas fait de la politique un métier, mais il lui a consacré son temps de loisir. L’otium (loisir) dont on dit qu’elle est la mère de la philosophie est aussi pour beaucoup d’intellectuels le statut de la politique. Jamais chez lui la politique n’a été envisagée comme autre chose qu’un ensemble de recettes et d’idées susceptibles de rendre la cité heureuse.
Son engagement avec ses regrettés amis feu Iba Der Thiam dans la Cdp/Garab-gui, Souleymane Loum, Falaye Noël Diop, Ibrahima Lyra Diop, et Thierno Lô, Alassane Ba, Ibrahima Fall, Youssou Sow etc. témoigne de son état d’esprit dans ce domaine et de sa conception très noble de la politique. Car, comme l’a enseigné Platon, la politique sans la Diké (justice) et l’Aidôs (révérence, pitié, honneur) serait la pire entreprise humaine. Quand on théorise les valeurs du Jom, du Ngor, etc., on ne peut pas s’engager avec légèreté en politique ; et c’est ce qu’a compris Mamoussé. Son passage éclair au ministère de l’Enseignement supérieur ne lui a laissé aucun sentiment d’amertume.
Au contraire, il a, à travers cette station, rendu service à sa Nation dans l’honneur, la dignité et la justice. Ce n’est pas en quelques lignes qu’on réussira à rendre hommage à une icône comme Mamoussé Diagne. L’immensité de l’homme est telle qu’on ne pourrait que maladroitement et médiocrement lui rendre l’hommage qu’il mérite en plusieurs volumes. La faiblesse ou le péché de notre société actuelle, c’est qu’elle n’est pas programmée pour accorder à ses élites (surtout intellectuelles) la place qui devrait être la leur. Il faut à ce titre rappeler le devoir de mémoire et celui de reconnaissance qui nous incombent tous à l’égard des personnes qui ont donné le meilleur de leur vie pour un Sénégal qui brille dans tous les domaines.
Comment comprendre que des intellectuels comme Pathé Diagne, Souleymane Bachir Diagne, Souleymane Niang, Mary Teuw Niane, Souleymane Mboup, pour ne citer que ceux-là, ne soient pas célébrés dans ce pays ? Comment faire pour que, de leur vivant, ces héros sachent que la nation mesure à sa juste valeur le sacrifice qu’ils ont consenti dans leur domaine ? Comment comprendre qu’il n’y ait pas à l’Université Cheikh Anta Diop des journées dédiées à ces illustres Professeurs ? Des journées sous forme de symposium annuel, de banquet, etc. autour de leur œuvre permettraient au moins aux étudiants de savoir que leur Université a été et devrait demeurer un véritable temple du savoir. Les premiers consommateurs des œuvres des Professeurs sénégalais doivent être les étudiants, car l’ouverture dans le monde ne saurait être féconde sans un véritable enracinement.
«LES GENS SE COMPORTENT COMME SI LA PANDEMIE ETAIT TERMINEE»
Le Pr Moussa Seydi espère sur l’implication des chefs religieux pour aplatir la courbe actuelle des infections qui est remontée en flèche
Avec 80 cas positifs au coronavirus enregistrés hier dont 47 issus de la transmission communautaire, le directeur du Service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann est très préoccupé par le retour des rassemblements sans protection. Pr Moussa Seydi espère sur l’implication des chefs religieux pour aplatir la courbe actuelle des infections qui est remontée en flèche.
Le rendez-vous matinal pour la lecture du communiqué sur la situation du Covid-19 redevient plus ou moins très attendu. Face à l’explosion des cas positifs, on ressent la tension. Hier, 80 nouvelles infections ont été enregistrées sur un échantillon de 1 054 tests. Soit un taux de positivité de 7,59 %. Il s’agit de 33 cas contacts et 47 issus de la transmission communautaire.
Ils ont été localisés à Mbour (7), Saint-Louis (6), Dakar Plateau (3), Richard Toll (3), Yoff (3), Almadies (2), Fann Résidence (2), Mermoz (2), Touba (2), Cité Keur Damel, Cité Keur Gorgui, Derklé, Fatick, Foundiougne, Gossas, Guédiawaye, Hlm, Kébémer, Liberté 6, Louga, Maristes, Ngor, Niary-Tally, Ouest-Foire, Parcelles Assainies, Sacré-Cœur. Il s’agit d’un véritable maillage du territoire. Il faut aussi souligner que 10 patients ont été déclarés guéris. Mais un décès lié au Covid-19 a été enregistré, informe le porte-parole du ministère de la Santé et de l’action sociale, avec 7 cas graves dans les services de réanimation.
Depuis le 3 mars dernier, 16 mille 297 personnes ont contracté le virus dont 15 mille 707 guéries 336 décès et 253 patients encore sous traitement dans les différents centres de traitement ou à domicile. Ce dernier chiffre montre un peu l’envolée qu’a connue la maladie ces derniers temps avec près de 200 cas de coronavirus enregistrés ces dernières 72 heures.
Cette situation inquiète le personnel médical, à l’image du Pr Moussa Seydi, qui alerte sur les dangers d’une deuxième vague. «L’appui des chefs religieux nous a été extrêmement utile. Vous avez vu les rassemblements qui auraient pu créer une catastrophe, mais au final cela s’est bien passé et il n’y a pas eu d’impact majeur. Parce que les chefs religieux ont insisté pour que les mesures recommandées par le ministère de la Santé et de l’action sociale soient respectées. Mais depuis quelque temps, il y a un laisser-aller. Il est courant de voir des rassemblements un peu partout. Et quand on regarde bien, c’est souvent des rassemblements religieux. Dans les quartiers, on bloque les rues, les gens se comportent comme si la pandémie était terminée», dit Pr Moussa Seydi au micro de Radio Sénégal.
Conscient de la complexité de la situation, le directeur du Service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann fait un plaidoyer : «Donc, je voudrais profiter de cette occasion pour lancer un message à ces grands chefs religieux qui nous ont toujours soutenus et qui continuent de nous soutenir par leurs décisions et les messages, qu’ils puissent discuter avec les autres chefs religieux qui ont un leadership moins fort pour que ces derniers aussi puissent revenir à de meilleurs comportements afin d’éviter des rassemblements tous azimuts, tous les week-end, tous les jours. Cela va créer des problèmes. J’ai des preuves indiscutables que ces rassemblements religieux se font dans les quartiers à gauche et à droite sans aucune mesure de protection», informe-t-il.
LES ACTEURS DU TRANSPORT CRAIGNENT LE PIRE
Quand la pandémie était dans des proportions importantes, les autorités étatiques avaient décrété un état d’urgence assorti d’un couvre-feu pour contenir la montée de la maladie.
Les annonces du président de la République suivies de celles du ministre de la Santé évoquant une plus grande rigueur dans le respect des mesures barrière sont fini de secouer les acteurs du transport. Après avoir vécu une disette à cause des restrictions, ils sont prêts à s’impliquer dans le respect des mesures barrières. Mais ils ne veulent pas entendre parler de limitation de passagers.
Quand la pandémie était dans des proportions importantes, les autorités étatiques avaient décrété un état d’urgence assorti d’un couvre-feu pour contenir la montée de la maladie. Des mesures qui avaient été accompagnées par des décisions fortes. Parmi elles, la limitation du nombre de passagers dans les transports en commun. Chez les bus Tata, cars Ndiaga NDIAYE et autres Cars rapides, plus de passagers debout dans les véhicules particuliers et clandos, le nombre de passagers était limité au chauffeur et à deux autres passagers. De fortes restrictions qui avaient fini d’installer une vraie crise chez les acteurs du secteur. Entre baisse des recettes, rareté des clients, la période d’avril à août fut terrible. Selon Balla Fall, chauffeur de la ligne 40, résidant à Hann Mariste, les recettes avaient connu une baisse de près de 60% avec la limitation du nombre de passagers. Aujourd’hui, avec une hausse des cas de contamination, beaucoup redoutent déjà une deuxième vague. Et les autorités sanitaires semblent être dans l’anticipation. «Il y a une mobilisation nationale à reprendre. Il faut absolument se lever comme un seul homme pour que tout le pays soit debout afin que ces mesures barrières entrent dans la routine des sénégalais…Nous devons nous rendre à l’évidence, être réalistes pour constater que quelque chose est en train de se passer. Il faut absolument le strict respect de l’arrêté du ministre de l’Intérieur sur les mesures barrières. Des dispositions idoines seront prises pour que cet arrêté en vigueur jusqu’au 5 janvier soit scrupuleusement respecté». C’est en somme ce qu’a annoncé le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr. Même s’il n’a pas annoncé officiellement la limitation du nombre de passagers dans les transports, l’inquiétude gagne déjà les acteurs.
INQUIÉTUDE PALPABLE
A la Cité des Eaux, la circulation est très difficile en cette fin de journée. A la station de taxis qui fait face à l’agence de Sen’Eau, c’est le débat du jour. « Ne vous trompez pas, on va vers la restriction. Le ministre est juste en train de préparer les gens. Moi je n’en doute plus. On va vers de nouvelles restrictions », dit ce chauffeur de taxi, l’air dépité. Selon lui, cette mesure serait une catastrophe pour les acteurs du transport. « Nous n’avons même pas fini de nous remettre de la dure période de disette, si on doit limiter les passagers à nouveau, je vends mon taxi et retourne au village », dit-il d’un ton ferme.
Chauffeur de Ndiaga NDIAYE faisant l’axe Ucad-Pikine, cet homme de forte corpulence a l’air résigné. «Depuis que j’ai entendu le Président alerter sur la situation, j’ai compris qu’on allait tout droit vers ça. Mais comme c’est une mesure drastique, ils prennent le temps de nous préparer», estime-t-il. C’est pourquoi il a d’ailleurs décidé de prendre les devants. Depuis deux jours, dit-il, les heures de travail ont été augmentées. « J’arrêtais à 21 heures au plus tard, maintenant je vais jusqu’à minuit. Il faut faire le maximum d’économies. La première expérience nous a beaucoup servi. Et comme les pays développés ne sont pas à l’abri, nous autres sous-développés devons être intelligents », dit-il. Du côté des chauffeurs de clandos, l’inquiétude est la même. À juste raison. « Le Clando qui quitte l’entrée de Hann Mariste pour l’Ecole japonaise, il prend4clients. Si vous lui dites de n’en prendre que 2, c’est que vous lui dites de travailler à perte. Lors des restrictions, beaucoup avaient tout simplement décidé de garer leurs véhicules», explique Maloum, au volant de sa Peugeot 205, apparemment marquée par le poids de l’âge.
PRETS A PORTER LE PLAIDOYER POUR LE PORT DU MASQUE
Après l’expérience passée, les transporteurs ne veulent plus entendre parler de restrictions. Elles leur seraient fatales. Pour l’éviter, ils sont prêts à jouer leur partition. Masque en wax bien vissé, ce chauffeur de forte corpulence estime d’ailleurs que les chauffeurs n’ont pas été assez impliqués dans la riposte. « Nous pouvons exiger que tous les clients portent un masque. Nous sommes prêts à mettre notre argent pour acheter du gel qu’on remettrait à tous les passagers. Toutes les forces doivent être mobilisées et impliquées », estime-t-il. Parce que, selon lui, avec un vaccin et des mesures de précaution, on peut trouver des solutions à une crise sanitaire, mais pour une crise économique, il faut énormément de temps pour se relever. «Les restrictions avaient mis beaucoup de personnes au chômage. Maintenant il faut que chacun s’y mette pour ne pas vivre le même scénario », suggère-t-il.
LES ALLO DAKAR ET HORAIRES SOUFFRENT EN SILENCE
Parmi les victimes des mesures barrières, les transporteurs interurbains communément appelés Allô Dakar avaient souffert. En effet, l’autorité avait décidé d’interdire le transport interurbain. Ils en avaient souffert. Mamoudou Wone est chauffeur. Originaire de Thiambé dans le département de Ourossogui, il fait la navette Dakar-Ourossogui. « La premier chose que je regarde en recevant le point du jour, c’est le nombre de cas dans les régions. Je suis sûr persuadé qu’à ce rythme, il n’est pas exclu de retourner à cette décision. La France l’a fait et si vous regardez bien, toutes les dispositions qui ont été prises ici ont des ressemblances avec celles de la France. Eux sont retournés en confinement», dit-il avec amertume et inquiétude. Farba Fall lui, faisait le Allo Dakar entre Touba et la capitale. Mais pour lui, il n’y a pas à chercher loin. Le Sénégal va tout droit vers les mesures de restrictions. Pour parer à ces éventualités, il a changé de business. « J’ai décidé de me reconvertir dans le transport d’élèves. Au moins, en cas de nouvelles mesures, j’aurais une idée de ce qui m’attend», dit-il.
LES AUTORITÉS POINTÉES DU DOIGT
Pour la plupart des personnes interrogées, si aujourd’hui le respect des mesures barrières est discutable, la faute est aux autorités. En effet, dit ce gérant de multiservices, officiellement, le port du masque est toujours en vigueur. « Mais si vous voyez que les autorités elles-mêmes ont cessé de le porter, c’est comme si elles disaient aux gens : baissez la garde. Lors de la tournée économique du Chef de l’Etat, il y avait une foule énorme. Aucun respect des mesures barrières. Qu’on le veuille ou pas, c’est le message qu’on envoie aux gens », peste-t-il. Patron d’une entreprise de livraison, Khalil pointe aussi du doigt les responsables.
Selon lui qui a l’habitude de fréquenter les bureaux, les mesures barrières ont disparu depuis longtemps. « C’est rarement que je trouve un service ou tout le monde porte un masque et respecte la distance physique. Tout le monde avait fini de penser que le virus avait quitté le pays. Aujourd’hui, on ne sait plus où donner de la tête », peste-t-il. Quoi qu’il en soit, le Chef de l’Etat avait alerté : «une deuxième vague serait insupportable pour notre économie.» |
MACKY SALL NE DOIT PAS LÂCHER LE POUVOIR
C’est l’intime conviction d'Abdoulaye Babou qui ajoute que juridiquement rien n’empêche le patron de l’Apr de se présenter en 2024
Le président Macky Sall a le droit d’être candidat à sa propre succession à la prochaine élection présidentielle de 2024. C’est l’intime conviction de Me Abdoulaye Babou qui ajoute que juridiquement rien n’empêche au patron de l’Apr de se présenter en 2024. Évoquant le compagnonnage entre Macky Sall et Idrissa Seck, Me Babou a exprimé son pessimisme de le voir durer dans le temps.
S’il le souhaite, Macky Sall peut se présenter à l’élection présidentielle de 2024. Rien ne l’en empêche du point de vue juridique. C’est en substance la position de l’ancien ministre Me Abdoulaye Babou. «Le Président Macky Sall n’est pas prêt à lâcher le pouvoir et je crois qu’il ne doit pas le faire. J’ai déjà donné mon point de vue sur ce que les autres appellent troisième mandat. Je suis juriste et j’ai déjà étudié la Constitution de fond en comble surtout depuis la réforme de 2016. Cette réforme, en son article 27, règle deux problèmes à savoir la durée du mandat présidentiel qui est de cinq ans et qui dit clairement que nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs», souligne Me Abdoulaye Babou.
Poussant plus loin dans son argumentaire, l’ancien ministre sous le régime libéral considère que le Président Macky Sall a fait un premier mandat de cinq ans qui s’achève en 2024. «Dès lors, il a le droit juridiquement de se présenter pour un second mandat de cinq ans. Je le dis et je le répète : la Constitution n’a jamais parlé de troisième mandat. La loi ne parle pas des sept ans avant la réforme et il n’y a pas de mesures transitoires. On ne peut pas changer la Constitution pour viser la seule personne du Président Macky Sall», tranche l’ancien responsable de l’Alliance des Forces de Progrès (Afp).
Quant aux retrouvailles entre le chef de l’Etat et Idrissa Seck, nouveau président du Conseil économique social et environnemental(Cese), Me Abdoulaye Babou prédit qu’elles feront long feu. « Idrissa Seck est un homme politique très avisé qui a passé toute sa carrière sous l’ombre du Président Abdoulaye Wade. Mais tout le monde sait comment ça s’est terminé entre eux. Il nourrit des ambitions présidentielles. Un poste de Premier ministre ou une autre fonction ne le fait pas rêver. Il reste maintenant à savoir si l’ambition d’Idrissa Seck est compatible avec celle du Président Macky Sall. Je ne pense pas que ce compagnonnage entre les deux aille loin. Ils sont en train de jouer à cache-cache, mais 2024 arrivera», dit-il.
Et Me Abdoulaye Babou d’ajouter : « Idrissa Seck n’est pas sur le droit chemin pour devenir président de la République. D’abord il a commencé par se séparer de ses principaux lieutenants dont le dernier en date est son ami fidèle Déthié Fall qu’il a destitué de son poste de vice-président de Rewmi. Qui plus est, il n’aura pas l’assise nécessaire pour être en pole position pour la présidentielle de 2024».
LES ACTEURS DE LA PECHE RUENT DANS LES BRANCARDS
Les pêcheurs de la Petite Côte n’iront pas en mer du vendredi au dimanche prochain. Pour cause, ils protestent contre les accords signés par l’Etat du Sénégal autorisant des navires européens à pêcher dans les eaux du Sénégal.
« Tous au parc piroguier !» Le mot d’ordre lancé par les pêcheurs de la Petite Côte, qui sont très remontés contre l’Etat du Sénégal, a été massivement suivi. Pour protester contre l’octroi des licences de pêche et des accords avec l’Union européenne, les acteurs ont organisé un sit-in au niveau du parc piroguier et ont décrété une grève de trois jours.
Les pêcheurs de la Petite Côte n’iront pas en mer du vendredi au dimanche prochain. Pour cause, ils protestent contre les accords signés par l’Etat du Sénégal autorisant des navires européens à pêcher dans les eaux du Sénégal.
Après l’interdiction de la marche nationale qui a été prévue entre la place de la Nation (ancien place de l’obélisque) au rond-point RTS (Dakar), les acteurs ont tenu plusieurs manifestations dans leur fief. A Ngaparou, Mbour et Joal (CLPA de Sindia Nord et CLPA de Sindia sud) des sit-in suivis et des points de presse ont été organisés pour dénoncer les accords signés par le gouvernement du Sénégal.
Pour les acteurs, les licences de pêches octroyées à des bateaux étrangers constituent un réel danger pour la pêche artisanale qui, depuis deux ans, traverse une crise à cause de la rareté de la ressource. Abdoulaye Ndao, trésorier national de l’UNAPASS, s’insurge en soutenant: «Nous avons tenu à Mbour aussi bien que dans les autres zones de la Petite Côte des conférences de presse pour dénoncer les conditions dans lesquelles nous vivons. Aujourd’hui, nous sommes fatigués de la crise que nous traversons dans le secteur de la pêche à cause de la présence des bateaux de pêche qui ont fini de capturer tous nos poissons.
En 2006, tout le monde savait qu’il y avait une vague d’émigrations clandestines, mais cette situation est différente de cette année où des pêcheurs ont vendu leur matériel pour s’exiler en Europe. Les pêcheurs ne parviennent plus à obtenir la dépense quotidienne», a dénoncé le trésorier de l’UNAPASS. Pour attirer l’attention du chef de l’Etat, les acteurs demandent au Président Macky Sall de geler les accords de pêche et d’organiser les états généraux de la pêche artisanale.
D’ailleurs, Pape Modou Dione qui est l’un des porte-parole des pêcheurs s’interroge sur la nécessité de ces accords de pêche et l’octroi des licences alors que paradoxalement, depuis 2017, l’Etat a arrêté l’immatriculation des pirogues. «L’Etat se vante d’avoir subventionné des moteurs à hauteur d’un million à l’unité mais ces mêmes moteurs coûtent moins de 850 mille francs pour le prix normal en Gambie.
Pire, la qualité pose un sérieux problème car lorsque nous achetons les moteurs subventionnés, après 5 mois d’utilisation, nous sommes obligés de dépenser 500 000 F pour une réparation. Donc dire qu’on subventionne le secteur de la pêche à coût de milliards n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux pour pouvoir justifier l’utilisation des milliards qui proviennent des accords et licences de pêche», a fustigé Pape Modou Dione. Ce vendredi, les villes de Mbour et Joal sont devenues des villes mortes à cause de l’arrêt systématique des activités halieutiques qui sont les activités économiques dominantes de ces villes.
Pour corser le combat, les mareyeurs, les vendeuses de poissons et femmes transformatrices ont adhéré au combat des pêcheurs. Les tables et étals de poissons ont été abandonnés et les voitures frigorifiques stationnées. Cet acte, à les en croire, n’est qu’un premier pas posé car les acteurs avertissent que pour les semaines ou les mois à venir, la lutte sera corsée parce qu’ils estiment que la mer est leur banque de trésor que les bateaux ont fini par mettre en faillite.