SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 juin 2025
Par Pape Sadio THIAM
RENDONS HOMMAGE A MAMOUSSE DIAGNE, APPEL AUX INTELLECTUELS ET HOMMES DE CULTURE
Comment comprendre que des intellectuels comme Pathé Diagne, Souleymane Bachir Diagne, Souleymane Niang, Mary Teuw Niane, Souleymane Mboup, pour ne citer que ceux-là, ne soient pas célébrés dans ce pays ?
Comment rester Professeur agrégé de philosophie, abreuvé donc aux sources grecques de la pensée, et conserver sa capacité inaltérable à penser les sagesses africaines ? Il est de notoriété publique que nombre d’intellectuels africains, imbus des connaissances académiques, perdent leur âme africaine au profit des cultures et modes de penser étrangers (arabe et occidental).
C’est comme si l’appropriation du savoir tel qu’il est défini dans les schèmes occidentaux et arabes avait comme tribut nécessaire, de la part de l’intellectuel africain, la perte de son identité. Mais pour Mamoussé Diagne, c’est plutôt l’inverse : les connaissances académiques ne sont, pour le premier agrégé de philosophie en Afrique, qu’un outil pour mieux rendre intelligibles les réalités de son peuple.
L’auteur de la Critique de la raison orale «Les pratiques discursives en Afrique noire» (Karthala 2005) est un philosophe authentique, mais profondément ancré dans les traditions et cultures de son peuple.
La tradition philosophique, telle qu’elle nous est léguée par l’Occident, nous enseigne que les présocratiques et Socrate lui-même n’ont réussi cette formidable conversion intellectuelle qu’en rompant avec les mythes et la tradition. Mais avec Mamoussé Diagne, on a l’impression que le logos fait le chemin inverse en assumant les modes de penser traditionnels pour les rendre non seulement intelligibles, mais aussi estimables.
La tradition orale, les sagesses qu’elle charrie, ses procédés ingénieux d’écriture orale, etc., sont, avec Mamoussé Diagne, réhabilités et crédités d’une rationalité jusqu’ici ignorée. Notre philosophe est donc à cheval entre deux rationalités ou plus exactement entre deux moments d’une même rationalité. Il n’a jamais renoncé aux valeurs morales et intellectuelles qui ont forgé sa personnalité et qui constituent l’étoffe de son être même.
C’est peut-être pourquoi chez lui les investigations sur l’oralité sont consubstantiellement liées à sa pratique : il sait, avec élégance et profondeur, faire retenir à la mémoire des contenus historiques que des volumes entiers peineraient à faire. Le propre de l’oralité, c’est qu’elle fait vivre les évènements qu’elle raconte ; elle redonne vie au passé en l’incrustant dans le présent du narrateur.
L’intonation, les changements d’humeur dans le discours, la gestuelle qui accompagne et signifie en même temps la parole font que l’épique et le lyrique ainsi que les valeurs qu’ils charrient transparaissent dans le récit. L’épopée transcende en général l’histoire et ce, non pas seulement parce qu’elle se réfère au surnaturel, mais parce qu’elle la vivifie et l’ennoblit.
La mise en scène et la dramatisation font partie de l’arsenal d’archivage dont dispose l’oralité et on les retrouve dans les postures intellectuelles et académiques de notre philosophe. Pourtant sa connaissance avérée des procédures et de la valeur heuristique de l’oralité ne l’empêche d’en circonscrire les limites.
Sa position sur la problématique d’une philosophie africaine spécifique atteste largement sa quête imperturbable d’objectivité. Sa thèse sur cette question, telle qu’exprimée dans De la philosophie et des philosophes en Afrique noire (Karthala 2006), est sans équivoque : les conditions à la fois politiques, économiques et psychologiques qui ont favorisé la naissance de la philosophie en Grèce antique vers le 6e siècle avant Jésus-Christ n’existaient pas en Afrique.
De toute façon, souligne le Professeur Diagne, le «miracle grec» qui a vu éclore la philosophie n’a pas toujours existé et les Grecs eux-mêmes ont fait autre chose avant de philosopher. Reconnaître que l’oralité, les exigences de secret qui enferment le savoir dans les limites de l’initiation en Afrique noire et les conditions politiques et économiques d’une société non ouverte sont incompatibles avec le déploiement du Logos philosophique, ce n’est pas faire une injure à l’Afrique. C’est dire qu’il n’y a pas chez Mamoussé de fétichisme sur la valeur des modes de penser traditionnels africains. Bien qu’étant épris des sagesses africaines, Mamoussé Diagne, dans ses enseignements comme dans son œuvre, s’est toujours fait le devoir d’observer la distance critique qui fait l’essence du philosophe.
S’il est vrai que la philosophie est avant tout une entreprise de démythification et de démythologisation, comment engager la question d’une philosophie sans faire sien le propos, qui a une valeur de précepte méthodologique, de Towa «La philosophie ne commence qu’avec la décision de soumettre l’héritage philosophique et culturel à une critique sans complaisance» ? Si la philosophie est étymologiquement définie comme amour ou étude de la sagesse, le philosophe sénégalais est quant à lui à la quête d’une double sagesse ou, en tout cas, de deux voies de la sagesse.
Alors qu’on pense généralement que l’oralité est un handicap à la pensée discursive, Mamoussé explique qu’elle renferme des procédés logiques, universels, susceptibles de véhiculer des pensées complexes. La dépossession de soi dans la rencontre avec autrui n’est pas une fatalité : c’est en définitive ce que l’on apprend de la vie et de l’œuvre de Mamoussé Diagne.
Panafricaniste convaincu, humaniste, pédagogue hors pair, le penseur des pratiques discursives inhérentes à l’oralité en Afrique noire est une des figures emblématiques du département de philosophie. Icône parmi les icônes, il est pourtant d’une simplicité rarement égalée. L’enseignant : il est difficile de faire l’unanimité parmi les étudiants, surtout ceux en philosophie, mais Mamoussé Diagne est probablement l’exception qui confirme la règle. Les étudiants en philosophie le «contemplent» quasiment : pédagogue jusque dans la diction et la gestuelle, il magnétise son auditoire et tisse avec l’étudiant une relation de confiance et d’estime qui transcende la rigueur des évaluations et les aléas de la réussite.
Un cours de Mamoussé Diagne est d’une préciosité telle qu’aucun étudiant ne s’aventurerait à le sécher. L’homme qui décortique et enseigne le Prince de Machiavel comme personne ne le fait est à lui seul la synthèse des enseignements qui font du département de philosophie l’un des plus cotés de l’Université Cheikh Anta Diop. Comment ne pas tomber sous le charme d’un Professeur aussi élégant dans le verbe que dans la prestance, dans le savoir que dans l’éthique ?
Mamoussé Diagne, dans une salle de classe ou dans un amphithéâtre, est une clé qui ouvre les philosophies les plus hermétiques. C’est dire que la pédagogie chez lui est un art qui produit à la fois beauté et savoir dans un même élan. Pour chaque génération d’étudiants en philosophie, Mamoussé Diagne est un Professeur dont les cours, de la première année à la Maîtrise, sont une véritable propédeutique à la réflexion.
Mamoussé est l’incarnation de la réponse à la question «comment enseigner les contenus les plus complexes sans ennuyer ?». L’on sait depuis longtemps que la relation pédagogique est un lien à la fois affectif et intellectuel. C’est pourquoi les grands pédagogues savent séduire sans émerveiller les apprenants. Chez Mamoussé Diagne, l’acte d’enseigner est avant tout amour : amour ou passion de la philosophie (c’est le prototype même du philosophe qui préfère discuter toute la journée plutôt que d’entretenir son corps), amour de ses étudiants et amour de son travail.
L’homme : Les étudiants le lui rendent évidemment bien, car son cours est très souvent rythmé d’applaudissements qui échappent certainement à leurs auteurs sans doute pris dans l’extase d’un savoir et d’un savoir-faire magnétisants. Tous les Professeurs de philosophie de son époque sont brillants, excellents même, mais trois choses font sa particularité.
La première est que le type de relation qui le lie aux étudiants va au-delà de la simple pédagogie, car profondément humaniste, Mamoussé n’hésite pas à se transformer conjoncturellement en assistant social.
La deuxième chose, c’est qu’avec lui l’étudiant est constamment dans la même posture que les disciples de Socrate face au père de la philosophie. S’il ne fait pas de la maïeutique en classe, il aboutit souvent au même résultat : partir des difficultés ou de ce que l’étudiant ne comprend pas pour l’inciter à conquérir la science, moyennant des questions et des suggestions qui font réfléchir. Il n’y a presque pas de questions incongrues ou stupides dans son cours, ce qui a l’avantage de mettre les étudiants dans un état de confiance propice à l’effort de réflexion.
La troisième est relative à sa modestie, qui explique son accessibilité. Il a la patience et la modestie requises pour comprendre les difficultés que rencontre son étudiant afin de transformer son ignorance en mine d’idées à ennoblir en briques dans l’édification de la connaissance. Pour la communauté universitaire, Mamoussé Diagne fait partie des Professeurs les plus respectés de l’Université de Dakar.
Ses pairs le respectent et l’admirent non pas parce qu’il a été premier agrégé en philosophie, mais par son humanité et son urbanité. Mamoussé est la figure du philosophe, c’est-à-dire ce postulant à la sagesse chez qui savoir et savoir-être sont indistinctement au service de l’homme. Il n’y a aucune rupture entre la discipline qu’il enseigne, sa façon particulière de l’enseigner et son mode, ou plutôt son art, de vivre. S’il est vrai, comme le rappelle P. Hadot, que chez les Grecs le choix d’une école philosophique est d’abord et avant tout le choix d’une école de vie, chez Mamoussé aussi on peut dire que la philosophie est carrément une vie. La sobriété qui a caractérisé les philosophes, y compris même ceux qui se réclament de Dionysos (dieu de la vigne et du vin, donc de la démesure) est, chez le philosophe sénégalais, un culte.
Dans son commerce (toujours fécond) avec les autres, il se singularise d’abord par sa capacité d’écoute. Ah quelle politesse ! Il ne coupe presque jamais personne et est disposé à écouter religieusement ce que d’aucuns considéreraient comme des platitudes qui ne méritent aucune attention. Quelle élégance ! Aucun universitaire, aucun collègue, aucun étudiant n’a jamais vu Mamoussé faire des réprimandes publiques à un étudiant, serait-il le plus controversé. Il a toujours les mots et l’humour suffisants pour apaiser et mettre en confiance ses interlocuteurs. Digne héritier de Socrate sur ce point, il a intégré le principe selon lequel dans une discussion les positions sont interchangeables et que, comme le suggère la parabole wolof, la vérité est comme une aiguille égarée : elle peut être retrouvée aussi bien par le jeune que par le vieux.
L’homme politique : l’œuvre de Mamoussé Diagne serait une espèce de symphonie inachevée si elle n’avait pas une dimension politique. S’il est vrai que Socrate se refusa de faire de la politique parce que cela lui semblait incompatible avec la justice, Sartre fut un philosophe très engagé. Il en est de même pour Mamoussé Diagne : acteur de Mai 68, il n’a certes pas fait de la politique un métier, mais il lui a consacré son temps de loisir. L’otium (loisir) dont on dit qu’elle est la mère de la philosophie est aussi pour beaucoup d’intellectuels le statut de la politique. Jamais chez lui la politique n’a été envisagée comme autre chose qu’un ensemble de recettes et d’idées susceptibles de rendre la cité heureuse.
Son engagement avec ses regrettés amis feu Iba Der Thiam dans la Cdp/Garab-gui, Souleymane Loum, Falaye Noël Diop, Ibrahima Lyra Diop, et Thierno Lô, Alassane Ba, Ibrahima Fall, Youssou Sow etc. témoigne de son état d’esprit dans ce domaine et de sa conception très noble de la politique. Car, comme l’a enseigné Platon, la politique sans la Diké (justice) et l’Aidôs (révérence, pitié, honneur) serait la pire entreprise humaine. Quand on théorise les valeurs du Jom, du Ngor, etc., on ne peut pas s’engager avec légèreté en politique ; et c’est ce qu’a compris Mamoussé. Son passage éclair au ministère de l’Enseignement supérieur ne lui a laissé aucun sentiment d’amertume.
Au contraire, il a, à travers cette station, rendu service à sa Nation dans l’honneur, la dignité et la justice. Ce n’est pas en quelques lignes qu’on réussira à rendre hommage à une icône comme Mamoussé Diagne. L’immensité de l’homme est telle qu’on ne pourrait que maladroitement et médiocrement lui rendre l’hommage qu’il mérite en plusieurs volumes. La faiblesse ou le péché de notre société actuelle, c’est qu’elle n’est pas programmée pour accorder à ses élites (surtout intellectuelles) la place qui devrait être la leur. Il faut à ce titre rappeler le devoir de mémoire et celui de reconnaissance qui nous incombent tous à l’égard des personnes qui ont donné le meilleur de leur vie pour un Sénégal qui brille dans tous les domaines.
Comment comprendre que des intellectuels comme Pathé Diagne, Souleymane Bachir Diagne, Souleymane Niang, Mary Teuw Niane, Souleymane Mboup, pour ne citer que ceux-là, ne soient pas célébrés dans ce pays ? Comment faire pour que, de leur vivant, ces héros sachent que la nation mesure à sa juste valeur le sacrifice qu’ils ont consenti dans leur domaine ? Comment comprendre qu’il n’y ait pas à l’Université Cheikh Anta Diop des journées dédiées à ces illustres Professeurs ? Des journées sous forme de symposium annuel, de banquet, etc. autour de leur œuvre permettraient au moins aux étudiants de savoir que leur Université a été et devrait demeurer un véritable temple du savoir. Les premiers consommateurs des œuvres des Professeurs sénégalais doivent être les étudiants, car l’ouverture dans le monde ne saurait être féconde sans un véritable enracinement.
«LES GENS SE COMPORTENT COMME SI LA PANDEMIE ETAIT TERMINEE»
Le Pr Moussa Seydi espère sur l’implication des chefs religieux pour aplatir la courbe actuelle des infections qui est remontée en flèche
Avec 80 cas positifs au coronavirus enregistrés hier dont 47 issus de la transmission communautaire, le directeur du Service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann est très préoccupé par le retour des rassemblements sans protection. Pr Moussa Seydi espère sur l’implication des chefs religieux pour aplatir la courbe actuelle des infections qui est remontée en flèche.
Le rendez-vous matinal pour la lecture du communiqué sur la situation du Covid-19 redevient plus ou moins très attendu. Face à l’explosion des cas positifs, on ressent la tension. Hier, 80 nouvelles infections ont été enregistrées sur un échantillon de 1 054 tests. Soit un taux de positivité de 7,59 %. Il s’agit de 33 cas contacts et 47 issus de la transmission communautaire.
Ils ont été localisés à Mbour (7), Saint-Louis (6), Dakar Plateau (3), Richard Toll (3), Yoff (3), Almadies (2), Fann Résidence (2), Mermoz (2), Touba (2), Cité Keur Damel, Cité Keur Gorgui, Derklé, Fatick, Foundiougne, Gossas, Guédiawaye, Hlm, Kébémer, Liberté 6, Louga, Maristes, Ngor, Niary-Tally, Ouest-Foire, Parcelles Assainies, Sacré-Cœur. Il s’agit d’un véritable maillage du territoire. Il faut aussi souligner que 10 patients ont été déclarés guéris. Mais un décès lié au Covid-19 a été enregistré, informe le porte-parole du ministère de la Santé et de l’action sociale, avec 7 cas graves dans les services de réanimation.
Depuis le 3 mars dernier, 16 mille 297 personnes ont contracté le virus dont 15 mille 707 guéries 336 décès et 253 patients encore sous traitement dans les différents centres de traitement ou à domicile. Ce dernier chiffre montre un peu l’envolée qu’a connue la maladie ces derniers temps avec près de 200 cas de coronavirus enregistrés ces dernières 72 heures.
Cette situation inquiète le personnel médical, à l’image du Pr Moussa Seydi, qui alerte sur les dangers d’une deuxième vague. «L’appui des chefs religieux nous a été extrêmement utile. Vous avez vu les rassemblements qui auraient pu créer une catastrophe, mais au final cela s’est bien passé et il n’y a pas eu d’impact majeur. Parce que les chefs religieux ont insisté pour que les mesures recommandées par le ministère de la Santé et de l’action sociale soient respectées. Mais depuis quelque temps, il y a un laisser-aller. Il est courant de voir des rassemblements un peu partout. Et quand on regarde bien, c’est souvent des rassemblements religieux. Dans les quartiers, on bloque les rues, les gens se comportent comme si la pandémie était terminée», dit Pr Moussa Seydi au micro de Radio Sénégal.
Conscient de la complexité de la situation, le directeur du Service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann fait un plaidoyer : «Donc, je voudrais profiter de cette occasion pour lancer un message à ces grands chefs religieux qui nous ont toujours soutenus et qui continuent de nous soutenir par leurs décisions et les messages, qu’ils puissent discuter avec les autres chefs religieux qui ont un leadership moins fort pour que ces derniers aussi puissent revenir à de meilleurs comportements afin d’éviter des rassemblements tous azimuts, tous les week-end, tous les jours. Cela va créer des problèmes. J’ai des preuves indiscutables que ces rassemblements religieux se font dans les quartiers à gauche et à droite sans aucune mesure de protection», informe-t-il.
LES ACTEURS DU TRANSPORT CRAIGNENT LE PIRE
Quand la pandémie était dans des proportions importantes, les autorités étatiques avaient décrété un état d’urgence assorti d’un couvre-feu pour contenir la montée de la maladie.
Les annonces du président de la République suivies de celles du ministre de la Santé évoquant une plus grande rigueur dans le respect des mesures barrière sont fini de secouer les acteurs du transport. Après avoir vécu une disette à cause des restrictions, ils sont prêts à s’impliquer dans le respect des mesures barrières. Mais ils ne veulent pas entendre parler de limitation de passagers.
Quand la pandémie était dans des proportions importantes, les autorités étatiques avaient décrété un état d’urgence assorti d’un couvre-feu pour contenir la montée de la maladie. Des mesures qui avaient été accompagnées par des décisions fortes. Parmi elles, la limitation du nombre de passagers dans les transports en commun. Chez les bus Tata, cars Ndiaga NDIAYE et autres Cars rapides, plus de passagers debout dans les véhicules particuliers et clandos, le nombre de passagers était limité au chauffeur et à deux autres passagers. De fortes restrictions qui avaient fini d’installer une vraie crise chez les acteurs du secteur. Entre baisse des recettes, rareté des clients, la période d’avril à août fut terrible. Selon Balla Fall, chauffeur de la ligne 40, résidant à Hann Mariste, les recettes avaient connu une baisse de près de 60% avec la limitation du nombre de passagers. Aujourd’hui, avec une hausse des cas de contamination, beaucoup redoutent déjà une deuxième vague. Et les autorités sanitaires semblent être dans l’anticipation. «Il y a une mobilisation nationale à reprendre. Il faut absolument se lever comme un seul homme pour que tout le pays soit debout afin que ces mesures barrières entrent dans la routine des sénégalais…Nous devons nous rendre à l’évidence, être réalistes pour constater que quelque chose est en train de se passer. Il faut absolument le strict respect de l’arrêté du ministre de l’Intérieur sur les mesures barrières. Des dispositions idoines seront prises pour que cet arrêté en vigueur jusqu’au 5 janvier soit scrupuleusement respecté». C’est en somme ce qu’a annoncé le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr. Même s’il n’a pas annoncé officiellement la limitation du nombre de passagers dans les transports, l’inquiétude gagne déjà les acteurs.
INQUIÉTUDE PALPABLE
A la Cité des Eaux, la circulation est très difficile en cette fin de journée. A la station de taxis qui fait face à l’agence de Sen’Eau, c’est le débat du jour. « Ne vous trompez pas, on va vers la restriction. Le ministre est juste en train de préparer les gens. Moi je n’en doute plus. On va vers de nouvelles restrictions », dit ce chauffeur de taxi, l’air dépité. Selon lui, cette mesure serait une catastrophe pour les acteurs du transport. « Nous n’avons même pas fini de nous remettre de la dure période de disette, si on doit limiter les passagers à nouveau, je vends mon taxi et retourne au village », dit-il d’un ton ferme.
Chauffeur de Ndiaga NDIAYE faisant l’axe Ucad-Pikine, cet homme de forte corpulence a l’air résigné. «Depuis que j’ai entendu le Président alerter sur la situation, j’ai compris qu’on allait tout droit vers ça. Mais comme c’est une mesure drastique, ils prennent le temps de nous préparer», estime-t-il. C’est pourquoi il a d’ailleurs décidé de prendre les devants. Depuis deux jours, dit-il, les heures de travail ont été augmentées. « J’arrêtais à 21 heures au plus tard, maintenant je vais jusqu’à minuit. Il faut faire le maximum d’économies. La première expérience nous a beaucoup servi. Et comme les pays développés ne sont pas à l’abri, nous autres sous-développés devons être intelligents », dit-il. Du côté des chauffeurs de clandos, l’inquiétude est la même. À juste raison. « Le Clando qui quitte l’entrée de Hann Mariste pour l’Ecole japonaise, il prend4clients. Si vous lui dites de n’en prendre que 2, c’est que vous lui dites de travailler à perte. Lors des restrictions, beaucoup avaient tout simplement décidé de garer leurs véhicules», explique Maloum, au volant de sa Peugeot 205, apparemment marquée par le poids de l’âge.
PRETS A PORTER LE PLAIDOYER POUR LE PORT DU MASQUE
Après l’expérience passée, les transporteurs ne veulent plus entendre parler de restrictions. Elles leur seraient fatales. Pour l’éviter, ils sont prêts à jouer leur partition. Masque en wax bien vissé, ce chauffeur de forte corpulence estime d’ailleurs que les chauffeurs n’ont pas été assez impliqués dans la riposte. « Nous pouvons exiger que tous les clients portent un masque. Nous sommes prêts à mettre notre argent pour acheter du gel qu’on remettrait à tous les passagers. Toutes les forces doivent être mobilisées et impliquées », estime-t-il. Parce que, selon lui, avec un vaccin et des mesures de précaution, on peut trouver des solutions à une crise sanitaire, mais pour une crise économique, il faut énormément de temps pour se relever. «Les restrictions avaient mis beaucoup de personnes au chômage. Maintenant il faut que chacun s’y mette pour ne pas vivre le même scénario », suggère-t-il.
LES ALLO DAKAR ET HORAIRES SOUFFRENT EN SILENCE
Parmi les victimes des mesures barrières, les transporteurs interurbains communément appelés Allô Dakar avaient souffert. En effet, l’autorité avait décidé d’interdire le transport interurbain. Ils en avaient souffert. Mamoudou Wone est chauffeur. Originaire de Thiambé dans le département de Ourossogui, il fait la navette Dakar-Ourossogui. « La premier chose que je regarde en recevant le point du jour, c’est le nombre de cas dans les régions. Je suis sûr persuadé qu’à ce rythme, il n’est pas exclu de retourner à cette décision. La France l’a fait et si vous regardez bien, toutes les dispositions qui ont été prises ici ont des ressemblances avec celles de la France. Eux sont retournés en confinement», dit-il avec amertume et inquiétude. Farba Fall lui, faisait le Allo Dakar entre Touba et la capitale. Mais pour lui, il n’y a pas à chercher loin. Le Sénégal va tout droit vers les mesures de restrictions. Pour parer à ces éventualités, il a changé de business. « J’ai décidé de me reconvertir dans le transport d’élèves. Au moins, en cas de nouvelles mesures, j’aurais une idée de ce qui m’attend», dit-il.
LES AUTORITÉS POINTÉES DU DOIGT
Pour la plupart des personnes interrogées, si aujourd’hui le respect des mesures barrières est discutable, la faute est aux autorités. En effet, dit ce gérant de multiservices, officiellement, le port du masque est toujours en vigueur. « Mais si vous voyez que les autorités elles-mêmes ont cessé de le porter, c’est comme si elles disaient aux gens : baissez la garde. Lors de la tournée économique du Chef de l’Etat, il y avait une foule énorme. Aucun respect des mesures barrières. Qu’on le veuille ou pas, c’est le message qu’on envoie aux gens », peste-t-il. Patron d’une entreprise de livraison, Khalil pointe aussi du doigt les responsables.
Selon lui qui a l’habitude de fréquenter les bureaux, les mesures barrières ont disparu depuis longtemps. « C’est rarement que je trouve un service ou tout le monde porte un masque et respecte la distance physique. Tout le monde avait fini de penser que le virus avait quitté le pays. Aujourd’hui, on ne sait plus où donner de la tête », peste-t-il. Quoi qu’il en soit, le Chef de l’Etat avait alerté : «une deuxième vague serait insupportable pour notre économie.» |
MACKY SALL NE DOIT PAS LÂCHER LE POUVOIR
C’est l’intime conviction d'Abdoulaye Babou qui ajoute que juridiquement rien n’empêche le patron de l’Apr de se présenter en 2024
Le président Macky Sall a le droit d’être candidat à sa propre succession à la prochaine élection présidentielle de 2024. C’est l’intime conviction de Me Abdoulaye Babou qui ajoute que juridiquement rien n’empêche au patron de l’Apr de se présenter en 2024. Évoquant le compagnonnage entre Macky Sall et Idrissa Seck, Me Babou a exprimé son pessimisme de le voir durer dans le temps.
S’il le souhaite, Macky Sall peut se présenter à l’élection présidentielle de 2024. Rien ne l’en empêche du point de vue juridique. C’est en substance la position de l’ancien ministre Me Abdoulaye Babou. «Le Président Macky Sall n’est pas prêt à lâcher le pouvoir et je crois qu’il ne doit pas le faire. J’ai déjà donné mon point de vue sur ce que les autres appellent troisième mandat. Je suis juriste et j’ai déjà étudié la Constitution de fond en comble surtout depuis la réforme de 2016. Cette réforme, en son article 27, règle deux problèmes à savoir la durée du mandat présidentiel qui est de cinq ans et qui dit clairement que nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs», souligne Me Abdoulaye Babou.
Poussant plus loin dans son argumentaire, l’ancien ministre sous le régime libéral considère que le Président Macky Sall a fait un premier mandat de cinq ans qui s’achève en 2024. «Dès lors, il a le droit juridiquement de se présenter pour un second mandat de cinq ans. Je le dis et je le répète : la Constitution n’a jamais parlé de troisième mandat. La loi ne parle pas des sept ans avant la réforme et il n’y a pas de mesures transitoires. On ne peut pas changer la Constitution pour viser la seule personne du Président Macky Sall», tranche l’ancien responsable de l’Alliance des Forces de Progrès (Afp).
Quant aux retrouvailles entre le chef de l’Etat et Idrissa Seck, nouveau président du Conseil économique social et environnemental(Cese), Me Abdoulaye Babou prédit qu’elles feront long feu. « Idrissa Seck est un homme politique très avisé qui a passé toute sa carrière sous l’ombre du Président Abdoulaye Wade. Mais tout le monde sait comment ça s’est terminé entre eux. Il nourrit des ambitions présidentielles. Un poste de Premier ministre ou une autre fonction ne le fait pas rêver. Il reste maintenant à savoir si l’ambition d’Idrissa Seck est compatible avec celle du Président Macky Sall. Je ne pense pas que ce compagnonnage entre les deux aille loin. Ils sont en train de jouer à cache-cache, mais 2024 arrivera», dit-il.
Et Me Abdoulaye Babou d’ajouter : « Idrissa Seck n’est pas sur le droit chemin pour devenir président de la République. D’abord il a commencé par se séparer de ses principaux lieutenants dont le dernier en date est son ami fidèle Déthié Fall qu’il a destitué de son poste de vice-président de Rewmi. Qui plus est, il n’aura pas l’assise nécessaire pour être en pole position pour la présidentielle de 2024».
LES ACTEURS DE LA PECHE RUENT DANS LES BRANCARDS
Les pêcheurs de la Petite Côte n’iront pas en mer du vendredi au dimanche prochain. Pour cause, ils protestent contre les accords signés par l’Etat du Sénégal autorisant des navires européens à pêcher dans les eaux du Sénégal.
« Tous au parc piroguier !» Le mot d’ordre lancé par les pêcheurs de la Petite Côte, qui sont très remontés contre l’Etat du Sénégal, a été massivement suivi. Pour protester contre l’octroi des licences de pêche et des accords avec l’Union européenne, les acteurs ont organisé un sit-in au niveau du parc piroguier et ont décrété une grève de trois jours.
Les pêcheurs de la Petite Côte n’iront pas en mer du vendredi au dimanche prochain. Pour cause, ils protestent contre les accords signés par l’Etat du Sénégal autorisant des navires européens à pêcher dans les eaux du Sénégal.
Après l’interdiction de la marche nationale qui a été prévue entre la place de la Nation (ancien place de l’obélisque) au rond-point RTS (Dakar), les acteurs ont tenu plusieurs manifestations dans leur fief. A Ngaparou, Mbour et Joal (CLPA de Sindia Nord et CLPA de Sindia sud) des sit-in suivis et des points de presse ont été organisés pour dénoncer les accords signés par le gouvernement du Sénégal.
Pour les acteurs, les licences de pêches octroyées à des bateaux étrangers constituent un réel danger pour la pêche artisanale qui, depuis deux ans, traverse une crise à cause de la rareté de la ressource. Abdoulaye Ndao, trésorier national de l’UNAPASS, s’insurge en soutenant: «Nous avons tenu à Mbour aussi bien que dans les autres zones de la Petite Côte des conférences de presse pour dénoncer les conditions dans lesquelles nous vivons. Aujourd’hui, nous sommes fatigués de la crise que nous traversons dans le secteur de la pêche à cause de la présence des bateaux de pêche qui ont fini de capturer tous nos poissons.
En 2006, tout le monde savait qu’il y avait une vague d’émigrations clandestines, mais cette situation est différente de cette année où des pêcheurs ont vendu leur matériel pour s’exiler en Europe. Les pêcheurs ne parviennent plus à obtenir la dépense quotidienne», a dénoncé le trésorier de l’UNAPASS. Pour attirer l’attention du chef de l’Etat, les acteurs demandent au Président Macky Sall de geler les accords de pêche et d’organiser les états généraux de la pêche artisanale.
D’ailleurs, Pape Modou Dione qui est l’un des porte-parole des pêcheurs s’interroge sur la nécessité de ces accords de pêche et l’octroi des licences alors que paradoxalement, depuis 2017, l’Etat a arrêté l’immatriculation des pirogues. «L’Etat se vante d’avoir subventionné des moteurs à hauteur d’un million à l’unité mais ces mêmes moteurs coûtent moins de 850 mille francs pour le prix normal en Gambie.
Pire, la qualité pose un sérieux problème car lorsque nous achetons les moteurs subventionnés, après 5 mois d’utilisation, nous sommes obligés de dépenser 500 000 F pour une réparation. Donc dire qu’on subventionne le secteur de la pêche à coût de milliards n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux pour pouvoir justifier l’utilisation des milliards qui proviennent des accords et licences de pêche», a fustigé Pape Modou Dione. Ce vendredi, les villes de Mbour et Joal sont devenues des villes mortes à cause de l’arrêt systématique des activités halieutiques qui sont les activités économiques dominantes de ces villes.
Pour corser le combat, les mareyeurs, les vendeuses de poissons et femmes transformatrices ont adhéré au combat des pêcheurs. Les tables et étals de poissons ont été abandonnés et les voitures frigorifiques stationnées. Cet acte, à les en croire, n’est qu’un premier pas posé car les acteurs avertissent que pour les semaines ou les mois à venir, la lutte sera corsée parce qu’ils estiment que la mer est leur banque de trésor que les bateaux ont fini par mettre en faillite.
INDÉPENDANCE, LE RÊVE ET LA RÉALITÉ
Portée par les partis dits radicaux et par la jeunesse, l’idée d’une émancipation totale s’est heurtée au Sénégal aux résistances des chefs traditionnels et des politiques, soumis à la pression française
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 05/12/2020
Il pensait être accueilli avec chaleur. Pourtant, c’est escorté par des slogans hostiles et des pancartes réclamant l’indépendance que Charles de Gaulle rejoint le palais du gouverneur, dans le centre de Dakar, ce 26 août 1958. Le Sénégal est la dernière étape de sa tournée africaine de consultation des territoires. Le choix proposé est simple : l’intégration dans la Communauté française – association politique entre Paris et son empire colonial – ou l’indépendance immédiate.
Au passage du cortège, puis, plus tard, sur la place Protêt, les militants brandissent leurs banderoles. Parmi eux, Assane Masson Diop, 17 ans, qui milite au sein du Conseil de la jeunesse, affilié, entre autres, à la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf). « Il y avait beaucoup de monde, des personnes de tous les âges. Nous étions ravis de pouvoir exprimer publiquement notre désir d’indépendance », se souvient-il.
« Les porteurs de pancartes »
Face à cette foule, de Gaulle glisse dans sa poche le discours qu’il avait préparé. Il vient déjà d’être échaudé à Conakry, où Sékou Touré lui avait réservé un accueil glacial et avait manifesté son désir de s’affranchir de la tutelle de la France. Il choisit donc de s’adresser directement à ceux qu’il appelle avec dédain « les porteurs de pancartes », une expression qui restera, de même que cette phrase lâchée dans un mouvement d’agacement : « Ils veulent l’indépendance ? Qu’ils la prennent ! »
Et le général d’ajouter cependant : « Je suis sûr que, malgré les agitations systématiques et les malentendus organisés, la réponse du Sénégal et de l’Afrique à la question que je lui pose, au nom de la France, sera “oui, oui, oui” ! »
L’Histoire lui donnera à la fois tort et raison. Le 28 septembre, le Sénégal choisira de demeurer dans le giron français. Mais il accédera à l’indépendance moins de deux ans plus tard. Pas tout à fait au moment où les « porteurs de pancartes » l’attendaient, ni dans les modalités auxquelles ils aspiraient.
Une indépendance totale et immédiate
Ce jour d’août 1958, c’est l’homme qui tient tête à de Gaulle qui porte cette espérance : Valdiodio N’diaye, 35 ans, jeune ministre de l’Intérieur. Il fait partie du premier gouvernement sénégalais, dirigé par Mamadou Dia, alors soigné en Suisse, tandis que le président du Bloc démocratique sénégalais, le député Léopold Sédar Senghor, a quitté le pays – ou « fui », diront certains – pour passer des vacances en Normandie.
Face au président français, Valdiodio N’diaye ne flanche pas : « Le peuple d’Afrique, comme celui de France, vit des heures qu’il sait décisives et s’interroge sur le choix qu’il est appelé à faire. Il ne peut donc y avoir aucune hésitation. La politique du Sénégal, clairement définie, s’est fixé trois objectifs, qui sont, dans l’ordre où elle veut les atteindre : l’indépendance, l’unité africaine et la Confédération. »
DEUX OUSTAZ ET UN IMAM DEFERES POUR AVOIR BATTU A MORT UN TALIBE
Al Ansar”, un internat situé dans la commune de Malicounda, risquent gros. Abdourahmane Diallo, Seydou Ndiaye et Lena Dieng respectivement deux oustaz et un imam, ont été déférés au parquet
Deux Oustaz et un imam ont été déférés au parquet hier. Oustaz Abdourahmane Diallo, Oustaz Seydou Ndiaye et imam Lena Dieng ont été arrêtés puis déférés par la brigade de recherche de la gendarmerie de Saly auprès du procureur du tribunal de grande instance de Mbour, pour avoir battu à mort un de leurs talibés.
Al Ansar”, un internat situé dans la commune de Malicounda, risquent gros. Abdourahmane Diallo, Seydou Ndiaye et Lena Dieng respectivement deux oustaz et un imam, ont été déférés au parquet hier par la brigade de recherche de la gendarmerie de Saly. En effet, le 24 du mois de novembre passé, le talibé du nom de C N Dieng a été amené au daara par son père. Deux jours plus tard, l’enfant a fugué et est retourné chez lui à Joal.
Son père qui voulait que son fils maîtrise le Coran le ramena à l’internat avant de repartir à Joal. C’est ainsi que les maîtres coraniques, qui étaient très remontés contre le jeune P N Dieng, ont décidé de le corriger devant ses camarades pour qu’il cela serve d’exemple à ceux qui seraient tentés de faire comme le jeune fugitif. Devant la mosquée du daara, ils ont ligoté le jeune et l’ont tabassé avec des câbles électriques. Finalement l’adolescent, blessé par ses bourreaux, va succomber. Constatant que l’enfant était inerte, ils appellent le père qui illico presto rebrousse chemin et arrive au daara sis dans la commune de Malicounda.
Dans la nuit, ils (les bourreaux) ont voulu convaincre le père pour que l’enfant soit inhumé à cette heure tardive. Le vieux Dieng, convaincu dans un premier temps par les responsables du daara que son fils a subi une chute fatale, va tout de même demander que son fils soit enterré après le lever du jour. Mais lors de la toilette mortuaire, le pater constate des traces de violence assez graves. Ainsi, le vieux Dieng s’oppose à son inhumation et fait appel à la brigade de recherche qui, sur le champ, entre en action. Le corps sans vie sera transporté à l’hôpital départemental de grand Mbour pour les besoins d’une autopsie qui a permis au médecin légiste de confirmer que l’adolescent a succombé après avoir subi des sévices corporels.
Forts de ce constat, les pandores ouvrent une enquête. Dans un premier temps, les responsables vont nier les faits. Mais après avoir été cuisinés par les hommes en bleu, ils ont fini par avouer leur forfait. Après la durée de la garde à vue légale, Oustaz Abdourahmane Diallo, Oustaz Seydou Ndiaye et Imam Lena Dieng ont été déférés auprès du procureur du tribunal de grande instance de Mbour qui va sceller leur sort.
L’ETAT ADOPTE UNE NOUVELLE FORMULE
Apparemment, l’Etat ne supporte plus les nombreuses déclarations de marche qu’elle reçoit quotidiennement, surtout celles venant de certaines organisations comme Frapp, Noo Lank, etc.
Apparemment, l’Etat ne supporte plus les nombreuses déclarations de marche qu’elle reçoit quotidiennement, surtout celles venant de certaines organisations comme Frapp, Noo Lank, etc. Pour contrer cette situation, une nouvelle formule a été adoptée consistant à placer en garde-à-vue les personnes venues déposer des lettres d’information de manifestation.
L’Etat a adopté une posture radicale face à certaines catégories de manifestants. Il n’hésite pas à mettre au gnouf les protestataires les plus intrépides et qui ne restent pas souvent une semaine sans déclarer auprès de l’autorité une marche. Et le stratagème pour le pouvoir, c’est d’attendre qu’ils viennent déposer leur lettre d’information chez l’autorité déconcentrée pour les intercepter et les mettre derrière les barreaux. C’est dans ce sens d’ailleurs que quatre membres de la plateforme «Noo Lank» ont été arrêtés hier alors qu’ils étaient juste venus déposer une lettre d’information à la préfecture de Dakar. Un fait qui a irrité leurs compagnons de «guerre» parmi lesquels le Front multi-lutte DOYNA.
Dans une note parvenue à «L’As», le Front a dénoncé cette situation non sans exiger leur libération immédiate. A en croire la plateforme de contestation, ces arrestations font suite à deux arrestations de Guy Marius Sagna mercredi dernier juste pour le dépôt d’une lettre à la gouvernance de Dakar, et pour le dépôt d’une lettre à la préfecture de Dakar. Cela fait également suite à l’arrestation des camarades de «Y en a marre» pour un dépôt de lettre à Sonatel Orange, lit-on toujours dans le communiqué parvenu à la rédaction.
En plus de cela, il faut ajouter, à en croire Guy Marius Sagna et Cie, les interdictions régulières de manifestation à Ziguinchor, à Rufisque, à Dakar... Ils expriment leurs inquiétudes face à ce qui apparaît comme un tour de vis liberticide effectué par l’administration du Président Macky Sall, avant de dénoncer la volonté du gouvernement du Sénégal de museler les citoyens. Pour la plateforme DOYNA, la seule façon de museler le peuple est de satisfaire ses revendications. La plateforme DOYNA informe en outre l’opinion qu’une manifestation aura lieu le lundi 07 novembre prochain à 15h à la Place de l’Indépendance pour le recrutement des animateurs culturels, des 174 ex-contractuels de la Senelec, des 50 enseignants des classes passerelles, des 14 agents techniques des eaux et forêts, des préparateurs en pharmacie.
Ainsi, renseigne-t-il, les agents techniques des eaux et forêts ont passé 8 nuits devant le ministère de l’Environnement sans être reçus par le ministre. Pour tous ces cas précités, Guy Marius Sagna et Cie estiment qu’il y a une urgence de les prendre en charge le plus rapidement possible. Ils ont tenu également à sensibiliser leurs membres de ne pas prendre les routes de l’émigration irrégulière. Ils leur demandent de se battre pour la prise en compte de leurs revendications par l’État du Sénégal. Ils affirment en définitive qu’il faut préférer les grenades lacrymogènes, les arrestations, les emprisonnements dans le cadre de luttes sociales plutôt que de prendre le désert du Sahara ou l’océan Atlantique.
MAMOUDOU IBRA KANE REVISITE LE SYMBOLE CONTRE L’APARTHEID
Dans le livre préfacé par Hamidou Sall, avec une postface de Benoît Ngom, le Directeur général du Groupe E-Média revient surles relations entre Nelson Mandela, symbole du combat contre l’Apartheid et le Sénégal
«Le Sénégal et Mandela : le Grand secret», c’est le titre du nouvel ouvrage du journaliste Mamoudou Ibra Kane, qui parait ce samedi 5 décembre aux Editions «Feu de Brousse», coïncidant avec la commémoration de la disparition de l’ancien président Sud-Africain décédé le 5 décembre 2013.
Dans le livre préfacé par Hamidou Sall, avec une postface de Benoît Ngom, le Directeur général du Groupe E-Média revient surles relations entre Nelson Mandela, symbole du combat contre l’Apartheid et le Sénégal. A travers des «récits vivants, courts et précis», Mamoudou Ibra Kane révèle un «grand secret d’Etat de30ans».
Autrement dit «Quand le Président Abdou Diouf sauva Nelson Mandela et son épouse Winnie d'une expulsion... de leur maison à Soweto». «Le Sénégal et Mandela : le Grand secret», fait de «révélations et d'anecdotes croustillantes», revisite la «solide relation entre le Sénégal et le père de la Nation arc-en-ciel».
Bref, le livre est un «hymne à la discrétion cultivée par les Grands Hommes (d'Etat) qui s'écartent de la lumière tout en donnant de l'éclat aux actes qu'ils posent».
En effet, «le mérite de Mamoudou Ibra Kane, c'est de reconstituer pas à pas le cheminement d'une relation d'Etat à État, basée sur une estime réciproque entre deux hommes aux trajectoires politiques atypiques». Le nouvel ouvrage du journaliste est traduit en anglais (The Great).
LE SUDES/ESR AFFICHE SES INQUIETUDES ET DESCEND EN FLAMMES CHEIKH OUMAR ANNE
Selon Dr Oumar Dia et ses camarades, l’année universitaire 2019-2020 n’est encore terminée dans aucune des universités publiques du Sénégal et la faute en incombe principalement au gouvernement et particulièrement et Cheikh Oumar Anne.
Le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/Enseignement supérieur et recherche (Sudes/Esr) qui affiche ses inquiétudes sur la nouvelle rentrée universitaire au regard de l’inachèvement des chantiers et du nombre insuffisant d’enseignants-chercheurs, descend en flammes le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Pour cause, selon Dr Oumar Dia et ses camarades, l’année universitaire 2019-2020 n’est encore terminée dans aucune des universités publiques du Sénégal et la faute en incombe principalement au gouvernement et particulièrement et Cheikh Oumar Anne.
«C’est globalement dans un contexte de délabrement très avancé de notre système d’enseignement supérieur que nos universités publiques s’apprêtent à accueillir un peu plus de 68000 nouveaux bacheliers. Cette situation est d’autant plus inquiétante que les infrastructures qui auraient dû être livrées depuis ne le sont pas encore et que le gouvernement refuse toujours de donner satisfaction à la revendication du Sudes /Esr de créer un minimum de 500 nouveaux postes de PER par an », rapporte le communiqué parvenu à notre rédaction hier, vendredi 4 décembre. Le Sudes/Esr dit avoir tiré la sonnette d’alarme sur les manquements depuis l’année dernière. « Au tout début de l’année universitaire 2019/2020, le Sudes/Esr avait attiré l’attention du gouvernement et particulièrement de M. Cheikh Oumar Anne sur le fait que les recettes utilisées depuis des décennies et qui, ajoutées aux énormes sacrifices des enseignants et des étudiants, permettaient de sauver les années universitaires avaient atteint leurs limites objectives et qu’il fallait désormais des mesures fortes et quelque chose de radicalement nouveau pour sauver l’université sénégalaise d’un effondrement imminent.
Mais, malgré les alertes répétées du Sudes/Esr et sa grève d’avertissement du 04 décembre 2019, le gouvernement du Sénégal et son Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation n’ont, à aucun moment, pris la pleine mesure du problème de l’université sénégalaise et tiré les conséquences qui s’imposaient en termes de responsabilités à adopter et de décisions urgentes à prendre », a fait savoir le Sudes/Esr dans le communiqué. La même source d’ajouter : « la période qu’a duré l’état d’urgence sanitaire et la fermeture des universités était une occasion pour que tout ce qui devait être mis en place le fût. Malheureusement, rien de ce qui devait être fait par le gouvernement ne l’a été à ce jour et il est évident que d’autres universités s’acheminent vers des catastrophes similaires, voire pires que celle qu’a connue l’Université Assane Seck de Ziguinchor en 2019/2020 ». Ce qui fait dire à Dr Oumar Dia et ses camarades que « si la pandémie de la Covid19 peut servir de prétexte et d’excuses à M. Cheikh Oumar Anne pour justifier son incompétence et se dérober de ses responsabilités dans la situation actuelle des universités publiques sénégalaises, le Sudes/Esr tient tout de même à rappeler à l’opinion publique que l’année universitaire 2019/2020 avait déjà très mal démarré et que l’état d’urgence sanitaire décrété en mars 2020 a dû plutôt être une aubaine inespérée pour lui ».
« LE SUDES/ESR EXPRIME SON INDIGNATION SUITE À LA CRÉATION INCOMPRÉHENSIBLE ET INJUSTIFIABLE DE CE CAMPUS FRANCO-SÉNÉGALAIS »
En effet, le Sudes/Esr déprécie le campus franco-sénégalais tant magnifié par Cheikh Oumar Anne lors du vote du budget de son département. « Apparaissant sous plusieurs comme une façon pour l’État du Sénégal de mobiliser son énergie, ses ressources financières et foncières à la solution d’un problème français, le Sudes/Esr exprime son indignation suite à la création incompréhensible et injustifiable de ce campus qui valide et appuie la politique raciste décidée par le Président Macron qui a augmenté les droits d’inscription pour les étudiants africains et cherche à tout prix à leur fermer l’accès à l’espace européen », déclarent les syndicalistes. Le Sudes/Esr estime pour sa part que la « priorité de notre gouvernement devrait être le développement d’un système d’enseignement supérieur endogène de qualité, qu’il soit privé ou public, l’achèvement des chantiers qui trainent parfois depuis plus de dix ans, le recrutement d’enseignants-chercheurs en nombre suffisant et la mise aux normes des universités publiques pour qu’elles soient capables de mettre en place un encadrement bimodal plus efficient».
L’OFNAC INVITÉ S’AUTOSAISIR ET D’OUVRIR UNE ENQUÊTE SUR LE MARCHÉ DES MODEMS ORANGE
Sur leur demande de doter les PER et les étudiants d’ordinateurs, de bureaux et d’accès illimité à l’Internet pour la continuité pédagogique dans un contexte d’état d’urgence sanitaire, le Sudes/Esr demande à l’Ofnac de s’autosaisir. Ce, après avoir constaté que rien de ce minimum indispensable n’a été assuré par le gouvernement et Cheikh Oumar Anne. « En lieu et place de ce minimum indispensable et vital à l’Université sénégalaise, M. Cheikh Oumar Anne a distribué en début septembre aux enseignants des universités des modems orange d’accès à Internet de 02 go ne fonctionnant que si les collègues qui les utilisent paient les recharges nécessaires », dit le Sudes/Esr. Mieux, il s’interroge même sur la « régularité et la transparence du marché passé sur ces modems qui ne servent à rien ».