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26 juin 2025
par Elhadji Gora Sene
OÙ EN SONT NOS ARCHIVES PUBLIQUES ?
La « polémique » passation de service entre la présidente sortante du CESE, Aminata Touré et celui entrant Idrissa Seck pose à nouveau la problématique de la gestion des archives dans nos administrations et institutions publiques
La « polémique » passation de service entre le président sortant du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE), Aminata Touré et celui entrant Idrissa Seck pose à nouveau la problématique de la gestion des archives dans nos administrations et institutions publiques. En effet, les interventions médiatiques des deux principaux protagonistes, de cette affaire, laissent apparaître un imbroglio sur la question des archives, plus précisément leur transmission en cas de passation de service.
Au-delà de cette situation qui est loin d’être un cas unique, nombreux sont les précédents (non transmission des archives et documents administratifs à qui de droit) relevés dans nos administrations et institutions publiques, notamment lors des alternances politiques, remaniements gouvernementaux, remplacements de directeurs, dissolutions de services, départs à la retraite, pour ne citer ceux-là.
En principe, de telles situations (anormales et paralysantes) ne devraient pas se poser, d’autant plus qu’il n’y pas de vide juridique en la matière. En effet, la Loi n° 2006-19 du 30 juin 2006 relative aux archives et documents administratifs dispose en son Article 6 que : « Tout magistrat ou fonctionnaire, tout représentant, agent ou préposé d’une autorité publique ou de l’un des organismes visés à l’article 21, tout organisme privé chargé de la gestion d’un service public ou investi d’une mission de service public, tout officier public ou ministériel est tenu, lors de la cessation de ses activités, de transmettre à son successeur l’intégralité des archives dont il est détenteur en raison de ses fonctions ou de les transférer au service d’archives compétent[1]. »
Ainsi, nous notons que tout manquement à l’article ci-dessus constitue une violation qui doit être sanctionnée. À ce propos, la Loi d’archives susmentionnée dispose en son Article 26 que : « Quiconque aura volontairement altéré d’une manière quelconque ou détruit autrement que dans les conditions prévues par les textes en vigueur des documents administratifs ou des documents d’archives publiques ou d’archives privées confiés en dépôt, sera puni d’un emprisonnement de cinq à dix ans[2].» En dehors de la loi d’archives, différents arrêtés et notes services complètent, précisent et rappellent aux agents et services administratifs leurs obligations et responsabilités en matière d’archives et de documents administratifs.
Malgré l’encadrement sur le plan juridique et réglementaire, de nombreux manquements en matière d’archivage (non-respect de la législation archivistique, insuffisance des moyens matériels et financiers, manque de qualification professionnelle du personnel, absence de référentiels, locaux inadaptés à la conservation des archives, absence de services d’archives…) demeurent dans nos administrations et institutions publiques. D’ailleurs, les rapports d’audit des différents organismes de contrôle font état régulièrement de ces manquements qui constituent un obstacle à leur travail. D’où l’urgence d’agir afin de remédier à cette situation déplorable et handicapante pour le bon fonctionnement de nos administrations et institutions publiques.
Rappelons qu’au-delà de leur fonction scientifique, patrimoniale et mémorielle, les archives sont aussi des outils de gouvernance. D’une part, elles contiennent les informations et les données essentielles à la prise de décision des autorités ; et d’autre part elles conservent les justificatifs et les traces des actes et actions des agents et organismes administratifs. En d’autres termes, les archives participent à la bonne gouvernance et à la transparence qui demeurent à la fois des défis, des aspirations et des exigences dans notre pays.
En somme, notons que le Sénégal dispose d’une législation archivistique et des règlements qui encadrent toute action en la matière, et des archivistes bien formés et qualifiés. Le maillon manquant de la chaîne reste la volonté politique. Cette dernière, au-delà des discours, promesses et engagements, doit se traduire (entre autres actes) par l’application dans toute sa rigueur de la loi d’archives, le renforcement des moyens matériels et financiers des services d’archives, le recrutement d’archivistes au sein des administrations publiques et la construction de la maison des archives tant attendue par notre corporation.
Par ailleurs, notre responsabilité à nous autres archivistes est aussi interpellée comme le soulignait en 2015 dans une contribution le Professeur Ahmeth Ndiaye : « La récurrence du constat d’une mauvaise tenue des archives est en réalité la traduction de l’existence d’une crise profonde qui mérite une étude plus approfondie. La crise en effet est celle de l’institution qui incarne les archives, la crise de la profession et la crise de la fonction Archives elle-même[3]». Ainsi, nous devons agir comme le précise ces mots du Professeur Saliou Mbaye, ancien Directeur des Archives du Sénégal : « Il nous appartient à nous archivistes de relever le défi, de nous rendre indispensables dans une société qui a besoin de se souvenir, et, ainsi de créer les conditions d’un nouvel ordre archivistique national[4]. »
Elhadji Gora Sene est Doctorant en Sciences de l’information, de la communication et de la documentation
Université Paul-Valéry Montpellier 3
[1] Loi n° 2006-19 du 30 juin 2006 relative aux archives et documents administratifs
[2] Loi n° 2006-19 du 30 juin 2006 relative aux archives et documents administratifs
PRÈS DE 54 MILLIARDS DE FRANCS AU MINISTÈRE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
Les députés ont adopté le budget du ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion pour l’année 2021, arrêté à la somme de 53, 9 milliards, contre 58,8 milliards en 2020.
Dakar, 4 Dec (APS) - Les députés ont adopté le budget du ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion pour l’année 2021, arrêté à la somme de 53, 9 milliards, contre 58,8 milliards en 2020.
Cette baisse constatée par rapport à l’exercice précédent est liée aux aménagements ayant abouti à l’érection de l’Artisanat en ministère plein, a expliqué le Dame Diop au moment de défendre ce projet de budget devant les députés.
Le débat antérieur à l’adoption de ce budget ouvert peu avant 11 heures était dirigé par Alé Lo, un des vice-présidents de l’Assemblée nationale.
Pour l’année 2021, le budget de ce département est articulé autour de quatre programmes dont un portant sur le développement des offres de formation professionnelle et technique.
Des députés ont interpellé Dame Diop sur la nécessité de travailler au renforcement des lycées professionnels et techniques avec des perspectives pour l’enseignement supérieur, parallèlement à l’enseignement général.
C’est le cas notamment de Dioumo Souaré, un parlementaire de la majorité. Il a plaidé pour une revalorisation de certains métiers sur la base d’une spécialisation des régions en fonction de leur potentialité.
Il a également invité le ministre à travailler sur un ’’fichier national’’, lequel, calqué sur le modèle de Pôle-emploi en France,va permettre de recenser tous les demandeurs d’emploi et leur qualification.
En termes de perspective, Dame Diop a réaffirmé la volonté de son département d’orienter, à l’horizon 2030, quelque 30% des sortants du cycle fondamental (à partir du BFEM) vers la formation professionnelle et technique.
Il a aussi souligné la nécessité ’’d’enrôler’’ plus de jeunes dans les dispositifs de formation par apprentissage, avec comme priorité de ’’les accompagner (…) dans la réussite de la transition entre la qualification et l’accès à un emploi décent, notamment par l’auto-emploi.’’
’’Notre ambition est d’apporter une réponse adéquate à la problématique relative à la présence à la présence d’un secteur informel très important dans l’économie sénégalaise et qui est souvent constitué d’une main d’œuvre en manque de qualifications et d’apprentissage à la recherche de compétences professionnelles’’, a relevé le ministre Dame Diop.
Il a toutefois rappelé la nécessité de s’engager pour un changement de paradigmes en faisant en sorte que ’’l’enseignement professionnel ne soit plus une école de la seconde de chance, mais une vocation réelle chez les jeunes.’’
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GBAGBO OBTIENT SON PASSEPORT
L'ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle à Bruxelles, s'est vu remettre deux passeports et compte revenir dans son pays
L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle à Bruxelles après son acquittement en première instance par la Cour pénale internationale (CPI), a obtenu un passeport et envisage un retour en Côte d'Ivoire en décembre.
L'ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle à Bruxelles, s'est vu remettre deux passeports et compte revenir dans son pays dans les semaines qui viennent a fait savoir son avocate vendredi 4 décembre.
"Le président Laurent Gbagbo a reçu ce jour deux passeports, un ordinaire et un diplomatique", a écrit Me Habiba Touré dans un communiqué.
Une source proche de la présidence ivoirienne a confirmé que deux passeports lui avaient été délivrés.
"Ayant maintenant son passeport, il envisage de rentrer en Côte d'Ivoire au cours du mois de décembre", a poursuivi l'avocate, expliquant que Laurent Gbagbo avait demandé au secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI, le parti qu'il a fondé), Assoa Adou, d'"approcher les autorités compétentes afin d'organiser son retour dans la quiétude".
Laurent Gbagbo avait été arrêté à l'issue de la crise post-électorale de 2010-2011 – née de son refus d'accepter sa défaite face à Alassane Ouattara à la présidentielle et qui avait fait 3 000 morts – et transféré à la CPI en 2011. Il a été acquitté de crimes contre l'humanité en première instance en janvier 2019. Un appel est toujours à l'étude.
"Le sens de l'apaisement"
Laurent Gbagbo, âgé de 75 ans, a "salué" la délivrance de ce passeport comme étant un "acte qui […] va dans le sens de l'apaisement" et demande aux autorités ivoiriennes "de faire encore un pas de plus vers la décrispation du climat socio-politique", toujours tendu un mois après l'élection présidentielle qui a vu la réélection du président Alassane Ouattara pour un troisième mandat controversé, un scrutin émaillé de troubles ayant fait au moins 85 morts et près de 500 blessés.
Le feuilleton du passeport dure depuis plusieurs mois. Me Touré avait accusé en juillet les autorités de le lui refuser, notamment afin qu'il ne puisse pas rentrer dans son pays pour la présidentielle du 31 octobre.
La candidature de Laurent Gbagbo à la présidentielle avait été présentée en Côte d'Ivoire par ses partisans, mais invalidée par le conseil constitutionnel.
Le retour de l'ancien chef de l'État est l'un des points en discussion entre le pouvoir et une partie de l'opposition qui ne reconnaît pas la réélection du président Ouattara.
Ouattara en faveur du retour de Gbagbo
Celui-ci avait assuré à plusieurs reprises qu'il était favorable à un retour de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire. De source présidentielle, il a été apprécié que Gbagbo n'appelle pas à la "désobéissance civile" comme le reste de l'opposition lors du scrutin présidentiel, et se soit montré défavorable à la participation des cadres de son parti au "Conseil national de transition" proclamé par des opposants, censé remplacer le régime Ouattara.
Ces troubles ont débouché sur l'arrestation de personnalités politiques, dont le porte-parole de l'opposition, l'ancien Premier ministre, Pascal Affi N'Guessan et Maurice Guikahué, numéro deux du principal parti d'opposition.
Laurent Gbagbo fait toujours face, par ailleurs, à une condamnation à vingt ans de prison par la justice ivoirienne pour le "braquage" de la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest lors de la crise de 2010-2011.
LE FOOTBALL TIENT SON MUSÉE PAR LA GRÂCE DE PAPA BOUBA DIOP
L’annonce a valu une standing ovation au président de la République. Ce passage du discours de Macky Sall était comme attendu par toute l’assistance de la cérémonie d’hommage à Papa Bouba Diop
L’annonce a valu une standing ovation au président de la République. Ce passage du discours de Macky Sall était comme attendu par toute l’assistance de la cérémonie d’hommage à Papa Bouba Diop, sur le tarmac de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass. Le "Musée du football" qui sera érigé au Stade de du Sénégal, actuellement en construction à Diamniadio, va porter le nom de Pape Bouba Diop.
Au-delà du symbole du naming, il y a le fait que cela se situe justement dans son département de Rufisque qui l’a vu naître et grandir, mais également où il sera inhumé après une vie bien remplie. Il y aura donc un musée du football qui sera sans doute l’une des grandes attractions de ce stade dès qu’il sortira de terre.
Il n’y a pas encore beaucoup de trophées à y exposer mais de grands moments d’émotion y seront sûrement immortalisés à jamais et parmi eux, assurément, le tout premier but de l’histoire du Sénégal en Coupe du monde, occupera une place immense. Par la grâce de son auteur, Papa Bouba Diop, également élevé ce vendredi, au grande de chevalier de l’ordre national du Lion, à titre posthume.
PAPE BOUBA DIOP ÉLEVÉ AU TITRE DE GRAND OFFICIER DANS L’ORDRE NATIONAL DU LION
Le chef de l’Etat, Macky Sall, a élevé ce vendredi à titre posthume, le footballeur sénégalais, Pape Bouba Diop, au titre de Grand officier dans l’Ordre national du Lion, la plus haute distinction jamais décernée à un sportif sénégalais.
Dakar, 4 déc (APS) - Le chef de l’Etat, Macky Sall, a élevé ce vendredi à titre posthume, le footballeur sénégalais, Pape Bouba Diop, au titre de Grand officier dans l’Ordre national du Lion, la plus haute distinction jamais décernée à un sportif sénégalais.
Le président de la République a dans la foulée fait part de sa décision d’attribuer le nom de Pape Bouba Diop décédé dimanche en France à l’âge de 42 ans au Musée devant être érigé dans l’enceinte du futur Stade national du Sénégal en construction à Diamniadio, dans le département de Rufisque.
Le chef de l’Etat a présidé à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD) une cérémonie nationale d’hommage à Pape Bouba Diop dont la dépouille transportée par un vol de la compagnie nationale était arrivée aux environs de 16 heures.
Le président de la Fédération sénégalaise de football, Me Augustin Senghor, l’ancien coéquipier du défunt, El Hadji Diouf et un membre de la famille de Pape Bouba ont pris la parole lors de cette cérémonie.
L’auteur du but victorieux du Sénégal en match d’ouverture de la Coupe du Monde 2022 face à la France, sera inhumé dans sa ville natale de Rufisque, samedi.
COVID-19, LE SPECTRE D'UNE DEUXIÈME VAGUE
80 cas positifs au Coronavirus dont 47 issus de la transmission communautaires, enregistrés ce vendredi. Une première depuis plus de deux mois, alors que certains commençaient à théoriser l’immunité collective. Que s’est-il donc passé ?
Le Sénégal a enregistré, vendredi, 80 cas positifs au Coronavirus, dont 47 issus de la transmission communautaires. Une première depuis plus de 2 mois. Ce chiffre alarmant confirme la tendance haussière notée, depuis quelques jours, et qui a poussé les autorités sénégalaises, le chef de l’Etat en premier, à mettre en garde contre une deuxième vague de Covid-19. Ce, alors que certains commençaient à théoriser l’immunité collective. Que s’est-il donc passé ? Lesoleil.sn a donné la parole à des spécialistes pour un diagnostic de la situation sanitaire.
C’est le président de la République Macky Sall, lui-même, qui a tiré la sonnette d’alarme. « La bataille n’est pas tout à fait gagnée », s’inquiétait-il, jeudi 26 novembre dernier au cours de la cérémonie du Forum du numérique. Pour le chef de l’Etat, une éventuelle seconde vague de Covid-19 serait « insupportable pour l’économie du pays ».
Ce, alors que le Sénégal a l’un des taux de létalité le plus faible au monde. Le chef de l’Etat rappelait au respect strict des mesures barrières pour freiner la propagation des cas communautaires puisque « le virus est parmi des citoyens inconscients qui sont porteurs et qui le propagent ».
Quelques jours plus tard, le Professeur Souleymane Mboup, épidémiologiste, vient confirmer le chef de l’Etat. « Nous devons envisager sérieusement une seconde vague de l’épidémie de coronavirus », alertait le président de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef). Le scientifique a conforté une telle éventualité en se fondant sur le mouvement des populations qui arrivent parfois avec de « faux tests », la circulation du virus dans la sous-région et le début d’une seconde vague dans certains pays d’Afrique.
El Hadj Seydou Mbaye, virologue : « la situation risque de se compliquer »
Des sorties faites par deux grandes personnalités au moment où la tendance des nouveaux cas de coronavirus a considérablement haussé au Sénégal, avec 20 à 80 cas positifs quotidiens, contre une dizaine les dernières semaines, selon les derniers bilans journaliers rapportés par les services du ministère de la Santé et de l’Action publique.
PhD en biologie et pathologies humaines et membre imminent de la Société mondiale de virologie (Wsv, en anglais), El Hadj Seydou Mbaye, virologue établi à New York (Etats-Unis), s’est voulu clair : « si on continue ce ratio, environ 200 000 personnes vont d’abord périr de la Covid-19 », pour ensuite espérer atteindre le pic. « La situation risque de se compliquer davantage ! Le nombre de morts va augmenter d’ici quelques mois », a continué d’alerter ce membre du groupe de travail international BCNet du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l’Organisation mondiale de la santé (Oms).
Brandissant, en effet, des données statistiques, et en se basant sur des considérations virologiques, il soutient que pour espérer une diminution drastique des cas positifs, il faut que 60 % (environ 10 millions de personnes) de la population sénégalaise soient infectées. Car, d’après le virologue, notre pays ne dispose pas d’un équipement sanitaire adéquat pour mieux cerner le virus et le stopper, au cas où il serait contaminé.
Dr. Alioune Mbacké : « Il n’y a pas de deuxième vague »
De son côté, le Dr Alioune Mbacké, spécialiste en santé publique, appelle à la « prudence » parce que, confie-t-il à Leseolil.sn, le taux de positivité reste encore un indicateur fiable. « Si on augmente les tests, parallèlement les cas augmentent, mais si le taux de positivité ne varie pas trop, cela veut dire qu’il ne se passe pas grand-chose. Par contre, si ce taux augmente de manière significative, on pourra se dire que les choses se compliquent », a-t-il expliqué.
Le médecin-chef adjoint du district sanitaire de Richard-Toll reconnaît, toutefois, que le constat est général. « On a remarqué une réelle augmentation des cas en Occident, que ça soit en Europe, aux Etats-Unis et, rappelons-nous, les frontières sont rouvertes, les gens sont en train de voyager, même s’il y a des tests », ajoute le spécialiste en santé publique, qui pointe, dans le même sillage, des cas de trafic notés dans ces tests.
Mais, selon lui, « il n’y a pas de deuxième vague ». Parce que, persiste-t-il, « le nombre de cas avait baissé, juste parce qu’une réalité, on avait fermé les frontières, maintenant que tout est ouvert, on constate un retour massif d’émigrés du fait du froid dans leurs pays d’accueil ».
Covid-19 et épidémie de grippe
A cet effet, cet ancien membre du Comité d’alerte et de prévention du précédent Grand Magal de Touba a invité les autorités à renforcer les mesures barrières tout en attendant la disponibilité des vaccins anti-Covid-19. Il rappelle, d’ailleurs, que beaucoup de pays vont commencer à se vacciner dès la semaine prochaine et que normalement, d’ici mars ou avril, les pays sous-développés devraient disposer de leurs stocks.
« Mais on espère qu’après la vaccination, tout cela sera un mauvais souvenir, si, bien entendu, il n’y a pas une mutation du virus qui va changer de capital génétique. Et cela pourra être compliqué si l’on sait que le vaccin ne sera pas assez efficace. C’est d’ailleurs le cas avec la grippe qui mute à tout moment, ce qui fait qu’elle est difficile à maîtriser », prévient Dr. Alioune Mbacké.
Allant plus loin, il s’interroge sur « l’efficacité » des tests Covid-19 en cours. « Détectent-ils réellement le virus du Coronavirus ou celui de la grippe ? Il faut faire attention, parce que c’est une période où partout dans le monde, il y a des épidémies de grippe », prévient-il.
Théorie d’une « immunité collective »
Quoi qu’il en soit, la situation actuelle va à contre-courant de l’hypothèse de l’immunité collective au Sénégal. Ce, suite à la célébration, fin juillet, la Tabaski et, deux mois après, le Magal et puis le Gamou, d’autres grandes fêtes musulmanes brassant les foules. Car, ces rassemblements n’ont pas déclenché de vagues de contamination, et c’est donc « peut-être la question de l’immunité qu’il faut mettre en avant », analysait le Dr Abdoulaye Bousso.
« On se rend bien compte qu’en Afrique en général et au Sénégal en particulier, on n’a pas les morts qu’on aurait dû avoir », confirme un spécialiste de terrain, Massamba Sassoum Diop, président de l’organisation SOS Médecins Sénégal. L’urgentiste avance qu’une « immunité croisée » a vu le jour au Sénégal. Il l’explique par les infections respiratoires qui sévissent régulièrement à travers la population en mai-juin et septembre, périodes où les climatisations tournent au maximum.
par l'éditorialiste de seneplus, Alymana Bathily
L’AFRIQUE DOIT RELANCER SA DEMANDE DE RÉPARATIONS
EXCLUSIF SENEPLUS - Les chefs d'Etat doivent se convaincre que c’est là le seul combat qui vaille et que l’annulation de la dette et la mise en place d’un Plan Marshall pour l’Afrique ne sont que des leurres
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 04/12/2020
Et si l’Afrique, l’Union Africaine, profitait de l’arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden pour relancer son vieux projet de « réparations » pour l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme ? L’arrivée à la Maison Blanche du « ticket » démocrate de Joe Biden et Kamala Harris, une Africaine-américaine, est en effet une opportunité.
Il y a aussi l’extraordinaire mobilisation de la communauté noire africaine-américaine et des mouvements progressistes à l’intérieur des Etats-Unis à travers le monde entier autour du mouvement Black Lives Matter.
Nous suggérons ici que l’Afrique s’inscrive dans cette perspective et formule une demande de « réparations » au nom et pour le compte de « l’Afrique Monde » (Global Africa) selon le concept du panafricaniste tanzanien Ali Mazrui, c’est-à-dire de l’Afrique continentale et de toutes ses diasporas, aussi bien celles issues de la traite négrière que celles crées par les mouvements de migrations hors du continent survenues pendant la période coloniale puis néocoloniale .
Cette demande sera présentée aux Nations Unis à l’adresse non des seuls Etats Unis mais de l’ensemble des Etats européens. L’histoire du mouvement de réparations pour l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme en Afrique, aux USA et aux Antilles est relativement longue et fournit des indications utiles à cet égard.
Une brève histoire du mouvement de la réparation pour l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme
L’idée de réparations à l’endroit des Africains-Américains et autres Afro-descendants et des Etats Africains pour l’esclavage, la colonisation et le néocolonialisme est ancienne. Elle a été formulée aux Etats-Unis dès le lendemain de la Proclamation de l’Emancipation des esclaves, avec l’engagement du gouvernement américain d’alors, jamais réalisée, de concéder à chaque famille d’esclave libre « 40 acres de terre et une mule ».
En Afrique, elle a été mise sur la table de l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A) dès 1991 et a fait l’objet de la « résolution 1339 » qui a été approuvée par le Conseil des ministres tenue du 27 mai au 1 juin 1991. Puis à l’issue d’une réunion tenue à Abuja le 28 juin 1992, l’OUA a mis en place un « Groupe d’Eminentes Personnalités » présidée par le milliardaire et homme politique nigérian chief M.K.O Abiola avec pour mission de mettre en œuvre le projet de réparations convenu.
Notons que le Groupe d’Eminentes Personnalités comprenait l’historien nigerian J.F.Ade Ajayi, le Professeur Samir Amin, le Congresman Africain-américain Ron Dellums, le Professeur Joseph Ki-Zerbo, Graca Machel, Miriam Makeba, le Professeur Ali Mazrui, l’ancien président du Cap Vert Aristides Perreira, Amadou Mactar Mbow, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Ghana sous Kwame Nkrumah, Alex Quaison Sackey et le diplomate jamaïcain Dudley Thompson.
C’est à l’initiative de ce « Groupe d’Eminentes Personnalités » que se tint la première conférence panafricaine sur les « dédommagements pour les descendant-e-s des victimes de la mise en esclavage des Africains, la colonisation et le néocolonialisme », organisée du 27 au 29 avril 1993 à Abuja au Nigeria. La Déclaration de cette conférence indiquait que les pays qui se sont livrés à l’esclavage puis au colonialisme et au néocolonialisme avaient contracté une « dette morale » et une « dette à payer ». Elle demandait aussi le retour des « effets volés, biens culturels et autres trésors pillés ». Elle indiquait que les réparations pouvaient prendre la forme de « transferts financiers » et d’annulations de dettes et devaient attribuer à l’Afrique une meilleure représentation dans les organes de décision des organisations internationales en particulier un siège au Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Mais la « première conférence panafricaine » eut finalement peu de résultats. Et ce n’est qu’en 1999 que la demande de « réparations » de l’Afrique et des diasporas africaines pour l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme fut relancée par la Conférence de la Commission Vérité (Truth Commission Conference) qui s’est réunie à Accra, avec des délégués de 9 états africains, des Etats-Unis, des Antilles et de la Grande Bretagne.
Cet argument et ce montant seront repris par Mouammar Qadhafi en sa qualité de président de l’Union Africaine, le 23 septembre 2009 à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unies. Il demande alors que la colonisation soit déclarée crime contre l’humanité.
Auparavant la « Conférence mondiale contre le racisme » organisée par l’ONU à Durban (Afrique du Sud, 31 Aout au 7 septembre 2001), a abordé la question des « réparations » mais n’a pu adopter de résolution contraignante du fait de l’opposition de certains Etats dont le Sénégal, par la voix de son président Abdoulaye Wade. Mais la Conférence a tout de même reconnu aux peuples « le droit de réclamer des réparations ».
Il y a eu aussi la loi française du 21 mai 2001 de la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité dite loi Taubira, défendue par Christiane Taubira députée française de Guyane.
Reprendre le mouvement et aller plus loin
Les différentes initiatives que le mouvement en faveur des «réparations» ont mises en œuvre de 1991 à 2009 sont riches d’enseignements pour fonder l’initiative pour le compte de l’Afrique Monde que nous préconisons ici.
L’Union Africaine sur la base d’une résolution pertinente pourrait mettre en place un nouveau « Groupe d’Eminentes Personnalités » qui à l’image de celui de 1992 intégrerait des représentants patentés de la Diaspora africaine américaine (tels le Congressional Black Caucus et le Black Lives Matter) et un plus grand nombre encore de représentants des autres diasporas (des Antilles « françaises » et « britanniques », d’Amérique du Sud, et de toutes les communautés Afropeans notamment.
La mission de ce Groupe sera d’organiser une seconde conférence panafricaine sur les « dédommagements pour les descendant-e-s des victimes de la mise en esclavage des Africains, la colonisation et le néocolonialisme » afin de formuler un texte pour le compte de l’Union Africaine qui l’adoptera formellement avant de le présenter aux Nations Unies.
Le texte s’appuiera sur les conclusions et recommandations de la première conférence, sur les observations de la Truth Commission d’Accra, sur les arguments présentés par le président Qadhafi à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unies le 23 septembre 2009 ainsi que sur la reconnaissance de la « Conférence mondiale contre le racisme » de l’ONU de Durban du « droit des peuples de « réclamer des réparations ». Il réitèrera solennellement l’appartenance à l’Afrique des diasporas africaines, aussi bien celles établies pendant « la période d’avant la traite négrière, la période de la traite négrière et la période post-traite négrière ou la période de la migration moderne » et leur constitution en 6eme région de l’Afrique, ainsi qu’établi par la résolution de l’Union Africaine de 2003. Il intégrera éventuellement les résolutions que le Congrès des USA aura prises concernant les réparations aux Africains Américains.
L’importance des réparations
De même que les réparations allemandes à l’Etat d’Israël pour la Seconde Guerre Mondiale ont été garanties par la communauté internationale (en fait les vainqueurs de la deuxième guerre mondiale : les USA, la Grande Bretagne, l’Union Soviétique et la France), de même les Nations Unies imposeront et garantiront les réparations pour l’esclavage, le colonialisme et le néocolonialisme aux USA, à la France, à la Grande Bretagne et à l’ensemble des Etats européens concernés.
Outre la compensation morale que les réparations apporteront aux millions d’Africains et d’Afro-descendants à travers le monde, elles permettront de faire des investissements déterminants en Afrique et dans les différentes communautés africaines à travers le monde.
Mais est-il possible d’obtenir effectivement cette « réparation » ?
Cela ne se fera assurément pas sans une lutte politique déterminée. Tout dépendra de la détermination des chefs d’état africains à mener le combat au niveau des Nations Unies à travers l’Union Africaine. Ils doivent se convaincre que c’est là le seul combat qui vaille et que l’annulation de la dette et la mise en place d’un Plan Marshall pour l’Afrique ne sont que des leurres.
C’est surtout et d’abord la société civile africaine qui doit se convaincre de l’importance et de l’urgence du combat et le porter pour que les chefs d’état et de gouvernement s’en saisissent.
Ici, c’est un peu la maison des femmes. Quand sac à dos sur les épaules, les deux fils de Maïmouna, 8 et 12 ans, rentrent de l’école, ils rompent l’équilibre du lieu. Dans la petite bâtisse de Thiaroye-sur-Mer, ville de pêcheurs en banlieue de Dakar, une matriarche, 100 ans bientôt, tient l’épicerie de l’entrée. Deux autres femmes prient dans la cour sableuse.
En cuisine, l’aînée de Maïmouna prépare le thiéboudiène, un plat traditionnel à base de riz et de poisson. A 19 ans, elle n’a jamais fréquenté l’école. Fille de « modou-modou », nom donné aux émigrés au Sénégal, elle n’a jamais pu aller en cours. Budget trop serré pour sa mère esseulée, qui se démène pour assurer les charges quotidiennes.
Dans ce quartier de bord de mer, presque tous les hommes, maris ou fils, sont partis pour tenter de rejoindre « l’eldorado européen », laissant derrière eux leurs familles. Des voyages qui se révèlent souvent tragiques. Depuis deux mois, les naufrages de pirogues et les arrestations de migrants irréguliers se multiplient au Sénégal. Rien qu’en octobre, 1 500 candidats à l’émigration clandestine ont été arrêtés par la police sénégalaise. Et selon l’ONG Alarm Phone, 480 personnes sont mortes en mer en une semaine le même mois.
Madigué Ndiaye, vendeuse de légumes à Thiaroye-sur-Mer, avait cinq enfants quand son mari est parti en 1999. « Il est d’abord passé par le Maroc, avant de rejoindre l’Espagne. Il travaillait comme maçon et m’envoyait 50 000 francs CFA par mois [76 euros]. Mais ce n’était pas suffisant pour élever nos enfants », confie-t-elle.
Seules pour toutes les charges familiales
Pour Maïmouna, 43 ans, le budget mensuel tournait plutôt autour de 15 000 à 20 000 francs CFA par mois (entre 22 et 30 euros) au début des années 2000, quand son mari a pris la route de l’Espagne.
C’était le jour de la naissance de leur première fille, avant même qu’elle ne revienne de l’hôpital. « Je ne pouvais pas m’occuper de notre bébé, en plus de ma mère et de ma grand-mère », se souvient-elle. Pour survivre, elle s’est donc mise à distribuer des prospectus de promotion à travers la capitale. De quoi enrichir son quotidien de 2 000 francs CFA (3 euros).
L'OPERATION DES SIAMOISES DE YOFF AVAIT PROUVÉ L’EXPERTISE SÉNÉGALAISE EN MATIÈRE DE MÉDECINE
A l’occasion du 17e anniversaire de l’opération des célèbres siamoises de Yoff Adama et Awa, « Le Témoin » a fait parler Mamadou Ndoye qui n’est autre que l’ancien chef du service de Chirurgie infantile de l’hôpital Ariste Le Dantec
Propos recueillis par Pape NDIAYE |
Publication 04/12/2020
Mondialement connu pour avoir réussi à séparer avec succès des sœurs siamoises, le médecin-colonel (Er) Mamadou Ndoye n’est plus à présenter. Militaire, universitaire, scientifique, chercheur, sportif, chirurgien et pédiatre tout à la fois, Pr Mamadou Ndoye est un pur produit de l’Armée. A l’occasion du 17e anniversaire de l’opération des célèbres siamoises de Yoff Adama et Awa, « Le Témoin » a fait parler Pr Mamadou Ndoye qui n’est autre que l’ancien chef du service de Chirurgie infantile de l’hôpital Ariste Le Dantec. Ce qui n’était pas facile pour un éminent professeur moulé dans la grande muette, donc de nature très calme et effacé. Néanmoins, « Le Témoin » a réussi à le faire sortir de sa réserve ! Entretien.
Le Témoin : 03 décembre 2013-03 décembre 2020, il y a 17 ans jour pour jour les bébés Awa et Adama Ndoye collés après leur naissance avaient été miraculeusement séparés avec succès par Mamadou Ndoye — c’est-à-dire vous — et son équipe, qu’est-ce que cela vous rappelle ?
Mamadou Ndoye : Dix-sept ans déjà, les années passent vite ! Surtout quand il s’agit de raconter les souvenirs d’une opération délicate réalisée avec beaucoup d’émotion et de plaisir. Permettez- moi de préciser que le mérite revient à la Médecine sénégalaise composée d’hommes et de femmes compétents, expérimentés et très engagés à relever les défis soulevés par les maladies chroniques et autres malformations. A l’époque, je me rappelle aussi que « Le Témoin », l’un des rares journaux à l’époque, a eu l’exclusivité de cette information après avoir squatté les coulisses du bloc opératoire du service de chirurgie infantile de l’hôpital Le Dantec. Il est bon de rappeler également que cette opération, pour ne pas dire cet exploit chirurgical, était une grande première en Afrique subsaharienne.
Pouvez-vous revenir sur les circonstances de cette opération délicate réalisée avec succès et qui, à l’époque, avait fait le tour du monde ?
D’abord, il faut rappeler que tout a commencé le 26 novembre 2003 au centre de santé Philippe Maguilène Senghor de Yoff où sont nés les enfants par voie basse d’une mère âgée de 25 ans et n’ayant bénéficié d’aucune consultation prénatale. Nées accolées voire liées par le bassin, au niveau de l’abdomen, les jumelles Adama et Awa Ndoye sont immédiatement transférées au service de chirurgie infantile de l’hôpital Le Dantec que je dirigeais. L’émoi provoqué au sein du personnel de Philippe Senghor fera vite place à la réalité c’est-à-dire la nécessité de faire quelque chose pour les séparer. Après l’accueil, le processus de prise en charge est donc déclenché. Un bilan médical complet effectué rapidement a fait apparaître que les jumelles sont liées au niveau de la région ombilico-sternale. Aussitôt, j’ai mis en place un staff pour ne pas dire une équipe médicale multidisciplinaire composée d’anesthésistes (Pr Elizabeth Diouf), de pédiatres et de radiologues (Pr El Hadj Niang et Pr Galaye Sall), de Chirurgiens-pédiatres et réanimateurs (Pr Gabriel Ngom, Pr Diop Ndoye etc.) Sans oublier d’autres collègues associés au processus d’opération. Bref… j’ai mobilisé une vingtaine de personnes dont des infirmières et des sages-femmes chevronnées pour une opération délicate qui a duré plus de cinq (05) heures. C’était le 03 décembre 2003 !
On imagine que, ce jour-là, l’hôpital Le Dantec avait retenu son souffle !
Oui, le souffle d’un défi que l’expertise sénégalaise devait relever ! Mais avec l’assistance du Bon Dieu, nous avons réussi à opérer et séparer avec succès les deux sœurs siamoises de Yoff. Un exploit chirurgical réalisé avec beaucoup de professionnalisme et d’engagement par une toute équipe qui, ce jour-là, a encore prouvé toute l’expertise sénégalaise en matière de médecine face au monde entier.
Dix-sept ans après, comment se portent les aujourd’hui les siamoises, ou les miraculées de la chirurgie pédiatrique de l’hôpital Le Dantec ?
Adama et Awa ont aujourd’hui 17 ans et se portent relativement très bien. L’une d’entre elles présente une petite malformation cardiaque suivie au service de cardiologie. Alhamdoulahi…elles sont devenues de charmantes et adorables jeunes filles. Car, physiquement et mentalement, elles n’ont aucun handicap !
Entre-temps, avez-vous été confronté à d’autres patients souffrant d’une même pathologie que les siamoises de Yoff ?
Oui ! Il faut noter que quelques semaines auparavant, un cas similaire nous avait été signalé en Guinée et transféré en France où la séparation avait été réalisée. Mais, compte tenu du succès des siamoises de Yoff, deux autres cas siamois ont été reçus au service pédiatrie de l’hôpital Le Dantec : un en provenance de Saint- Louis qui présentait une forme thoracopage avec un cœur unique. Malheureusement, les bébés sont décédés deux jours plus tard. Le second cas de Ziguinchor est décédé pendant le bilan.
Professeur, on constate que les siamois sont souvent des enfants de sexe féminin, pourquoi ?
Oui, une bonne remarque ! Car les siamois de sexe féminin sont effectivement plus fréquents mais pas de façon très significative. Par contre, on n’a jamais noté de siamois de sexes différents c’est-à-dire garçon et fille. Mais ceci a une explication embryologique : ce sont en effet des grossesses mono ovulaires, mono amniotiques et mono chorioniques. Pour revenir à votre remarque, permettez-moi de rappeler que le sexe masculin est pourtant à l’origine de l’expression « Siamois ». Parce que les siamois les plus célèbres et plus connus au monde sont nés à Siam, une région de Thaïlande. Reliés entre eux, ils sont décédés aux États-Unis d’Amérique (Usa) à l’âge de 65 ans. Mieux, ils ont eu vingt-deux (22) enfants issus de leur mariage d’avec deux sœurs. Juste pour dire bien que les siamois de sexe féminin sont les plus fréquents, mais l’expression vient du sexe masculin à savoir les frères siamois originaires de Siam.
En dehors de la « siamoisité », il y a des maladies chroniques et autres malformations graves chez l’enfant. Dans certains cas, des parents cherchent désespérément à faire évacuer leur enfant du fait qu’en matière de chirurgie pédiatrique, le Sénégal souffre d’un plateau technique adéquat. Qu’est-ce qui nous manque comme matériels ou équipements de blocs opératoires ?
« Siamoisité » ? Merci de m’avoir filé cette nouvelle expression que l’on peut effectivement utiliser pour désigner des cas siamois. Evidemment, en dehors de la « Siamoisité », il y a des malformations graves qui sont rarement isolées. D’où la règle de rechercher d’autres malformations associées devant toute malformation détectée. Ces malformations nécessitent souvent un plateau technique assez élevé en particulier en anesthésie et en réanimation. Et ce plateau n’existe pas souvent dans notre pays, et, plus généralement, dans les pays d’Afrique subsaharienne.
Au Sénégal comme ailleurs dans le monde, il arrive de voir des enfants-siamois appelés à vivre soudés l’un à l’autre. En tant que chirurgien, comment vivez-vous un tel épouvantable phénomène dans l’impuissance de les séparer ?
En fait, ce qui est difficile à supporter pour nous médecins-chirurgiens c’est de se retrouver devant des cas dont la séparation est techniquement possible et que nous ne puissions rien faire. Mais il faut savoir il y a des cas dont la séparation est impossible, vraiment impossible quel que soit le plateau technique, au risque de perdre les deux enfants à la fois. Dans certains cas, l’un des enfants doit être sacrifié pour permettre à l’autre de survivre.
La pédiatrie est une spécialité médicale qui se consacre à l’enfant. N’est-elle pas la spécialité la plus difficile et la plus compliquée dès lors qu’un bébé malade ne peut évidemment pas dire de quoi il souffre ?
Prendre en charge des enfants est certes difficile, mais l’expertise et l’expérience permettent de s’en sortir comme chez les adultes. Et parfois avec l’assistance des parents qui peuvent parler à la place du bébé ou du nourrisson n’ayant pas l’âge de s’exprimer. Même sans l’interprétation des parents, il y a des signes référentiels qui permettent aux médecins ou médecins-pédiatres de connaitre ou de localiser le mal dont souffre l’enfant. Aujourd’hui, en pédiatrie, le diagnostic est beaucoup plus facile avec les nouvelles technologies telles que le scanner et les imageries par résonance magnétique (Irm) pour en assurer une bonne prise en charge.
Vous êtes le premier médecin militaire à avoir réussi au concours d’internat des hôpitaux de Dakar en compagnie du médecin-colonel Pr El Hadj Malick Diop en 1974. Quelle était la particularité de ce concours à l’époque ?
La seule particularité, c’était la réussite pour la première fois dans ce concours d’étudiants militaires. Il y a de quoi s’en glorifier, histoire de rappeler que l’Ecole militaire de santé a été toujours un creuset d’excellence. Et parmi les lauréats de l’époque, il y avait une certaine….Eva Marie Coll Seck!
Peut-on connaitre en chiffres le nombre d’interventions chirurgicales et de consultations du Pr Ndoye comme le font les pilotes avec leurs heures de vol ?
Difficile à répertorier, disons trois (03) à quatre (04) interventions programmées par semaine et quarante (40) voire cinquante (50) consultations par semaine. Difficile de s’y aventurer ! Seulement si on retient ces nombres par an, faites le calcul !
Colonel Ndoye ou Professeur Ndoye, quel titre préféreriez-vous qu’on vous donne ?
(Rires) Colonel ou Professeur ? Disons les deux à la fois car je suis fier de ces deux appellations. En tout état de cause, « Professeur» passe mieux en milieu universitaire et « Médecin-colonel » semble être plus approprié dans les casernes.
Après 14 ans au grade de colonel, certains observateurs estiment que Mamadou Ndoye et d’autres médecins-officiers de sa génération méritaient d’être élevés aux fonctions de général, n’êtes-vous pas déçu de n’avoir pas arboré les étoiles ?
Vous savez, le problème des étoiles n’a jamais été un débat dans les rangs bien que tout le monde rêve d’être un jour élevé au rang de général. Même le soldat ou le militaire du rang a son bâton de maréchal dans sa giberne. Il est bien vrai que beaucoup de médecins colonels de ma génération méritaient de porter les galons de général du fait de leur ancienneté et de l’excellence de leur parcours. Certes, j’ai passé 14 ans au grade de médecin-colonel, mais tout le monde ne peut pas être général ! Car, le mérite et le parcours d’un brillant officier se limitent au grade de colonel. Le reste, à savoir la nomination d’officiers-généraux, relève du pouvoir discrétionnaire du Président de la République, Chef suprême des Armées. Et je remercie le Bon DIEU de m’avoir donné encore vie et santé jusqu’à atteindre certains niveaux. Surtout si je me souviens de certains de nos camarades d’armes, jeunes officiers n’ayant jamais atteint la haute hiérarchie du fait qu’ils sont tombés très tôt au champ d’honneur.
Pouvez-vous nous dire quel est le commandement ou la garnison qui a vous le plus marqué ?
Je n’ai jamais servi en garnison, mais mon séjour à l’hôpital régional de Ziguinchor comme interne m’a beaucoup marqué. C’était mon premier séjour en dehors du Centre hospitalier universitaire (Chu). Donc j’étais autonome, loin de la hiérarchie médico-universitaire, à savoir les professeurs, et du commandement de l’Armée. Dans cette très belle région de la Casamance, je prenais mes propres décisions et des initiatives personnelles. Car, il m’arrivait même de rencontrer dans les rues de Ziguinchor des enfants handicapés atteints de la poliomyélite ou victimes d’une malformation. Sur place, je cherchais à voir et à convaincre leurs parents pour qu’ils me les ramènent à l’hôpital. En effet, je prenais l’initiative de les opérer avec succès. Ensuite, je leur faisais bénéficier d’un appareillage avec lequel ils commençaient à marcher dans certains cas. Toute une histoire pour vous dire que la région de Ziguinchor a beaucoup marqué ma carrière.
Justement qui de l’Armée ou la Nation est plus reconnaissante envers Mamadou Ndoye en matière de décorations et distinctions ?
Je pense que j’ai été distingué et décoré aussi bien par la Nation que par l’Armée. Des décorations et des distinctions qui ont bien jalonné ma carrière…
Si c’était à refaire, alliez-vous enrôler dans l’Armée ?
Ah, oui ! Je ne regrette pas d’avoir fait l’Armée car elle m’a permis de devenir l’Homme que je suis. Elle m’a appris la confiance en moi, la modestie, l’humilité, l’esprit de sacrifices, la discipline qui est « la force principale des Armées » et tant d’autres qualités…
En plus d’être un illustre chirurgien, un brillant universitaire, un scientifique reconnu, un officier émérite, vous êtes également un grand sportif et président de la Fédération sénégalaise de volleyball. N’est-ce pas ?
En toute modestie, j’ai été effectivement un athlète, puis un footballeur, basketteur et volleyeur au lycée et à la Fac. Certainement, « Le Témoin » dira que Mamadou Ndoye était un vrai touche-à-tout du sport (Rires). Je suis aussi un médecin du Sport qui a eu à couvrir de très nombreuses manifestations sportives : championnats d’Afrique, Jeux africains, Jeux olympiques etc. J’étais président de l’Association sénégalaise de Médecine du Sport pendant six ans, puis président de la Fédération sénégalaise de Volleyball etc. Je suis membre de grandes instances sportives nationales et internationales comme le Comité national olympique et sportif, la Zone 2, la Confédération africaine de Volleyball (Cavb), la Fédération Internationale de Volleyball (Fibv) et autres.
Par Serigne Saliou GUEYE
LE TRIOMPHE DE L’ABSOLUTISME À REWMI
Fini le temps des critiques au sein du parti puisque Idy et les siens avalent goulûment la soupe « mackyiste ». Toute voix discordante qui briserait la belle entente entre « mbourou ak sow » serait comme un cheveu dans la soupe
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 04/12/2020
Vendredi dernier, le député rewmiste Déthié Fall a vertement critiqué la politique agricole du gouvernement lors de l’examen du budget du ministre de l’Agriculture. Pour se faire plus féroce, il a développé son argumentaire en paraphrasant son leader Idrissa Seck sous le registre de l’humour : « La vision de Macky Sall doit désormais quitter Diamniadio pour rejoindre la vallée du fleuve Sénégal, les terres de l’Anambé où il y a des hectares qui peuvent être utilisées. Au cours de ces 10 dernières années, les factures céréalières sont comprises entre 200 et 300 milliards FCFA concernant les importations. Si vous traduisez cela en chiffre d’affaires, on peut réserver les 30 à 40 % comme masse salariale, ce qui équivaut à 90 milliards FCFA. Si on prend un jeune, on lui alloue 3 millions de salaire annuel, l’équivalent de 250.000 FCFA mensuel, on aurait aujourd’hui sorti 30.000 Sénégal du chômage ».
Une critique objective qui est à l’évidence une solution pouvant être proposée dans la lutte contre l’émigration irrégulière. Déthié Fall a l’habitude de paraphraser son mentor Idrissa Seck à chaque fois qu’il veut flétrir ce qu’il estime être le « manque de vision du président Macky Sall ». Lequel, selon le leader de Rewmi — du moins avant qu’il ne réintègre la majorité présidentielle — pense que tout doit être concentré dans la région de Dakar qui ne représente pourtant que 0,3% du territoire national. Bien évidemment, le fait de rappeler les propos sarcastiques d’Idrissa Seck à ce moment précis où il est en pleine lune de miel avec le président de la République n’était pas innocent dans la tête de Déthié Fall.
Toujours est-il que ses propos ont été mal reçus par Idrissa Seck, son leader politique, qui a convoqué fissa une réunion du secrétariat national de son parti à Thiès pour sanctionner le téméraire député rewmiste. Lequel a été limogé de ses fonctions de vice-président du parti Rewmi. Si certains responsables de cette formation avancent que leur « frère » est intervenu à l’Assemblée nationale sous le coup de la colère parce que ne faisant pas partie des bienheureux qui ont bénéficié d’un maroquin lors du dernier remaniement, Déthié Fall lui-même dément une telle justification sur sa page Facebook en ces termes : « Je précise aussi à l’opinion nationale et internationale que je n’ai jamais été demandeur ni d’un poste de député ni d’un poste de ministre auprès de qui que ce soit. Je suis un professionnel qui a toujours gagné sa vie dans le privé. Mon engagement politique reste exclusivement orienté au service du peuple sénégalais. »
Une manière pour lui de freiner ceux qui l’accusent d’être frustré et aigri parce que n’étant pas invité au festin gouvernemental. En tout cas, dans le communiqué sanctionnant la réunion du secrétariat national de Rewmi, il est indiqué que la nouvelle ligne communicationnelle de Rewmi n’admet plus qu’un mot qui fâche le Prince émane de la bouche d’un responsable parce que le Dialogue politique et le Covid-19 ont éteint toute discussion critique contre le régime. Pourtant, le discours responsable et empreint de patriotisme de Déthié Fall, en ce qu’il préconise des solutions à un problème national, aurait dû lui valoir un brevet de satisfecit assorti du déroulement d’un tapis rouge. Mais que nenni ! Il ne faut pas réveiller le courroux du Prince. Ce qui veut donc dire que, à Rewmi, fini le temps des critiques puisque Idy et les siens avalent goulûment la soupe « mackyiste ».
Dorénavant, le discours du nouvel allié du président Macky Sall doit être décliné sur le mode des inflexions politiques quand bien même il serait sinueux voire tortueux. Les démons d’hier sont devenus les anges d’aujourd’hui, par conséquent on ne peut plus les enduire de noir. Il faut caresser les nouveaux amis dans le sens du poil, il faut les pouponner. Alors toute voix discordante qui briserait la belle entente entre « mbourou ak sow » serait comme un cheveu dans la soupe. Peut-être que le pauvre Déthié Fall n’avait pas encore appréhendé tous les enjeux autour de ce mariage politique entre la carpe et le lapin. Par conséquent, il doit se tenir à carreau et rabattre son caquet. A défaut, il court le risque d’être jeté aux orties par les hiérarques de Rewmi.
Pourtant à y voir de près, le désormais ex-vice-président de Rewmi, en tant que parlementaire — et non comme un militant de la formation « orange » — n’a fait que mettre le doigt sur le mal et préconiser une solution qu’il estime pertinente. L’intérêt national transcende les contingences partisanes. Et en proposition une solution à l’épineux problème de l’émigration clandestine, Déthié Fall n’a fait que son travail de parlementaire. Mais son seul tort, c’est de nager dans un parti où, en fonction des nouvelles épousailles, les fidélités aux idéaux commencent à vaciller, où les principes périclitent, où les convictions s’oxydent et se drossent sur l’écueil des nouveaux intérêts du Rewmiste en chef.
La nouvelle doctrine de Rewmi, c’est la pensée unique, la seule autorisée par l’omniprésente police de l’opinion du chef. La nouvelle ligne de communication du parti, c’est de se renier, c’est de renoncer à une valeur qui est fondamentale dans le libéralisme : la liberté d’expression. Un parti libéral est assis sur un socle de libertés plurielles dont la plus fondamentale est sans aucun doute la liberté de pensée et d’expression.
A Rewmi, on verse dans le déni de cette liberté au nom de la nouvelle sacro-sainte alliance avec le président Macky Sall. On assiste donc dans ce parti au triomphe de l’absolutisme au détriment de la liberté de pensée et d’expression. Ce qui fait de Rewmi un parti désincarné parce que privé de sa valeur-liberté quintessentielle.