LES ACTEURS DE LA PECHE RUENT DANS LES BRANCARDS
Les pêcheurs de la Petite Côte n’iront pas en mer du vendredi au dimanche prochain. Pour cause, ils protestent contre les accords signés par l’Etat du Sénégal autorisant des navires européens à pêcher dans les eaux du Sénégal.

« Tous au parc piroguier !» Le mot d’ordre lancé par les pêcheurs de la Petite Côte, qui sont très remontés contre l’Etat du Sénégal, a été massivement suivi. Pour protester contre l’octroi des licences de pêche et des accords avec l’Union européenne, les acteurs ont organisé un sit-in au niveau du parc piroguier et ont décrété une grève de trois jours.
Les pêcheurs de la Petite Côte n’iront pas en mer du vendredi au dimanche prochain. Pour cause, ils protestent contre les accords signés par l’Etat du Sénégal autorisant des navires européens à pêcher dans les eaux du Sénégal.
Après l’interdiction de la marche nationale qui a été prévue entre la place de la Nation (ancien place de l’obélisque) au rond-point RTS (Dakar), les acteurs ont tenu plusieurs manifestations dans leur fief. A Ngaparou, Mbour et Joal (CLPA de Sindia Nord et CLPA de Sindia sud) des sit-in suivis et des points de presse ont été organisés pour dénoncer les accords signés par le gouvernement du Sénégal.
Pour les acteurs, les licences de pêches octroyées à des bateaux étrangers constituent un réel danger pour la pêche artisanale qui, depuis deux ans, traverse une crise à cause de la rareté de la ressource. Abdoulaye Ndao, trésorier national de l’UNAPASS, s’insurge en soutenant: «Nous avons tenu à Mbour aussi bien que dans les autres zones de la Petite Côte des conférences de presse pour dénoncer les conditions dans lesquelles nous vivons. Aujourd’hui, nous sommes fatigués de la crise que nous traversons dans le secteur de la pêche à cause de la présence des bateaux de pêche qui ont fini de capturer tous nos poissons.
En 2006, tout le monde savait qu’il y avait une vague d’émigrations clandestines, mais cette situation est différente de cette année où des pêcheurs ont vendu leur matériel pour s’exiler en Europe. Les pêcheurs ne parviennent plus à obtenir la dépense quotidienne», a dénoncé le trésorier de l’UNAPASS. Pour attirer l’attention du chef de l’Etat, les acteurs demandent au Président Macky Sall de geler les accords de pêche et d’organiser les états généraux de la pêche artisanale.
D’ailleurs, Pape Modou Dione qui est l’un des porte-parole des pêcheurs s’interroge sur la nécessité de ces accords de pêche et l’octroi des licences alors que paradoxalement, depuis 2017, l’Etat a arrêté l’immatriculation des pirogues. «L’Etat se vante d’avoir subventionné des moteurs à hauteur d’un million à l’unité mais ces mêmes moteurs coûtent moins de 850 mille francs pour le prix normal en Gambie.
Pire, la qualité pose un sérieux problème car lorsque nous achetons les moteurs subventionnés, après 5 mois d’utilisation, nous sommes obligés de dépenser 500 000 F pour une réparation. Donc dire qu’on subventionne le secteur de la pêche à coût de milliards n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux pour pouvoir justifier l’utilisation des milliards qui proviennent des accords et licences de pêche», a fustigé Pape Modou Dione. Ce vendredi, les villes de Mbour et Joal sont devenues des villes mortes à cause de l’arrêt systématique des activités halieutiques qui sont les activités économiques dominantes de ces villes.
Pour corser le combat, les mareyeurs, les vendeuses de poissons et femmes transformatrices ont adhéré au combat des pêcheurs. Les tables et étals de poissons ont été abandonnés et les voitures frigorifiques stationnées. Cet acte, à les en croire, n’est qu’un premier pas posé car les acteurs avertissent que pour les semaines ou les mois à venir, la lutte sera corsée parce qu’ils estiment que la mer est leur banque de trésor que les bateaux ont fini par mettre en faillite.