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28 juin 2025
GUILLAUME SORO DÉSORMAIS INDÉSIRABLE SUR LE SOL FRANÇAIS
« Il n’a pas à créer le désordre et sa présence n’est pas souhaitée, sur notre territoire, tant qu’il se comportera de cette manière », a dit le président français en référence à l’appel à l’insurrection en Côte d’Ivoire lancé le 4 novembre par l’opposant
Où se trouve actuellement Guillaume Soro ? La question se pose après la petite phrase lâchée hier par Emmanuel Macron dans « Jeune Afrique » : « Je crois qu’il n’est plus en France », a dit à son propos le président français. L’entourage de l’ancien Premier ministre ivoirien n’a pas voulu en dire plus. Ce qui est sûr, c’est que la France ne veut plus de lui sur son territoire.
Guillaume Soro est désormais indésirable sur le sol français. Emmanuel Macron l’a clairement notifié hier dans l’interview qu’il a accordé à nos confrères de Jeune Afrique : « Il n’a pas à créer le désordre et sa présence n’est pas souhaitée, sur notre territoire, tant qu’il se comportera de cette manière », a dit le président français en référence à l’appel à l’insurrection en Côte d’Ivoire lancé le 4 novembre 2020 depuis la France par l’ancien Premier ministre ivoirien.
LES AVANTAGES DÛS À AMINATA TOURÉ EN QUALITÉ DE PRÉSIDENTE HONORAIRE DU CESE
L'ancien patronne du CESE a désormais droit à une indemnité de 4 millions 500 mille FCFA net/mois, un véhicule de fonction avec laissez-passer permanent, un chauffeur particulier, une dotation mensuelle de carburant de 500 litres, entre autres
Aminata Touré a quitté officiellement la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese) avec l’installation, jeudi, d’Idrissa Seck. Une nouvelle page s’ouvre pour l’ancienne Première ministre du Sénégal de septembre 2013 à juillet 2014. Mais son futur devra toujours se conjuguer avec cette institution qu’elle a dirigée pendant 15 mois. Puisque le Sénégal compte bien traiter son statut d’ancienne Président du Cese comme il le fait avec ses prédécesseurs.
Le chef de l’Etat Macky Sall avait institué un honorariat dans un décret signé, le 17 avril dernier. Ainsi Aminata Touré va désormais bénéficier, d’un certain nombre d’avantages, en vertu de l’article 3 dudit décret qui cite : « une indemnité de représentation de 4 millions 500 mille FCFA net/mois, un véhicule de fonction avec laissez-passer permanent, un chauffeur particulier, une dotation mensuelle de carburant de 500 litres, et un agent de sécurité rapproché ».
Ce n’est pas tout. En tant que présidente honoraire du Cese, elle pourra être invité aux cérémonies officielles de la République auxquelles elle prendra rang et place, selon les prescriptions protocolaires. Ce décret concerne, donc, Aminata Touré, Aminata Tall et Famara Ibrahima Sagna puisque ce sont les seuls encore en vie sur les dix (10) personnalités du pays qui se sont succédé à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese).
DES COMMERÇANTS ARRETES POUR FAUX MONNAYAGE ET CONVOYAGE DE MIGRANTS
Un vaste réseau spécialisé dans le trafic international de fausses devises a été démantelé par la Brigade de gendarmerie de la Foire
Un vaste réseau spécialisé dans le trafic international de fausses devises a été démantelé par la Brigade de gendarmerie de la Foire. La singularité de cette bande est qu’elle est pilotée par des commerçants sénégalais établis entre le Maroc et le Sénégal. L’enquête de révéler qu’en plus de ce trafic, la bande s’active aussi dans le convoyage de migrants.
Un vaste réseau de faussaires qui a étendu ses tentacules jusqu’au Maroc, a été démantelé, alors que certains de ses maillons établis à Dakar s’apprêtaient à écouler un important stock de faux billets de banque en Dollars américains et en Dirhams marocains, récemment réceptionné dans la capitale sénégalaise. L’enquête déroulée par les gendarmes de la Brigade de la Foire a permis de savoir que les présumés acteurs de ce trafic sont des commerçants sénégalais établis au Maroc et au Sénégal. Maître dans l’art de flairer les bons coups, les acteurs présumés de ce business délictuel sont également présents dans le convoyage de candidats à l’émigration clandestine.
La saisie du colis suspect
Pour venir à bout des maillons de ce trafic, les hommes du Commandant Sangaré de la Brigade de gendarmerie de la Foire ont peaufiné une stratégie pour infiltrer la bande. Une stratégie qui a permis de délimiter le champ d’action de cette association de malfaiteurs entre les quartiers de Yoff, Nord-Foire, Médina et des Parcelles Assainies. Le 9 novembre dernier, aux environs de 9 heures du matin, les hommes en bleu captaient un renseignement faisant état d’une livraison imminente d’un colis de faux Dollars américains et de Dirhams marocains, à Yoff, non loin du cimetière musulman. Ayant relevé le portrait rebot du faussaire qui devait livrer ledit colis, les gendarmes envoient un élément d’infiltration au charbon, avec pour mission d’intercepter discrètement la cible. L’attente a été longue, puisque le faussaire en question ne montre le bout du nez qu’aux environs de 19 heures, à bord d’une moto. Il est, comme prévu, subtilement intercepté par l’agent «lièvre» qui essaie de faire diversion en lui posant quelques questions vagues. Le temps que le faussaire, méfiant, ne se décide à prendre congé de son vis-à-vis, les éléments du dispositif lancent l’assaut. Kh. Gaye est cerné, puis maîtrisé. Il est soumis à une minutieuse fouille qui a conduit à la découverte d’une enveloppe suspecte, ouverte en sa présence. Coup de théâtre ! Plusieurs coupures de banque de diverses devises sont découvertes. Il s’agit, après décompte, de 5 000 Dollars américains en coupures de 100, et de 2 400 Dirhams marocains. Ces billets de banque se sont révélés être des faux. Conduit à la brigade, Kh. Gaye tente de mener en bateau les enquêteurs, avant de passer à table, indiquant avoir été mandaté par les deux principaux présumés cerveaux de ce réseau, les commerçants sénégalais S. Mbaye établi au Maroc et un certain M. Cheikh, établi à la Médina. Il révèle qu’il avait pour mission de remettre les fausses devises à un autre maillon du réseau, M. Bâ. A l’en croire, c’est ce dernier qui avait la charge d’écouler ce restant de stock dans le marché noir.
La pirogue de migrants
Poursuivant leurs investigations, les gendarmes vont mettre le grappin sur M. Bâ, cueilli à son domicile aux Parcelles Assainies, à hauteur du rond-point «Case-bi». Au cours de l’enquête, les pandores qui ont exploité les téléphones des mis en cause, vont tomber sur des messages audios, via WhatsApp, compromettants. Dans ces extraits, les membres de réseau échangent sur un problème survenu dans une de leur pirogue partie en mer avec des candidats à l’émigration clandestine. Dans ledit extrait envoyé au procureur de la République près du tribunal de grande instance de Dakar, l’un d’eux révèle à M. Bâ que des passagers se trouvant dans la pirogue en question ont contracté le Coronavirus. Au terme de leur garde à vue, tout ce beau monde a été déféré au parquet pour association de malfaiteurs, détention et mise en circulation de faux billets de banque.
INCURSION DANS LA GALERE FAMILIALE DE CEUX QUI ONT TOUT DONNE AU TRAVAIL
Au Sénégal, certains donnent tout à leur travail. Souvent au détriment de leur vie conjugale, familiale ou leurs relations amicales.
Elle a tout donné à son travail. Parfois au péril de sa vie sociale et familiale. Depuis qu’elle est entrée dans la vie active, Aminata Touré dite Mimi, ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), ne s’est jamais arrêtée. «Quand on vous confie une responsabilité, il faut se montrer à la hauteur en délivrant des résultats. C’est ainsi qu’on obtient des responsabilités plus grandes et un meilleur salaire pour avoir de meilleures conditions de vie», démarre Mimi Touré. Un désir de mieux-être qui justifie le rythme effréné de l’ancien Premier ministre.
Tout commence en 1988. Cette année-là, Mimi (26 ans) démarre une carrière professionnelle au sein de la compagnie des transports publics de Dakar, la Sotrac. Sept années plus tard, elle intègre le Fonds des nations unies pour la population (Fnuap). Puis tout s’enchaîne. Avec l’avènement du Président Macky Sall à la Magistrature suprême, elle est cooptée comme ministre de la Justice de 2012 à 2013, ensuite Première ministre de 2013 à 2014, puis envoyée spéciale du Président Macky Sall. Avant d’être nommée présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) de mai 2019 à octobre 2020.
Aminata Touré se livre corps et âme et consacre presque toute sa vie au travail. Soit dans le but de faire de bons résultats au profit de la nation, soit pour prouver à son chef ou aux autres sa capacité et le mérite de sa position ou pour subvenir économiquement aux besoins de sa famille. Quoiqu’il en soit, Mme Touré se donne au travail sans compter le temps, ni les «privations» auxquelles elle contraint sa famille. «Je ne vivais que par et pour le travail. Les seuls moments où j’avais du temps pour ma famille, c’était durant les week-ends, les vacances scolaires et durant les fêtes religieuses.» Fonctionnaire internationale et femme d’Etat sénégalaise, Mimi Touré fait partie de ces Sénégalais qui bossent comme des fous et qui font passer leur vie professionnelle avant tout. Famille comme vie sociale. Elevée dans le culte du travail, elle a toujours cru que seul le travail paie, donne de l’indépendance et de la dignité. «Au-delà de moi, je pense qu’on ne peut transformer les choses que par le travail», formule-t-elle.
«J’ai beaucoup donné au travail»
Au Sénégal, certaines personnes donnent tout au travail et finissent par perdre le sens des priorités sociales et familiales. S’investir à 100% au travail peut être une bonne chose, mais si ça déborde, cela devient inquiétant. Sur cette question, chacun a ses raisons. Si certains se dévouent pour le besoin de prouver à leur responsable ou aux autres qu'ils sont capables et qu'ils méritent leur position, d’autres cherchent une position supérieure ou ont l'envie d'attirer l'attention et la reconnaissance sur leur travail, ou encore subvenir aux besoins de leur famille.
Pour Mimi Touré, c’est tout à la fois. Si dans des pays comme la France, des personnes privilégient leur carrière professionnelle jusqu’à passer à côté de leur vie familiale ou de se brûler les ailes. Mme Touré souligne que ce sacrifice ne met en péril ni sa santé, ni son équilibre personnel, encore moins sa vie conjugale, familiale ou amicale. «Il faut un équilibre à tout. J’ai beaucoup donné au travail, mais j’ai aussi consacré du temps à ma famille pour m’assurer que mes enfants aient aussi la chance de faire des études et ensuite compter sur leur propre travail», confie Mimi Touré.
A force de beaucoup travailler, Aminata Touré reconnaît qu’elle a moins de loisirs en famille. «Je passe moins de temps avec ma famille, mais j’ai toujours privilégié la qualité des moments passés avec elle, plutôt que la quantité. J’ai aussi eu la chance d’avoir été aidée par mon époux à qui je dois une partie de ma réussite professionnelle», ajoute-t-elle.
«Le travail m’a pris mon temps et mes amitiés»
Ibrahima Ndiaye n’a pas eu la même chance. Pour cette personnalité de l’Etat, le travail lui a toujours créé des problèmes dans son couple. «Quand mon patron m’a fait venir à Dakar, j’ai laissé ma famille dans ma région d’origine. Au début, je partais tous les week-ends les voir, mais à un moment donné, je ne pouvais plus le faire parce que mon patron était devenu très actif les week-ends. Je travaillais du lundi au dimanche et ma famille ne pouvait pas comprendre cela», raconte-t-il.
Face à cette situation, il lui fallait faire un choix. C’était le boulot ou la famille. Ibrahima a opté pour la seconde et fait déménager sa famille à Dakar. Néanmoins, les problèmes ont continué à persister avec sa douce moitié. «J’étais plus proche de mes enfants, mais pour mon couple, c’était une autre paire de manche. J’avais toujours des problèmes avec mon épouse à cause du boulot. Pour éviter les disputes et les crises de jalousie, je m’étais arrangé pour l’appeler tous les jours à partir de 22H. Mais maintenant qu’on vit ensemble à Dakar, je rentre tous les jours à 20H pour voir mes enfants et prendre le dîner avec eux. Cela m’a permis d’arranger un tant soit peu les choses», argue M. Ndiaye.
Communicant de profession, cet homme a aussi vu ses relations amicales voler en éclats à cause de son boulot. «J’ai perdu des gens avec qui je ne pouvais pas passer une journée sans parler ou nous voir. Maintenant, je n’ai plus leur temps. Le travail m’a pris tout mon temps et m’a bouffé mes amis. Certains pensent que c’est parce que j’avais une évolution sociale que j’avais pris mes distances, mais tel n’était pas le cas. Il ne me reste que ma famille. C’est un peu compliqué», regrette-t-il. Heureusement, il dit avoir pu épargner sa famille avec qui il passe son peu de temps libre. Pour ce faire, l’homme s’est aménagé un emploi du temps. «Le problème, c’est quand j’avais laissé ma famille dans ma ville natale. Il m’arrivait de passer toute une journée sans pour autant appeler ma femme. C’est plutôt elle qui m’appelait pour me rappeler leur existence. Mes enfants étaient très distants. Ils ne me voyaient qu’une fois dans le mois et me regardaient comme un étranger. Je n’ai pas vu mon plus jeune enfant grandir», se désole-t-il avant de reconnaître, pour une fois, l’utilité des réseaux sociaux. «Sans ces applications virtuelles, je pense que beaucoup de familles allaient voler en éclats. Elles ne comblent pas le vide, mais au moins elles compensent l’absence.»
«Ma fille me supplie toujours de rester encore quelques jours avec elle»
Comme Ibrahima, Mamadou a aussi payé le prix fort à cause de son dévouement au travail. Cadre dans le secteur de l’Agriculture, l’homme ne se fixe pas de limite pour être utile à la communauté. Cet engagement est pour lui une forme de militantisme au service des causes nobles, une manière d'investir l'énergie positive qui couve en lui pour espérer une récompense méritée. «Peu importe l'avis du boss, le plus important est la conduite dictée par la conscience professionnelle. Certes, la rémunération est importante, mais le sentiment du devoir accompli et de contribuer à l'avancement de la société l'est tout aussi», souffle M. Dieng. Cependant, son dévouement pour le job lui cause parfois des difficultés. «Nous sommes parfois fatigués, malades ou incompris. Parfois, notre univers familial en subit des remous. Mais nous arrivons, à force de caractère, de communication, d'efforts et surtout de compréhension, à rester au-dessus de ces turpitudes», regrette-t-il.
Avant de poursuivre : «Je me sens souvent mal, lorsque je vois mon épouse triste à cause de mes départs répétés de la maison pour l'intérieur du pays ou quand ma fille me supplie de rester encore quelques jours avec elle. Cette pression du travail ne fait pas forcément bon ménage avec l’univers familial sans séquelle.»
Malgré tout, il ne cesse de se donner corps et âme pour avoir le sentiment du devoir accompli. «Lorsqu’un producteur, après une campagne agricole réussie, me rend compte de sa satisfaction, c'est comme si j’avais gagné un pari», se réjouit-il. Son emploi du temps trop serré, ce responsable de la formation et professionnalisation d’une agence publique agricole n’a que les week-ends, les fériés, les fêtes religieuses et les congés pour passer du temps avec sa famille.
A l’occasion, dit-il, chaque moment est mis à profit sans bouleverser les habitudes quotidiennes. «Les moments libres sont mis à profit, surtout au retour des longues missions à l'intérieur du pays, je reviens pour faire le papa-poule. S'agissant des amis, il nous suffit de coordonner pour maintenir le lien», sourit-il.
Oumy Régina Sambou est du même avis. Si la journaliste n’a pas encore réussi à fonder une famille à cause de son emploi du temps overbooké, elle se gausse d’avoir une «vie bien remplie». Pas dans la conception sénégalaise du terme, mais cela suffit à faire son bonheur. Regina Sambou : «Je suis totalement épanouie dans mon travail. C’est à travers le travail que j’arrive à maîtriser mes pulsions, que j’acquiers mon indépendance et que j’arrive à produire des richesses à même de subvenir à mes besoins.»
La journaliste de profession, par ailleurs présidente de l’Association de la presse culturelle du Sénégal (Apcs), bloggeuse et critique de cinéma à Africiné, précise que quand elle travaille, l'autre ne compte que dans ce qu'il peut lui apporter dans l'accomplissement du travail. «L'exigence du travail bien fait, on l'a envers soi-même avant qui que ce soit. Je n’ai aucun regret pour ça. Je vis ma vie de rêve», assume Régina. Mais elle trouve important de prendre parfois une pause, de prendre des vacances, voyager, se faire plaisir, rendre visite à la famille. Au risque de ne plus avoir de vie sociale. «Aussi incroyable que cela puisse paraître, je prends des vacances. Seulement, mes vacances ressemblent pour certains à mon travail de chaque jour au point que tous pensent que je n'ai pas de vie sociale. Mon entourage et mes amis me comprennent tellement que parfois ils improvisent des voyages ou des sorties sans téléphone ou ordinateur», révèle Régina. Ce dévouement pour son travail n'a, toutefois, aucune répercussion sur ma famille. «Mes devoirs familiaux, je les assume. Il m'est arrivé plusieurs fois de devoir garder des enfants, veiller sur le papa hospitalisé et en même temps devoir animer des panels», confie Mme Sambou. Parole d’une shootée au travail.
* Les noms ont été changés
STATUT DU CHEF DE L’OPPOSITION, MACKY FACE A L’OPTION SONKO
Idrissa Seck, aujourd’hui hors course pour ce poste, laisse la voie libre à Ousmane Sonko. Question : Macky Sall fera-t-il le choix ?
Les révélations de Idrissa Seck concernant ses discussions avec le président de la République au sujet du chef de l’opposition ont obscurci le flou qui entourait déjà cette question longuement débattue au sein du Dialogue politique. Nommé à la présidence du CESE, Idrissa Seck, aujourd’hui hors course pour ce poste, laisse la voie libre à Ousmane Sonko. Question : Macky Sall fera-t-il le choix ?
C’est une question qui plane sur l’espace politique depuis plusieurs mois. Le statut de l’opposition et de son chef cristallise les attentions et attise la tension entre les acteurs politiques. Alors qu’il semblait le mieux placé pour être désigné chef de l’opposition, Idrissa Seck a avoué avoir renoncé à ce statut que le chef de l’Etat lui avait gracieusement proposé, avant de lui demander de venir travailler à ses côtés. «Macky et moi discutions autour du titre du Chef de l'opposition. Au début, il était programmé que je reste dans l'opposition et que je fasse office de chef de l'opposition. Mais, il m'a proposé, au regard de la pandémie du Covid-19 qui a secoué le monde et de tout ce qui se passe dans notre continent, de mettre en veilleuse ce débat autour de ce titre de chef de l'opposition et d'aller dans le sens de travailler ensemble, de joindre nos forces pour développer le Sénégal», a-t-il déclaré lors d’une cérémonie de présentation de condoléances. Une révélation qui vient rajouter une couche à la polémique déjà vive sur ce statut tant convoité. Celui qui va incarner institutionnellement le leader de l’opposition aura en effet pas mal d’avantages, notamment l’accès facile au chef de l’Etat, des moyens, (dotations financières, véhicule…), en plus d’une certaine reconnaissance.
Pas de consensus au dialogue
Inscrite sur la liste des points à discuter au sein de la commission politique du dialogue national, la question du statut de l’opposition et de son chef reste encore un point d’achoppement. Jusque-là, un consensus n’a pas encore été trouvé, les acteurs du dialogue peinent à s’accorder sur les modalités de désignation du chef de l’opposition. Les critères de ‘’l’opposant en chef’’ divisent toujours les membres de la commission politique. Pour certains, comme le camp de la majorité présidentielle, le chef de l’opposition doit être celui qui est arrivé deuxième à l’élection présidentielle. Pour d’autres, comme le Pastef d’Ousmane Sonko, ce doit être le chef du parti d’opposition ayant le plus de sièges à l’Assemblée.
Dans le premier cas, Idrissa Seck, arrivé deuxième à la dernière présidentielle, avec 20,50% des suffrages, devrait être l’homme de la situation, et dans l’autre cas de figure, Abdoulaye Wade serait désigné chef de l’opposition. Mais pour cela, il faudrait que la loi soit rétroactive. «Dans les normes, on doit élaborer une loi qui indique le statut et les modalités de désignation du chef de l’opposition, explique Déthié Faye, coordonnateur du pôle des Non alignés dans la commission politique du dialogue. Et une fois que la loi est adoptée, ne pouvant être rétroactive, ce serait le second à la présidentielle de 2024 ou le second plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale à partir de 2022 après les législatives.»
Un avis corroboré par Cheikh Sarr, représentant de la majorité. «Nous avions proposé pour le statut de l’opposition, que l’on mette en place une commission constituée d’experts qui vont mettre le contenu, parce que la constitution parle de ça, mais il n’y a pas de contenu, et en ce qui concerne le chef de l’opposition, la position était que le deuxième arrivé à la présidentielle soit considéré comme tel, parce que nous avons un régime présidentiel. Mais on n’avait pas précisé si c’était le deuxième à la présidentielle de 2019 ou celui de la présidentielle de 2024.» Mais pour Dethié Faye, le débat a été biaisé.
«Définir d’abord le statut de l’opposition»
«Dans tous les cas, nous avions dit que ce que nous devions faire d’abord, c’est nous entendre sur le statut de l’opposition, informe le représentant des Non alignés, ensuite mettre en place une commission pour discuter des modalités de désignation du chef, en sachant que dans tous les cas, la désignation ne peut pas être immédiate, parce qu’une loi ne peut pas être rétroactive. Et nous avons attiré l’attention des membres de la commission pour leur dire que ceux qui se sont lancés dans une opération de désignation de prétendu chef de l’opposition ont gâché le débat qui est devenu un débat crypto-personnel. Ceux qui disaient que c’est Idrissa Seck ou Abdoulaye Wade, ont biaisé le débat. Pour le moment, on ne peut désigner de chef de l’opposition.» Selon lui, c’est la raison pour laquelle la commission politique a pris le soin de recommander que l’autorité mette en place une commission, composée d’experts et de représentants des partis politiques, pour proposer un projet de loi ou des textes sur la question, ce qui permettrait au gouvernement de faire adopter par l’Assemblée une loi régissant le statut de l’opposition et les modalités de désignation de son chef.
Représentant du pôle de l’opposition, Saliou Sarr va dans le même sens que Déthié Faye. «On ne peut pas définir le statut du chef de l’opposition sans définir le statut de l’opposition auparavant, nous avons dit qu’il fallait définir le contenu du statut de l’opposition, mais il n’y a pas eu de consensus jusqu’à présent», confie-t-il. De plus, précise-t-il, dans tous les pays où on détermine le statut du chef de l’opposition, on le fait avant d’aller aux élections, ce qui permet à ceux qui voudraient nouer des alliances de le faire en toute connaissance de cause. «L’opposition a donc dit que même si on devait définir le contenu, ce ne serait applicable qu’à partir de l’élection de 2024. Donc pour le moment, on ne peut pas encore parler de statut de chef de l’opposition», indique Saliou Sarr.
Face à l’absence de consensus de la Commission politique, la balle était dans le camp du chef de l’Etat qui devait prendre une décision. Seulement, à en croire Cheikh Sarr, le Président Sall ne peut pas trancher pour le moment. «Il ne peut pas trancher, tant qu’on aura pas fini l’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus, fait savoir le représentant du pôle de la majorité. Il attend que les conclusions définitives des travaux soient déposées, ce qui n’est pas encore fait, nous n’avons déposé que des rapports partiels pour le moment.»
«Le statut revient de droit à Sonko»
Quid de l’entrisme d’Idrissa Seck qui le disqualifie d’office ? Cheikh Sarr relativise. «La question n’est pas liée à une personne, c’est une question de principe, nous disons que c’est le deuxième arrivé à la l’élection présidentielle. C’est une loi qu’il faut faire et une loi est toujours impersonnelle.» Mais suivant le constitutionnaliste et enseignant chercheur en Droit public, Ngouda Mboup, une chose est de poser le statut constitutionnel de l’opposition, une autre est d’en maîtriser les critères à mettre en avant pour la désignation de son chef. «Le statut de l’opposition est attaché à un chef de l’opposition intuitu-personae, c’est-à-dire en une personne dotée d’une légitimité populaire. C’est un statut dévolu et rattaché à une personne tel qu’il ressort de l’article 58 de la Constitution. Aujourd’hui, l’article 58 de la Constitution définit les entités composant l’opposition politique par une simple distinction du parti ou groupe de partis politiques constituant ou soutenant la politique du gouvernement. Pour prétendre porter le manteau du chef de l’opposition, il faut impérativement rester dans le giron des entités composant l’opposition politique.»
Le Pr Mboup signale que la suppression du poste de Premier ministre et l’adoption d’un régime présidentiel convergent toutes pour la désignation du second choix des Sénégalais à l’élection présidentielle comme chef de l’opposition. «L’élection présidentielle devient sans aucun doute le critère pertinent pour désigner le chef de l’opposition, même si les élections législatives restent un baromètre important à cet effet. Idrissa Seck ayant quitté l’opposition pour rejoindre le camp présidentiel, ce statut revient de droit au leader de Pastef Ousmane Sonko, arrivé en 3e position à l’élection présidentielle de 2019.»
Seulement, le Pr Moussa Diaw, enseignant chercheur en Science politique à l’Ugb, doute que le Président Macky Sall porte son choix sur le leader du Pastef. «Si on suit la logique du deuxième arrivé à l’élection présidentielle, c’est Ousmane Sonko qui doit être désigné puisque Idrissa Seck a rejoint la majorité, mais au regard de la situation actuelle, cela m’étonnerait que Macky Sall désigne quelqu’un comme Sonko comme chef de l’opposition, d’ailleurs c’est paradoxal que ce soit lui qui doive désigner celui qui doit être le chef de l’opposition», relève-t-il.
Selon Moussa Diaw, si le chef de l’Etat doit choisir, il va désigner quelqu’un avec qui il peut échanger. «Mais à mon avis, la question risque d’être renvoyée aux calendes grecques, vu la configuration actuelle. Et compte tenu des propos d’Idy, je pense que Macky va différer le choix du chef de l’opposition. Cela montre qu’il y a une dimension politique et des négociations en dessous, et je serais étonné que le président choisisse quelqu’un avec qui le courant ne passe pas.» Qu’il choisisse un leader et non un… dealer politique.
DEFECATION A L’AIR LIBRE, HAUSSE DE 3.2 POINTS ENTRE 2015 ET 2017
Le contexte de pandémie qui prévaut a mis en relief la nécessité d’avoir des systèmes d’assainissement durables et de qualité pour tous
Un bond de 3.2 a été noté entre 2015 et 2017 sur la défécation à l’air libre (Dal) d’après les notes présentées jeudi par Thierno Ahmed Baba Ly, Secrétaire général du ministère de l’Eau et de l’assainissement (Mea).
«La défécation en plein air a connu une augmentation de 3,2 points, avec un taux qui est passé de 26,5% en 2015 à 29,7% en 2017», a indiqué M. Ly dans son allocution lors de la célébration de la Journée mondiale des toilettes. «Le taux d’accès à des installations sanitaires améliorées s’établit en zone rurale, à 42,3%», a aussi relevé le Secrétaire général, disant fonder son opinion sur le rapport de l’Enquête ménage sectorielle, menée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, faite en 2017. Il a, pour autant, relevé quelques avancées réalisées grâce à l’appui de partenaires de l’Etat.
«Entre 2009 et 2020, plus de 6000 villages ont abandonné la défécation à l’air libre grâce à l’approche Atpc mise en œuvre par le Service national de l’hygiène et la Direction de l’assainissement», a-t-il expliqué. «Assainissement durable et changement climatique» a été le thème retenu pour cette édition 2020. «Un thème qui cadre parfaitement avec l’Odd 6.2 qui vise l’accès universel à un assainissement géré en toute sécurité», a dit M. Ly pour qui il s’agit, à travers cette journée, de porter davantage l’information et la sensibilisation sur l’importance de disposer de toilettes décentes et appropriées.
Aussi, sur les conséquences sanitaires et environnementales de la défécation à l’air libre. La corrélation entre changement climatique et assainissement durable est plus que d’acuité, a souligné Abdourakhmane Ndione de l’Association sénégalaise de normalisation (Asn). «Nos systèmes d’assainissement sont menacés par les inondations, la sécheresse, l’élévation du niveau de la mer provoquée par le changement climatique», a fait savoir le Directeur général de l’Asn dans son allocution. «Cette situation pose l’extrême nécessité de mettre en place des normes pour garantir la durabilité des infrastructures d’assainissement», a ainsi fait prévaloir M. Ndione.
Selon lui, le contexte de pandémie qui prévaut a mis en relief la nécessité d’avoir des systèmes d’assainissement durables et de qualité pour tous. «Deux écoles sur cinq dans le monde n’étaient pas équipées d’un dispositif élémentaire pour le lavage des mains, cela avant la pandémie du Covid-19», a rappelé à ce propos le Secrétaire général du Mea citant une étude de l’Oms et l’Unicef de 2019. Selon la même source, la moitié de la population mondiale, soit 4.2 milliards de personnes, n’a pas accès à des installations sanitaires sûres.
AFROBASKET, LES 12 POUR KIGALI, AMAR SYLLA ET MOUSTAPHA DIOP RECALES
L’entraîneur de l’Equipe nationale masculine, Boniface Ndong, a finalement dévoilé la liste des 12 joueurs retenus pour le tournoi qualificatif de l’Afrobasket 2021, prévu à Kigali.
L’entraîneur de l’Equipe nationale masculine, Boniface Ndong, a finalement dévoilé la liste des 12 joueurs retenus pour le tournoi qualificatif de l’Afrobasket 2021, prévu à Kigali.
Sur la dernière liste réduite à 14 joueurs, deux ont finalement été recalés. Il s’agit de Moustapha Diop du Dakar Université Club (Duc) et Amar Sylla de Filou Oostende, en Belgique.
«C’est un secteur très dense où il fallait faire un choix et finalement, le coach a privilégié l’expérience de certains cadres à la jeunesse. Surtout concernant le jeune Amar Sylla. Cela est aussi valable pour Moustapha Diop, même s’il a un petit vécu en sélection. C’est juste qu’il n’a quasiment pas joué cette saison à cause de l’arrêt du championnat lié à la pandémie du Covid-19», confie une source proche du staff technique des Lions. Le groupe est attendu en début de semaine prochaine dans la capitale rwandaise.
En l’absence des trois joueurs de la Nba à savoir Gorgui Sy Dieng, Georges Niang et Tacko Fall, le «Boni» peut compter sur certains cadres de l’équipe dont Mouhammad Faye, Maurice Ndour ou encore Youssoupha Ndoye.
Logé dans le Groupe B, le Sénégal débute la compétition face au Kenya le 25 novembre, puis le Mozambique, le lendemain avant de terminer le 27, par l’Angola. A noter que les trois meilleures équipes de chaque groupe se qualifieront automatiquement pour l’Afrobasket 2021 qui se déroulera dans la capitale rwandaise.
SEPT SALLES OUVRIRONT EN MAI 2021
C’est à Mermoz que le groupe français Pathé a choisi d’installer son complexe cinématographique. Sur 5000 mètres carrés, 7 salles de 126 à 396 places avec projection 100% laser sont en construction pour un financement global de 8 milliards de francs Cfa
C’est à Mermoz que le groupe français Pathé a choisi d’installer son complexe cinématographique. Sur 5000 mètres carrés, 7 salles de 126 à 396 places avec projection 100% laser sont en construction pour un financement global de 8 milliards de francs Cfa.
5000 mètres carrés, 7 salles de 126 à 396 places, projection 100% laser, des écrans géants et un son Dolby surround 7.1, bienvenu dans le paradis cinématographique que le Groupe Pathé cinéma compte ouvrir à Dakar au deuxième semestre de 2021. Les travaux de cet espace entièrement dédié au 7e art sont déjà très avancés. Et la visite organisée sur le site ce jeudi pour des officiels et la presse a permis de s’en rendre compte. Pendant que des ouvriers sont occupés à l’installation des sièges dans les futures salles, d’autres s’activent à l’installation du matériel d’isolation.
Selon Moustapha Samba, directeur de Pathé Cinéma Dakar, ce projet est un investissement de 8 milliards de francs Cfa du groupe français. Dans cet univers où les dernières technologies ont été utilisées, le spectateur «sera dans les mêmes conditions techniques que la personne qui sera à New York», assure M. Samb. Déjà, le groupe table sur un retour des Sénégalais dans les salles de cinéma qui avaient pour ainsi dire, fini par disparaître du paysage. «On ne peut pas défendre un cinéma sénégalais ou africain sans avoir un écran. Et ce qui fait marcher les cinémas, ce sont les blockbusters. Avec 7 salles, je pense que toute la cinématographie sénégalaise, africaine, mondiale peut trouver sa place. C’est important pour les films d’avoir une force de diffusion», constate M. Samb. Mais, tempère le directeur des Opérations de Pathé Afrique, Fréderic Godefroid, il faut encore que ça soit des productions de qualité. «Il y aura une place spéciale pour cinéma sénégalais, africain puisqu’avec sept salles, c’est important d’avoir dans la mesure du possible toujours à l’affiche, un ou deux films sénégalais ou africains. Mais ce qu’on demande aussi, ce sont des films de qualité, bien montés, bien mixés et que techniquement, le spectateur s’y retrouve», souligne M. Godefroid.
Le nouveau complexe cinématographique est un multiplexe où les spectateurs pourront réserver directement leurs places et avoir des tickets électroniques directement dans leurs téléphones. Et souligne M. Samb, différentes formules seront proposées sur la tarification. «Ça ne coûtera pas la même chose de voir un film un samedi soir ou un mardi matin. Mais ce qui est sûr, c’est que l’objectif, les prix soient accessibles au plus grand nombre.»
HUGHES DIAZ, DIRECTEUR DE LA CINEMATOGRAPHIE : «IL FAUT DES MECANISMES INNOVANTS»
L’ouverture d’un complexe cinématographique à Mermoz par le groupe français Pathé est de bon augure pour le cinéma sénégalais. Selon le directeur de la Cinématographie, Hughes Diaz, le cinéma sénégalais fait face à un problème d’infrastructure de diffusion. «Ça reste une préoccupation des autorités», a indiqué M. Diaz au terme de la visite organisée ce jeudi sur le site du futur complexe cinématographique de Pathé à Mermoz. «Il faut mailler le pays et le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique (Fopica) a déjà financé la réhabilitation d’une salle à Ziguinchor, le cinéma Vox. Aujourd’hui, on se bat pour avoir le patrimoine que l’Etat avait légué à des privés. Certains n’ont pas changé de destination et on est en train de les recenser et travailler avec les détenteurs de ces salles pour que l’Etat accompagne l’investissement et qu’on ait des salles aux standards internationaux». Avec les avancées technologiques, les normes techniques sont devenues primordiales et M. Diaz souligne la nécessité de disposer de salles de cinéma aux standards internationaux qui permettent de sécuriser la projection, la distribution et l’exploitation mais aussi pour maîtriser la billetterie. «Il nous faut des salles normées et il faut des mécanismes innovants pour venir en appoint à l’effort de l’Etat. Et cela passe par le prélèvement sur les tickets, mais pas en mettant une trop forte pression fiscale sur les investisseurs», indique M. Diaz.
THIERNO BOCOUM ACCUSE L’ASSEMBLEE D’AVOIR VIOLE LA SEPARATION DES POUVOIRS»
Le président de la République n’était pas destinataire du rapport de la mission d’information sur les inondations. C’est l’avis de Thierno Bocoum qui parle de violation du principe de la séparation des pouvoirs.
Le président de la République n’était pas destinataire du rapport de la mission d’information sur les inondations. C’est l’avis de Thierno Bocoum qui parle de violation du principe de la séparation des pouvoirs.
Le président de l’Assemblée nationale a remis le rapport de la mission d’information parlementaire sur la gestion des inondations au président de la République. Moustapha Niasse et les députés membre de cette Mission ont été reçus jeudi. Mais voilà une audience que Thierno Bocoum ne comprend pas. «Des députés qui travaillent pour le président de la République : fait inédit, anticonstitutionnel et grave», estime l’ancien parlementaire.
En effet, rappelle-t-il dans un communiqué, «l’Assemblée nationale n’est pas une assemblée consultative à l’image du Cese ou du Hcct», mais bien une «assemblée délibérante, représentative». Sous ce rapport, le leader du mouvement Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir) écrit : «La mission d’information sur les inondations ne peut en aucune manière produire un rapport destiné au président de la République.
En effet, une mission d’information «porte sur un objet donné et vise à apporter aux députés des réponses à des problèmes qui les préoccupent dans l’exercice de leurs activités» (article 49 alinéa 3 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale). L’article susvisé révèle clairement que cette mission est uniquement destinée aux députés.» M. Bocoum en déduit donc qu’en adressant au président de la République un rapport, «remis en mains propres au palais de la République, l’Assemblée nationale a violé le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs, fondamental dans les démocraties représentatives».
Et l’ancien président de la Commission comptabilité et contrôle de la 12ème législature va plus loin : «L’Assemblée nationale décide d’une manière anticonstitutionnelle- c’est grave- d’être inféodée au pouvoir exécutif et d’en être le maillon le plus faible par le caractère facultatif de la prise en charge d’une série de conseils accumulés dans un rapport. La mission de représentation de la deuxième institution de notre pays est ainsi rabaissée à un niveau de conseil au service de l’exécutif.»
par Mohamed SALL SAO
INCOHÉRENCES ET COUACS DES RÉCENTS CHANGEMENTS GOUVERNEMENTAUX ET INSTITUTIONNELS
En nommant comme administrateur du Fongip une sociologue, Macky Sall a fait peu cas de l’esprit communautaire, ce qui est dommageable pour la crédibilité de nos organisations sous régionales
Non, messieurs les « politologues », l’année 2021 ne devrait pas être cruciale pour le président Macky Sall ! S’il n’est pas dans une logique de recherche d’un 3ème mandat, son souci ne devrait pas être celui « d’atteindre ses objectifs dans trois ans ou de se focaliser sur les résultats et surtout les livrables de 2021 », mais plutôt de mettre le pays sur la rampe de lancement, en le poussant vers l’atteinte des objectifs du Plan Sénégal Émergent au-delà de 2024.
On nous dit aussi « qu’à défaut d’un Premier ministre, il devra faire preuve de plus de vigilance quant au tâtonnement des uns et des autres … », mais n’est-il pas justement à la source de ces problèmes, généralisés, de tâtonnements et d’approximations, quand les fondamentaux en matière de gestion publique sont occultés ?
En effet, si l’on peut reconnaître au président Sall une certaine habileté politique et de réelles capacités à nouer des alliances et à déstabiliser l’opposition, ces atouts sont cependant contreproductifs dans la mesure où ils ne sont adossés à aucune rationalité, aussi bien en ce qui concerne l’organisation étatique et administrative, que dans le choix des femmes et des hommes sensés assurer une bonne gestion administrative et technique des structures publiques et permettre le développement du pays.
Que l’on se comprenne bien. Il ne s’agit nullement d’interroger les compétences des collaborateurs du président, des dirigeants des départements ministériels et des directeurs d’administration centrale ou d’entreprise publique, car toute personne est sensée avoir un certain niveau de connaissances et d’expérience – quel qu’il soit - dans un domaine donné. Il s’agit simplement de poser la question de l’adéquation de leurs profils aux emplois occupés, ainsi que celles, sur le plan structurel, de la politisation à outrance de l’administration et des entorses récurrentes à l’orthodoxie administrative.
Quatre exemples suffisent à illustrer les dysfonctionnements et choix malencontreux qui ont émaillé les récents changements gouvernementaux et institutionnels et qui mettent à mal la crédibilité du pouvoir, en obérant la logique inhérente à un bon management et à la recherche de l’efficacité et de l’efficience de l’action publique. Ce sont : (i) le maintien d’un Secrétariat général du gouvernement alors qu’il n’y a plus de Premier ministre ; (ii) la nomination, en qualité de Directeur de cabinet du président de la République, de quelqu’un qui n’est pas de la hiérarchie A ; (iii) la nomination comme administrateur du Fongip d’une personne n’étant, ni de la profession bancaire, ni diplômée d’études financières et n’ayant pas les connaissances pratiques requises ; (iv) la désignation d’un avocat comme Agent judiciaire de l’Etat.
1. Il est curieux de constater le maintien jusqu’à présent d’un Secrétariat général du gouvernement, alors que le poste de Premier ministre a été supprimé au lendemain de la dernière élection présidentielle par la loi constitutionnelle du 14 mai 2019. En effet, même si c’est une tautologie que de le dire, il convient de rappeler que le Secrétariat général du gouvernement (SGG) est en réalité le secrétariat général de la Primature, à l’image du Secrétariat général de la présidence pour la présidence de la République. A ce titre, il assure la coordination des services du Premier ministre et a vocation à s’appuyer sur deux principaux leviers qui sont : d’une part, l’organisation des procédures de concertation et coordination interministérielles, ainsi que le suivi des décisions gouvernementales, en un mot l’organisation du travail gouvernemental ; et, d’autre part, les tâches inhérentes au secrétariat du Conseil des ministres. Avec la suppression du poste de Premier ministre, le Secrétariat général du gouvernement doit en principe disparaître, ses attributions étant dévolues au Secrétariat général de la présidence de la République (SGPR), qui s’appuie cependant sur un « Secrétariat du Conseil des ministres », qui lui est rattaché pour prendre en charge tout ce qui concerne la préparation, l’organisation et le suivi des travaux du Conseil des ministres. Ce fut le cas sous Abdou Diouf, lorsque le poste de Premier ministre avait été supprimé et que Jean Collin assumait les fonctions de ministre d’Etat Secrétaire Général de la présidence et un de ses collaborateurs, Babacar Néné Mbaye, celles de Secrétaire du Conseil des ministres.
Ainsi, c’est le maintien du dualisme actuel SGPR/SGG en matière de coordination gouvernementale, dans le cadre d’un exécutif pourtant devenu désormais monocéphale, qui explique les flottements, conflits de compétences et frictions qui auraient marqué, semble-t-il, les relations des deux occupants de ces postes qui viennent d’être remerciés, alors que l’on pensait, sans doute, que le fait que l’un était ministre d’Etat et l’autre ministre «simple » allait permettre d’éviter d’éventuels heurts. Aujourd’hui que leurs remplaçants disposent du même rang ministériel, il faut espérer que l’histoire ne bégaiera pas et que la machine administrative ne sera pas ralentie, voire grippée, par des arbitrages récurrents en ces temps de « fast track ».
2. La nomination d’un nouveau Directeur de cabinet du président de la République a soulevé beaucoup de vagues et cela à juste titre, dès lors que cette fonction avait fait l’objet d’une description de poste définissant les critères de nomination à cet emploi et qu’au regard du profil défini, l’impétrant n’est, ni un fonctionnaire de la hiérarchie A, ni titulaire d’un diplôme classé dans cette catégorie. Et ce n’est pas faire injure à l’intéressé que de soulever cette question, car, quels que soient son mérite et ses capacités, les règles sont faites pour être appliquées dans un Etat de droit.
Il suffit de rappeler, à cet égard, le précédent qui avait eu lieu sous le magistère d’Abdoulaye Wade et qui avait conduit celui-ci à contourner l’obstacle par la novation qu’a constituée la création du poste de « Directeur de cabinet politique », qui n’avait jamais existé auparavant au Sénégal et qui n’existe pratiquement dans aucun pays … Et pourtant, le collaborateur qui avait été pressenti par le président Wade pour être son Directeur de cabinet avait une formation et une expérience administratives ! Dans ces conditions, la question est : quelle idée d’avoir « bousculé » les normes définies en faisant permuter les titulaires des deux postes - de Directeur de cabinet et de Directeur de cabinet politique - surtout qu’ils ont été gratifiés tous deux du même rang de ministre d’Etat ?!...
3. Quant à la nomination de l’administrateur du Fongip, elle s’apparenterait plus à une récompense, « pour loyauté et pour services rendus dans la mobilisation des jeunes du parti et la défense de l’action du président »... Seulement, le Fongip n’est pas un service administratif comme un autre. Sa gestion obéit à des règles financières et comptables précises et son fonctionnement est similaire à celui d’un établissement financier ou d’un « investisseur institutionnel » (société d’assurances, organisme de pension ou caisse de retraite, …), voire d’une banque.
C’est dans cet esprit que les institutions monétaires sous régionales et nationales avaient énoncé le principe de confier l’administration de ce genre de fonds à une personne du sérail ou un initié, principe qui a le mérite de poser des exigences a minima sur le profil des personnes devant gérer de tels organismes.
En nommant comme administrateur du Fongip une sociologue n’ayant jamais travaillé dans un établissement bancaire ou financier, le président de la République a donc fait peu cas de l’esprit communautaire, ce qui est dommageable pour la crédibilité de nos chefs d’Etat et de nos organisations sous régionales.
4. Enfin, la désignation d’un avocat comme Agent judiciaire de l’Etat participe apparemment de la même motivation que pour l’administrateur du Fongip, à savoir celle de récompenser des militants perçus comme méritants. S’agissant spécifiquement du maire de Wourossogui, on l’a aussi placé là, sans doute, pour lui donner une plus grande visibilité, notamment dans la perspective des prochaines joutes électorales, locales et législatives...
Quoi qu’il en soit, si un avocat est sensé partager, certes, les mêmes connaissances en droit judiciaire qu’un magistrat, force est de rappeler qu’il s’agit là d’un emploi administratif ayant toujours été occupé par des magistrats et qu’il ne manque pas dans ce pays de bons magistrats à qui l’on aurait pu attribuer ce poste en guise de promotion. Sans parler de l’incompatibilité manifeste, juridique ou pas, entre les fonctions de maire, d’avocat et d’agent judiciaire de l’Etat !
En définitive, les aberrations sont nombreuses au niveau des récentes nominations et restructurations. Les décisions prises dans ces domaines ont, de surcroît, des incidences néfastes sur les charges budgétaires de l’Etat, en particulier sur les dépenses de personnel et de fonctionnement, en raison d’une surenchère sur les niveaux d’emplois, en termes de rang, de rémunération, d’avantages et de privilèges.
Pour finir, c’est le lieu de s’interroger sur le rôle du BOM, tel qu’il a été recréé il y a quelques années, en se posant la question de savoir s’il est aujourd’hui suffisamment outillé pour - ou disposé à - impulser la dynamique et les méthodes que requièrent la formulation des politiques publiques, la rationalisation de l’organisation administrative et la mise en place de services publics efficaces, efficients, transparents et dédiés à la satisfaction des usagers. Si cette structure logée à la présidence et ayant vocation à promouvoir la gestion du changement et à conduire la réforme de l’administration publique n’a plus les moyens d’accomplir ses missions, à la fois dans la proactivité et la réactivité, sa pérennisation devrait être questionnée, ou, pour le moins, son rôle et sa place redéfinis.
Mohamed Sall Sao est expert des Nations Unies, ancien conseiller au B.O.M.