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28 juin 2025
600 HOMMES ET 112 VÉHICULES MOBILISÉS POUR UNE MANŒUVRE NATIONALE
La gendarmerie participe depuis jeudi dernier, aux côtés des autres forces de défense et de sécurité, à la manœuvre nationale dénommée ‘’Falémé’’ dans la zone Est, qui va prendre fin le 26 novembre prochain.
Tambacounda, 21 nov (APS) - La légion de gendarmerie Est (Tambacounda-Kédougou) a mobilisé 600 hommes et 112 véhicules pour évaluer le niveau d’entrainement des unités et l’adaptation des équipements sur le terrain, a déclaré samedi, le Lieutenant-colonel Davy Koguilla Mané, commandant de cette légion de gendarmerie.
La gendarmerie participe depuis jeudi dernier, aux côtés des autres forces de défense et de sécurité, à la manœuvre nationale dénommée ‘’Falémé’’ dans la zone Est, qui va prendre fin le 26 novembre prochain.
‘’Nous avons mobilisé pour cette manœuvre 600 hommes, 112 véhicules, 12 motos et deux avions de la section aérienne de la gendarmerie. Cette manœuvre, nous avons investi des ressources humaines et matérielles pour la mener à bien’’, a dit le Lieutenant-colonel Mané lors d’un point de presse.
Selon lui, cette partie Est du pays préoccupe le haut commandement au premier rang.
‘’L’objectif final est d’évaluer le niveau d’entrainement de nos hommes et l’adaptation de nos équipements sur le terrain et dans le milieu. Et, travailler la coordination et l’interopérabilité de la gendarmerie avec les autres forces de sécurité’’, a-t-il expliqué.
Cette manœuvre nationale ‘’Falémé’’ va se dérouler en deux phases dont la première prendra fin à minuit. La seconde phase se tiendra du 24 au 26 novembre.
Pendant la première phase, il s’agit de faire face pour les unités de la Légion Est aux groupes terroristes qui ont pris une partie de l’enclave de Kéniaba (Bakel), a expliqué le lieutenant-colonel Mané.
Il s’agit pour nous, a-t-il poursuivi, de rétablir l’ordre dans cette enclave. ‘’Nous avons engagé l’escadron de surveillance et d’intervention de Bakel et le groupe d’action GARSI de Kidira aux cotés d’unités de la Légion de gendarmerie’’, a ajouté le commandant de la légion de gendarmerie Est.
Pour la seconde phase, la gendarmerie va procéder à des appels aux renforts étant donné que les unités de la Légion étaient un peu dépassées par les attaques terroristes.
Pour la réussite de cette manœuvre, la gendarmerie va assurer ses missions traditionnelles notamment administratives et de recherche de renseignements sur le terrain par les patrouilles, pour collecter des informations auprès des autres forces de défense et de sécurité.
par Abdoulaye Sène
INTERNET, LA DÉMOCRATIE ET L'AFRIQUE
La démocratie est loin d’être acquise en Afrique. Et Internet est devenu un élément de désordre, susceptible de stimuler des sentiments fielleux
L’élection présidentielle américaine a montré qu’Internet peut jouer un rôle négatif pour la démocratie. On a assisté, sur la Toile, à une flambée des théories conspirationnistes et au raidissement de la vérité factuelle. Cette vague de complotisme qui a surgi des écrans, a été stratégiquement provoquée. Elle a été entretenue par la Maison-Blanche elle-même, et par son locataire. Aujourd’hui, en tout lieu de la planète, des femmes et des hommes souscrivent à des théories folles, qui discréditent l’information, la vérité, et obstruent la démocratie constitutionnelle. Internet, qui devait poser une assise démocratique dans les sociétés modernes, pourrait être le fossoyeur de celle-ci. Partout où l’on tourne le regard, il y a une crise de la vérité, ainsi qu’une défiance vis-à-vis des élites. Même la science, qui a fait de prodigieux bonds en avant, est rejetée. En Afrique, cela pourrait causer la dissolution des libertés et saper les fondements de l’Etat de droit. L’on assisterait alors à un développement du totalitarisme sur le continent.
Fake news, intox, faits alternatifs, réinformation, IA (intelligence artificielle) malveillante. La terminologie en dit long sur ces nouveaux mots, qui désignent l’ère de post-vérité. Ce qui compte, dorénavant, c’est d’avoir raison, ou de tromper, même si on prêche le faux. La propagande existe depuis longtemps. Les élites politiques savent s’en servir pour modifier la perception du public. Mais, avec Internet et surtout les nouveaux médias, les fausses nouvelles deviennent une arme redoutable, à la main des puissants, pour stimuler l’adhésion des citoyens. Ainsi, en quatre ans de gouvernance, Donald Trump aurait menti plus de 20.000 fois selon un décompte tenu par le New-York Times. Sa page Twitter lui servant de caisse de résonance. Le chef de la première puissance mondiale ne se gêne pas. Il lui arrive de proférer 60 mensonges par jour, à destination d’un public qui le croit, et le suit dans tous ses délires, sans sourciller. Il a fini de construire une réalité alternative que des millions de citoyens américains, mais aussi du monde, adoubent. Il faut dire que le boulevard est ouvert, car Trump cumule 88 millions d’abonnés sur Twitter et 34 millions sur Facebook.
Colère vaine. La viralité sur Internet aidant, les fausses informations sont difficiles à stopper. Les algorithmes permettent une diffusion exponentielle des contenus erronés. Par ailleurs, la nature binaire d’Internet favorise le déploiement de l’agressivité. Comme le rappelle la philosophe et psychanalyste française Cynthia Fleury. Dans son livre, Ci-gît l’amer, elle explique les ressorts de la haine sur Internet, et ses conséquences. L’époque est dominée par une épidémie de ressentiment, note-t-elle. Si la colère est partout, c’est aussi par le truchement de la technoculture qui favorise sa distribution. Internet est un canal idéal d’endoctrinement. La rancune, le harcèlement, la malveillance parcourent les réseaux connectés, tels des essaims. Ils sont mortifères, dans le sens où ils activent une radicalité sans discernement. Ainsi qu’une pensée non-dialectique. Ils réduisent la complexité de la vie et du réel à une peur archaïque. Qui cherche à accuser, qui fouille dans toutes les poubelles, à la recherche d’un bouc-émissaire. Ainsi, les réseaux sociaux sont débordés par une armée de trolls, de plus en plus intolérants, diffusant sans cesse des fausses informations. C’est le temps des victimes, de l’expression spontanée des pulsions destructrices. Tout le monde invective tout le monde. Et des millions de personnes supportent des leaders autoritaires et fondamentalement immoraux.
Une étude du MIT démontre que les fausses informations sont 70 % plus virales que les vraies. Face à cette avalanche de haine et de contre-vérités sur les réseaux sociaux, se pose la question délicate de la modération. La liberté d’expression est difficilement conciliable avec la censure. Mais Twitter et Facebook ne peuvent plus ignorer l’étendue des dégâts. Facebook a récemment changé de doctrine, concernant les faits alternatifs. Mark Zuckerberg qui s’était retranché derrière le « free speech » a revu sa copie. Désormais, Facebook retire les contenus antisémites. Le réseau social a aussi banni des groupes de conspirationnistes antivaccins. De même que des pages proches de Steve Bannon – ancien conseiller de Trump -, des groupes liés aux QAnon, ainsi que des pages de suprémacistes blancs. Par exemple, le groupe dénommé « Arrêtez ce vol », qui comptait 320.000 membres, a été supprimé par l’entreprise de Menlo Park. Ses administrateurs reprenaient les informations infondées distillées par Donald Trump, après les résultats des élections américaines. Twitter est allé beaucoup plus loin, en censurant des propos du président américain. Mais il y a encore tant à faire pour vérifier les faits sur les réseaux sociaux. Aux Etats-Unis, l’équipe de communication de Donald Trump, sous la férule de Brad Parscale, avait un plan précis pour les élections. Comme en 2016, elle voulait miser sur les vérités alternatives. Elle a réussi en partie, puisque 70,4 millions de citoyens américains ont voté pour le candidat républicain.
Le succès de cette stratégie va influencer au-delà de l’Amérique. Nous ne sommes qu’aux prémices d’une institutionnalisation de la propagande mensongère. En Afrique, le conspirationnisme et la désinformation trouvent un terrain propice. D’une part, l’inhabilité numérique, ou illectronisme, y est pesante. D’autre part, le continent est le gîte d’une jeunesse sous-éduquée, et travaillée par de multiples frustrations. En outre, le déficit de l’employabilité est immense. En Afrique subsaharienne, 60 % des jeunes âgés entre 15 et 17 ans ne sont pas scolarisés. Une bombe à retardement. La jeunesse est à la merci des démagogues. Des nouveaux révolutionnaires des Internets. Qui, pour trouver audience, vendent des affabulations. L’armée des déclassés, en Afrique, est une cible facile pour les manipulateurs. Déjà, en 2019, des comptes appartenant au groupe Israélien, Archimedes group, avaient été fermés par Facebook. L’entreprise d’influence électorale diffusait sur des pages de fausses informations, à destination des internautes tunisiens, sénégalais et congolais. Cette année, Facebook a aussi supprimé des centaines de comptes créés par le groupe tunisien, Ureputation. Cette société partageait des fake news au public tunisien et ouest-africain.
La démocratie hystérique. Qui étaient les commanditaires de ces intox ? Les fausses informations pouvaient servir la rhétorique d’hommes au pouvoir. Comme d’opposants. Il ne faut pas oublier que Donald Trump s’est fait une place dans le landerneau politique, en récusant la nationalité américaine de Barack Obama. Trump est le plus emblématique des dirigeants colporteurs de désinformations, qui se sont hissés à la tête de leur pays. D’autres leaders ont, aussi, utilisé les faits alternatifs pour convaincre les foules, et arriver à leurs fins. Jair Bolsonaro s’est construit une réputation en s’en prenant aux forces progressistes du Brésil. Il a pu mobiliser autour de lui. En polarisant le débat public, avec une rhétorique haineuse, pour hystériser les foules. Élu chef de l’Etat, il continue de répandre des allégations infondées. Il a, par exemple, nié cette année l’existence de feux en Amazonie, alors que d’immenses incendies consumaient la forêt tropicale. Mais dans ces pays, les institutions sont fortes. Elles ne donnent pas l’opportunité aux dirigeants politiques de détruire les projets républicains et démocratiques. Ils peuvent se servir d’Internet pour diffuser leurs propagandes mensongères. Pour polariser le débat et gagner des élections. Néanmoins, leurs penchants totalitaires sont freinés par des garde-fous.
En Afrique, par contre, les institutions sont très faibles. La marche des pays dépend entièrement de la volonté d’un seul homme : le chef de l’Etat, gardien de la Constitution et de toutes les volontés. L’exécutif écrase tous les autres pouvoirs. Les prérogatives du président de la République sont épaisses. Il porte presque les habits d’un autocrate. Tous les autres pare-feux sont neutralisés. Les juges et les législateurs sont subordonnés à ses caprices. En Afrique, la démocratie se résume, le plus souvent, à l’élection du président de la République. Elle est ainsi complètement dévitalisée. Quand le champ politique est en ruines, le citoyen est désemparé. Il ne lui reste plus que les protestations sur les réseaux sociaux ou l’activisme passif, sans vraie conscience politique. Cela participe à l’exsudation du potentiel militant et transformationnel de la jeunesse.
Tout cela invite à mettre l’accent, encore qu’il est temps, sur quatre priorités. L’éducation à la technologie, dès le primaire, pour préparer les jeunes africains à un monde marqué par l’imbrication des rapports entre l’homme et la machine. Le développement, dans les esprits, de la quête de science, qui prend en compte l’objectivité, l’esprit critique, la distance. L’inscription de l’idéal démocratique comme valeur sociale intangible. Le rétablissement de la confiance entre les élites et les masses africaines, ce qui passe par l’amélioration de l’offre politique. La réhumanisation du discours, en portant une rhétorique publique tolérante et respectueuse des différences. Et, pour finir, rappeler aux grands groupes numériques leurs responsabilités en Afrique – fiscalité, modération des contenus, respect des lois -, ce qui doit être le rôle des organisations régionales. Quel Internet voulons-nous en Afrique ? Comment mettre cet outil formidable au service des peuples, de l’innovation et du progrès social ?
Ces questions doivent faire l’objet de délibération par les citoyens. Ainsi pourra-t-on éviter une conjonction d’impasses, possiblement désastreuse. Déjà, deux dangers font leur apparition sur le continent. Ils peuvent mettre à mal, très vite, les équilibres sociaux, déjà fragiles. Le premier est la xénophobie et les divisions religieuses et confessionnelles. Qui trouvent un lit favorable sur les médias sociaux. Des aventuriers pourraient les promouvoir et les systématiser, dans la perspective d’asseoir des mouvements identitaires. Internet sera un canal idéal de distribution et d’endoctrinement. Le second sera l’alibi de la sécurité, pour contrôler les citoyens et imposer le totalitarisme. Certaines autorités travaillent déjà à doter leurs pays de moyens pour pirater les données des citoyens. Ces projets pourraient aboutir au même résultat que le modèle chinois de contrôle social. La démocratie est loin d’être acquise en Afrique. Et Internet est devenu un élément de désordre, susceptible de stimuler des sentiments fielleux. De créer le chaos. Un outil gigantesque à la disposition de l’intolérance, de la bigoterie, et du totalitarisme.
LES CHANGEMENTS NE DEVRAIENT PAS ÊTRE DES CAUSES DE RUPTURE
Le président Macky Sall ne souhaite une rupture avec les responsables de son parti qu’il a limogés. En tout cas, s’il a salué «la présence des ministres non reconduits» lors du Sen d’hier, le cas Mimi Touré reste une préoccupation
Le Président Macky Sall ne souhaite une rupture avec les responsables de son parti qu’il a limogés. En tout cas, s’il a salué «la présence des ministres non reconduits» lors du Sen d’hier, le cas Mimi Touré reste une préoccupation.
C’est le premier Secrétariat exécutif national (Sen) de l’Apr post-remaniement du 1er novembre dernier. Et les ministres qui ont perdu leur fauteuil y ont pris part. C’est une information parce que certains avaient été considérés comme des mécontents, frustrés et même éventuellement sur le départ. «Le Président a salué la présence des responsables du Parti qui n’ont pas été reconduits dans le gouvernement, en rappelant que la réorganisation et l’ouverture constituent un tournant important, qui a entraîné des changements inhérents au fonctionnement de l’Etat qui, pour douloureux qu’ils puissent être, ne devraient nullement constituer des causes de rupture dans le compagnonnage politique», lit-on dans le communiqué. Mais à qui s’adresse Macky Sall ?
Le document ne précise pas qui étaient là-bas, mais Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Oumar Youm, Boun Abdallah Dionne ne seront pas du gouvernement dit de «recentrage du dispositif de pilotage de l’action publique», de la «consolidation de la Coalition Benno bokk yaakaar», de «l’ouverture aux autres forces de l’opposition et le rajeunissement des membres de l’équipe». En revanche, s’il y a une personne dont la présence à ce Sen surprendrait ce serait Aminata Touré.
Et apparemment, en précisant «la présence des ministres non reconduits» et en zappant l’ex-présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), l’on imagine que le prédécesseur de Idrissa Seck n’a pas été à ce rendez-vous des hauts responsables du parti présidentiel. Surtout après avoir littéralement «oublié» le nom du Président Sall dans ses remerciements. Les membres du Sen, indique-t-on, «expriment à l’unanimité, leur soutien total au Président Macky Sall, qui vient d’ouvrir une séquence historique nouvelle dans le cours politique, économique et social de notre pays, marqué par une dynamique toujours en cours, d’un Dialogue national élargi et inclusif».
LA SECTION DE RECHERCHES OUVRE UNE ENQUETE
La Section de recherches de la Gendarmerie nationale a ouvert une enquête sur l’affaire de l’importation frauduleuse de fortes quantités de sucre, qui inonde le marché national et menace gravement le tissu industriel.
La Section de recherches de la Gendarmerie nationale a ouvert une enquête sur l’affaire de l’importation frauduleuse de fortes quantités de sucre, qui inonde le marché national et menace gravement le tissu industriel.
L’importation frauduleuse de fortes quantités de sucre qui inonde le marché national connaît de nouveaux développements. Cette fois-ci, ce sont les autorités judiciaires qui se sont saisies du dossier. Puisque, d’après des sources que le journal Le Quotidien a jointes, il nous revient que la Section de recherches de la Gendarmerie a ouvert une enquête pour faire toute la lumière sur cette affaire qui met en péril le tissu industriel. Auparavant, il a été découvert que le gap réel que les importations devaient compléter, en réalité, est de 40 mille tonnes, dont 20 900 par la Compagnie sucrière sénégalaise (Css).
Et le reste, c’est-à-dire les 19 mille 100 tonnes, reparti entre les commerçants. Mais des commerçants, qui seraient de connivence avec des fonctionnaires véreux, ont trouvé des subterfuges pour obtenir frauduleusement des Déclarations d’importation de produits alimentaires (Dipa) et ont porté le Gap à 63 mille tonnes de sucre. In fine, c’est plus de 100 mille tonnes de sucre qui ont été délivrées. Tous ces éléments, d’après les informateurs du journal Le Quotidien, ont entraîné le limogeage à l’ex-Secrétaire général du ministère du Commerce et des petites et moyennes entreprises (Pme), Makhtar Lakh, au directeur du Commerce intérieur, Ousmane Mbaye, ainsi que le chef des services Dipa, Issa Wade. L’enquête en cours, menée par la Section de recherches de la Gendarmerie nationale, devrait permettre ainsi d’éclairer la lanterne de l’opinion.
Depuis quelques jours, les organisations syndicales et les cadres de la Css ruent dans les brancards pour dénoncer les «nombreuses Dipa frauduleuses qui circulent et ont permis aux commerçants d’inonder le marché de sucre, empêchant ainsi la Css, qui produit chaque jour 1 000 tonnes de sucre, qui viennent s’ajouter aux 30 mille tonnes stockées, de vendre». Ces syndicalistes ont demandé lors d’une rencontre avec la presse, que «ces faussaires soient identifiés et sanctionnés, car la boîte (la Css) ne parvient plus à vendre son sucre depuis juillet ; ce qui a provoqué une situation financière catastrophique, dans la mesure où la compagnie a recouru à des prêts bancaires pour payer les salaires d’octobre et reste devoir de l’argent à ses fournisseurs qui risquent de ne pas recevoir leur dû, car les banques ne peuvent pas accepter de cumuler des crédits pour la Css».
Le président de la République, Macky Sall, a été même, à cette occasion, invité à se saisir de cette question. Et cet appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Car, ce mercredi, le chef de l’Etat a demandé, lors de la dernière réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, au ministre du Commerce et des Pme, Assome Aminata Diatta, de veiller à une régulation rigoureuse de ce marché pour éviter de fragiliser le tissu industriel dans ce secteur.
A MBAO, LE POISSON SE RAREFIE FAUTE DE PECHEURS
Seuls huit pêcheurs sont visibles sur le quai de pêche. Ils attendent leurs collègues partis à la recherche du poisson depuis 6h du matin.
Depuis quelques mois, nombreux sont ceux qui ont embarqué à bord des pirogues pour rallier les Îles Canaries. Les jeunes de Mbao, particulièrement les pêcheurs artisanaux, ont, eux aussi, tenté l’aventure, laissant derrière une communauté dans un trouble profond.
En cette fin d’après-midi, la plage de Mbao s’est vidée de son beau monde. Seuls huit pêcheurs sont visibles sur le quai de pêche. Ils attendent leurs collègues partis à la recherche du poisson depuis 6h du matin. L’ambiance est morose. Ici, chacun est plongé dans ses réflexions, oubliant même le thé qui crame sur le fourneau. D’habitude, les pêcheurs sont connus pour leur joie de vivre. Mais, en cette période de canicule, leurs visages qui dégageaient une certaine gaieté sont affligés par les difficultés auxquelles ils font face.
En plus du manque de poisson qui les inquiète au plus haut point, leurs enfants se sont lancés dans une aventure incertaine (l’émigration clandestine), à la recherche d’un avenir plus radieux. Même s’il ne donne pas raison à ces jeunes, Mbaye Sarr Pouye, le président de l’Union locale des pêcheurs de Mbao, refuse de les critiquer. « Nous n’allons pas juger ces jeunes qui partent, car eux seuls savent ce qui les motives. S’ils avaient l’opportunité de gagner honnêtement leur vie ici en tant que pêcheurs et subvenir à leurs besoins, ils n’auraient pas eu besoin de prendre de tels risques », indique-t-il, soulignant que « même si on les sensibilise », ils n’écouteraient personne parce qu’ « ils sont désespérés ».
M. Pouye invite ainsi les autorités à se réunir autour d’une table pour mieux situer le problème. « Nous, acteurs de la pêche, devons discuter sérieusement de ce problème. Il faut que les autorités sortent de leurs zones de confort pour connaitre les réalités du terrain et stopper ce phénomène. Les pêcheurs ne doivent pas être négligés vu qu’ils contribuent au développement du pays », ajoute-t-il.
Des propos que partage Thierno Kane, coordonnateur du Conseil local de la pêche artisanale (Clpa). « Quand il y a problème, les concernés doivent se réunir autour d’une table pour trouver une solution. Mais, depuis que ce phénomène a commencé, nous n’avons personne à qui parler. Les jeunes n’ont plus l’espoir de réussir au Sénégal. Leur départ a un impact sur notre vécu, car il n’y a plus personne pour aller à la pêche », regrette-t-il.
Thierno plaide pour le réaménagement et une meilleure gestion du marigot de Mbao qui, à son avis, peut offrir beaucoup d’opportunités d’emplois. « Si on l’exploite normalement, il pourra offrir des emplois aux jeunes qui ne songeront plus à partir en pirogue parce qu’ils souhaitent juste réussir », confie-t-il.
Mour Ndoye est pêcheur depuis ses 14 ans. Il vient de débarquer à bord d’une pirogue avec 30 autres collègues. Mais, il n’a entre les mains que deux seaux de poissons. À en juger leurs mines renfrognées, la pêche ne s’est pas passée comme ils l’espéraient, et le sieur Ndoye le confirme. « Nous sommes partis à 6 heures du matin et sommes rentrés à 16 heures avec seulement deux seaux de poissons. En partant, nous avons dépensé 150 000 FCfa en carburant, une somme que nous n’avons pas pu récupérer quand nous avons vendu le poisson. Après la vente, on n’a eu que 1000 FCfa chacun », se désole ce père de famille qui explique qu’il n’a toujours pas inscrit ses enfants à l’école faute de moyens.
Selon M. Ndoye, ce sont ces genres de choses qui incitent les jeunes à quitter le Sénégal. Mais, lui n’a pas l’intention de partir, même s’il fait face à des difficultés. Il ajoute qu’il y a tout de même des personnes qui vivent dans des conditions vraiment désolantes et comprend qu’ « ils veuillent tenter leur chance ailleurs ».
N., un autre pêcheur, confie qu’il n’avait pas pu réunir la somme exigée (400 000 FCfa) pour partir avec ses amis pêcheurs en Europe. Cependant, il affirme que si l’occasion se présente à nouveau, il n’hésitera pas. « Je suis carreleur et pêcheur à mes heures perdues. Il n’y a plus de chantier, donc je remets mon gilet. Nous ne pouvons plus rester à la maison et voir nos épouses et enfants mourir de faim sans pouvoir faire quelque chose. Avant, même si on n’avait pas d’argent, en rentrant de la pêche, on emmenait du poisson que les femmes préparaient et donnaient à la famille. Maintenant ce n’est plus possible, car il n’y a plus rien dans la mer », se désole-t-il.
L’activité des femmes transformatrices affectée
Une autre pirogue débarque cette fois devant le site de transformation de produits halieutiques. Une vingtaine de femmes accourent vers le navire, paniers en main, dans l’espoir de trouver du poisson à sécher ou à fumer. Malheureusement, certaines d’entre elles vont rentrer bredouille. Cette après-midi, seules cinq caisses de poissons sont disponibles et réservées au plus offrant.
Khardiata Diop exerce le métier depuis 1962. Elle révèle n’avoir jamais vécu une situation aussi « désastreuse » depuis près d’un demi-siècle. « Depuis le départ des jeunes, les jours passent et se ressemblent. Il n’y a presque plus de pêcheurs à Mbao et cela a un impact sur notre travail », explique-t-elle.
Mme Diop pense que les jeunes doivent être appuyés si l’on veut qu’ils restent au Sénégal. « Je suis âgée et ne devrais même pas me trouver ici, mais mes enfants sont au chômage. Ils ne peuvent pas prendre en charge les dépenses de la maison. Je suis obligée de venir travailler, sinon on n’aura rien à manger. Il faut qu’on aide les jeunes à avoir un travail décent », souligne-t-elle.
Abdou Tine, charretier de son état, transporte le poisson pour les femmes moyennant 150 FCfa la caisse. Aujourd’hui, il n’a fait qu’un voyage. « Avant, on pouvait faire quatre voyages au quotidien, mais depuis que les pêcheurs sont partis, on peut rester une journée sans travailler. Avec un seul voyage depuis ce matin, je suis obligé de tenter ma chance dans les chantiers », avance-t-il.
Le poisson frais devient un luxe dans certaines familles
Aïta Ndiaye est une femme au foyer. Elle fait ses courses au jour le jour. Depuis quelques temps, elle a du mal à se procurer du poisson frais à un prix abordable. Revenant du marché, calebasse sur la tête, elle se désole que certaines familles ne puissent plus consommer normalement du poisson. « Il n’y a plus de poisson dans le marché pour les familles démunies. Le prix auquel on le vend est exorbitant. Donc, je préfère cuisiner un plat qui ne nécessite pas sa présence, car je n’ai pas les moyens de m’en procurer », regrette-t-elle.
Marième Ndoye, vendeuse de poisson, impute cette cherté à la rareté du poisson. « Si les pêcheurs nous vendent le poisson à des prix exorbitants, nous ne pouvons pas le bazarder en le vendant moins cher. Ce n’est pas de notre faute parce que nous avons plus à perdre du fait que nous avons emprunté de l’argent pour acheter le poisson en quantité », se défend-elle. Une situation qui n’arrange personne.
BOULAYE DIA, L’HOMME QUI ÉLECTRISE LA FRANCE
Meilleur buteur de Ligue 1 avec 8 pions en autant de matchs, Boulaye Dia est la révélation du début de saison du Stade de Reims. À 24 ans, le néo-international sénégalais continue son ascension folle
Meilleur buteur de Ligue 1 avec 8 pions en autant de matchs, Boulaye Dia est la révélation du début de saison du Stade de Reims. À 24 ans, le néo-international sénégalais continue son ascension folle, à tel point qu’il serait aujourd’hui courtisé par Manchester United. Avant d’exploser à Reims, l’ancien électricien n’a pas connu que les paillettes. La vie de Boulaye Dia a ainsi un temps été faite d’usine et de foot amateur, une routine qui l’a conduit à envisager de tout plaquer.
Été 2018. Boulaye Dia est de retour à la maison. Depuis sa signature au Stade de Reims quelques jours plus tôt, c’est la première fois qu’il remet les pieds à Oyonnax. Il est encore trop tôt pour que celui qui n’est alors qu’un joueur de la réserve rémoise oublie d’où il vient.
La preuve : il rend visite à ses ex-copains de travail de GMC, usine de fabrication et négoce de matières plastiques, qu’il a quittée un an plus tôt. « Il est d’abord allé saluer ses anciens collègues, plutôt que de venir me voir directement moi, le patron. Ça en dit long sur qui il est » , raconte Guy Herbain, qui a également été son entraîneur au Plastics Vallée FC (le club d’Oyonnax).
Alerté par son épouse que quelqu’un veut le voir, Guy monte dans son bureau : « Boulaye est sorti de derrière une palette, tout content. Et là, il me dit : "Boss, j’ai fait le con." Je prends peur et il enchaîne : "Tu avais raison, j’aurais dû partir d’ici plus tôt." Une blague à la Boulaye ! »
Tournoi de quartiers et panne en Renault 21
Il faut dire que Boulaye Dia a pris son temps avant de quitter sa vallée industrielle d’Oyonnax. Quatrième d’une fratrie d’origine sénégalaise, il n’était pas non plus pressé de démarrer le foot. « Notre père avait joué en amateur au Sénégal, mais il ne voulait pas nous inscrire » , rappelle l’aîné, Harouna.
Jusqu’à ce qu’un tournoi de quartier à 5 change la donne. « On était les quatre frères sur le terrain, avec un pote au but. On a gagné le tournoi, alors qu’on affrontait des clubs » , rejoue Harouna. Un dirigeant du Plastics Vallée FC, club phare de la ville, monte négocier avec les parents dès le coup de sifflet final. Les ados Harouna et Abou signent leur première licence, le jeune Boulaye les suivra quelque temps plus tard.
« À la maison, on racontait nos exploits. On en rajoutait un peu. Boulaye a commencé à faire pareil. On lui disait : "Arrête, c’est faux ce que tu dis. Toi, t’es nul." Des vannes de frangins, quoi » , se marre Harouna.
Abou ajoute : « Et Boulaye nous répondait : "Vous allez voir, s’il y en a un qui réussit, ce sera moi." Et il n’a pas menti le petit ! (Rires.) » Peut-être plus talentueux que lui à la base, les grands frères de Boulaye n’ont jamais atteint le monde professionnel.
Du gâchis pour certains, mais une source de motivation pour le Rémois. « On se connaissait par cœur, on a grandi à quatre dans la chambre, on était très soudés. Je suis observateur, et mes frères ont toujours été mes modèles : tout ce qu’eux ont fait, j’en ai tiré le meilleur pour ne pas reproduire leurs erreurs. Ma réussite, c’est aussi la leur » , restitue Boulaye Dia.
Cette famille ultra soudée, c’est la force de l’attaquant. « Depuis tout petit, on s’est promis des choses entre frères. On a vécu des trucs, on ne peut pas tout dire, mais s’il y pense, il ne peut qu’avoir la dalle. On est toujours là pour lui » , ajoute Abou Dia. Et du soutien, le numéro 11 rémois en a eu besoin. Car s’il a mis du temps à quitter Oyonnax, ce n’est pas faute d’avoir essayé.
À 12 ans, il tente le coup direction Saint-Étienne. C’était compter sans la Renault 21 paternelle. « Notre père ne tenait pas plus que cela à cet essai, on l’a un peu forcé. Sur la route, le moteur a lâché, il a eu les nerfs et a fait demi-tour. Boulaye était dégoûté » , se souvient Harouna. « J’étais jeune. Je suis vite passé à autre chose » , relativise le buteur.
Trois ans plus tard, rebelote : après plusieurs essais concluants à l’Olympique lyonnais, une radio au poignet prédit que Boulaye Dia restera gringalet. Neuf ans plus tard, le tas de muscles d’un mètre quatre-vingt en rigole : « En vrai, quand on me voit aujourd’hui, c’est drôle, non ? »
Intérim, usine et essai au pays de Galles
À défaut d’un club pro, il rejoint alors le pôle espoir de Jura Sud à 20 km de chez lui. Après trois saisons en U15 puis U17 Nationaux, Dia plie déjà bagage et rentre à Oyonnax. « On descendait en DH de Franche-Comté, alors que mon club du Plastics Vallée FC montait en DH Rhône-Alpes. C’était plus intéressant » , justifie-t-il.
Le gamin de 17 ans tape vite dans l’œil du coach Mile Dukic : « Je l’ai vu sur un bout de match trente minutes, j’étais conquis. À partir de novembre, je l’ai pris en R2. » Mais ce choix sportif se transforme en choix de vie quand, un an plus tard, son père ne peut plus travailler.
Avec son bac pro d’électricien en poche, Boulaye Dia se charge de nourrir ce qu’il reste de la famille à Oyonnax, les grands frères étant partis mener leur vie, notamment Harouna : « Vu que notre père était blessé, il s’est occupé de tout. Ça a duré deux-trois ans. Personne ne lui a imposé de revenir, Boulaye l’a fait de lui-même. Ça prouve sa maturité. »
La vie de Boulaye Dia s’articule alors entre petits boulots et entraînements. « Je suis devenu électricien parce qu’un frère m’a initié. J’aimais bien les chantiers, surtout les rénovations de vieux bâtiments, c’était intéressant même si l’hiver, c’était dur. » Mais faute d’un emploi fixe, il quitte vite le secteur : « J’ai commencé à faire de l’intérim, préparateur de commandes, manutention, etc. »
À ce moment-là, le foot devient secondaire, alors que son mentor Mile Dukic a quitté le Plastics Vallée FC. Après un essai foireux à Wrexham au pays de Galles, le buteur est même à deux doigts de raccrocher les crampons.
C’est là que Guy Herbain pousse sa gueulante : « C’est la seule fois que je lui ai mal parlé. Je lui ai dit de ne pas faire le con, de ne pas arrêter. Ses frères avaient déjà gâché leur potentiel... » Le patron de GMC et entraîneur-adjoint du Plastics Vallée FC lui offre un CDD et le relance dans le foot.
À l’usine, Boulaye est un « employé modèle, souriant, un vrai bosseur, très ponctuel, qui ne comptait pas ses heures, à l’écoute et capable de s’adapter dans toutes les situations » , selon Marie Herbain, responsable administrative et épouse de Guy. « Elle voulait l’embaucher tout de suite en CDI, mais Boulaye, c’est le foot qui l’attendait » , rétorque son mari, qui parle plus de ballon que de travail à sa machine. « Guy avait raison : c’est bête de travailler à l’usine quand on a de l’or dans les pieds » , ajoute Marie.
Après des fins de journée à 17h30 maximum, Boulaye Dia file aux entraînements, le sourire retrouvé. « Je me débrouillais pour travailler le matin. Même quand je faisais 4h-12h, j’arrivais en feu au foot parce que quand tu n’as que deux entraînements par semaine, tu profites au maximum. » Aussi investi sur le terrain qu’à l’usine, Boulaye vient de rattraper le train pour le monde pro, et passe de nouveau par Jura Sud en N2.
Adieu l’usine, bonjour la machine
Après une belle saison au PVFC, Boulaye Dia cède aux avances de Jura Sud et du coach Pascal Moulin à l’été 2017 : « J’avais fait passer deux-trois messages. Je voulais qu’il me contacte de lui-même pour connaître sa motivation, c’était un test. Il n’osait pas venir. » Hasard ou pas, Dia saute le pas lorsque Mile Dukic arrive aussi au club, à la tête de l’équipe B. « Ma présence l’a peut-être rassuré, c’est tout » , minimise l’ancien mentor.
En une semaine, Dia convainc le club de faire une chose inédite : lui offrir un contrat fédéral de trois ans. « On ne pouvait pas laisser filer un tel talent, explique Moulin. Je savais qu’il serait transféré avant la fin du contrat. Et puis, le signer pour trois ans, c’était le libérer d’un poids, le sortir de l’usine et en faire un footballeur à plein temps. » Une marque de confiance appréciée par le joueur, qui se libère sur le terrain : « Je voulais leur rendre cette confiance. » Le déclic vient d’avoir lieu. Les buts s’empilent.
Si bien que début 2018, le téléphone ne cesse de sonner. « Je n’en pouvais plus » , assure Boulaye, qui refile alors les coordonnés de ses frangins pour garder la tête au terrain. Il prend un agent après un entretien d’embauche au McDo, et continue de flamber en N2. Une nouvelle fois, Lyon, venu le superviser, passe à côté. « L’OL, de toute façon, on est destinés à ne pas se rencontrer. À chaque fois qu’on joue contre eux, je suis blessé » , se marre Dia. Saint-Étienne snobe le joueur, tandis que Dominique Arribagé, envoyé par Toulouse, se tape six heures de route pour... ne pas voir Dia jouer.
Finalement, c’est Reims qui emporte la mise. Mathieu Lacour, DG du club, raconte : « J’ai envoyé Paul-Édouard Caillot en plein mois de février sous un temps apocalyptique. À la mi-temps, il m’appelle et me dit : "Il faut foncer dessus, tout de suite." Boulaye venait de mettre un doublé : un but du droit, un du gauche. » Dia explique au club qu’il veut finir la saison tranquille, qu’il faudra attendre juin pour discuter : « D’autres prétendants ont eu peur de cela, mais pas Reims, ce qui m’a plu. » Tout comme le discours du club, qui le destine d’abord à la réserve.
La suite est plus connue : Dia s’impose dans le groupe pro en quelques semaines, à la grande surprise de David Guion. « L’idée, c’était qu’il passe un an en réserve, puis ensuite pourquoi pas venir avec nous petit à petit, le temps d’amortir la charge de travail du groupe pro. Finalement, il n’a passé que deux mois en réserve. C’est un exploit qui prouve sa volonté de réussite rare, et son grand talent » , décortique le coach.
Du genre besogneux, Dia s’inspire du professionnalisme de Yunis Abdelhamid et bouscule la hiérarchie. « Il était frais, enthousiaste et spontané. Des qualités qu’il tire de son vécu, c’est une force » , apprécie Guion, qui en fait un homme-clé.
À peine deux ans plus tard, Dia est même devenu le meilleur buteur rémois en L1 au XXIe siècle. « Il hausse toujours son niveau parce qu’il écoute beaucoup, et surtout, il applique tout de suite » , éclaire Pascal Moulin. Le grand frère Harouna ajoute : « C’est une question d’éducation. Chez les Dia, on a une culture d’exigence plus élevée que la norme. »
Garde-robe, compteur électrique et Sadio Mané
« Sa progression ? Personne ne peut dire "Je le savais", mais on ne peut pas dire non plus qu’on est surpris vu son état d’esprit » , résume Mile Dukic. Comme tous, l’ancien coach ne tarit pas d’éloges sur Boulaye Dia, qui a tout du coéquipier parfait. Le genre de type qui emploie plus souvent « on » que « je » , discret, mais drôle, toujours souriant, leader technique et hyper professionnel.
Et tout meilleur buteur de L1 qu’il est, un gars qui ne se prend pas au sérieux, notamment grâce à ses frères. « Après chaque match, on s’appelle tous les quatre. On le reprend sur des détails, on le vanne. Surtout quand il tombe... Là, on le termine ! On rajoute une couche d’exigence à celle qu’il s’impose déjà » , explique Harouna. « Là, il a mis un triplé à Montpellier, bravo monsieur, mais maintenant, on veut un quadruplé » , glisse Abou.
À Jura Sud, son ancien coéquipier Laurent Grampeix a gardé le contact avec celui qu’il « admire pour sa simplicité. C’est un mec vraiment bien, c’est ce qui fait sa réussite. S’il était là, et que j’en avais besoin, nul doute qu’il réparerait mon compteur électrique. (Rires.) »
Hors du foot, Dia est tout aussi simple que dans le vestiaire. À 24 ans, il a les loisirs de sa génération : jeux vidéo et NBA en tête, même s’il délaisse sa manette depuis le premier confinement. Croyant, il partage sa foi avec certains coéquipiers. Le buteur ne refuse jamais non plus une virée en ville entre potes.
L’occasion de dégainer son appareil photo, et de lécher quelques vitrines sans faire de folie : « Je suis toujours à l’affût des nouveautés. Je me prends pour un styliste. Ce que je préfère, c’est les baskets. J’adore ça. Je ne sais pas combien j’en ai... » Récemment, c’est un nouveau maillot qu’il a ajouté à sa garde-robe : celui du Sénégal. Trois matchs, et déjà une titularisation pour Dia : « En sélection, tu n’as pas le temps : tu atterris, tu joues deux jours après et tu ne peux pas te rater aux côtés de types comme Sadio Mané. Ils sont hyper humbles, j’apprends beaucoup avec eux. »
Passer de la R2 à un statut de coéquipier de Sadio Mané en quatre ans, c’est la vie que Boulaye Dia a décidé de mener. Et il semble n’avoir aucune limite, d’après tous ceux qui l’ont côtoyé. « Si personne n’a répondu, c’est qu’il n’y a pas de réponse, rigole l’intéressé. Vu le parcours que j’ai, je ne peux pas me fixer de limites. Les objectifs que j’avais, je les ai atteints en avance, puis dépassés. »
Frédéric Guerra, son agent, ajoute : « Il a une vue sur sa carrière que je trouve d’une limpidité hors norme. Il ne fera pas n’importe quoi. Tout est très réfléchi. » Comme son choix de rester à Reims l’été dernier, pour confirmer cette saison en Champagne. Choix qu’il devrait réitérer en janvier puisqu’il affirme « qu’il ne faut pas se presser pour prendre la bonne décision. »
Un départ inéluctable pour continuer cette progression, mais qui ne se fera pas à n’importe quel prix : « On a refusé 20 millions de Marseille cet été pour El Bilal Touré. Alors imaginez pour Boulaye... » annonce Mathieu Lacour.
Des sommes folles comparées à son salaire d’ouvrier, mais qui n’ont aucune influence sur le buteur, assure Harouna : « Boulaye, l’argent, il s’en fiche, tant qu’il a ce qu’il faut pour vivre et qu’il ne doit pas retourner à l’usine. »
QUE DIT LES CHIFFRES SUR LA MIGRATION AU SÉNÉGAL ?
Dans un reportage sur le phénomène de l’émigration clandestine au Sénégal, Le Monde Afrique indique que « 1 personne sur 1 000 quitte le pays pour des raisons économiques chaque année ». Sur quoi se base cette donnée ?
Africa Check |
Azil Momar Lo |
Publication 21/11/2020
Dans le deuxième et dernier épisode d’une série de reportages sur le phénomène de l’émigration clandestine au Sénégal, Le Monde Afrique indique que « 1 personne sur 1 000 quitte le pays pour des raisons économiques chaque année » au Sénégal.
Le reportage en question a été publié le 25 septembre 2020.
Sur quoi se base cette donnée ?
Nous avons demandé à Célia Cuordifede, l’auteure du reportage, quelle est la source de cette la statistique énoncée.
« Comme je l’indique en fin de vidéo, tous mes chiffres proviennent de rapports de l’OIM ou bien de documents de La Croix Rouge (…) », a-t-elle dit.
« La déclaration n’émane pas de nous », déclare le CICR
Contacté par Africa Check, Patrick Mégevand, directeur de communication au CICR, a indiqué que « l’affirmation que vous citez ne vient pas du CICR ».
« Nous ne pouvons ni confirmer ni infirmer le propos et le chiffre que l’auteure avance dans le chapeau introductif de la vidéo, puisque que nous n’avons pas de telles données en notre possession, ni même les moyens de les vérifier », poursuit-il.
« Nous avons rencontré l’auteure de ce reportage pour partager avec elle des informations sur notre programme d’accompagnement aux familles de migrants disparus », confie M. Mégevand.
Il nous a par ailleurs envoyé deux liens, l’un soulignant le « nécessaire soutien » aux familles des migrants par leurs communautés, et l’autre traitant des « souffrances silencieuses » des familles de migrants portés disparus.
L’OIM indique ne pas avoir fourni cette statistique
Cheikh Mbacké Sène, responsable de la gestion de l’information au bureau de l’OIM à Dakar, indique que l’Organisation n’a pas produit les chiffres mentionnés par Le Monde Afrique, insistant qu’« au niveau de l’OIM, les statistiques que nous donnons concernent surtout les retours volontaires (d’émigrés). Ce sont des personnes qu’on aide à rentrer (dans leurs pays d’origine) via un projet de l’Union Européenne ».
« Donc, poursuit-il, on ne donne pas des statistiques nationales concernant le Sénégal. C’est souvent l’ANSD (Agence nationale de la statistique et de la démographie) qui donne cela ».
« On peut aider l’ANSD à faire le travail, comme c’est le cas dans le dernier Profil Migratoire (daté de 2018, NDLR) qui a été élaboré par l’OIM et l’ANSD. Donc toutes les données qui sont dans ce document peuvent être attribuées à l’OIM et à l’ANSD parce que nous sommes partenaires », conclut Sène.
Quid des données des Nations Unies ?
Contactée par Africa Check, la Division Population des Nations Unies explique que « les estimations de la migration nette pour le Sénégal évoluent dans le temps, de sorte que la déclaration (que nous vérifions dans cet article) devrait inclure une référence à une période de temps spécifique ».
Thomas Spoorenberg, responsable des affaires démographiques au niveau de la Section des estimations et projections démographiques des Nations Unies, explique que « selon la dernière révision disponible des Perspectives de la population mondiale, les estimations de la migration nette pour la période 2015-2020 atteignent -100 000 personnes ».
Il insiste sur le fait que « ce chiffre se réfère à la migration nette, c’est-à-dire le solde des sorties et des entrées au Sénégal ».
Qu’est-ce que le solde migratoire ?
C’est « la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours de l’année, en prenant en compte la notion de changement de résidence habituelle », est-il notifié dans le dernier Profil Migratoire établi par l’OIM et la Statistique sénégalaise.
« Ce solde est positif lorsque les entrées enregistrées sont supérieures aux sorties; il est négatif quand les entrées sont inférieures aux sorties du territoire national », précise le document.
World Population Prospects s’accorde avec le Profil Migratoire pour dire que les sorties des sénégalais sont supérieures à leurs entrées dans le territoire national.
Thomas Spoorenberg poursuit que « le nombre de personnes quittant le Sénégal chaque année pourrait être plus élevé et contrebalancé par le nombre de personnes entrant au Sénégal. Ce chiffre de la migration nette se réfère à la période quinquennale 2015-2020 et doit être divisé par 5 si vous voulez obtenir une estimation de la migration nette annuelle,
Selon lui, « l’estimation de la migration nette une fois rapportée à la population du Sénégal donne une estimation de la migration nette pour 1 000 habitants de -1,3 pour la période quinquennale de 2015-2020 ».
Difficile de connaître le nombre de Sénégalais qui quittent le pays chaque année
Le Profil Migratoire 2018, dernière étude en date coproduite par l’ANSD et l’OIM sur les migrations des Sénégalais, ne comporte pas d’estimation du nombre de Sénégalais qui quittent le pays chaque année, mais donne uniquement une estimation du nombre de Sénégalais établis à l’étranger.
Africa Check a contacté le ministère de l’Intérieur, qui fait savoir que le nombre de Sénégalais émigrant annuellement est une statistique compliquée à avoir, du fait que ce ne sont pas tous les Sénégalais qui se déclarent dans les ambassades sénégalaises. En plus de cela il y a l’émigration irrégulière, qui est non déclarée, souligne le ministère de l’Intérieur.
La Direction de la Police de l’Air et des Frontières (DPAF) indique ne pas disposer de chiffres, même approximatifs, sur le nombre de Sénégalais qui émigrent chaque année. Elle précise qu’elle enregistre automatiquement toutes les entrées et sorties des Sénégalais, qu’il s’agisse d’une émigration ou pas.
La DPAF nous a par la suite recommandé de nous rapprocher du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Lequel ministère déclare également ne pas avoir de données sur le nombre annuel d’émigrés sénégalais.
Selon le conseiller du Directeur général d’Appui aux Sénégalais de l’Extérieur (DGASE), Alioune Badara Coulibaly, « c’est une statistique qui n’existe pas encore ».
C’est en ce sens, selon lui, que le président sénégalais a exigé un recensement exhaustif du nombre de sénégalais vivant en dehors du pays. Recensement qui est en cours de réalisation grâce au concours des ministères des Affaires étrangères, de l’Intérieur et au soutien technique de l’ANSD.
Conclusion : pas de preuve que chaque année un sénégalais sur 1 000 quitte le pays pour des raisons économiques
Dans un reportage, Le Monde Afrique souligne qu’un sénégalais sur 1 000 quitte le pays chaque année pour des raisons économiques », en attribuant la donnée au CICR et à l’OIM.
Contactés par Africa Check, ces deux organisations disent ne pas être la source de cette donnée.
Les données disponibles que nous avons pu consulter auprès des Nations Unies et de l’ANSD ne permettent pas de vérifier si réellement un sénégalais sur 1 000 quitte le pays pour des motifs économiques. Le gouvernement sénégalaise ne dispose également pas de cette statistique.
De ce fait, rien ne prouve que chaque année un sénégalais sur 1 000 quitte le pays pour des raisons économiques.
LES CONCLUSIONS DE L'ASSEMBLÉE À PROPOS DE LA GESTION DES INONDATIONS
Les députés festiment que l’assainissement ne semble pas être érigé en priorité dans le cadre des projets de lotissements et dans la procédure de mise à disposition de parcelles aux populations (Keur Massar) et même dans les programmes de relogement
Au terme de leurs travaux effectués entre le 15 septembre et le 31 octobre 2020, les membres de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur le dossier des inondations, dirigée par le député Papa Sagna Mbaye, par ailleurs président de la Commission du développement durable et de la transition écologique, ont produit un document de 344 pages.
7 ministres et 5 DG auditionnés
D’après ledit rapport, au total, 7 ministres et 5 directeurs généraux ont été alors auditionnés. Il s’agit du ministre de l’Eau de et de l’Assainissement (Serigne Mbaye Thiam), du ministre de l’Intérieur (Aly Ngouille Ndiaye), du ministre du Développement communautaire et de l’Equité sociale et territoriale (Mansour Faye), du ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique (Abdou Karim Fofana), du ministre des Finances et du Budget (Abdoulaye Daouda Diallo), du ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires (Oumar Gueye) et de celui de l’Environnement et du Développement durable (Abdou Karim Sall).
Le document indique que les directeurs généraux de l’Agence de développement municipal (ADM), de l’Office nationale de l’assainissement du Sénégal (Onas), de l’Agence des travaux et de gestion des routes (Ageroute), de l’Agence d’exécution des travaux d’intérêt public (Agetip), et de l’Agence pour la promotion des investissements et grands travaux (Apix) ont également été auditionnés par les missionnaires de l’Assemblée nationale.
Le Pdli exécuté à 38 %
A l’issu de ces échanges, beaucoup de problématiques ont été soulevées et des recommandations. Ainsi, d’après les députés, le PDLI, évalué à 766 988 450 362 F CFA, a « comptabilisé une dépense totale de 291 338 984 746 fracs CFA, soit un taux de réalisation de 38 % à deux ans de la fin du programme ».
S’agissant, en effet, des inondations de 2020 et en particulier des pluies exceptionnelles des 5 et 6 septembre 2020, les députés, qui se sont référés aux réponses fournies par l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim), soulignent que d’un point de vue scientifique, il serait difficile de conclure qu’il s’agissait d’une catastrophe naturelle qui serait causée par un changement climatique même s’ils trouvent ces précipitations « excédentaires ». «On pourrait estimer que le Sénégal est en train de quitter une période de sécheresse de 30 ans et entre dans une période humide », lit-on dans ce document.
Alors, qu’est-ce qui pourrait donc être à l’origine de ces inondations ? D’après les conclusions des missionnaires de l’Assemblée nationale, plusieurs sites inondés résultent, aujourd’hui, d’une occupation des zones inondables par les populations. « Certaines régions n’ont pas connu des inondations, mais les fortes précipitations ont eu des effets néfastes liés aux effondrements des cases en banco, de pistes et routes coupées et ou endommagées, de périmètres agricoles envahis par les eaux et beaucoup de dégâts liés aux foudres», a fait remarquer le rapport.
L’essentiel des réalisations du Pdli concentrées à Dakar
Les membres de la mission d’information de l’Assemblée nationale ont fait constater, dans leurs conclusions, que « l’essentiel des réalisations du Programme décennal de lutte contre les inondations sont concentrées à Dakar ». Il a également été noté que le volet restructuration urbaine et relogement a été très faiblement exécuté dans le Pdli par rapport aux prévisions initiales pointant ainsi, un « problème de gestion et d’entretien » des ouvrages d’assainissement construits dans le cadre ou non de ce programme.
« Les 10 forages construits par le Pdli dans la zone de Thiaroye et financé par l’Uemoa pour un montant de 6,5 milliards francs CFA ont permis d’abaisser le niveau de la nappe phréatique et ont permis soulager les populations et d’éradiquer les inondations. Mais ils ne sont pas utilisés aujourd’hui. L’évolution institutionnelle notée depuis la mise en place du programme n’a pas permis à la mission d’avoir un interlocuteur dédié et une centralisation des données . La communication sur le PDLI et son appropriation par les populations ont fait défaut », détaille ledit rapport remis au chef de l’Etat, Macky Sall.
Une matrice d’actions prioritaires de 1,8 à 2 milliards FCFA par an
«Chaque année, une matrice d’actions prioritaires est élaborée dont le budget varie entre 1,8 et 2 milliards par an. C’est un processus multi-acteurs et multi-secteurs qui rend la coordination très difficile », ajoute la mission d’information de l’Assemblée nationale qui dit avoir constaté «une faible implication des collectivités territoriales dans l’exécution des plans Orsec et de la matrice d’actions prioritaires ».
Par ailleurs, les députés font savoir que l’assainissement ne semble pas être érigé en priorité dans le cadre des projets de lotissements et dans la procédure de mise à disposition de parcelles aux populations (cas de Keur Massar) et même dans les programmes de relogement (Jaxaay, Tawfex) ou de construction de nouvelle ville comme Diamnadio.
Outre les problèmes de coordination de la gestion des ouvrages d’assainissement autour de l’Office nationale de l’assainissement (Onas), les missionnaires parlementaires ont constaté « la faible représentation des services déconcentrés ». « Il faut toutefois noter que partout où il y a eu la réalisation d’ouvrages du Pdli, on a noté un soulagement des populations », constate le rapport.
En dehors du Pdli, des ouvrages, exemplaires de réussite, ont été réalisés par d’autres acteurs dans le cadre d’autres projets », lit-on dans ce document, qui cite notamment les ouvrages au niveau de Nioro du Rip et de Dalifort.
Recommandations
La mission d’information de l’Assemblée nationale a, dans son rapport remis au président de la République, Macky Sall, émis une dizaine de recommandations. En effet, pour ces parlementaires, « le Sénégal, dans une logique d’anticipation, devrait renforcer les capacités de prévision de l’Anacim en la dotant d’équipements (radar et calculatrice de grande puissance) pour réduire les marges d’erreurs en matière de prévisions à même de détecter les occurrences de telles pluviométries excédentaires ».
L’équipe pense, dans la foulée, que les alertes de cette agence devraient donner lieu à des réponses plus appropriées par les autorités compétentes, notamment en direction des populations des zones sensibles.
Aussi, est-il relevé dans le rapport, que l’actualisation du Pdli s’impose. Ce, tenant compte de la période humide actuelle que connaît le Sénégal et l’identification de 401 sites endémiques répartis sur le territoire national.
«Il devra impliquer les collectivités territoriales et tous les acteurs associés et tenir compte des spécificités des zones », note, notamment, la mission parlementaire qui recommande « fortement » d’harmoniser une appellation uniforme du Pdli.
Demandant, ainsi, l’allégement des procédures de lotissement et encourageant la planification de l’urbanisation, ces députés pensent aussi qu’il devient «urgent » de réfléchir et de concevoir un type d’habitat adapté en zone rurale. Les cases en banco ont souffert des fortes pluies et de la foudre, entre autres recommandations.
La mission était composée d’un groupe de 15 députés dont 10 issus du groupe de la majorité Benno bokk yakaar (BBY), 3 du groupe de l’opposition Liberté et démocratie et 2 du groupe des Non-inscrits.
LA COVID HYPOTHEQUE LA SAISON TOURISTIQUE ET PLONGE LES POPULATIONS DANS LE DESARROI
Après 8 mois de chômage, les employés d’hôtel de la station balnéaire du Cap Skirring nourrissaient l’espoir de retrouver leur poste en décembre 2020.
Initialement prévue en décembre, l’ouverture du Club Méditerranée (Cap Skirring), dans le département d’Oussouye, a été reportée au 14 février 2021 par les responsables de cet hôtel qui est la locomotive du tourisme dans la région de Ziguinchor. Une nouvelle qui installe le désarroi dans la commune de Diembéring, collectivité qui tire l’essentiel de ses économies du tourisme.
Après 8 mois de chômage, les employés d’hôtel de la station balnéaire du Cap Skirring nourrissaient l’espoir de retrouver leur poste en décembre 2020. Mais un coup de massue leur est tombé sur la tête avec le report du démarrage des activités du Club Med jusqu’au 14 février 2021. La nouvelle s’est vite répandue dans la commune de Diembéring située au sud-ouest de la région de Ziguinchor.
Dans cette collectivité locale de 21 villages, le sentiment le mieux partagé, c’est le désarroi. «Le tourisme emploie des milliers de pères de familles. Nous souffrions déjà depuis des mois, mais avec cette mauvaise nouvelle, je vous assure que nous serons dans la misère», lance avec amertume Lamine Diop Sané, président des guides touristiques de la région de Ziguinchor. «Tous les hôtels dépendent du Club Med qui est le seul à affréter des vols à destination du Cap Skirring. Donc sans le Club Med, pas de vols et sans vols, les autres hôtels seront au ralenti, voire fermés» ajoute-t-il. Au-delà du tourisme, c’est toute l’économie du département d’Oussouye voire de la région de Ziguinchor qui est en danger.
En effet, la station touristique du Cap Skirring est le lieu d’écoulement de la plupart des produits maraîchers et des fruits de la zone. «S’il n’y a pas de tourisme, les hôtels ne vont pas nous prendre nos produits, encore moins les employés qui n’auront pas d’argent pour acheter chez nous», a laissé entendre Yama Diatta, une commerçante au Cap Skirring.
La pêche et l’élevage, qui fournissent des centaines de tonnes de poissons et de viande, vont aussi être affectés par cette situation dictée par le coronavirus. Au Cap Skirring et environs, les populations qui souffrent déjà redoutent un lendemain incertain.
MIMI BOUDE
Invitée à participer à la réunion du secrétariat exécutif national(SEN) hier, l’ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental(CESE) a tout simplement fait faux bond à Macky Sall et à ses autres camarades de parti
L’ancienne présidente de Conseil économique, social et environnemental (CESE), Aminata Touré, n’arrive toujours pas à digérer son limogeage par Macky Sall. Invitée à participer à la réunion du secrétariat exécutif national (SEN) hier, elle est tout simplement restée chez elle. En revanche, les autres ministres défenestrés sont rentrés dans les rangs.
Le divorce entre Aminata Touré et l’Alliance pour la République (APR) est en marche. Invitée à participer à la réunion du secrétariat exécutif national(SEN) hier, l’ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental(CESE) a tout simplement fait faux bond à Macky Sall et à ses autres camarades de parti.
Malgré l’invitation qui lui a été adressée, elle a préféré rester dans son coin, contrairement aux ministres apéristes limogés. A l’exception de Makhtar Cissé, qui en sa qualité d’Ige, ne peut être membre du SEN, Amadou Ba, Oumar Youm, Aly Ngouille Ndiaye et Mahammad Boun Abdallah Dionne ont tous pris part à la rencontre. A l’unanimité, ils sont tous entrés dans les rangs, exprimant leur ancrage dans le parti et réaffirmant ainsi leur allégeance et leur fidélité au chef de l’Etat.
Un discours qui a eu l’heur de plaire au chef de l’Etat. Macky Sall a salué leur grandeur d’esprit. Constatant la rébellion de l’ancienne ministre de la Justice et la présence des ex-membres du gouvernement cités plus haut, Macky Sall a essayé de jouer dans la diplomatie. « Dans son message introductif, le Président du Parti a salué la présence des responsables du Parti qui n’ont pas été reconduits dans le gouvernement, en rappelant que la réorganisation et l’ouverture constituent un tournant important, qui a entraîné des changements inhérents au fonctionnement de l’État qui, pour douloureux qu’ils puissent être, ne devraient nullement constituer des causes de rupture dans le compagnonnage politique », renseigne le communiqué du secrétariat exécutif national de l’APR.
Le document poursuit: «En effet, en procédant, le 1er novembre 2020, au remaniement du gouvernement par un recentrage du dispositif de pilotage de l’action publique, la consolidation de la Coalition Benno Bokk Yaakaar, l’ouverture aux autres forces de l’opposition et le rajeunissement des membres de l’équipe, le Chef de l’État impulse ainsi, un nouveau souffle, un nouvel élan, dans un contexte marqué par la Covid19 et ses impacts négatifs sur les économies de tous les pays du monde, les défis liés à la stabilité et à la sécurité dans notre sous-région, la recrudescence du phénomène de l’émigration irrégulière, entre autres ».
Les membres du SEN ont, d’après le texte, exprimé à l’unanimité leur soutien total au Président Macky Sall « qui vient d’ouvrir une séquence historique nouvelle dans le cours politique, économique et social de notre pays, marqué par une dynamique toujours en cours, d’un dialogue national élargi et inclusif ».