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28 juin 2025
LES ÉLÈVES PEINENT À RESPECTER LES MESURES BARRIÈRES
La rentrée scolaire 2020-2021 s’est déroulée dans le contexte de crise sanitaire du Covid-19 qui a nécessité la mise en place d’un protocole sanitaire, dont les élèves ont du mal à respecter les mesures, dans certains établissements scolaires de Dakar.
Dakar, 19 nov (APS) – La rentrée scolaire 2020-2021 s’est déroulée dans le contexte de crise sanitaire du Covid-19 qui a nécessité la mise en place d’un protocole sanitaire, dont les élèves ont du mal à respecter les mesures, dans certains établissements scolaires de Dakar.
A l’école publique élémentaire ‘’La route des puits’’, située entre Grand-Dakar et Niary Tally et qui accueille chaque année de nombreux élèves, les pensionnaires ont eu droit cette année à une rentrée spéciale.
Ici, à l’image de beaucoup d’autres écoles du pays, un protocole sanitaire édicté par la tutelle a été mis en oeuvre en concertation avec les acteurs de l’éducation, en vue d’endiguer la propagation de la maladie au sein des établissements scolaires. Aussi le personnel et les élèves sont-ils tenus de respecter le port du masque, la distanciation physique et le lavage systématique des mains.
A l’entrée de cette célèbre école sont installés des lavoirs devant lesquels les élèves font la queue pour se rincer les mains.
Le vigile préposé à la sécurité des lieux veille au grain pour contrôler le port correct du masque, une exigence pour toute personne voulant entrer dans l’école.
Cependant, une fois à l’intérieur de la cour, les potaches qui se réunissent par petits groupes d’amis, mettent vite de côté les mesures barrières.
Certains d’entre eux vont même jusqu’à enlever complétement leurs masques, en dépit des rappels constants de leur directeur, Abdoulaye Mbengue.
’’C’est très difficile de faire respecter aux enfants certaines règles sanitaires, notamment les mesures barrières et le port du masque, mais il n’empêche qu’on essaie vraiment de les rappeler à l’ordre à chaque fois’’, explique M. Mbengue.
Selon lui, ‘’pour faire adopter aux enfants ces mesures qu’ils négligent complètement, il faudra leur donner du temps’’. Il estime que ‘’grâce au soutien des enseignants’’, ‘’ils finiront par les intégrer’’.
‘’Nous sommes aussi des enseignants. Donc, notre travail c’est de donner du savoir, et parfois, on est tellement occupé par cette activité qu’on ne se rend même pas compte qu’ils ont baissé ou complètement rangé leurs masques’’, a-t-il expliqué.
A l’en croire, l’école qui compte environ 700 élèves, dispose, grâce à une dotation du ministère de l’Education nationale, d’’’au moins d’une bouteille de gel hydro-alcoolique par classe, de six thermo flash, sans compter les dispositifs de lave-mains collectifs et individuels éparpillés un peu partout dans la cour, aussi bien pour les parents que pour les élèves’’.
‘’En dehors de la dotation du ministère de l’Education nationale qui a pu donner un masque par élève, le maire [de Grand-Dakar] a également fait un don de masques. Donc, ce n’est vraiment pas ce qui nous manque’’, assure-t-il.
Il signale qu’il existe un protocole de veille sanitaire, partagé avec les autorités sanitaires qui travaillent en parfaite collaboration ‘’avec les maîtres de service’’.
Pour rendre efficientes les mesures édictées, des travaux d’aménagement ont été effectués de façon ponctuelle dans les classes, afin de les rendre plus aérées, selon Abdoulaye Mbengue.
Concernant la sensibilisation, il dit avoir reçu l’aide des ‘’Badiènou-Gox’’ qui passent régulièrement depuis la rentrée à l’heure de la pause notamment, pour sensibiliser les enfants sur l’impact de la maladie, par le biais de causeries et avec comme slogan, ‘’je me protège et je protège ma famille’’.
Au Collège Abdoulaye Mathurin Diop de Fass également, le décor est identique. Ni le port de masque ni la distanciation physique ne sont respectés, comme préconisé par les autorités sanitaires depuis l’apparition de la pandémie.
‘’On essaie vraiment de se conformer aux règles édictées, mais avec cette chaleur accablante, c’est un peu difficile de mettre tout le temps les masques, même si nos surveillants ne cessent de nous les rappeler’’, témoigne Falilou Diakhaté, 16 ans, élève en classe de troisième.
Il déclare que lui et ses camarades ont pour habitude ’’d’être toujours ensemble’’. Il estime que ça ne sera pas une tâche facile pour eux ’’d’installer une distanciation quelconque entre camarades’’.
De son coté, El hadji Ndoye, un élève rencontré dans la cour, soutient que la responsabilité du non-respect de ces règles incombe uniquement aux élèves, qui doivent se laver les mains et porter un masque, pour pouvoir entrer dans l’école.
Selon cet élève en classe d’examen, même les salles de classe sont équipées de gel hydro-alcoolique. ‘’Mais, malheureusement, on ne les utilise que très rarement’’, a-t-il martelé.
’’Vraiment, on ne cesse de rappeler à tous les élèves les règles qui ont été [édictées]. Mais, ce n’est pas totalement une réussite. Et, on ne peut vraiment pas aussi les suivre un à un pour les obliger à les adapter’’, déclare Modou Diaw, surveillant au collège Abdoulaye Mathurin Diop.
IDRISSA SECK DÉVOILE SA FEUILLE DE ROUTE
Le nouveau président du Conseil économique, social et environnemental a dévoilé sa feuille de route à la tête de cette institution qu’il s’est engagé à rendre la plus utile possible en s’appuyant sur le triptyque ’’humilité, ouverture et disponibilité’’.
Dakar, 19 nov (APS) - Le nouveau président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), l’ancien Premier ministre Idrissa Seck a dévoilé jeudi sa feuille de route à la tête de cette institution qu’il s’est engagé à rendre la plus utile possible en s’appuyant sur le triptyque ’’humilité, ouverture et disponibilité’’.
M. Seck a pris ses fonctions au cours d’une cérémonie officielle organisée en présence du ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions, Samba Sy.
Une écharpe aux couleurs nationales symbolisant ses nouvelles représentations lui a été présentée avant qu’il ne la porte avec l’aide du premier vice-président du CESE, Baidy Agne.
"J’appelle tout le monde à faire preuve d’humilité, d’ouverture et de disponibilité pour plus de collaboration avec les autres institutions mais aussi envers les citoyens’’, a déclaré M. Seck.
Il a ensuite évoqué les principes devant guider l’action du CESE, à partir du triptyque humilité-ouverture-disponibilité, qui devrait selon lui permettre de ’’mieux écouter les Sénégalais, de mieux entendre leurs voix, de mieux identifier leurs attentes, pour enfin mieux les relayer à qui de droit.’’
’’Au cours de la longue et enrichissante audience que le président a bien voulu m’accorder pour me signifier ses orientations et attentes, j’ai pu mesurer que le sort de la jeunesse qui se tourne désespérément vers l’émigration clandestine, constitue une sur priorité pour le chef de l’Etat’’, a relevé le nouveau président du Conseil économique, social et environnemental.
Aussi a-t-il annoncé de ’’larges concertations’’ à venir pour mieux étudier les causes de ce phénomène ainsi que d’autres sujets à l’instar du chômage, des inondations, ainsi que ’’toutes les urgences retiendront son attention.’’
En vue d’arriver à un Conseil économique, social et environnemental ’’plus utile’’, Idrissa Seck explique que sur ’’des sujets d’intérêt national, chaque citoyen qui parviendrait à réunir plus de 5000 signatures" pourrait les déposer auprès du CESE pourra l’amener à s’autosaisir d’une question déterminée.
Il a salué la qualité des ressources humaines qu’il dit trouver sur place et a aussi émis l’idée d’une "plus grande ouverture aux centres de recherche, aux universitaires afin de faire profiter au CESE les meilleurs talents d’ici et d’ailleurs.’’
M. Seck, répondant à ceux qui s’interrogent sur son choix jugé inattendu de rejoindre la majorité, a déclaré que ’’la nécessité crée l’exception, même en religion’’, citant ainsi une sagesse du soufisme musulman.
’’Au-delà de la cérémonie d’installation, il s’agit de la vie constante de nos institutions’’, a rappelé le ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions, Samba Sy.
Il dit espérer que de par sa touche personnelle, son parcours professionnel et politique, Idrissa Seck saura œuvrer à "davantage amener les Sénégalais à mieux appréhender la noblesse et l’utilité de cette institution constitutionnelle, consultative et représentative.’’
L’ancien Premier ministre a été nommé par décret le 1 novembre 2020, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), en remplacement de madame Aminata Touré.
Ancien allié du président Macky Sall, Idrissa Seck avait par la suite rejoint l’opposition. Depuis quelques années très critique envers le régime de ce dernier, l’ex-maire de Thiès ne semblait plus actif dans l’opposition depuis l’apparition de la COVID-19, en mars dernier.
Idrissa Seck, également président du conseil départemental de Thiès, a tour à tour été ministre d’État, directeur de cabinet du président de la République et Premier ministre sous le régime du président Abdoulaye Wade (2000-2012).
Auparavant, il avait été ministre du Commerce, de l’Artisanat et de l’Industrialisation dans le gouvernement d’union nationale formé par le Premier ministre Habib Thiam, sous le régime d’Abdou Diouf.
DOUZE NOUVELLES INFECTIONS AU COVID-19
Selon M. Ndiaye, quatre de ces nouvelles infections concernent des cas contacts déjà suivis par des services sanitaires.
Dakar, 19 nov (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale annonce que 12 nouvelles infections au coronavirus enregistrées au Sénégal portent à 15.835 le nombre de cas positifs jusque-là recensés dans le pays, dont 15.440 guéris et 65 encore sous traitement, des statistiques témoignant d’une stabilisation progressive de la maladie.
Dans son dernier bulletin quotidien consacré à l’épidémie de Covid-19, le directeur de la prévention, El Hadj Mamadou Ndiaye, a indiqué que les nouvelles infections ont été détectées à partir de 800 tests virologiques effectués au cours des dernières vingt-quatre heures, ce qui correspond à un taux de positivité de 1,50%.
Selon M. Ndiaye, quatre de ces nouvelles infections concernent des cas contacts déjà suivis par des services sanitaires. Et huit cas de contamination dite communautaire ont été enregistrés à Dakar (Cité Keur Gorgui, Cité Nations Unies, Keur Massar, Médina, Rufisque et Sacré-Cœur), Popenguine (ouest) et Richard-Toll (nord).
Sept patients ont été testés négatifs et déclarés guéris, et trois cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation, a indiqué El Hadj Mamadou Ndiaye, précisant que la pandémie de Covid-19 a fait 329 morts au Sénégal.
JE N’AI PAS LE TEMPS DE FOUILLER QUOI QUE CELA SOIT
Idrissa Seck ne compte pas fouiller la gestion d’Aminata Touré. Contrairement à ce qui a été annoncé, ces derniers jours, dans plusieurs média
Idrissa Seck ne compte pas fouiller la gestion d’Aminata Touré. Contrairement à ce qui a été annoncé, ces derniers jours, dans plusieurs média , le nouveau président du Conseil économique social et environnemental (CESE) dit ne pas être dans les dispositions d’auditer l’institution.
« Je n’ai pas le temps de fouiller quoi que ce soit. Je vais faire une situation de référence. Après cela, je ferai une note que je vais envoyer à ma prédécesseur si elle répond, c’est bon, si elle ne répond pas, c’est bon aussi », a fait savoir Idrissa Seck, lors de sa cérémonie d’installation au Cese. Qui assure, ne jamais faire une chose contraire à la loi au niveau de cette institution.
ANTONIO SOUARÉ VEUT EN FAIRE UNE RÉUSSITE
La zone A de l’Union des fédérations ouest-africaines de football (UFOA) veut faire du tournoi des U20, qui ouvre la qualification à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de la catégorie
Dakar, 19 nov (APS) – La zone A de l’Union des fédérations ouest-africaines de football (UFOA) veut faire du tournoi des U20, qui ouvre la qualification à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de la catégorie, ‘’une réussite à tous les niveaux’’, a déclaré son président, le Guinéen Antonio Souaré, dans un entretien avec l’APS.
‘’Nous avons eu à tenir deux tournois majeurs des U20 à Conakry en novembre dernier, et le tournoi des dames en février, en Sierra Leone. Ces deux compétitions ont été des succès à tous les niveaux’’, a soutenu M. Souaré.
Il estime que le tournoi, qui va démarrer vendredi, à Thiès (ouest), doit également connaître le succès.
Antonio Souaré dit vouloir écrire à la Confédération africaine de football, pour qu’elle autorise l’organisation du tournoi devant un public réduit en raison de la pandémie de Covid-19.
‘’Ce serait positif quand même de permettre aux populations de Thiès de pouvoir suivre ce tournoi’’, a-t-il dit. Le président de l’UFOA estime que les autorités sanitaires sénégalaises et de la sous-région ont réussi à bien juguler la pandémie de Covid-19.
Antonio Souaré assure que les mesures nécessaires seront prises pour éviter la propagation de la pandémie. Il dit espérer recevoir des avis favorables des autorités sénégalaises et de la CAF.
‘’Toutes les mesures seront respectées et nous serons intransigeants à ce sujet’’, a-t-il promis, disant s’attendre à des matchs intéressants sur le terrain.
Toutes les équipes ambitionnent de se qualifier en phase finale de la CAN des U20, on s’attend donc à de belles rencontres de football, a-t-il ajouté.
Le tournoi va démarrer vendredi, à Thiès, avec le match Sénégal-Sierra Leone, deux pays qui partagent la même poule avec la Gambie.
La poule B réunit le Mali, champion d’Afrique en titre, la Guinée, la Mauritanie et la Guinée-Bissau.
JE DEMANDE QUE LE CESE SOIT AUDITÉ DE SA CRÉATION EN 2013 AU JOUR DE MON DÉPART
Déchue de son poste de présidente du Conseil économique, social et environnemental par Macky Sall, le 1er novembre dernier, Aminata Mimi Touré assène ses vérités sur des accusations de mauvaise gestion de l’institution qu’elle a dirigée durant 16 mois
Déchue de son poste de présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) par le président Macky Sall, le 1er novembre dernier, Aminata Mimi Touré assène ses vérités sur des accusations de mauvaise gestion de l’institution qu’elle a dirigée durant 16 mois. Dans cette interview exclusive réalisée par mail, la première ministre de la Justice du régime de Macky Sall s’est prêtée à une petite épreuve de questions-réponses avec L’Observateur. En attendant, comme promis, le Grand oral.
Depuis votre éviction du Conseil Economique, Social et environnemental, vous avez préféré, à part quelques réactions à des accusations sur votre gestion, garder le silence. Est-ce une stratégie ou une volonté de ne pas gêner votre successeur ?
Je considère qu’il y a une période de décence et de réserve à avoir lorsqu’on a occupé une fonction institutionnelle pour faciliter la transition. Mais lorsqu’il s’agit de question relative à la gestion de fonds publics qui me tient particulièrement à cœur, je me dois d’apporter toutes les clarifications, car mon intégrité et mon honneur n’ont pas de prix.
A l’absence d’une passation de service, votre successeur à la tête du Cese a décidé de fouiller votre gestion. Comment appréciez-vous cette démarche ?
Avant 2012, j’avais déjà une riche carrière aux Nations Unies où j’ai occupé différents postes de responsabilité où je me prêtais chaque année à l’exercice obligatoire de reddition comptable et financière. Donc c’est non seulement un exercice habituel auquel je me suis prêtée depuis des années, mais je considère que chaque gestionnaire doit être audité chaque année pour justifier de l’utilisation de l’argent public. A ce titre, je demande que le Conseil Economique, Social et Environnemental soit audité de sa création en 2013 au jour de mon départ. Ainsi, les choses seront claires et on passera à autre chose. J’ai moi-même procédé à un audit d’entrée par un cabinet habilité, suite à la consultation de prestataires. Pour avoir un point de départ de ma gestion.
N’avez-vous pas peur que la mission dépêchée par Idrissa Seck vous trouve des cafards ?
Je demande mieux, un audit par les organes habilités de l’Etat du CESE depuis 2013, date de sa création jusqu’au jour de mon départ. Pour ce qui me concerne, les documents sont disponibles pour cet exercice.
Ne soupçonnez-vous pas, derrière cette fouille, la main du chef de l’Etat, Macky Sall ?
L’Etat est impersonnel et les deniers publics doivent faire l’objet de bonne surveillance et les gestionnaires de fonds publics doivent se prêter à cette reddition, sans y voir de raison personnelle. C’était ma position hier, ça reste ma position aujourd’hui.
N’êtes-vous pas surprise ou déçue par la tournure des choses ?
Il n’y a pas de sentiment à faire prévaloir. L’Etat reste l’Etat et il faut faire prévaloir les lois et règlements et comme je vous l’ai dit, je suis pour une application des principes de bonne gouvernance.
Pensiez-vous que votre départ de la tête du Cese allait être suivi par tout ce tollé ?
La pluralité médiatique amplifie tous les événements et les citoyens ont aussi de solides opinions diversifiées et c’est tant mieux pour la Démocratie.
Le président Idrissa Seck ne s’est pas limité à fouiller votre gestion, il s’est aussi séparé de vos anciens collaborateurs (le Daf et le Dhr) à qui, il aurait interdit l’accès des locaux du Cese. Quelle appréciation en faites-vous ?
Je n’ai pas d’appréciation particulièrement. J’ai un devoir de réserve républicain. Mais le principe général est de s’appuyer sur les équipes sortantes pour faire une bonne transition avec les nouveaux cadres qui arrivent. Pour une bonne continuité du service public. J’encourage mes anciens collaborateurs à faciliter cette transition, si on le leur demande. De toute façon, ce sont des fonctionnaires qui servent l’Etat depuis des années.
N’avez-vous pas été limogée de la présidence du Cese à cause de votre manque de discipline de parti, c’est-à-dire votre refus de vous conformer à l’interdiction du chef de l’Etat de parler de sujets tabous au sein de la majorité, comme le troisième mandat ?
Le chef de l’Etat nomme aux fonctions civiles et militaires. Ce sont des prérogatives que lui confèrent la Constitution. Les opinions des uns et des autres sont nourries par leurs convictions intimes qui n’ont rien à voir avec les postes qu’ils occupent. Les postes changent, partent et les convictions demeurent. C’est ma perception de la vie militante que je mène depuis l’âge de 14 ans avec des périodes d’intensités diverses.
Beaucoup de vos pourfendeurs politiques évoquant la traque judiciaire contre Karim Wade et Cie, soutiennent que vous n’avez récolté que ce que vous avez semé. Qu’en pensez-vous ?
Je suis plus que jamais convaincue que seule la bonne gouvernance sortira l’Afrique de la pauvreté. Quels que soient les politiques, programmes, infrastructures construites, sans lutte active contre la corruption et la mise en place de mécanismes de bonne gouvernance, les efforts de développement attendus ne seront pas au rendez-vous. Et les citoyens sont de plus en plus exigeants sur les questions de bonne gouvernance. Que ce soit moi ou quelqu’un d’autre, on doit accepter ce nouvel ordre. J’ai d’ailleurs suggéré la décentralisation des services de l’Inspection générale d’Etat dans les ministères pour un contrôle journalier de la conformité des dépenses. Chaque ministère a une inspection interne à la tête de laquelle devrait se trouver un inspecteur de l’IGE ne dépendant pas du ministre.
Pourquoi lors de votre départ du Cese, dans vos remerciements, vous n’avez pas daigné y associer le Président Macky Sall qui pourtant, vous avez nommée à ce poste ?
J’ai été informé par le président de la République avant publication du décret me remplaçant et j’ai fait ce que la courtoisie et mon éducation me recommandaient de faire à son endroit. Le reste n’est qu’aiguille à chercher dans une motte de foin.
Vous avez été remplacée à la tête du Cese par Idrissa Seck que vous avez beaucoup combattu par le passé. Ne concevez-vous pas cela comme une humiliation ?
Je suis une militante et mon engagement me donne une lecture différente des événements. J’ai fait ce que j’avais à faire comme militante et à chaque responsabilité qui m’a été confiée, je me suis donnée corps et âme. Et je continuerai à faire ce que je dois faire. J’estime bénéficier du respect de mes concitoyens. Je l’espère en tout cas. Et c’est ça le plus important en définitive.
Avez-vous changé de perception ou d’opinion sur la manière dont la politique se fait au Sénégal ?
Les acteurs politiques doivent s’astreindre à donner une image encourageante de la politique, notamment aux jeunes que j’invite à s’engager pour transformer le pays. Au delà des avantages et des honneurs, la politique c’est d’abord et avant tout un projet de transformation vers plus de progrès avec la promotion de valeurs qui permettent d’y arriver. J’encourage les jeunes à s’investir dans ce sens.
On vous accuse d’avoir des ambitions cachées, un agenda autre que celui du Président Macky Sall. Des responsables de l’Apr ont eu à le dire publiquement avant même votre limogeage. Que répondez-vous ?
Le temps de la politique viendra et je vous donnerai des réponses détaillées. Croyez-moi. Ceci étant dit, l’ambition n’est pas un délit à ce que je sache et comme je disais en politique, on n’est pas assis à regarder les trains passer.
Aminata Touré va-t-elle rester dans la mouvance présidentielle ou se prépare-t-elle à se faire un chemin dans l’opposition ?
Le temps de la politique viendra. Mais laissez-moi vous dire que je n’ai aucun regret quant à mon engagement. Bien au contraire, je pense que j’ai contribué modestement à faire avancer les choses à chaque fois qu’on m’a confié une responsabilité. Hors de l’Etat, mon engagement pour le Sénégal et la démocratie va se poursuivre.
Quelle image croyez-vous avoir laissée au Cese. Votre legs pourrait-il convaincre les Sénégalais de l’utilité de cette institution ?
C’est une institution qui a toute sa pertinence dans l’architecture institutionnelle de la République. Au sein des 120 conseillers, il y a une expertise extraordinaire, les avis du Conseil méritent d’être sérieusement considérés dans l’élaboration des programmes et les prises de décisions.
Quel rôle avez-vous joué auprès du président de la République pour qu’il tienne en compte, dans sa prise de décision, des avis du Cese ?
Je suis restée 16 mois, il faut un peu de temps pour les décisions administratives, j’espère que les avis seront pris en compte durant l’élaboration des programmes. En tout cas, c’est ce que le Chef de l’Etat a indiqué dans sa dernière lettre appréciant très positivement la contribution du CESE.
Votre nomination à la tête du Cese avait soulevé l’ire de certains proches de la Présidente sortante, Aminata Tall, qui vous ont accusée d’avoir fomenté un coup pour prendre sa place. Avec le recul aujourd’hui, comment appréciez-vous tout cela ?
Encore une fois, c’est le président de la République qui nomme aux fonctions civiles et militaires. Les émotions liées au départ sont compréhensibles, mais ensuite la normalité républicaine reprend ses droits et la vie administrative de notre pays se poursuit.
Pensez-vous que l’arrivée de Idrissa Seck, Oumar Sarr et Cie peut apporter quelque chose à la mouvance présidentielle ?
Cette question est à poser au Chef de l’Etat qui les a nommés.
par l'éditorialiste de seneplus, Emmanuel Desfourneaux
DÉMISSIONNEZ AU NOM DE L’HONNEUR ET DU DROIT À LA VIE !
EXCLUSIF SENEPLUS - Je ne reproche pas à Amadou Tidiane Wone sa colère légitime de musulman mais son absence d’acceptation supérieure du droit à la vie. Ce droit ne saurait être mis en balance avec la liberté de la religion et la liberté d’expression
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 19/11/2020
C’est en ma qualité de petit-fils d’un récipiendaire de la distinction de Chevalier de la légion d’honneur à titre posthume que je m’adresse à l’ambassadeur, Philippe Lalliot.
Un de vos prédécesseurs a fait remonter une liste de futurs décorés dont fit partie l’ancien ministre de la culture de Me Abdoulaye Wade, Amadou Tidiane Wone. Ce dernier a démissionné à grand fracas de l’ordre national de la légion d’honneur et s’apprête à rendre insignes et attestations à votre ambassade.
Que diable contenait le mémoire de proposition en termes de services éminents rendus à la nation française par cet ancien ministre ? Aujourd’hui, reconverti en webactiviste selon ses propos, Amadou Tidiane Wone s’inscrit dans une jacquerie internétique et assumée contre la France. Il est coutumier du fait, incorrigible récidiviste, se laissant porter par le ressentiment anti-français et l’hostilité aux valeurs occidentales soi-disant « décadentes », rejoignant ainsi le club fermé de Jamra et de Pastef.
Monsieur Philippe Lalliot, je vous tiens pour responsable du déshonneur de cette restitution : vous êtes garant de la continuité de l’Etat français. Vous achetez la conscience et la loyauté de certaines personnalités africaines au nom de la politique étrangère de la France. Ces légions d’honneur, vous les dispensez, selon la citation Napoléonienne, à « vos militaires et vos savants » africains comme si vous étiez un distributeur automatique de boissons. Amadou Tidiane Wone, dans sa lettre à l’attention d’Emmanuel Macron, fait offense au droit à la vie, et donc aux héros morts pour la France. Vous lui avez permis d’être un demi-héros des médias sociaux. C’est impardonnable !
Alors que vous êtes muré dans le silence de votre fonction, je dois par votre faute sortir du bois pour défendre le droit à la vie. Amadou Tidiane Wone batifole avec l’amalgame sémantique. Il ne parle jamais d’attentat ! A l’endroit du décapiteur, il ne lui colle à aucun moment l’étiquette de terroriste. Seulement la qualification d’assassin de droit commun, ni meilleur, ni pire que les autres ! Il propage même la thèse complotiste selon laquelle cet « adolescent (sic) » aurait été illégalement abattu par les forces de police : il affiche sa préférence pour le droit à la vie d’un décapiteur au grand dam de celui d’une victime décapitée, avec un corps séparé de la tête à présenter à sa femme et son enfant ! Pour le démentir, quelques jours plus tard, à Nice, un nouveau terroriste ayant fait trois victimes innocentes a été appréhendé en vie par les forces de l’ordre. A fortiori la Cour Européenne des Droits de l’homme de Strasbourg veillera, si elle est saisie, à la conformité de l’usage de la force avec l’article 2 de la Convention.
Le droit à la vie est l’un des plus importants droits de l’homme, il ne saurait être mis en balance avec la liberté de la religion et la liberté d’expression. Toutes les civilisations, au-delà de leurs particularités cultuelles, ne peuvent que partager cet axiome à défaut de tomber dans la déshumanisation et la bestialité. Pour ce qui concerne Amadou Tidiane Wone, je ne suis pas étonné qu’il n’en fasse peu cas. Déjà lors du procès d’Hissène Habré, il avait placé le droit d’asile de la Teranga au-dessus du droit à la vie des victimes tchadiennes. Il avait même réclamé l’abandon des charges contre le bourreau au motif qu’il serait « une victime expiatoire de toute la déraison humaine qui a fait que l’Afrique est embourbée dans la pauvreté ». Amadou Tidiane Wone implorait le pardon et la réconciliation aux victimes tchadiennes ! Je n’ai pas vu une telle requête de mansuétude dans sa démission de l’ordre de la légion d’honneur.
La France, quant à elle, honore ses morts ; il était impensable qu’un professeur décapité en plein exercice de ses fonctions soit enterré en catimini ; la République lui a accordé la place qui lui était due surtout au nom du droit à la vie, non pas mort l’arme à la main, mais le stylo à la main. Il est vrai qu’au Sénégal les jeunes, sur pression des familles, inactions de l’Etat et duplicité internationale, se noient au large des côtes dans une indifférence au droit à la vie. Je préfère mille fois la théâtralisation républicaine des morts français avec le risque de récupération politique que la Place des Souvenirs transformée en bazar, d’après ce qui m’a été rapporté.
Je ne crois pas en l’acte héroïque de la démission de l’ordre de la légion d’honneur. J’ai plus de respect pour Jean-Paul Sartre qui l’a rejetée dès le début au nom de la liberté. Je ne reproche pas à Amadou Tidiane Wone sa colère légitime de musulman mais son absence d’acceptation supérieure du droit à la vie.
Monsieur Philippe Lalliot, je vous tiens pour responsable du déshonneur de cette restitution : vous représentez la politique française à l’étranger. Ne vous méprenez pas sur mes intentions, je ne défends nullement Emmanuel Macron (même si certains djinns mal intentionnés souffleront le contraire à l’oreille). Je me range derrière les propos sages du président sénégalais tenus lors du Forum de Paris sur la Paix. Je suis un homme de principe, je suis au milieu d’un segment et lutte contre ses extrémités.
Une majorité de musulmans, contrairement à un post confus d’Ousmane Sonko, pratique en toute quiétude leur religion en France. Seulement, nous partageons une singularité avec le Sénégal, nous débattons quotidiennement de religion. La loi sur les séparatistes est revenue mettre sur le tapis des palabres séquestrés par les extrémistes et leurs stigmatisations. Nous finissons par être prisonniers de la bataille des extrémistes et nous nous y engouffrons dangereusement. Tout ceci révèle une peur d’évoluer, de s’ajuster à un monde qui change. Les minorités en France issues de l’histoire coloniale bousculent l’ordre établi de l’homme blanc laïc. Sans approuver toutes leurs revendications, traitons-les avec plus de considération ! Il est possible de constater ce même processus au Sénégal où le féminisme conteste une société machiste. Le danger à moyen terme pour ces deux pays serait une jonction de circonstance entre les extrémistes connus et les néo-extrémistes défenseurs de l’ordre présent. Ces derniers se cachent sous les traits d’intellectuels, et se dénichent jusque dans les gouvernements et les administrations.
Je ne souhaite pas discuter ci-présent de religion même si à Dakar j’ai vécu les plus beaux moments de ma vie spirituelle. J’ai le souvenir d’une avant-veille de Tabaski à Ngor avec les ruelles drapées de linge blanc, les odeurs d’encens, sur fond du chant du muezzin et du soleil couchant. Permettez-moi d’insister plutôt sur le thème principal de mon édito : le droit à la vie. Il est inconvenant de requérir la reconnaissance au droit à la vie par nos partenaires historiques africains, si la France dans sa politique étrangère n’en a cure. Il est temps que l’ancienne puissance coloniale mette au cœur de sa politique étrangère ce droit, avant-même l’égalité des genres. Il est temps que nous soyons du côté des peuples africains. Avec la Côte d’Ivoire et la Guinée, nous avons manqué à notre devoir du droit à la vie après la mort de plusieurs manifestants. Il est temps que la France admette qu’elle a porté atteinte, dans son histoire, au droit à la vie des peuples colonisés. La colonisation doit être qualifiée de crime contre l’humanité. Cela demande du courage, mais dans la période actuelle nous avons besoin d’hommes politiques persévérants et nobles.
Les soldats de mon grand-père, des tirailleurs sénégalais, montèrent une garde pieuse de son corps en témoignage de sa bravoure alors que les combats faisaient toujours rage. Fort de son modèle, je vais sur le terrain pour apporter la réplique malgré les critiques acerbes auxquelles je m’expose sur un sujet si clivant. Je n’écris pas pour le présent hystérique mais pour un avenir apaisé où la raison humaine reprendra le dessus ! Et vous, monsieur Philippe Lalliot ? Allez-vous vous conduire en homme courageux et réagir à la démission humiliante d’Amadou Tidiane Wone : renoncer à vos charges pour l’honneur de la communauté diplomatique française (qui a commis une erreur d’appréciation).
Le cabinet d’experts commis par l’Usaid pour auditer le fichier a reçu un document qui n’était pas celui validé par la commission politique du Dialogue national. C’est une révélation de représentant des non-alignés. Déthié Faye assure, par ailleurs, que le gouvernement élargi émane d’un dialogue bilatéral et non d’un Dialogue national. Dans cet entretien, il juge «regrettable» le blocage du Dialogue national.
Quelles sont les raisons du blocage du dialogue politique ?
Il faut dire que c’est plutôt le Comité de pilotage du Dialogue national qui est dans une situation de blocage depuis l’avènement de la pandémie du Covid-19. Je rappelle que nous avions salué la reprise des travaux des commissions. Mais à ce jour, aucune initiative n’a été prise pour que le Dialogue national puisse poursuivre ses travaux à travers ses commissions politiques ou à travers des réunions de ses instances, à savoir le bureau ou la conférence des présidents. C’est là une situation de blocage regrettable parce que le décret qui prorogeait le temps accordé aux commissions, hormis la commission politique, un délai de 3 mois, a expiré le 12 novembre, ce qui fait qu’on ne peut plus parler de commission tant qu’un autre décret du président de la République n’est pas pris pour accorder un délai à la finition des travaux de ces commissions-là. Et si un tel texte devrait être pris, il est clair qu’il faudra revoir le management du Comité de pilotage. Parce que les évènements que nous avons vécus depuis que ce Comité de pilotage a été mis en place montrent que les commissions pourraient ne pas être dans des conditions permettant de finaliser leurs travaux. Il est clair qu’il n’y a que le président du Comité de pilotage et le président de la République qui peuvent édifier les Sénégalais sur les raisons véritables du blocage regrettable que nous constatons aujourd’hui. Je pense qu’étant au service de la République, ces autorités ont l’obligation d’édifier les Sénégalais. On ne peut pas prendre cette initiative de lancer le Dialogue national, initiative qui a été saluée par toutes les forces vives de ce pays et ensuite en arriver à ce que le travail qui a été engagé puisse se terminer comme ça en en queue de poisson et sans qu’on ne sache exactement ce qui est à la base du problème. Actuellement, il n’y a que la commission politique du Dialogue national qui a repris ses travaux depuis le 19 août et a déposé son premier rapport le 26 septembre. L’autre phase des travaux de la commission politique reprendra quand l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral auront été faits et que les recommandations seront communiquées à ladite commission. A partir de cette étape, la commission se réunira encore pour terminer les quelques points qui restaient et dont l’examen dépend des conclusions de cet audit et de cette évaluation du processus électoral.
Justement, où en est-on sur l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral ?
La commission politique, après avoir validé les termes de référence de cet audit et de cette évaluation du processus électoral, avait saisi le gouvernement pour que nos partenaires techniques et financiers puissent être mis à contribution en prenant en charge, si possible, les deux points. C’est dans ce cadre que la commission politique avait mis en place un comité de suivi de toutes les étapes de l’évaluation du processus électoral et de l’audit du fichier. Ce comité de suivi est aujourd’hui parvenu à trouver un accord avec l’Usaid pour le choix d’un cabinet qui sera chargé du recrutement des experts chargés de l’audit et de l’évaluation. Le choix du cabinet chargé de la sélection des experts a été validé et le cabinet a reçu l’aval du comité de suivi pour que le document portant termes de référence de l’audit et de l’évaluation soit publié à l’intention des experts qui pourraient être amenés à soumissionner pour être sélectionnés. Ce lancement a été fait, et je pense que dans un délai qui ne devrait pas dépasser un mois, la sélection pourra être faite par le cabinet et validée par le comité de suivi pour que ces deux activités puissent immédiatement démarrer. C’est là un acquis de taille non négligeable qui demande simplement que les acteurs qui ont demandé cet audit et cette évaluation du processus électoral restent vigilants pour que rien ne puisse interférer et remettre en cause les orientations fondamentales que nous avons dégagées. Cette vigilance est nécessaire parce que lorsque nous avons rencontré le cabinet choisi par l’Usaid, ce cabinet nous a montré le document qui lui a été envoyé comme termes de référence. Mais notre surprise a été grande de constater que ce document-là n’était pas du tout conforme à celui validé par la commission politique du Dialogue national et remettait même en cause certaines de ses orientations fondamentales. C’est dans ce cadre que nous avons demandé au cabinet d’annuler ce document et invité l’Administration à mettre à la disposition dudit cabinet les documents adoptés par la commission politique et transmis au président de la République.
Le statut du chef de l’opposition a fait débat entre Rewmi et le Pds. Idrissa Seck est aujourd’hui dans la mouvance. Cette question est-elle toujours une priorité ?
J’ai toujours dit que le débat sur le statut de l’opposition et le mode de désignation de son chef a été biaisé dès le départ. Les acteurs politiques qui se sont lancés dans une compétition ou dans un débat de désignation du chef de l’opposition sont passés totalement à côté. Parce que le statut de l’opposition et le mode de désignation de son chef doivent être des textes législatifs et, autant que je sache, une loi ne devant pas être rétroactive, si une loi est adoptée sur le statut de l’opposition et le mode de désignation de son chef, elle ne devrait être applicable qu’à partir des prochaines élections. On constate donc que ceux qui se sont lancés dans la désignation de personnes ou n’ont pas compris ou étaient obsédés par le fait de vouloir imposer leur mentor comme chef de l’opposition. Je pense que cette question qui figure dans la Constitution doit être réglée en mettant de côté toutes les approches politiciennes qui sont à la base de ce malentendu qui a poussé certains à dire que c’est dans la Constitution mais ce n’est pas important ou que ce n’est pas prioritaire. Ce n’était pas une question de priorité, il s’agit simplement d’une obligation, en tant que républicains, de faire en sorte que toutes les dispositions de la Constitution soient respectées par tous. C’est pourquoi dès le départ, nous avons refusé de nous inscrire dans la dynamique de considérer qu’avant les prochaines élections on peut désigner un chef de l’opposition. Maintenant pour ce qui concerne le rapprochement d’un leader de l’opposition à la majorité, cela ne remet nullement en cause le principe que j’ai énoncé à savoir que le statut de l’opposition, le mode de désignation de son chef, ce sont des questions qui ne peuvent être prises en charge qu’à partir des prochaines élections. Si nous disons et nous nous entendons pour dire que le chef de l’opposition sera celui qui est second à l’élection présidentielle, mais ça sera à la Présidentielle de 2024, si c’est celui qui a le plus grand groupe parlementaire après la majorité, ça sera après les Législatives de 2022. Par conséquent cela n’a aucun rapport avec le fait qu’un leader ait intégré le gouvernement ou non. Ce qu’on peut simplement dire c’est est-ce que celui qui intègre actuellement le gouvernement appartient toujours à l’opposition ou non.
Est-ce que finalement le Dialogue national n’a pas été qu’une simple enveloppe pour couvrir ce qu’on a appelé un gouvernement «d’ouverture» ?
Le Dialogue national a été lancé pour amener toutes les forces vives de la Nation à se concerter et à examiner les questions fondamentales qui conditionnent le développement de notre pays. Quand le président de la République a pris l’initiative, les forces vives de la Nation, dans un élan patriotique, dans un sursaut national, ont décidé de répondre favorablement à cette concertation. Les forces vives ont compris que le Peuple sénégalais n’a pas envoyé des gens au pouvoir pour qu’ils piétinent l’opposition ou qu’ils ne servent que leurs partisans. Non plus il n’a pas envoyé des Sénégalais dans l’opposition pour que ceux-là n’aient à faire que de l’obstruction. C’est par conscience de leurs responsabilités que les forces vives se sont mises autour d’une table pour discuter des questions essentielles concernant le devenir de notre pays. Aujourd’hui, il ne fait l’ombre d’aucun doute, et les conclusions de la commission politique sont là pour en attester, que le Dialogue national est une option pertinente pour un pays qui veut consolider sa démocratie, sa cohésion, sa stabilité et pour faire face à toutes les menaces qui viennent de toutes parts, en particulier dans cette sous-région ouest-africaine. Mais il faut reconnaître que ce que vous appelez gouvernement élargi émane plutôt de concertations bilatérales et non d’un Dialogue national. Je considère que chaque parti politique est souverain et, à ce titre, peut donner mandat à son leader d’engager des discussions avec un autre parti politique en vue de parvenir à des accords. Apparemment, c’est cela qui s’est passé parce qu’au moment où il y avait le Dialogue national, il y avait aussi depuis au moins 15 mois des concertations bilatérales qui ont effectivement permis la mise en place de ce gouvernement élargi. Je respecte les choix des partis qui en sont arrivés à cette conclusion. Je m’abstiendrai aussi de faire des commentaires particuliers parce que ignorant les tenants et les aboutissants des discussions qui ont été menées et les conclusions auxquelles ils ont conduit. En tout état de cause, ceux qui veulent mettre ce gouvernement élargi sous le compte du Dialogue national sont ceux qui, dès le départ, fustigeaient ce même dialogue et ont refusé d’y prendre part. Donc, c’est une approche simplement destinée à discréditer ce dialogue et ceux qui y ont pris part.
LE HCDS S’IMPLIQUE DANS LA LUTTE CONTRE L'EMIGRATION IRREGULIERE
Le Haut conseil du dialogue social va organiser bientôt une médiation concernant ce phénomène de l’immigration clandestine
Le Haut conseil du dialogue social (Hcds) compte s’impliquer pour une large concertation sur le phénomène de l’émigration clandestine. Lors de la clôture de l’atelier sur le renforcement de capacités des membres du Hcds en médiation hier à Saly, la présidente de cette institution a annoncé l’organisation d’une concertation nationale sur l’émigration clandestine regroupant tous les acteurs. Le premier jalon sera posé par la présidente du Hcds avec une visite chez les parents des victimes.
Le Haut conseil du dialogue social (Hcds) va organiser bientôt une médiation concernant ce phénomène de l’immigration clandestine. Hier lors de l’atelier sur le renforcement de capacités des membres du Hcds en médiation, Mme Innocence Ntap Ndiaye, la présidente de ladite institution, a dessiné les contours de cette large concertation. «C‘est plus qu’une médiation. C‘est d’abord une concertation au niveau national. Nous sommes en train d’étudier cette problématique avec beaucoup de distance mais aussi beaucoup de proximité. Les victimes ce sont des jeunes, nous allons venir présenter nos condoléances aux familles des victimes mais aussi essayer de comprendre pourquoi ils partent. Je pense qu’il y a une approche qu’il faut supprimer dans la société et cela requiert un travail de dialogue, de concertation, de discussions», a relaté la présidente du Haut conseil du dialogue social.
Selon Mme Innocence Ntap Ndiaye, la mission du gouvernement ce n’est pas de donner du travail aux jeunes. «Son rôle, c’est de créer un cadre qui puisse permettre la productivité, qui puisse faire que les organisations d’employeurs qui sont membres du haut conseil puissent donner du travail. Est-ce que ce cadre existe ? Un cadre incitatif qui puisse intéresser les demandeurs d’emploi à venir pour être orientés», a déclaré Mme Ndiaye. Cette dernière est convaincue que la question du chômage ne doit pas être aussitôt la réponse à l’émigration car il y a des questions sociétales qui dépassent la question du chômage ; d‘où la nécessité d’organiser le dialogue. Cette rencontre va réunir des organisations de jeunes venus de zones de départ, le Haut conseil du dialogue social, les parents, les religieux, entre autres. «Ils vont nous dire les raisons qui les motivent. Nous allons certainement auditionner les parents également pour comprendre un peu le phénomène.
Les religieux sont concernés, donc c’est une véritable concertation nationale qu’il faut avoir sur la question», fait savoir la présidente du Hcds. Elle a également suggéré aussi qu’au niveau international que les accords avec les pays soient revisités. «Pour voir ce que ces pays offrent aussi, si ça ne vaut pas le coup ce n’est pas la peine de partir. J’ai été saisie par les Iles Canaries -il y a eu beaucoup de départs pour les Iles Canaries et une Ong qui est aux Iles Canaries m’a demandé si on ne pouvait pas faire quelque chose sur l’émigration. Ma porte est ouverte, toutes les questions qui peuvent avoir des conséquences sur la stabilité sociale nous interpellent», a conclu Mme Innocence Ntap Ndiaye. Revenant sur le thème de l’atelier, la présidente du Haut conseil du dialogue social a précisé les objectifs de cette rencontre.
Selon elle, le Hcds veut faire en sorte que les relations sociales soient apaisées, que ça soit en période normale ou en période de crise sanitaire. «Ce que nous connaissons comme conflits de travail est exceptionnel. On s’est rendu compte que par rapport au Covid-19, que pour une thématique aussi importante que le télétravail, il n’y a pas de législation. Tout ça nécessite une offre sociale que le Haut conseil à travers ses instances va faire aux différents mandants, au gouvernement, pour essayer d’améliorer les conditions des travailleurs et également de réduire les conflits qui pourraient naître de ces incompréhension», a précisé la présidente du Hcds.
Dans le domaine du dialogue social, elle a magnifié le cas du Sénégal dont l’expérience est appréciée dans la sous-région. «D‘abord par le chef de l’Etat qui a fait des concertations, il a également pris des ordonnances après il a demandé qu’on ne licencie pas les travailleurs durant la période où l’ordonnance est en vigueur ; autant d’innovations majeures. D‘autres pays se sont inspirés du Sénégal, mais toujours est-il qu’il y a d’autres qui sont en avance sur la réglementation surtout en matière de chômage technique. Donc, il va falloir faire du benchmarking», a suggéré la présidente du haut conseil du dialogue social.
«L’ETAT EST EN TRAIN DE MONNAYER LA DIGNITE DE SES FILS»
Le rapatriement des émigrés clandestins, dès leur arrivée sur le sol occidental en contrepartie d’une somme de 39 milliards de francs en faveur des gouvernements sénégalais, ivoirien et burkinabé, est mal perçue par Babacar Sèye, président de l’ONG Hsf
La question du rapatriement des émigrés clandestins, dès leur arrivée sur le sol occidental en contrepartie d’une somme de 39 milliards de francs en faveur des gouvernements sénégalais, ivoirien et burkinabé, est mal perçue au niveau de l’organisation de défense des migrants. Pour Babacar Sèye, président de l’ONG Horizon Sans Frontière, il s’agit là encore d’argent que vont se partager nos dirigeants au détriment de la jeunesse ravagée par le désespoir.
Interrogé par « Le Témoin », l’activiste humanitaire Babacar SEYE, défenseur de la cause des migrants, s’est apitoyé sur le sort réservé à ces derniers dans ce contexte de résurgence de l’émigration clandestine. Les 39 milliards annoncés par l’Union européenne dans un programme de refoulement des « sans papiers » pour contrer la vague migratoire constituent, selon lui, une option qui écorne la dignité humaine. « Nous condamnons fermement le rapatriement des migrants. Et c’est une position de principe au niveau de notre ONG dont le but est la défense des migrants de quelque origine qu’ils soient », a déclaré le président de HSF.
Par rapport au Sénégal, il estime que l’Etat est en train de monnayer la dignité de ses fils. M. SEYE d’ajouter : «L’aide au développement qu’a toujours reçu le gouvernement était censée résoudre la problématique du chômage et de l’insertion socio-économique des jeunes. Mais malheureusement, force est de constater que cette manne foncière n’a jamais été consacrée aux ayants droit. Actuellement, on s’attendait à un audit sur l’utilisation de cet argent injecté par les pays européens avant même de parler d’une autre aide. «Mais malheureusement, cette manne financière va aussi être partagée et détournée par des dirigeants africains au détriment de la jeunesse qui est dans le désespoir total ».
A en croire l’humanitaire, la faute incombe à l’Union Européenne qui pense qu’on peut régler une crise migratoire avec de l’argent. « Il faudrait que l’Europe se remette en cause au lieu de se barricader avec de nouvelles normes juridiques et politiques. Parce qu’on parle de coresponsabilité Europe-Afrique et ils sont en train de violer les droits internationaux en foulant du pied les conventions », explique le patron de d’Horizon Sans Frontière qui déplore le fait que le mode de gestion de la crise soit exclusivement réservé aux pays européens qui dictent leurs lois. Le droit international peine à trouver une solution juridique appropriée. Les règles existantes sont inadaptées et insuffisantes.
Le silence de l’Etat …
L’autre désolation de Babacar SEYE au sujet de la crise migratoire qui secoue le pays, c’est l’absence de communication de l’Etat qui, selon lui, pose un véritable problème. « Et ça, au niveau de l’ONG Horizon Sans Frontière, nous le regrettons. Le fait que l’Etat ne se prononce pas, n’ait pas voulu accompagner les familles dans la souffrance ou encore n’ait pas voulu décréter un jour de deuil national à la mémoire de ces disparus. C’est comme du mépris à l’égard de ces migrants et particulièrement de toutes familles endeuillées ! », s’insurge l’humanitaire. Cela dit, M. SEYE reste persuadé que l’émigration est pour les Africains une façon de fuir les tensions internes liées au chômage. D’ailleurs, justifie-t-il, « c’est ce qui explique le silence de l’Etat. Ce silence est l’expression de son échec concernant la prise en charge de cette question. C’est pourquoi, il faut oser parler de l’échec de l’Etat dans la problématique liée à l’emploi des jeunes. Cette jeunesse se tue en Méditerranée à cause du manque d’emplois et surtout du manque d’espoir ».
Et pour parer décisivement à ce fléau, le président de l’ONG Horizon Sans Frontière invite à un changement de paradigme dans les politiques publiques. «L’Etat doit se remettre en cause. Il faut construire ce pays sur la base d’une expertise avérée. Or, le Sénégal regorge de cadres dans tous les domaines. Aujourd’hui, la solution c’est faire de cette jeunesse une priorité, du point de vue socio-culturel. On doit œuvrer pour une relecture des perspectives, faire une révolution socio-culturelle. Il faut mettre les gens dans une dynamique de travail. Il faut revoir notre système éducatif, aller vers un autre modèle. La faille, c’est au niveau économique et il faut tout reconstruire », exhorte Babacar SEYE.