Le Haut conseil du dialogue social (Hcds) compte s’impliquer pour une large concertation sur le phénomène de l’émigration clandestine. Lors de la clôture de l’atelier sur le renforcement de capacités des membres du Hcds en médiation hier à Saly, la présidente de cette institution a annoncé l’organisation d’une concertation nationale sur l’émigration clandestine regroupant tous les acteurs. Le premier jalon sera posé par la présidente du Hcds avec une visite chez les parents des victimes.
Le Haut conseil du dialogue social (Hcds) va organiser bientôt une médiation concernant ce phénomène de l’immigration clandestine. Hier lors de l’atelier sur le renforcement de capacités des membres du Hcds en médiation, Mme Innocence Ntap Ndiaye, la présidente de ladite institution, a dessiné les contours de cette large concertation. «C‘est plus qu’une médiation. C‘est d’abord une concertation au niveau national. Nous sommes en train d’étudier cette problématique avec beaucoup de distance mais aussi beaucoup de proximité. Les victimes ce sont des jeunes, nous allons venir présenter nos condoléances aux familles des victimes mais aussi essayer de comprendre pourquoi ils partent. Je pense qu’il y a une approche qu’il faut supprimer dans la société et cela requiert un travail de dialogue, de concertation, de discussions», a relaté la présidente du Haut conseil du dialogue social.
Selon Mme Innocence Ntap Ndiaye, la mission du gouvernement ce n’est pas de donner du travail aux jeunes. «Son rôle, c’est de créer un cadre qui puisse permettre la productivité, qui puisse faire que les organisations d’employeurs qui sont membres du haut conseil puissent donner du travail. Est-ce que ce cadre existe ? Un cadre incitatif qui puisse intéresser les demandeurs d’emploi à venir pour être orientés», a déclaré Mme Ndiaye. Cette dernière est convaincue que la question du chômage ne doit pas être aussitôt la réponse à l’émigration car il y a des questions sociétales qui dépassent la question du chômage ; d‘où la nécessité d’organiser le dialogue. Cette rencontre va réunir des organisations de jeunes venus de zones de départ, le Haut conseil du dialogue social, les parents, les religieux, entre autres. «Ils vont nous dire les raisons qui les motivent. Nous allons certainement auditionner les parents également pour comprendre un peu le phénomène.
Les religieux sont concernés, donc c’est une véritable concertation nationale qu’il faut avoir sur la question», fait savoir la présidente du Hcds. Elle a également suggéré aussi qu’au niveau international que les accords avec les pays soient revisités. «Pour voir ce que ces pays offrent aussi, si ça ne vaut pas le coup ce n’est pas la peine de partir. J’ai été saisie par les Iles Canaries -il y a eu beaucoup de départs pour les Iles Canaries et une Ong qui est aux Iles Canaries m’a demandé si on ne pouvait pas faire quelque chose sur l’émigration. Ma porte est ouverte, toutes les questions qui peuvent avoir des conséquences sur la stabilité sociale nous interpellent», a conclu Mme Innocence Ntap Ndiaye. Revenant sur le thème de l’atelier, la présidente du Haut conseil du dialogue social a précisé les objectifs de cette rencontre.
Selon elle, le Hcds veut faire en sorte que les relations sociales soient apaisées, que ça soit en période normale ou en période de crise sanitaire. «Ce que nous connaissons comme conflits de travail est exceptionnel. On s’est rendu compte que par rapport au Covid-19, que pour une thématique aussi importante que le télétravail, il n’y a pas de législation. Tout ça nécessite une offre sociale que le Haut conseil à travers ses instances va faire aux différents mandants, au gouvernement, pour essayer d’améliorer les conditions des travailleurs et également de réduire les conflits qui pourraient naître de ces incompréhension», a précisé la présidente du Hcds.
Dans le domaine du dialogue social, elle a magnifié le cas du Sénégal dont l’expérience est appréciée dans la sous-région. «D‘abord par le chef de l’Etat qui a fait des concertations, il a également pris des ordonnances après il a demandé qu’on ne licencie pas les travailleurs durant la période où l’ordonnance est en vigueur ; autant d’innovations majeures. D‘autres pays se sont inspirés du Sénégal, mais toujours est-il qu’il y a d’autres qui sont en avance sur la réglementation surtout en matière de chômage technique. Donc, il va falloir faire du benchmarking», a suggéré la présidente du haut conseil du dialogue social.
«L’ETAT EST EN TRAIN DE MONNAYER LA DIGNITE DE SES FILS»
Le rapatriement des émigrés clandestins, dès leur arrivée sur le sol occidental en contrepartie d’une somme de 39 milliards de francs en faveur des gouvernements sénégalais, ivoirien et burkinabé, est mal perçue par Babacar Sèye, président de l’ONG Hsf
La question du rapatriement des émigrés clandestins, dès leur arrivée sur le sol occidental en contrepartie d’une somme de 39 milliards de francs en faveur des gouvernements sénégalais, ivoirien et burkinabé, est mal perçue au niveau de l’organisation de défense des migrants. Pour Babacar Sèye, président de l’ONG Horizon Sans Frontière, il s’agit là encore d’argent que vont se partager nos dirigeants au détriment de la jeunesse ravagée par le désespoir.
Interrogé par « Le Témoin », l’activiste humanitaire Babacar SEYE, défenseur de la cause des migrants, s’est apitoyé sur le sort réservé à ces derniers dans ce contexte de résurgence de l’émigration clandestine. Les 39 milliards annoncés par l’Union européenne dans un programme de refoulement des « sans papiers » pour contrer la vague migratoire constituent, selon lui, une option qui écorne la dignité humaine. « Nous condamnons fermement le rapatriement des migrants. Et c’est une position de principe au niveau de notre ONG dont le but est la défense des migrants de quelque origine qu’ils soient », a déclaré le président de HSF.
Par rapport au Sénégal, il estime que l’Etat est en train de monnayer la dignité de ses fils. M. SEYE d’ajouter : «L’aide au développement qu’a toujours reçu le gouvernement était censée résoudre la problématique du chômage et de l’insertion socio-économique des jeunes. Mais malheureusement, force est de constater que cette manne foncière n’a jamais été consacrée aux ayants droit. Actuellement, on s’attendait à un audit sur l’utilisation de cet argent injecté par les pays européens avant même de parler d’une autre aide. «Mais malheureusement, cette manne financière va aussi être partagée et détournée par des dirigeants africains au détriment de la jeunesse qui est dans le désespoir total ».
A en croire l’humanitaire, la faute incombe à l’Union Européenne qui pense qu’on peut régler une crise migratoire avec de l’argent. « Il faudrait que l’Europe se remette en cause au lieu de se barricader avec de nouvelles normes juridiques et politiques. Parce qu’on parle de coresponsabilité Europe-Afrique et ils sont en train de violer les droits internationaux en foulant du pied les conventions », explique le patron de d’Horizon Sans Frontière qui déplore le fait que le mode de gestion de la crise soit exclusivement réservé aux pays européens qui dictent leurs lois. Le droit international peine à trouver une solution juridique appropriée. Les règles existantes sont inadaptées et insuffisantes.
Le silence de l’Etat …
L’autre désolation de Babacar SEYE au sujet de la crise migratoire qui secoue le pays, c’est l’absence de communication de l’Etat qui, selon lui, pose un véritable problème. « Et ça, au niveau de l’ONG Horizon Sans Frontière, nous le regrettons. Le fait que l’Etat ne se prononce pas, n’ait pas voulu accompagner les familles dans la souffrance ou encore n’ait pas voulu décréter un jour de deuil national à la mémoire de ces disparus. C’est comme du mépris à l’égard de ces migrants et particulièrement de toutes familles endeuillées ! », s’insurge l’humanitaire. Cela dit, M. SEYE reste persuadé que l’émigration est pour les Africains une façon de fuir les tensions internes liées au chômage. D’ailleurs, justifie-t-il, « c’est ce qui explique le silence de l’Etat. Ce silence est l’expression de son échec concernant la prise en charge de cette question. C’est pourquoi, il faut oser parler de l’échec de l’Etat dans la problématique liée à l’emploi des jeunes. Cette jeunesse se tue en Méditerranée à cause du manque d’emplois et surtout du manque d’espoir ».
Et pour parer décisivement à ce fléau, le président de l’ONG Horizon Sans Frontière invite à un changement de paradigme dans les politiques publiques. «L’Etat doit se remettre en cause. Il faut construire ce pays sur la base d’une expertise avérée. Or, le Sénégal regorge de cadres dans tous les domaines. Aujourd’hui, la solution c’est faire de cette jeunesse une priorité, du point de vue socio-culturel. On doit œuvrer pour une relecture des perspectives, faire une révolution socio-culturelle. Il faut mettre les gens dans une dynamique de travail. Il faut revoir notre système éducatif, aller vers un autre modèle. La faille, c’est au niveau économique et il faut tout reconstruire », exhorte Babacar SEYE.
LA COMPÉTITION ÉLECTORALE DE 2019 EST DERRIÈRE NOUS
Officiellement installé à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Idrissa Seck a aussitôt fait une déclaration devant les conseillers. Une occasion pour lui de répondre à ses détracteurs
Officiellement installé à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Idrissa Seck a aussitôt fait une déclaration devant les conseillers. Une occasion pour lui de répondre à ses détracteurs. « La compétition électorale de 2019 est derrière nous. Et le contentieux qui en est issu a été éteint par l’ouverture du dialogue national », a-t-il déclaré, au cours de son discours.
Rappelant, en outre, que « la nécessité crée l’exception, même dans la religion », Idrissa Seck a indiqué que « ceux qui attendent encore à la gare 2019, doivent réaliser que le train est loin. Il se lance déjà au quai de 2020, en route pour 2035 et au-delà ».
Car, pour le successeur d’Aminata Touré, « lorsque la nation a besoin de ses fils, ces derniers, à l’image du soldat et du policier, prêts à risquer leur vie, doivent répondre à cet appel au bénéfice exclusif des populations peu importe le coût, notre image et même notre vie qui, au regard du destin d’une nation, demeurent une insignifiance ».
Par Olivier BEAUVALLET
LES CHAMBRES AFRICAINES EXTRAORDINAIRES ET LA REPRESSION DES CRIMES INTERNATIONAUX EN AFRIQUE
L’ouvrage de M. Téliko expose à chacun l’héritage précieux des Chambres africaines extraordinaires et propose une pérennisation de la lutte contre l’impunité, par des voies judiciaires à déterminer
Le 30 mai 2016, les chambres africaines extraordinaires (CAE) prononçaient à Dakar la condamnation en dernier ressort de l’ex-président tchadien Hissène Habré, pour des crimes commis sur le sol et au préjudice de la population de ce pays, au nom de la compétence universelle. Si les juridictions hybrides ont plutôt conduit à des bilans contrastés, les CAE ont généralement été saluées, dans la mesure où chacun y trouve, sauf peut-être la défense ayant cherché la rupture (l’accusé ayant notamment refusé de comparaître, p 161-163), matière à satisfaction, notamment les promoteurs de la justice pénale internationale (selon le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, ce jugement marque « une journée historique pour le peuple du Tchad, la région et au-delà, ainsi que pour la justice pénale internationale » (...)
Souleymane Téliko a personnellement participé à cette procédure, en tant que l’un des juges d’instruction en charge de l’information préparatoire. Il propose la première monographie sur le fonctionnement de ces juridictions pénales spéciales, à la suite de la soutenance de sa thèse de doctorat. L’étude très complète se veut « systémique » (p. 231) tant le souci de décrire la juridiction de l’intérieur tout en l’inscrivant dans un contexte unique anime la démarche de l’auteur. L’introduction passe ainsi en revue les concepts fondamentaux qu’il met en perspective tout au long de sa démonstration.
Après avoir introduit la notion de crimes internationaux (p. 22-40), Souleymane Téliko dresse le constat nuancé de leur répression en Afrique, soulignant la récurrence des violations des droits de l’homme (p. 35-36) et la timidité de la lutte contre l’impunité (p. 37- 40). Dans ce panorama que la méfiance envers la Cour pénale internationale assombrit encore, l’introduction historique montre que l’instauration des CAE dans une situation internationale de conflits de compétence judiciaire répondait à « la prise en charge adéquate de la problématique de la lutte contre l’impunité en Afrique [laquelle] suppose la mise en synergie de plusieurs actions tant au plan national, régional qu’international » (p. 51).
Ignorant le précédent de la mission EULEX (2008), par la création des CAE, « pour la première fois, une organisation régionale, en l’occurrence l’Union africaine, a contribué à la création d’un tel instrument de répression).D’ambition didactique, le livre se veut dialectique par méthode. Il est difficile de montrer plus clairement que les CAE sont le fruit d’un compromis diplomatique, protecteur de la souveraineté étatique rappelée à ses obligations juridiques internationales de juger ou de laisser juger, c’est-à-dire d’extrader envers un état requérant (la Belgique) du chef de crimes de tortures. Sous ce jour, la création des CAE « était aussi l’expression de la volonté des autorités judiciaires africaines de faire la preuve de leur engagement et de leur capacité à mettre fin à l’impunité » (p. 50). L’auteur/acteur présente ainsi le bilan de ces Chambres disparues avec le prononcé du verdict en appel, d’abord en exposant les atouts du modèle hybride africain (p. 53-229) puis en sondant les limites de son efficacité (p. 231-400). De nombreuses annexes enrichissent la lecture par l’accès direct à certaines décisions.
Dans son livre, le juge Téliko montre la concordance…
Dans une première partie, l’auteur montre la concordance du projet politique et de l’efficacité judiciaire. Alors que « les CAE procèdent d’une logique “d’autonomisation” ou “d’indépendance judiciaire” des pays africains », les CAE sont nées d’une initiative régionale prenant en compte « les spécificités locales dans la détermination du droit applicable » de sorte que « la mise à l’écart de l’ONU et l’intervention de l’Union africaine constituent une des originalités du mode de création des CAE » (p. 58). Autrement dit, légitimité et efficacité sont allées de pair dans la création des CAE. Alors que la procédure est née de plaintes avec constitutions civiles déposées d’abord à Dakar puis à Bruxelles et que la Cour internationale de justice a tranché en mettant à la charge de l’état hôte l’obligation de juger ou d’extrader Hissène Habré (CIJ, 20 juill. 2012, Belgique c/ Sénégal), l’auteur met en lumière le dialogue institutionnel entre l’Union africaine (UA) et le Sénégal ayant abouti à une solution originale, soit un accord international créant les CAE (22 août 2012) puis une loi les intégrant dans l’ordre juridictionnel sénégalais (28 déc. 2012).
En dépit d’un caractère international reconnu aux CAE (Accord, art. 1er (4)), la part internationale s’est avérée limitée. Elle existe néanmoins par son processus de création, la mixité des cours d’assises, les autorités de nomination et la variété du droit applicable (p. 73-82). Or cet équilibre raisonnable reposait largement sur le système cohérent d’un état, à savoir le droit et les tribunaux du Sénégal, et l’apport d’une touche d’internationalité. Il visait à assurer ainsi l’efficacité des procédures d’un côté et les garanties judiciaires de l’autre (p. 137). Le Statut des CAE offrait d’abord la garantie d’un accès à un tribunal indépendant et impartial. Prenant argument de l’affirmation de l’indépendance judiciaire ayant présidé à l’instauration des CAE, celle des juges et celle des parquetiers (p. 148-52), l’auteur constate « la situation de précarité des juges » en Afrique illustrée par la trop grande mainmise du pouvoir exécutif sur la carrière des juges, en dépit des textes organiques applicables (l’auteur, président de l’Union des magistrats sénégalais et membre du Conseil supérieur de la magistrature de ce pays, a abordé cette question récemment dans une revue française : S. Téliko, L’indépendance de la justice au Sénégal : Cah. Justice 2019/3, p. 485 et s.).
Autrement dit, l’auteur appelle de ses voeux la diffusion de l’expérience des CAE par un transfert de garanties (comme il existe des transferts de technologies) des juridictions internationalisées vers les juridictions nationales. De même, l’affirmation des principes garantissant le procès équitable a permis de faire face aux « velléités de contrôle de l’activité des juges » entreprises par le truchement de la procédure (encadrement du délai d’instruction ; tentative de constitution de partie civile de l’état du Tchad…) et à « la défense de rupture de Hissène Habré ». Le juge Téliko illustre ainsi non seulement la plasticité des textes en dépit de la volonté des rédacteurs de leur donner la plus grande automaticité et le rôle des juges dans la mise en œuvre effective des principes du procès équitable. (p. 163-176), dans le respect des droits de la défense les plus élémentaires (Commission d’avocats d’office, voie de recours, égalité des armes par la délivrance de copies de la procédure, production de témoins à décharge, etc.).
La concentration d’accusations si larges dans un procès appelle ainsi, sans grande surprise, une approche légaliste et pragmatique, de sorte que « le schéma des juridictions mixtes se révèle comme une catégorie très variée qu’il est difficile de circonscrire dans une définition précise tant les circonstances peuvent varier d’une juridiction à l’autre » (p. 75). Réciproquement, puisqu’il est dans la nature même de toute juridiction internationalisée d’avoir un impact sur le système judiciaire national du pays où elle est installée, la perspective de la création d’une telle juridiction a conduit le Sénégal à adapter sa législation pour faire face aux exigences de la répression (p. 179-216). Cela s’est traduit par le renforcement normatif, en particulier l’incorporation des crimes internationaux dans le droit pénal de fond sénégalais, l’intégration d’une compétence universelle, une meilleure prise en compte des droits de la défense au stade de l’inculpation et une attention plus grande aux demandes d’actes des parties, tout en conservant le caractère inquisitorial de la procédure. L’importation dans l’ordre national d’une part d’internationalité offre en outre des solutions d’intérêts mutuels. Dans le cas des CAE, elle a présenté les avantages tenant à la proximité géographique (p. 217-229) et a soulagé l’état sénégalais de l’épineuse question des immunités (p. 203-216).
L’efficacité limitée des Cae
Dans une seconde partie, l’auteur examine rétrospectivement l’efficacité limitée des CAE, pour adresser en somme deux griefs. D’une part, le fonctionnement des chambres africaines extraordinaires a révélé des imprévoyances textuelles et des déficiences pratiques. Au titre des premières, le statut des CAE comportait deux omissions de taille selon l’auteur : l’absence du principe de primauté des poursuites et l’absence de règlement de procédure et de preuve (RPP). Il s’agit en effet de deux marques fortes des juridictions internationales. L’absence de primauté (p. 235-245) aboutit à la conduite de deux procédures parallèles au Sénégal pour juger Hissène Habré et au Tchad pour juger une vingtaine de complices à des niveaux divers, dont deux visés par des mandats d’arrêt délivrés par les juges d’instruction des CAE.
L’absence de RPP a conduit les praticiens à se référer à la législation sénégalaise (p. 246-252). Or certaines spécificités du Statut, en particulier celle de la prise de décision commune des juges d’instruction agissant exclusivement en collégialité, paire de surcroît, ne pouvaient trouver de solution dans le code de procédure pénale sénégalais (p. 252-259), l’auteur déplore que celle relative au mode d’intervention des juges de la CAE sur le territoire tchadien n’ait pas été levée. Il y voit une ambiguïté. Le lecteur y verra aussi une annonce tacite des réticences, plus tard des défaillances dans la coopération judiciaire avec les autorités tchadiennes (p. 261-269), en particulier s’agissant des auditions de témoins, du refus d’exécuter des mandats d’arrêt ou de procéder à l’inculpation sur place.
Sur ce point très précis, alors même que certaines des personnes visées par les mandats n’ont pas été entendues et que ces procédures apparaissent incertaines dans l‘avenir, deux observations se présentent. La première révèle que les interventions de plusieurs organisations et juridictions internationales n’auront pas suffi à clarifier la compétence judiciaire respective des états, ni l’étendue de leur consentement. La seconde met en question l’autorité de la décision judiciaire, même émise par une juridiction hybride dans les relations internationales.
La poursuite de l’expérience d’un tel procés !
D’autre part, l’auteur conclut son ouvrage en appelant la poursuite de l’expérience dans la mesure où le recours à une juridiction pénale plus ou moins internationale devrait être combiné à d’autres juridictions pour garantir l’efficacité de la lutte contre l’impunité. M. Téliko préconise ainsi plusieurs adaptations des états africains à la lutte contre l’impunité sur le continent (p. 281-331). Dans cette partie projective, l’auteur propose d’abord une adaptation des législations nationales, en vertu de la responsabilité des états de protéger, car « l’analyse des textes tant communautaires que nationaux, révèle de sérieuses carences dans le domaine de la protection des victimes de crimes ». S’inscrivant dans la voie ouverte par le Statut des CAE, il s’agit d’une part de transposer les normes du droit international pénal dans les législations nationales et d’autre part d’harmoniser les règles sur la compétence universelle.
Sur ce dernier point, « la règle de la compétence universelle demeure un outil fondamental pour combattre l’impunité et renforcer la justice internationale ». Les CAE illustrent ainsi le mouvement de recentrement de la justice pénale vers les états. L’auteur nourrit quelques craintes cependant envers ce mécanisme qui doit être utilisé de bonne foi et dans le respect du droit international. Le souhait un peu général renvoie implicitement à la critique formulée par l’UA de l’appréciation de leur compétence pénale par certaines juridictions européennes pour des faits commis en Afrique. Mais il exprime en outre une certaine appréhension dans la mesure où « les considérations politiques et diplomatiques qui pèsent sur les épaules des états rendent quelque peu illusoire toute probabilité d’assister au recours systématique à la règle de compétence universelle contre l’impunité » (p. 300).
A fortiori, quand des immunités politiques sont opposables. La question de la compétence universelle est elle-même immuable : elle se résume, selon nous, à l’acceptation par les états ayant un intérêt quelconque dans une procédure à l’exercice de l’opportunité des poursuites par un état tiers. Au fond, la question irriguant toute l’étude est celle des rapports entre souveraineté nationale et justice internationale, l’hybridation de la justice caractérisant uniquement la part consentie par les uns et les autres.
Or, en tant que forme ultime de coopération pénale internationale, l’institution d’une juridiction internationalisée n’évacue pas toutes les tensions. Il est même fréquent d’observer leur déplacement d’un niveau politique vers le judiciaire ou l’administratif, et réciproquement. La pression s’échappe toujours par le point faible d’un système institutionnel. Infiniment souhaitable, l’intensification de la coopération judiciaire en Afrique (p. 310- 395) complète certes l’instauration ponctuelle ou permanente d’une juridiction pénale internationale mais elle ne résout pas la question de l’opportunité politique de la répression judiciaire des crimes les plus graves.
L’ouvrage de M. Téliko expose à chacun l’héritage précieux des Chambres africaines extraordinaires et propose une pérennisation de la lutte contre l’impunité, par des voies judiciaires à déterminer. Il offre une pédagogie judiciaire de la lutte contre l’impunité, à l’échelle de tout un continent.
BONIFACE REDUIT SA LISTE A 14 JOUEURS, GORGUI SY ABSENT
Près de trois semaines après avoir dévoilé sa première liste, Boniface Ndong a réduit considérablement cette liste de 25 présélectionnés qui est finalement passée à 14.
Le sélectionneur national a réduit sa liste de 25 joueurs présélectionnés à 14 à quelques jours du tournoi qualificatif prévu du 25 au 29 novembre à Kigali (Rwanda). Une première fenêtre qui se fera sans Gorgui Sy Dieng, Tacko Fall ou encore Georges Niang.
Près de trois semaines après avoir dévoilé sa première liste, Boniface Ndong a réduit considérablement cette liste de 25 présélectionnés qui est finalement passée à 14. L’assistant-coach des Denver Nuggets (Nba) a fait appel à trois meneurs, un arrière, cinq ailiers, deux ailiers forts et trois pivots. Boniface Ndong a fait le mix entre cadres comme Mouhamed Faye, Maurice Ndour, Youssoupha Ndoye ou encore Louis Adams et nouvelles têtes telles qu’Amar Sylla, Assane Sy, Mbaye Ndiaye, Pape Malick Dime pour ne citer que ceux-là. Les joueurs NBA, Gorgui Sy Dieng, Tacko Fall et Georges Niang, ne seront cependant pas de la bataille de Kigali.
Leurs absences pourraient s’expliquer par le fait qu’avec la reprise des entrainements des franchises prévue le 1er décembre pour un début de saison fixée au 22 décembre, leur libération allait être trop juste d’autant plus que les joueurs seront soumis à une batterie de tests et autres mesures. Thierno Niang est le seul recalé parmi les quatre joueurs locaux initialement présélectionnés en attendant la liste définitive. Une liste des 12 joueurs qui prendront part à cette fenêtre de Kigali qui « sera publiée ultérieurement, en raison du protocole sanitaire de la FIBA lié au test Covid » comme indiqué dans le communiqué de la Fsbb. Pour rappel, vingt équipes participeront à cette deuxième phase des qualifications pour le FIBA AfroBasket 2021. Ces équipes ont été réparties en cinq groupes de quatre.
Dans chaque groupe, les équipes disputeront deux tournois qui se dérouleront en deux fenêtres internationales. Les trois meilleures équipes de chaque groupe à l’issue des éliminatoires se qualifieront automatiquement pour le FIBA AfroBasket 2021 qui aura lieu au Rwanda. Logé dans le groupe B, le Sénégal affrontera le Kenya pour son entrée en lice, le 25 novembre, avant d’en découdre avec le Mozambique le lendemain 26 novembre. Les « Lions » boucleront cette première fenêtre par un choc contre l’Angola, le 27 novembre.
Le Président Macky pose ce jeudi la première pierre de « Dakar First » à Diamniadio, une série de tours prestigieuses édifiées sur la nouvelle ville. Arrivée masqué, COVID-19 oblige, le Président Sall va dévisager cette place qui va contribuer sous peu à donner de Diamniadio, le cachet Pôle urbain. Porté par une firme sénégalaise S&S Industry Company et Guangxi Investment Group, firme chinoise, le projet immobilier, fruit de ce partenariat est appelé à devenir le premier de l’Afrique de l’Ouest, selon ses promoteurs.
En gestation depuis des années, Dakar First a dû utiliser les ressources de l’efficacité pour convaincre l’une des cent firmes chinoises les plus puissantes pour apporter une touche particulier à ce projet de 207 milliards de francs CFA. Tout semble prêt pour démarrer assez vite les constructions, annonce M. Pape Sall, promoteur de la partie sénégalaise. Une forte délégation de la partie chinoise a fait le déplacement. Le complexe immobilier de Dakar First épouse la vision de faire de Diamniadio, un nouveau Pôle dans un cadre moderne et humain, lancé en 2013, dira le Président dans son discours d’ouverture.
Diamniadio n’est pas une simple doublure de Dakar. La nouvelle ville, bien desservie, est un relais unique entre Dakar, la capitale et le pays profond. Il ne s’agit pas d’une agglomération de fer, de verre et de béton mais une ville durable, une ville verte, tout le sens de l’aménagement vert pour donner à cette ville en émergence un supplément d’âme qui sera très suivie pour veiller aux directives de modernité et de durabilité. L’Etat a fait œuvre pionnière dans la construction structurante. Un groupement d’opérateurs sénégalais et chinois est à la base de ce projet de 5 tours de 30 étages, incluant des appartements de standing. Chaque niveau contient 4 appartements, 67 villas Grand Standing avec des « finitions haut de gamme ».
« Une qualité de vie rare avec des espaces culturels, une grande piscine des lieux de culte », explique le promoteur. Dakar Firts, c’est aussi une nouvelle plateforme de commerce et de loisirs « la plus grande de toute l’Afrique de l’Ouest construit sur 15 000 mètres carrés. » Et, sera le lieu par excellence des grandes marques.
Dakar First va générer mille emplois permanents et autant d’emplois saisonniers. Le compte à rebours a commencé aujourd’hui, a dit le President qui invite tout le monde à « ne pas limiter les ambitions ». Livraison attendue dans les meilleurs délais. Vision claire et ambition grande, à ajouté le Président qui souligne que le temps du résultat a sonné.
LA MOUVANCE ANTI-MACKY SE DESSINE
Décrit comme un fin tacticien et un politicien hors pair, le président de l’Alliance pour la République doit bien affûter son art pour éviter de tomber dans le syndrome Abdoulaye Wade
Retournement de veste et têtes touffues : direction l’opposition. Il y a quelques années, c’était inimaginable. Mais depuis qu’ils ont été débarqués de leurs postes, l’ancien ministre chef de cabinet du président de la république Moustapha Diakhaté et l’ancien Directeur de la société nationale de transport Dakar Dem Dikk Me Moussa Diop se sont illustrés comme des opposants au régime de Macky Sall. A ceux-là s’ajoutent l’ex-Présidente du conseil Economique, Social et Environnemental, Aminata Touré qui, depuis qu’elle a été remerciée, se montre comme une épée tranchante dans le dos du pouvoir. Les trois ont des atomes crochus et pourrait mettre en place une alliance nuisible contre leur ex «mentor».
Macky, de par ses propres choix, est en passe de se créer de redoutables opposants. Décrit comme un fin tacticien et un politicien hors pair, le président de l’Alliance pour la République doit bien affûter son art pour éviter de tomber dans le syndrome Abdoulaye Wade.
Le Président Sall risque de faire face à de sérieuses «saillies» de la part de ses ex-collaborateurs frustrés d’être poussés vers la sortie. Parmi ceux-ci, l’ex-ministre conseiller Moustapha Diakhaté. Ce dernier jadis très proche de Macky Sall est devenu son plus grand contempteur. Se faisant distinguer par sa liberté de ton, Moustapha Diakhaté n’hésitait pas à s’attaquer au régime. D’ailleurs, il a été limogé suite à sa position tranchée sur la question du troisième mandat.
Invité à l’émission Sen Jotaay de la Sen tv après le limogeage de l’ancien Directeur des Sénégalais de l’extérieur, Sory Kaba, Moustapha Diakhaté avait jugé contre-productive la manière dont Macky Sall voulait mettre un terme à cette polémique sur le troisième mandat. «Cela m’est égal d’être limogé ou maintenu à mon poste. J’ai rejoint Macky avant même qu’il ait un pouvoir de nomination. Si aujourd’hui, il souhaite me démettre de mes fonctions, je le remercierais», avait-il dit. Une position jugée provocatrice, poussant le Président à baisser définitivement les rideaux entre lui et son voisin. On connaît la suite.
Et lors d’un conseil de discipline tenu le 21 janvier 2020, le sort de son compagnonnage avec Macky Sall a été scellé puisqu’il a été exclu de façon définitive des rangs de l’Alliance pour la République. Quelques jours plus tard, il mit en place un courant politique dénommé «Mankoo Taxawu Sunu Apr : initiative pour la refondation de l’Alliance». Il s’agit pour l’ancien chef de cabinet du président de la République de marquer définitivement sa rupture avec le pouvoir. Depuis, il se montre comme un opposant farouche au régime de Macky Sall. Il se dit qu’il entretient des relations privilégiées avec Aminata Touré qui fut sa voisine pendant plusieurs années à Ngor. Quid de Moussa Diop ?
Le président du mouvement pour l’Alternative Générationnelle est un ami de l’ancienne présidente du Cese. Il a été accueilli dès son retour de la France par Aminata Touré avec qui il a grandement contribué à l’élection de l’actuel locataire du palais en 2012.Il convient de noter que Me Moussa Diop qui clame haut et fort être victime du troisième mandat a mal apprécié son limogeage à la tête de la Société nationale de transport public Dakar Dem Dikk. Depuis, il multiplie les critiques envers le président et son régime. Commentant le remaniement ministériel intervenu début novembre et qui a vu l’entrisme d’Idrissa Seck et d’Oumar Sarr, Me Diop a jugé décevante l’attitude de Macky Sall envers ses alliés de première heure. D’ailleurs, il reste vent debout pour dérober à «la Lionne» de Podor Aissata Tall Sall la tête de la mairie.
UN DENOMINATEUR COMMUN : LE TROISIEME MANDAT
C’est contre toute attente qu’elle a été remerciée du gouvernement. Le comble, c’est qu’elle a été remplacée par son ennemi juré avec qui elle s’est battue tout le temps pour sauver la peau de son « mentor». Aminata Touré aura été de toutes les guerres pour le régime. L’humiliation a été telle que lors de la cérémonie de de dépôt de son rapport de fin de mission, la deuxième femme Premier Ministre au Sénégal n’a même pas prononcé le nom de Macky Sall. C’est un affront qu’elle entend laver dans les jours à venir. Il convient de noter que depuis qu’elle a été éjectée du navire gouvernemental, elle s’est fait remarquer par des prises de positions qui en disent long sur ses relations avec Macky Sall. Tout porte à croire qu’elle veut se frayer un chemin dans le camp d’en face et se frotter au régime.
Visiblement plus à l’aise avec la société civile, elle a rendu une visite de courtoisie à un héraut de la société civile sénégalaise : Alioune Tine. Trotskyste, agitateur devant l’éternel, Mimi Touré cherche-t-elle à enquiquiner le pouvoir avec un remake de 2011 ? Tout porte à le croire puisqu’elle multiplie les rencontres avec les frustrés de l’Apr. Une alliance des frustrés risque de faire mal. Même si beaucoup d’entre eux ne sont pas représentatifs, mais les dégâts qu’ils (Moussa Diop-Moustapha Diakhaté) peuvent faire dans l’opinion sont inestimables. Qui plus est, avec 25 ans d’expérience dans la Fonction publique internationale, Aminata Touré dispose d’un réseau international dense.
Ancien ministre de la Justice, chantre de la reddition des comptes, elle dispose d’informations pouvant nuire considérablement à la réputation du régime. Dire donc que cette alliance anti-macky qui se dessine pourrait être redoutable si la masse silencieuse qui se sent trahie, délaissée et qui broie du noir dans les chaumières de l’Apr, se réveille au grand jour.
GREENPEACE DEMANDE AU SENEGAL DE GELER L’ACCORD
Alors que des centaines de corps de migrants dont plusieurs jeunes sénégalais sont engloutis dans la mer, l’Etat du Sénégal a signé un nouveau protocole de pêche avec l’Union Européenne (UE).
Suite à la polémique sur fond de soupçons d’opacité autour du nouveau protocole de pêche liant le Sénégal à l’union Européenne pour les cinq prochaines années, la section Afrique de Greenpeace est sortie de son silence. Dans un communiqué intitulé «L’Europe veut le poisson du Sénégal mais rejette ses migrants», l’organisation non Gouvernementale demande à l’Etat de geler cet accord le temps d’évaluer le précédent noué en 2014 et arrivé à échéance en 2019.
Alors que des centaines de corps de migrants dont plusieurs jeunes sénégalais sont engloutis dans la mer, l’Etat du Sénégal a signé un nouveau protocole de pêche avec l’Union Européenne (UE). Ce qui a fait sortir Greenpeace de sa réserve. L’Ong estime qu’au même moment où l’UE entame le rapatriement des migrants sénégalais, elle continue d’exploiter les ressources halieutiques du Sénégal dont la rareté est en partie la cause du désespoir des milliers de ses jeunes. Qui plus est, elle soupçonne une certaine opacité dans la signature de ce nouvel accord. Du coup, «Greenpeace Afrique invite l’Etat du Sénégal à geler cet accord de pêche, à faire une évaluation transparente de l’accord précédent, à partager les informations avec les acteurs et à tenir compte de la situation des stocks, de la surcapacité de la flotte nationale et du désespoir des pêcheurs, avant de prendre une décision».
Mieux, Greenpeace invite les deux parties à procéder à une mise à jour des données scientifiques sur les stocks de poissons et de partager ces informations avec les acteurs de la pêche pour une prise de décision conformément aux engagements pris. Car, souligne l’Ong, l’accord en question n’a jamais été partagé avec les organisations professionnelles. «Ce qui est contraire aux dispositions règlementaires et autres engagements des Etats qui font de l’implication des acteurs dans les processus décisionnels un élément important de bonne gouvernance des ressources. Les Objectifs de Développement Durable, le Code de la Pêche et la Constitution du Sénégal sont, entre autres, clairs sur la nécessité d’intégrer les acteurs de la pêche dans la prise de décision», souligne Greenpeace. Sur ce même esprit, signale l’ONG, le principe directeur de la signature d’un accord de pêche se base au moins sur deux points. «Il s’agit de l’état des ressources halieutiques concernées par l’accord et la capacité de la flotte nationale à exploiter ces ressources». Mieux, indique-t-on dans le communiqué reçu à «L’As», un accord de pêche doit être signé sur la base du surplus de production qui correspond au potentiel halieutique d’un stock que la flottille nationale n’est pas en mesure de pêcher.
Sur ce, conclut l’organisation basée au Pays-Bas, ce nouvel accord ne peut être qualifié de durable en l’absence de surplus de production. «L’UE devrait s’assurer que le gouvernement du Sénégal a bien effectué l’évaluation des stocks concernés par cet accord de pêche et qu’il y a effectivement un surplus de production dont la flotte sénégalaise n’est pas en mesure d’exploiter », souligne-t-elle. Et au-delà de ces aspects techniques, martèle la section Afrique de Greenpeace, la dimension économique et sociale devrait être prise en compte d’autant plus que le secteur de la pêche traverse une crise sans précédent. Et c’est seulement dans ces conditions que la transparence et la protection des ressources clamées par les autorités de l’UE et du Sénégal seraient une réalité, renchérit l’ONG.
En outre, selon elle, il ne fait l’ombre d’aucun doute que c’est la mauvaise gestion des ressources halieutiques au Sénégal qui a conduit en grande partie à la rareté des poissons à cause des accords signés et des licences de pêche octroyées à des navires étrangers. De ce fait, Greenpeace Afrique demande aux autorités de l’UE et du Sénégal de se pencher sur les vraies causes de ce phénomène afin d’y apporter une solution définitive plutôt que de laisser empirer la situation en signant cet accord.
L’ETAT ACCORDE DES AVANTAGES AUX PROMOTEURS IMMOBILIERS
Les promoteurs immobiliers contactés dans le cadre de la réalisation du programme de construction des 100 000 logements bénéficieront des avantages fiscaux et douaniers.
Le ministre des Finances et du budget, Abdoulaye Daouda Diallo, s’engage dans le projet de loi de Finance initiale de 2021 à renouveler les avantages fiscaux au profit des promoteurs immobiliers. cet engagement s’inscrit dans le cadre de la réalisation du projet des 100 000 logements.
Les promoteurs immobiliers contactés dans le cadre de la réalisation du programme de construction des 100 000 logements bénéficieront des avantages fiscaux et douaniers. C’est l’engagement pris par le gouvernement du Sénégal dans le projet de loi de finance initiale de 2021. Pour soutenir l’industrie nationale, le gouvernement propose, à titre dérogatoire et temporaire, un régime accordant des avantages fiscaux et douaniers aux promoteurs immobiliers pour permettre notamment l’atteinte de l’objectif quinquennal de réalisation du projet des 100 000 logements.
Le document du projet de loi renseigne en effet que ces avantages fiscaux et douaniers accordés concernent une réduction de 50% de l’impôt sur les sociétés et une suspension de la taxe sur la valeur ajoutée sur les matériels et matériaux de construction dont, souligne la source, les études topographiques, les études et travaux de voiries et réseaux divers (VRD), les études d’urbanisme, d’architecture et les études et travaux portant sur les équipements socio-collectifs, écoles, centres de santé, qui sont à la charge du promoteur immobilier ou de ses sous-traitants ainsi que ceux rentrant dans le cadre de l’exécution du programme. A ces avantages, le document ajoute la réduction de 50% des droits d’enregistrement à l’acquisition des terrains par les promoteurs immobiliers et aussi une admission temporaire pour les engins non fixés à demeure tels que, indique la source, les bulldozers, élévateurs, grues et les camions et l’exonération des droits de douane sur les matériaux importés pour la réalisation du programme.
Toutefois, précise le même document, les importations de matériels et matériaux faisant l’objet d’une production locale sont exclus du bénéfice des avantages susvisés. « La suspension de taxe sur la valeur ajoutée devient une exonération définitive s’il est prouvé, a posteriori, que les matériels, matériaux, équipements, études et services divers acquis lors de la période de réalisation du programme ont été utilisés conformément à leur objet », préviennent les services d’Abdoulaye Daouda Diallo qui renseignent à cet effet que les modalités de mise en œuvre de cette suspension seront définies par arrêté du ministre chargé des Finances.
Pour rappel, la loi de finances rectificative pour l’année 2015 a institué, entre autres mesures, un régime fiscal de faveur au profit des promoteurs immobiliers engagés dans un programme de construction d’immeubles à usage de logement agréé par l’Etat, en vue de permettre notamment aux couches défavorisées d’avoir accès à un logement social.
Et ledit régime comporte une réduction de 50% de l’impôt sur les sociétés, une suspension pouvant devenir une exonération de la taxe sur la valeur ajoutée sur les matériels et matériaux de construction tels que les études topographiques, les études et travaux de voiries et réseaux divers (VRD), les études d’urbanisme, d’architecture et études de travaux portant sur les équipements socio-collectifs (écoles, centres de santé, etc.) à la charge du promoteur immobilier et/ou de ses sous-traitants et rentrant dans le cadre du programme, et une réduction de 50% des droits d’enregistrement à l’acquisition des terrains par les promoteurs immobiliers.
Et selon la source, ce régime fiscal dérogatoire prévu pour une durée de cinq (05) ans à compter de l’entrée en vigueur de la loi de finances susvisée doit prendre fin en décembre 2020.
UN OBSTACLE A L’ESSOR DU JOURNALISME SENEGALAIS
La loi d’accès à l’information aux journalistes est un plus. Ça leur permet de faire un travail journalistique en ayant accès directement aux ressources informationnelles. Sinon, c’est du journalisme de compte rendu et de réécriture de communiqués
Si les journalistes sont accusés de faire dans la facilité ou dans la paresse, il faut rappeler que le problème lié à l’accès aux données publiques reste un frein à l’essor de leur métier. De la rétention d’information au manque de culture digitale de la part de nos autorités, le journaliste perd un «droit», fondamental. Cela va lui permettre de faire connaître au public la marche de notre Etat.
«La loi d’accès à l’information aux journalistes est un plus. Ça leur permet de faire un travail journalistique de qualité en ayant accès directement aux ressources informationnelles. Sinon, c’est du journalisme de compte rendu et de réécriture de communiqués de presse. Le journalisme, c’est être en mesure d’avoir des informations, de les recouper, de les travailler, de voir les tenants et les aboutissants, ensuite de donner le produit fini », a regretté Bamba Kassé, Secrétaire général du Synpics. ccéder aux données publiques est un véritable défi pour les journalistes. Pour le relever, il faut une législation qui va accorder plus de liberté aux professionnels de l’information mais aussi aux chercheurs d’avoir à leur disposition tous les documents ou rapports publics. Mountaga Cissé, formateur en nouveaux médias suit l’évolution de ce secteur depuis près de 15 ans.
LA LEGISLATION EST DEVENUE UNE QUESTION D’EXIGENCE
Il fait savoir qu’un projet de loi est toujours en cours de rédaction. Le vote de ladite loi pourrait avoir un impact positif dans l’impulsion du travail journalistique. « La loi sur l’accès à l’information oblige l’administration publique à ouvrir l’accès à certaines données. Ça peut être numérique, c’est-à-dire sur internet ou via des archives. Aujourd’hui, que ce soit les acteurs de la presse ou les acteurs de la société civile ou un simple citoyen lambda, personne n’a accès à certaines informations », soutient Mountaga Cissé. « L’accès à l’information est un droit fondamental reconnu par la Constitution du Sénégal, qui est notre charte fondamentale, mais aussi par les instruments juridiques internationaux ratifiés par le Sénégal. Trois raisons me poussent à dire cela. Premièrement, les citoyens ont besoin d’avoir accès à des informations puisées des sources pour consolider leur opinion. Deuxièmement, l’accès à l’information permet de renforcer, de consolider la démocratie et l’état de droit. Troisièmement, il permet aussi aux citoyens de renforcer la transparence et la participation citoyenne», a fait savoir le Secrétaire d’Etat auprès du Garde des Sceaux chargé de la promotion des droits humains et de la bonne gouvernance, Mamadou Saliou Sow, lors d’un atelier. Derrière ce retard, le Sg du Synpics accuse les autorités. « C’est le gouvernement qui ne veut pas de cette loi. Ils veulent nous maintenir dans l’obscurantisme. C’est tout. Le projet de loi existe déjà. C’est une question d'exigence. Au Sénégal, il n’y a pas de loi. Comme il n’y a pas de loi, chacun fait ce qu’il veut», a martelé Bamba Kassé avec désolation.
«LES PREPOSES A LA GESTION DES INFORMATIONS FONT DU DILATOIRE…»
La législation n’est pas la seule à cette situation. La rétention d’information est également une réalité dans les services publics. Pour Babacar Ndao Faye, rédacteur en chef du site d’information Emedia.sn, il y a le fait qu’on cherche également de façon délibérée à cacher certaines informations qui auraient dû être sur la place publique. Dans ce même registre, Mountaga Cissé affirme que le problème se trouve à plusieurs niveaux. «Les informations sont classées confidentielles ou inaccessibles ou tout simplement la personne préposée à la gestion de ces informations fait du dilatoire pensant que les données lui appartiennent. Et qu’elle a le devoir de la garder et de ne pas la rendre disponible pour le public.» Dans cet état de fait, le journaliste du groupe Emedia Invest estime qu’il y a un jeu d’intérêt derrière. «C’est une habitude sénégalaise de cacher des choses qui doivent être sur la place publique. Chacun essaie de faire du ‘’je sais mais je ne vais pas en parler’’. Parfois, c’est par peur de perdre des privilèges ou des postes», soutient-il.
PROBLEMES DE STOCKAGE ET D’AUTHENTIFICATION DES INFORMATIONS !
Au-delà de ce calcul, le Red-chef rappelle qu’il y a un défi majeur qui doit être relevé par l’administration sénégalaise. Il s’agit du fait que dans toutes les institutions, « les gens ont du mal à stocker les données ». Les archives sont également un obstacle à l’accès à l’information pour tout le monde. « Il y a un problème de stockage. Beaucoup de services n’ont pas d’archivistes alors que c’est un métier qui aurait dû être très valorisé. Quand il n’y a pas d’archivistes, cela veut dire que toutes les informations ou toutes les données, dans quelques années, vont se retrouver sur la table de la vendeuse d’arachides du coin », soutient-il. Le retard des publications des rapports a été également mentionné. Même son de cloche pour son confrère Mamadou Diagne qui est, par ailleurs, infographiste et s’active dans le data journalisme. Il s’agit de diffuser des informations visuelles à partir de données. Il révèle qu’il a eu à travailler sur un sujet portant sur la prison. Le sieur Diagne avance qu’il a fallu trois jours pour trouver les éléments nécessaires. Selon ces professionnels de l’information, il y a également un problème d’authentification surtout si les sources divergent. La solution à cet état de fait peut venir de la numérisation des données.
Seulement, pour Mountaga Cissé qui est par ailleurs analyste TMT (Technologies, Médias et Télécoms), il y a un manque de culture digitale de la part de nos acteurs institutionnels ou même politiques. A son avis, les sites internet peuvent jouer un rôle majeur et déterminant dans la diffusion de l’information. «Il ne sert à rien de démentir une rumeur ou d’apporter des précisions sur une information si par exemple, auparavant, on l’avait déjà rendu publique, accessible aux citoyens lambda. Les sites institutionnels auraient pu jouer ce rôle-là. Mais aujourd’hui, ces sites, que ce soit les ministères, les agences ou des démembrements de l’Etat, ce sont plutôt des sites vitrines sur lesquels on met tout simplement quelques mots venant de la personne qui incarne cette administration », avance le formateur en nouveaux médias. Il estime que ces plateformes auraient pu jouer un rôle important dans la transparence et dans la bonne gouvernance.