Le média américain USA Today a déclaré que le pays a environ 7 médecins pour 100 000 habitants. Les données du ministère de la Santé les plus récentes indiquent pourant le contraire
Africa Check |
Azil Momar Lo |
Publication 15/11/2020
Le 30 septembre 2020, le président sénégalais a évoqué les performances de son pays dans sa gestion de la pandémie de la Covid-19, dans une vidéo diffusée sur Facebook et Twitter.
Macky Sall y mentionne que « le Sénégal a été cité pour occuper la deuxième place au monde (…) sur la manière dont nous avons géré la pandémie ».
Les efforts consentis par le Sénégal dans la gestion de la crise sanitaire ont valu au pays la deuxième place dans une récente analyse, publiée par le site d’informations américain USA Today, qui porte sur la manière dont 36 pays ont géré la pandémie.
En comparaison avec d’autres pays plus développés comme les Etats-Unis, le Sénégal a fait beaucoup mieux selon ladite analyse publiée le 6 septembre 2020.
« Il s’agit du Sénégal, un pays d’Afrique Occidentale (…) qui compte environ sept médecins pour 100 000 habitants », lit-on notamment (traduit de l’anglais).
La même affirmation a été également relayée dans un article de BBC News Afrique .
Quelle est la source de cette donnée ?
Africa Check a interrogé Deirdre Shesgreen, reporter à USA Today pour les affaires étrangères et auteure de l’analyse susmentionnée. Elle dit s’être basée sur ces données de la Banque Mondiale.
Il s’agit du ratio de médecins pour 1 000 habitants s’étalant sur la période 1960-2017. Et pour 2017, le Sénégal avait 0,069 médecins pour 1 000 habitants.
Les chiffres s’appuient sur des statistiques de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur les personnels de santé, des données de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), complétées par des données nationales, comme le souligne le document.
Ce que disent les données de l’OMS
Africa Check a contacté la Banque Mondiale pour davantage d’explications sur les données qu’elle a utilisées. Aby Touré, chargée des relations extérieures pour la Banque Mondiale nous a envoyé ce lien du site de l’OMS à travers lequel nous avons trouvé ces données portant sur le ratio nombre de médecins pour 10 000 habitants de différents pays.
Les données concernant le Sénégal portent uniquement sur les années 2004, 2008, 2013, 2015, 2016 et 2017. Et pour cette dernière, le nombre de médecins pour 10 000 personnes au Sénégal est de 0,691 (0,69), soit un nombre total de 1 066 médecins répertoriés.
C’est donc le même ratio que l’on trouve dans les statistiques de la Banque Mondiale susmentionnées concernant l’année 2017, étant donné que 0,069 médecins pour 1 000 habitants équivalent à 0,69 médecins pour 10 000 habitants, d’après le statisticien de l’association des assureurs du Sénégal El Hadji Diop contacté par Africa Check. Cela équivaut également à 6,9 médecins pour 100 000 habitants. Ce qui n’est pas loin des 7 médecins pour 100 000 habitants évoqués par USA Today.
Nous avons demandé des explications à l’OMS et avons également cherché à savoir si l’organisation dispose de données plus récentes et plus exhaustives. Collins Boakye-Agyemang, conseiller en communication à l’OMS, Bureau régional pour l’Afrique, nous a suggéré de nous rapprocher du ministère sénégalais de la Santé.
Le chargé de communication senior à la Banque Mondiale, Mademba Ndiaye, nous a également fait la même recommandation.
« La Banque mondiale ne fait pas une enquête indépendante sur les statistiques de la santé au Sénégal, nous nous fions aux enquêtes du ministère de la Santé et des agences officielles comme l’ANSD », nous explique-t-il, soulignant tout de même que la Banque Mondiale « analyse les méthodes utilisées pour s’assurer de la crédibilité des résultats ».
Seuls les médecins du public sont répertoriés par le ministère de la Santé
Au Sénégal, le ministère de la Santé et de l’Action sociale ne recense que les médecins du public. Nous le soulignions déjà dans cet article de juillet 2020 portant sur une déclaration du président sénégalais sur le nombre de médecins au Sénégal; la Division de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (Dgpec) dudit ministère nous indiquait qu’on compte 1 651 médecins dans le public.
Le président de l’Ordre National des Médecins du Sénégal, Dr Boly Diop, a également confirmé que le ministère de la Santé ne recense que les médecins exerçant dans le public.
« Actuellement au Sénégal on tourne autour de 3 000 médecins », ceux du public et du privé « confondus », souligne Dr Boly Diop, qui ajoute que les chiffres de l’Ordre des médecins sont « plus complets » que ceux du ministère de la Santé, car « nous répertorions tous les médecins, ceux du public comme ceux du privé ».
Il a également souligné qu’à ce jour « il y a 2 706 médecins inscrits régulièrement à l’Ordre des médecins du Sénégal ».
Des problèmes pour recenser les médecins du privé
« La collecte des données du privé est un véritable problème à résoudre », explique le chef de la Division de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Moussa Diamanka.
« Les seules données disponibles ont été collectées en 2017 et validées en 2018. Les chiffres disponibles du privé, selon lui, posent un vrai problème de crédibilité d’où la non prise en compte de ces données ».
En plus de cela, pèse « le soupçon de doublons (qui) fait que nous évitons de prendre en compte ces données », indique Moussa Diamanka.
10 médecins pour 100 000 habitants en 2018, selon le ministère de la Santé
Moussa Diamanka nous a envoyé ce tableau extrait de l’annuaire statistique des Ressources Humaines 2018.
Le tableau indique que sur une population de 15 726 037 habitants, il y a 1 médecin pour 10 000 habitants, avec un total de 1 618 médecins répertoriés au Sénégal. Selon le statisticien El Hadji Diop, 1 médecin pour 10 000 habitants correspond à 10 médecins pour 100 000 habitants.
Interrogé sur la différence entre le chiffre contenu dans le tableau (1 618) et celui qu’il avait communiqué à Africa Check en juillet 2020 (1 651), M. Diamanka explique que cela peut être dû à des départs à la retraite, à des démissions, des mises en disponibilité (surtout vers les ONG et autres partenaires) ainsi que la migration vers des pays plus attrayants en rémunération. « L’irrégularité des recrutements aidant, les recrues sont souvent des régularisations de contractuels ou vacataires ».
NON-DITS ET MAL-DITS DE L'ÉTUDE DE LEGS-AFRICA SUR L’AUTOROUTE À PÉAGE
EXCLUSIF SENEPLUS - S’il y a une partie sur laquelle il faut tirer, c’est nos investisseurs nationaux qui n’ont jamais cru à ce projet, certainement pas SENAC S.A qui jusqu’ici, a respecté à la lettre les clauses du contrat signé avec le Sénégal
Les quotidiens d’informations du vendredi 13 et samedi 14 novembre 2020, sont largement revenus sur l’étude commanditée par Legs-Africa de mon ami Elimane Kane, et réalisée par un autre ami, le Dr Bamba Diagne. Ladite étude porte sur une évaluation socio-économique et environnementale de l'exploitation de l'autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB. Aux termes de cette étude, il serait décelé ‘’un sérieux manque à gagner pour l’Etat du Sénégal’’ et une entreprise, Eiffage, pointée du doigt comme un bourreau. Attention, les gars. Attention chers amis.
Sur l’autoroute à péage, il y a eu beaucoup de désinformation et il y a eu beaucoup d’idéologisme. Beaucoup de désinformation sur les aspects financiers, parce que des propos déclarés sur cette autoroute-là, sont souvent tronqués et escamotés à dessein. Parce que l’on ne va pas souvent jusqu’au bout de l’information. Beaucoup d’idéologisme, parce que surfant sur la vague du sentiment anti-français, alors que s’il y a à blâmer, ce n’est point la France (ni d’ailleurs un autre) mais nous-mêmes, parce que nous nous offrons à la mondialisation bien plus que nous nous ouvrons à la globalisation.
Pour mieux comprendre ce qui se joue sur l'autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB, il faut nécessairement rembobiner le film de l’histoire, c’est-à-dire revenir sur comment ce projet de concession Partenariat Public Privé (PPP) a été monté, et dans quel contexte ? Pour s’apercevoir qu’on devrait même saluer l’audace et l’ingéniosité du président Wade et remercier l’investisseur (Eiffage) qui a eu à prendre un risque financier (énorme) qui a fini par payer. Et l’Etat du Sénégal, du point de vue du budget, devrait même s’estimer heureux, eu égard à ce qui se passe en Côte d’Ivoire avec le pont-péage Henri Konan Bédié à Abidjan, dont le coût d’investissement est d’un peu plus de 176 milliards FCFA pour une concession sur 30 ans (2015-2045), avec un trafic de 80.000 véhicules par jour, qui est de la même nature et de la même logique économico-financière que l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB d’un coût d’investissement de 147 milliards FCFA, pour une concession de 30 ans (2009-2039) et avec un trafic de 90.000 véhicules par jour.
Les investisseurs nationaux sénégalais à côté de la plaque
D’abord, parlons économie et finance et plus précisément de cadre juridique et institutionnel qui a encadré cette concession de PPP. L’entreprise Eiffage n’exploite pas l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio. Eiffage est l’actionnaire principal (100%) de la société d’exploitation de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB, dont la société de gestion créée à cet effet et comme le stipule la loi CET ‘’Construction-Exploitation-Transfert’’ de 2014-13, s’appelle ‘’Société d’Exploitation de la Nouvelle Autoroute Concédée (SENAC)’’. Et les actifs de la société Eiffage sont totalement et complètement dissociés des actifs de la société SENAC S.A, qui est la société de projet de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio. Telle est la teneur de la loi portant sur les Partenariats Publics Privés, qui sont une des modalités de Délégation de service public, à côté de l’affermage et de la régie intéressée.
En 2009, quand le président Abdoulaye Wade lançait le projet de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, beaucoup de sénégalais disaient, encore un éléphant blanc du président Abdoulaye Wade. Personne n’y avait cru, sauf le président Wade lui-même et quelques personnes averties. D’ailleurs, conformément à la loi CET de 2004 et abrogé en 2014 par la loi n°2014-09, instituant les PPP au Sénégal, vingt pour cent (20%) du capital de la société de projet, société exportatrice de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, en l'occurrence Senac S.A, devaient revenir et étaient réservés aux privés nationaux sénégalais, en raison de 10.000 FCFA par action. Le président Wade avait appelé le secteur privé national sénégalais, personne n’a répondu favorablement. Personne n’avait été intéressé à mettre le plus petit des FCFA, au capital de financement de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio. Au point que l’Etat du Sénégal, au bout de deux ans, en 2011, a finalement cédé les 20% à l’actionnaire majoritaire (Eiffage), conformément à la loi C.E.T sur les PPP. C’est ainsi et comme cela, que l’investisseur privé qu’est Eiffage, est devenu investisseur principal et opérateur exclusif de la société de projet SENAC S.A, exploitante de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio.
L’investisseur Eiffage a risqué et son risque a payé
Sur le montage financier en question de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio- donc de la société de projet SENAC S.A, son coût d’investissement est de 148 milliards FCFA dont les 41% (61 milliards FCFA) ont été mobilisés par l’investisseur privé Eiffage contre 59% (87 milliards FCFA) par l’Etat du Sénégal, sous forme de subvention d’investissement, pour réduire le coût moyen pondéré du capital (baisser le coût du capital des fonds propres de la Société SENAC S.A), dans une optique de faire baisser le coût des tarifs de passage sur l’autoroute, aux bénéfice des usagers. Sinon, ce serait bien au-dessus des tarifs actuellement en vigueur en empruntant l’autoroute à péage. D’ailleurs, c’est en raison de la subvention à l’investissement consentie par l’Etat du Sénégal (61 milliards FCFA), que le périmètre de l’autoroute à péage commence dès la Patte d’oie. Et la concession de PPP entre la société de projet SENAC S.A et l’Etat du Sénégal, dure sur 30 ans (2009-2039), avec un partage des bénéfices entre l’Etat du Sénégal et la société de projet Senac S.A, à partir de la 15ème année d’exploitation (en 2024). Sur le business plan de la concession PPP qu’est l’autoroute à péage, le seuil de rentabilité du projet avait été projeté après la 25ème année d’exploitation. Mais, voilà, au bout de 12 ans d’exploitation de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB (2009-2020) avec un trafic de 90.000 véhicules par jour, les investissements de l’unique opérateur, Senac S.A, devraient atteindre l’effet de levier (le retour sur investissement) déjà en 2024. Ainsi, l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB est donc très rentable, au point que dit-on, la concession de PPP Autoroute à péage Dakar-Diamniadio-AIDB entre l’Etat du Sénégal et la société de projet SENAC S.A, est l’une des plus réussies de tous les projets PPP dans le domaine des infrastructures en Afrique de l’Ouest.
Autoroute à péage, l’un des modèles de concession PPP les plus réussis dans le domaine des infrastructures en Afrique de l’Ouest
Eh oui, que voulez-vous ? Que voulons-nous ? L’investisseur Eiffage a pris un risque énorme. L’investisseur Eiffage s’est endetté auprès d’un groupe de prêteurs privés composé d’IFC, de la BAD, de la BOAD et de la CBAO. L’investisseur Eiffage a investi. L’investisseur Eiffage a risqué et l’investisseur Eiffage a gagné. Tout simplement. Quand d’autres investisseurs ont rongé leurs freins. C’est la loi du business et le business n’est pas un secours catholique encore moins de la philanthropie. S’il y a une partie sur laquelle il faut tirer, c’est nos investisseurs nationaux qui n’ont jamais cru à ce projet, mais pas certainement la société de projet SENAC S.A qui jusqu’ici, a respecté à la lettre les clauses du contrat de concession de PPP qui la lie à l’Etat du Sénégal. Et mieux, SENAC S.A, opérateur et société de projet de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, a fait et réalisé (le tronçon Diamniadio-AIDB, l’éclairage public, barrière de clôture), bien plus que le contrat initial, grâce à des avenants signés d’un commun accord avec l’Etat du Sénégal.
‘’La clause de rendez-vous’’ pour se rattraper
Ce qu’il y a lieu de dire, c’est que si Abdoulaye Wade avait été soutenu par son secteur privé national sénégalais, si le président avait flairé, nul doute que l’immense économiste qu’il est, aurait certainement fait autrement, peut-être donner une concession sur 15 ou 20 ans. Et les finances publiques de l’Etat du Sénégal, peuvent s’estimer heureuses, si le chef de l’Etat l’économiste Abdoulaye Wade, n’avait pas fait un bon engineering financier, en levant l’option d'une subvention d’investissement en lieu et place d’une subvention d’exploitation comme c’est le cas en Côte d’Ivoire avec le pont à péage Henri Konan Bédié (HKB) qui coûte chaque année, un montant 10 milliards FCFA au trésor public ivoirien. Parce que les ivoiriens ont refusé de payer 1000 FCFA au péage, au point que le gouvernement a dû subventionner le tarif du péage à hauteur de 500 FCFA et les autres 500 FCFA sont payés par les usagers. Finalement, le gouvernement ivoirien s’est rabattu sur une taxe sur le carburant pour pouvoir mobiliser et payer chaque année à l’opérateur qui exploite le pont à péage HKB, les 10 milliards FCFA représentant le montant total de sa subvention à payer à la SOCOPRIM (Société Anonyme de Construction du Pont Riviéra Marcory), qui a pour actionnaires : Bouygues Travaux Publics, Total CI, PAIDF, l'Etat ivoirien et la BNI (Banque Nationale d'Investissement).
Ce qui reste à faire pour l’Etat du Sénégal, c’est peut-être de faire jouer ce qu’on appelle ‘’la clause de rendez-vous’’, avec à la clé, (1) la possibilité de négocier une baisse des tarifs, (2) l’ouverture du capital et (3) l’éclairage publique. D’autant plus que la société exploitante, SENAC S.A, semble être dans les dispositions de céder les 20% du capital social, aux investisseurs nationaux sénégalais, qui, s’ils sont encore et toujours frileux, peut être racheteés par la Fongip, la Fonsis ou la Caisse de dépôt et de consignation (CDC). Une chose est sûre et certaine : pour l’Autoroute à péage Dakar-Diamniadio, si l’action coûtait 10.000 FCFA en 2009, aujourd’hui en 2020, au vu du seuil de rentabilité financière et de profitabilité économique, l’action coûtera au minimum, 100.000 FCFA. Voire plus.
Siré Sy est fondateur du Think Tank Africa WorldWide Group, économiste-planificateur, spécialiste en Finance et Gestion publique
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LA RONDE DES CHIENS
EXCLUSIF SENEPLUS - Les chiens ne se battent pas pour des idéologies, pour des croyances. Ou par brutalité éclairée, pour modeler les actes et les pensées de leurs semblables. La violence des chiens n’a aucune conscience - NOTES DE TERRAIN
Mercredi 11 novembre 2020. Le spectacle aurait pu être plus ravissant. Mais l’atmosphère était abîmée par la pollution. Le paysage obstrué par des débris de toutes sortes. Une nuée de papillons voltigeait sous le ciel déprimé. Dans une sorte de ballet sans chorégraphie. Plusieurs d’entre eux se sont posés sur le fer forgé du balcon. L’envie ne manquait pas, d’en saisir un, de le contempler de plus près. Puis de le laisser décoller à partir du creux de ma main. Comme dans les temps insouciants de l’enfance, où l’on s’amusait, en capturant papillons et criquets. Je suis resté raisonnable. Je me suis appuyé sur l’accoudoir du balcon. Pour mieux observer les échappées de ces insectes fragiles.
Le temps était sec. Un air chaud éclaboussait des vapeurs, en petites bouffées. Le soleil flambait généreusement. Un temps indolent, à se languir d’ennui. Ce n’était pas la même température, ni le même climat qu’hier. L’apparition des papillons et cette chaleur pénétrante annonçaient-elles le début d’une nouvelle saison ? Ou signalaient-elles les premières vagues de l’Harmattan ? En tout cas, les herbes qui avaient colonisé le parking à moitié abandonné, juste en bas, tombent en ruine. Elles raidissent. Comme si, conscientes de perdre leurs souffles, elles se donnent un dernier défi : partir avec légèreté, pour fertiliser d’autres vies minuscules et insignifiantes.
Le spectacle des papillons avait totalement capté mon attention. Pourtant, devant mes yeux absents, une autre scène faisait frémir l’équilibre de l’Univers. Elle se passait sous l’immeuble. Une meute de chiens avait fait halte. Des mâles. Ils haletaient. Ils étaient six. Ces chiens étaient tous maigrichons. Ils se tenaient en ordre dispersé. Cette meute avait-elle un chef ? Rien, dans leur formation, ne pouvait le confirmer. Un animal, cependant, était plus audacieux que les autres. Il s’est détaché du groupe pour aller se mettre à l’abri. Tout près des mécaniciens qui s’occupaient d’un SUV bleu. Une Peugeot. Il est reparti avec la meute, quand celle-ci a repris le petit trot. Quelque chose, ici, attire les chiens, c’est sûr. Dimanche dernier, devant la porte de l’immeuble, deux chiens s’étaient paresseusement allongés. Un troisième dormait tranquillement adossé à la roue d’une voiture garée juste à côté.
Hier encore, un groupe de chiens avait attiré mon attention. Une femelle. Trois mâles. La femelle marchait en avant. Elle était suivie par un chien. Ce dernier avait une robe différente de celles de ses compères, couleur noir cassé. Il boitillait. Sa patte arrière droite était manifestement amochée. Mais il avait la tête relevée, bien droite. Le museau menaçant. Derrière, les deux autres chiens les talonnaient à une courte distance. Arrivée devant le parking désaffecté, la chienne s’est arrêtée. Elle a commencé à renifler. Puis, elle est entrée dans le parking. Continuant à flairer, partout. Le mâle, clopinant, ne l’a pas lâchée. Il s’est même rapproché d’elle, de plus près. En tête-à-tête. Et a commencé à remuer la queue. Il lui reniflait, maintenant, les parties génitales. La chienne n’était pas offusquée, par les agissements du coquin. Elle continuait sa vadrouille.
L’un des chiens resté à l’écart, après quelques minutes d’hésitation, s’est engouffré, à son tour, dans le parking. Le dernier mâle était resté sage, à l’extérieur. Debout sur ses deux pattes avant. Dans une position d’alerte. Il semblait n’avoir aucune soif d’ambition. Tel un figurant patient, qui attend qu’on lui attribue un rôle. Il avait meilleure mine que ses congénères. Une allure moins sauvage. Son pelage était magnifique. Sa robe était marron ; une longue rayure noire traversait sa poitrine. Un cri de sommation sortit du parking. C’était le mâle noir qui houspillait, à la vue du troisième larron. Sa gueule, gravement ouverte, laissait apparaître des canines menaçantes. Ce n’était pas suffisant pour décourager son adversaire, qui s’est mis à aboyer, lui aussi. Ils étaient tous les deux agressifs, mais se tenaient à une distance respectable.
J’ai quitté le balcon, sur ces entrefaites. Sans attendre le verdict de ce combat, qui promettait d’être âpre. La violence, pour ces chiens de la rue, est naturelle. Pour survivre, pour satisfaire leurs besoins, ils doivent se battre tout le temps. Mais à la différence des hommes, ils ne se battent pas pour des idéologies, pour des croyances. Ou par brutalité éclairée, pour modeler les actes et les pensées de leurs semblables. La violence des chiens n’a aucune conscience. Elle n'est pas délibérée. D’ailleurs, les chiens, lorsqu’ils sont domestiqués et qu’ils acquièrent un savoir-vivre minimum, sont souvent des animaux d’une bonté infinie. Un peu à la différence des chats. Qui sont des animaux vicieux. C’est pourquoi, je ne comprends pas les rôles attribués, dans notre culture, au chien et au chat.
Pourquoi le chien détient-il les « clefs de l’enfer » et le chat celles du paradis ? Cette légende est difficile à vérifier dans la réalité. Tant les chiens sont fidèles et compatissants. Et les chats, souvent, mesquins et ingrats. L’explication est peut-être à trouver dans la mythologie grecque. Où des cerbères sont les gardiens de l’enfer. En tout cas, la merveilleuse Cookie que j’ai connu au soir de sa vie, ainsi que les chiens qui habitaient chez des amis d’enfance, dont le père était gendarme au Cynogroupe, n’avaient rien des monstres méchants qui habitent l’enfer. Ils n’étaient pas des chiens de compagnie, comme on en voit dans les films. Mais ils étaient adorables de fidélité, et rien de démoniaque ne transpirait dans leurs caractères.
Au Sénégal, nous n’aimons pas vraiment les animaux. Notre relation aux chiens est faite de peur et de férocité. Les malheureux sont condamnés à une vie d’errance. Les enfants aiment les pourchasser, à coups de pierre. Parfois, les chiens des rues tombent gravement malades. Dans des états pathétiques. Nous les ignorons, et passons devant eux, sans une once de compassion. Une fois, j'observais un vieux chien pouilleux, qui passait à côté d’un groupe de jeunes hommes. Il traînait difficilement son corps enlaidi et affamé. Des vers avaient envahi le coin de sa gueule. C’était moche. C’était triste. Pendant qu’il s’en allait tranquillement, un gars lui a jeté une brique. Le hurlement rauque du chien était bouleversant. Pourquoi cette violence gratuite ? J’ai détourné le regard. Il n'y avait de toute façon rien à faire. Ce n’était qu’un chien après tout. Même le mouton, notre seul vrai animal de compagnie, nous finissons par l’égorger.
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AUGUSTIN SENGHOR OFFICIALISE SA CANDIDATURE, LUNDI
La Fédération sénégalaise de football informe que son président Augustin Senghor va officiellement annoncer sa candidature à la présidence de la Confédération africaine de football
Dakar, 15 nov (APS) – La Fédération sénégalaise de football informe que son président Augustin Senghor va officiellement annoncer sa candidature à la présidence de la Confédération africaine de football (CAF), lundi en conférence de presse.
Cette rencontre avec la presse est prévue à partir de 11h au siège de la FSF, indique un communiqué parvenu à l’APS.
Augustin Senghor a confirmé samedi les informations parues dans la presse faisant état de sa candidature à l’élection à la présidence de la CAF qui aura lieu le 12 mars prochain à Rabat (Maroc).
Quatre autres personnalités du football africain ont annoncé leur candidature. Il s’agit du président sortant, Ahmad Ahmad, des présidents de la Fédération mauritanienne de football, Ahmed Yahya, de celui des Mamelodi Sundowns d’Afrique du Sud, Patrice Motsepe et de l’ancien président de la Fédération ivoirienne de football, Jacques Anouma.